Loin du discours hagiographique ou commémoratif, Roland Hureaux propose une visions renouvelée et moderne du gaullisme.
Il en montre d’abord le fondement anthropologique : la conception que le général de Gaulle avait du fait national et des responsabilités du président, s’enracine dans une réalité à la fois multiséculaire et universelle: le principe de leadership.
L’humanité est composée d’entités organisées héritées de l’histoire qu’il n’appartient à personne de refonder arbitrairement. Aujourd’hui, les Etats-nations sont et demeureront pour longtemps encore, n’en déplaise aux tenants des utopies supranationales, le groupe pertinent. Ce qui ne veut pas dire que ces Etats soient appelés à se replier sur eux-mêmes ou à se faire la guerre : ils se doivent au contraire respect et reconnaissance mutuels en vue d’un dialogue et d’une coopération féconds
A la tete de ces groupes humains, se trouve un chef ou leader, héréditaire ou élu. Ce que les peuples attendent de lui s’inscrit dans les fondamentaux de la nature humaine : les défendre, assurer la paix, la cohésion, la prospérité, soutenir leurs intérêts matériels et spirituels, promouvoir leur rayonnement. Cela suppose que le chef demeure un homme libre, à la tête d’une entité souveraine et qu’il bénéficie du consentement populaire, dont la démocratie est la forme moderne.
Cette conception se situe dans la continuité d’une école de pensée trop méconnue en France : le libéralisme catholique dont Chateaubriand, référence intellectuelle fondamentale du général, fut la figure emblématique. .
Elle se trouve à l’opposé de ce qui constitue le « mal du siècle », l’idéologie, forme de gouvernement pervertie dont le principe n’est pas le service pragmatique des intérêts d’une communauté concrète mais l’asservissement à une Idée supposée salvatrice, généralement simplificatrice et oppressive, souvent paravent d’une domination étrangère (la « Révolution nationale », le socialisme, la supranationalité). Le gaullisme est la forme achevée de la politique conforme à la nature : une politique sans idéologie.
Soucieux de maintenir une distance critique, Roland Hureaux pose aussi la question : de Gaulle fut il infaillible ? ». Pour y répondre en toute liberté.
Ce recueil d’études vient à point pour rappeler, peu après le référendum du 29 mai 2005 et à l’approche d’une élection présidentielle décisive, l’éminente actualité du gaullisme