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Roland HUREAUX

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 15:08

 

Par-delà  la question des abus sexuels du  clergé,  un basculement  géopolitique ? 

 

C’est un singulier honneur que font les medias occidentaux à  l’Eglise catholique  en la tenant  pour seule responsable des dérives liées aux abus  sexuels  d’enfants ( une  expression  que nous préférons à celle de « pédophilie », ce dont il s’agit étant à l’ évidence de l’ordre de l’eros et non de la philia)  , comme si  les autres confessions, l’école publique,  la famille elle-même,  pourtant aussi touchées, si ce n’est  plus,   par  ces abus répugnants étaient tenues pour irresponsables  ou insignifiantes. 

Car ce genre d’  abus  touche  d’abord les   institutions éducatives. Ceux qui ont décidé de consacrer leur vie à  s’enrichir   plutôt qu’à éduquer les enfants, qui préfèrent  les salles de  marché  aux  salles de classe, traders plutôt que prêtres ou instituteurs,  sont, eux,   à  l’abri des tentations.  Il reste, Dieu merci, dans  notre monde,  des professions honorables !

Mais  l’emballement  médiatique en cours  a  servi d’écran de fumée  à ce qui se produisait à ce moment là et qui pourrait bien ressembler à  un séisme  géopolitique  de grande ampleur.  

 

Par-delà l’écume

 

La vague anti-romaine qui a déferlé au  cours des dernières semaines sur le pape  Benoît XVI ,  et qui  touche   l’institution ecclésiastique dans son ensemble, semble  partie  de New York,  épicentre de ce milieu WASP ( white anglo-saxon protestant) où l’on nourrit depuis  le  XVIIe siècle une solide animosité  à l’égard de  l’Eglise romaine,  la plupart des  médias français ayant adopté en l’occurrence une  position, désormais habituelle,  de suivisme.   

Qui  n’a remarqué,  à l’inverse,  dans les tourmentes de ces derniers mois,  l’appui  sans faille de  la Russie à la papauté ?   Les faveurs dont  son prédécesseur  polonais n’avaient  jamais  bénéficié,  n’ont pas été marchandées au pape allemand.   Aussi bien dans les affaires de la levée de l’excommunication des évêques  lefévristes, que celles  de  la  prévention du sida en Afrique,  puis  des abus sexuels de prêtres, tant le patriarcat de Moscou  que  le gouvernement de la Fédération de Russie  ont apporté un soutien  total  à la papauté.  L’étonnant  « pèlerinage » du chef de l’Etat russe à Notre-Dame de Paris  s’inscrit dans la même ligne.

Qui l’eut cru ? La Pravda,  elle-même ,  jadis  organe du parti communiste,  a défendu  Benoît XVI :  les temps ont bien  changé depuis que les réseaux soviétiques   « produisaient »  la pièce Le Vicaire, dans le but de discréditer la mémoire de  Pie XII…

On dira que tout cela est de la politique. Mais les grands événements de  l’histoire religieuse n’ont-ils pas été  tous de la politique, de la conversion de Constantin  et  de Clovis, au schisme de 1054 entre Rome et Constantinople, du ralliement des princes allemands à Luther   au Concordat de 1801 ?

On se méfiera, non sans raison,  de cette tentative d’enfoncer un  coin  dans le camp atlantique.  Mais ceux qui, au sein de ce  camp, s’attachent avec  persévérance  à marginaliser l’Eglise catholique,   avaient-ils  besoin de ce renfort ?  

Cette marginalisation  ne date pas d’aujourd’hui.  Dès lors que l’Europe commence   à basculer, au XVIIIe siècle d’abord, puis, de manière définitive,   à partir de 1815,   vers une prééminence  culturelle anglo-américaine , que, de manière souvent inconsciente,  les Européens  ont intégré que  la modernité sous toutes ses  formes venait   du Nord-est  et plus du Sud,   les pays  de tradition catholique se sont  trouvés  décentrés.  Ils sont devenus, pour le monde anglo-saxon  protestant et libéral,  les cousins de province.  Dans l’imaginaire occidental,  à commencer par celui des  élites françaises, ils ne sont plus le centre mais la banlieue et,  si  le catholicisme venait à  s’effondrer,  ils ne seraient plus que le bidonville, sorte de terrain vague spirituel aux marges d’une   Amérique  ayant conservé, elle,   ses valeurs religieuses et patriotiques.

La  marginalisation n’est pas seulement géographique, elle est aussi historique :  dans le même imaginaire,   l’histoire  moderne  se réduit à une cascade d’ émancipations,   qui commence avec la réforme protestante, se poursuit avec les Lumières ( françaises  mais déjà  très anglophiles) et s’accomplit dans l’univers libéral-libertaire , la tradition catholique n’apparaissant  dans  un tel schéma,  que comme une   survivance.

A l’évidence les signaux forts que Moscou a envoyés à Rome ne resteront pas sans effet.   Les réponses du Vatican sont certes  moins visibles que les avances du Kremlin mais  qui ignore que le rapprochement avec les lefévristes,  fondé  sur la  restauration de la  liturgie,   a pour arrière-plan  la volonté de se rapprocher de l’orthodoxie   ?  Si,  comme nous le pensons,   la différence avec  celle-ci  est plus politique que théologique,  un grand pas aura  été accompli ces derniers jours dans cette direction.

La crise que travers l’Eglise catholique pourrait  ainsi   préluder à une remise en cause de la  grande césure qui,  selon Samuel  Huntington,  oppose la civilisation « occidentale »,  à la fois protestante et catholique d’un côté ,   à la civilisation « orthodoxe »  de l’autre , et qui avait  , jusqu’ici , structuré notre conception du monde.

 

                          Roland HUREAUX

 

 

 

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commentaires

8
Should colleges abolish grades and give students written evaluations of their performance instead?
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B
<br /> <br /> Cher Monsieur,<br /> <br /> <br /> Voici l'article dont je vous ai parlé à la Bastille. Il est en ligne sur le site du Forum pour la France.<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> Yvonne Bollmann<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> ----------------------------------<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 24 mai 2010<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Eurodistricts : un marché de dupes<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Nul ne sait ce qu’il adviendra de l’Union européenne sous l’effet de la crise en cours. Elle peut aussi bien voler en éclats si les<br /> peuples s’en mêlent qu’évoluer à toute vitesse vers un fédéralisme renforcé. Ce qui est certain, c’est que la « question allemande » est de retour.<br /> <br /> <br /> Il y a vingt ans, l’Allemagne avait été contrainte de renoncer à sa monnaie nationale « en échange du surcroît de puissance et<br /> d’influence attendus de la réunification »[1]. On la verra peut-être y revenir triomphalement, mais elle ne<br /> rendra sans doute pas pour autant les « nouveaux länder ». Ou alors elle transformera enfin l’euro en un véritable ersatz du mark, et imposera ses propres critères de stabilité. Dans les deux<br /> cas, elle y aura gagné.<br /> <br /> <br /> Pendant ces vingt années, et malgré des phases où elle a pu apparaître comme l’homme malade de l’Europe, l’Allemagne a testé sa<br /> nouvelle force. Elle a procédé à une « mise au pas » de ses partenaires sur ce grand chantier qu’est la restructuration à l’allemande de l’espace européen. C’est Wolfgang Schäuble, alors<br /> membre du directoire de la CDU, qui semble avoir donné le coup d’envoi pour la création d’eurodistricts, lorsqu’il a plaidé en faveur d’un grand district européen autour de Strasbourg (juin<br /> 2002).<br /> <br /> <br /> Plusieurs eurodistricts ont alors vu le jour le long de la frontière franco-allemande - l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau (2005),<br /> l'Eurodistrict Fribourg/Centre et Sud Alsace (2006), l’Eurodistrict trinational de Bâle (2007), l’Eurodistrict Regio Pamina (2008), l’Eurodistrict SaarMoselle (2010). Il y a eu aussi<br /> l'Eurodistrict de l’espace catalan transfrontalier (2007) et l'Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai (2008). Tous servent à un titre ou à un autre les intérêts de l'Allemagne : ses ambitions<br /> économiques, ses projets européens inspirés par sa vision de l’histoire, et sa volonté d’ethniciser le politique. Sans compter qu’ « il faut défaire un peu la France pour faire l’Europe », comme<br /> l’a dit en 2001 Rudolf von Thadden[2].<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Au service de l’économie allemande<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En mai 2010, l’association « Zukunft SaarMoselle Avenir » créée en 1997 a cédé sa place à l’Eurodistrict SaarMoselle, qui a le statut<br /> juridique de GECT (Groupement européen de coopération transfrontalière)[3]. C’était prévu pour février, mais le ministère de l’Economie<br /> allemand, en charge de ce dossier, avait apporté des modifications rédactionnelles aux statuts proposés par les partenaires, et il a fallu valider la nouvelle charte. La chargée de mission<br /> Eurodistrict au Landratsamt de l’Ortenau a expliqué le processus d’autorisation étatique prévu par les directives européennes : „En France, la Direction générale des collectivités locales/DGCL,<br /> du ministère de l’Intérieur est responsable du dossier autant que le ministère des Affaires étrangères. En Allemagne, ce rôle est dévolu au ministère de l’Economie, qui doit, de plus, se<br /> concerter avec les autres ministères concernés“[4].<br /> <br /> <br /> Pour l’Allemagne, l’intérêt principal de ces nouvelles entités administratives semble être leur enjeu économique. Prenons<br /> l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau. Dans le domaine de l’agriculture, il y a côté allemand un projet Europa-Farm, dont le promoteur est un groupe financier du Sud de l’Allemagne. Ce sera<br /> une sorte de ferme géante, où les visiteurs pourront voir „comment fonctionne l’agriculture du vingt-et-unième siècle“. Un marché paysan permettra d’en commercialiser les produits. L’offre<br /> pourrait être complétée par les productions d’agriculteurs du « voisinage immédiat » et de la région du Rhin supérieur. Les promoteurs souhaitent faire venir des produits agricoles et des …<br /> visiteurs de l‘Alsace et du Nord de la Suisse[5]. Le site retenu se trouve bien dans l’Ortenau, qui est la<br /> partie allemande de cet eurodistrict. Mais dans une lettre de soutien, le député du Bundestag Peter Weiß a pour seuls repères l’Allemagne et l’intérêt local de sa « südbadische Heimat »<br /> en matière d’agriculture et de commerce<br /> <br /> <br /> <br />
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K
<br /> <br /> Cher Monsieur,<br /> <br /> <br /> je lis chacune de vos chroniques avec une grande attention et autant de plaisir. Je découvre aujourd'hui que vous avez votre propre blog. Marianne2 qui vous publie pourrait, peut-être, avoir la<br /> courtoisie de signaler l'existence de ce blog.<br /> <br /> <br /> J'ai une question si vous le permettez:<br /> <br /> <br /> 1. Que pensez vous de la situation Grecque suite au deuxième emplâtre bricolé par telephone ce dernier dimanche, considérant que le tx à 10 ans était reomnté hier soir au delà de 7%?<br /> <br /> <br /> Très cordialement<br /> <br /> <br /> <br />
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