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Roland HUREAUX

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 16:28

 

Parmi les nombreuses erreurs qui ont conduit Peugeot, la plus française des marques automobiles depuis que  Renault a délocalisé massivement, à la situation  que l’on sait, il est une erreur stratégique du groupe  déjà ancienne mais fort dommageable : l’abandon de ses positions en Afrique .

Replaçons-nous en 1980 : les voitures Peugeot étaient omniprésentes en Afrique subsaharienne dominant le marché, non seulement des pays francophones mais aussi des pays anglophones. A peu près tous les taxis de brousse en étaient, taxis de brousse que l’on appelait  même  au Kenya les « Pudjot ».

Peugeot avait une usine au Nigéria.

Puis vint l’invasion des  4x4,  anglais pour le haut de gamme, japonais pour le tout-venant. Rien n’était perdu. Peugeot aurait pu  adapter sa gamme, éventuellement lancer son propre 4x4  qui, vu le prestige de l’ enseigne,  aurait sans doute fait un tabac sur  le marché africain et se serait répandu ensuite en Europe,   ce véhicule étant  devenu à la mode dans le milieu bobo.

Mais c’est au contraire à ce moment-là (vers  1985) que Peugeot a choisi de se retirer assez brutalement  de l’Afrique au grand dam de beaucoup d’Africains qui étaient attachés à cette marque. Un  grand homme d’affaires indien d’Afrique orientale  fit même alors  le déplacement à Montbéliard pour   demander à Peugeot  de rester, proposant  de diffuser lui-même  la marque de Nairobi au Cap.  Rien n’y fit.

Pourquoi ? C’est difficile de le dire. L’Afrique n’était pas alors à la mode. Elle stagnait. Le FMI avait mis en tutelle la plupart des Etats. Les élites parisiennes n’avaient que mépris pour l’Afrique. Faire un séjour en Afrique pouvait vous gâcher une carrière, soit dans les grands groupes, soit même au Quai d’Orsay. L’Afrique était salissante pour une réputation. Qu’un séjour sur ce continent démontre au contraire  une grande capacité d’adaptation n’était pas pris en compte ; il valait mieux faire carrière au siège, dans le confort douillet des bureaux européens.  

Ces  réflexes très parisiens ont dû  jouer mais peut-être aussi  d’autres considérations que la firme de Sochaux  a gardée dans ses secrets.

Au même moment Accor plaçait ses billes dans les hôtels tanzaniens alors en pleine décrépitude, mais ce sont  aujourd’hui un des fleurons du tourisme mondial. Accor avait une vision à long terme ; Peugeot pas.

Le résultat : Peugeot a pratiquement disparu de ce continent à un moment où le monde entier s’y intéresse à nouveau : les Américains, les  Chinois, les  Israéliens. La croissance de l’Afrique est aujourd’hui  de 5 % par an, les consommateurs y sont de  plus en plus nombreux.

Que dire devant ces occasions gâchées. Rien. Le chagrin et la pitié !

Est-ce rattrapable ? On ne sait, cela sera de toutes  les façons difficile.   

Autre information entendue. La production de l’usine d’ Aulnay-sous-bois que le groupe va fermer correspond à peu près au montant de voitures que nous vendions à l’Iran,  où la firme sochalienne était   bien implantée aussi. En raison des sanctions  prises par l’Union européenne à l’encontre de ce pays , ce marché est désormais fermé.  Mais il se dit qu’en  revanche on peut encore  acheter des Chrysler ou  des Ford neuves  à Téhéran. A vérifier. 

 

Roland HUREAUX 

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