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Roland HUREAUX

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 21:45

APRES SA VISITE A POUTINE, GISCARD PREND TOUT LE MONDE A CONTREPIED

 

http://www.atlantico.fr/decryptage/apres-visite-poutine-giscard-prend-tout-monde-contrepied-roland-hureaux-2204611.html

 

En prenant une  position favorable  à Poutine  dans l'affaire ukrainienne, Valéry Giscard d'Estaing  a pris tout le monde à contrepied.

La grande presse  s'est contentée de signaler la rencontre entre Giscard et Poutine le 28 mai dernier et ses déclarations les plus générales : "Les relations entre l'Europe et la Russie seraient meilleures si Bruxelles était réellement indépendant" .   On n'a guère répercuté que  l'ancien président est allé  beaucoup plus loin dans un entretien avec Politique internationale, une revue  pourtant  atlantiste : il y   justifie   l'annexion de la Crimée qui, selon lui, a toujours été russe,  et pense que "probablement"     les événements de la place Maidan et le renversement  du président Ianoukovitch  il y a un an  sont le résultat d'une  manipulation  de la CIA.  Il considère que les sanctions, non seulement ne sont pas dans l'intérêt de l'Europe,  mais sont contraires au droit international.   

Valéry Giscard d'Estaing   prend ainsi à revers une classe politique française et européenne   tellement tétanisée  qu'aucune figure de premier plan   n'y ose   encore critiquer la ligne  aveuglément proaméricaine  de l'Europe occidentale  à l'égard de la Russie. La servilité   des   dirigeants européens au dernier G7 est à cet égard significative. Une ligne proche de l'assujettissement  dans  le cas de Hollande qui, en refusant de livrer les  Mistral  sur ordre de Washington , discrédite la parole de la France.     

L'ancien-président  prend aussi à contrepied tous ceux qui le tenaient depuis toujours, à tort,  pour un "libéral atlantiste". C'est oublier qu'en 1981,  il fut vaincu  par une coalition de la gauche  unie  et de l'ambassade des Etats-Unis  et qu'il avait en revanche reçu, contre le parti communiste,  l'appui discret  de l'ambassade d'URSS. Ses positions de fin de mandat  où il avait cherché à jouer un rôle d'intermédiaire entre l'Est et l'Ouest ( le "petit télégraphiste" dit Mitterrand) n'étaient guère appréciées à Washington.  On peut  certes  discuter  leur opportunité à un moment où la menace venant de Moscou était bien plus sérieuse qu'aujourd'hui. Mais elle témoignait d'une indépendance dont nous avons perdu  l'habitude.

Différence de posture, différence d'envergure  aussi avec tous ceux  qui prétendent aujourd'hui à la magistrature suprême.  Le  président-académicien n'envisagerait-il pas  de   se présenter à la primaire de droite ?

La position de Giscard est proche , ce n'est sans doute pas un hasard, de celle de son vieil ami  Helmut Schmidt qui, il n'y a pas si longtemps, vitupérait la politique irresponsable de la commission de Bruxelles, à la fois incompétente et belliciste , faisant courir, selon lui,  à  l'Europe le risque de la guerre mondiale.

En prenant cette position audacieuse,  Valéry Giscard d'Estaing va  dans le sens de l'opinion française éclairée, celle qui ne se laisse  pas influencer  par le matraquage anti-Poutine des médias, une opinion  de plus en plus décalée par rapport  à la positon officielle de Hollande - et de la direction  de l'UMP. Il y a un ou deux ans, les pro-russes se trouvaient isolés dans les dîners en ville. Aujourd'hui  c'est inverse: presque personne, en dehors de quelques intellectuels ne prend plus  parti  pour les Etats-Unis dans les affaires de l'Ukraine.

Il ne s'agit bien entendu pas d'être pro-ceci ou pro-cela . Il s'agit que notre diplomatie  soit celle de nos intérêts et non pas des intérêts de  quelqu'un d'autre. Cela suppose qu'on évacue    toutes  considérations  infantiles  sur "qui est le bon ? " et "qui est le méchant ? "  auxquelles se résume aujourd'hui la diplomatie dite des droits de l'homme . En d'autres circonstances cela pourrait  nous conduire à être antirusse  - ou antisoviétique,  mais en aucun cas à l'alignement absurde sur les Etats-Unis dont nous sommes aujourd'hui les témoins.

 

                                                                       Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

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