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Roland HUREAUX

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21 juin 2018 4 21 /06 /juin /2018 07:33

DANS LEUR   CONFLIT AVEC LES AMERICAINS, LES EUROPEENS NE DOIVENT PAS SE TROMPER DE TERRAIN

 

L’Europe s’indigne des mesures protectionnistes que vient de prendre le président Trump,  ou des menaces qu’il profère à son encontre suite à son retrait de l’accord avec l’Iran,  et elle a raison.

Il se pourrait cependant qu’elle ne choisisse pas le bon terrain d’affrontement.

Il est clair que les mesures protectionnistes de Washington,  en particulier celles qui concernent l’acier et l’aluminium,  provoquent un concert de protestations bien plus important que  le diktat qui impose aux entreprises européennes, sous peine de graves représailles , de cesser tout commerce avec l’Iran.

Il nous semble pourtant que ce dernier est plus  scandaleux et que c’est lui    qui devrait  indigner le plus l’opinion européenne.

Il n’y a rien d’illégitime à ce  que les Etats-Unis veuillent pratiquer un certain protectionnisme : certes les accords du GATT, devenu OMC, ont tendu  à le faire reculer depuis 1945 mais il demeure  un des instruments légitimes de souveraineté dont dispose un Etat  pour protéger son économie. Les motivations de Trump sont en l’occurrence  respectables : redonner du travail aux  ouvriers américains, redresser la balance du commerce, maintenir des  secteurs stratégiques (que nous, nous délaissons). L’impact du libre-échange est discutable : de moins en moins d’experts y voient la panacée de la croissance.

Beaucoup moins légitimes sont les  suites du retrait de l’accord nucléaire iranien par les Etats-Unis : décision  imposée unilatéralement à  leurs  partenaires, elle heurte gravement le droit international. L’extraterritorialité de la justice américaine représente  un danger grave pour la souveraineté des autres Etats et leurs intérêts économiques, comme on l’a  vu avec l’affaire  Alstom : cette entreprise stratégique n’a pu passer sous contrôle américain que grâce  à la lourde amende  infligée par un tribunal américain dans une  affaire   qui ne s’était pas passée sur le sol des Etats-Unis.

Une  riposte claire et forte à l’encontre de ces pratiques  nous parait plus urgente  que les criailleries relatives à   l’acier et à  l’aluminium.

 

Une inversion des valeurs

 

Hélas le pays  européens, prisonniers de  l’idéologie mondialiste  en  sont arrivés à  une véritable inversion les valeurs. Les mesures protectionnistes de Trump choquent l’idéal  de libre-échange universel qui se trouve au cœur  de la pensée dominante occidentale depuis des lustres. Elle constitue à leurs yeux une faute grave, une remise en cause d’ordre  mondial. Au contraire, les mesures prises  l’encontre de l’Iran que les Etats-Unis obligent les Européens à suivre  malgré eux,  ne touchent que leur souveraineté ; elles  s’inscrivent au demeurent dans un conflit proche-oriental que  beaucoup, même de ce côté-ci de l’Atlantique,  voient   comme une lutte du bien contre le mal, d’un certain universalisme à l’encontre du particularisme  iranien.  Anesthésiés par le dépassement du cadre national,  européen ou globaliste, ils prennent pour  grave ce qui ne l’est pas et pour  normal ce qui devrait les indigner le plus.

Les intérêts lésés par les sanctions contre l’Iran sont des plus sérieux  : les menaces américaines conduisent à la suspension des projets de   Peugeot et de  Renault, à l’ annulation des commandes d’Airbus, au  retrait de Total et d’Engie, soit  un préjudice considérable pour l’économie française. L’économie allemande est également touchée à travers  Siemens et ses banques. Mais peut-être moins que l’économie française. Au contraire le protectionnisme américain touche plus l’économie allemande.  Cette dissymétrie ne suffit cependant pas à expliquer la réaction européenne.  Il reste qu’il est  dans l’intérêt de la France   de renverser les perspectives pour  mette la question iranienne au centre du débat, quitte à se monter plus flexible sur les mesures protectionnistes prises par Trump.  

 

Roland HUREAUX

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