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Roland HUREAUX

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 14:39

           LES AVATARS DE LA CULTURE CHRETIENNE DANS L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE AU LYCEE

 

             Article paru dans Liberté politique

 Jusqu’en 1992, les lycéens commençaient  en seconde un cycle approfondi d’histoire contemporaine, débutant  avec la Révolution  de 1789 et rattrapant l’actualité  en terminale.

Le programme de 1992   introduisit en seconde  une rétrospective utile  de l’Ancien régime.

Mais c’est en 1995 que fut réalisée  une réforme fondamentale consacrant l’année de seconde, au prix d’un survol plus sommaire  du XIXe siècle,  à une récapitulation  de l’histoire occidentale  à partir de thèmes : le premier était « Le citoyen et la Cité à Athènes au Ve siècle avant JC et la citoyenneté dans l’Empire romain au IIe siècle ».

Le second : « Naissance et diffusion du christianisme » est ainsi précisé dans la circulaire du 29 juin 1995 : « On prendra pour point de départ une présentation de la Bible, ce qui permettra à la fois d’évoquer le contexte religieux et historique de la naissance du christianisme et de caractériser son message. Une carte de l’Empire romain accompagnera l’étude de l’organisation de l’Eglise des premiers siècles et de la diffusion du christianisme, de l’époque de persécutions à celle du statut de religion officielle. On conduira l’étude jusqu’à la fin du IVe siècle (4 à 5 heures au total) ».

Cette introduction d’un enseignement sur les origines du  christianisme au lycée  était apparu d’autant plus nécessaire qu’à la même époque, un certain nombre de personnalités s’étaient alarmées  de la  montée de l’inculture religieuse chez les jeunes et de l’incapacité qui en résultait de comprendre à peu près tout  l’art occidental, à commencer par la peinture.  On demanda à Régis Debray un rapport  à ce sujet qui proposa d’incorporer  un enseignement sur les religions au programme d’histoire.  

Même si certains professeurs que le fait religieux rebutait firent l’impasse sur cette partie du programme, il y avait là la base d’une approche scientifique du christianisme comme fait de civilisation essentiel.

Tout cela a été remis en cause en 2010. Dans le nouveau programme d’histoire de seconde, les origines du christianisme ( et donc la Bible) passent à la  trappe. Le christianisme ne disparait pas entièrement,  mais il est intégré à une étude de  la chrétienté médiévale,  et cela dans une formulation ambigüe : « La question traite de la place fondamentale de la chrétienté dans l’Europe médiévale en prenant appui sur deux études :

- un élément de patrimoine religieux au choix (église, cathédrale, abbaye, œuvre d’art…), replacé dans son contexte historique;

- un exemple au choix pour éclairer les dimensions de la christianisation en Europe (évangélisation, intégration, exclusion, répression…). »

On notera que, dans l’énoncé même du programme, des quatre termes qui caractérisent la christianisation, deux sont négatifs : « exclusion, répression ». Le nouveau programme, non seulement fait l’impasse sur les origines bibliques du christianisme,  mais ouvre la porte à une lecture largement critique de son influence sur la civilisation. Connaissant les préjugés qui règnent à ce sujet dans une  partie du monde enseignant – comme dans  l’opinion -, on peut craindre le pire : le libellé du programme ouvre la porte à une réduction du fait chrétien à l’inquisition…  

On notera aussi que ce n’est pas le manque de temps qui a contraint de  réduire la place du christianisme dans le programme puisque la question de la citoyenneté se trouve  désormais dédoublée en deux : une pour la Grèce, une pour Rome ;  était-ce bien nécessaire ?

Ce changement est passé complètement inaperçu.

Est-il nécessaire de dire qu’il n’a rien à voir avec un quelconque  retour du « laïcisme à la française ». Il suffit de considérer les vieux manuels d’histoire d’Ernest Lavisse,  emblématiques de l’école de Jules Ferry, pour y  voir que, même si  la Révolution française  et la IIIe République y était présentées de manière très positives, l’histoire chrétienne de  la France, de sainte Blandine à saint Vincent de Paul en passant par le baptême de Clovis, saint Louis, Jeanne d’Arc  avait tout autant  la part belle.

Il se peut que, par rapport au sujet dont nous traitons,  le fait important de la rentrée 2010  n’ait pas été le pèlerinage du chef de l’Etat à l’autel de sainte Pétronille à la basilique saint Pierre de Rome,  mais l’escamotage du christianisme comme question autonome dans l’enseignement du second cycle, pour le plus grand dommage de la mémoire de   notre pays. 

 

Roland HUREAUX

 

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commentaires

J
<br /> <br /> Bravo !<br /> <br /> <br /> <br />
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