La politique internationale a été peu présente dans la campagne électorale sauf pour permettre à Macron de se poser en chef de guerre d’opérette, ou pour l’amener à accuser Eric Zemmour et Marine Le Pen de complicité avec Poutine, ce dont ils se sont bien maladroitement défendus.
Nul ne sait comment la guerre d’Ukraine va évoluer. Ou l’armée russe anéantit l’armée ukrainienne et la paix reviendra vite, mais, défaits, les Occidentaux risquent de vouloir se venger en durcissant les sanctions , comme ils l’ont fait en Syrie, où, amers de voir que Bachar-el-Aassad était toujours là, ils continuent à infliger au peuple syrien les sanctions les plus cruelles. Avec la différence que s’agissant de l’Europe de l’Est, ce sont les pays européens qui pâtissent le plus des sanctions. Raison de plus pour que l’esprit de compromis prévale .
Or cet esprit de compromis, il faut l’attendre plus de Mélenchon que de Macron.
Nous sommes dans une conjoncture extrêmement dramatique, comme l’humanité n’en a jamais connu : tout dérapage pourrait conduire à la guerre mondiale, voire nucléaire et, dans un tel contexte, il importe que la France se tienne à l’écart.
Nous pensons que Macron ne le fera pas et que Mélenchon le fera.
Les positions politiques de Macron sur cette question et sur d’autres se résument à un alignement sans nuances sur le supposé consensus euro-atlantique. Ajoutons y une propension à la surenchère qui s’est traduite par exemple, par la mauvais volonté qu’il a mise à appliquer les accords de Minsk dont il était le garant et qui auraient pu éviter la guerre. A force qu’il joue le double jeu , ses prétentions à jouer les médiateurs avec Moscou n’ont jamais été prises au sérieux : radicalité antirusse, intermédiation de l’autre : Poutine n’était pas dupe. Sans que le peuple français en ait été informé , il semble que quelques dizaines d’officiers français aient servi de conseillers techniques aux Ukrainiens à Marioupol ou ailleurs. Ajoutons y la livraison de canons Caesar , qui servent surtout à tuer les populations civiles du Dombas et qui, de toutes les façons, comme toutes les livraisons d’armes prolongeront le conflit sans aucun espoir de renverser le sort de la guerre au bénéfice d’une armée ukrainienne en décomposition.
Ajoutons à tout cela la personnalité du président réélu : son narcissisme, son égotisme, sa vanité naïve qui l’avait amené à souligner sans tact qu’il était le chef des armées, l’immaturité que beaucoup pressentent derrière des pauses martiales où un homme qui n’a jamais fait le service militaire croit peut-être affirmer une virilité factice.
Rien de tel s’agissant de Mélenchon. Certes son discours à usage interne est plein de propos excessifs comme « la Police tue », de promesses démagogiques sur la retraite ou le SMIC . Mais sur les affaires internationales, Mélenchon qui les connait bien n’a pas déraillé. Il n’est tombé ni dans le piège du pro-poutinisme , ni dans celui de l’hystérie otanienne. Ses positions passées sur le Proche-Orient s’étaient nettement distinguées des positions américaines.
Et il y a sa personnalité : fort en gueule dans le débat interne mais raisonnable au fond ; il reste un vieux politicien conscient des responsabilités de ceux qui sont au pouvoir, spécialement face à des questions comme la guerre ou la paix . A priori , dans l’hypothèse où des extrémistes américains ou russes prendraient des initiatives d’escalade, Mélenchon saura faire ce qu’il revient de faire au chef d’un gouvernement français : tenir la France à l’écart d’un conflit où ses intérêts essentiels ne sont pas engagés. "Rendre la France aux Français", cette formule de Mélenchon qui a tant choqué Monsieur Aphatie , c’est ça. Rien à voir avec l’esprit münichois dénoncé par ceux qui voudraient se mêler de tout sans considérer l’intérêt national . Sauf à croire , selon la propagande de l’OTAN, qu’après l’Ukraine , Poutine viendrait à conquérir la Pologne puis l’Allemagne, puis la France . Hypothèse de haute fantaisie qui n’a pas le moindre commencement de crédibilité . Ceux qui la formulent sont d’ailleurs les mêmes qui vident les arsenaux d’Europe occidentale vers l’Ukraine , où elles arrivent on ne sait où, au risque qu’elle se trouve complètement désarmée.
Pour ceux qui ont du mal à choisir entre les candidats de Mélenchon et ceux de Macron, disons-le clairement, dans le contexte de guerre européenne qui est le nôtre, le choix raisonnable est celui de Mélenchon.
Roland HUREAUX