On connaissait le fond de grossièreté qui réside chez beaucoup de socialistes, l’ air de clerc jouisseur de ces notables de gauche issus de Mai 68 qui, depuis longtemps, ont abandonné les préoccupations sociales pour la promotion de la libération sexuelle. Fonctionnaires défroqués en goguette, ils diffèrent à cet égard d’une extrême-gauche qui, encore en lien avec la souffrance populaire, conserve le sens du tragique.
Cette paillardise avait sa figure emblématique : DSK. Elle a trouvé sa victime expiatoire : l’Eglise catholique.
En témoignent des comportements qui pourraient surprendre dans un parti que l’on croyait devenu raisonnable : ainsi la réception insultante de l’archevêque de Paris par la commission de l’Assemblée nationale en charge du projet de « mariage pour tous » ( qui a choqué le Grand Rabbin de France lui-même !) ou la plaisanterie douteuse de Michèle Delaunay, secrétaire d’Etat en charge des personnes âgées ne trouvent rien d’autre à dire après l’annonce de la démission du Saint Père que: "Benoît XVI a omis de me consulter avant de prendre sa décision."
Un profond sentiment anticatholique
N’en doutons pas : ce n’est là que la pointe immergée d’un sentiment antichrétien ou plutôt anticatholique aujourd’hui dominant au parti socialiste. Hostilité assortie d’un mépris qui fait qu’on ne cherche même plus à comprendre ce que pourrait être la logique interne des positions d’une Eglise dont on a choisi de tout ignorer.
Caractéristique de cette ignorance est l’appel de Cécile Duflot aux diocèses pour qu’ils hébergent dans leurs locaux les sans-logis : la pitoyable ministre écologiste (les Verts ne valent pas mieux que les socialistes sur ce registre) semblait tout ignorer de l’action caritative d’une Eglise plus impliquée que quiconque sur ce terrain.
Tout cela pourrait rappeler les bonnes grosses blagues des banquets d’instituteurs des années trente. Mais les temps ont changé : on ne daube plus la soutane ou les abus supposés du vin de messe ; on ne chante plus Le curé de Camaret, on ressasse les poncifs des médias, largement sur la même longueur d’onde : Pie XII, le pape nazi (dont presque tout le monde reconnait pourtant aujourd’hui qu’il a fait le possible pour limiter le désastre), le préservatif, l’avortement et maintenant le « mariage » homosexuel. Autrefois le différend portait surtout sur les dogmes, aujourd’hui sur la morale.
On n‘explique pas autrement que par ce bouillon de culture dans lequel baigne désormais le parti socialiste le commentaire scandaleux du président de la République à l’issue de la démission de Benoît XVI : « Nous n’avons pas de candidat ».
Car les banquets socialistes sont une chose, la parole du chef de l’Etat en est une autre. Par ce genre de plaisanterie un peu lourde, François Hollande ne fait pas honneur à la France, surtout si on la compare à la dignité, à la hauteur de la réaction des chefs d’Etat du monde entier à l’émouvante décision de Benoît XVI.
Les vrais hommes d’Etat et les apparatchiks
En d’autres temps, d’autres chefs de l’Etat français, étaient issus, plus encore que le président actuel, du vivier laïcard : Vincent Auriol, Georges Pompidou, Jacques Chirac. Aucun ne se serait permis ce genre de plaisanterie.
En s’élevant dans les sphères de la grande politique, en étant chaque jour confronté au tragique de l’histoire, les vrais hommes d’Etat, même s’ils sont en désaccord sur tel ou tel sujet avec le magistère catholique, n’ont plus envie de plaisanter avec le fait religieux. Croyants ou pas, ils en mesurent la dignité et la gravité. Georges Pompidou, agnostique au départ, se rapprocha de la foi, au point de demander des obsèques grégoriennes, Jacques Chirac quoique éloigné de la religion en son for intérieur, fut toujours déférent vis-à-vis du monde ecclésiastique.
Faut-il rappeler le cas de François Mitterrand : élevé, lui, en milieu clérical, rallié à la gauche certes, mais qui fut toujours respectueux de l’Eglise catholique dont il était suffisamment familier pour en connaître les subtilités et en mesurer la grandeur ? C’est ainsi qu’il sut accueillir en 1983 le pape à Lourdes par un discours de haute tenue sur les relations de l’Eglise et de la France dont il faut bien dire qu’il surclassait celui, plus convenu, de Jean Paul II. Il cachait peu en privé son mépris pour l’anticléricalisme élémentaire du parti socialiste.
Reste le cas de Nicolas Sarkozy, très ignorant des finesses de la culture chrétienne, mais désireux de lui témoigner sa sympathie, non sans quelques arrière-pensées et beaucoup de maladresse.
Dans cette question des rapports avec l’Eglise, François Hollande a montré qu’il était resté un socialiste de base, un apparatchik sans envergure. Rien qui fasse honneur à la France.
Roland HUREAUX