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Roland HUREAUX

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28 juillet 2018 6 28 /07 /juillet /2018 07:24

 

Quels que soient les remous de l’actualité, il est fort regrettable  que personne n’ait pensé à célébrer comme il le convenait le centenaire des  batailles de l’été 1918 qui virent l’armée française prendre définitivement  le dessus sur l’armée allemande en Picardie et en Champagne.

Pendant tout le printemps, le commandant en chef allemand, le général Ludendorff,  tente de manière forcenée de percer le front français après avoir reçu le renfort des soldats du front de l ’Est libérés par la défection russe ( traité de Brest-Litovsk le 3 mars 1918) et avant l’entrée en guerre des Américains,  sans y parvenir :  couronnée de succès au début en Picardie ( mars), sur l’Aisne (mai) et en Champagne ( juillet) l’offensive se heurta à la solidité de l’armée française . Paris   vit    s’approcher l’ennemi à   70 km et fut sous le feu de   la   grosse Bertha    à partir de du 23 mars. Devant cette situation critique, Clémenceau promut Foch   :  « Je me suis dit : essayons Foch ! Au moins, nous mourrons le fusil à la main ! J'ai laissé cet homme sensé, plein de raison qu'était Pétain ; j'ai adopté ce fou qu'était Foch. C'est le fou qui nous a tirés de là ! ».  Le ministre radical choisissait  Foch le catholique contre  Pétain  le sceptique.

Les Allemands laissèrent près de 800 000 hommes dans la bataille.

L’ attaque allemande, bloquée, c’est l’armée française qui, à partir de juillet 1918,  prit l’ offensive au travers des admirables batailles de juillet et août . 200 000 soldats français ont été tués ou blessés du 15 au 30 juillet 1918. Le 28 septembre, Foch ,  déclenchait l’offensive générale.

Des faits d’armes spectaculaires marquent cette contre-offensive, appelée aussi seconde bataille de la Marne. Le 18 juillet , à Villers Cotterêts,  le général Mangin,  déboula  d’une forêt au petit matin sans prévenir avec 320 chars et une nuée d’avions    mettant en déroute les armées allemandes qui avaient fait une percée vers Epernay.  Qui ne reconnait dans ce scénario ce qui advint dans les Ardennes le 10 mai 1940,  mais cette fois ce sont les Allemands qui appliquèrent cette méthode et les Français qui, entretemps’ avaient oubliée !   Officier colonial comme Mangin, le général Gouraud fut également admirable.

Contrairement à ce que beaucoup ont appris à l’école, ce n’est pas l’armée américaine qui a gagné la bataille de 1918 . Très peu d’éléments eurent le temps de monter au front : malgré des faits d’armes courageux ( à Saint-Mihiel par exemple) , les troupes américaines,  habillées, armées et formées par les Français ( comme, rappelons-le,  les troupes françaises devaient être équipées par les Américains en 1944 ) pâtirent de leur inexpérience. Leur principale contribution fut de doper le moral des Français qui savaient qu’ils allaient finir par arriver.  Les Anglais étaient, quant à eux, épuisés.

Ce fut donc essentiellement une bataille entre Français et Allemands ; l’armée allemande , n’ayant plus qu’un seul front était la plus puissante que nous ayons eu à affronter. L’armée française de 1918, forte de l’expérience de 4 ans de guerre, équipée de plus de 2000 chars Renault ( pour une cinquantaine chez les Allemands qui ne croyaient pas à cette arme ) fut la plus efficace que nous ayons eue depuis 1815 .

Une armée galvanisée par Clémenceau, président du conseil depuis le 16 novembre 1916, admirablement commandée par Foch, fait « général en chef des armées alliées en France » le 14 avril et maréchal le 7 août.

Cette victoire résulte de la combinaison heureuse d’une défense méthodique organisée par Pétain qui démultiplie en profondeur les lignes de    repli   et de l’esprit offensif de Foch et de ses hommes , Castelnau, Mangin, Degoutte etc. 

Aussi longtemps que Foch vécut, les deux écoles continuèrent à se compléter au sein des armées.

A partir de sa mort en 1929, Pétain ,  dernier maréchal encore en vie,  devient la seule référence. Prévalut alors l’ esprit défensif incarné par la ligne Maginot. Les leçons de 1918 oubliées, les partisans d’offensive  (tel le colonel de Gaulle) marginalisés , on sait ce qui advint.

Une célébration de ces événements parmi les plus glorieux de notre histoire,  aurait permis de dégonfler , au moins auprès des plus jeunes, certains mythes en rappelant que les Américains ne jouèrent qu’un rôle d’appoint et que les Français l’emportèrent en partie par leur avance mécanique !  

On aurait pu aussi célébrer l’amitié avec l’Italie dont les régiments venus à la rescousse sur    la Marne perdirent 4000 hommes dans la seule journée du 14 juillet 1918.

Que la France de Macron refuse de célébrer de tels événement , qui s’en étonnera ?

On dira qu’il ne faut pas vexer nos amis allemands : mais ce sont eux qui étaient chez nous et non l’inverse ; l’armée française accomplit ces exploits admirables pour défendre son sol et non pour envahir celui des autres. 

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

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commentaires

D
Bonjour,<br /> il est vrai que cette année 1918 ne se résume pas seulement au 11 novembre et qu'il fallait le rappeler mais à mon avis beaucoup de raccourcis dans cet article :<br /> - les Américains en prenant en compte une partie de la 1ère ligne ont libéré des troupes qui participeront aux offensives ;<br /> - les Français ont appris des attaques allemande de mars et de mai pour enrayer l'attaque de juillet et mettre en place une nouvelle tactique pour contre-attaquer ;<br /> - pour comparer ce qui est comparable en 1918 et en 1940, il aurait fallu étudier l'utilisation des chars en défensive en 1918 pour la comparer à 1940 et pas en offensive qui n'a pas été menée par l'armée française en mai 1940. D'ailleurs en 1944, Rommel se posera la même question que Gamelin en 1940 : où positionner les divisions blindées au regard de la future invasion.<br /> Bonne continuation
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F
Bonjour,<br /> Votre texte, qui a le mérite de rappeler les événements consécutifs à la seconde bataille de la Marne, comporte quelques inexactitudes. Tout d'abord, après 1929, il restait d'autres maréchaux que Pétain : Joffre (mort en 1931), Lyautey (mort en 1934) et Franchet d'Esperey (mort en 1942). Il est vrai que Pétain avait pris l'ascendant en matière de pensée stratégique, mais celle-ci a été beaucoup caricaturée, ainsi que l'a écrit Alistair Horne dans son "Comment perdre une bataille" (1969). Pétain voulait "cueillir" les Allemands à la sortie des Ardennes avec des éléments mécanisés...<br /> De plus, la remontée en puissance de 1918 avec la reprise d'une guerre de mouvement a été trop idéalisée, car, statistiquement, elle a provoqué plus de pertes qu'en 1914 ! La reprise de l'offensive a abouti à un manque d'économie des hommes, engendrant par ailleurs une baisse de moral en automne, si bien que les Alliés sentaient des germes de fragilisation au moment où l'Allemagne avait compris qu'il fallait demander un armistice.<br /> Cordialement.<br /> Fadi El Hage, docteur en Histoire.
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