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Roland HUREAUX

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21 juin 2018 4 21 /06 /juin /2018 07:50

 

Sur la scène intérieure, un des faits les plus marquants de ces dernières semaines pourrait être le sondage « Pour qui voteriez-vous au premier tour   d’une  présidentielle qui aurait lieu aujourd’hui ? » Laurent Wauquiez apparait à 8 % seulement. Un autre sondage orienté, lui,  vers les européennes le  remet à 14 %, ce qui n’est pas non plus glorieux.

Les nombreux  ennemis qu’il a au sein de LR auraient tort de se réjouir de ces chiffres. C’est l’avenir de la droite classique qui est en jeu,  non celui du président du mouvement.

Certes Wauquiez est encore mal connu des Français. Il n’a pas été comme les deux gagnants  du premier sondage, Emmanuel Macron (32 %)  et Marine Le Pen   (24 %) présent à la dernière présidentielle. (D’ailleurs, compte tenu de la prime  au sortant habituelle dans ce genre d’exercice , 32  %, ce n’est pas  beaucoup pour Macron, cela veut dire que 68 % de Français n’en veulent  pas).

Mais on peut y voir aussi l’effet de la profonde crise d’ identité que traversent  les Républicains ; et pour cause :  ils sont tombés dans tous  les panneaux  que leur a tendu le président  au cours des dernières semaines.

 

Les pièges du président

 

La réforme de la  SNCF n’était peut-être  pas très utile,  d’autant qu’elle n’ aura son plein  effet que dans  trente ans, quand les cheminots déjà recrutés partiront en retraite, mais elle a déjà atteint son  but politique:  en suscitant une grève attendue, exciter les gens de droite , non contre le gouvernement   comme il le faudrait  mais contre la CGT et les grévistes.

Il est une droite dont les réactions   sont aussi prévisibles que celles du  chien du Pavlov. Grève à la SNCF : au dictionnaire  des idées reçues qui la régit :    « être contre. » Pour cette raison , il y a peu de chances que le gouvernement soit pressé d’ en finir avec elle.

L’effet est le même pour  l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame des Landes  (autre projet soit dit en passant d’une utilité  douteuse) , non qu’ elle n’ait pas été  pas nécessaire mais fallait-il qu’elle suscite la sympathie de l’opposition  au point que l’on y  dise que le gouvernement  y avait fait  preuve d’autorité ?

Même mécanisme  avec la réforme de l’Université : la sélection à l’entrée de l’université, on le sait depuis 50 ans, depuis mai 68 déjà où le problème était posé, est un réactif violent dont on sait par  avance qu’il mettra les étudiants dans  la rue. Et comme cette  réforme, pas vraiment nécessaire  non plus   (la sélection existe  déjà largement, au moins en troisième année) fait partie de la culture de droite  et qu’elle agite  les universités, on peut être  sûr de son effet  politique : beaucoup de conservateurs   seront remontés contre les bloqueurs  des facs.

L’UNI qui se veut l’aile marchante de la droite universitaire  s’est  fendue d’une  pétition contre les casseurs.  Force républicaine n’a pas réagi autrement contre les grèves.

Or l ‘ennemi de mon ennemi est mon ami. Si la droite est d’abord remontée conte les grévistes, les syndicalistes étudiants (vrais ou faux) et  les zadistes, l’électeur , binaire, aura compris qu’elle se range derrière le gouvernement. A quoi sert-elle  dans un  tel contexte  ? Comment s’étonner  que certains se le  demandent  si  Macron semble faire son travail aussi bien qu’elle    et qu’elle va à sa rescousse. 

A la rigueur les réactions de la droite eussent  été justifiées si son  message  avait été : avec Macron, tout va à vau l’eau, avec nous l’ordre serait mieux assuré.    Mais quelle crédibilité aurait-t-elle  pour dire cela ? Même le Front national  n’en aurait pas.  

Chateaubriand le disait : « l’opposition doit être entière ».  Celui qui  l’incarne doit s’opposer. Et si  d’aventure le gouvernement  fait quelque chose  qui lui parait juste  ou qu’il a des difficultés sur sa gauche, on ne va pas à sa rescousse, au minimum on se tait. On rappelle en tous les cas que c’est le gouvernement  qui  est en charge des affaires et que s’il y a désordre, c’est d’abord à lui qu’en  revient la responsabilité. Tout cela est le b a ba de la politique.

Heureusement,  Wauquiez a  eu le courage de critiquer la participation de la  France à l’opération contre la Syrie. Mais sur tous les autres dossiers, il ne faut pas que les Républicains  se lassent de critiquer l’imposture Macron. La matière   ne manque pas : le démantèlement de nos industries  de défense, l’augmentation des impôts, une loi en faux-semblant sur l’immigration  à laquelle les criailleries des associations pro-migrants laissent croire qu’elle aurait  du contenu, à côté du légitime retour à   l’apprentissage alphabétique de lecture, la poursuite d’une réforme très contestable  du secondaire, des  projets  bioéthiques inquiétants  ,   une réforme  de la fiscalité locale désastreuse pour les propriétaires  etc.

Laisser encore croire, face à  ces dérives que « Macron au fond est de droite » serait une grave faute, non contre la droite  mais contre la  France.  

 

Roland HUREAUX

 

 

 

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