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Roland HUREAUX

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 17:10

LECTURES

 

LA BRUYERE, 

Les Caractères   , in  Œuvres complètes, La Pléiade

publié dans Commentaire

19/09/2019

Je m’étais promis de consacrer l’année à relire les classiques du XVIIe siècle, le cœur de notre culture. Après  Boileau, Racine, La Rochefoucauld, La Fontaine,  est venu le tour de La Bruyère.

Cet auteur est généralement classé parmi les moralistes et ses célèbres  Caractères  vus  comme une étude de la nature humaine en général.  Ils peuvent  être lus  aussi comme une étude sociologique et historique.

S’il parle de beaucoup  de choses et de gens , La Bruyère , qui écrit vers 1690,   a quelques thèmes récurrents qui, il faut bien le dire, composent un portrait  peu flatteur  de la société française sous Louis XIV.   

Que faut-il en retenir ?

Que les titres de noblesse s’achètent . Le prix est élevé mais tous ceux qui en ont les  moyens peuvent  y  accéder . Il convient ainsi de revoir les idée reçues sur le caractère bloqué de la société d’Ancien régime . Je ne  crois pas qu’une étude exhaustive de la mobilité sociale aux XVIIe et  XVIIIe siècle  ait été faite : elle réserverait bien des  surprises.

Il reste que les moyens de s’enrichir sont limités.  Plus ouverte socialement  qu’on ne pense ,  la France classique  est encore  stagnante sur le plan économique, faute de progrès  techniques significatifs.   A en croire La  Bruyère,    ceux qui  parviennent à s’enrichir sont des « rats »  qui ne pensent qu’à l’argent, des Harpagon ou , si l’on veut,  des personnages balzaciens avant la lettre.  Qualifiés ou pas , ils achètent une charge anoblissante  pour eux ou pour leurs enfants  et le tour est joué.  L’esprit de la chevalerie n’est pas forcément au rendez-vous.

La Cour ayant donné le  ton à la Ville , ceux qui gagnent un grade dans la hiérarchie  ( de sous-chef à chef de bureau, de greffier à procureur, de  roturier à petit noble ) , mettent un point d’honneur à ne plus adresser la parole à ceux qui  sont restés en arrière. Sympathique !  La Bruyère décrit déjà la « cascade du mépris » qui , selon Michelet, caractérisait l’Ancien régime.   Je ne sais si la Révolution y  a vraiment mis  fin,  mais il se peut qu’on doive à la démocratie élective que , de nos jours,  les supérieurs daignent   serrer la  main des inférieurs, tout bourgeois étant  en République  un candidat en puissance.  

L’auteur s’étend aussi sur  la dévotion  obligée et nécessairement  hypocrite  des trente-cinq  dernières années du règne de Louis XIV. La Bruyère ,  croyant sincère, très au fait des querelles théologiques de son temps, comme en témoignent ses    délicieux Dialogues sur le quiétisme,     la distingue  de la vraie piété. 

Bref un utile antidote pour  ceux qui, au vu des turpitudes des républiques  successives, seraient tentés d’idéaliser l’ancienne  monarchie. D’ailleurs , s’il rend au grand Roi  les honneurs de commande, qui sait le fond de la pensée politique de l’illustre  écrivain ?

 

RH

 

 

 

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