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Roland HUREAUX

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:45

Aussi bien dans les sphères gouvernementales que chez certains Gilets jaunes,   se répand l’idée que la crise  sociale en cours et le grand débat national pourraient  déboucher sur une large réforme des institutions . Parmi les manifestants , s’est répandu  le  mot d’ordre du référendum d’initiative citoyenne  (RIC) , porteur de tous les espoirs.   

Cela nous parait une dangereuse illusion.

Il est évident par exemple que le retour à la proportionnelle ou la simple introduction d’une dose de proportionnelle  dans les élections législatives non seulement ne serait pas une solution à la crise mais  nous éloignerait  au contraire de toute solution.

Pour le général de Gaulle ,  que les institutions  soient bonnes  ou mauvaises, si les hommes étaient mauvais -  incompétents , corrompus ou   mal intentionnés - , la politique menée  serait de toutes les façons mauvaise.   Mais si les hommes appelés à diriger  le pays étaient  bons,  il ne  fallait pas  alors  que les mécanismes institutionnels  les empêchent d’agir avec détermination et efficacité . Dans le cadre où elles  ont    fonctionné  jusqu’ici,  grâce en particulier au droit de dissolution et   au scrutin majoritaire , les présidents qui voulaient faire des  réformes  de rupture,  De Gaulle lui-même,  puis Mitterrand,  ont  pu les faire. Que certains présidents aient été animés de mauvaises idées ou encore qu’ils  n’aient pas voulu user de leurs pouvoirs est une autre affaire : ils n’auraient pas fait mieux sous un autre régime. Sans doute les entraves à l’action du gouvernement  ont-elles été  multipliées depuis plusieurs décennies  au point d’altérer les vertus primitives de la Ve République  :   extension des pouvoirs du conseil constitutionnel,   élargissement de la possibilité de saisine,   quasi-suppression du vote bloqué,  mais l’essentiel demeure : un président assis sur une forte  majorité peut encore  agir.

Tel ne serait  plus le  cas si la proportionnelle était  réintroduite. Elle rend, on le sait, difficile la constitution de majorités. Elle ouvrirait la porte aux combinaisons de partis , aux compromis qui rendraient impossible  de prendre à bras le corps  les  problèmes graves ressentis par  les Français.   Tout inclinerait les partis à se mettre d’accord sur les propositions de la technocratie, française ou européenne,  qui sont précisément celles que, depuis longtemps, les  Français rejettent .

La solution des  problèmes passe au contraire par une action gouvernementale résolue qui implique  le maintien des institutions actuelles. Nul doute en effet que pour résoudre la crise que traverse le pays ,  il faudra  opérer en de  multiples matières, économie,  justice, éducation , gestion migratoire, des réformes profondes, mais pas toujours politiquement correctes et , dans bien des domaines, en rupture avec la culture dominante dans les principales  administrations.   

S’il est vrai que beaucoup de partis, Rassemblement national en tête,  revendiquent  la proportionnelle ,  n’est-ce pas le  signe qu’ils ne se préparent pas sérieusement à exercer le pouvoir  - ou en tous les cas à  changer en profondeur le pays ?    

La réduction  du nombre de parlementaires, comme la proportionnelle , affaiblirait la strate politique face à l’administration.   Elle était  déjà  dans le programme de Macron  qui avait, lui aussi, joué  sur le rejet  des politiques qui s’exprime dans le mouvement des Gilets jaunes.   

 

Et le référendum d’initiative citoyenne ?

 

Quant  au fameux référendum définitive citoyenne ,  ceux qui le demandent avec tant d’insistance n’ont aucune chance de l’obtenir : tout au plus leur concèdera-ton un simulacre  limité par de nombreux verrous   ou excluant  les sujets les plus litigieux :  Europe, immigration, fiscalité .

Pourquoi ? Parce que le problème bien réel de  communication qui se pose aujourd’hui  entre  le gouvernement et la population  ne relève  nullement des  institutions.  Il tient aux présupposés idéologiques du pouvoir en place lequel tient pour des acquis définitifs  toute une série de principes : le maintien de l’euro  et donc la règle d’équilibre  budgétaire qui en découle , la  transition énergétique, la priorité au développement des métropoles  et d’autres qui , combinés, ne lui laissent  que très peu de marge de manœuvre et donc de capacité de dialogue. Un pouvoir aussi corseté  ne se risquera jamais  à  mettre en  danger ces principes par la démocratie directe.

Et si tel n’était pas le cas , si un gouvernement, celui-là ou un autre, se libérait par on ne sait quel miracle – ou quelle révolution ( comme celle dont Gorbatchev prit l’initiative ),  on pourrait certes  instaurer un RIC,  mais serait-il   encore utile ? Un gouvernement  libéré de tous les a priori idéologiques , qui n’aurait d’autre ligne de conduite que la défense de l’intérêt  national,   pourrait bien plus facilement , avec ou sans référendum,   ouvrir un vrai dialogue avec la population et ainsi  satisfaire,  au moins en partie,  les  revendications des  gilets jaunes . Il   retrouverait  ainsi sans difficulté   les voies  de la confiance.

La principale revendication des gilets jaunes est économique : une rattrapage  du pouvoir d’achat , un abaissement des impôts pour ceux qui en payent, une plus grande justice dans la distribution de richesses : il est clair que cela relève de la politique   classique et  non point  de changements  institutionnels, qui, en l’état, ne sauraient être que des leurres.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

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