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Roland HUREAUX

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11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 19:19

ELECTION ET DERELICTION

La question du péché originel ne concerne pas seulement l’événement mystérieux de la chute  première  ni  ne se réduit  à la théorie scolastique  de sa transmission.

Elle touche une réalité existentielle plus fondamentale : l’état  moral lamentable de l’humanité depuis les origines de l’histoire  – et sans doute avant.

 

« Pire qu’une bête ! »

 

Il ne s’agit pas que  des « petites » fautes : mensonges, vols, parjures, adultères . Il faut avancer en âge pour mesurer  la profondeur abyssale du mal  que les hommes peuvent commettre : guerres , spécialement  guerres civiles affreuses,  cruautés sans nombre , notamment contre les femmes et les enfants  , souvent associées à d’inimaginables perversions sexuelles, injustices particulièrement odieuses et  cachées ( comme celles que décrit Balzac dans  ses romans). Des guerres qui causent d’immenses souffrances sont décidées par très peu d’hommes .

Si l’on considère  la parole, don si précieux,  l’ampleur de certains mensonges, individuels et surtout collectifs laisse rêveur  . Si l’on considère l’économie  monétaire, nécessité anthropologie irrécusable,   quels abus  inimaginables ne recèle-t-elle pas , surtout  aujourd’hui ? 

On pourrait évoquer aussi les dérives  de cette institution fondamentale qui porte le nom  d’une des vertus, la justice,  dérives contre lesquelles  l’Ancien testament lui-même ne cesse de nous mettre en garde ( Ps 72 ;  Is 1, 23  et  5, 23 ;  Mi 3,  11) .  

De telles turpitudes ne  se trouvent pas chez les animaux.   S’il est vrai qu’un animal comme le tigre  ( ou  le chat !) peut , dit-on,  pratiquer la cruauté gratuite, il ne  l’inflige  pas à  ses congénères

Certes les carnivores  n’ont jamais épargné les herbivores.  Bien avant le péché originel,  les dinosaures carnivores  mangeaient les dinosaures  herbivores . Mais leur cruauté n’allait jamais au-delà de leurs nécessités vitales.    Pas davantage les guerres , les perversions sexuelles, les massacres gratuits  internes à l’espèce n’existent dans le règne animal.  Chez les animaux, les violences se  limitent presque toujours à la recherche de la nourriture et, parfois , à la rivalité sexuelle, bref au seul souci de la perpétuation de l’individu  ou de l’espèce.

On pourrait aussi regarder les conséquences du  péché. Toutes ces turpitudes rendent les hommes  malheureux , pas seulement comme victimes mais aussi comme coupables . Il  est rare que les fautes ( par  exemple l’avarice extrême) rendent heureux. La culpabilité , le suicide sont   aussi le propre  de l’homme [1] . De l’homme seul,  on peut dire qu’il  lui arrive de gâcher sa vie et qu’il aurait pu, en se comportant autrement, être bien plus heureux qu’il n’est. 

 

Le passage à l’humanité

 

L’important est de voir  que ces turpitudes sans nombre  sont le corollaire de l’entrée en humanité,  de ce qui  fait le propre de l’homme  : l’intelligence, la liberté, le sens du bien et du mal  , la spiritualité, une augmentation considérable de ses  capacités  par rapport à celles de l’animal.

Le fait de l’évolution est difficilement  discutable mais l’entrée de l’animal en humanité reste problématique.  Selon les penseurs de la dialectique  ( Hegel, Marx), une évolution quantitative , par exemple la taille du cerveau, entraîne de manière automatique un jour ou l’autre une mutation qualitative.  Des singes , puis des anthropoïdes de plus en plus   intelligents  ( comme la paléontologie en suit les traces ) doivent nécessairement devenir un jour des hommes tels que nous les connaissons .

Si l’Eglise catholique  reconnait le fait de  l’évolution, elle  n’a cependant jamais renoncé à affirmer que, conformément  au récit de la Genèse, il  ne suffisait pas   que l’homme soit modelé  à partir de la terre ou « d’une   matière vivante déjà existante »  dit Pie XII [2].  Pour devenir tel  , il fallait  qu’il reçoive en sus  le souffle de Dieu ,  un supplément  d’âme ou plutôt une âme tout court , événement précis , situé dans le temps même si on ne sait absolument ni quand ni où.  

Face à ces deux thèses, la dialectique du passage du quantitatif au qualitatif  ou l’adjonction d’une âme  , il se pourrait que  nous soyons bientôt fixés. S’il est vrai que  les progrès exponentiels de l’intelligence artificielle  doivent permettre  de faire bientôt des robots dotés de la même capacité  neuronale   que l’homme ( qui n’est pas mince : environ deux cent milliards de neurones  interconnectés ), nous saurons s’ils sont  alors  automatiquement dotés d’ une âme  ou pas.   

 

Election  de l’homme

 

Il reste  que cette    intervention de Dieu   sur un animal   donné,  pour lui  conférer son  souffle , ressemble bien à une élection.   Un acte  gratuit du Créateur  qui, à un moment donné,  choisit un animal , certes plus évolué que les autres mais qui  aurait peut-être pu continuer son petit bonhomme de chemin comme hominidé,   pour en faire   infiniment  plus : un être  doté de liberté  , de sens moral et dont  on pourra dire  pour cela  qu’ il est  fait à l‘image et à la ressemblance de Dieu, promis à   la vie éternelle.

L’élection divine  va ainsi de pair , dans l’espèce humaine,  avec la déchéance morale le plus extrême. – et  cette  autre forme de déréliction qu’est le   malheur, comme s’il y avait un lien consubstantiel entre élection divine et déchéance, non certes  un lien de principe  puisqu’il faut faire la part  de la bonté de l’acte créateur et de la liberté humaine,  mais  un lien de fait.   

Les  guerres affreuses du XXe siècle , les massacres immenses comme la  Shoah montrent que , malgré la montée des  bons sentiments et des institutions issus de la civilisation  chrétienne ou  de  son prolongement,  les Lumières : l’ONU, l’essor du droit international, la défense des  droits de l’homme, la  suppression de la  peine de mort ,   la chronique criminelle de l’humanité   n’est pas terminée.  Moins qu’à un progrès continu , il semble qu’on ait affaire à une croissance parallèle du bon grain et de l’ivraie , du bien et du mal, telle que la  décrit  l’Evangile.

 

Vicissitudes du peuple élu

 

Il en va de même   dans cette  autre élection que nous rapporte la Bible : celle du  peuple de Dieu, le peuple hébreu qui bénéficie non seulement d’une protection divine particulière , l’Alliance,  mais aussi  du don de la  Loi  à Moïse , rappel  de la loi naturelle, destinée  à  en clarifier  les obligations . Le médiateur de l’Alliance est   le Grand prêtre assisté par  un clergé dédié  dont la mission est  d’assurer  le culte de Yahvé mais aussi de maintenir  cette loi , afin que le peuple hébreu ne   la perde jamais de vue comme d’autres peuples   ont  pu le  faire – et comme l’avaient fait, selon la Genèse,  presque tous  les hommes avant  le Déluge .

Ce n’est pas   tomber dans l’antisémitisme mais suivre tout simplement  ce que dit l’Ancien testament  que de rappeler que l’élection divine  non seulement  n’a pas rendu le peuple élu meilleur mais au moins aussi mauvais   : Ps 14 ; Is , 6,  9 ;  Am 3,2 . Il est le peuple « à la nuque raide » que Yahvé est souvent tenté d’exterminer (Ex 33, 3) mais qu’il aime quand-même .

Dès le temps des  patriarches, les frères de  Joseph  se mettent d’accord pour le mettre à mort, puis pour le vendre. A peine sortis du « pays d’Egypte » et avoir bénéficié de la  révélation de la  Loi sur le mont Sinaï , les Hébreux au désert se mettent  à fabriquer et adorer  un  veau d’or. La situation  ne cesse de se dégrader au temps de Juges :  les Hébreux qui ont trouvé la terre promise  y multiplient pourtant les infidélités, au point que Dieu les prive  de l’usage exclusif de cette terre (Juges,  2 20-23).   Le premier roi d’Israël , Saül , tourne mal. Les rois David et Salomon , pourtant hommes éminents,  très proches de Dieu , tombent  dans des  fautes graves : mise à mort d’ Uri , mari  de Bethsabée pour le premier, idolâtrie sous l’ influence de  ses  nombreuses épouses pour le second. En punition des péchés de David, son fils  Absalom se révolte et s’unit, une à une,  aux  femmes  de son père ;  en punition des péchés de Salomon, le royaume est divisé en deux . Les rois qui se succèdent alors  sont en partie idolâtres  en Juda et le sont tous en Israël. La sanction tombe : la prise de Jérusalem par les Babyloniens  ( - 587) et la déportation.

Dieu  envoie les  prophètes aux Juifs ( nouveau nom de Hébreux, par référence à la seule tribu de Juda), pour leur rappeler sans cesse leurs devoirs  négligés,  leur reprocher leurs  turpitudes ( en premier lieu l’oppression des  pauvres : Is 5,8  et 11,4 ; Jr 34 8-22 ; Mi 2,2, Ne 5 1-13  ) et les avertir  des châtiments qui s’annoncent . Les  passages des Psaumes ou des prophètes condamnant le peuple élu pour  ses fautes  sont très nombreux.  Jésus Christ rappelle que ce  peuple, irrité d’entendre leurs  admonestations, a régulièrement  mis à mort les prophètes que Dieu lui envoyait , sa propre mort se situant  dans la continuation de ce rejet.

Aux fautes contre les commandements de base  ( idolâtrie, meurtres, vols, adultères,  faux témoignage, injustice  pour les pauvres  etc.), les Juifs de la basse  Antiquité ajoutent une  nouvelle perversion, que nous avons appelée le pharisaïsme qui, prend , elle , les  apparences de la vertu .  Péché au second degré, il  consiste    à prendre la loi comme une fin en soi sans accomplir  ce qui en est  la raison  d’être : l’amour de Dieu et du prochain . Une perversion que  ne devait pas être, est-il nécessaire du dire ?  le propre des Juifs .

L’histoire  du peuple hébreu et sans doute l’expérience de  la perversion pharisienne  qu’il connaissait pour avoir été lui-même   pharisien   ont  conduit saint Paul  à donner un nouveau sens à  la Loi. Il dit presque ouvertement cette chose choquante  qu’elle n’avait pas pour  but  de rendre  les Hébreux  meilleurs mais au contraire de les  rendre pire ( ou en tous les cas de leur faire prendre pleinement conscience qu’ils étaient mauvais )   afin qu’ils ressentent  mieux  , dans leur déchéance,  la nécessité d’une rédemption. 

« La loi, elle est intervenue pour que se multipliât  la faute » ( Rm 5, 20).  

 « La loi ne fait que donner connaissance du péché » (Rm 3, 20).

« Qu’est-ce à dire ? Que la Loi est péché ?  Certes non ! Seulement , je n’ai connu le péché que par la Loi.  Et de fait, j’aurais ignoré la convoitise si  la Loi ne m’avait dit : Tu ne convoiteras pas ! Mais saisissant l’occasion, le péché, par le moyen du précepte  produisit en moi toute espèce de convoitise : car sans la Loi  le péché n’est qu’un mort (Rm 7, 7-8) .

« Ah ! Je vivais jadis sans la Loi mais  quand le précepte est survenu,  le péché a pris vie tandis que moi je suis mort , et il s’est trouvé que le précepte fait pour la vie me conduisit à la mort »  ( Rm   7, 9-10).  

Ainsi selon saint Paul, la loi est cause de péché . Et il  se passe avec le peuple juif la  même chose qu’avec l’humanité dans son ensemble : le commandement du jardin d’Eden de ne  pas toucher au fruit défendu a provoqué la chute de l’humanité, la loi de Moïse précipite dans la déchéance une grande  partie des Hébreux.

 

Et l’Eglise !

 

Nous  en arrivons à une troisième élection, quoique beaucoup de  chrétiens la considèrent comme  la continuation de la précédente  : celle de l’Eglise.

Là aussi la sainteté  que l’on pouvait attendre de la nouvelle communauté issue du sacrifice du Fils  est loin d’être  au rendez-vous.

Les fautes imputées à  l’ Eglise  sont bien connues , dénoncées à satiété par  la propagande antichrétienne. On lui reproche l’usage de la  violence ( Croisades, guerres de religion), l’intolérance ( Inquisition ) ou l’injustice de ses tribunaux, voire leur obscurantisme ( affaire Galilée),   les obstacles mis à certains progrès  , sa passivité relative face à l’esclavage ou aux situations d’oppression de toutes sortes, la corruption  et la cupidité de certains prélats, l’hypocrise de ceux d’entre eux qui vivent dans  le  luxe ou la volupté, le népotisme. Et n’oublions pas des reproches scabreux plus proches de nous.  Qu’il y ait des  exagérations  dans ces accusations  n’empêche pas qu’ il y ait aussi du   vrai.

Ne sont pas concernés que le clergé mais aussi l’ensemble des fidèles : « ils vont à la messe mais ils ne sont pas meilleurs que les autres ! »

Parmi les griefs particuliers faits aux Eglises chrétiennes figurent leurs divisions séculaires,   mais aussi  le pharisaïsme qui n’est pas en définitive une perversion plus juive que chrétienne , notamment  au travers du durcissement de la loi de type janséniste ou rigoriste , qui a suscité en matière sexuelle la réaction libertaire  que l’on sait, tout aussi  perverse. 

Le procès contre l’Eglise, qui est d’abord un procès contre le clergé  ou les fidèles  de premier rang ,   s’ étend  aux nations  chrétiennes dans leur  ensemble .

Il n’est certes pas question de  nier les  apports incontestables de la civilisation  chrétienne  ; elle est sans nul doute la première de la terre  par ses accomplissements. Le progrès scientifique et technique, la  démocratie  et les droits de l’homme    se situent dans sa filiation , légitime ou non . On peut y ajouter des réalisations artistiques inégalées comme l’art roman ou gothique, voire baroque et  la musique polyphonique.

 

Les débordements de l’Europe chrétienne

 

Il reste que cette supériorité a son revers.

Le premier est que se trouvant à partir du XVe siècle plus forte que le reste du monde, elle a tendu à  déborder sur lui , généralement par la force, pour le meilleur et pour le pire. Il n’est pas sûr que les Occidentaux aient  commis plus de  massacres ou d’atrocités  que d’autres cultures hégémoniques dans la passé,  ni que ceux qu’auraient   commis les autres si c’était eux qui avaient été en avance .  Les  sociétés  traditionnelles ont cependant  été bouleversées par la colonisation,     épreuve  cruelle pour beaucoup. Savoir si    ces bouleversements  furent  pires   que ceux que suscite aujourd’hui   la mondialisation   , laquelle  touche aussi l’Europe chrétienne   et tend à la détruire  à son tour, demeure une question ouverte . Certaines des cultures antérieures présentaient des  tares qui les feront peu regretter : sacrifices humains  massifs au Mexique, anthropophagie dans les Caraïbes   ou l’Océanie. Mais , sans donner dans   l’angélisme, il semble bien que d’autres cultures  « premières » y ont perdu au contraire une certaine innocence.  L’Eglise ne reconnait certes pas la notion de « bon sauvage » à cause du péché originel . Il reste que  certains peuples ( pas tous)  présentent  dans  leur état  natif  une vertu collective qui a frappé les observateurs  : ainsi les Indiens des Grandes Antilles , aujourd’hui disparus, ou certains groupes  de Pygmées.  Plus vulnérables , ils ont été aussi  plus durement frappés, y compris par d’autres groupes indigènes.  Ce sont ces vertus préchrétiennes, ( rappelées par saint Paul : « quand les païens privés de la Loi  se tiennent  à  eux-mêmes lieu de loi , ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur » ( Rm, 2, 14) que le pape François a  voulu  honorer dans le dernier  synode sur l’Amazonie.

L’autre effet pervers de la culture européenne , lié non point tant au christianisme lui-même  qu’à  sa dégénérescence contemporaine est le fait idéologique . « Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles (Chesterton). »  Même s’il s’est ultérieurement  répandu dans  le reste du  monde ( Chine, Cambodge) , le fait idéologique qui se trouve  à la racine des pires  crimes contre l’humanité,   tel qu’il a été décrit par Hannah Arendt et d’autres , trouve  son  origine dans la culture occidentale ( la Révolution française, Marx) .

Quoique dans la théologie  catholique , l’Eglise , « épouse  du Christ »,  demeure pure et sans tache  ,  sa réalité sociologique et  historique ne fut guère plus brillante que celle du peuple  juif  telle que l’ont décrite les prophètes . Il est classique de distinguer la personne de l’Eglise de son personnel  . Cela est certes moins visible du fait qu’un  chrétien renégat[3] n’est plus considéré  comme un chrétien, alors qu’un  juif en rupture  reste  , dans l’opinion commune, un  juif, mais n’en  reste pas moins vrai.

Il est d’ailleurs fréquent qu’on l’on applique  aussi  à l’Eglise  ( au sens large, pas seulement  la hiérarchie mais l’ensemble des baptisés ) l’image que le  prophète Osée applique au peuple d’Israël : celle d’  une prostituée que le prophète  épouse pour la purifier de ses  vices et continue  d’aimer malgré ses infidélités  , comme  Dieu  fait alliance  avec un peuple  rebelle et impur. Le regretté Maurice Clavel ne parlait il pas de « Notre putain  de mère l’Eglise »,   que le Christ réépouse chaque  jour pour la purifier ?   

 

Election, déchéance, rédemption : le mystère de la Croix

 

Il fait ainsi partie du mystère , non seulement du peuple élu et  de l’Eglise, mais,  au travers de   la  doctrine du péché originel  et de son histoire  entière , de l’homme lui-même,  que l’élection y soit  inséparable de la corruption, voire de la  déréliction.

Considérer le mystère du péché originel sans ses   prolongements dans l’histoire serait  donc très réducteur.

Les turpitudes de  l’ humanité vont avec son élection et tout ce que celle-ci apporte : la liberté, la responsabilité, le sens du bien et du mal.

On voit ainsi quels risques ferait courir au monde la réussite du projet transhumaniste, du projet   d’élever de manière artificielle les capacités de l’homme : dans la lignée de ce que nous voulons de dire , au supplément de pouvoir  correspondrait sans doute un supplément de malfaisance . Le premier projet transhumaniste , ne fut-il pas le national-socialisme dont l’ambition avouée  était   de créer une  surhumanité par la lutte pour la vie ( et donc la guerre) et la génétique, sur la base d’une science il est vrai sommaire  ?   

Pour revenir à  l’humanité ordinaire,  la  perte de   dignité qui semble intrinsèque à ses capacités a  trouvé , dans la vision chrétienne, son comble  dans la passion de   Jésus Christ  qui est l’aboutissement  de l’histoire juive dans la mesure où Jésus est juif et que  la responsabilité  de sa mort, historiquement partagée entre les Juifs et les Romains,  est aussi celle de l’Eglise et , au-delà,  de toute l’humanité.  Le  Concile de Trente  le rappelle :    « Si  l'on veut chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera que ce furent, outre la faute héréditaire de nos premiers parents, les péchés et les crimes que les hommes ont commis depuis le commencement du monde jusqu'à ce jour, ceux qu'ils commettront encore jusqu'à la consommation des siècles.(…) Les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu'il endura. (…)  Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre, s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. »  (Catéchisme 1e partie, chapitre 5 - 3).

 Non seulement les juifs mais aussi les chrétiens et,  au-delà,   tous les hommes portent donc  la responsabilité  d’avoir mis  mort le Fils de Dieu venu à la rencontre de ces mêmes hommes  pour leur dire qu’il les aimait à l’infini.

Election, déchéance et rédemption sont le trois moments qui, de manière si l’on peut dire homothétique s’appliquent  au peuple juif, à l’Eglise chrétienne et à l’humanité entière.

Parmi ces turpitudes, la Croix est le crime suprême et,   par un retournement que seul permet la puissance de Dieu, le moment suprême de la Rédemption, rédemption qui est une  nouvelle création et aussi une nouvelle élection. « Là où le pêché a abondé , la grâce a surabondé » ( Rm 5, 20) .

 

Roland HUREAUX

 

 

 

  

 

 

[1] Comme l’avortement qui  a  souvent cet effet.  

[2] « Le magistère de l'Eglise n'interdit pas que la doctrine de l' " évolution ", dans la mesure où elle recherche l'origine du corps humain à partir d'une matière déjà existante et vivante - car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu - soit l'objet, dans l'état actuel des sciences et de la théologie d'enquêtes et de débats entre les savants de l'un et de l'autre partis »  Pie XII, Humani generis, 1950 . 

[3] Par exemple Hitler ou Staline .

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