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Roland HUREAUX

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 11:02

LES TROIS MODELES FAMILIAUX (2)

Suite de l'article

29/01/2029

Au sein du bloc qu’offre la chrétienté fondé sur la monogamie stable et l’exogamie,   la typologie introduite par Emmanuel Todd, après Frédéric le Play,  autour de deux principaux critères : coexistence de plusieurs générations ou famille nucléaire, égalité ou inégalité des enfants, n’amène, au sein de la  famille du troisième type  que des nuances,  porteuses néanmoins de signification. 

Rappelons cette typologie

Famille autoritaire

Plusieurs générations ensemble

Droit d'ainesse

Allemagne, Pays basque, Gascogne, Sud du Massif central

Famille communautaire

Plusieurs générations ensemble

Egalité des enfants

Russie, Toscane, Nord du massif central

Famille nucléaire égalitaire

Famille nucléaire

Droit d'ainesse

Angleterre

Famille nucléaire inégalitaire

Famille nucléaire

Egalité des enfants

France (Bassin parisien)

Ces variantes ne sont  pas neutres. Notre hypothèse est que la famille communautaire, laquelle,   à la polygamie près, se rapproche de la famille du second type,  conserve un caractère archaïque. La famille autoritaire aussi mais avec une plus grande facilité d’évolution : d’abord parce que la force  du lien  hiérarchique lui  garantit une plus grande  efficacité, ensuite parce qu’elle  aboutit à l’expulsion des cadets,   obligés d’aller  chercher fortune ailleurs : on connait le rôle des Basques dans la colonisation de l’Amérique latine. Ce modèle de famille autoritaire et inégalitaire n’est pas seulement lié à certaines régions ; il est celui de la  plupart des aristocraties européennes jusqu’à l’époque moderne.

Entre la famille nucléaire égalitaire et la famille nucléaire inégalitaire, il est plus difficile de déterminer quelle est   la plus avancée, si tant est que la question ait un sens. La  famille nucléaire combinée à  l’inégalité des enfants (soit par l’exercice du  droit d’ainesse, soit par la pouvoir discrétionnaire du  de cujus) a jeté, selon Emmanuel Todd, les fondements de l’individualisme anglo-saxon dont on connait la brillante destinée, au travers de l’essor du capitalisme. Mais le droit d’ainesse y est un héritage ancien dont la  raison d’être dans l’aristocratie anglaise, comme dans toutes les aristocraties européennes, était le maintien des lignages.

On ne saurait en dire autant de la famille nucléaire égalitaire dont le terreau d’élection fut la moitié nord de la France. Le sort des patrimoines lignagers lui importe peu. L’égalité non seulement formelle mais réelle des hommes lui parait plus importante. Son expression emblématique fut la Révolution française,   triomphe,  au moins sur le plan des principes,  à la fois de individualisme et de l’égalité.

Mais avant de déboucher sur le phénomène révolutionnaire, la famille nucléaire égalitaire  avait été  aussi l’aboutissement le plus achevé de l’idéal catholique.

Famille nucléaire : « Tu quitteras ton père et ta père » est un des premiers commandements de la Bible. Il favorise le libre  choix des conjoints préconisé par l’Eglise (à moins que la famille nucléaire n’en soit la conséquence) ;  

Famille égalitaire : l’égalité de dignité des enfants – et même des époux – prime toute considération lignagère. Ce modèle assure la meilleure place à la femme, égale dans l’héritage et donc dans le couple.

Les guerres de religion ont opposé  en France au XVIe siècle un parti huguenot dont le terreau principal  était la noblesse du Midi, très attachée au modèle de la famille autoritaire  et un parti catholique   autour de la ville de Paris et de   la  France du Nord  ayant depuis longtemps adopté le modèle individualiste égalitaire. Par  un paradoxe qui n’est peut-être qu’apparent, cette France, moderne par les structures familiales, soutint le  parti de la Ligue férocement attaché au catholicisme. Sa victoire finale (concrétisée  par la soumission  d’Henri IV à Rome) garantit le maintien, non seulement de  la France  mais de  la majorité de l ’Europe dans le camp du catholicisme romain. Si ce parti avait perdu, l’Eglise catholique  serait sans doute devenue marginale.  

 

Les trois modèles familiaux que nous avons décrits  ne se sont pas strictement succédé dans le temps, puisque l’expansion de l’islam a  fait revenir  le modèle patriarcal polygame dans des régions où il avait disparu (Egypte, Maghreb, Asie mineure).

Mais des  structures différentes peuvent aussi coexister dans la même société. La famille du premier type caractérisée  par la promiscuité et une forme de matriarcat, présente   à l’aube de l’histoire, demeure, mais  en situation subordonnée,  dans une partie des sociétés antiques et même modernes.

Il  est probable que la moitié de la société romaine tenue par le joug  de l’esclavage ne connaissait pas d’autre forme de famille. Non seulement parce que la condition propre de l'esclave : acheté,  vendu, pouvant être impitoyablement séparé de ses parents, de ses  frères et sœurs ou de ses enfants,  ne favorisait pas la stabilité familiale, mais aussi parce que la discipline sexuelle  (qui implique des lieux adaptés , suffisamment spacieux) était d’abord le propre des classes dirigeantes, organisées en   lignages ; elle était plus stricte là où les intérêts patrimoniaux ( et la transmission de titres essentiels comme celui de citoyen romain ou de sénateur) étaient les  plus importants. La promiscuité de l’ergastule conduisait  sans doute à des unions de rencontre où les liens de filiation demeuraient incertains. D’ailleurs, dans le monde romain, seuls les citoyens pouvaient se marier en bonne et due forme et porter un nom de famille.    

Il en est sans doute de même pendant une partie  du  Moyen-Age.

D’abord parce que la rudesse  des conditions de vie  a,   à la fin l’Antiquité, réduit au servage ( une forme d’esclavage à peine tempérée par l’ éthique chrétienne) la majorité des hommes libres ; ensuite parce que la christianisation est longtemps restée de surface. Ce fut vrai au niveau de prêtres, dont le célibat consacré, qui  devait donner aux masses baptisées l’exemple de la discipline  sexuelle et donc  pousser à la chasteté conjugale (ce que l’Eglise catholique appelle la chasteté  conjugale n’est nullement la continence mais la fidélité et  la stabilité), quoique précoce,  était peu  respecté. Les conciles du Moyen-Age ne cessent de dénoncer le « nicolaïsme » dans le  clergé, une expression savante  qui recouvre tout simplement le concubinage et parfois le mariage non canonique.  Il est probable qu’une grande promiscuité sexuelle a longtemps continué de régner dans l’Europe chrétienne  au niveau des masses populaires lesquelles  vivaient, sur le plan matériel, dans la plus grande déréliction. La précarité des  conditions de vie, où la plupart des familles, voire plusieurs familles, étaient entassées dans une masure à  une  seule pièce, ne permettait guère de garder les distances requises. L’Eglise, dans ce contexte, se faisait le témoin   compréhensif de l’immense miséricorde de Dieu, à condition que les masses lui  reconnaissant à travers les rites et le paiement de la dîme une autorité théorique. Même l’Inquisition, apparue au XIIIe siècle pour garantir  la  rigueur doctrinale n’a jamais prétendu    inculquer la vertu. 

Le peuple chrétien du Moyen Age ressemblait à ces populations africaines  ou polynésiennes d’aujourd’hui dont la licence sexuelle demeure  grande (comme en atteste par exemple la propagation du sida) mais qui accueillent le pape avec un enthousiasme délirant. Dans cette mentalité d’évangélisation récente,  la religion et la morale sexuelle ne sont pas perçues,  à la différence de  chez nous,  comme liées.

Tout change à la Renaissance : la réforme protestante d’abord, la réforme catholique ensuite (dite tridentine car  l’impulsion en fut donnée au Concile de Trente), avec une efficacité démultipliée par la création d’ordres nouveaux  soucieux d’efficacité,  comme les Jésuites, ont eu l’ambition, non seulement de répandre l’Evangile, mais aussi de réformer en profondeur les mœurs, d’abord celles de clercs, ensuite celles de l’ensemble du peuple chrétien.  Un premier changement, propre à cette époque,    ne nous concernerait pas  s’il  n’avait entraîné  les autres : ce fut, permise par l’imprimerie, l’alphabétisation populaire, dont la courbe partie au plus bas  vers 1500  monte sans discontinuité jusque vers 1900 et   dont le but premier  fut l’apprentissage par tous, au travers du  catéchisme, des bases de la doctrine chrétienne. Mais au-delà, c’est l’ensemble des comportements  que les réformateurs ont voulu   rectifier. Un instrument puissant de cet effort de moralisation   fut la peur de l’enfer (déjà répandue au Moyen-Age mais avec moins d’effet qu’à  l’époque moderne).

De la fin du  XVIe siècle à la fin du XVIIIe siècle, l’Eglise catholique, en parallèle avec les Eglises réformées, accomplit  ce qui ne s’était  jamais fait auparavant dans l'histoire : un immense effort pour élever au forceps le niveau moral de l’ensemble de la population, spécialement en matière   sexuelle. Les résultats vinrent au bout de quelques années : en France,  où cet effort, soutenu par la monarchie, fut mené avec une rigueur particulière,  d’après les registres  paroissiaux de la  fin du XVIIe siècle (l’inscription des naissances, de mariages et des sépultures sur des registres fait partie de cette  mise en ordre, qui fut non seulement morale mais administrative), on ne trouve dans certaines régions  pas plus de 1 à 2 % de conceptions antérieures au mariage, résultat d’autant plus méritoire que le mariage est tardif et l’avortement quasi-inconnu. Malgré l’expansion des Lumières dans l’aristocratie, l’élan donné à cette œuvre se poursuit,  au niveau du peuple,  tout au long du XVIIIe siècle: jamais l’assistance à la   messe dominicale n’avait été aussi élevée que dans la France  de 1789 !

Le monde protestant est à l’avenant : ayant  commencé le premier, il ne dispose certes pas, comme le monde catholique, d’ordres religieux dynamiques spécialement dédiés à l’évangélisation en profondeur – jésuites mais aussi oratoriens, sulpiciens, carmes, lassaliens, sans compter des ordres plus anciens, récemment réformés comme les dominicains et les franciscains. Mais l’apparition en son sein  de  sectes dissidentes en Angleterre au XVIIe siècle (puritains, baptistes, quakers, méthodistes), largement répandues aux Etats-Unis ensuite, permet  un effort parallèle de diffusion de la discipline chrétienne dans les profondeurs de la population.

Au moins    officiellement, les Eglises ne se préoccupent pas de rationaliser la société mais seulement de  sauver les âmes de    l’enfer. Si cet effort rencontre des résistances (dont l’essor de la sorcellerie aux XVIe et XVIIe siècles pourrait témoigner), on aurait tort d’y voir une nouvelle forme d’oppression populaire par les classes dirigeantes, comme l’ y a vu, de manière tout à fait erronée, la gauche internationale à partir du XIXe siècle.

Bien au contraire, ce qu’accomplit alors l’Eglise (les églises), c’est une vaste tentative de démocratisation de ce qui avait été jusque-là  l’apanage des seuls  grands de  ce monde (à tout le moins de  leurs femmes) : une vie familiale régulière, fondée sur un idéal élevé de fidélité  et d’amour réciproque et exclusif de l’homme et de la  femme, moyen d’assurer une éducation des enfants, passant notamment par une bonne instruction.

Elever le niveau moral de la population, ce n’est pas  seulement répandre le  moralisme dans sa sécheresse, c’est diffuser des vertus qui jusque-là n’étaient guère exigées  du peuple : la stabilité, la sobriété, la  sagesse et,   pour les femmes,  l’honneur.

Ce faisant,  la réforme des mœurs répand aussi  dans le peuple ce qui avait jusque-là le privilège des castes dirigeantes : appartenir à une maison ( nouveau nom de la gens romaine), avoir une généalogie, transmettre un héritage , sinon de biens ( mais en Europe,  toute famille bien née tend à en avoir au moins un peu  ),  du moins de bonne éducation, de respectabilité etc. ; par-là , la majorité de la population se trouve  avoir des racines : un lieu d’origine, un père une mère identifiables, une culture  ( principalement chrétienne) transmise de père en fils. Si un homme cultivé est « un homme qui se situe », grâce  à l’effort gigantesque de la  Réforme tridentine et des réformes protestantes, une partie importante du peuple, désormais, se situe, et par là accède à un minimum de  culture.

L’esclavage moderne, fondé sur la  traite des Nègres, s’est sans doute traduit, à ses débuts, par une grande promiscuité, d’abord parce que  les peuples déportés vivaient , au départ,  sous  le  régime du premier type, ensuite parce que, tant le transport que la vie à la plantation  ne se prêtaient  guère à la constitution de familles stables ; le clergé  a cependant entrepris très tôt  de régulariser les mœurs de cette population et, par-là, d’élever  sa conscience de soi et de sa propre dignité.

Si le mouvement de réforme des mœurs  est aussi ardent en pays catholique qu’en pays protestant, le monde orthodoxe, lui, y  échappe en partie : la Sainte Russie est plus sensible à l’insondable miséricorde de Dieu pour les pécheurs qu’à l’obligation de ne pas pécher d’autant que la croyance à l’apocatastase la tient  à l’écart de la  terrifiante mais stimulante  « peur de l’Occident ».

Dans l’ensemble  l’effort de normalisation des mœurs  est resté, qui s’en étonnerait ? inachevé.   La société européenne d’Ancien régime, ne comprend pas seulement la noblesse, le clergé, la bourgeoisie et une paysannerie libre (toutes   catégories qui bénéficient désormais des progrès de l’instruction et de la formation   morale  qui en résulte) : une moitié de la population vit  encore dans des conditions très précaires : paysans sans terre, journaliers, colporteurs, mendiants. Ce sont là  les  plus  touchés par les dernières grandes  famines des XVIIe, XVIIIe et même (au moins en Irlande) XIXe siècles. Même si l’Eglise les a baptisés, souvent mariés, leur christianisation demeure sommaire. Autour des grandes  fermes du Bassin parisien, tenues par des familles paysannes stables  et  parfois riches, soucieuses de respectabilité, gravite une  population d’ouvriers saisonniers, dormant dans les granges ou en plein air. La promiscuité des sociétés primitives ou des esclaves de l’Antiquité, se  perpétue chez eux. Les naissances hors mariage, les abandons d’enfants, y sont  importants. C’est cette population  qui fournit les premières vagues de l’exode rural et  vient constituer, dans les villes du XIXe siècle,  la nouvelle  classe ouvrière. Germinal n’est pas loin.

La démocratisation d’un  modèle familial au départ élitiste, avait eu son pendant  dans le monde arabe (et aussi perse, turc etc.) au travers de l’expansion de l’islam. Religion universelle, l’islam s’était évertué de répandre dans toutes les couches de la société  le modèle de famille stable qui lui était  propre : des hommes libres mais pauvres avaient les mêmes  droits sur leurs femmes que  les plus riches, les esclaves s’y trouvaient encadrés dans des ensembles patriarcaux où  ils avaient leur  rôle. Mais cette démocratisation s’était  faite dans  un modèle familial plus proche de la société traditionnelle, notamment par la polygamie. Si les mœurs des femmes (et même des  hommes) s’en trouvaient  mieux réglées, c’était  au prix d’un recul,  si on la compare à celle de l’Antiquité tardive et des débuts du christianisme, de la  condition de la femme,  tenue  à une fidélité plus forcée que volontaire. Mahomet a d’une certaine manière  rationalisé,  systématisé et durci le cadre familial offert par les sociétés archaïques de type patriarcal. Ce durcissement en a rendu très difficile l’évolution – même si la monogamie tend aujourd’hui à se répandre dans le monde musulman.

Loin d’être un regain d’oppression, l’extension du modèle familial chrétien à partir de la  Renaissance a offert aux peuples d’Europe occidentale – et singulièrement à celui qui a profité du modèle le plus avancé,  celui du Bassin parisien, véritable épicentre de  l’Europe nouvelle, un cadre structurant qui a , en dépit de son origine chrétienne, été le creuset du citoyen moderne, tel qu’il  s’est exprimé lors de la Révolution française.

Un homme ou une femme à qui des parents clairement identifiés ont transmis des valeurs et des traditions fortes, a de quoi préserver son autonomie intellectuelle face aux  pouvoirs quels qu’ils soient,  même ecclésiastique. C’est par la transmission familiale que les huguenots purent survivre,  en France, à un siècle de persécution – et, en Angleterre, les catholiques à des persécutions non moins  sévères. C’est parce qu’ils avaient  déjà appris à  devenir des hommes libres à partir de familles charpentées, que les descendants des Ligueurs devinrent des sans-culottes.  Pas de liberté sans point d’appui en  dehors du pouvoir : comme la barre fixe est nécessaire à l’artiste qui veut  effectuer les mouvements les plus  variés, des axes de coordonnées forts  sont nécessaires au citoyen qui   veut faire valoir son droit de « résistance  à l’oppression»   ou à tout le moins jouer son  rôle  avec  esprit citrique. 

Que, paradoxalement, l’impulsion donnée par le  Concile de Trente ait  atteint son effet maximum, en tous les cas dans le peuple,   en 1789,   permet de comprendre comment, au rebours de toutes les idées reçues, la Révolution française est héritière  de la réforme tridentine. En donnant une structure familiale forte au peuple  ou à tout le moins à une partie significative de ce peuple : gros paysans, artisans, commerçants,  la réforme tridentine faisait  des citoyens.

De manière très étonnante, c’est au moment où s’épanouit la famille du troisième type, issue du christianisme dans sa version qui est sans doute la plus achevée, le type parisien, que ce dernier commence à être remis en cause.

La Révolution française laïcise l’état-civil sans changer son contenu. Elle institue  provisoirement le divorce ; abrogé en 1816, il est rétabli en 1884. Mais le modèle de famille qu’elle  établit reste globalement  stable jusqu’au troisième tiers du XXe siècle : il faut en effet attendre jusque-là pour qu’explose  la vague libérale libertaire que nous connaissons et qui  se traduit par une remise en cause des structures familiales de l’Europe jamais vue auparavant. Le modèle familial, jugé traditionnel, en fait pas si traditionnel que cela comme on l’a vu,  est  vivement critiqué parce qu’il  apparait  oppressif,  spécialement pour la femme (on sait qu’il l’était beaucoup  moins  que les autres), lié au fascisme, ce qui est absurde, et qu’il serait un obstacle à la jouissance sans entraves qui est désormais instaurée en norme.

La conséquence est, à partir des années soixante,  l’explosion du nombre de divorces, puis la multiplication des couples de fait, plus ou moins stables, corollaire du discrédit du mariage, religieux d’abord, puis civil et la réduction générale  du nombre d’enfants qui pose à  la  vieille Europe un grave problème de survie de sa population.

Les racines  de cette remise  en cause sont complexes. Elles sont liées au succès même de la famille du troisième type. Alors  même que ce modèle  s’épanouit dans le peuple comme jamais auparavant,    la tradition chrétienne qui constituait sa base fait l’objet d’une critique radicale par la philosophie des Lumières. S’opère alors une sorte de renversement. Alors que la régularité des mœurs, la constitution de  lignages stables avait été  le propre de l’aristocratie et que le peuple vivait au contraire dans une relative anomie, après deux siècles de réforme tridentine, la situation se trouve inversée. Le modèle aristocratique du lignage stable a, grâce à la discipline de l’Eglise, pénétré profondément une partie importante du  peuple tandis que  les classes dirigeantes commencent à le remettre en cause. Mise en cause très théorique pendant longtemps : le moralisme d’inspiration chrétienne, un moment ébranlé par les Lumières, revient au premier  plan avec la Restauration et n’est jamais désavoué par la société bourgeoise, y compris dans son versant républicain et  laïque,  jusqu’à l’orée du XXIe siècle. Le Code Napoléon renforce même l’autorité de l’homme sur la femme. Les mœurs populaires gardent un socle tridentin  solide et ce n’est pas avant deux siècles de travail de sape qu’elles commencent   à être  ébranlées.

Le point de départ des nouvelles tendances, qui s’en prennent d’abord plus à l’héritage chrétien qu’au modèle familial  qu’il a porté,    est naturellement Paris, la ville des révolutions, celle d’où partent les tendances nouvelles.

Face au Paris émancipé, la religion catholique a trouvé, pendant les deux siècles qui suivent la Révolution, de manière  paradoxale, ses bases  de repli dans les régions de famille autoritaire  à forte structure, les mêmes qui avaient au XVIe siècle soutenu la Réforme contre un Paris catholique et ligueur.  Le Pays basque, le Béarn,  l’Aveyron, la Savoie, la Basse-Bretagne sont jusque vers 1970   terres de pratique religieuse et de vocations, plus que le reste de la France, beaucoup plus que les plaines du Bassin parisien . Exception : la Vendée, très catholique elle aussi,     mais  dont le  particularisme  vient plus d’une histoire tragique que de son modèle familial, le même  que celui du  Bassin parisien.

Pourtant l’histoire avance, inexorable, avec le progrès de l’industrialisation et de l’  urbanisation. Elle  voit s’effacer les différences entre  les modèles familiaux en France et  en Europe. La cohabitation des générations, rendue difficile par la vie urbaine, cesse ; les principes d’égalité progressent ; se répand le modèle nucléaire égalitaire  de type parisien, mais qui perd, surtout à partir du troisième tiers du XXe siècle,   sa stabilité en raison de l’effacement des freins religieux qui faisaient obstacle au divorce. Le divorce lui-même, tend à se démocratiser. Apanage des classes les plus aisées au XIXe siècle (du moins après qu’il eut été autorisé), il se répand dans les classe populaires à partir de 1960 au point d’y être aujourd’hui plus fréquent.  Tout se passe comme si les élites, qui avaient, sous les auspices de l’Eglise tridentine, répandu dans la peuple le modèle de la famille structurée et stable, y avaient trois siècles après, diffusé le  venin de l’instabilité familiale, se réservant au contraire le privilège d’une stabilité relative.

Loin d’être  la conséquence directe de la Révolution française, l’instabilité familiale  n’apparait vraiment qu’après la seconde guerre mondiale et même à la fin du baby-boom,   au  moment de l’exode rural massif. Les modèles de l’ instabilité issues des hautes classes se sont d’autant plus vite répandus  que, grâce à l’essor des mass média, ils ont été  amplifiés et mis en valeur par la presse dite « people »  donnant le maximum d’audience, au point  de les rendre normatives,  aux  aventures sentimentales des familles royales et des artistes de la scène. Ces derniers, cantonnés  aux marges de la société au  temps de Molière, qui était celui de la Contre-Réforme, car on craignant que leur  exemple ait un effet dissolvant,  sont devenus  aujourd’hui, pour ce qui est des modèles familiaux (ou de désagrégation familiale),  la référence principale  des masses populaires.

La revendication d’un mariage  homosexuel qui aurait paru incongrue sous tous  les régimes que nous avons passés en revue, est absente des  folles années de la libération sexuelle, soixante et soixante-dix. Elle n’apparaît que dans les années quatre-vingt. Ce n’est pas un hasard : c’est à ce moment que sont remis  cause les idéaux sociaux de la  gauche traditionnelle et que s’impose un peu  partout, à la place,   la philosophie libérale libertaire. Pour l’esprit du temps, les barrières douanières ou  celles de la circulation des capitaux, reposant sur la distinction des nations,  sont dans la même  ligne  de mire que la distinction des sexes.

Loin de former  une association de circonstance,  la philosophie libérale et la philosophie libertaire sont  consubstantielles. La liberté sexuelle délivre, sur le plan privé,  le fort  de  l’obligation de fidélité et de protection à l’égard du  faible ; elle   remet en cause  la stabilité au bénéfice d’une société atomisée, composée de « particules élémentaires »,  selon l’expression  de Houellebecq, s’associant librement, de manière précaire, pour constituer des molécules instables.  Les relations entre hommes et femmes, puis  entre hommes et entre femmes, apparaissent comme un marché. De la loi du marché, on passe vite à la loi du plus fort, à la lutte pour la vie où les mieux armés et les moins  scrupuleux  sont gagnants, les faibles perdants. Comme, à ce jeu,   les faibles sont souvent (pas toujours) les femmes,  la condition féminine, exaltée en théorie,  est loin  d’y trouver son compte en pratique,  comme en témoignent par exemple  le nombre bien supérieur de femmes seules après cinquante ans ou l’essor des violences familiales libérées des interdits chrétiens.

Inspirés par une vision caricaturale  de la famille du troisième type, chrétienne et bourgeoise,  qui pourtant  garantissait aux femmes le meilleur statut qu’elles aient jamais eu dans l’histoire, les mouvements féministes ont généralement  associé leur cause à  celle de la libération des  mœurs. Comme toutes les démarches idéologiques, cette position aboutit à l’effet inverse du but  recherché : au lieu d’une promotion de la femme,  une sensible dégradation de sa  condition :   l’univers libéral libertaire transforme la société en terrain de chasse sexuel où, quoi qu’on  prétende,  la  plupart  d’entre elles  constituent le   gibier.

Mais nul n’ignore que ceux qui revendiquent l’instauration d’un mariage homosexuel  ne le conçoivent que comme une première étape avant la subversion complète du mariage. Ultérieurement, c’est l’obligation de fidélité et de résidence partagée  qui doivent, selon  eux,  être abrogés. En travestissant le mariage de toujours au travers d’une institution , le prétendu mariage homosexuel, sans aucun précédent dans l’histoire – et qui, n’importe comment, ne concerne  qu’un nombre très limité de personnes, c’est son abolition que l’on vise.   Une abolition qui est d’ailleurs déjà effective pour une portion importante de la population qui n’éprouve pas le besoin d’un rituel ou d’un engagement pour cohabiter.

Les institutions peuvent favoriser ce modèle de société : ainsi la générosité de certains Etats pour les mères de familles isolées tend à forcer l’instabilité des ménages, économiquement plus avantageuse. Les mères    ont ainsi  le plus souvent la charge exclusive de l’éducation des enfants. C’est le cas par exemple  dans la communauté noire aux Etats-Unis, ou dans les  milieux   sociaux les plus défavorisés  en France. 

Pour autant,  ce qu’il est convenu d’appeler la révolution  sexuelle représente-t-il l’irruption d’un nouveau modèle de famille ?  Pas vraiment.

A certains  égards, on pourrait y voir le retour au  modèle  de  premier type, celui qui prévalait dans les sociétés agraires protohistoriques  méditerranéennes, dans le milieu des esclaves antiques et  modernes, et prévaut encore dans  les parties les plus pauvres de la population et une partie de l’Afrique sub-saharienne : une institution du mariage ( ou de l ’accouplement) peu rigoureuse, ouverte  à l’infidélité, instable, sans que ces comportements  entrainent des sanctions sociales lourdes, une identification par la mère et donc un caractère matriarcal, la déresponsabilisation des pères et le développement de l’agressivité des jeunes mâles.

Même si le  contexte économique et social dans lequel s’effectue ce retour à la famille du premier type est évidemment très différent dans l’Europe urbaine  du début du XXIe siècle  après Jésus-Christ  de ce qu’il était dans  les sociétés agraires du   Xe siècle avant, les analogies ne sont pas négligeables.

 Mais il ne faut pas pousser trop loin le  parallèle.  Une instabilité croissante des couples est une chose, la promiscuité généralisée en est une autre. Même  si les divorces ou les séparations sont plus fréquents, le mariage formel plus rare, l’héritage de la  famille stable du 3e type est loin d’être épuisé.  En témoigne par exemple le fait que la propagation du sida  par la voie  hétérosexuelle  est aujourd’hui  beaucoup plus faible en Europe et en Amérique du Nord qu’en Afrique subsaharienne. Cette faible conductivité de nos sociétés aux maladies sexuellement transmissibles montre que l’empreinte du  mariage   chrétien est toujours là.

 

La modernité n’ébranle d’ailleurs pas seulement ce dernier. L’immigration arabo-musulmane a  amené en Europe la famille du 2e type, patriarcale. Ce modèle s’y trouve en apparence renforcé du fait notamment que le mode de distribution des prestations familiales facilite le retour à la  polygamie, devenue économiquement difficile dans les pays d’origine.  Mais l’instabilité frappe tout autant le modèle patriarcal où les familles sans père se  multiplient avec des  effets encore plus  délétères que dans les familles monogames. La tentation islamiste, qui vise le retour au modèle patriarcal pur et dur, exprime la crainte de beaucoup d’  immigrés, marqués par l’effacement  du père,  de sombrer dans une  promiscuité du premier type et leur incompréhension du modèle chrétien, lui-même en crise.

Si la  révolution sexuelle qui a marqué le troisième tiers du XXe siècle a  eu des effets profondément déstabilisants, elle n’a pas complètement  remis en cause les modèles de base.  Au moins pour le  moment. Il reste que le retour à une forme de lien familial  que l’on croit  moderne mais qui est en réalité archaïque confirme  que, loin d’être illimités, les modèles familiaux entre lesquels  peut évoluer l’espèce humaine sont en nombre restreint  et que le prétendu progrès ne  porte au mieux que la possibilité d’un  changement  de case dans  une sorte de tableau de Mendeléieff des modèles familiaux.

   

Roland HUREAUX

 

 

 

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 11:00

LES TROIS MODELES FAMILIAUX (1)

29/01/2021

Il est de bon ton de dire aujourd’hui que les modèles familiaux sont innombrables, que chaque époque invente les siens (on dit cela en particulier pour justifier le « mariage entre personnes du même sexe ») et qu’en définitive  tout est relatif en matière d’organisation  familiale.

Nous ne le pensons pas : quand on examine l’histoire de l’Europe depuis trois ou quatre millénaires – et même en jetant un coup d’œil, nécessairement rapide,  sur les civilisations extra-européennes,  trois modèles de famille se dégagent, lesquels sont loin d’être équivalents.

Dans ce recensement, nous mettrons pour le moment entre parenthèses certains critères auxquels les travaux d’Emmanuel Todd font souvent référence : cohabitation ou non  des générations, égalité ou inégalité des enfants devant l’héritage et même endogamie ou exogamie, pour  nous centrer sur un socle familial encore plus fondamental : qui a  des relations sexuelles avec qui ?

Du  premier modèle que nous appellerons libertaire et  matriarcal, nous n’avons que des échos très lointains dans l‘histoire de l’Europe qui l’a très tôt refusé : c’est le modèle, autant qu’on puisse   le connaitre, des sociétés agraires  primitives de la périphérie méditerranéenne : les Sicanes en Sicile,  les  Pélasges en Grèce, les Cananéens en Palestine, peut-être les Etrusques.  Ces sociétés ont été en général détruites par des envahisseurs de type familial différent : Juifs,  Grecs, Latins,  Arabes.  Nous les connaitrions mal si nous ne  retrouvions aujourd’hui des  modèles analogues  dans une partie de l’Afrique noire ou chez certaines peuplades primitives d’Océanie  et d’Amérique.

Ce modèle n’exclut pas le mariage monogame ou polygame assorti d’une obligation de fidélité et de stabilité mais cette obligation est mal respectée sans qu’il y ait de véritable sanction.

Si l’infidélité des hommes n’est pas propre à ce modèle, celle des femmes y est plus spécifique, non pas qu’elles y soient plus portées vers le plaisir sexuel mais, semble-t-il, du fait qu’elles ne sont pas éduquées à dire non aux sollicitations d’un homme, pour peu qu’il se fasse insistant  ou ait quelque prestige. « Marie, couche-toi là »  est un impératif auquel elles ne savent guère objecter.  La promiscuité relative qui en résulte fait que les enfants  sont souvent incertains de  l’identité de leur père  et que  leur référent principal est donc  la mère. C’est en ce sens que l’on peut parler de sociétés matriarcales, même si en définitive l’homme commande à la femme et si l’autorité est souvent  exercée  par le frère de la mère plutôt que par la mère elle-même. Le climat de vagabondage sexuel et l’absence d’autorité directe sur des enfants pas toujours reconnus  encourage une certaine irresponsabilité des hommes jeunes et moins jeunes. Irresponsabilité accusée, selon la  logique freudienne, par le brouillage de l’image du père et la dépendance quasi-exclusive à l’égard de  la mère qui non seulement est mieux reconnue mais qui, le plus souvent,  pourvoit à tout : agriculture, élevage, soins domestiques  et éducation des enfants (tandis que les hommes sont à la guerre, à la chasse ou en palabres). L’instabilité des rapports sexuels favorise la rivalité des jeunes mâles, ferment de discorde  et de fragilité  de ces sociétés,   caractérisées semble-t-il,  par une forte   violence interne.

L’adultère (notion largement dédramatisée)  y est particulièrement le fait des jeunes hommes  non encore mariés et des jeunes épouses des vieux chefs ou autres notables qui s’appuient sur leur pouvoir politique ou économique pour ajouter aux femmes de leur jeunesse des épouses  plus  jeunes.    

Ce modèle familial est généralement associé par les historiens anciens et  modernes à la pratique de l’agriculture et à la sédentarité.  Dépendance de la récolte, sexualité facile et importance de la mère, ce  type  familial est également  associé au culte des déesses-mères et de la Terre et aux  rituels de   fécondité, parfois orgiaques. Ces sociétés sont le lieu d’  élection des cultes dits  chthoniens. Dans le monde grec, ces cultes, tout en cessant   d’être exclusifs, ont laissé des traces dans le Panthéon : Déméter, déesse des récoltes,  Artémis  aux multiples seins, les mystères d’Eleusis.  Dans le monde juif et arabe après la venue de l’islâm, ces cultes  sont farouchement combattus  comme la tentation, toujours rémanente,  de l’idolâtrie, laquelle se manifeste en particulier  par des symboles phalliques  comme les pierres dressées, associés à un rituel chtonien.

Dans l’Afrique subsaharienne, ce modèle  subsiste largement, malgré l’expansion de l’islam et du christianisme : la promiscuité relative qui l’accompagne  suffit à expliquer que le sida y soit beaucoup  plus répandu que partout ailleurs et qu’il y soit transmis principalement par les relations hétérosexuelles.

 

Le second modèle familial, que nous appellerons patriarcal,  trouve son expression accomplie dans  le monde juif  vétérotestamentaire et dans le monde arabo-musulman.  La Grèce et la Rome antique en offrent une expression atténuée.

Il se distingue du  premier modèle par l’affirmation de l’autorité des hommes ( au moins de certains), par l’extension de la polygamie et le « bouclage » des femmes , désormais contraintes , sous menace de mort, généralement par lapidation, à une fidélité stricte. Les puissants, qui disposent d'un harem,  les mettent même sous  la garde d’eunuques  aussi athlétiques qu’inopérants  pour empêcher les intrusions des jeunes hommes sans attaches.

Ce qui ne change pas par rapport au modèle précédent, ce sont les  facilités qu’il offre aux hommes les plus à même de s’attacher plusieurs épouses.

Ne change pas non plus l’éthique de référence des femmes dont on ne suppose pas qu’elles seront des jeunes filles chastes ou des épouses fidèles volontairement. 

Ce qui change : les hommes,  et particulièrement les chefs de clan,  se préoccupent de contrôler  leurs épouses. Comme on ne  les considère  pas comme naturellement  vertueuses  et surtout  qu’elles se trouvent toujours dans une culture de la soumission  à l'homme quel qu'il soit, le seul moyen pour le mâle dominant de les garder pour lui seul  est de leur éviter toute  tentation et donc de les « boucler »,  vivant recluses et sortant voilées.  La question de la préservation de la vertu des  jeunes filles  est, quant à elle,  réglée par le mariage pubertaire, voire pré-pubertaire.

Le pater familias hébreu ou arabe est plus sûr de ses épouses que ne l’est  le chef africain (et sans doute que ne l’était le chef pré-indo-européen)  non pas parce qu’elles seraient plus vertueuses mais parce qu’un arsenal répressif, public et privé, particulièrement féroce, a été mis en place.

Aujourd’hui, le sida se répand peu dans ce type de société.

La situation est moins confortable pour les jeunes gens non mariés (d’autant plus nombreux que la  polygamie et  donc l’inégalité sexuelle sont  répandues). Ils sont eux aussi sévèrement punis en cas d’adultère. L’homosexualité, tolérée,  au moins dans l’islam,  mais non reconnue,  a pu être dans certains cas un exutoire.  

Cohérente avec cette affirmation de l’autorité du père sur ses femmes, est l’affirmation de l’autorité du père sur ses enfants, tenus en minorité par le chef de clan, mariés de force avec une proche cousine et gardés jusqu’à un âge avancé sous dépendance.

L’équilibre ainsi instauré étant fragile, l’endogamie permet de limiter les risques de dissolution, le contre-exemple biblique du roi Salomon montrant ce qui peut  advenir à  qui ne se méfie pas assez des femmes étrangères.

Comme dans la société du premier type, la femme est d’abord un objet de plaisir, voire, dans le peuple, une bête de somme. Le maintien tardif de la femme en situation de  minorité et   l’habitude de ne pas la respecter en  tant que personne (à l’exception de la mère) maintient aussi  une  grande partie des hommes en situation d’immaturité affective.

C’est ce qui permet à des femmes ayant eu de nombreux enfants, de s’imposer peu à peu  et de trouver  au fil des ans, comme dans  les sociétés du premier type, une certaine autorité sociale, toute relative au demeurant. 

Les sociétés du second type ordonnées sur le pater familias tout puissant et la relégation des femmes, se prêtent aux   cultes dits ouraniens, fondés sur la primauté des divinités célestes et mâles, éventuellement un  Père tout-puissant « qui est au ciel »,  allant dans le cas du peuple juif et des Arabes  islamisés jusqu’ au culte du Dieu unique.

Le type patriarcal  convient mieux  aux sociétés nomades, pratiquant l’élevage ou le commerce même si ces sociétés gardent largement leurs pratiques familiales et leurs cultes une  fois sédentarisées.

Puisque les sociétés du premier type ont disparu à l’aube de l’histoire et que les secondes existent encore, comment est-on passé de premières aux secondes ?  En d’autres termes, comment les hommes (ou  certains  hommes)  ont-ils pris le pouvoir, un pouvoir quasi-absolu, qu’ils n’avaient pas dans les sociétés matriarcales et libertaires plus originaires   ? Il est difficile de le dire. Il est peu probable que la même société soit passée du premier au second type. Le plus probable est  que les deux types de sociétés ayant coexisté en des temps anciens, les secondes se sont révélées mieux armées que les premières  dans la struggle for life : plus hiérarchisées, plus ordonnées, elles ont exterminé ou réduit en servitude les secondes, à la fois   dissolues et plus divisées ; ainsi les Grecs ont éliminé les Pélasges, puis les Sicanes, les Juifs les Cananéens etc. 

Si Juifs et Arabes offrent les prototypes des sociétés du second type, on en trouve aussi certains  caractères dans les sociétés indo-européennes dans leurs phases primitives, du moins là où elles sont les mieux connues, en Grèce et à Rome.

La situation  de la femme est cependant meilleure, ne serait-ce que parce que la monogamie  y est en principe  la règle. Cette monogamie n’exclut pas les facilités sexuelles des hommes, soit dans les lieux de plaisir, soit grâce aux esclaves, même mâles, facilités qui sont généralement interdites aux  femmes, au moins autant que la  fortune politique n’a pas entrainé l’émancipation des mœurs. La femme athénienne est cloitrée dans le gynécée, tandis que l’homme vaque aux affaires publiques sur l’agora. Dans les premiers temps de la Rome républicaine, l’autorité du pater familias n’a rien à envier à celle du patriarche hébreu[1]. L’adultère féminin est sévèrement puni.

Ces contraintes se relâchent au fur et à mesure que la puissance, la richesse entrainent une dissolution des mœurs, qui se manifeste par exemple par l’extension de l’homosexualité dans l’élite athénienne ou la licence, désormais impunie,  de certaines  femmes de l’aristocratie romaine,  au Ier siècle après JC. 

Les autres sociétés indo-européennes  à leur stade primitif, sont moins connues. La monogamie y semble  la règle au moins théorique. Mais  chez les Gaulois, le divorce – ou à tout le moins la répudiation - est relativement facile.

Compte tenu de leur panthéon, qui mélange les divinités ouraniennes et chtoniennes, et de leur type familial  mixte, on peut sans doute dire que les sociétés  indo-européennes (comme avant elles la société égyptienne du temps des pharaons) sont un intermédiaire entre le premier et  le second type familial. Ce syncrétisme fit peut-être leur force.

 

La famille du troisième type est la famille chrétienne, au moins dans ce qu’elle a  d’idéal.

A la différence du premier type, elle pose un idéal de fidélité strict tant pour l’homme que pour la femme (même si l’adultère masculin y  a largement perduré) et on peut dire, d’une façon générale, que la vie sexuelle, surtout celle des femmes,  y est, comme dans la famille patriarcale, strictement réglée.

Deux différences importantes distinguent le type chrétien du second type, patriarcal : d’abord une monogamie stricte, assortie d’une indissolubilité du lien matrimonial. Surtout le fait que la fidélité de la femme ne repose plus d’abord sur la crainte du châtiment et l’enfermement mais sur une contrainte librement acceptée.

La famille du troisième type, à la différence du second type, fait confiance à la femme : non seulement, elle n’est plus  cloitrée mais elle peut sortir  à visage découvert.

Ce n’est pas d’abord à sa vertu supposée qu'on fait confiance, mais à sa capacité à dire non au solliciteur importun. Pas  seulement par chasteté  mais  par un sens nouveau de l’ « honneur »  féminin et    parce qu'elle est socialement fondée à  refuser les avances d’un homme,  même si elles prennent la forme de l’ordre d’un supérieur. Le droit pour une femme  d’administrer une  paire de claques au solliciteur importun est un des fondements de la culture occidentale !

Les grandes initiatrices de ce nouveau statut de la femme sont les « vierge et martyres », au moins celles qui ont préféré se faire tuer que sacrifier leur virginité ou leur  vertu. Elles sont nombreuses au calendrier des saints de l’Eglise catholique, principalement  aux premiers siècles, et c’est assez logique compte tenu de ce qui fut leur fonction anthropologique.

On aurait tort cependant de fixer au christianisme l’apparition de ce nouveau type de femme.  Inconnue du monde musulman  et même grec,  la femme qui protège sa vertu au risque de sa vie  est présente dans l’histoire romaine (Lucrèce) et  dans l’ histoire juive tardive : le plus bel exemple en est l’histoire de Suzanne  dont les  vieillards lubriques qui la convoitent   n’obtiennent pas qu’  elle abandonne sa vertu même en la menaçant de l'accuser faussement, ce qui devait la  conduire à la mort. Bien avant elle, le patriarche Joseph avait également  refusé de céder à la femme de Putiphar qui exerçait sur lui un chantage  analogue. Mais Joseph était un homme, Suzanne est une femme. La figure  éminemment moderne de Suzanne n’apparait que dans un écrit tardif absent de la Bible juive ou protestante, quoiqu’authentique.

Mais c’est le christianisme qui a fait de ce type de femme – et par là du type de famille qu’elle instaure – une réalité normative.

Sans doute la femme chrétienne n’est-elle pas l’égale de homme, au moins si l’on suit saint Paul pour qui l’homme est « le chef de la femme » mais qui ajoute immédiatement que l’homme doit l’aimer et prendre soin d’elle  « autant que Christ aime son Eglise »  (c’est-à-dire infiniment). Cependant  la femme lui est égale en dignité (« il n’y a plus ni  Juif ni grec, ni  homme ni femme »), l’inégalité n’étant que   fonctionnelle. Contrairement aux allégations absurdes de certaines doctrinaires féministes,  que la femme ait une âme  n’a jamais été remis en cause dans l’Occident chrétien : le culte, relativement précoce, de la Vierge Marie,  suffit à l’attester.  On alléguera que sa sexualité ne semble pas reconnue mais quel progrès par rapport aux sociétés des premiers et second type où elle n’était reconnue que comme objet de jouissance de l’homme !  Au demeurant, saint Paul ordonne aux conjoints de « ne pas se refuser l’un à l’autre », sans distinguer l’homme de la femme. L’impossibilité de la répudiation, passée dans le droit positif au IVe siècle, constitue une autre avancée.

Le nouveau modèle familial fondé sur l’ouverture à un autre qui est un partenaire ne craint pas l’exogamie. Le mariage consanguin au-dessous du  cinquième degré de parenté fut même interdit par l’Eglise à partir du VIe siècle. La bataille n’était  pas gagnée d’avance : jusque tard  dans le   Moyen-Age, l’Eglise s’opposa sur ce sujet  à la noblesse, marquée par les coutumes germaniques endogamiques et qui, pour des raisons  dynastiques ou patrimoniales, préférait  se marier entre  soi. La Bible ne se prononce pas clairement  ce sujet : tantôt imposant l’endogamie entre juifs, si possible de la même tribu, tantôt condamnant une endogamie excessive. Mais un texte  de saint Augustin préconise  l’exogamie comme marque de l’ouverture  à l’autre, de la charité et de l’universalité de l'Eglise ; ce texte prit assez  vite force de loi. Comme le dit Emmanuel Todd : l’Europe est le seul continent où le choix du  conjoint demeure relativement ouvert. Presque partout ailleurs  la préférence endogame le restreint a minima.

Lié au mariage du troisième type est la dot versée, on le rappelle, en terre de chrétienté par la famille de l’épouse  à celle de l’époux. Trop de gens la confondent encore avec le tribut qui,  dans les sociétés patriarcales du second type et peut-être les sociétés archaïques du premier type est  versé à la famille de la femme par celle de l’homme. Ce tribut est un véritable paiement pour acquisition d’une sorte d’esclave   domestique, alors que la dot est exactement l’inverse : elle est supposée permettre à l’épouse de connaitre une certaine autonomie matérielle au sein de sa nouvelle famille, en tous les cas d’y recevoir une reconnaissance économique.

De l’exogamie au libre choix du conjoint, et donc au mariage d’amour, il y a un pas. Inconnu de la famille du deuxième type, il  n’apparait que peu à peu dans la famille du troisième type. Dans l’aristocratie mais aussi dans une partie du peuple, les mariages sont depuis les origines arrangés en fonction des intérêts patrimoniaux, politiques ou de lignage. Ils n’excluent pas l’amour  au vu de  nombreux témoignages que nous en avons, mais l’amour vient après le mariage,  non avant.  Certes la théologie chrétienne  du sacrement de mariage a toujours reposé sur le libre consentement des conjoints exprimé publiquement le jour de la cérémonie. La contradiction entre cette théorie et la pratique sociologique n’est apparue que peu à peu. Elle éclate au XVIe siècle quand l‘Eglise catholique revendique  le droit  de marier  des fiancés majeurs consentants même sans l’accord   de leurs parents. Cette pratique heurte les lois du royaume de France (et des autres) : les rois soucieux d’ordre, requièrent l’accord des parents quel que soit l’âge des conjoints. Il heurte aussi de personnalités comme Luther, Calvin ou Rabelais, prompts à épouser les intérêts des  pouvoirs en place. Plus tard Fénelon , au diapason de Molière, fulmine  contre les mariages arrangés spécialement entre vieillards riches et jeunes filles, qu’il tient, non sans raison, pour un encouragement à l’adultère, une théorie que reprend Balzac dans sa Physiologie du mariage. Le mariage moderne fondé sur le libre choix  des époux et donc l’amour  ne se généralise que dans le courant du XXe siècle. Il n’existe encore que dans les sociétés  chrétiennes ou postchrétiennes. Curieusement, il est contemporain d’un affaiblissement sans précédent du lien matrimonial.

De même que le principe du  libre consentement n’entra dans les faits que très tardivement, le nouveau statut de la femme instauré par le christianisme ne se concrétisa que très progressivement. Ce statut est certes ambigu : égalité de  dignité, monogamie, relation de confiance, répudiation  impossible mais autorité, au moins  fonctionnelle de l’homme, avec il est vrai l’obligation pour celui-ci de chérir sa femme « comme son propre corps » : il marque de toutes les façons un progrès considérable par rapport aux deux autres modèles familiaux, même celui que nous avons qualifié de matriarcal. Le retour du modèle patriarcal, sous sa forme la plus dure, à partir de la conquête musulmane (VIe siècle) entraina  partout une forte régression du statut de la femme.

En terre de chrétienté traditionnelle, l’adultère féminin est généralement puni plus sévèrement que le masculin . Cependant, en souvenir de la femme adultère sauvée par Jésus, ce châtiment n’est jamais la mort,   il est au minium  le déshonneur. L’adultère masculin, non seulement n’est guère  puni  (sauf si l’époux est plus puissant que l’amant), mais il est, dans certains milieux aristocratiques, source de gloriole : « Les hommes mettent un point d’honneur à  déshonorer les femmes » (Marguerite de Navarre). Dans les familles régnantes, la vigilance sur la fidélité de la femme est particulièrement étroite : chez les Capétiens, les cas de reine adultère sont rares : Marguerite de  Bourgogne, femme de Louis X le Hutin,  surprise à la tour de Nesle mourut de froid  ou étranglée en prison (mais son amant fut encore  plus sévèrement châtié !), Isabeau de Bavière, épouse d’un roi fou, Charles VI, resta, elle, impunie. On ne connait guère d’autre cas d’adultère avéré parmi les reines de France alors que les rois fidèles se comptent sur les doigts d’une main. Moins que par une inégalité métaphysique, cette surveillance plus stricte de la vertu des femmes résulte,  dans une société politique où l’hérédité joue un rôle fondamental, de  la plus grande difficulté  d’attester le lien du sang du côté du père que du  côté de la mère.  

L’infériorité du rôle de la femme ne l’empêcha pas,  sauf en France,  de régner, au moins à partir du second  millénaire, dès lors que les conditions étaient réunies : absence d’héritier mâle en ligne directe ou, même en France,  d’exercer la  régence.  Cela  n’était jamais arrivé dans le monde grec  (à la seule exception de la reine Cléopâtre), romain et byzantin (à l’exception de l’impératrice Irène) ni naturellement en pays musulman.

 

 

 

 

[1] On peut même dire qu’il n’est pas,  à la différence du peuple juif, limité par la Tora

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 10:58

28/01/1921

 

L’épidémie de COVID et surtout les mesures (exagérées  ou pas, l’avenir nous le dira, mais sûrement pas innocentes ) qui ont été prises pour y faire face, ont fortement secoué l’économie mondiale et les populations qui en vivent dont beaucoup se trouvent aujourd’hui en grande difficulté.

Face à ces événements, les organisations  internationales comme le Forum de Davos ne se sont pas mises en chômage. Ce dernier réunit tous les ans dans une station de luxe en Suisse, les hommes le plus riches et les plus puissants du monde. Ils y débattent de l’avenir du monde tel qu’ils le voient.

Leurs débats sont préparés par un comité permanent dont les rapports nous permettent de savoir ce qui s’y trame . Ces rapports sont publics et ne résultent donc pas de  complots. 

Leur orientation générale est aussi claire qu’inquiétante :

  • Les mesures de contrainte individuelle prises pendant la pandémie seront pérennisées avec surveillance permanente des déplacements et des contacts.
  • La suppression de la monnaie papier permettra de contrôler les allées  et venues  de chacun.
  • L’accentuation de la prétendue lutte « pour sauver la planète »  dans un esprit écologique dévoyé,  entrainera le sacrifice de nombreuses industries classiques, au bénéfice du numérique et des activités touchant à l’environnement et au détriment de l’emploi.
  • Pour la France, il est envisagé dans un de ces rapports  la disparition de 75 % des restaurants indépendants au bénéfice de grandes chaînes. 
  • La gouvernance mondiale doit être renforcée.

Disparition de la démocraties et des libertés, atrophie des Etats  devenus  de simple organes d’exécution de décisions prise plus haut et loin des peuples , désintérêt pour le chômage,  et tout ce qui n’est pas dit ouvertement : dépopulation organisée, accélération du libre-échange, pouvoir accru de la finance mondiale, contrôle accru l’opinion  par les réseaux numériques,  brossent le tableau d’ un avenir extrêmement inquiétant.

Les gens de Davos partent du principe que tout cela est irréversible, le COVID ne faisant qu’accélérer des évolutions en cours.

Nous ne le pensons pas.

Contrairement  à ce que les puissants de ce  monde veulent nous faire croire, notre avenir continue de nous appartenir.

Les  gens de Davos prétendent que tout ce qu’ils prévoient est souhaité par les jeunes dont les sondages expriment le « désir de changement », sans autre précision.

Mais le projet de l’oligarchie mondiale est au contraire une accélération des tendances  les plus destructrices de ces dernières années , celles qu’ils ont eux-mêmes provoquées : perte de liberté, perte d’emploi, appauvrissement  du grand nombre, dépossession de notre destin , tendances qui sont précisément ce dont les jeunes  (et moins jeunes) ne veulent pas  et que l’oligarchie financière et médiatique  veut aggraver.

Mobilisons-nous contre les projets de l’oligarchie mondiale, contre les orientations que l’on s’apprête  à prendre par-dessus notre tête,  à Davos ou ailleurs, pensons qu’un autre avenir est possible.

Ne nous laissons pas intimider pour dire que doivent être préservées d’abord ce qui fait qu’ une vie est vraiment  humaine : les libertés fondamentales, dont celles d’expression et d’aller et venir,  la démocratie qui n’est pas possible au niveau mondial, des écarts modérés de fortune, la liberté de peuples (y compris dans son  expression étatique), le respect de l’homme et donc des populations existantes de toute couleur, contre ceux qui voudraient  les réduire.

Tout cela implique un combat sans relâche , en particulier des plus jeunes,  contre des oligarchies mondialistes qui voudraient cyniquement profiter de la  pandémie pour nous mettre en esclavage. Un combat qui ne fait que commencer et où tous ceux qui aiment la liberté doivent s’engager . Car en définitive, « la seule querelle qui vaille est celle de l’homme ».

Dans ce combat essentiel, est-il nécessaire de dire que la France dont le destin a toujours été lié à celui de  la liberté,   a un rôle de premier plan à jouer ?

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 10:56

ET SI ON AJOUTAIT UN PALMIER A LA CRECHE !

Paru dans Causeur

21/01/2021

La  fin de l’année est marquée par une polémique  récurrente sur l’opportunité de placer des crèches de Noël non seulement dans les lieux publics mais même dans les lieux privés visibles de la rue  comme une vitrine ou une fenêtre. Sans qu’aucune réglementation ait été établie, il est fréquent que ceux qui auraient voulu en faire une, en particulier les commerçants,  reculent devant les critiques.

L’objection qui est faite à ces malheureuses crèches est qu’il faut ménager la susceptibilité   des  musulmans et, pour cela, respecter la laïcité .   Objection qui ne tient pas : la naissance de Jésus figure dans le Coran. Jésus (Issa) est un prophète important dans l’Islam et sa mère Myriam (variante de Marie) une figure particulièrement vénérée.  Tout comme l’ange Gabriel ( Jibril) qui dicte le Coran à Mahomet. N’oublions  pas  non plus que Jésus, Marie et Joseph sont des juifs  poursuivis par un tyran.

Le Coran  ne parle ni de grotte ni d’étable mais dit que Jésus naquit au pied d’un palmier.  Ce n’est nullement  incompatible avec le récit évangélique : qui dit étable dit  point d’eau. Bethléem est  la lisière  du désert. S’il y a un point d’eau, il devait y avoir un palmier. Ajoutons que si l’Evangile de Luc situe la naissance de Jésus dans  une étable, il n’est pas question de grotte jusqu’au  milieu du IIe siècle. Grotte, maternité sacrée :  on imagine la symbolique que les psychanalystes verront dans ces développements, mais ils sont  tardifs.

Une proposition œcuménique serait qu’aux crèches publiques on ajoute un palmier. On ajoute bien un bœuf et un âne qui ne figurent pas non plus  dans les Evangiles,  seulement dans  la Bible  juive, dans  le prophète Isaïe.

Il est donc possible de faire, sans trahir  le texte biblique, une  crèche œcuménique en ajoutant un palmier. 

Cela vaudrait assurément mieux que d'ajouter un sapin. Le sapin est un symbole de pérennité, issu des mythologies nordiques, dont on sait l’usage qui a été fait  : arbre aux feuilles pérennes, il figure la continuité  de la vie au moment du solstice d’hiver. Mais comme les nouveaux laïcistes ne le savent pas ( que savent-ils d’ailleurs puisque leur philosophie  est  d’éradiquer le passé ? ) , ils s’en prennent  aussi à lui.

Les crèches ne gênent nullement  les musulmans de France  même les plus exaltés. Les ménager n’est pour les partisans d’une laïcité radicale qu’un prétexte pour effacer  du domaine public un symbole ancestral, d’affaiblir   encore  un héritage  chrétien bimillénaire. De manière étonnante , les  crèches qui étaient acceptées par les républicains laïques au  temps du petit père Combes ne le sont plus par les néo-laïcistes du XXIe siècle .

 

Le néo-laïcisme soixante-huitard  contre la laïcité  républicaine

 

Loin d’apaiser les relations avec l’islam  , le nouvel antichristianisme les envenime.  Loin de représenter la vieille tradition laïque française, il en est la négation.  Rappelons-nous  l’ordre donné   par Jules Ferry dans sa fameuse   Lettre aux instituteurs[1] de respecter scrupuleusement  la   conscience des élèves et de leurs  parents. Le   nouveau laïcisme,  fondé sur les idées de Mai 68,  se situe aux antipodes de la laïcité  républicaine.  Il conçoit la laïcité comme  la   transgression systématique de la morale commune et des sensibilités religieuses.  Ses promoteurs identifient,  à tort,  ces dérives avec l’héritage national. Malheureusement, beaucoup de  musulmans les croient et  , du coup, e, viennent à détester la France.  La laïcité a été inventée en Europe au sortir des guerres de religions pour empêcher que les croyances ne divisent la  nation. Le nouveau  laïcisme , lui, loin d’apaiser les tensions intercommunautaires, les envenime. 

Est- il nécessaire de dire que  les musulmans   préfèreront   toujours un chrétien respectueux  d’un symbole religieux qu’ils partagent en partie, à ce néo-laïcisme radical   qui n’admet la présence du religieux à l’école ou sur la place publique que sur le mode transgressif.

Il ne s’agit pas que d’un débat d’idées. Les pouvoirs publics, au motif  d’intégrer  l’islam,   font des lois pour renforcer la laïcité ; ces lois aboutissent généralement   à refouler un peu plus l’héritage  chrétien ;  ainsi l’interdiction  des signes religieux ostensibles , peu respectée par les  musulmans,  conduit à une inhibition croissante des chrétiens à porter des signes religieux même discrets.  La future loi  contre le  séparatisme ( terme trompeur puisque ce n’est pas du tout de séparatisme qu’il  s’agit) a pour seul effet connu  à ce jour,  d’interdire l’enseignement à domicile pratiqué par les familles les plus attachées à l’héritage chrétien.  Ainsi, comme pour les crèches,  la  question de l’islam est utilisée pour refouler encore davantage l’héritage chrétien.  

Les promoteurs de cette idéologie  ne se soucient  pas qu’en atteignant l’ objectif de détruire les racines chrétiennes , non seulement ils rendent la France plus répulsive aux tenants d’autres religions , mais aussi qu’en passant l’héritage national au karcher,  ils préparent    le terrain pour des herbes  plus vivaces.    

Loin d’être une agression chrétienne, la crèche est  un symbole de concorde  entre les religions. Les fanatiques qui, au nom d’une laïcité dévoyée,  en rupture avec la tradition laïque elle -même,  veulent les évacuer de l’espace  public   sont au contraire des diviseurs.

 

Roland HUREAUX*

 

* auteur de Gnose et gnostiques des origines à nos jours , Desclée de Brouwer, 2015

 

 

 

 

[1] Lettre aux instituteurs du 27 novembre 1883 :  https://enseignement-moral-civique-pedagogie.web.ac-grenoble.fr/content/jules-ferry-1832-1893-lettre-aux-instituteurs

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 10:54

L’ELECTION DE BIDEN SERAIT UNE MENACE POUR L’EUROPE

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/L-election-de-Biden-serait-une-menace-pour-l-Europe

21/01/2021

Le parti-pris  quasi-unanime des  médias français en faveur de Biden dans l’élection présentielle américaine  fait frémir.

Frémir pour la démocratie et la liberté de l’ information. La semaine dernière, presque tous les jours un film contre Trump  sur le chaines et télévision  française  : où  va-t-on ?

Frémir aussi sur le manque de lucidité abyssal  des  leaders de opinion européens dans  cette élection.

Qui ne voit que les risques de l’élection  de Biden  sont considérables   pour la sécurité du continent européen.

La personnalité falote du candidat démocrate cache les forces  sous-terraines, ce qu’on appelle d’un terme imprécis l’Etat profond,  qui avaient soutenu la politique d’Obama. Cette politique , qu’on qualifie de manière trompeuse de  « néo-conservatrice » et  qui continuait d’ailleurs  celle de Bush  fis n’était pas liée à un parti ;   elle  était fondée sur le projet d’un nouveau Proche-Orient démocratique   à  promouvoir par  la force  . C’était un libéral-impérialisme.  Plusieurs  guerres furent entreprises dans ce but: Libye, Syrie, Yémen , après l’Irak et l’Afghanistan commencées par Bush. Plusieurs  autres pays ont  été déstabilisés  : Egypte, Tunisie, ce qui a  partout profité aux islamistes , protégés par Barack  Obama et Hilary Clinton.  

Les guerres du Proche-Orient provoquées par les Etats-Unis  , spécialement celles de Libye  et de Syrie sont la  cause directe de l’arrivée d’énormes   flux de réfugiés en Europe à partir de de 2015. Elles  se sont traduites par  un soutien inavoué mais systématique  aux islamistes du Proche-Orient , Al Qaida , Daech,  ce  qui leur a donné l’audace de parrainer , voire d’organiser des attentats terroristes en   Europe .   

La politique démocrate était en même temps fondée sur  une forte  animosité   envers la Russie  avec l’arrière-pensée chez  certains  théoriciens démocrates  comme   Zbigniew Brezinski, aujourd’hui décédé d’isoler complètement ce pays  des anciens territoires soviétiques et, dans un deuxième temps,    de le démanteler .   Cette politique a entrainé le coup d’Etat   de la place Maidan  à Kiev en 1994, conduit par Victoria Nuland,  secrétaire d’Etat adjoint, cause directe de  la guerre d’Ukraine.  Avec Biden, il faut craindre un regain de tension avec  la Russie, voire de nouvelles « révolutions oranges ».  

C’est une politique inverse, beaucoup  plus sécurisante pour l’Europe qu’a menée Donald Trump. La politique démocrate était celle d’une l’alliance non dite avec l’Islam – et spécialement  l’islamisme -  , contre la Russie – et de fait contre l’Europe  qui, dans cette perspective, ne pouvait être qu’un  champ de bataille ouvert à d’immenses  dommages collatéraux. Trump y a substitué sinon une alliance , du moins une détente  avec la Russie contre  l’islamisme , en particulier contre Daech . Pour les démocrates qui se cachent derrière Biden l’ennemi numéro un est la Russie. Pour Trump, l’ennemi numéro un est l’islamisme.  

En cas d’élection de Biden, l’Europe doit craindre ainsi doublement pour sa sécurité :  la reprise de la politique    Obama -Biden  au Proche-Orient et donc l’appui aux islamistes de tout   poil, y compris   Erdogan ou Daech ; un regain de tension avec la Russie  avec le risque  d’une bataille dont  le champ  serait l’Europe occidentale – c’est ainsi  que le voient   certains  stratèges  du parti.

On dit que Trump est hostile à l’Europe parce qu’il est réservé sur l’Union européenne et opposé au tandem Macron-Merkel , lié à ses adversaires démocrates. Mais sa politique  est fondamentalement favorable à la paix et à la sécurité de l’Europe tant vis-à-vis du terrorisme que de la Russie.

C’est dire que le résultat de l’élection du 3 novembre  est capital pour nous.  

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/L-election-de-Biden-serait-une-menace-pour-l-Europe

 

Le parti-pris  quasi-unanime des  médias français en faveur de Biden dans l’élection présentielle américaine  fait frémir.

Frémir pour la démocratie et la liberté de l’ information. La semaine dernière, presque tous les jours un film contre Trump  sur le chaines et télévision  française  : où  va-t-on ?

Frémir aussi sur le manque de lucidité abyssal  des  leaders de opinion européens dans  cette élection.

Qui ne voit que les risques de l’élection  de Biden  sont considérables   pour la sécurité du continent européen.

La personnalité falote du candidat démocrate cache les forces  sous-terraines, ce qu’on appelle d’un terme imprécis l’Etat profond,  qui avaient soutenu la politique d’Obama. Cette politique , qu’on qualifie de manière trompeuse de  « néo-conservatrice » et  qui continuait d’ailleurs  celle de Bush  fis n’était pas liée à un parti ;   elle  était fondée sur le projet d’un nouveau Proche-Orient démocratique   à  promouvoir par  la force  . C’était un libéral-impérialisme.  Plusieurs  guerres furent entreprises dans ce but: Libye, Syrie, Yémen , après l’Irak et l’Afghanistan commencées par Bush. Plusieurs  autres pays ont  été déstabilisés  : Egypte, Tunisie, ce qui a  partout profité aux islamistes , protégés par Barack  Obama et Hilary Clinton.  

Les guerres du Proche-Orient provoquées par les Etats-Unis  , spécialement celles de Libye  et de Syrie sont la  cause directe de l’arrivée d’énormes   flux de réfugiés en Europe à partir de de 2015. Elles  se sont traduites par  un soutien inavoué mais systématique  aux islamistes du Proche-Orient , Al Qaida , Daech,  ce  qui leur a donné l’audace de parrainer , voire d’organiser des attentats terroristes en   Europe .   

La politique démocrate était en même temps fondée sur  une forte  animosité   envers la Russie  avec l’arrière-pensée chez  certains  théoriciens démocrates  comme   Zbigniew Brezinski, aujourd’hui décédé d’isoler complètement ce pays  des anciens territoires soviétiques et, dans un deuxième temps,    de le démanteler .   Cette politique a entrainé le coup d’Etat   de la place Maidan  à Kiev en 1994, conduit par Victoria Nuland,  secrétaire d’Etat adjoint, cause directe de  la guerre d’Ukraine.  Avec Biden, il faut craindre un regain de tension avec  la Russie, voire de nouvelles « révolutions oranges ».  

C’est une politique inverse, beaucoup  plus sécurisante pour l’Europe qu’a menée Donald Trump. La politique démocrate était celle d’une l’alliance non dite avec l’Islam – et spécialement  l’islamisme -  , contre la Russie – et de fait contre l’Europe  qui, dans cette perspective, ne pouvait être qu’un  champ de bataille ouvert à d’immenses  dommages collatéraux. Trump y a substitué sinon une alliance , du moins une détente  avec la Russie contre  l’islamisme , en particulier contre Daech . Pour les démocrates qui se cachent derrière Biden l’ennemi numéro un est la Russie. Pour Trump, l’ennemi numéro un est l’islamisme.  

En cas d’élection de Biden, l’Europe doit craindre ainsi doublement pour sa sécurité :  la reprise de la politique    Obama -Biden  au Proche-Orient et donc l’appui aux islamistes de tout   poil, y compris   Erdogan ou Daech ; un regain de tension avec la Russie  avec le risque  d’une bataille dont  le champ  serait l’Europe occidentale – c’est ainsi  que le voient   certains  stratèges  du parti.

On dit que Trump est hostile à l’Europe parce qu’il est réservé sur l’Union européenne et opposé au tandem Macron-Merkel , lié à ses adversaires démocrates. Mais sa politique  est fondamentalement favorable à la paix et à la sécurité de l’Europe tant vis-à-vis du terrorisme que de la Russie.

C’est dire que le résultat de l’élection du 3 novembre  est capital pour nous.  

 

Roland HUREAUX

 

 

 

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 10:52

L’AVEUGLEMENT STUPEFIANT DES TENANTS DES IDEOLOGIES PRETENDUES PROGRESSISTES

21/01/2021

Il faut une rare inconscience pour affirmer , comme le fait la majorité de la presse européenne et américaine  et les partisans de Biden à la présidentielle  américaine,   que la défaite de Trump sauvera  la démocratie.

Quelle démocratie quand on sait que 90 % des médias américains  lui étaient  férocement hostiles depuis le début,  que le PDG de Facebook se permet de dire à la cantonade depuis plusieurs mois que c’est lui qui décidera qui sera le vainqueur de l’élection,  que les patrons  des Gafa se sont permis de bloquer les tweets du président des Etats-Unis plusieurs semaines avant l’élection pour le priver de  tout moyen d’expression directe ?    

C’est bien  évidemment le contraire : si  Biden est élu président  des Etats-Unis avec de telles méthodes, c’est qu’il  n’y a plus de démocratie dans ce pays,   ni ailleurs en Occident  et , ne nous y trompons pas, la chape du plomb du politiquement correct, sexuel,  racial, climatique, sanitaire, migratoire va se faire    beaucoup plus lourde sur les Américains et sur nous. C’est un temps de ténèbres qui vient. Ajoutons que l’agressivité du camp démocrate  qui ,  après avoir éliminé Trump voudra éliminer son autre bête noire  Poutine, nous fera courir les pires dangers ,  danger de guerre,  bien plus grave et  immédiat que celui du réchauffement   climatique  dont on nous abreuve.  Il ne  restera bien entendu  pas grand-chose dans un tel contexte  des nos libertés:  rien n’arrêtera la montée de l’empire du Mordor.

La question est que ceux  qui font  preuve de tant d’aveuglement  croient à ce  qu’ils disent. Brejnev  ne croyait  pas vraiment à   la supériorité du système soviétique, mais eux croient , au-delà de toute raison,   que c’est Trump qui menace la démocratie et pas eux. Les scandales anti-démocratiques que nous venons d’évoquer leur échappent complètement.

Et cet aveuglement est la raison pour laquelle les Etats-Unis  sont aujourd’hui au bord de le guerre civile. Le libre-échange universel, la théorie du genre, la fongibilité sans limite des  races et des    cultures  sont des idées fausses et donc, dès lors qu’elles sont mises en œuvre par de gens puissants, elles sont de l’idéologie, un mélange de vision du monde simpliste et de projet messianique. Un projet messianique  fondé sur un sens supposé de l’histoire   , une séparation entre progressistes autoprogrammés ( c’est  à dire à dire l’avant-garde de la caravane qui mène  les sociétés au gouffre au gouffre) et supposés réactionnaires. Les  idéologues entrent en fureur quand leur projet est contrarié, comme  Donald Trump a contrarié le leur : cette contrariété n’est pas  une simple opinion divergente  qu’on puisse combattre avec des arguments, non, elle est la preuve que leur idéologie est fausse , qu’il faut qu’ils se remettent entièrement en cause : d’où la haine abyssale que les idéologues ont  pour  leurs adversaires.  L’idéologie  passe avant toute autre considération . La dimension messianique de leur projet les fonde à mépriser le droit, la morale, ce qu’Orwell , plus que jamais d’actualité,   appelait la common decency, la culture, la démocratie, les fondamentaux  de la nature humaine. Dès lors que dans une démocratie une partie substantielle de la population est atteinte par le virus   idéologique, aucun compromis  n’est  possible avec l’autre partie. Dès qu’ elle n’est pas ultra-minoritaire, l’idéologie conduit à la guerre civile. C’est ce qui se passe aux Etats-Unis sous nos yeux.

 

Roland HUREAUX

 

  

 

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 10:50

LA STRATEGIE D’ENVELOPPEMENT DES DEMOCRATES AMERICAINS VA-T-ELLE REUSSIR ?

 

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article12394

21/01/2021

 

Il était contraire à tous les usages diplomatiques que presque tous  les pays d’Europe occidentale (Vatican compris !) et beaucoup d’autres dans le monde félicitent Biden dès le 7 novembre alors que le résultat officiel  de l’élection américaine n’avait  été proclamé nulle part – et pour cause, les résultats de plusieurs grands états faisant l ‘objet de procédures contentieuses lourdes dont nul ne sait sur quoi elles vont déboucher.

Parallèlement, presque tous les organes  de la médiasphère occidentale – désormais  presque aussi monolithique que celle des pays totalitaires jadis, font comme si Biden était déjà élu et tiennent pour de mauvais coucheurs et des retardataires les gouvernements qui  attendent la proclamation officielle  du vainqueur  pour se prononcer :  Russie, Brésil, Mexique, Israël, Pologne, Hongrie entre autres.

Pour ces deux derniers, des avertissements inquiétants ont fusé de la part de Bruxelles et de la presse dominante  en Europe occidentale  il va falloir que désormais, ils se mettent au pas  et cessent enfin de  faire obstacle au processus d’unification européenne. Avec Biden, ils n’ont plus le vent en poupe ! Vouloir conserver sa souveraineté  est de en plus   assimilé à un comportement fasciste.  L’avertissement ne vaut pas seulement pour Orban et Morawiecki   mais pour tout ce qui s’aviserait , y compris en France,  de résister  à la pensée dominante.

 

Une manœuvre internationale

 

On aurait tort cependant de considérer que cette vague de félicitations anticipées de  Biden résulte d’une juste appréciation du rapport des forces, qu’elle révèle que la balance penche de  plus en plus pour le candidat démocrate et que  Trump appartient désormais au passé ; si nous le croyons, c’est qu’il y a une  stratégie pour nous le faire croire.

La stratégie des  démocrates pour forcer l’ élection de Biden  - mais dans la campagne anti-Trump , ce sont  plutôt les maitres de l’ordre mondial que  le vieil appareil du parti démocrate qui sont à la manœuvre - ,   est double : d’abord une falsification des  résultats par toutes sortes de manœuvres  physiques et électroniques intervenues dans les  dernières heures du scrutin.

Ensuite un enveloppement par l’extérieur : il ne  suffisait pas que le résultat  favorable à Biden soit admis  par les médias  américains, il fallait aussi  que  le monde reconnaisse Biden vainqueur.  D’où la vague de félicitations anticipées à laquelle nous venons d’assister.  Contrairement à ce qu’on pourrait  penser, les grands de ce monde sont peut-être plus grégaires et faciles   à manipuler que les citoyens ordinaires [1].   Il est probable que des pressions ont été exercées sur chacun des gouvernements concernés. Pour l’Europe occidentale, ce n’était pas difficile :  ils sont tous acquis à la gouvernance mondiale qui, même sous Trump, voire malgré lui, inspire  les pays de l’OTAN .    

Il ne faut donc pas se fier  à cette vague de reconnaissance ; tout autant que la fraude électorale, elle fait partie du plan  et a été entièrement  organisée.

Qu’en sortira-t-il ? Depuis que Mike Pompeo a fait une tournée en Europe occidentale, en particulier en France, les félicitants de la première heure, Macron en tête,  se calment un peu. Que leur a-t-on dit ? Rien n’a filtré. Même si une  partie de la CIA lui était hostile, nul doute que Trump sait tout sur tout  le monde. Qui peut croire sérieusement que Pompeo a fait  une tournée d’adieux ?

Mais les Etats-Unis ont montré assez dans le passé qu’ils se fichent comme d’une guigne de l’opinion des non-Américains : en définitive, c’est à l’intérieur du pays que les  choses se décideront. Ce ne sont pas des arguments politiques ni même strictement juridiques   qui vont convaincre la Cour suprême quand le aura à rendre les derniers arbitrages. C’est l’état d’esprit de l’opinion américaine. Ou bien  Biden a vraiment  gagné l’élection et les manipulations, dont personne ne conteste la réalité, seulement l’ampleur,  n’auront   joué qu’à la marge : dans ce cas Biden sera  proclamé  élu , mal élu mais élu quand même.  Ou bien   Trump a vraiment gagné l’élection et, comme il le semble, une masse de plus en plus grande des Américains se rendra  compte de l’ampleur de la  fraude et alors l’indignation du peuple  américain, y compris de  beaucoup de démocrates,  un peuple  qui reste attaché en profondeur au respect de la loi , sera telle que Trump ne pourra pas ne pas être déclaré  vainqueur. C’est ce qui semble se dessiner aujourd’hui au fur et à mesure que les turpitudes du camp démocrate  viennent au jour.  Les félicitations des uns et des autres, y compris du pape, n’y changeront rien. 

 

Roland HUREAUX

 

    

 

[1] Le dernier sommet du G20 vient de l’illustrer.

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 10:48

COMMENT LES ETATS-UNIS EN SONT-ILS ARRIVES LA ?

21/01/2021

Dès qu’ils auront un certain recul, les historiens se demanderont comment un pays comme les Etats-Unis, longtemps tenu pour « la plus grande démocratie du monde », le champion du « monde libre » dans la deuxième guerre mondiale et la guerre froide, a pu tomber aussi bas que dans la dernière élection présidentielle.

Malgré la guerre de propagande, à sens unique puisque les démocrates ont le soutien de 90 ou 95 % des médias, peu d’observateurs doutent désormais qu’il y a eu une fraude gigantesque destinée à placer Biden en tête dans les toute dernières heures du dépouillement. Une fraude avouée avant le scrutin par Biden lui-même dont on a vite fait de mettre les propos sur le compte de la cacochymie. Peu accusent Trump et son camp d’avoir fait de même.   

Nous ne savons pas encore si les preuves apportées par les avocats de Trump sur cette fraude seront suffisantes pour empêcher Biden d’être proclamé président. En tous les  le candidat démocrate est élu, son élection restera durablement entachée du soupçon de l’illégalité et au moins la moitié des Américains tiendront le nouveau président pour illégitime, ceux ce qui ont voté Trump mais aussi ceux qui ont voté Biden et que la fraude scandalise (on suppose que c’est le cas d’honnêtes gens comme  Jimmy Carter ou Bernie Sanders).   Dans le contexte actuel, la reconnaissance de l’élection de Biden serait suicidaire pour le Etats-Unis.

Alors que s’est-il passé ?  Comment le parti démocrate, dont jusqu’à présent personne ne doutait qu’il méritait cette appellation en est-il arrivé là ?

Certes la fraude électorale a toujours existé aux Etats-Unis : l’élection de John Kennedy reste entachée d’un doute, celle de George Bush Jr aussi. Mais rien de comparable à ce qui nous est rapporté aujourd’hui de celle, encore à confirmer, de Biden.

 

Comment le virus de l’idéologie détruit la démocratie

 

Pour comprendre ce qui a pu arriver, il faut appréhender la révolution intellectuelle qui s’est produite au cours des dernières années, dans le parti démocrate et tout ce qui tourne autour dans les milieux administratifs, bancaires et surtout médiatiques. 

Malgré sa composante originaire sudiste, le parti démocrate américain, comme tous ceux qui lui sont apparentés de ce côté-ci de l’Atlantique, partis socialistes, « En marche » français et même, pour une part, les anciens partis conservateurs comme la CDU allemande, était un parti libéral de centre gauche classiques.  Classique c’est-à-dire n’ayant pas d’autre objectif que de bien gouverner, dans la nuance d’idées qui était la sienne mais de la manière la plus pragmatique.

Le virus de l’idéologie qui a pris le monde occidental a changé tout cela. A son fondement, une vision simplifiée de la réalité et la définition d’un sens d’histoire à caractère messianique. Les communistes d’autrefois se pensaient déjà comme les agents de la Révolution mondiale, prédéterminée par l’évolution historique   et destinée à révolutionner la condition humaine. Cela à partir d’une prémisse simple : tout le mal vient des classes sociales et de la propriété privée ; il faut les supprimer.  L’impérialisme néo-libéral se rattache lui aussi à de idées simples : ses adeptes se tiennent pour  les grands prêtres d’une transformation inéluctable de la société orientée par un nouveau sens de l’histoire. Ce nouveau sens de l’histoire conduit à l’abolition non plus de la propriété mais des états nationaux au bénéfice d’un Etat mondial, à l’abolition des frontières commerciales, financières, migratoires et sexuelles en vue d’un monde où les différentes cultures et les « genres » seront interchangeables et fongibles.   Le moteur de la transformation est cependant moins aujourd’hui une espérance qu’une panique : celle des pandémies qui justifie la chape de plomb du confinement, celle du réchauffement climatique qui fonde  aux yeux des mondialistes, l’émergence d’une gouvernance internationale ne laissant aux pouvoirs nationaux que le rôle d’exécutants, dans un environnement de    décroissance.

Certains pourraient tenir l’apparition de cette idéologie pour dépourvue de conséquences : après tout, toutes les sociétés ont leurs fous, alors pourquoi pas la société politique ?  Mais en réalité, l’idéologie porte avec elle des effets désastreux. La simplification des concepts abolit le doute et donc tout débat démocratique. Elle entraine une intolérance totale à tous les opposants, immédiatement rangés, sens de l’histoire oblige, dans la catégorie   des réactionnaires ou des obstacles  au bien de l’humanité, des fous ou des pervers.  C’est la racine de la tyrannie du politiquement correct qui étend son voile noir sur tout l’Occident. La véhémence de la posture idéologique est contagieuse : les minoritaires qui voudraient encore comprendre la complexité des choses se laissent impressionner et n’osent plus contredire les idéologues, jusqu’au point où la quasi-totalité des médias soutient    l’idéologie dominante.

Une autre conséquence est que la promotion et la mise en pratique de cette idéologie justifie tout. Dire qu’elle a un caractère religieux serait à la fois dépréciatif pour les religions et insuffisant. Toutes les idéologies rejettent le passé, diabolisé, et donc l’héritage judéo-chrétien. L’intolérance des idéologues est encore plus absolue que celle des religions d’antan. Ses tenants croient se fonder sur la raison, mais sont en réalité possédés par un délire rationnel car ces concepts simplifiés sur lesquels ils se fondent, ils les  poussent jusqu’à leur pires extrémités. Dans sa version communiste, l’idéologie a provoqué la mort de dizaines de millions de personnes. Dans sa version actuelle, elle fonde ses tenants à passer outre à toutes les considérations que d’habitude les hommes placent au plus haut : la morale qui interdit la fraude, le droit spécialement le respect de la constitution, la déontologie, l’exigence du pluralisme la presse, le respect des adversaires. Cette posture explique le fait que,    en rupture avec  toutes  les  traditions démocratiques des Etats-Unis,    les partisans d’Hillary Clinton, au lieu de jouer le jeu comme l’avaient fait tous ceux qui dans le passé   avaient  été  battus, ont tout fait pendant quatre ans pour saboter le travail du président régulièrement  élus mais tenu pour illégitime, comme un non-communiste pouvait être tenu pour illégitime ans l’ancienne Union  soviétique ; la même posture explique  les illusions que s’est faite  le camp démocrate  , illusions que se sont   exprimées  par des sondages  presque unanimement favorables à Biden : ce n’ était pas là seulement  là  l’effet de la   volonté de    tromper mais aussi  de la capacité à s’illusionner de gens qui n’imaginent pas une seconde  qu’on puisse avoir des opinions  différentes des leurs. D’où leur surprise le jour du scrutin, leur panique et leur volonté d’en modifier le résultat par tous  le moyen, y compris par une adjonction de milliers de faux bulletins Biden.

 

Vers la guerre ?

 

Enfin l’idéologie est très dangereuse : elle conduit à la guerre. Pour pactiser avec l’adversaire politique, intérieur ou extérieur,  il faut un certain relativisme ; or les idéologues   pensent tant qu’ils ont raison qu’il leur faut répandre, par tous les moyens aussi, leur idéologie à travers le monde. C’est sur cette base qu’ont été conduites les politiques de regime change et les printemps arabes, avec les millions de morts qui s’en sont suivis. Parce qu’il n’est pas idéologue et qu’il accepte des régimes différents, Trump n’a déclaré la guerre à personne.  Rappelons-nous sa réplique  à Hillary Clinton lors de la campagne de 2016 :   « Vous êtes candidate à la présidence du monde, je ne  suis candidat  qu’à la présidence des Etats-Unis ». L’idéologie ne sait pas se cantonner à « un seul pays ». Elle est universelle et  donc impérialiste. Comme elle rencontre nécessairement une résistance, elle est porteuse d’un lourd risque de guerre. Risque particulièrement actuel aujourd’hui  où les idéologues mondialistes,  dans leur manichéisme simplificateur, assimilent, au-delà de tout bon sens, Poutine à Hitler. 

Une dernière caractéristique de cette posture est  qu’ elle ne supporte pas l’échec : un  seul revers et tout l’édifice   s’effondre, comme  on l’a vu en URSS en 1990.  La première élection de  Trump était passée pour un accident de l’histoire. Sa réélection serait le signe de l’obsolescence de toute l’idéologie   mondialiste  libérale- libertaire. C’est pourquoi, pour  les partisans de celle-ci qui domine encore l’opinion mondiale, sa réélection ne pouvait pas arriver. Et si elle est arrive quand-même, la presse mondiale et presque tous les gouvernements  occidentaux s’enfoncent  dans le déni, jusqu’à reconnaitre l’ élection de Biden et à le féliciter,  contre tous les usages diplomatiques, avant qu’il ne soit proclamé.  C’est à un wishful thinking international    que nous avons affaire : Biden est élu parce que je veux qu’il le soit.  Tout cela laisse présager une crise de grande ampleur, mais une crise souhaitable quand même pour ceux qui ne veulent pas que le monde occidental tombe dans une nouvelle glaciation idéologique, qui    souhaitent le maintien de la démocratie, du pluralisme et de la liberté.      

 

Roland HUREAUX   

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 10:28

LA DIABOLISATION EST LA MARQUE D’UNE DEMARCHE IDEOLOGIQUE

 

Publié dans Monde et Vie – septembre 2020

 

S’il fallait définir le mal du  siècle, je dirais que c’est l’idéologie .

Mal du siècle parce qu’elle n’existait pas  dans les siècles passés. Elle  se déchaine une  première fois avec la  terreur révolutionnaire mais   se calme ensuite  jusqu’aux grands mouvements idéologiques du XXe siècle, tous criminels : communisme,  socialisme national.  

Aujourd’hui, depuis trente ans environ, surtout dans le monde  occidental  l’idéologie a pénétré partout : nous vivons dans un monde idéologisé  jusqu’à la moelle. Il ne s’agit pas forcement d’idéologies violentes comme  celles que je viens de citer, mais  elles aboutissent à un grand désordre dans la  société, à un recul de la liberté, de la démocratie, de la compréhension réciproque , de la légalité et pourraient s’avérer avoir des effets  indirects graves  :  appauvrissement, guerre civile, voire internationale , perte de l’héritage culturel et  de ce qu’Orwell appelle la common decency  ( Orwell).

Avant de définir l’idéologie, disons qu’elle se reconnaît d’abord à la diabolisation absolue et sans rémission de l ’adversaire ; les procureurs  de Staline traitaient leurs victimes de vipères  lubriques ; pour éduqué qu’il soit , c’est le registre où finit  tout  idéologue.  Les socialistes nationaux, dits nazis, avaient eux aussi leur démonologie à base de haine du juif.

Aujourd’hui, sous une apparence plus libérale, qui correspond de moins en moins à la   réalité, la diabolisation  vise tout ce qui est « politiquement incorrect » , une notion issue du marxisme  qui nous est revenue par les  universités américaines. Nous savons ce que recouvre cette épithète infamante : le racisme, l’islamophobie, la xénophobie ( à quoi les idéologues ramènent  tout souci, quel qu’il soit,   de l’intérêt de son propre peuple), l’homophobie, le machisme, le « climato-scepticisme » etc. 

 

Le vrai parti de la haine

 

L’idéologue définit  toute une série de tares  irrémissibles  et il  sue la haine , il suffit d’aller dans les prétoires pour le voir , pour tous ceux qu’il estime  en être porteur, c’est-à-dire tous ceux qui ne partagent pas ses préjugés idéologiques ;  et il les accuse, procédé classique  , eux,  de haine.  Qui a jamais rencontré un raciste, un vrai (il y en a quand même quelques-uns),  aussi haineux qu’ un prétendu antiraciste ?  

La haine idéologique est   plus que la haine tout court. Il parait que dans les guerres s’autrefois, les ennemis s’injuriaient copieusement avant de combattre. Il était rare, en effet, malgré l’Evangile ,qu’on ait jamais beaucoup  aimé ses ennemis. Mais enfin, si beaucoup de guerres se terminaient  en massacres, la « paix des braves » restait possible.

Avec les idéologues, elle ne l’est pas. Car la haine idéologique est  fondée sur un système qui se veut rationnel, même s’il ne l’est pas.  « Réactionnaire », par exemple est une injure idéologique  « Espèce de con », ne l’est pas.   L’épithète   « réactionnaire »   se réfère à une    théorie de l’histoire   comme progrès irréversible, où celui qui lui  résiste est voué au banc d’infamie. Inutile d’argumenter avec lui :  il  est malfaisant.  Pour Pierre Courtade, « intellectuel »   stalinien, Tito était « fasciste au sens scientifique  du terme. »

Cette haine de l’adversaire qui vise à son élimination pure et simple, transcende tout : le droit , y compris  constitutionnel , les droits  fondamentaux, la liberté de  presse et d’opinion , la culture, le respect de  l’autre, la simple justice  , l’honnêteté, pas seulement intellectuelle.   Elle cherche sans cesse à alourdir le code pénal de nouveaux  délits idéologiques restreignant le champ des libertés, appelle à la délation, instaure une police de la pensée . Elle va même jusqu’au déni de la science : la théorie de la relativité  fut bannie  en URSS comme « idéaliste », en Allemagne comme  juive.  La théorie du genre, devenue quasi-obligatoire en Occident,   est encore plus absurde que la théorie évolutionniste   de Lyssensko  promue par Staline. Avec l’idéologue, tout débat est  interdit.

Nous assistons aujourd’hui à la dégénérescence de la démocratie, d’abord  aux Etats-Unis,   où la confrontation Trump-Biden  pourrait se terminer en guerre civile si la victoire de l’un des deux  camps n’est pas assez nette, mais aussi en Europe.   Le Brexit avait déjà effacé de la langue anglaise l’expression  fair play . Si la France  n’en est pas encore là,  c’est parce que la domination du camp de la pensée unique , y reste  écrasante  [1]     

Certes, ce qu’on appelait les « démocraties occidentales » n’ont  pas de goulags . Mais les interdits professionnels pour raisons idéologiques ne cessent de prendre de l’ampleur , dans la presse ou l’Université[2]  . Le pluralisme de la presse ne cesse de se rétrécir : le temps vient où nous n’aurons  le choix qu’entre la Pravda et les Izvestia !  

 

Qu’est-ce que l’idéologie ?

 

Mais qu’est-ce que l’idéologie ? Nous ne l’entendons  pas au sens classique d’un  ensemble d’idées certes cohérent  mais respectueux du pluralisme.  Le point  de départ de la démarche idéologique, au sens où l’entend Hannah Arendt, ce sont :

  • Une simplification abusive et donc une falsification du regard porté sur la réalité à partir  de slogans sommaires : l’histoire se ramène à la  lutte des classes,  ou des races ;   la propriété , c’est le vol ;     les Etats sont dépassés, et donc il faut une totale liberté de circulation des  marchandises, des capitaux et des hommes dans le monde ;
  • Un projet messianique , ou à tout le moins « progressiste » , se proposant d’améliorer le monde de manière plus ou moins radicale , globale ou sectorielle,  pour aller vers  une société sans classes, un Etat mondial , le métissage généralisé   ou une émancipation  totale des mœurs  .   Celui qui s’oppose à ce mouvement est un ennemi du bien .

A   côté de grands projets de refonte totale de la société, le monde occidental   est également vérolé de par des idéologies sectorielles  : méthodes modernes d’éducation, « administration  managériale », disqualification du système pénal etc. Dans une société de plus en plus idéologisée, rien n’échappe désormais  à cette folie. Le grand ennemi des idéologies, c’est le bon sens ; il se fait de plus en plus rare.  

Les idéologues en chef, partis communistes ou socialiste-national  autrefois, oligarchie mondiale aujourd’hui ,  s’autoproclament les grands prêtres du progrès de l’humanité . Les membres de cette oligarchie , généralement très riches sont d’autant plus dangereux qu’au lieu de jouir tranquillement de leur  fortune,  beaucoup , tels  Georges Soros ou Bill Gates veulent absolument faire le bien , le bien idéologique, c’est-à-dire le mal.

Face à ces élites aux idées simples, il y a le peuple, les peuples. Les idéologues s’en méfient car il  reste généralement au peuple un peu de bon sens  et qu’il est le premier à souffrir des  folies idéologiques. On dénonce alors le « populisme ». Toute la tradition issue de la Révolution française assimilait le peuple ( vu de manière abstraite, il est vrai ) et le progrès  ; ils ont divorcé. Depuis trente   ans,  le peuple , selon les idéologues,  est l’ennemi du progrès.

Cela aussi explique leur crispation et leur intolérance  : ils se sentent cernés , d’autant qu’au fond d’eux-mêmes , ils ressentent ce qu’ont d’artificiels  leurs  concepts.

 

Si l‘espoir demeure, c’est des peuples seuls qu’il peut venir : malgré tous les efforts faits pour  diaboliser le peuple, le mettre entre parenthèses, il arrive, suffrage universel aidant, qu’il se réveille :  élection de Trump en 2016, Brexit en 2017, élections italiennes.  Demain la France ?

Le chemin de la vérité en politique est aujourd’hui simple : il n’y a plus ni gauche, ni droite, ni sociaux ni antisociaux, il faut combattre les idéologies qui minent nos sociétés. Face aux idéologies, pas de quartier. Mais pas non plus de contre-idéologie miracle, seulement le bon sens et la nature. Et comme l’idéologie est intrinsèquement mensongère, il y a la vérité. Elle est souvent moins flamboyante que les simplifications idéologiques pour des communicants en quête de slogans faciles. Mais soyons optimistes : les peuples la comprennent quand on sait la leur dire. Voilà notre espoir.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Et n’imaginons pas que de contrôler 90 % du paysage politique ou médiatique satisfera l’idéologue ; il veut 100 %. Les attaques récentes contre Valeurs actuelles ou  SOS Chrétiens  d’Orient sont significatives de la volonté de réduire les  ilots de dissidence ; si on laisse  vivre les adversaires  , c’est qu’ils sont assez  caricaturaux pour servir de  repoussoir .  

 

[2] Le statut de la fonction publique, qui, depuis l’arrêt Barrel du Conseil  d’Etat, ouvrant l’ENA aux communistes, semblait une protection ; il  l’est de moins   en moins, par l’extension de l’oral  ( qui tend à devenir un  contrôle de conformité)  ou le recrutement massif de contractuels.   

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 10:25

BIDEN SERA PLUS DANGEREUX POUR L’EUROPE QUE POUR LES ETATS-UNIS

21/01/2012

La victoire de Biden à la présidentielle américaine étant  confirmée, il est possible que la politique intérieure des Etats-Unis change, dans un   sens plus favorable aux très riches qui l’ont presque tous soutenu et d’une moindre protection des travailleurs pauvres (noirs compris) contre l’entrée, fatale pour eux, de  main d‘œuvre à bon marché et de produits chinois. Cependant la marge de manœuvre du nouveau président serait limitée car deux institutions essentielles, le Sénat et la Cour suprême, resteraient probablement  entre les mains  des  Républicains[1]. En outre, même si la justice arbitre in fine pour lui, Biden serait affaibli par un fort soupçon de fraude qui lui ôterait une grande partie de sa légitimité.

 

Biden promet un regain de militarisme

 

En revanche le président des Etats-Unis a les mains bien plus libres en matière de politique étrangère. Or ce que promet Biden, en premier lieu un regain du militarisme idéologique, est extrêmement inquiétant, en tous les cas pour l’Europe occidentale, peut-être pour la paix du monde.

Nous avions été beaucoup à pousser un soupir de soulagement quand Hillary Clinton avait été battue en 2016.  Pas seulement pour sa corruption abyssale – qui n’a peut-être d’égale que celle de Biden, mais parce que son  élection promettait une agressivité accrue à l’égard de Moscou, une relance de la  guerre de  Syrie pour vaincre  Bachar el-Assad , peut-être au prix de quelques centaines de milliers  de morts de plus,  un soutien renforcé à Erdogan , comme à tous les mouvements  islamistes, Al Qaida en tête, et peut-être une attaque sur l’Algérie et le Maroc pour les démocratiser ( après l’Egypte, la Libye et la Tunisie :   il n’y avait aucune raison pour Mme Clinton ,  grande prêtresse de  la gauche libérale-impérialiste, que la brise   des printemps arabes ne souffle pas jusqu’à l’Atlantique.)

Nous pensions naïvement que les démocrates avaient tiré la leçon de leur échec et étaient prêts à revenir à une politique internationale plus modérée , ne cherchant pas    par exemple à remettre en chantier les  régime change, fondés sur cette invraisemblable prétention à imposer partout dans le monde par la force  le modèle de démocratie occidentale (dont on voit dans quel état lamentable il se trouve  aujourd’hui).

 

 

Rien appris, rien oublié

 

Or c’est le contraire : les discours  de Biden avant l’élection font craindre que les démocrates  n’aient rien compris et   que Biden s’apprête   à revenir dans les ornières de la politique  de Bush, puis d’ Obama-Clinton,  en pire ( pour ceux qui l’ignoreraient, le clivage démocrate-républicain n’est plus pertinent  : la politique d’Obama continuait celle de Bush : déstabilisation  de la Libye, de la  Syrie et de l’ Ukraine après celles de l’Irak et de l’Afghanistan, seul Trump a changé de  ligne .)  

En quoi la politique de Trump a-t-elle rompu avec celle des prétendus néo-conservateurs (« néo-cons » et vrais faucons) ?  Il a d’abord pris ses distances avec l’universalisme qui fondait ceux-ci à intervenir sur toute la planète : « Je ne cherche pas à devenir le président du monde, seulement le président des Etats-Unis ». Biden promet au contraire le retour à l’universalisme idéologique.

Ensuite un changement stratégique essentiel. Alors que le triangle inavoué Clinton-Obama, était : les Etats-Unis s’allient   aux islamistes contre la Russie, les intérêts des Européens étant passés par pertes et profit, celui de Trump au contraire repose  sur un  rapprochement  avec la Russie contre  l’islamisme, une posture éminemment plus favorable aux Européens tant sur le plan de la sécurité du continent   que  de la lutte contre le terrorisme ( premier acte de Bush, la destruction de Daech en liaison avec les Russes alors qu’Obama le soutenait par en-dessous).  Au centre du projet diplomatique de Biden, une prise de distance et une posture plus offensive face à la Russie.  Ce n’est pas assez que la Russie soit entourée sur plusieurs de ses frontières (Pays baltes, Pologne, Ukraine) de batteries de missiles et de chars d’assaut (comme si les forces russes étaient massées au Mexique sur la rive sud du Rio Grande !). Non, pour Biden, c’est une posture de faiblesse, le signe de complicité inavouée avec Poutine. Qu’un tiers de son équipe annoncée vienne du lobby militaro-industriel et qu’il ait annoncé une nouvelle augmentation des dépenses militaires fait froid dans le dos. Biden a aussi annoncé le retour des forces américaines au Proche-Orient : pour relancer la guerre de Syrie, qui avait failli provoquer une guerre mondiale en août 2013  ?   Trump, bloqué par les procédures judiciaires démocrates n’a pu aller aussi loin qu’il le souhaitait pour se rapprocher de Poutine mais tous les Européens lucides se sont sentis plus en sécurité de savoir qu’ils n’étaient pas fondamentalement hostiles.  De même quand il a coupé tout soutien aux  djihadistes de Syrie et d’ailleurs.  Comme dans le pays manichéen que sont les Etats-Unis, il fallait un bastard, Trump a préféré s’acharner sur l’Iran que sur la Russie, mais sans lui faire la guerre :  qui ne voit que c’est bien moins dangereux pour nous ?  

 

Un pas de plus vers l’asservissement de l’Europe

 

Les partisans de l’Europe idéologique jubilent car  Biden promet de renforcer l’OTAN et de soutenir le processus d’unification européen.  Comment ne pas voir que ce serait la voie d’une  servitude aggravée  ?  L’ éditorialiste  d’un journal libéral n’a pas attendu la confirmation de la victoire de Biden pour avertir la Hongrie et la Pologne que désormais il faudra qu’ils cessent de faire les malins et qu’ils devront s’aligner sur Bruxelles car ils n’ont  plus (depuis l’élection présumée  de Biden) le vent en poupe. Sombre perspective aussi pour les citoyens du reste de l’Europe qui s’aviseraient encore  de contester le politiquement correct libre-échangiste, migratoire,  climatique, sanitaire et libertaire. Les défenses immunitaires de l’Europe occidentale contre l’islamisme, déjà faibles,  seraient, à un moment critique, encore affaiblies. La chape de plomb que nous impose l’idéologie prétendue libérale, soutenue des deux côtés de l’Atlantique par une presse aux ordres de la haute finance, ne ferait que s’alourdir. Cette chape de plomb est l’effet d’un mode de pensée idéologique, messianique et manichéen, qui ne peut que conduire, comme toutes les idéologies, à la guerre. Il serait temps que les 60 % d’une opinion européenne largement manipulée ouvre enfin les yeux sur le danger mortel que représenterait pour le   continent l’élection de Biden si elle est  confirmée.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

[1] En outre la majorité démocrate a la Chambre des représentants est plus étroite.

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