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Roland HUREAUX

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6 juillet 2017 4 06 /07 /juillet /2017 21:19

 

Les relations qui semblent s’instaurer entre le nouveau président Macron et son homologue  Poutine, quoiqu’ elles marquent un progrès par rapport au temps de Hollande, ce qui n’est pas difficile,  restent marquées du sceau de l’ambiguïté.

On pouvait craindre  le pire : la liste des soutiens de Macron ressemblait  furieusement à  un comité anti-Poutine  ; rien dans les idées du nouveau président qui laissât   espérer un changement par rapport à la ligne Hollande.     

 

Une ouverture aux effets mitigés

 

L’invitation lancée au président russe   à  venir célébrer le 300e anniversaire de la visite à Versailles du tsar Pierre le Grand a été à cet égard une  heureuse surprise -  dont la genèse exacte reste  à éclaircir. Elle a failli être gâchée par l’arrogance du nouveau président français  lors  l’entretien bilatéral où  les leçons de démocratie alternaient, dit-on,   avec les accusations touchant  les questions de l’Ukraine et de la Syrie.   Macron ne semblait pas  s’être libéré de la doxa otanienne selon laquelle  Poutine  est un  dictateur et un agresseur et  les dirigeants de l’OTAN des  démocrates et   des défenseurs du droit, un point de vue qui ne tient évidemment pas compte du fait que la grande majorité des  violations du droit international depuis 20 ans  ont été  commises par l’Occident, ni que la disqualification  judicaire de  concurrents   n’est pas le propre de la Russie.  

Mal venue  aussi ont  paru, lors de la conférence de presse conjointe les critiques  de Macron  contre  les deux médias  sous  influence russe, RT et Radio-Spoutnik, dont 98% des Français ignoraient l’existence. Ils auraient  colporté pendant la campagne des bruits sur son homosexualité…  Une rencontre de ce niveau était-elle bien le lieu  pour une  telle mise en cause ? Gage sans conséquence à la camarilla antirusse qui l’a porté au pouvoir ?

Rappelons aussi que la France participe aux prochaines manœuvres de l’OTAN aux frontières de la Russie ( imaginons que la Russie organise des manœuvres « défensives » au nord du Mexique !)  .

Il semble cependant que , malgré ces accrocs,  les points de vue des partenaires se soient  rapprochés. Qu’ils soient    tombés   d’accord pour  dire que leur ennemi commun était le terrorisme islamiste n‘est pas une révolution  : tout le monde en convient  depuis longtemps même ceux qui le soutiennent en douce.  Sur  l’Ukraine,   chacun reste sur ses positions  . Sur la    Syrie en revanche,  Macron semble avoir renoncé à faire du  retrait du président Bachar el Assad une  condition  préalable au retour à la  paix. Cette exigence maintenue par Obama et Hollande, et même, par intermittence, par Trump, constituait  non seulement une entorse  au principe de non – ingérence mais un blocage absolu au processus de  paix ,  les Russes n’étant  pas prêts  à lâcher Assad, au moins sous la  pression  occidentale.

 

Une ligne encore incertaine

 

Il reste cependant bien  des ambiguïtés dans la position de Macron  : il vient de  s’ associer à Trump pour menacer la Syrie d’une intervention militaire en cas de nouvelle utilisation  d’armes chimiques. Or  les  prétendus recours aux  armes chimiques par Assad se sont  avérés  chaque fois des  provocations de ses adversaires destinées à le discréditer . Elles visent  aussi à offrir   un alibi à  une intervention militaire,  destinée à empêcher   l’Etat syrien  de  consolider sa  position et donc à  faire obstacle au retour de  la paix.  Il y a   tout lieu d’être inquiet de cette déclaration.

Malgré les accrocs   qui ont marqué la visite de Poutine à Versailles,  les diplomates russes ne tarissent pas d’éloges à l’égard  de Macron et considèrent qu’il a réalisé une véritable ouverture. Il semble connaître bien mieux l’histoire franco-russe que ses prédécesseurs et ne pas montrer  une inféodation aussi puérile que celle de Hollande aux Américains.

Durant la campagne électorale française, les Russes avaient tout fait pour ne  pas avoir l’air de vouloir  influencer l’élection, dont leurs observateurs avaient  sans doute anticipé le résultat  .  Rien ne laisse supposer en particulier qu’ils soient derrière  la publication des « Macron leaks » , soit de 15 Giga-octets de courriels échangés dans  son équipe. Venus le vendredi précédent le second  tour et ne    contenant rien de très compromettant, ils ne pouvaient de toutes  façons avoir d’impact  sur l’élection, tout au plus servir d’avertissement  discret. 

Il s’en faut en tous les cas de beaucoup que la ligne de Macron à l’égard des problèmes diplomatiques les plus brûlants , en particulier des questions qui touchent la Russie, soit  encore claire aux yeux du public et peut-être même  dans sa tête. 

 

Roland HUREAUX

 

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