LE RASSEMBLEMENT NATIONAL PERD SA CREDIBIITE EN DEMANDANT LA PROPORTIONNELLE
Une fois de plus, Marine Le Pen a , il y a quelques jours, demandé l’instauration de la proportionnelle aux élections législatives , intégrale qui plus est.
Cela est parfaitement contradictoire avec les attentes que près d’un quart des Français mettent à tort ou à raison dans ce parti.
Si des millions de Français votent pour Marine le Pen , ce n’est pas pour qu’elle dirige la République à la petite semaine à la manière de René Coty.
Ils attendent , d’elle ou d’un autre équipe de rupture quelle qu’elle soit, un changement complet d’orientation sur toute une série de problèmes majeurs qui ne cessent de s’aggraver : non seulement l’immigration et la sécurité dont le RN a fait son fond de commerce, mais le fonctionnement de l’Etat, la justice, l’éducation nationale, l’administration locale et bien sûr la politique économique.
Ces bouleversements espérés par beaucoup sont un chantier immense . Est-il nécessaire de dire qu’une coalition de type centriste, comme elles qui émanent d’un système proportionnel façon IVe République, ne trouverait jamais une majorité pour effectuer ces changements ?
Changements que nous appellerions réformes si le mot n’avait été galvaudé par de centaines de pseudo-réformes technocratiques par lesquelles le système s’est prolongé au cours des ans , aggravant chaque jour les problèmes au lieu de les résoudre.
Le général de Gaulle, une référence que les responsables du RN ne devraient pas négliger , disait que quand les hommes ne sont pas à la hauteur , les politiques menées seront mauvaises quelles que soient les institutions mais que ces institutions doivent préserver les moyens de mener une bonne politique pour les hommes compétents et décidés à prendre en main les problèmes du pays, le jour où il s’en présentera – et où le suffrage universel les portera au pouvoir.
L’esprit de la Ve République : donner les mains libres aux bons
C’est précisément ce que permettait la constitution de la Ve République, assortie de scrutin majoritaire qui n‘est pas dans la constitution mais s’en trouve aujourd’hui inséparable. Seul un scrutin de ce type peut donner à un nouveau président une assemblée lui permettant de mettre en œuvre la politique pour laquelle il été élu : pour le pire comme aujourd’hui, pour le meilleur, faut-il espérer, demain. Et l’expérience montre que cette majorité sera d’autant plus large que l’élu (e) était au départ éloigné du système en place : cf. 1981, 2017.
Le système de vote pour lequel se bat Marine le Pen n’est pas de gauche, il n’est pas de droite, il trouve ses meilleurs défenseurs dans le marécage centriste , celui qui, sous un régime de proportionnelle, ferait tous les arbitrages, quel que soit le locataire de l’Elysée. Autrement dit, avec la proportionnelle, le système , dont nous voyons ces jours-ci à quel degré d’exaspération il pousse un peu partout les Français, aurait encore de beaux jours devant lui .
Réclamer à cors et à cris le proportionnelle intégrale a une signification très claire : « notre préoccupation majeure n’est pas de répondre aux immenses attentes des Français mais d’ avoir un peu plus de places dans les assemblées et de prébendes dans l’appareil d’Etat » . Ce n’est évidemment pas ce que les millions de Français qui ont voté pour Marine le Pen attendent d’elle . Si Macron qui, lui, compte tenu de la nature de sa politique s’accommoderait tout à fait d’une proportionnelle intégrale, réussissait à l’instaurer, aucun espoir ne subsisterait de résoudre un jour de manière démocratique les problèmes de la France. Qui dit centre dit mainstream , national ou international, celui-là même dont nous crevons. La gouvernance mondiale qui a mis la main sur notre pays ne lâcherait plus sa proie.
Roland HUREAUX