LES REPUBLICAINS DOIVENT ORGANISER UNE VRAIE PRIMAIRE
Les Républicains viennent de se doter d’un président , homme de rassemblement certes mais qui, à la différence de ses prédécesseur, n’a pas jusqu’ici affiché d’ambition présidentielle. C’est peut-être l’occasion d’organiser une vraie primaire pour désigner le futur candidat qui portera les couleurs de ce parti à la présidentielle.
Une primaire ? Jamais plus répondra-t-on, avec ce côté expéditif qui caractérise trop de jugements collectifs ! On en a organisé une en 2016 et on a vu le résultat calamiteux. Ce fut encore pire pour le parti socialiste.
Que nenni ! Disons-le clairement : on n’a jamais organisé en France une vraie primaire, nous voulons dire à l’américaine, c’est à dire une primaire étalée sur six à huit mois et non bloquée sur un ou deux dimanches.
Quelle différence , dira-t-on ? Elle est considérable. Pour sauter d’emblée aux conclusions, nous dirons le système utilisé en France était une machine à reconduire « toujours les mêmes ». La primaire à l’américaine a l’effet inverse : elle a presque toujours fait émerger des hommes nouveaux.
Et Dieu sait si c’est nécessaire !
La crise des Gilets jaunes a montré la grave perte de légitimité , en France comme dans le reste de l’Europe, des partis politiques classiques. Il est également significatif que le dernier président élu ait émergé hors de ces partis.
En bloquant le vote sur deux week-ends, un pour le premier tour, un pour second, comme on l’a fait en 2016, on instaurait de fait une présélection par la notoriété déjà acquise, c’est-à-dire que l’investiture était réservée à ceux qui avaient déjà été quelque chose : au minimum président de la République ou premier ministre . Certes Fillon a doublé sur le fil les deux candidats tenus pour favoris, Sarkozy et Juppé, mais il avait été tout de même premier ministre. Les autres, les « petits candidats » , non dépourvus de talent pourtant, ont été écrasés. En définitive ce genre d’exercice fut un concours de notoriété déjà acquise. « Il faudrait , disaient beaucoup de Français, du sang neuf : pourquoi pas Untel ? ». « Oui , mais qui le connait ? ». Dans une France qui aspirait profondément à changer les têtes, la primaire telle qu’elle a été alors organisée ne pouvait aboutir qu’à ne pas les changer .
Une primaire étalée à l’américaine
Les Français ne sont que trop prompts à imiter l’Amérique quand il ne le faut pas. Autant qu’ils le fassent quand c’est justifié : en étalant les primaires sur au moins six mois, en procédant chaque dimanche à une élection partielle dans un groupe de départements, on permettra à des outsiders d’émerger. Gagnant la primaire dans un ou deux départements , ils attirent l’attention des médias et , s’ils sont bons, peuvent continuer sur la lancée. S’ils ne le sont pas , ils jettent l’éponge. Aux Etats-Unis les présidents élus, qui avaient au préalable arraché l’investiture d’un des grands partis, ont été presque tous, depuis Carter jusqu’à Trump, à l’exception de Bush père et fils , des hommes nouveaux.
Une primaire étalée mettrait en outre en valeur la province , surtout si la Région parisienne vient à la fin.
Le parti qui tenterait cette expérience occuperait le devant de la scène pendant au moins six mois , ce qui ne saurait lui nuire.
Il faut naturellement faire une primaire ouverte où le vote , voire la candidature, ne serait pas réservée aux responsables des partis ni même aux seuls encartés .
Y a-t-il à cette heure d’autre moyen de faire émerger des hommes à la mesure des immenses problèmes qui se posent à la France et ainsi de réhabiliter la politique aux yeux des Français ? L’enjeu est encore plus grand : c’est ni plus ni moins que de sauver la démocratie qu’il s’agit.
POUR SAUVER LA DROITE , TENTONS UNE VRAIE PRIMAIRE
La crise des Gilets jaunes a montré la grave perte de légitimité des partis politiques français. Les difficultés qu’ils éprouvent à désigner une tête de liste aux prochaines européennes témoigne , entre autres signes, de la crise de leadership qui traverse tout l’arc politique.
Cela vaut pour le parti socialiste mais faut-il parler encore d’un moribond ?
C’est vaut aussi pour les Républicains.
Ce parti a pourtant un chef , Laurent Wauquiez, qui a reçu toutes les saintes huiles qui donnent en France l’accès aux hautes fonctions : Normale Sup, ENA, Conseil d’Etat, un parcours sans faute qui l’a mené à la présidence de la deuxième région de France et de son parti. Ce n’est pourtant pas un secret qu’il a du mal à s’ imposer tant à sa formation qu’à l’ opinion : plus que dans sa personne que beaucoup mettent en cause , il faut en chercher la cause dans le travail de sape auquel se livrent les réseaux qui veulent rééditer le coup de 2017 : Macron ( ou plus vraisemblablement aujourd’hui une doublure) contre Marine le Pen au second tour de la prochaine présidentielle. Dans cette perspective , Wauquiez est un gêneur comme l’était Fillon. Plus ses chances sont grandes, plus il aura du mal à s’ imposer .
La question de la direction des partis ou de la candidature à la présidentielle pourrait se régler par une primaire. Oui, mais voilà : la formule, dit-on, a déjà été expérimentée par les républicains et les socialistes en 2016 et ce fut pour les uns comme pour le autres un fiasco. Comme souvent en France , l’idée est alors rejetée sans que l’on se donne la peine d’approfondir la question.
La vérité est que ce qui a été fait en 2016 n’était pas une vraie primaire - à l’américaine s’entend.
En bloquant le vote sur deux week-ends, un pour le premier tour, un pour second, on instaurait de fait une présélection par la notoriété déjà acquise, c’est-à-dire que l’investiture était réservée à ceux qui avaient déjà été quelque chose : au minimum président de la République ou premier ministre . « Il faudrait , disaient beaucoup, du sang neuf : pourquoi pas Untel ? » . « Oui , mais qui le connait ? ». Dans une France qui aspire profondément à changer les têtes, la primaire telle qu’elle a été organisée ne pouvait aboutir qu’à ne pas les changer .
De vraies primaires à l’américaine
Les Français ne sont que trop prêts à imiter l’Amérique quand il ne le faut pas. Autant qu’ils le fassent quand c’est justifié : il faudrait pour cela étaler les primaires sur au moins six mois en procédant chaque dimanche à une élection partielle dans un groupe de départements tirés au sort. Seul un tel système permettra à des outsiders d’émerger. Gagnant la primaire dans un ou deux départements , ils attirent l’attention des médias et , s’ils sont bons, peuvent continuer sur la lancée. Aux Etats-Unis les présidents élus, qui avaient au préalable arraché l’investiture d’un des grands partis, ont été presque tous, depuis Carter jusqu’à Trump, à l’exception de Bush père et fils , des hommes nouveaux. Rien à voir avec la France où les électeurs ont le sentiment qu’on prend toujours les mêmes. Pour cette raison, la nouveauté désirée, fut-elle illusoire, ne pouvait venir en 2017 que de l’extérieur des partis classiques qui avaient organisé une primaire à un seul scrutin.
Une primaire étalée mettrait en outre en valeur la province , surtout si la Région parisienne vient à la fin.
Le parti qui tenterait cette expérience occuperait en outre le devant de la scène pendant au moins six mois , ce qui ne saurait lui nuire.
Il faut naturellement faire une primaire ouverte qui ne serait pas réservée aux responsables des partis ni même aux seuls encartés .
Le choix de la tête de liste aux municipales de Paris et de quelques grandes villes où personne ne s’impose : Lyon, Lille, Strasbourg pourrait être pour les Républicains l’occasion d’expérimenter le système.
Y a-t-il à cette heure d’autre moyen de faire émerger des hommes à la mesure des immenses problèmes qui se posent et ainsi de réhabiliter la politique aux yeux des Français ?
Roland HUREAUX