IMMIGRATION : ETONNANT JEU A TROIS
Le Triangle Macron-Sanchez-Salvini
Les trois grands pays latins (France, Italie, Espagne) sont en plein psychodrame sur la question de l’immigration.
Emmanuel Macron, après une prise de bec avec l’homme fort du nouveau gouvernement italien, Mateo Salvini, ministre d’intérieur, qui a refusé sèchement l’accueil en Italie du navire l’Aquarius avec ses 629 migrants en provenance de Libye à bord a trouvé un nouvel allié dans le tout nouveau président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez qui a, lui, décidé d’accueillir le navire.
C’est le hasard d’une crise ministérielle qui a fait basculer le pouvoir à Madrid de l’Alliance populaire (droite) au PSOE (gauche), aucun de deux, ni personne d’autre, n’ayant une majorité aux Cortès. Sanchez est tributaire du parti d’extrême-gauche Podemos et a commencé, pour cela, par annoncer deux décisions radicales : l’accueil des migrants et l’expulsion des cendres de Franco hors du cimetière national de la Valle de los Caidos, mesure propre à rallumer la guerre civile.
Fort de cet appui, Macron annonce lors de sa rencontre avec Sanchez du 23juin, en prévision du sommet européen sommet européen du 30 juin (dont une réunion préparatoire sur l’immigration a été boycottée par le groupe de Visegrad), que les pays refusant d’accueillir des migrants doivent faire l’objet de de sanctions financières. Avec un art consommé pour se faire détester de ces pays, presque tous vieux amis de la France, Macron rappelle que les pays cause reçoivent le plus d’aides de Bruxelles. Ignorant tout de la susceptibilité historique des Italiens à l’égard des Français, il donne des leçons à Salvini, lequel a beau jeu de dénoncer la responsabilité française dans les événements de Libye et le fait que le même Macron avait fermé la frontière italienne à l’été 2017 pour que les flux de migrants arrivant en Italie (800 000 en deux ans) ne viennent pas France.
La France et l’Espagne contre l’Italie. Macron espère accrocher l’Allemagne de Merkel au train franco-espagnol ; il y a peu de chances qu’il y parvienne : Angela Merkel est fragilisée, et son nouveau ministre de l’intérieur, le bavarois Hors Seehofer joue ouvertement dans le camp des pays hostiles à l’immigration.
Au premier abord, beau concours de faux-culs : Macron s’est bien gardé de proposer que la France accueille l’Aquarius . Quoique immigrationniste dans l’âme, il sait qu’une telle proposition n’aurait pas été acceptée par l’ opinion française, encore moins que par l’italienne, mais il doit cultiver les associations d’aide aux immigrés qui se sont mobilisées pour lui contre Marine Le Pen : s’en prendre à l’Italie est leur donner satisfaction au moindre coût.
Sanchez a beau jeu d’accueillir des migrants dont presque aucun ne veut rester en Espagne et qui passeront assez vite la frontière française. Arrivé au pouvoir hors de tout vote populaire, il peut au demeurant se permettre un geste dont il n’est pas certain qu’il plaise non plus aux Espagnols.
Macron propose l’installation de centres d’accueil fermés à l’ entrée en Europe où les migrants attendraient qu’il soit statué sur leur sort. Les beaux principes seraient ainsi respectés, mais il n’est pas sûr que ces pauvres gens , qui sont pour les mondialistes, plus des symboles que des personnes concrètes y trouveraient leur compte. Les passeurs eux oui : l’espoir d’entrer en Europe subsistant, leur trafic pourrait continuer de prospérer.
La Commission de Bruxelles qui n’a pas l’habitude de tenir compte de l’opinion des Européens félicite le gouvernement espagnol, ce qui va sans doute rendre l’institution encore plus populaire…
Qui a affrété l’Aquarius ? Officiellement , une nouvelle organisation destinée à sauver les migrants de la noyade : SOS Méditerranée. Qui est derrière ? On parle des réseaux Soros. Ce qui est sûr, c’est qu’entre les idéologues mondialistes qui souhaitent ouvertement la mort de la civilisation européenne et les passeurs mafieux, il n’est pas sûr qu’il y ait parmi les organisateurs de l’opération beaucoup de vrais « humanitaires » . Pas plus qu’il n’y a, à ce qu’on croit savoir, de vrais réfugiés parmi les passagers, tous issus de pays en paix. Les partisans de l’immigration de masse auraient-ils voulu tester le nouveau gouvernement italien ? Il ont réussi seulement à le rendre plus populaire que jamais.
Le tandem Paris-Madrid appuyé par Bruxelles pose-t-il les jalons d’un nouveau front immigrationniste au sein de l’Europe ? C’est douteux. Les dirigeants en cause sont trop en porte-à-faux par rapport à leurs opinions publiques, ils ont trop d’arrière-pensées pour que ce front soit bien solide. Privé très probablement de l’appui de l’Allemagne, il est peu probable qu’il arrive à un quelconque résultat . On peut s’attendre en revanche à une belle cacophonie au Conseil européen des 29 et 30 juin.
Roland HUREAUX
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