Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Roland HUREAUX

MrHureaux

Recherche

Articles RÉCents

Liens

10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 23:36

 

 

Il est un auteur qu’on ne lit guère  à  droite, c’est Guy Debord, marxiste tardif qui eut l’intuition que dans son stade ultime,  la société capitaliste  ne serait  plus qu’une société de communication, de spectacle, dit-il, ne produisant (les besoins  élémentaires supposés satisfaits) que du spectacle, des images, de la fête, de l’illusion. Cela s’appliquerait d’abord à des gouvernants qui, ne gouvernant plus rien, ne font plus que se mettre en scène.  « Le spectacle est la principale production de la société actuelle »[1]. L’essayiste de droite,  Philippe Muray,  y fait écho  dans  son Festivus festivus.  

O combien Manuel Valls correspond à ce portrait. Tout en pose et en déclarations fracassantes, il parvint même il y a quelques   mois à séduire une partie de la  droite, facile à abuser il est vrai, par sa rhétorique sécuritaire et cela sans que, derrière ses grandes envolées, on puisse mettre une seule réalisation tangible  à  son actif.  En dehors de ses rodomontades dans l’affaire Léonarda  ou contre les Roms, qu’a-t-il  fait pour contrôler l’immigration ? A peu près rien. Les régularisations, sous son égide, ont été  massives, les reconduites à la frontières se sont effondrées, avec l’effet d’aspiration qui s’en suit.

Sur le plan de la sécurité, les cambriolages et les violences aux personnes, le trafic de drogue, la délinquance en zone rurale continuent de grimper, comme il l’a reconnu lui-même dans son discours de politique générale. Les policiers sont découragés par les ordres fréquents de ne pas poursuivre  les délinquants, pour peu qu’il y ait risque d’échauffer certains quartiers  ou qu’on soit à la fin du ramadan.   Trop souvent, les victimes sont traitées plus sévèrement que les coupables. Non seulement Manuel Valls ne s’est pas démarqué   des orientations permissives de Mme Taubira mais il les reprend au détour d’une phrase dans son programme gouvernemental,  annonçant une réforme pénale qui est précisément celle que prépare le Garde des sceaux. Il serait hostile aux 35 heures. Mais quand a-t-il proposé de les abroger ?  

Les seuls actes de fermeté que l’on puisse en définitive mettre à son actif – et là, pour le coup, on est sorti du  spectacle, c’est la répression dure commandée aux forces de police  contre une Manif pour tous que tout le monde savait pacifique. Provocations, gazage, fichage, arrestations arbitraires par centaines de jeunes veilleurs comme s’il s’agissait de terroristes. Le  républicain Valls, Robespierre au petit pied, a  voulu montrer sa virilité en cognant sec sur des cathos de droite. Qui parle de   social-libéral ?

 

Peut-on encore faire des réformes ?

 

Certains observateurs voient en lui le dernier espoir des  réformes.  Là encore, ils devraient relire  Debord : 

« La société du spectacle dans sa phase avancée n’est plus pour l‘essentiel réformable. Mais le changement est sa nature même pour transformer en pire chaque chose particulière »

On peut ainsi juger dangereuses les  deux seules propositions un peu précises de son programme : la remise en cause des cotisations familiales ( remplacées par quoi ? cela n’est pas dit ) et un « big bang » de structures locales à l’horizon 2020 qui , là où il a commencé , sous l’inspiration d’idéologues socialistes ( par l’intercommunalité par exemple),  a déjà fait assez de dégâts  et généralement aggravé les coûts.

Ces mesures doivent financer les     50 milliards d’économies promises. Pour faire quoi ? A la fois  baisser les charges des entreprises, relever le pouvoir d’achat  des petits salaires et réduire les déficits, ce qui fait  beaucoup  pour des mesures d’économies aussi hypothétiques.

Hollande a voulu, dit-on, que Valls continue à faire du Valls : il  risque d’être  servi.

 

Roland HUREAUX

 

 



[1] Guy Debord,  La société du spectacle – 1965 - Folio

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
<br /> Où sont les commentaires?<br /> <br /> <br /> merci<br />
Répondre