INQUIETANT MACRON
05/10/2018
Il est permis de considérer que les difficultés internes de la présidence Macron portent sur de sujets d’une gravité relative. L’affaire Benalla pose la question d’un favori promu à des responsabilités disproportionnées par rapport à son âge et à ses capacités, celle d’ anomalies de procédure dans l’enquête qui est menée sur lui et de l’affleurement de connexions équivoques. A côté de cela, la CSG de personnes âgées, l’alourdissement des impôts sur les classes moyennes, le ralentissements économique, principales sources du mécontentement, tout comme les excentricités du président ( Fête de musique, visite à Saint Martin ) qui portent atteinte à l’image de sa fonction n’ont rien de bouleversant .
N’oublions pas cependant que l’affaire Benalla a commencé parce que l’intéressé s’acharnait sur un homme à terre : étranges mœurs.
Mais le plus inquiétant dans le personnage touche aux affaires étrangères et n’est pas forcément connu du grand public ; c’est sur ce champ que l’on peut déceler un curieux attrait pour ce qui touche à la mort.
Le signe le plus flagrant est la nouvelle amitié de Macron avec Kagame , le dictateur du Rwanda . En termes d’ intérêt national, rien ne justifie que le président français soutienne la candidature de la ministre des affaires étrangères de ce pays au poste de secrétaire général de la francophonie. Kagame a amplement montré à quel point il détestait la France. Depuis 25 ans , il charge à jet continu , sans nul fondement, l’armée française des crimes qu’il a commis , lui. Il remplace le français comme langue d’enseignement et officielle par l’anglais, il adhère au Commonwealth.
Sa tyrannie est effrayante , ce qui n’empêche pas beaucoup de fonctionnaires internationaux, naïfs ou voulant l’être, d’admirer la gouvernance d’ un pays où les rues sont aussi propres qu’en Corée du Nord.
Il est surtout aujourd’hui de mieux en mieux établi que le tyran Kagame n’est pas seulement, comme il l’a longtemps fait croire, l’ homme qui a sauvé l’ethnie tutsi à laquelle il appartient d’un génocide opéré par les milices de l’ancien président hutu, Juvénal Habyarimana. Il est d’abord celui qui a déclenché les massacres du Rwanda en envahissant sans légitimité ce pays en 1990. Il est ensuite celui qui a fait abattre l’avion qui transportait le même Habyarimana et le président du Burundi, Cyprien Ntaryamira , deux hutus , le 6 avril 2014, attentat qui a marqué le point de départ des massacres les plus connus. Il est surtout celui qui, une fois vainqueur, a engagé des représailles de masse contre les Hutu ( 93 % de la population ) . Massacres des Tutsi proches de Kagame : entre 300 000 et 400 000 victimes ; massacres de Hutus et aussi de Congolais par les soldats de Kagame : entre 4 et 8 millions .
Que le Rwanda sente la cadavre, qui le sait mieux que nos militaires de l’opération Turquoise , envoyée en interposition à l’été 1994 et qui ont dû , dans des conditions effroyables, évacuer et enterrer de milliers de cadavres ?
Kagame est pourtant le nouvel ami de Macron : il lui a déroulé le tapis rouge à l’Elysée, le 23 mai dernier l’Elyse, il l’a à nouveau rencontré à l’ONU fin septembre, tout cela pour préparer l’élection de sa candidate francophobe à la tête de la francophonie.
Autre terrain miné : le frégate française Auvergne bombardait il y a quelques jours la Syrie du côté de Lattaquié ; il semble que cela se soit fait dans le cadre d’une opération conjointe avec des avions israéliens et des forces britanniques. Dans quel but ? Pour soutenir les derniers djihadistes retranchés à Idlib que le gouvernement syrien d’apprête à réduire ? Pour les faire gagner ? C’est évidemment trop tard . Seule explication : cet engagement a pour but de prolonger la guerre et par là les souffrances du peuple syrien. Au risque de déclencher un conflit majeur avec la Russie : lors de l’opération évoquée, un avion russe a été touché - sans doute par une riposte syrienne mal ciblée mais qu’importe , pourquoi jouer avec le feu ? Macron est cohérent avec cette ligne mortifère quand il s’oppose au retour des réfugiés syriens du Liban.
Inutile de dire que, pas davantage que dans l’ affaire rwandaise, il ne sert les intérêts de la France qui ferait mieux de jouer l’apaisement et mettre ses entreprises en ordre de bataille pour reconstruire le pays.
Au vu de ces agissements inquiétants , on se prend à dire : heureusement que la France n‘est plus qu’une puissance moyenne qui ne peut influer sur le destin du monde, heureusement qu’elle n’est dirigée que par un personnage d’envergure moyenne qui , malgré ses goûts macabres, n’a pas les moyens de faire seul beaucoup de mal - mais qui sait ? Heureusement en tous les cas que Trump et Poutine semblent, eux, rechercher l’apaisement.
Macron n’en est pas moins un homme inquiétant.
Roland HUREAUX