LES ETATS-UNIS TOURNENT LA PAGE DE LA DEMOCRATIE
27/04/2021
Quels que soient les vrais chiffres de la dernière élection présidentielle américaine, on ne saurait fermer les yeux sur la crise grave que traverse la démocratie dans ce pays.
L’élection présidentielle a-elle fait l’objet de fraudes importantes, sinon massives ? Personne ne le conteste. Selon les sondages, une majorité d’Américains, surtout républicains mais aussi démocrates, le pense. Ces fraudes ont-elles été également partagées ? Non, personne n’a accusé Trump d’avoir organisé une fraude massive, seulement les démocrates. Ces fraudes ont-elles inversé le résultat ? Faute d’avoir accès à un dossier complet, il est difficile de le dire. Que la justice ait donné la plupart du temps raison aux partisans de Biden sur ce sujet ne signifie rien dans la mesure où elle s’est très souvent déclarée incompétente, voire a motivé ses décisions par la crainte de troubles : la Cour suprême du Wisconsin a déclaré le recours de Donald Trump contre les fraudes électorales irrecevable, non pour des motifs de droit, mais parce que l’admettre « ouvrirait la boite de Pandore ».
Si ces considérations ne suffisent pas à invalider le résultat, elles témoignent d’une crise de la démocratie, particulièrement grave dans un pays où la Loi avait autant d’autorité que la Bible.
Boycottage de la présidence Trump
Sous sa forme actuelle, cette crise a commencé avec l’élection de Trump en 2016. Non que le résultat ait été contestable, mais du fait que le camp défait, celui des démocrates partisans d’Hillary Clinton a d’emblée refusé de jouer le jeu avec le nouveau président. Beaucoup de services essentiels (administration, police, CIA, département d’Etat) ont tenté de saboter son action et sont parvenus à faire obstacle à certains de ses projets comme l’apaisement avec Moscou. Le Congrès, dominé par les démocrates, n’a cessé de tenter de le conduire à l’impeachment (destitution), sous le prétexte fallacieux que le Kremlin l’aurait aidé à se faire élire, accusation que le juge a finalement écartée et qui, sous l’effet de l’acharnement, a été aussitôt suivie d’autres tendant au même résultat. Cela est sans précédent dans l’histoire des Etats-Unis : on célébrait au contraire le civisme de ce pays où les vaincus jouaient le jeu.
Une presse sans pluralisme
Deuxième entorse, aussi bien dans la campagne de 2016 qu’après l’élection : la quasi-totalité des médias, télévisions, radios, journaux, ont pris position contre le nouveau président et n’ont cessé, mois après mois, de casser son image ne serait-ce qu’en ne publiant de lui que des photos où il avait l’air d’un furieux. Fox News faisait exception mais a rejoint l’opposition durant la campagne électorale de 2000. Dans ce pays où la télévision d’État n’existe pas, Trump ne pouvait s’exprimer sur aucun canal. Ce n’est pas par narcissisme, comme on l’a dit, mais parce qu’il n’avait pas d’autre moyen d’expression qu’il a multiplié les tweets. Là aussi cette situation est sans précédant. Les classiques du libéralisme nous ont appris que la démocratie authentique exige non seulement la liberté de la presse mais aussi son pluralisme. En Russie, le groupe Novaïa Gazeta que le Washington Post qualifiait en 2017 de « principal journal d'opposition de Russie » tire, tous titres confondus, à un million et demi d’exemplaires. Certes, les tracasseries ne lui sont pas toujours épargnées pas mais qui s’oppose à Biden – comme à Macron en France ? Durant la campagne électorale de 2000, les choses se sont aggravées : les comptes Twitter et Facebook de Trump ont été coupés.
Tout s’aggrave avec Biden
Les choses ont bien mal commencé sur le plan des libertés après la prise de fonctions de Biden. Les partisans de Trump se trouvent gravement menacés, ce qui là aussi, est sans précédent. Le prétexte en a été la malheureuse tentative de prise du Capitole le 6 janvier. Il y avait dans la foule des trumpistes déçus mais aussi des personnages troubles déjà aperçus dans les manifestations d’extrême gauche. Et qui leur avait ouvert ? Coïncidence ? Les représailles contre les partisans de Trump sont tombées aussitôt. Plusieurs grandes banques ont fait savoir qu’elles ne recruteraient pas de partisans de Trump identifiés. Le patron de Forbes, magazine économique de référence, annonce qu’il cassera l’image de toute entreprise recrutant des trumpistes. Facebook et Twitter ont à ce moment là coupé les comptes de 75 000 personnes engagées dans la campagne de Trump et celui de Trump à vie.
En même temps s’applique une censure des contenus : toute évocation des fraudes électorales, bannie de la presse, était censurée sur les réseaux sociaux, au motif du risque terrorisme ou de trouble à l’ordre public. Il en est de même aujourd’hui de toute critique des vaccins contre le Covid.
Les catégories sociales suspectes d’avoir voté Trump, comme les fermiers, sont soumises à un harcèlement qui les plonge dans l’insécurité.
L’étouffement de la liberté d’expression et les obstacles mis à l’emploi des opposants s’accompagne de vexations idéologiques qui, certes, existaient déjà, mais se sont singulièrement aggravées depuis l’accession de Biden ressentie comme la victoire de toutes les minorités activistes. Le harcèlement judiciaire de ceux qui enfreignent les tabous idéologiques, sans être nouveau, s’emballe : un enseignant qui n’a pas ouvert la bouche lorsqu’il a entendu prononcer le mot « nigger » a perdu son emploi. Un père a été emprisonné pour avoir appelé sa fille de 14 ans, « ma fille », alors qu’elle avait déclaré qu’elle était un garçon.
La crise du Covid aggrave la répression judiciaire : une femme qui amenait sa fille à l’école sans masque a été dénoncée à la police par les enseignants : sa fille lui a été retirée et est placée. C’est le nouvel « empire du bien ». Dans le droit fil de sa tradition puritaine, le pays devient une gigantesque maison de redressement destinée à éradiquer tout reflexe sexiste, homophobe, raciste, xénophobe, climatosceptique etc.
Il se dit que, dans cette atmosphère étouffante, ceux qui au cours des dernières décennies, Russes ou Chinois par exemple, étaient venus aux Etats-Unis chercher la liberté veulent rentrer chez eux pour l’y retrouver. Dans un pays où l’essentiel de la matière grise scientifique vient de l’étranger, ce peut être un drame. A force de censure, de discrimination positive, le niveau des universités américaines est sur la pente descendante. Il ne faut pas chercher ailleurs les causes des déboires techniques d’une entreprise comme Boeing.
C’est peut-être pour ces raisons que quinze Etats où on aime la liberté, autour du Texas, ont fait sécession pour refuser la discipline sanitaire, nous rendant le visage des Etats-Unis d’antan.
L’Europe touchée
Il ne faut pas imaginer que nous Européens échapperons à cette chape de plomb qui est en train d’éteindre la démocratie américaine. La dictature sanitaire justifiée par le Covid sert déjà de kriegspiel à la mise au pas définitive de la démocratie occidentale que certains envisagent. C’est depuis l’élection de Biden que les Gafams ont commencé à censurer certaines personnalités mal vues à la Silicon Valley : Marion Maréchal, Jordan Bardella, et même Mila, adolescente lesbienne mais, horresco referens, critique de l’islam : cette dernière est suspendue, tenons-nous bien, pour harcèlement, alors que c’est elle qui est harcelée sans discontinuer sur les réseaux sociaux. Pierre Lévy, issu, lui, du parti communiste, a vu le site de son excellent journal Ruptures, affublé d’une mise en garde contre ses relations supposées avec la Russie, dépourvues de fondement. Il est probable que ces atteintes insupportables à la liberté d’expression ne soient qu’une salve d’avertissement avant le grand jeu. Il nous faut lutter pour empêcher de telles dérives, d’autant plus inquiétantes que dans les cercles où se décide le sort de l’Occident, ceux qui ont eu, en ne reculant devant aucun moyen, la peau de Trump, on est de plus en plus fasciné par le modèle chinois, combinaison du libéralisme économique et d’un impitoyable contrôle des populations. Ferguson, l’architecte du confinement, proche de Bill Gates, a avoué au Times qu’il avait voulu tester le modèle chinois. Face à ces dérives, il nous faut lutter et pour bien lutter, comprendre. Il est urgent que nous ouvrions les yeux sur une dégénéresance rapide de la démocratie dont la dernière élection américaine a constitué une étape essentielle.
Roland HUREAUX