Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Roland HUREAUX

MrHureaux

Recherche

Articles RÉCents

Liens

4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:33

Entretien publié dans Monde et Vie

 

Si vous pouviez murmurer à l’oreille du nouveau président de la République, quel est le premier acte que vous lui conseilleriez de poser ?

Je lui dirais de ne pas faire de lois nouvelles et de commencer par abroger la plupart des lois et décrets de ces dernières années lesquels, pour une grande part, ont aggravé les problèmes au lieu de les résoudre. Cela est particulièrement vrai en matière d’éducation, de justice, d’administration territoriale, de droit de la famille. Jusqu’où faudrait-il remonter ? En tous les cas, il faut abroger presque tout ce qui a été fait au cours du quinquennat Hollande.

Cette proposition est en forme de provocation, mais elle est moins farfelue qu’il ne parait. Le théoricien marxiste Guy Debord, qui a inspiré un philosophe catholique comme Philippe Muray, disait que « la société du spectacle (celle où nous nous trouvons) ne peut plus se réformer que pour faire aller les choses de mal en pis ».

Qui pleurera la réforme du collège, la loi Egalité et Citoyenneté, la modulation des allocations familiales et naturellement les lois Taubira et bien d’autres choses encore, comme la réforme territoriale ou l’extension du délit d’entrave à l’avortement ?

Mais beaucoup d’erreurs ont été commises aussi dans les quinquennats antérieurs. Je pense par exemple que si on n’avait fait aucune « réforme de l’Etat » depuis 25 ans les dépenses publiques seraient de 10 % moins lourdes. Paradoxe d’autant plus étonnant que presque toutes ces réformes visaient à les réduire !

Europe, euro, immigration, éducation, culture, questions de société… Le gouvernement de la France a abandonné des pans entiers de souveraineté en même temps qu’il s’immisce à l’extrême dans la société civile. Par où faut-il commencer le redressement du pays ?

Il est clair que les chantiers sont immenses. Certains sont moins urgents : je pense que « plaie d’argent n’est pas mortelle » et que, quelle que soit la nécessité de relancer l’activité économique, de réduire les dépenses publiques, de réformer la fiscalité, d’aménager le territoire au bénéfice des zones déshéritées, on n’en est pas sur ces chapitres à quelques mois près.

Mais il ne faut pas attendre pour infléchir une politique étrangère totalement inféodée à l’OTAN et qui s’est avérée criminelle. Il faut ainsi cesser immédiatement d’aider les groupes djihadistes au Proche-Orient (l’opinion croit que nous les combattons, mais c’est le contraire !). Il ne faut pas attendre non plus pour définir une stratégie industrielle.

La question de l’euro, surévalué pour la France, est capitale : à moins qu’un vent de spéculation internationale ne le fasse éclater, le nouveau gouvernement peut, me semble-t-il, laisser passer quelques mois pour prendre des décisions.

Il en est de même pour une éventuelle réforme de l’Union européenne.

L’urgence est plus grande en matière d’éducation pour des raisons de calendrier : la rentrée scolaire est imminente. Un gouvernement de droite, quel qu’il soit ne saurait la faire dans le cadre tracé par Najat Vallaud Belkacem : compte tenu du délai requis pour faire de nouveaux manuels, le gouvernement devra faire sans délai les quelques réformes urgentes : abrogation de la réforme du collège, retour aux méthodes naturelles d’apprentissage de la lecture, restauration de l’histoire de France, priorité à la langue française etc. Je suggère qu’on reprenne tout simplement les circulaires Robien de 2007, absurdement abrogées par Sarkozy et qui étaient, au moins pour deux d’entre elles, excellentes.

Le problème principal de la France, comme de l’Europe, dont personne n’a parlé dans la campagne, est que sa population ne se renouvelle pas, surtout la population d’origine. La gauche a pris des mesures désastreuses : suppression des allocations familiales de la partie supposée aisée de la population, abaissement du quotient familial. Il faut revenir à ce qui existait avant, et même aller plus loin : la société est de plus en plus hostile à la mère et à l’enfant. Il y a les pressions qui s’exercent impunément un peu partout, y compris dans les familles et les entreprises, pour que les femmes avortent (alors que, comme vous le savez, ceux qui veulent les en dissuader sont passibles de poursuites). C’est toute la mentalité de nos contemporains vis à vis de l’enfant qu’il faut changer. Des gestes forts, pas forcément législatifs, doivent être posés très vite.

 

Un président peut-il afficher ses convictions chrétiennes et cela peut-il, doit-il peser sur ses choix ? Par exemple, face au « mariage » gay, au « droit » à l’avortement, à l’islam, à la mise en œuvre de la laïcité ?

Un président, comme autrefois les rois, a une mission capitale qui passe avant tout : maintenir la paix civile. Cela peut supposer une certaine discrétion dans les affaires religieuses si elles risquent de diviser la communauté. Philippe le Bel qui était un roi chrétien, petit-fils de saint Louis, n’a jamais perdu de vue que sa mission première était le soin du royaume. Le cardinal de Richelieu de même. De Gaulle allait à la messe le dimanche mais il ne communiait pas dans une cérémonie ayant un caractère officiel (sauf à l’étranger pour faire un geste envers le pays hôte). Vous me direz : alors Dieu ne serait pas le premier servi ? Mais rien ne serait plus désagréable à Dieu qu’une guerre civile qui, je crois que saint Thomas le dit, multiplie les péchés de toutes sortes (meurtres, viols, rapines, vengeances) ? Le président doit se montrer le président de tous.

La paix civile peut aussi passer par des mesures de fermeté qui ne sont pas de l’ordre de la morale ordinaire.

Quant aux questions que vous évoquez : mariage homosexuel (pas gai du tout), avortement, ce sont des questions de loi naturelle, autrement dit de morale laïque. C’est le Comité national d’action laïque qui aurait dû prendre la tête de la Manif pour tous pour défendre la morale naturelle. Si des catholiques s’en sont mêlés, c’est à titre subsidiaire, les autres ne le faisant pas : un peu comme le pape Saint Léon le Grand défendait Rome menacée par le Huns : ce n’était pas sa mission première mais la défaillance des autorités civiles l’y avait contraint.

Comme le dit Rémi Brague, il n’y a pas de morale chrétienne, ni de morale catholique. Le Christ se réfère à la loi naturelle (réitérée dans la loi de Moïse). Et cette morale n’est, pour l’essentiel, depuis la préhistoire, que le manuel de survie des groupes humains. Il n’est donc pas nécessaire d’être un chef d’Etat chrétien pour invoquer la loi naturelle qui est au fondement de toutes les sociétés.

Quant à l’islam, sa place dans la société doit aussi être subordonnée au souci de la paix civile. La laïcité a deux significations : la première, l‘exclusion de principe de toute acte religieux de l’espace public, position de quelqu’un comme Mélenchon. Elle n’est pas acceptable. La seconde, la subordination de l’expression religieuse aux exigences de l’ordre public est indispensable : elle ne suppose aucune règle générale, il y faut le sens de l’opportunité et le doigté.

Mais le problème de fond posé par l’islam en Europe est d’abord démographique et il n’a pas de solution facile. Il se poserait même si on arrêtait entièrement l’immigration. Il est à craindre que, si la France est un jour, ce que la prolongation des courbes laisse supposer, composée de deux blocs religieux de poids comparable, nous n’échappions pas à de graves troubles. Tous les précédents historiques, sans exception, le montrent.

         

Qu’est-il encore possible d’espérer de cette élection ?

Il n’y a pas à attendre de miracles d’une élection. Le sauveur suprême n’en sortira pas nécessairement. Un peuple a les chefs qu’il mérite ; je ne sais pas si nous en méritons de très bons.

Mais avec le quinquennat Hollande, nous avons eu l’impression de toucher le fond : outre les lois sociétales que vous savez, la déliquescence de l’éducation nationale et de la justice, une politique étrangère honteuse, qui a sacrifié le sort des chrétiens d’Orient et nos propres intérêts à l’idéologie, qui a contribué à semer la guerre en Europe. S’y ajoute le viol des principes les plus fondamentaux de la République et même de l’Etat de droit, dont l’instrumentalisation sans précédent de la justice au travers de l’affaire Fillon est un exemple. Peut-on avoir pire ? J’espère que non.

 

Enfin, sur le plan métapolitique, de quoi la France a-t-elle le plus besoin aujourd’hui ?

Depuis les Lumières, il était habituel d’opposer la raison et la foi ; on opposait aussi la morale naturelle, celle dont je vous parlais, aux exigences ecclésiastiques jugées exagérées ou contre nature.

Le pape Jean Paul II a renversé la perspective dans son encyclique Fides et ratio. Quand les hommes perdent la foi, ils perdent aussi la raison. De même que, si le fond chrétien est trop affaibli, la morale naturelle qui était, pour l’essentiel, commune à l’Eglise et aux vieux laïques comme Jules Ferry, part à vau l’eau.

La déraison en politique, cela s’appelle l’idéologie qui est le contraire du bon sens, du « sens commun » si vous voulez.

L’idéologie a aujourd’hui envahi tout. Ce n’est pas une grande idéologie du type du marxisme léninisme, ce sont des dizaines d’idéologies sectorielles comme le collège unique ou les idées de Bourdieu à l’éducation nationale, les idées libertaires et antifamiliales, le marché pur et parfait promu à Bruxelles, le droit-de-l’hommisme exacerbé à l’international qui a conduit à des catastrophes. L’idéologie, comme la gnose autrefois, fait perdre le sens du réel. C’est pour cela que je disais que la plupart des réformes de ces dernières années étaient mauvaises.

Mais derrière, il y a la société civile : si elle ne se renouvelle plus sur le plan démographique, c’est qu’elle ne croit plus à son avenir. Peut-elle retrouver la foi en elle-même sans la foi tout court ? Voilà une vraie question.

Propos recueillis par Jeanne Smits

 

 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:31

ALERTE ROUGE POUR LES CLASSES MOYENNES : MACRON VEUT LEUR MORT

           19/4/2017

http://www.bvoltaire.fr/alerte-rouge-classes-moyennes-macron-veut-mort/

 

Sous ses allures de jeune premier, Emmanuel Macron n’a pas « un problème avec les classes moyennes », il veut tout simplement leur mort.

Nommé ministre des finances le 26 août 2014, il avait commencé fort : moins de quatre mois après, le temps de préparer la loi de financement de la sécurité sociale, il leur sucrait les prestations familiales. C’est-à-dire qu’il les modulait en fonction du revenu et les supprimait   au-dessus d’un certain seuil. Au point que certains ont pu dire qu’elles étaient désormais réservées aux populations immigrées (les populations indigènes à faible revenu n’ayant, hélas, plus guère d’enfants).  Le plafond du quotient familial avait déjà été baissé par Ayrault.  Pour la première fois depuis la Libération qui avait mis en place notre système d’allocation familiales, longtemps tenu pour un modèle, les Français n’y avaient plus tous droit.  L’Etat a ainsi économisé un milliard. Ce projet avait déjà été agité par Juppé puis Jospin mais jusque-là, il s’était heurté à la résistance du mouvement familial. Fatigue face à des assauts répétés ? Cette fois il est passé sans difficulté. Il est vrai qu’il s’agissait d’une proposition parlementaire mais on sait que, en ces matières, le Parlement ne peut rien faire sans l’accord de Bercy. Derrière le quarteron de députées féministes qui avaient pris cette initiative, il y avait bien sûr Macron.

Son programme comporte deux allègement fiscaux majeurs : la suppression de l’ISF (pour les patrimoines financiers seulement) et celui de la taxe d’habitation, que presque  tout le monde paye, mais qui, pour une moitié de la population qui ne paye pas l’impôt sur le revenu, est le seul impôt.

Par quoi remplacer ces allègements ?  Cela n’est pas dit dans le programme qui a un caractère démagogique, mais on le sait par ailleurs : par un alourdissement de la taxe foncière, soit directe (il faudrait alors la doubler), soit sous la forme d’un loyer fictif venant s’ajouter au revenu imposable.  Inutile de dire que cet aloutdissment serait prohibitif pour certains foyers, dont beaucoup de retraités ayant laborieusement   acquis leur petit pavillon tout au long de leur vie et qui sont déjà si lourdement imposés dans certaines communes qu’ils doivent consacrer à l’impôt foncier 3 ou 4 mois de leur retraite.

Cela ne gêne pas les promoteurs d’un tel projet, notamment Jean Pisani-Ferry, issu de France Stratégies, boîte à idées du candidat : c‘est délibérément, qu’on veut par-là   obliger les Français à se détourner de l’immobilier pour les orienter vers les placements financiers. Les retraités évoqués devront donc vendre leur pavillon, redevenir locataires et acheter des actions. Il leur faudra « bouger ». En marche !

Il s’agit en théorie de réorienter l’épargne vers la production mais est-ce bien utile dans   un pays comme la France qui regorge d’épargne ? 

L’autre grande forme de patrimoine populaire est l’assurance vie. Là aussi le candidat Macron se propose d’en abroger les avantages fiscaux pour l’imposer au taux unique de 30 %.

Exonérations aux deux extrémités de l’échelle sociale, alourdissement au milieu, ce sont bien les classes moyennes qui sont visées par le candidat Macron. La définition des classes moyennes a évolué avec le temps. Nous proposons d’y inclure tous les Français ayant un patrimoine, faut-il modeste, composé principalement d’immobilier (en général la maison d’habitation). Cela représente environ 58 % de la population dont une partie de la classe ouvrière, la majorité des natifs et, de fait, très peu d’immigrés. Tous ceux qui travaillent ou ont travaillé, excluant ceux qui sont assez riches pour ne pas avoir à le faire ou ceux qui vivent d’assistance. Comme dans la réduction des allocations familiales, on voit bien de quel côté penche Macron. 

Déjà la loi Macron, transposant des directives européennes dont la philosophie est analogue, commençait à laminer les professions à statut (notaires, huissiers en attendant les pharmaciens), qui, dans bien des banlieues, assurent encore un encadrement social minimum.

 

Contre ceux qui « sont nés quelque part »

 

Il a là plus qu’un choix politique   ou social, il y a un choix de civilisation. Macron s’en prend à tous ceux, comme disait Brassens « qui sont nés quelque part « (le chanteur en faisait partie !). A ceux qui ont une attache territoriale, un héritage reçu et à transmettre. Par derrière, le projet d’une société telle qu’en rêvent les élites mondialisées : des individus mobiles, sans culture, sans patrie, sans repères, sans attaches, « en marche » certes mais, comme les enfants qu’entrainait le joueur de flûte de Harlem, en marche vers l’abîme.

Il vaut mieux que tous les gens de droite (ou même de gauche) appartenant à la classe moyenne et qui envisagent de voter Macron aient   cela dans l’esprit.

 

Roland HUREAUX

  

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:29

Un suicide pas tout à fait réussi

 

 Eric ZEMMOUR, Le suicide français, Albin Michel, octobre 2014, 534 pages.

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Un-suicide-pas-tout-a-fait-reussi

 

Au lecteur pressé qui n'aurait le temps de lire qu'une page de l'essai d'Eric Zemmour sur le "suicide français", nous recommandons celle qui traite de Louis Schweitzer (p.279), ancien PDG de Renault où est expliquée toute la cohérence entre la délocalisation de milliers d'emplois industriels, la multiplication par treize de son salaire et la présidence de la HALDE, sous-tendue par une conscience de gauche bien entendu.

Schweitzer apparait ainsi comme un personnage emblématique d'une génération où l’auteur tente de discerner les moments clef de ce qu'il tient pour le déclin de la France.

Une lecture en forme de chemin de croix :  pour qui a suivi la politique française des dernières décennies et sait déjà l’essentiel, Zemmour, pour peu qu'il en partage un peu le regard, remue le couteau dans la plaie !  Mais il  ne fait pas que cela :   ses   éclairages culturels  viennent utilement compléter les développements politiques :  le cinéma , avec le sinistre  Dupont la Joie d'Yves Boisset (1975) qui renvoie pour la première fois depuis 1789  à l'homme du  peuple français une image négative, des chansons prémonitoires comme celle d'Aznavour sur les homosexuels (Comme ils disent, 1972), le rôle du rap ou de Coluche ;   les éclairages sportifs , quant à eux,   révèlent une  vraie  compétence : ainsi est  décrite  la dénationalisation des équipes de football à la suite d' une décision dogmatique de la Cour de Luxembourg imposant aux vedettes du ballon rond  le principe de la  libre circulation des "travailleurs"  qui a transformé les grands joueurs en mercenaires. 

Sans doute aurait-il fallu distinguer, dans les étapes de cette "descente aux enfers" ce qui était inévitable, comme le déclin de la sidérurgie, les privatisations (pas toutes) ou une certaine mondialisation, de ce qui aurait pu être évité avec des politiques différentes, comme l'abandon du contrôle d'Airbus ou le droit du sol.  Mais l’auteur a une thèse : la mondialisation ne pouvait être que particulièrement   cruelle à la France dans la mesure où ses caractères historiques : Etat unitaire, héritage colbertiste, modèle social, lui étaient directement contraires. Il rappelle opportunément que l'initiative de l'Etat dans les années cinquante, soixante et soixante-dix est à l'origine de la plupart des    champions de l'industrie française :  aéronautique, espace, TGV, nucléaire etc. Il aurait pu ajouter «et européenne".

L'ouvrage, qui se veut une somme,  s'attache à ne rien omettre   de tout ce qui a contribué à raboter l'"exception française" et la France elle-même  :  mai soixante-huit  suivi du  ralliement des trotskistes au marché et aux logiques ultralibérales , l'essor du féminisme idéologique  ( qui a sans doute  le même rapport avec le bonheur des femmes que le stalinisme en avait avec celui des ouvriers   russes) , le regroupement familial,  le collège unique sacralisé par Haby,  ministre de Giscard, les lois mémorielles,   la revendication homosexuelle ,l'art contemporain,  la création de SOS Racisme à l'initiative de l'Elysée  qui , après le naufrage  de la gauche sociale,  a  assis   la nouvelle  gauche morale, la réintégration  de l'OTAN, l'adoption des  normes américaines, la transformation de l'IEP de Paris  sous l'impulsion de Richard Descoings  etc.

A la création de Canal Plus devenu selon l’auteur le chien de garde de la haine de soi, il aurait fallu ajouter la privatisation ostensible par Chirac de TFI, chaîne de référence, alors que la deux et la trois    restaient dans le domaine public ; les enseignants datent de l'éclatement du PAF vers 1987, la baisse de l’attention des élèves à l'école, la difficulté de plus en plus grande pour les adultes de les   contrôler. Zemmour n'évoque guère la décision prise par une gauche viscéralement hostile au monde rural, d'abandonner les politiques d’aménagement du territoire à partir de 1990, au risque    d'aggraver la concentration parisienne et le problème du logement.  La réforme de la PAC de 1992 donna le coup du lapin   à la vieille paysannerie française. L'auteur parle de   "Paris et la désespérance française ».

Zemmour rappelle le rôle de la gauche chrétienne ou postchrétienne dans l’attrition de l'Etat supposé "jacobin » :  Rawi Abdelal, professeur à Harvard a montré dans une étude jamais traduite le rôle décisif tenu au cours des années 1980 par les Français de cette école, les "Delors boys », dans l'accélération de la mondialisation financière où Warren Buffet voit la grande revanche des riches contre les pauvres.  Mais la gauche tout court   a su elle aussi détricoter   l'héritage de la Révolution française   avec la décentralisation, l'encouragement au communautarisme, la dégradation de l’école publique, le tout-marché (et son primat sur la démocratie au nom de l'Europe).

Certaines  innovations  dont les effets devaient s'avérer décisifs  sont passées  inaperçues  ,   personne   sur le moment n'en mesurant  la portée    : l'introduction des préambules  dans le bloc de constitutionnalité  sous Gaston Palewski (1971), porte ouverte au gouvernement des juges ; la loi Pleven ( 1972)  qui interdit toute discrimination sur la nationalité , votée à l'unanimité comme la loi Gayssot, comme la LOLF, comme  toutes les mauvaises lois ,  la loi Giscard qui interdit à l'Etat  de se financer par  la Banque de France (1973)  , loi sans laquelle la dette publique  ne  serait pas ce qu' elle est aujourd'hui.

La montée du gouvernement des juges a eu des effets fâcheux au cours de la période comme l’arrêt Motcho du Conseil d'Etat (1980) qui élargit le regroupement familial aux polygames ou l'avis de 1989 favorable au port du voile à l'école.  La loi est heureusement venue corriger en ces matières la jurisprudence.

On pardonnera quelques erreurs ici ou là : le Royaume-Uni n'a pas de régions ; Machiavel n'a sûrement pas déniaisé une France sortant vierge du Moyen-âge : un Louis XI que Chateaubriand appelle le "roi-jacobin » était déjà passé par là. Auraient pu être évités les poncifs inexacts sur le général de Gaulle : son   supposé maurrassisme, son   pacte avec les communistes ; on ne l'a jamais appelé le Père, sauf après sa mort.   Il n'est pas sûr que les centristes pro-européens qui appelaient de leurs vœux l’entrée de l'Angleterre dans le Marché commun aient été déçus par celle-ci :  la contradiction entre leur volonté d'élargissement et leur ambition supranationale   avait déjà   été relevée par le général de Gaulle. Zemmour cultive selon son habitude l’art des formules dont certaines sont un peu rapides : "c'était l'Etat qui faisait le droit ; à présent, c’est le droit qui fait l'Etat".

Pudique sur le sujet, comme il se doit, l’auteur ne mentionne pas ce qui sous-tend sans doute les évolutions qu’il déplore : la déchristianisation, qui n'avait jamais été aussi ample que dans la génération en cause. Peut-on suggérer que, à côté d'un dérèglement des mœurs après tout pas si grave, elle aurait pu entrainer   aussi, au moins dans les élites, un dérèglement des esprits ?  Quand la foi se retire, comme le montre Emmanuel Todd, l'idéologie occupe l'espace et avec elle la déraison.  On ne congédie pas impunément le Saint-Esprit. 

Il a été reproché à Zemmour d'avoir voulu réhabiliter Pétain. Ce n'était pas son intention. Il défend non pas Vichy mais la France, livrée depuis quarante ans   à une humiliante culpabilisation qui vise à saper la fierté nationale sans laquelle il n'est pas de nation vivante - et capable d'intégrer ses immigrés. C’est, non pas de la guerre comme on croit, mais de 1968 que date cette entreprise morbide ; et c'est   Jacques Chirac, non François Mitterrand, qui a identifié la France non plus à l'épopée gaulliste, mais à Vichy.  La première attaque est venue d'un historien américain, Robert Paxton, d’un pays qui, après les ruades gaulliennes, avait intérêt à abaisser la France. Mais la dénonciation obsessionnelle du pétainisme avait une portée plus large, de nature véritablement nihiliste, puisqu' à ce régime   était amalgamé de manière insidieuse    la morale traditionnelle (travail, famille, patrie) que la génération de 68 voulait détruire. Alors même que ces valeurs de toujours   avaient été tout autant exaltées par la Résistance.

Si nous devons nous cantonner à l'essentiel, nous ne ferions qu'une objection :  à l'égard de la vision qu'a l'auteur de l'Allemagne. En bon méditerranéen, il est, lui aussi, quelque part fasciné par elle. Il la tient pour une puissance sans cesse grandissante à laquelle la France aurait été contrainte au fil des ans, non seulement de céder le leadership en Europe mais de se soumettre. "La supériorité allemande est telle que la France ne pourra plus échapper sa vassalisation ». Est-ce si simple ? Il n'est de servitude que volontaire. La réunification n'a ajouté que 5 % de PIB à notre voisine, soit un an de croissance des Trente glorieuses, avec des montagnes de   problèmes (que nous l'avons aidée à régler au delà de toute mesure, au point de nous affaiblir plus qu'elle). Mais pour le reste, l’affaiblissement de la France, n’est   ce pas nous qui l'avons voulu   hors de toute exigence de notre voisin ? Déjà le préambule ajouté par le Bundestag en 1963 pour torpiller le traité de l'Elysée était l'œuvre d'un Français, Jean Monnet. Le franc fort puis la création de l'euro en 1993 résultent d’un mauvais calcul de Mitterrand qui ignorait tout de l’économie : il pensait que la réunification renforcerait l'Allemagne et que l'euro serait une compensation pour nous. Ce fut l’inverse : la réunification affaiblit durablement l’Allemagne et l’euro, tel qu'il a été conçu, c'est à dire un mark repeint, est à l'origine de l’affaiblissement de la France. Etonnante négociation de Maastricht où la France fait pression pour imposer à une Allemagne réticente une règle du jeu qui pourtant    favorise celle-ci ! Si Airbus est issu d’initiatives françaises, c'est volontairement que le gouvernement Jospin-Strauss-Kahn en transféra sans vraie contrepartie la moitié à l'Allemagne. A Pékin, on considère aujourd'hui que l'Airbus est un produit     allemand ! Il faut ajouter à ce tableau des capitulations sans défaite la guerre de Yougoslavie, règlement de comptes historique avec la Serbie, ennemie de toujours   de l'Allemagne et amie traditionnelle de la France, où rien n’obligeait Chirac à s’engager. Si l'Allemagne paraît aujourd’hui forte et la France faible, ce sont les élites françaises, toujours prêtes à trahir et, ajouterons-nous, d'une incompétence rare, qui ont fait ce choix.    Zemmour oublie cependant la fragilité de la prospérité allemande, fondée sur un appauvrissement sans précédent d'une partie de la population, la dégradation des équipements publics et une dénatalité qui épargne les dépenses scolaires. En définitive, une date nous parait plus importante que toute autre dans l'histoire de la relation franco-allemande :  à partir de l’an 2000, et pour la première fois depuis 1870, il y a plus de naissances en France qu'en Allemagne   -  et il ne s'agit pas seulement d’enfants d'immigrés !  Passée entre 1960 et 2015 de 46 à 67 millions d'habitants, la France est aujourd’hui le seul grand pays d’Europe à renouveler à peu près   ses générations. Est-ce pour cela que, seule, elle a opposé quelque résistance à   la vague du mariage homosexuel ?  Il y a en tous les cas des suicides plus réussis.

 

                                                                       Roland HUREAUX

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 13:27

Avant de rependre le transfert des articles, je suis heureux de vous annoncer que je viens de publier un  nouveau livre  qui nous sort des sujets politiques habituels mais, en ces temps troublés, représente  un   retour aux fondamentaux de notre civilisation :

 

        JESUS DE NAZARETH, ROI DES JUIFS

        Desclée de Brouwer, 570 pages

 

Bon connaisseur de l’Antiquité romaine, l’auteur s’efforce d’insérer au plus près  la vie de Jésus dans la continuité du contexte politique, économique et social de son temps. Considérant que la principale source reste les quatre Evangiles, il pose par hypothèse que ses auteurs, juifs imbus du 9e commandement « Tu ne porteras pas de faux témoignage », ont voulu faire un récit véridique. Ce qui pose, entre autres, la question des miracles.

Les faits sont pour lui plus importants que l’interprétation symbolique.

Jésus de Nazareth, roi des juifs est la pancarte (titulus) que Pilate affiche en haut de la croix. En abrégé INRI.

Le livre insiste donc sur la dimension royale, prenant au sérieux le titre de « fils de David » et donc héritier légitime du trône d’Israël que la foule attribue à Jésus sans que personne ne le lui refuse. Hérode moins que personne qui fait tout pour éliminer un rival. Pilate y insiste aussi « Crucifierai-je votre roi ? ». Le titre de messie, en revanche, est vivement contesté.

Dans la Judée du Ier siècle, avoir une origine illustre et un métier modeste (charpentier) n’était pas incompatible, les Juifs, à la différence d’autres peuples, n’interdisant pas aux plus illustres d’exercer un métier manuel.

L’auteur insiste sur la dimension juive de la figure de Jésus, démontant de fausses oppositions, comme celle de la Loi et des Béatitudes. Parmi les groupes auxquels se heurte Jésus, les Pharisiens sont à la fois les plus hostiles et les moins éloignés : l’expérience politique de l’auteur lui a appris comment les petites différences font les grandes haines.  

Fidèle à la loi juive, Jésus la comprend différemment des Pharisiens : une meilleure hiérarchie des commandements, un retour à ce qui en fait la raison d’être : le sabbat est fait pour l’homme et non l’inverse.  Il en durcit certains : indissolubilité du mariage, interdiction de haïr, de jurer.  L’idée que Jésus serait venu adoucir la Loi et y ajouter le commandement de l‘amour et la miséricorde (déjà très présente dans a Loi juive) est fausse.  

Comme chez les Maccabées, puis les Pharisiens, les Zélotes ou les Esséniens, l’attachement à la loi est pour Jésus une manière de résister à la toute puissance de la civilisation hellénistique dominante. Mais, pas plus que les Pharisiens, il n’envisage une révolution violente.

Hureaux tente de comprendre ce qui a déterminé la mise à mort de Jésus, exécutée par l’autorité romaine à la demande du grand prêtre Caïphe : plus que son enseignement, la crainte que l’agitation qu’il suscitait ne rompe le pacte « colonial » entre la puissance romaine et les élites juives.

S’y ajoutent le fait anthropologique (non spécifique aux Juifs), décrit par René Girard du caractère sacrificiel de toute royauté ou encore l’hostilité naturelle des bureaucrates (scribes) et des leaders charismatiques.

Sur toute une série de questions, l’auteur tente d’apporter des éclairages nouveaux :

- Le jeune homme riche ne serait-il pas Saul, le futur Saint Paul ?

- Les paraboles sont-elles un enseignement à la portée du peuple ou au contraire une manière cryptique de parler, réservée aux initiés ?

- Quelle opinion avait Jésus de la richesse, de pouvoir, du ciel, de l’enfer ? A-t-il voulu fonder une religion ?

- Jésus était un surdoué : quelles langues savait-il, outre l’hébreu et l’araméen :   le grec, le latin et les autres langues de la région ?

- Pourquoi les Esséniens sont-ils absents des Evangiles ?

- Les frères de Jésus étaient-ils de vrais frères ou des cousins ?

- Quelle était l’état de l’opinion à Jérusalem avant l’arrestation ?

- Jésus Christ a une relation très particulière avec les femmes, en particulier Marie Madeleine, ce qui suppose que, contrairement aux légendes pieuses, il ait pris à un moment donné ses distances avec sa mère Marie.

- L’auteur évoque dans un chapitre final les récits de la Résurrection.

La couverture est illustrée par un tableau peu connu d’Honoré Daumier, Ecce homo, le célèbre caricaturiste du XIXe siècle.

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 13:20

Chers Amis,

Des  circonstances indépendantes de ma volonté m'ont empêché  pendant quelques mois de transcrire mes articles sur mon blog.

Je vous remercie d'autant plus d'y être restés fidèles.

Je reprends la publication.

En raison du retard  accumulé, vous allez recevoir un nombre important d'articles dont certains ont été déjà publiés dans la presse,  mais pas tous.

Ils seront  publiés par ordre chronologique, les plus anciens  d'abord.

Quoique pour certains, les circonstances ont un pu évolué, je pense que la plupart gardent leur intérêt.

Bien cordialement à vous.

Roland Hureaux

 

 

Partager cet article
Repost0
18 mai 2021 2 18 /05 /mai /2021 17:51

La France n’a rien à se reprocher au Rwanda, au contraire.

Les accusations qu’on porte contre elle sont de deux sortes.   La première a   fait long feu : comme l’a rappelé Edouard Balladur, alors premier ministre, les forces de l’opération Turquoise, dépêchées au Rwanda à la demande du Conseil de sécurité pour une mission pacifique d’interposition de deux mois (juin- août 1994), n’ont, ni de près ni de loin participé au génocide des  Tutsi.  Bien au contraire, elles ont sauvé des dizaines  de milliers de vies.   L’actuel président du Rwanda, Paul Kagame, tutsi, a lancé cette accusation en 2004 quand la justice française l’a mis en cause à la demande des familles des deux pilotes français tués dans l’attentat du 6 avril 1994 à Kigali ( capitale du Rwanda) . Cet attentat a coûté la vie   aux présidents du Rwanda et du Burundi, tous deux hutu.  C’était la première fois qu’il y avait deux présidents issus de la majorité hutu dans ces pays  dirigés par la minorité tutsi  depuis le Moyen Age - ce qui montre l’absurdité de l’idée répandue par Kagame selon laquelle les Tutsis seraient les Juifs de l’Afrique des Grands Lacs !  Autre rumeur absurde, imposée sur le moment à l’opinion mondiale : que cet attentat, visant deux présidents hutus, aurait été le fait des Hutu !  Le 24 décembre 2019 au soir, la justice française a pourtant prononcé un non-lieu qui ne l’honore pas car le monde entier sait aujourd’hui, par des  transfuges, que le président tutsi   a seul ordonné  cet attentat. Kagame n’a jamais autorisé la moindre enquête de la justice internationale au Rwanda. Le non-lieu explique que les accusations contre l’armée française aient été mises en veilleuse, l’autre raison étant la proximité des élections françaises[1].  

 

Une coopération normale

 

La deuxième accusation est que la France serait responsable du génocide par la politique qu’elle avait menée dans les années antérieures. C’est là-dessus que met l’accent le rapport Declert demandé par le président, selon la même méthode qu’il a   appliquée à l’Algérie : sous prétexte d’apaisement, confier une mission d’étude à une personnalité entièrement acquise aux thèses des accusateurs . Dans les deux cas, l’étude conclut à la culpabilité de la France et, au lieu de panser les plaies, les envenime.

La France s’était engagée, dès la présidence Giscard d’Estaing, dans une coopération militaire classique avec le Rwanda  comme avec beaucoup d’autres pays francophones d’Afrique.

Le Rwanda était sans doute une dictature à parti unique et un pays corrompu mais ni plus ni moins que d’autres, plutôt plus libre que ce qu’il est devenu sous Kagame. La majorité hutu (85 % de la population) avait pris le pouvoir à l’indépendance grâce au jeu démocratique.  Le colonisateur allemand, puis belge, ayant réservé l’instruction à l’aristocratie tutsi (10 % de la population), le régime avait instauré une discrimination positive en faveur des Hutu   pour éviter que les Tutsi  n’occupent toutes les places .  Des pays démocratiques l’ont fait sans qu’on les taxe de racisme. Dans les années quatre-vingt, le pays passait pour « la Suisse de l’Afrique », ce qui était sans doute exagéré.  

La guerre a commencé quand en 1990, avec des Tutsi émigrés dans l’Ouganda voisin en 1962, Kagame a décidé de conquérir le pays pour rendre le pouvoir à la minorité tutsi. Il avait l’appui discret des services secrets  anglo-saxons et surtout de compagnies privées qui espéraient mettre la main sur les très riches gisements   de métaux rares du Kivu (Congo)  , la province voisine, ce elles ont fait    quand Kagame après avoir pris le pouvoir au Rwanda  en 1994  a envahi le Congo-Kinshasa en 1997. La France a naturellement continué à assister un gouvernement issu de la majorité. Et ce ne sont pas nos militaires qui ont appris aux populations à se servir du coupe-coupe, principal outil du génocide de 1994 !  

A la demande de la France, ont été conclus en août 1993, les accords d’Arusha qui prévoyaient un cessez-le feu avec interposition de l’ONU et l’arrêt de toute aide militaire des deux côtés. Pour être bref, cet accord a été respecté par les Français et pas par les Anglo-Saxons permettant à Kagame d’avancer vers la capitale où 1 million de Hutu en fuite devant l’envahisseur s’étaient réfugiés. En 1993, l’armée tutsi du Burundi voisin avait tué plus de 100 000 Hutu. La terreur et la colère des Hutus après l’attentat qui a coûté la vie à deux présidents hutus se déchaine immédiatement. Combien de victimes ? Il y avait 700 000 Tutsi  dans le pays et il en reste encore 300 000 après la guerre. Ils s’ajoutent aux centaines de milliers de Hutu massacrés par Kagame pendant la conquête.  La France qui n’avait plus de soldats sur place n’a pu rien faire dans l’immédiat. Elle fut en définitive la seule puissance à tenter de s’interposer mais bien tard. La force  de l’ONU, scandaleusement, n’a pas bougé. 

L’affaire ne s’arrête pas là.  Trois ans plus tard, Kagame envahit avec son armée tutsi, escortée de conseillers anglo-saxons, l’immense Congo voisin, ce qui provoque la chute du régime de Mobutu . Il poursuit alors dans tout cet immense pays les réfugiés hutus. Au total, selon l’ONU, plus de 4 millions de victimes :  hutus mais aussi congolais.

Comme cet épisode est soigneusement occulté par ceux qui font l’opinion mondiale, Kagame passe pour le sauveur qui a arrêté le génocide de 1994. Seul le Dr Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, congolais, a eu le courage d’élever la voix.

Boutros Boutros-Ghali, alors secrétaire général des Nations-Unies, n’a pas hésité à dira que les massacres du Rwanda étaient à 100 % de la responsabilité des Etats-Unis. Qui les met en accusation ? Il est vrai que la France est le seul membre du Conseil de sécurité duquel on exige des repentances.

Non seulement la France n’a rien fait de répréhensible mais elle peut s’honorer d’être le seul pays à avoir tenté de faire obstacle à une des opérations les plus criminelles qui aient été.

Kagame a l’éthique d’un seigneur de guerre. Plus la France s’abaissera, plus il la méprisera.

 

Roland HUREAUX

 

[1] Malgré la fausseté totale des accusations portées contre eux, aucun président n’a pris la défense de nos soldats. 

Partager cet article
Repost0
11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 19:45

Différentes circonstances m'ont empêché de mettre sur le blog mes articles d'actualité ou de réflexions pendant plus d'une année.

Sachez que j'en suis profondément désolé.

J'ai décidé de reprendre mon blog , selon ma méthode personnelle : je ne cherche pas à écrire systématiquement sur tout ce qui advient ni à  produire systématiquement un message par jour ou par semaine.

J'écris quand j'en ressens la nécessité et , après avoir envoyé l'article  à tel ou tel organe de presse ( qui le publie souvent mais pas toujours) , je le place dans le blog à la suite des autres.

J'ai effectué un rattrapage , vous envoyant ce que j'avais omis de publier dans l'année, pas toujours dans l'ordre.  Vous aurez désormais les articles au fur et à mesure de  leur rédaction.

Puisque vous  trouvez de l'intérêt à ce blog, vous pouvez en parler autour de vous ou basculer les liens de tel ou tel article à vos correspondants habituels qui pourront, s'ils le désirent, s'abonner ( gratuitement).

Bien cordialement à vous.

Roland Hureaux

Partager cet article
Repost0
11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 19:42

 

Combattre les violences faites aux femmes est une juste cause .

Le harcèlement professionnel ou artistique est odieux .

Mais bien plus encore le féminicide :   121 femmes victimes en 2019. Augmentation ? Les chiffres semblent  stables. Ce type de meurtre n’en est pas moins particulièrement abject.  

Les femmes battues sont beaucoup plus nombreuses.

La prévention de ces turpitudes  n’est  pas facile  : encourager les femmes à dénoncer un compagnon ou un mari violent ?  Mais celles qui n’ont pas peur de le faire ne sont pas celles qui courent le plus de risques. Celles qui sont victimes sont généralement celles qui n’osent pas le faire.   

Il est cependant regrettable que les campagnes contre ces  crimes ou abus soient doublées  d’une petite musique qui laisse entendre  que ces actes  de barbarie  seraient  la persistance  d’un  passé archaïque qu’il faut une fois pour toutes liquider,  les restes d’une oppression millénaire des femmes  à  laquelle la modernité doit mettre fin.

Rien n’est moins sûr.

La vieille société européenne et chrétienne   connaissait certes les violences  contre les  femmes mais ne les encourageait  nullement .

Rien à voir avec l’Islam où  une  sourate du Coran,  d’ailleurs ambigüe, laisse  entendre  que ce genre de violences pourrait être  légitime.

Un homme qui frappait  sa femme  dans un village d’autrefois  s’exposait à la réprobation  publique , d’autant que cette pratique allait   généralement avec l’alcoolisme, socialement condamné . Là où l’autorité du curé était encore préservée, le mari  risquait d’essuyer une rude semonce de celui-ci.

Là où la foi ancienne était  encore solide, tous savaient que c’était là un péché mortel : pas parce qu’il s’agissait d’une violence contre une femme  mais parce que c’était  une  violence tout  court. Il fallait donc s’en confesser  au risque d’aller  en enfer

La déchristianisation a effacé ces repères. L’urbanisation a dissout les  communautés où  chacun était responsable devant tous ; aujourd’hui les individus appartiennent à  des réseaux qui se côtoient sans se connaitre. La responsabilité, si responsabilité il y a,  ne s’exerce que dans un  groupe de référence, forcément cloisonné, parfois, pour des individus très désocialisés,   devant personne.

La modernité n’ pas seulement affaibli le anciennes barrières morales qui régissaient les comportements. Elle a encouragé dans   l’après-guerre les idéologies qui discréditent les  disciplines ancestrales. L’école philosophique de Francfort ( Adorno, Reich, Marcuse ) a diffusé, d’abord en Allemagne puis dans tout l’Occident ,  l’idée qu’une    éducation trop stricte était le terreau du nazisme. Mais qu’est-ce qu’une éducation stricte   sinon celle qui s’attache à inculquer le respect d’autrui – pas  de telle ou telle catégorie,  mais d’autrui en général ?  

L’idéologie  soixante-huitarde qui en procède, condamnant   la   morale,    a perdu de vue  cette idée fondamentale  que la morale est  commutative : le mal que je fais , un autre, généralement en pâtit. Les droits de  l’un sont limités par les droits tout  aussi légitimes de l’autre – ou des autres . Commet respecter le droits de l’autre  , sans une éducation appropriée , qui ne  se réduit pas, quoi qu’on en ait dit, à la répression     sexuelle ?  

Plus pernicieuse cette  idée qu’il « est interdit d’interdire », que chacun a de temps en temps le droit de  « s’éclater » de se « lâcher » . Une idée issue d’une psychanalyse sommaire – pas celle de Freud ni de Lacan, au contraire – et du surréalisme adepte de  l’authenticité ,  de la légitimité du désir immédiat . « S’éclater » , pour   des  gens convenables, ce peut être  aller danser jusqu’à pas d’heure ou raconter de bonnes blagues; pour des gens plus primaires  ce sera  relâcher les  contraintes qui interdisent par exemple    de cogner sur son entourage. L’idée que le désir est autojustifictif  ne concerne pas que la pulsion sexuelle ;  après tout  le désir de  frapper autrui  n’est-il  pas aussi une  forme de désir sexuel ? Justifié par l’accord du partenaire, forcément ambigu , le sado-masochisme n’est-il pas accepté dans  certains  milieux ?  

Il se peut que les violences  faites  aux femme procèdent de la persistance de comportements archaïques . Mais il y a de forte chances que la modernité : déchristianisation, nouvelles normes libertaires ,   discrédit de l’éducation  morale classique,  leur aient ouvert un champ  plus large qu’autrefois.  

 

RH    

Partager cet article
Repost0
11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 19:40

 

L’épidémie du Covid-19  et surtout les mesures qui ont été  prises pour la combattre, principalement   le confinement,   ont généré ou aggravé  quatre  fractures de la société française.

La première   s’est creusée entre les personés âgées et les autres. Ce sont déjà , du fait de  la nature,  les personnes âgées qui sont  plus affectées par la maladie. Mais les circulaires du ministère de la santé  prévoient qu’au-delà de 70 ans, elles ne seront plus prioritaires dans l’admission aux  soins intensifs. La chloroquine interdite, il ne leur reste plus en cas de contagion que d’attendre chez elles et , s’il y a aggravation, la perspective d’une sédation profonde  ( autre nom de l’euthanasie). Le   seul  fait de risquer  de  se voir appliquer  ce traitement – ou  non-traitement  -  ne peut   être qu’  anxiogène.

L’autre  fracture est économique et  financière : le clivage entre la France à revenus garantis : fonctionnaires, retraités, salariés de grandes structures comme les banques et le  tertiaire où le télétravail était possible ,  qui a pu continuer  et continuera à être payée  et la France  qui a vu s’effondrer tout à coup ses rentrées d’argent  : commerçants et artisans, PME , entreprises de transport ,  bref l’essentiel du secteur productif.  Il est inexact de dire que l’Etat subventionne le chômage partiel.  Le mot partiel fait illusion :   c’est du chômage tout  court qu’il s’agit , partiel pour  l’entreprise,  et encore pas  toujours,  et total pour le salarié. Par une approche moins hystérique  et un confinement plus souple, l’Allemagne a mieux protégé son secteur reproductif.  On attentait du gouvernement  quelque geste fort de  solidarité nationale pour permettre à l’économie de repartir le jour  venu à plein régime , par exemple une garantie des  revenus  des  professions affectées  ou un moratoire sur  les dettes fiscales  et sociales et sur les dépôts de bilan  : rien ne vient  ; le risque que la prudence des consommateurs aidant, la crise se prolonge,  est sérieux.

La troisième fracture concerne le confinement : il est très inconfortable  pour les uns, ceux qui vivent dans de  petits  appartements, sociaux ou pas, dans les villes et ceux qui ont  pu quitter la région  parisienne ( 20% de sa population, dit-on) pour rejoindre des maisons de campagne plus ou moins spacieuses.

Mais il est  une quatrième fracture dont on a peu parlé, et qui est sans doute  la plus choquante  : entre la  caste des  super-pistonnés du monde politique, médiatique ou médical qui peuvent se faire prescrire par un  médecin compréhensif  le traitement  du Pr Raoult , à base de chloroquine et d’antibiotiques et le commun de mortels qui se heurte à l’interdit imposé par le ministère de la santé.  A ces privilégiés , on peut ajouter l’armée française qui a commandé 70 kg de chloroquine.  Comment une société avancée, qui se targuait de l’excellence de son  système de santé ,  a-t-elle pu accepter que, selon les directives ministérielles, le médicament le moins inefficace soit refusé  aux populations à qui on n’a rien d’autre à dire  en cas de contamination que :  restez chez vous et prenez   du doliprane !

Qu’un tel  discours  ait été reçu  par le grand  nombre, alors que chacun  en haut lieu  s’efforce d’échapper ces  prescriptions (ou  non-prescriptions ) , sans susciter une immense  révolte , témoigne du degré d’ asservissement mental qu’on a réussi à inoculer à   notre société. 

 

Roland HUREAUX  

Partager cet article
Repost0
11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 19:38

LE SECRET DE L’AFFAIRE POLANSKI

 

Tou(te)s  les excité(e)s qui protestent contre  les nominations de Roman Polanski à la cérémonie des César pour son admirable  film J’accuse, ignorent  sans doute les    tenants  et des aboutissants géopolitiques  de  l’affaire.

Au  point de départ : Roman Polanski est accusé du   viol  d’une adolescente de 14 ans dans une réception hollywoodienne de 1977, soit il y a plus de quarante ans. Affaire classée depuis longtemps  par la justice américaine non sans que le  réalisateur ait versé  une indemnité conséquente  à la mère de l’adolescente.   Les points obscurs sont  nombreux :   que faisait cette  jeune fille dans ce genre de réception dont on sait comment elle tourne le plus souvent ? S’agit-il vraiment d’un  viol ou d’une simple relation sexuelle ? Ne s’agit-il pas d’une manipulation de la mère de la  jeune fille pour extorquer le maximum à Polanski, ce à quoi elle est parvenue  ?  Circonstance  atténuante  pour  Polanski : le choc qu’avait   représenté pour lui l’assassinat de sa jeune femme enceinte , Mia Farrow, par le démoniaque Manson  quelques  années plus tôt ( 1969 ) .

Toujours est-il que, bien que l’affaire soit classée depuis longtemps, elle est réveillée en 2009 par un juge américain qui demande l’extradition de Polanski,  résidant en Suisse . 

Pourquoi ce  cold case est-il soudain sorti du tiroir ?  Alors même que la jeune fille, devenue sexagénaire , déclare ne plus en vouloir du tout au cinéaste et lui écrit même de temps en temps.

Comme par hasard , la justice américaine ( dont l’affaire Alstom a montré aux naïfs qui l’ignoraient   la politisation  ) réveille l’affaire au moment précis  où Polanski termine   son  tout  aussi admirable film  : The ghost writer  ( intraduisible, disons  le « nègre »)  . Ce film , sorti en 2010, raconte comment un jeune diplômé est embauché par  un ancien premier ministre britannique  pour   rédiger ses mémoires.  Le ghost writer enquête et découvre  peu à peu comment toute  la  carrière du premier ministre a été programmée dès le commencement par les services secrets  d’une grande puissance d’outre-Atlantique pour s’assurer du contrôle du Royaume-Uni. Toute ressemblance avec  Tony Blair  ( ou  d’autres  de ce côté-ci de la  Manche) est bien sûr purement fortuite…

Un film essentiel : c’est tout le système de domination de l’Europe occidentale    par l’Amérique depuis un demi-siècle   qui est mis au jour.

Si ce film avait été l’œuvre d’un  obscur cinéaste   pour salles d’art et essai, il serait  passé inaperçu.  Mais là,  c’est le grand Polanski , membre à part entière du Système,  qui vend  la  mèche.

Les représailles ne se sont pas fait attendre et si les Européens se sont gardés d’extrader Polanski (encore heureux) , sa vie continue d’en être  sérieusement  empoisonnée, avec la participation d’extrémistes de tout bord  toujours prêt(e)s à jouer les soutiers des puissants. 

Comme on  le voit le fond de l’affaire Polanski  n’a rien à voir avec la question féministe, mais  tout à voir avec la  résistance à l’ordre mondial.

 

Roland HUREAUX

Partager cet article
Repost0