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Roland HUREAUX

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 11:32

 

 

Après quelques jours d'agitation médiatique, on peut commencer à tirer les leçons de l'étonnante affaire Fillon-Jouyet.

Qu'un  simple déjeuner entre deux personnalités, comme il y en a des centaines chaque jour à Paris , se transforme en affaire politique  de première magnitude témoigne d'abord d'une singulière nervosité de notre classe politique,  à droite et aussi à gauche.

Qu'au même moment le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker  soit mis en cause personnellement, comme ancien ministre des finances du Luxembourg,  dans une évasion fiscale de 300   milliards  d'euro  au bénéfice de  multinationales  attirées à dessein dans ce petit pays,  semble  en comparaison,  tout juste une anecdote !

Considérant à tort ou à raison qu'il a été victime d'un complot, François Fillon a   porté  plainte . Mais il n'est pas sûr qu'il obtienne gain de cause car ce qu'a dit Jean-Pierre Jouyet à son sujet ne relève ni de l'injure, ni à proprement parler de la diffamation : avoir évoqué à table les problèmes judiciaires de Sarkozy avec  son interlocuteur , à supposer  qu'il l'ait  vraiment fait, n'est pas  un délit.

Le plus choquant est sans doute que des  personnalités politiques   ne puissent, dans notre singulière république,   se voir à déjeuner et parler de choses et d'autres, sans que la confidentialité de ce qu'ils se seront dit soit protégé , comme l'est par exemple , sauf débordements inhabituels,  leur  vie privée .

Il est vrai que rien ne se serait su si Jean-Pierre Jouyet n'avait pas  parlé. Sa position est loin d'être claire : il a dit une chose aux journalistes du Monde qui enquêtaient , il s'est  ensuite rétracté pour le redire  après. "Démenti, rementi", disait Paul Raynaud. Mais c'est le personnage qui , intrinsèquement,  n'est  pas clair : passer de ministre de Sarkozy à  secrétaire général de la présidence sous Hollande est pour le moins inhabituel. Comme beaucoup d'inspecteurs des  finances de la  gauche rocardienne, qui se retrouvent aujourd'hui au club dit  des Gracques (singulière dénomination pour des partisans acharnés de la mondialisation et de l'Europe dont  les  premières victimes sont les plébéiens d'aujourd'hui !)  , il considère que gauche et droite s'équivalent,   que les vrais décideurs, parmi lesquels sans nul doute il se place sont au-dessus de ces clivages vulgaires. Ce ne sont là que des contingence  politiciennes , liées à un exercice auquel , comme beaucoup de se pairs,  il dédaigne  de se prêter  : l'exercice électoral, lié à une démocratie à laquelle il  ne croit certainement plus beaucoup.  Le passage de ces gens là de la droite à la gauche ou l'inverse   n'est pas seulement  de l'opportunisme ordinaire, c'est une forme de mépris de ce qui se trouve, pour les gens ordinaires,  au fondement de la démocratie :  l'engagement partisan.

Il a démontré en tous cas dans cette affaire   qu'il n'était pas un ami sûr.

Il est  invraisemblable  que l'affaire soit partie de Fillon : on sait aujourd'hui que ce n'est pas lui qui a pris l'initiative de ce déjeuner.  Et  il sait  bien que toutes les attaques contre Sarkozy  profitent à ce dernier  auprès du    seul électorat qui compte pour le moment,  celui des membres de l'UMP chargés d'élire le président du mouvement.  Rien ne  favorise plus l'ancien président que d'apparaitre comme la victime du gouvernement socialiste. Au point que certains  se demandent  si la volée d'attaques judicaires qui eurent lieu à la fin de l'été à son encontre n'avait pas été orchestrée pour favoriser   sa victoire à l'élection à la présidence  de l' UMP.  

Est-ce alors pour déstabiliser Fillon qu' aurait été alors montée toute l'affaire ? Ou qu' elle aurait été récupérée en route ?  Si on ne trouve  rien d'autre pour le démolir que cela , il faut l'élire président tout de suite . Il en est beaucoup à droite comme à gauche qui  trainent des casseroles plus bruyantes !  

Reste la possibilité qu'on aurait tout simplement voulu , depuis l'Elysée,  diviser encore plus l'UMP :   mais avait-on vraiment besoin pour cela de   cette histoire de cornecul ?

Ce qui  devrait en définitive rester de cette affaire : une tempête dans  un verre d'eau suscitée par la balourdise de Jean-Pierre Jouyet  dont il ne nous appartient pas de dire s'il a  ou non  le  profil de l'emploi  qu'il occupe.                                        

                                                                                                              Roland HUREAUX

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