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Roland HUREAUX

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 21:46

L'INCOMPREHENSIBLE POLITIQUE ETRANGERE DE LA FRANCE

 

Paru dans Figaro Vox du 18 août 2015

 

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/08/17/31002-20150817ARTFIG00280-syrie-l-incomprehensible-politique-etrangere-de-la-france.php

 

Laurent Fabius ne gardera pas un grand souvenir de sa visite à Téhéran de la fin juillet.

Elle avait  été précédée d'un déchaînement d'attaques personnelles  sur le thème du sang contaminé. Il voulait se faire accompagner d'une    délégation d'hommes d'affaires .   Mais  Iraniens ont fait  savoir  qu'il n'y aurait que des discussions politiques , très froides au demeurant :  de contrats,  pas question. Le ministre des affaires étrangères français s'attendait-il à autre chose après avoir tout tenté  pour faire échouer les négociations entre Washington et Téhéran  ?     

Il fut un temps où la France se démarquait suffisamment de la position des Etats-Unis pour jouer , le jour venu, un rôle d'intermédiaire , ce en quoi Fabius a échoué piteusement en juin dernier entre Israéliens et  Palestiniens.  

Il fut un temps, sous Mitterrand notamment, où la France  suivait les Etats-Unis mais en gardant un profil assez bas pour sauver la mise.  

Avec Hollande, la France suit les Etats-Unis mais en tentant de faire de la surenchère : cela fut le cas avec  l'Iran ; c'est toujours le cas avec la Syrie.

C'est là  le moyen le plus sûr de rester au bord de la route le jour où la notre grand allié  décide de changer de cap. C'est ce qui risque de nous arriver en Iran malgré la sympathie  que notre pays inspire aux Iraniens.

Le décollage économique de l 'Iran, imminent une fois les sanctions levées, pourrait se faire  sans la  France. II est peu probable par exemple que Peugeot récupère jamais  le marché de 600 000 véhicules qu'il avait dans ce pays.

C'est ce qui nous pend au nez  aussi avec la Syrie.

"Traiter ses ennemis comme s'ils devaient être un jour nos amis; traiter ses amis comme s'ils devaient être un jour nos ennemis" . Vieux proverbe arabe ou pas,  c'est en tous les cas depuis belle lurette le b a ba de la diplomatie . Il est clair que ce b a ba , Fabius l'ignorait quand il est allé dire à la tribune des Nations-Unies en 2012 que le président Assad  "ne méritait pas de vivre". Un peu plus tôt,  Juppé avait prétendu que le même Assad ne tiendrait pas plus de  quelques  jours. Trois  ans et demi après, il  est toujours là.  

Ce n'est pas faute que la France ait engagé des moyens lourds pour le renverser.  Fourniture  massive d'armes  et de matériels aux opposants , assistance  technique de plusieurs dizaines de militaires français ( dont plusieurs  sont morts ). A la fin  du mandat de Sarkozy, un accord entre la France et le gouvernement de la  Syrie  nous  avait permis  de récupérer une trentaine   de prisonniers  faits par l'armée syrienne. A son arrivée, Hollande  a relancé  la guerre. 

 

Aide de la France aux djihadistes

 

Inutile de dire que nos  armes et notre  appui logistique sont allés exclusivement aux djihadistes,  en particulier au Front Al Nosra , nouveau nom d'Al Qaida , dont les différences avec Daesh  sont bien minces. Les mêmes qui enlèvent ou massacrent les chrétiens - et d'autres. La soi-disant Armée syrienne libre qui , disait-on , était l'objet   de notre sollicitude demeure  un fantôme - et  un alibi pour aider les islamistes.

Pourtant  le plus probable est que ce régime pris en grippe par notre diplomatie avec un rare acharnement tiendra. Il parait certes aujourd'hui sur la défensive mais s'appuie sur un dispositif  solide autour de Damas  et de la frontière libanaise . La Russie ne le lâchera pas . La population est mobilisée , notamment les femmes dont bien peu , même chez les sunnites, souhaitent tomber ente les mains des  "barbus"  . Ceux qui soutiennent les forces rebelles,  Israël en tête , ne veulent  pas vraiment  qu'aucune   des deux , Daesh ou Al Nosra,  remplace le régime de Damas, se contentant de le maintenir en état de faiblesse.

 

La nouvelle politique américaine

 

Les accords entre Washington et Téhéran  prévoient le  maintien d'Assad jusqu'à la fin de son mandat  et le relâchement  progressif de la pression des   islamistes, qui pourraient être recyclés   contre la Russie.

La France qui avait de solides positons en Syrie,   son ancien mandat,  où on n'a  pas oublié que Jaque Chirac fut le seul chef d'Etat occidental à  assister aux obsèques d'Assad père  (eut-il raison d'y aller? C'est une autre question ) , sera-t-elle cette fois  encore prise de court par le revirement américain, déjà perceptible ?  Ce serait confirmer l'amateurisme  dans la quelle est sombrée notre diplomatie : Mitterrand qui fut le mentor tant de   Fabius que  de Hollande doit s'en retourner dans sa tombe.

Les arguments  moraux ne sont plus pris  au sérieux.   Meurtres d'enfants à Homs, utilisation de gaz, lâchage de bidons d'essence sur les populations :  au moins ces  accusations là ,  portées à l'encontre du régime  syrien, se sont  avérées fausses , ce qui n'en fait pas pour autant un régime tendre.  

Un premier geste serait d'accorder une reconnaissance officielle au Lycée Charles de Gaulle de Damas que les parents d'élèves syriens ont continué de faire fonctionner en autogestion quand la France l'a fermé en 2011, témoignage émouvant d' un  attachement aujourd'hui rare à la culture française.

Le second serait de lever l'embargo sur les produits pharmaceutiques  particulièrement odieux quand on sait les dégâts que cette guerre absurde continue de faire dans la population civile.

Mais pour renouer le fil d'une relation interrompue, peut-être Hollande devra-t-il trouver  un autre ambassadeur que Laurent Fabius ?

 

                                                                                   Roland HUREAUX    

     

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