Ecrit pour la revue Résurrection
La question du péché originel ne concerne pas seulement l’événement mystérieux de la chute première ni ne se réduit à la théorie scolastique de sa transmission.
Elle touche une réalité existentielle plus fondamentale : l’état moral lamentable de l’humanité depuis les origines de l’histoire – et sans doute avant.
« Pire qu’une bête ! »
Il ne s’agit pas que des « petites » fautes : mensonges, vols, parjures, adultères . Il faut avancer en âge pour mesurer la profondeur abyssale du mal que les hommes peuvent commettre : guerres , spécialement guerres civiles affreuses, cruautés sans nombre , notamment contre les femmes et les enfants , souvent associées à d’inimaginables perversions sexuelles, injustices particulièrement odieuses et cachées ( comme celles que décrit Balzac dans ses romans). Des guerres qui causent d’immenses souffrances sont décidées par très peu d’hommes .
Si l’on considère la parole, don si précieux, l’ampleur de certains mensonges, individuels et surtout collectifs laisse rêveur . Si l’on considère l’économie monétaire, nécessité anthropologie irrécusable, quels abus inimaginables ne recèle-t-elle pas , surtout aujourd’hui ?
On pourrait évoquer aussi les dérives de cette institution fondamentale qui porte le nom d’une des vertus, la justice, dérives contre lesquelles l’Ancien testament lui-même ne cesse de nous mettre en garde ( Ps 72 ; Is 1, 23 et 5, 23 ; Mi 3, 11) .
De telles turpitudes ne se trouvent pas chez les animaux. S’il est vrai qu’un animal comme le tigre ( ou le chat !) peut , dit-on, pratiquer la cruauté gratuite, il ne l’inflige pas à ses congénères
Certes les carnivores n’ont jamais épargné les herbivores. Bien avant le péché originel, les dinosaures carnivores mangeaient les dinosaures herbivores . Mais leur cruauté n’allait jamais au-delà de leurs nécessités vitales. Pas davantage les guerres , les perversions sexuelles, les massacres gratuits internes à l’espèce n’existent dans le règne animal. Chez les animaux, les violences se limitent presque toujours à la recherche de la nourriture et, parfois , à la rivalité sexuelle, bref au seul souci de la perpétuation de l’individu ou de l’espèce.
On pourrait aussi regarder les conséquences du péché. Toutes ces turpitudes rendent les hommes malheureux , pas seulement comme victimes mais aussi comme coupables . Il est rare que les fautes ( par exemple l’avarice extrême) rendent heureux. La culpabilité , le suicide sont aussi le propre de l’homme . De l’homme seul, on peut dire qu’il lui arrive de gâcher sa vie et qu’il aurait pu, en se comportant autrement, être bien plus heureux qu’il n’est.
Le passage à l’humanité
L’important est de voir que ces turpitudes sans nombre sont le corollaire de l’entrée en humanité, de ce qui fait le propre de l’homme : l’intelligence, la liberté, le sens du bien et du mal , la spiritualité, une augmentation considérable de ses capacités par rapport à celles de l’animal.
Le fait de l’évolution est difficilement discutable mais l’entrée de l’animal en humanité reste problématique. Selon les penseurs de la dialectique ( Hegel, Marx), une évolution quantitative , par exemple la taille du cerveau, entraîne de manière automatique un jour ou l’autre une mutation qualitative. Des singes , puis des anthropoïdes de plus en plus intelligents ( comme la paléontologie en suit les traces ) doivent nécessairement devenir un jour des hommes tels que nous les connaissons .
Si l’Eglise catholique reconnait le fait de l’évolution, elle n’a cependant jamais renoncé à affirmer que, conformément au récit de la Genèse, il ne suffisait pas que l’homme soit modelé à partir de la terre ou « d’une matière vivante déjà existante » dit Pie XII . Pour devenir tel , il fallait qu’il reçoive en sus le souffle de Dieu , un supplément d’âme ou plutôt une âme tout court , événement précis , situé dans le temps même si on ne sait absolument ni quand ni où.
Face à ces deux thèses, la dialectique du passage du quantitatif au qualitatif ou l’adjonction d’une âme , il se pourrait que nous soyons bientôt fixés. S’il est vrai que les progrès exponentiels de l’intelligence artificielle doivent permettre de faire bientôt des robots dotés de la même capacité neuronale que l’homme ( qui n’est pas mince : environ deux cent milliards de neurones interconnectés ), nous saurons s’ils sont alors automatiquement dotés d’ une âme ou pas.
Election de l’homme
Il reste que cette intervention de Dieu sur un animal donné, pour lui conférer son souffle , ressemble bien à une élection. Un acte gratuit du Créateur qui, à un moment donné, choisit un animal , certes plus évolué que les autres mais qui aurait peut-être pu continuer son petit bonhomme de chemin comme hominidé, pour en faire infiniment plus : un être doté de liberté , de sens moral et dont on pourra dire pour cela qu’ il est fait à l‘image et à la ressemblance de Dieu, promis à la vie éternelle.
L’élection divine va ainsi de pair , dans l’espèce humaine, avec la déchéance morale le plus extrême. – et cette autre forme de déréliction qu’est le malheur, comme s’il y avait un lien consubstantiel entre élection divine et déchéance, non certes un lien de principe puisqu’il faut faire la part de la bonté de l’acte créateur et de la liberté humaine, mais un lien de fait.
Les guerres affreuses du XXe siècle , les massacres immenses comme la Shoah montrent que , malgré la montée des bons sentiments et des institutions issus de la civilisation chrétienne ou de son prolongement, les Lumières : l’ONU, l’essor du droit international, la défense des droits de l’homme, la suppression de la peine de mort , la chronique criminelle de l’humanité n’est pas terminée. Moins qu’à un progrès continu , il semble qu’on ait affaire à une croissance parallèle du bon grain et de l’ivraie , du bien et du mal, telle que la décrit l’Evangile.
Vicissitudes du peuple élu
Il en va de même dans cette autre élection que nous rapporte la Bible : celle du peuple de Dieu, le peuple hébreu qui bénéficie non seulement d’une protection divine particulière , l’Alliance, mais aussi du don de la Loi à Moïse , rappel de la loi naturelle, destinée à en clarifier les obligations . Le médiateur de l’Alliance est le Grand prêtre assisté par un clergé dédié dont la mission est d’assurer le culte de Yahvé mais aussi de maintenir cette loi , afin que le peuple hébreu ne la perde jamais de vue comme d’autres peuples ont pu le faire – et comme l’avaient fait, selon la Genèse, presque tous les hommes avant le Déluge .
Ce n’est pas tomber dans l’antisémitisme mais suivre tout simplement ce que dit l’Ancien testament que de rappeler que l’élection divine non seulement n’a pas rendu le peuple élu meilleur mais au moins aussi mauvais : Ps 14 ; Is , 6, 9 ; Am 3,2 . Il est le peuple « à la nuque raide » que Yahvé est souvent tenté d’exterminer (Ex 33, 3) mais qu’il aime quand-même .
Dès le temps des patriarches, les frères de Joseph se mettent d’accord pour le mettre à mort, puis pour le vendre. A peine sortis du « pays d’Egypte » et avoir bénéficié de la révélation de la Loi sur le mont Sinaï , les Hébreux au désert se mettent à fabriquer et adorer un veau d’or. La situation ne cesse de se dégrader au temps de Juges : les Hébreux qui ont trouvé la terre promise y multiplient pourtant les infidélités, au point que Dieu les prive de l’usage exclusif de cette terre (Juges, 2 20-23). Le premier roi d’Israël , Saül , tourne mal. Les rois David et Salomon , pourtant hommes éminents, très proches de Dieu , tombent dans des fautes graves : mise à mort d’ Uri , mari de Bethsabée pour le premier, idolâtrie sous l’ influence de ses nombreuses épouses pour le second. En punition des péchés de David, son fils Absalom se révolte et s’unit, une à une, aux femmes de son père ; en punition des péchés de Salomon, le royaume est divisé en deux . Les rois qui se succèdent alors sont en partie idolâtres en Juda et le sont tous en Israël. La sanction tombe : la prise de Jérusalem par les Babyloniens ( - 587) et la déportation.
Dieu envoie les prophètes aux Juifs ( nouveau nom de Hébreux, par référence à la seule tribu de Juda), pour leur rappeler sans cesse leurs devoirs négligés, leur reprocher leurs turpitudes ( en premier lieu l’oppression des pauvres : Is 5,8 et 11,4 ; Jr 34 8-22 ; Mi 2,2, Ne 5 1-13 ) et les avertir des châtiments qui s’annoncent . Les passages des Psaumes ou des prophètes condamnant le peuple élu pour ses fautes sont très nombreux. Jésus Christ rappelle que ce peuple, irrité d’entendre leurs admonestations, a régulièrement mis à mort les prophètes que Dieu lui envoyait , sa propre mort se situant dans la continuation de ce rejet.
Aux fautes contre les commandements de base ( idolâtrie, meurtres, vols, adultères, faux témoignage, injustice pour les pauvres etc.), les Juifs de la basse Antiquité ajoutent une nouvelle perversion, que nous avons appelée le pharisaïsme qui, prend , elle , les apparences de la vertu . Péché au second degré, il consiste à prendre la loi comme une fin en soi sans accomplir ce qui en est la raison d’être : l’amour de Dieu et du prochain . Une perversion que ne devait pas être, est-il nécessaire du dire ? le propre des Juifs .
L’histoire du peuple hébreu et sans doute l’expérience de la perversion pharisienne qu’il connaissait pour avoir été lui-même pharisien ont conduit saint Paul à donner un nouveau sens à la Loi. Il dit presque ouvertement cette chose choquante qu’elle n’avait pas pour but de rendre les Hébreux meilleurs mais au contraire de les rendre pire ( ou en tous les cas de leur faire prendre pleinement conscience qu’ils étaient mauvais ) afin qu’ils ressentent mieux , dans leur déchéance, la nécessité d’une rédemption.
« La loi, elle est intervenue pour que se multipliât la faute » ( Rm 5, 20).
« La loi ne fait que donner connaissance du péché » (Rm 3, 20).
« Qu’est-ce à dire ? Que la Loi est péché ? Certes non ! Seulement , je n’ai connu le péché que par la Loi. Et de fait, j’aurais ignoré la convoitise si la Loi ne m’avait dit : Tu ne convoiteras pas ! Mais saisissant l’occasion, le péché, par le moyen du précepte produisit en moi toute espèce de convoitise : car sans la Loi le péché n’est qu’un mort (Rm 7, 7-8) .
« Ah ! Je vivais jadis sans la Loi mais quand le précepte est survenu, le péché a pris vie tandis que moi je suis mort , et il s’est trouvé que le précepte fait pour la vie me conduisit à la mort » ( Rm 7, 9-10).
Ainsi selon saint Paul, la loi est cause de péché . Et il se passe avec le peuple juif la même chose qu’avec l’humanité dans son ensemble : le commandement du jardin d’Eden de ne pas toucher au fruit défendu a provoqué la chute de l’humanité, la loi de Moïse précipite dans la déchéance une grande partie des Hébreux.
Et l’Eglise !
Nous en arrivons à une troisième élection, quoique beaucoup de chrétiens la considèrent comme la continuation de la précédente : celle de l’Eglise.
Là aussi la sainteté que l’on pouvait attendre de la nouvelle communauté issue du sacrifice du Fils est loin d’être au rendez-vous.
Les fautes imputées à l’ Eglise sont bien connues , dénoncées à satiété par la propagande antichrétienne. On lui reproche l’usage de la violence ( Croisades, guerres de religion), l’intolérance ( Inquisition ) ou l’injustice de ses tribunaux, voire leur obscurantisme ( affaire Galilée), les obstacles mis à certains progrès , sa passivité relative face à l’esclavage ou aux situations d’oppression de toutes sortes, la corruption et la cupidité de certains prélats, l’hypocrise de ceux d’entre eux qui vivent dans le luxe ou la volupté, le népotisme. Et n’oublions pas des reproches scabreux plus proches de nous. Qu’il y ait des exagérations dans ces accusations n’empêche pas qu’ il y ait aussi du vrai.
Ne sont pas concernés que le clergé mais aussi l’ensemble des fidèles : « ils vont à la messe mais ils ne sont pas meilleurs que les autres ! »
Parmi les griefs particuliers faits aux Eglises chrétiennes figurent leurs divisions séculaires, mais aussi le pharisaïsme qui n’est pas en définitive une perversion plus juive que chrétienne , notamment au travers du durcissement de la loi de type janséniste ou rigoriste , qui a suscité en matière sexuelle la réaction libertaire que l’on sait, tout aussi perverse.
Le procès contre l’Eglise, qui est d’abord un procès contre le clergé ou les fidèles de premier rang , s’ étend aux nations chrétiennes dans leur ensemble .
Il n’est certes pas question de nier les apports incontestables de la civilisation chrétienne ; elle est sans nul doute la première de la terre par ses accomplissements. Le progrès scientifique et technique, la démocratie et les droits de l’homme se situent dans sa filiation , légitime ou non . On peut y ajouter des réalisations artistiques inégalées comme l’art roman ou gothique, voire baroque et la musique polyphonique.
Les débordements de l’Europe chrétienne
Il reste que cette supériorité a son revers.
Le premier est que se trouvant à partir du XVe siècle plus forte que le reste du monde, elle a tendu à déborder sur lui , généralement par la force, pour le meilleur et pour le pire. Il n’est pas sûr que les Occidentaux aient commis plus de massacres ou d’atrocités que d’autres cultures hégémoniques dans la passé, ni que ceux qu’auraient commis les autres si c’était eux qui avaient été en avance . Les sociétés traditionnelles ont cependant été bouleversées par la colonisation, épreuve cruelle pour beaucoup. Savoir si ces bouleversements furent pires que ceux que suscite aujourd’hui la mondialisation , laquelle touche aussi l’Europe chrétienne et tend à la détruire à son tour, demeure une question ouverte . Certaines des cultures antérieures présentaient des tares qui les feront peu regretter : sacrifices humains massifs au Mexique, anthropophagie dans les Caraïbes ou l’Océanie. Mais , sans donner dans l’angélisme, il semble bien que d’autres cultures « premières » y ont perdu au contraire une certaine innocence. L’Eglise ne reconnait certes pas la notion de « bon sauvage » à cause du péché originel . Il reste que certains peuples ( pas tous) présentent dans leur état natif une vertu collective qui a frappé les observateurs : ainsi les Indiens des Grandes Antilles , aujourd’hui disparus, ou certains groupes de Pygmées. Plus vulnérables , ils ont été aussi plus durement frappés, y compris par d’autres groupes indigènes. Ce sont ces vertus préchrétiennes, ( rappelées par saint Paul : « quand les païens privés de la Loi se tiennent à eux-mêmes lieu de loi , ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur » ( Rm, 2, 14) que le pape François a voulu honorer dans le dernier synode sur l’Amazonie.
L’autre effet pervers de la culture européenne , lié non point tant au christianisme lui-même qu’à sa dégénérescence contemporaine est le fait idéologique . « Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles (Chesterton). » Même s’il s’est ultérieurement répandu dans le reste du monde ( Chine, Cambodge) , le fait idéologique qui se trouve à la racine des pires crimes contre l’humanité, tel qu’il a été décrit par Hannah Arendt et d’autres , trouve son origine dans la culture occidentale ( la Révolution française, Marx) .
Quoique dans la théologie catholique , l’Eglise , « épouse du Christ », demeure pure et sans tache , sa réalité sociologique et historique ne fut guère plus brillante que celle du peuple juif telle que l’ont décrite les prophètes . Il est classique de distinguer la personne de l’Eglise de son personnel . Cela est certes moins visible du fait qu’un chrétien renégat n’est plus considéré comme un chrétien, alors qu’un juif en rupture reste , dans l’opinion commune, un juif, mais n’en reste pas moins vrai.
Il est d’ailleurs fréquent qu’on l’on applique aussi à l’Eglise ( au sens large, pas seulement la hiérarchie mais l’ensemble des baptisés ) l’image que le prophète Osée applique au peuple d’Israël : celle d’ une prostituée que le prophète épouse pour la purifier de ses vices et continue d’aimer malgré ses infidélités , comme Dieu fait alliance avec un peuple rebelle et impur. Le regretté Maurice Clavel ne parlait il pas de « Notre putain de mère l’Eglise », que le Christ réépouse chaque jour pour la purifier ?
Election, déchéance, rédemption : le mystère de la Croix
Il fait ainsi partie du mystère , non seulement du peuple élu et de l’Eglise, mais, au travers de la doctrine du péché originel et de son histoire entière , de l’homme lui-même, que l’élection y soit inséparable de la corruption, voire de la déréliction.
Considérer le mystère du péché originel sans ses prolongements dans l’histoire serait donc très réducteur.
Les turpitudes de l’ humanité vont avec son élection et tout ce que celle-ci apporte : la liberté, la responsabilité, le sens du bien et du mal.
On voit ainsi quels risques ferait courir au monde la réussite du projet transhumaniste, du projet d’élever de manière artificielle les capacités de l’homme : dans la lignée de ce que nous voulons de dire , au supplément de pouvoir correspondrait sans doute un supplément de malfaisance . Le premier projet transhumaniste , ne fut-il pas le national-socialisme dont l’ambition avouée était de créer une surhumanité par la lutte pour la vie ( et donc la guerre) et la génétique, sur la base d’une science il est vrai sommaire ?
Pour revenir à l’humanité ordinaire, la perte de dignité qui semble intrinsèque à ses capacités a trouvé , dans la vision chrétienne, son comble dans la passion de Jésus Christ qui est l’aboutissement de l’histoire juive dans la mesure où Jésus est juif et que la responsabilité de sa mort, historiquement partagée entre les Juifs et les Romains, est aussi celle de l’Eglise et , au-delà, de toute l’humanité. Le Concile de Trente le rappelle : « Si l'on veut chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera que ce furent, outre la faute héréditaire de nos premiers parents, les péchés et les crimes que les hommes ont commis depuis le commencement du monde jusqu'à ce jour, ceux qu'ils commettront encore jusqu'à la consommation des siècles.(…) Les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu'il endura. (…) Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre, s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. » (Catéchisme 1e partie, chapitre 5 - 3).
Non seulement les juifs mais aussi les chrétiens et, au-delà, tous les hommes portent donc la responsabilité d’avoir mis mort le Fils de Dieu venu à la rencontre de ces mêmes hommes pour leur dire qu’il les aimait à l’infini.
Election, déchéance et rédemption sont le trois moments qui, de manière si l’on peut dire homothétique s’appliquent au peuple juif, à l’Eglise chrétienne et à l’humanité entière.
Parmi ces turpitudes, la Croix est le crime suprême et, par un retournement que seul permet la puissance de Dieu, le moment suprême de la Rédemption, rédemption qui est une nouvelle création et aussi une nouvelle élection. « Là où le pêché a abondé , la grâce a surabondé » ( Rm 5, 20) .
Roland HUREAUX