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Roland HUREAUX

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 09:17

 

Le nouveau gouvernement Valls est loin de n'être qu'un replâtrage destiné à se débarrasser de quelques   forts-en-gueule.

Malgré le maintien d'un certain nombre de poids lourds ( Fabius, Sapin,    Le Drian,   Cazeneuve,  Ségolène Royal,   à des ministères clef,  l'annonce du nouveau gouvernement  n'est pas neutre: elle représente  une triple provocation.

Vis à vis de la gauche historique d'abord , par la nomination d'un jeune banquier réputé ultralibéral à  l'économie. Hollande ne prend pas un double de Montebourg en plus calme, mais son antithèse. L'aile gauche  du PS et, par-delà,  ses anciens alliés d'extrême-gauche, ne sont pas seulement sanctionnés par le départ de quelqu'un qui pouvait passer pour leur porte-parole  mais , comme pour bien enfoncer le clou, on le remplace par ce qu'ils détestent le plus: le mélange ambigu, déjà illustré par  Strauss-Kahn et Cahuzac,  de l'étiquette socialiste et du monde de l'argent. Un mélange qui , certes, n'est pas neuf, qui est même l'essence du pouvoir socialiste actuel mais qui ne s'était  jamais affiché aussi ouvertement.

En même temps,  cette nomination  se veut  un signal fort adressé aux marchés financiers et aux instances de Bruxelles. Mais on peut douter qu'il  suffise à rétablir la crédibilité du gouvernement Hollande.

La deuxième provocation est cette fois, vis à vis de la droite, en tous les cas du  peuple de droite - sans exclure certains éléments venus de la gauche,  qui était massivement descendue dans la rue en 2013 pour s'opposer au  mariage dit "pour tous"  tous. Le combat s'est poursuivi    sur la question de la fallacieuse théorie du genre à  l'école. Mise en veilleuse par Benoît Hamon, l'affaire ne pourra qu'être relancée par Najat Valaud-Belkacem qui s'est avérée dans les précédents gouvernements comme  une des plus ardentes propagandistes de la subversion des valeurs du mariage et  de la famille au point que non seulement Hervé Mariton a pu la qualifier  de "Vietminh souriante"  mais que même un  Julien Dray la situe "sur la ligne des féministes ultras américaines , qui sont en train d'émasculer les sexes".   Sa nomination porte un message clair :   l'éduction nationale, ce n'est plus l'instruction publique, pourtant si nécessaire, ce sera la rééducation des enfants à  toutes les lubies de  la gauche libertaire. Que la  nouvelle ministre soit une féministe   sincère ou un agent infiltré de l'islamisme cherchant à subvertir l'héritage chrétien ( on a  pu noter que quand elle visite  son pays d'origine, le Maroc , cette femme prétendue libérée  respecte scrupuleusement les prescriptions de la charia ! )  n'y changera rien: à un moment  qui devrait être celui de l'apaisement, sa nomination  est ressentie comme une provocation à l'égard de la Manif' pour tous et de ses héritiers. On retrouve là la marque du vrai Valls, non point le prétendu social-démocrate modéré, mais le policier sectaire qui ordonna les poursuites les plus disproportionnées contre les manifestants pacifiques hostiles à la loi Taubira.

On sait à quel point la frange musulmane de la  population acquise à la gauche à 90 % en 2012, s'en est détachée au point de s'abstenir massivement aux  municipales , entre autres à cause  de la théorie du genre,  aucun parent musulman  ne souhaitant que l'école publique porte atteinte  à  la virilité de son garçon ( comme à féminité de sa fille ! ). Il n'est pas sûr que ses origines sauvent  à cet égard Najat Vallaud-Belkacem d'une confrontation, au  contraire. Farida Belghoul contre Najat Vallaud-Belkacem, l'empoignade à la sortie des écoles  promet d'être rude !  

La  troisième provocation  est le maintien de Christiane Taubira à la justice alors même que l'intéressée, qui concocte toujours sa réforme ultra-permissive de la procédure pénale ,  n'a guère caché son accord avec les thèses économiques de Montebourg, Hamon et  Filipetti. Il serait trop facile de dire, par souci de symétrie,  que cette provocation  vise, elle,   l'extrême droite sécuritaire, laquelle s'est massivement  exprimée aux élections européennes. Mais l'aspiration à une saine justice, qui fasse clairement la distinction du bien et du mal, et à la sécurité est partagée par  tous les Français, spécialement les plus modestes, elle n'est l'apanage d'aucun  parti politique. Elle est aussi une des missions  séculaires de tout  pouvoir régalien  quel qu'il soit.  Il est ainsi clair que ce remaniement garde  du précédent gouvernement ce qu'il avait  de plus destructeur.

Premier message  donc : la gauche restera de gauche, avec tout ce que cela a de plus provocant , dès lors qu'il ne s'agira pas de toucher aux grands intérêts.

Deuxième message: c'est sur le plan sociétal que la nouvelle gauche libérale libertaire trouvera  sa légitimité. C'était déjà la ligne de François Hollande, inspirée par la FondationTerra Nova, mais désormais cette ligne se durcit.     Le maintien de Taubira, la promotion de Belkacem sont destinés à équilibrer  la    droitisation économique et sociale.  Des contestataires  de gauche , c'est en définitive, la plus nocive que l'on garde.

Mais ces trois provocations, bien dans le style pète-sec de Valls, c'est  précisément  là ce qui fragilise le nouveau gouvernement. Elles ont en effet  en commun de viser le peuple : peuple de droite , peuple de gauche, qu'importe ? C'est le peuple dans son ensemble qui  ne veut pas que la France soit livrée pieds et poings liés  aux seules logiques financières, c'est le peuple dans son ensemble ( pas seulement  celui des sorties de messe, mais aussi celui des banlieues )   qui refuse la théorie du genre . C'est le peuple dans son ensemble qui veut la justice et la sécurité : ne font même  pas exception les jeunes délinquants que Taubira prétend choyer, moins demandeurs en fait de circonstances atténuants que de   repères  clairs.

Relance de l'action gouvernementale ? Peut-être,  mais sur la même ligne durcie : libérale sur le plan économique, libertaire sur le plan des mœurs. Mais aucun gouvernement ne saurait agir efficacement en prenant ouvertement  de front, comme le font Hollande et Valls, les aspirations le plus légitimes des Français. Gageons dès lors que  ses jours sont comptés.

 

                                 Roland HUREAUX

 

 

 

 

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