Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Roland HUREAUX

MrHureaux

Recherche

Articles RÉCents

Liens

4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 15:06

JUSTICE ET SUCCES TERRESTRES DANS LES PRINCIPALES RELIGIONS

 

https://www.iveris.eu/pdfdn.php?id=349

           24/06/2018

Toutes les religions ayant une dimension morale ont à répondre à une question fondamentale :  les succès terrestres sont-ils le signe que leurs bénéficiaires sont meilleurs et qu’ils ont raison ?   Répondre positivement n’est pas absurde dans la mesure où toutes les morales, pour l’essentiel, ont un fondement anthropologique : elles visent à réguler la nature humaine dans le but de lui faire atteindre le meilleur. C’est ce qu’exprime   par exemple le livre des Proverbes : « Observe mes préceptes, et tu vivras » (Pr 7,2).

Qui doute que la sobriété soit plutôt meilleure pour la santé et même pour la réussite sociale ? Ou le bon ordre des familles pur l’éducation des enfants ?   Il en est de même pour tous les préceptes   largement communs à toutes les religions.

Mais d’autres, observant la réalité de la société, voient que la justice ne profite guère aux justes, que les méchants et les injustes remportent des succès que personne ne semble leur disputer alors qu’au contraire, les bons, les doux sont victimes. Il n’y a donc   pas, dira-t-on,  de justice immanente, en tous les cas en ce bas monde.

Les différentes religions se sont positionnées sur cette question de manière diverse.

 

Religions du succès

 

Au sein de la tradition   judéo-chrétienne, s’observe une évolution. Le Pentateuque (dit aussi la Tora) qui ouvre la Bible est presque entièrement sur le premier positon : les Juifs concluent une alliance   avec Yahvé, le Dieu unique, et ce dernier les assistera dans leurs desseins à condition qu’ils obéissant à ses commandements.

L’islam se situe presque entièrement dans la même lignée. Sa figure emblématique, le prophète Mahomet, n’est pas seulement un homme de Dieu chargé d’annoncer la révélation qu’il a reçue d’Allah, il est aussi un homme de guerre qui finit sa vie au faîte du succès, entouré de richesses, de femmes et de serviteurs. Ces succès doivent être pour tous les croyants le gage de la protection d’Allah.

Faut-il faire une exception pour le cas du guerrier martyr ?  Dans l’islam primitif, il ne s’agissait que de promettre une récompense aux   soldats morts au combat, analogue à celle que promettent les religions nordiques (le « banquet d’Odin »), pas d’encourager le suicide. Le terroriste-martyr apparait comme une déviance récente peut-être influencée   par le chiisme sur lequel nous reviendrons. 

Si, comme nous le verrons, le christianisme se trouve aux antipodes, l’idée que le succès terrestre est le signe de l’élection divine est réapparue, en son sein, chez les protestants, spécialement les calvinistes. Ils en sont venus, à partir d’une lecture littérale de certains passages de saint Paul (Rm 8,29), à penser que Dieu avait   d’avance prédestiné certains au salut et d’autres à la damnation. Pour ces derniers, la peine est double car le signe de l’élection divine, ce sont déjà les succès terrestres et donc l’enrichissement. L’enrichissement ne dispense nullement de donner une partie de ses richesses aux œuvres, au contraire, mais elle est le signe de la faveur divine. A l’inverse, ceux qui ne réussissent pas sont suspects d’être prédestinés à la damnation. Cette vision raide et inhumaine    portée par  la Réforme à ses commencements, s’est certes assouplie au sein du protestantisme libéral, mais même parmi ceux qui ne croient pas, elle demeure dans le fond culturel d’un pays comme les Etats-Unis.  Max Weber a montré combien elle avait favorisé  l’essor du capitalisme.

 

Religions du martyre

 

La lignée opposée, celle qui n’identifie pas forcement justice et succès est apparue dans le judaïsme tardif :  le Livre de Job, les Psaumes, les prophètes. Il s’est prolongé dans le Talmud.

Job est un juste devant Dieu et devant les hommes et il reçoit toutes les faveurs terrestres dont un homme de cette époque pouvait rêver : des troupeaux féconds, des fils et des filles, la considération générale. Pourtant   les malheurs s’abattent sur lui et il se trouve   réduit à la pauvreté, à la maladie, gisant sur un tas de fumier. Ses proches considèrent qu’il est puni pour un péché caché ; il refuse pourtant de reconnaitre sa culpabilité mais aussi de désespérer de la justice divine ; il finit par être récompensé de sa patience, en étant rétabli, et au-delà, sans sa position.

Plusieurs psaumes (Psaume 22, 73, 88) montrent la même   déréliction du juste. Le livre d’Isaïe (chapitre 53) présente la    figure du serviteur souffrant : un messie qui ne serait pas un triomphateur mais au contraire un homme méprisé de tous et déchu. L’émergence de cette thématique au sein du judaïsme coïncide avec les malheurs du peuple juif qui perd son autonomie politique à partir de la déportation à Babylone (586 av. JC).

La tragédie grecque a vu émerger la figure de l’homme poursuivi par une fatalité    injuste mais il s’agit rarement d’innocents : Œdipe, Oreste, punis pour des crimes bien réels qui résultent eux-mêmes de la   fatalité.

C’est dans la filiation du judaïsme tardif que se situe le christianisme des origines, tel qu’il s’est exprimé ultérieurement dans les Eglises catholique et orthodoxe. Le Christ est à l’opposé de Mahomet : il est le Juste par excellence, le Saint auquel on ne peut rien reprocher, il est un homme promis à être le messie qui doit relever le peuple d’Israël ; mais ses contemporains s’acharnent   sur lui au point de l’amener, non pas au trône mais à une mort ignominieuse, celle de l’esclave sur la croix. Il connait certes une résurrection glorieuse dont ses disciples voient les prémisses, mais sa destinée proprement   terrestre se termine par un apparent échec. L’omniprésence des crucifix en terre de chrétienté, si paradoxale pourtant, a profondément marqué les mentalités. Après le Christ, les martyrs chrétiens, appelés à témoigner de la vérité de l’Evangile, sont mus par le souci de l’imitation du Christ. Et plus leur sainteté est achevée, plus ils risquent eux aussi   le rejet et la souffrance, y compris de la part de leurs coreligionnaires, comme Jeanne d’Arc. Le martyre se trouve au cœur de la tradition catholique au point que les autels sont, comme la plupart des églises, construits sur les reliques ou les tombeaux des martyrs.

Dans cette perspective, la justice n’offre   aucune garantie de succès terrestre et l’échec ne permet nullement de présupposer que celui qui a échoué aurait commis des fautes.

Dans la suite du christianisme, Manès (ou Mani) fonde au IIIe siècle   en Perse, le manichéisme.  Par les  croyances, il s’agit d’une religion dualiste : au lieu que le Dieu unique vainque finalement Satan, sa créature, comme il en va dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, un dieu du bien et un dieu du mal se livrent un combat perpétuel et ce combat ne se termine pas par la  victoire finale du bien. Loin d’être l’héritier d’un supposé dualisme iranien, Mani en est probablement le fondateur.  Mais Mani a lui aussi la destinée du martyr :  arrêté par le roi de Perse, il meurt chargé de chaînes en 277.

Le culte du martyr n’est pas propre au christianisme. Il apparait aussi, dès les origines ou presque, dans une branche minoritaire de l’islam : le chiisme. Les Chiites ont considéré que le seul héritier légitime de Mahomet était son gendre Ali mais les prétentions   de celui-ci étant été  rejetées par ses compétiteurs, il est assassiné en 661, son fils Hussein est battu et tué en 680 à la bataille de Kerbela .  Il apparait dès lors comme un martyr dont la défaite et la mise à mort ne disqualifient nullement la légitimité. Pas davantage elle ne disqualifie celle de ses héritiers : les douze imams qui se succèdent après lui, dont le dernier, supposé mener depuis des siècles une vie cachée   jusqu’à son retour victorieux à la fin des temps.

Il est vrai que le Christ est mort sans combattre alors qu’Ali est mort en combattant mais si le Christ ne se défend pas, ce n’est pas par une non-violence de principe, c’est parce qu’il ne sied pas au Fils de Dieu venu apporter le salut aux hommes de faire obstacle à ce que la logique absurde de ses persécuteurs aille jusque bout. Sa passion et sa mort constituent un sacrifice volontaire tenu par les Evangiles pour une victoire, nécessaire au salut de l’humanité.

Ali est devenu la personnalité emblématique des chiites, au moins aussi important pour eux que Mahomet.

Ressort de ce tableau la parenté entre le christianisme et le chiisme, beaucoup plus proches que le chiisme ne l’est du sunnisme.  Leur histoire fondatrice les conduit, à la différence d’autres traditions religieuses, à un sens aigu de la tragédie inscrite au fond de la condition humaine et par là à une profondeur qui est la même que celle que l’on trouve dans les grandes œuvres d’art.

Le martyre fondateur les mène à d’autres conséquences analogues : d’abord l’attente d’un rédempteur qui doit venir à la fin des temps.

Le manichéisme conduit au pessimisme le plus radical : les élus pourront certes se sauver, mais seulement leur âme et par la fusion dans un grand Plérôme, proche du nirvâna du bouddhisme lequel, à bien des égards, n’est pas très éloigné de ce que fut le manichéisme, et il n’y aura pour eux aucune   revanche du bien à la fin des temps des temps.  Au contraire, le judaïsme tardif, le christianisme et le chiisme espèrent un rétablissement final du monde et même bien plus.  Puisque le monde ici-bas est souvent injuste, ce rétablissement   viendra à la fin des temps   et il sera réalisé par un sauveur, venant ou revenant accomplir toutes choses. Pour le judaïsme tardif, ce sauveur attendu est le Messie qui apparait   progressivement dans le Testament juif. Pour les chrétiens, il est naturellement Jésus Christ mais l’accomplissement plénier de son œuvre terrestre est retardé :   il reviendra à la fin des temps pour   conclure l’histoire.  Les chiites attendent le retour non d’Ali mais de son douzième successeur, qui ne serait pas mort et qui reviendra donner la victoire aux justes, après des  siècles de persécution : cette figure messianique attendue est le Mahdi, descendant d’Ali.

On a vu comment le christianisme fondé sur le culte du Crucifié a pu dévier vers un calvinisme hautain revenant à la sacralisation du succès, y compris matériel. Certains juifs pensent que, au travers du sionisme, ou au moins de son évolution récente, le judaïsme aurait abandonné le vision élaborée  par les prophètes   dissociant  la justice du succès terrestre,  au bénéfice d’une vision qui n’est  pas très différente de celle du protestantisme nord-américain. La mutation de l’Israël contemporain du socialisme des origines, solidaire et égalitaire, en un néo-libéralisme fondé sur le culte du succès pour les individus et sur le recours systématique à la force sur la scène internationale serait le terme de cette évolution que les tenants du judaïsme des origines tiennent pour une    régression.

Si les religions du premier type ont assuré certains  succès terrestres : l’Israël des juges et des rois, l’islam des origines, le capitalisme protestant, seules les religions du second type, assumant pleinement le drame de l’humanité,  ont conduit aux plus hauts sommets de la civilisation.

 

Roland HUREAUX

 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 15:01

MACRON CHEZ TRUMP : VALEURS PARTAGEES, VALEURS BAFOUEES

http://www.bvoltaire.fr/macron-chez-trump-valeurs-partagees-valeurs-bafouees/

24/5/2018

Il y a quelques années, pour se faire une idée point trop partiale des événements, il suffisait de croiser Le Monde et le Figaro,  les plus méfiants jetant à la rigueur  un   coup d’œil sur l’Huma et sur Présent.

Aujourd’hui  la grande presse française vante de manière unanime la réussite de la visite de Macron aux Etats-Unis , la chaleur de l’accueil et l’importance de l’événement. Et naturellement,  il ne faut rien en croire.  L’actuel président étant  soutenu par  la quasi-totalité des médias,  ce qui n’était sans doute arrivé à aucun chef d’Etat depuis Napoléon III, ces dithyrambes étaient prévisibles.

Il fallait donc se tourner  vers la presse américaine  pour en savoir un peu plus. Et  là, surprise, le New York Times , grand journal   de référence s’il en est,   ne parle pas de cette visite, sauf une dessin très méchant pour Macron le deuxième jour , les dépêches de Reuter,  très factuelles,  n’étant  reproduites que sur  le site.   Le  reste de la presse anglo-saxonne a été fort discrète. Pour la plupart des Américains, dut notre  fierté nationale en souffrir, cette visite  aura été un  non-évènement. 

Que tout ait été impeccablement  organisé ne fait pas  de  doute. Trump tenait à rendre l’accueil magnifique qui lui avait été fait à Paris  le 14 juillet dernier et Macron aimant la    parade,  il ne manquait pas un   bouton de guêtre,    sauf une pellicule sur son veston que Trump a ôtée en disant que le jeune  président se devait d’ être parfait : cet homme qu’on dit lourd  montrait  ainsi avec finesse combien il  avait perçu  le côté narcissique , ou disons bon élève,  de l’hôte de l’Elysée qui veut toujours rendre une copie parfaite à ses maîtres.   

Il n’était pas  difficile aux deux présidents  de célébrer  la vieille relation  franco-américaine, d’ invoquer Lafayette et  Washington, d’invoquer  surtout une communauté de valeurs  issue de  deux révolutions presque concomitantes    : l’américaine (1776-1787) qui n’a réussi que grâce à l’appui militaire de Louis XVI et la  française (1789) .  Les deux aboutirent à  quelques mois d’ intervalle à des déclarations de droits : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen   du 26 août 1789 d’un côté , le Bill of Rights  devenu en 1791  le 1er amendement à la constitution  des  Etats-Unis, de l’autre.

Ces valeurs communes, sont connues : la démocratie et donc la transparence, la liberté ,  inséparable de la vérité, le respect  du droit.

 

Des principes bafoués

 

Or ce qui  a surtout réuni le deux présidents,  par-delà ces grands principes,  est,  il faut bien le dire, exactement le contraire :  l’expédition conjointe qu’ils viennent  d’accomplir en Syrie pour bombarder les prétendus sites d’armes chimiques, laquelle bafoue frontalement  les valeurs communes invoquées.

Sans qu’il soit  nécessaire d’ en refaire sans cesse la démonstration,  peu de gens sérieux doutent  que les faits reprochés au président  Bachar el Assad, l’usage d’armes  chimiques à la Ghouta le 7  avril 2018 sont sans fondement et constituent  dès lors  des  mensonges d’Etat, exactement le contraire de ce qu’avaient voulu promouvoir les constituants  français et américains de 1787-1789.  Rappelons seulement les déclarations récentes du secrétaire d’Etat  à la défense James Mattis[1], selon lequel le Pentagone n’avait jamais  eu des preuves décisives de des précédentes attaques et l’absurdité qu’il  y aurait à imaginer que le président Assad s’y  livre  , comme par hasard,  chaque fois qu’il vient d’être prévenu qu’il s’agissait d’une  « ligne rouge »  à ne pas franchir.

Avec ou sans motif valable, les  « frappes » , dès lors que les procédures prévues par la Charte de l’ONU n’étaient  pas respectées,  réalisées au demeurant avant la visite des inspecteurs de l’OIAC [2] constituent   une violation flagrante du droit international, ce que n’a pas manqué de reconnaitre le Bundestag lui-même . Là aussi la  coalition  s’inscrit en faux  contre les idéaux universalistes  proclamés  il y a deux siècles des deux côtés de l’Atlantique.

Il est vrai que  sur certains sujets, le climat ou le commerce , mais surtout l’Iran,  Macron n ’a pas  manqué, spécialement  devant le Congrès, de prendre ses distances vis-à-vis de Trump, sans qu’on sache s’il s’agit d’un vrai signe  d’ indépendance ou d’une tentative  de séduire la  moitié de l’Amérique qui rejette le nouveau président,  l’Amérique démocrate d’Obama-Clinton dont le président français est bien plus proche politiquement – et qui d’ailleurs  l’a appuyé dans sa campagne électorale.  Quand Macron  insiste  pour que le bombardement ait lieu ou qu’il demande à Trump ( sans succès heureusement)  de maintenir des troupes  en Syrie[3], on peut se demander si le président français n’est  pas le simple porte-parole de  ce camp.

Il reste que parti pour défendre l’accord de Vienne  avec l’Iran que Trump veut  dénoncer, Macron a dit ,   sans consulter apparemment ses  partenaires européens, qu’il fallait envisager sinon de dénoncer, du moins de réviser  ou compléter  l’accord, ce dont ni Téhéran, ni Moscou , ni Berlin ne veulent.

La France de  Macron qui a accompagné l’Amérique de Trump  dans une expédition illégale ,  fondée sur  un  mensonge, et qui se désolidarise des Européens pour faciliter  l’action de Trump contre l’Iran, est  décidément pour  le président américain  un allié bien accommodant.

 

Roland HUREAUX  

 

[2] Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, basée à La Haye .

[3] Mais Macron a fait  savoir à Washington , lui,  qu’il envoyait   de nouvelles  troupes en Syrie.

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:59

 MACRON ET LA CULTURE DE  DE MORT

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/La-candidature-Macron-a-un-gout-de-mort

23/04/2018

Quand Hillary Clinton a appris que Trump, son ennemi juré, avait bombardé l’aéroport de Shayrat (Syrie), elle a applaudi des deux mains. On l’avait vue   aussi, dans une vidéo, sauter de joie d’un air carnassier en apprenant la mort de Kadhafi.

Ce ne sont pas que des symboles. Hillary Clinton est la figure emblématique du clan néo-conservateur aux Etats-Unis (à cheval sur les démocrates et les républicains) qui a déjà mis à feu et à sang sept pays (4 millions de morts au total, selon Michel Onfray).

Macron n’a pas l’air aussi agressif que Hillary mais il est le représentant de ce clan dans la bataille électorale française. Il   partage d’ailleurs avec H. Clinton toutes les options libertaires de ce que Jean-Paul II appelait la « cuture de mort ».

 

Les néo-conservateurs libéraux libertaires

 

Les néo-conservateurs veulent faire régner la démocratie et les droits de l’homme dans le monde, en particulier au Proche-Orient, au besoin par des bombardements massifs de populations civiles (comme en Libye) et un soutien actif aux islamistes. Mais ils sont aussi libre-échangistes en économie, libertaires dans les questions de société, partisans d’immigration aux Etats-Unis et surtout en Europe (Obama a, comme Macron, félicité Merkel pour sa politique d’accueil), partisans de l’euro et de l’Europe de Bruxelles (là aussi Obama a pris parti contre le Brexit). Mais ils sont surtout violemment hostiles à Poutine et tout ce que représente la Russie d’aujourd’hui, notamment son opposition aux surenchères libertaires.  

Cette mouvance mondialiste, dont les ramifications traversent l’Atlantique et qui est soutenue par les grandes banques (Goldman Sachs en tête) est souvent réduite à sa dimension économique :  il s’en faut pourtant de beaucoup qu’elle se contente de défendre les intérêts purement économiques du capitalisme :  démantèlement des systèmes sociaux, liberté des échanges, réduction de l’Etat, privilèges du capital.   Comme disait un de   ses représentants les plus éminents, le milliardaire Warren Buffet, par ailleurs financeur des campagnes   pro-avortement : « Je crois à la lutte des classes, mais maintenant, c’est nous le parti des riches qui la gagnons ». Si le néo-conservatisme libéral se réduisait aux questions économiques, ce serait après tout un moindre mal.  Mais certains de ses membres ont d’autres préoccupations : ils ne préparent rien moins que la guerre contre la Russie de Poutine. George Soros, autre milliardaire philanthrope, s’est juré de l’abattre. Comment ? On se le demande sinon en risquant un affrontement nucléaire. Ils n’acceptent pas non plus que leurs plans de destruction de l’Etat     syrien   aient été mis en échec par Poutine    et veulent y intensifier la guerre.

Pour exécuter ce projet, il leur faut une Europe parfaitement unie derrière l’OTAN :  pas   une tête ne doit dépasser. Il leur faut un alignement total de tous les pays, et d’abord celui qui a si souvent joué les fortes têtes, la France. C’est la raison pour laquelle ce clan a tout fait pour y imposer un président à sa botte :  Emmanuel Macron, entièrement acquis à toutes ses idées, jusqu’à la caricature.

 

Fillon ne suffisait pas

 

Il ne serait agi que d’un projet économique, Fillon aurait fait l’affaire : le candidat des Républicains ne remettait en cause aucune des orientations économiques voulues par les réseaux mondialistes : comment l’aurait-il fait puisque son bras droit, Henri de Castries préside le club de Bilderberg, un des lieux emblématiques de cette mouvance ? Il ne contestait ni le libre-échange, ni l’euro et proposait même un programme de réduction du pouvoir d’achat    populaire qui avait tout pour leur plaire. Mais ça ne suffisait pas : l’élection de Fillon aurait rapproché la France de la Russie et donc rompu le front euro-atlantique dont ils rêvent.

Il se peut même que cette obstination à éliminer Fillon et à imposer Macron soit lié à ce projet de guerre. 

Un projet qui a un adversaire : Donald Trump dont l’élection a été pour ce clan un sérieux revers et qui avait fait campagne en promettant de mettre un terme aux opérations de renversement de régime (régime change) au Proche-Orient et de chercher un terrain d’entente avec la Russie. Mais Trump fait face à d’énormes difficultés pour imposer ses vues à un Etat   américain acquis dans sa majorité aux thèses des bellicistes. Le bombardent évoqué plus haut était sans doute un gage qu’il a dû donner à ses opposants[1].

Dans ce contexte, la France est rien de moins qu’un champ de bataille pour des forces qui la dépassent. L’élection de Macron serait une victoire du clan Clinton (Obama lui a téléphoné son soutien) et une défaite pour le camp de la paix, qui ne se réduit pas à l’entourage de Trump.  Elle pourrait accélérer la mise à l’écart de ce dernier   que les néo-conservateurs attendent pour reprendre leur œuvre de mort.

Les chrétiens d’Orient ont par là même tout à craindre d’une victoire de Macron. Sa visite au Liban a montré qu’il était totalement aligné sur la politique menée par l’OTAN depuis six ans dans la région, une politique qui a consisté   à fournir des armes et entraîner les djihadistes   contre le régime Assad mais aussi contre la minorité chrétienne (et d’autres minorités) que, avec ces armes, les djihadistes massacrent. L’élection de Trump leur avait amené un petit espoir de paix. Celle de Macron la ferait envoler.

L’enjeu de la nouvelle bataille de France, c’est donc la paix du monde. Clairement Macron est du côté de tous ceux qui complotent contre elle.  Il serait au minimum leur allié passif. Quels que soient les défauts de sa rivale, elle serait, comme Fillon, du côté de l’ouverture et donc de la paix. 

Avec ses allures de Peter Pan, jeune, immature, aérien, et vaguement irresponsable, par là si séduisant, Macron fait penser à ce joueur de flûte conté par les frères Grimm qui, par son jeu magique, avait entrainé à sa suite les enfants de la ville de Hamelin pour les emmener vers la mort.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

[1] Certains pensent que Trump, de guerre lasse, se serait   rallié aux positons des néo-conservateurs. Cela n’est pas certain.  

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:57

LES AMBIGUITES DE LA RELATION  MACRON-POUTINE  

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Coup-de-projecteur/Les-ambiguites-de-la-relation-Macron-Poutine

23/04/2018

Les relations qui semblent s’instaurer entre le nouveau président Macron et son homologue  Poutine, quoiqu’ elles marquent un progrès par rapport au temps de Hollande, ce qui n’est pas difficile,  restent marquées du sceau de l’ambiguïté.

On pouvait craindre  le pire : la liste des soutiens de Macron ressemblait  furieusement à  un comité anti-Poutine  ; rien dans les idées du nouveau président qui laissât   espérer un changement par rapport à la ligne Hollande.     

 

Une ouverture aux effets mitigés

 

L’invitation lancée au président russe   à  venir célébrer le 300e anniversaire de la visite à Versailles du tsar Pierre le Grand a été à cet égard une  heureuse surprise -  dont la genèse exacte reste  à éclaircir. Elle a failli être gâchée par l’arrogance du nouveau président français  lors  l’entretien bilatéral où  les leçons de démocratie alternaient, dit-on,   avec les accusations touchant  les questions de l’Ukraine et de la Syrie.   Macron ne semblait pas  s’être libéré de la doxa otanienne selon laquelle  Poutine  est un  dictateur et un agresseur et  les dirigeants de l’OTAN des  démocrates et   des défenseurs du droit, un point de vue qui ne tient évidemment pas compte du fait que la grande majorité des  violations du droit international depuis 20 ans  ont été  commises par l’Occident, ni que la disqualification  judicaire de  concurrents   n’est pas le propre de la Russie.  

Mal venue  aussi ont  paru, lors de la conférence de presse conjointe les critiques  de Macron  contre  les deux médias  sous  influence russe, RT et Radio-Spoutnik, dont 98% des Français ignoraient l’existence. Ils auraient  colporté pendant la campagne des bruits sur son homosexualité…  Une rencontre de ce niveau était-elle bien le lieu  pour une  telle mise en cause ? Gage sans conséquence à la camarilla antirusse qui l’a porté au pouvoir ?

Rappelons aussi que la France participe aux prochaines manœuvres de l’OTAN aux frontières de la Russie ( imaginons que la Russie organise des manœuvres « défensives » au nord du Mexique !)  .

Il semble cependant que , malgré ces accrocs,  les points de vue des partenaires se soient  rapprochés. Qu’ils soient    tombés   d’accord pour  dire que leur ennemi commun était le terrorisme islamiste n‘est pas une révolution  : tout le monde en convient  depuis longtemps même ceux qui le soutiennent en douce.  Sur  l’Ukraine,   chacun reste sur ses positions  . Sur la    Syrie en revanche,  Macron semble avoir renoncé à faire du  retrait du président Bachar el Assad une  condition  préalable au retour à la  paix. Cette exigence maintenue par Obama et Hollande, et même, par intermittence, par Trump, constituait  non seulement une entorse  au principe de non – ingérence mais un blocage absolu au processus de  paix ,  les Russes n’étant  pas prêts  à lâcher Assad, au moins sous la  pression  occidentale.

 

Une ligne encore incertaine

 

Il reste cependant bien  des ambiguïtés dans la position de Macron  : il vient de  s’ associer à Trump pour menacer la Syrie d’une intervention militaire en cas de nouvelle utilisation  d’armes chimiques. Or  les  prétendus recours aux  armes chimiques par Assad se sont  avérés  chaque fois des  provocations de ses adversaires destinées à le discréditer . Elles visent  aussi à offrir   un alibi à  une intervention militaire,  destinée à empêcher   l’Etat syrien  de  consolider sa  position et donc à  faire obstacle au retour de  la paix.  Il y a   tout lieu d’être inquiet de cette déclaration.

Malgré les accrocs   qui ont marqué la visite de Poutine à Versailles,  les diplomates russes ne tarissent pas d’éloges à l’égard  de Macron et considèrent qu’il a réalisé une véritable ouverture. Il semble connaître bien mieux l’histoire franco-russe que ses prédécesseurs et ne pas montrer  une inféodation aussi puérile que celle de Hollande aux Américains.

Durant la campagne électorale française, les Russes avaient tout fait pour ne  pas avoir l’air de vouloir  influencer l’élection, dont leurs observateurs avaient  sans doute anticipé le résultat  .  Rien ne laisse supposer en particulier qu’ils soient derrière  la publication des « Macron leaks » , soit de 15 Giga-octets de courriels échangés dans  son équipe. Venus le vendredi précédent le second  tour et ne    contenant rien de très compromettant, ils ne pouvaient de toutes  façons avoir d’impact  sur l’élection, tout au plus servir d’avertissement  discret. 

Il s’en faut en tous les cas de beaucoup que la ligne de Macron à l’égard des problèmes diplomatiques les plus brûlants , en particulier des questions qui touchent la Russie, soit  encore claire aux yeux du public et peut-être même  dans sa tête. 

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:54

 

L’INCONSCIENCE DE MACRON

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/L-inconscience-de-Macron

22/04/2018

Il fallait une certaine audace - ou plutôt une certaine inconscience -  à Emmanuel Macron pour dénoncer à Alger la colonisation française comme "un crime contre l’humanité ». Ce n'était pas seulement là une injure aux Pieds-noirs et aux harkis, comme on l'a dit sottement, mais aussi à la France et aux Français à qui l’épopée coloniale appartient tout entière.

Une épopée qui a eu, sans nul doute, son côté sombre mais qui a eu aussi sa grandeur : quand plusieurs chefs d'Etat africains   se cotisent pour élever à Brazzaville un mausolée à Savorgnan de Brazza, le tiennent-ils pour un criminel ? De toute façon, la colonisation dans son ensemble n’a jamais été tenue pour un crime   contre l’humanité, même par les   militants anticolonialistes les plus engagés du côté du FLN algérien

Macron n'a même pas l'excuse de la démagogie. Ces foucades ne lui rapporteront pas grand chose. Si, dans les sphères d'un pouvoir algérien à l'agonie, certaines factions font de la surenchère accusatoire à l'égard de la France, ni en Algérie, ni en France, la population n'apprécie de tels excès. Citons, parmi d’autres, Malika Sorel, française d’origine algérienne : « Au Maghreb, les gens sont consternés par ce qui se passe en France. Pour eux, la situation est liée à cette « repentance » et la responsabilité en incombe aux adultes français qui passent leur temps à se prosterner et être à genoux… »  On a bien lu :  la repentance, cause du terrorisme.

Est-ce alors un gage donné à certains de ses soutiens ? Ou l'espoir que le FLN donne  la consigne aux électeurs d’origine algérienne de voter pour lui ? Le feront-ils seulement ? 

Le même Macron a cru bon de déclarer qu'"il n'y avait pas de culture française" et, pour montrer le peu de cas qu’il fait de la langue française, de prononcer à Berlin un discours en anglais (on eut pu comprendre que par courtoise, il l’ait fait   en allemand, mais il n'en a pas été question).

On est confondu que le même homme prétende être président des Français. Sait-il   que, depuis la tribu paléolithique jusqu'à nos jours, quelques lois anthropologiques élémentaires commandent au chef de ne pas insulter son peuple ou son pays, de lui marquer au contraire son estime, de le valoriser, de le magnifier, de le rendre fier d'être ce qu'il est (Macron qui n'en est pas à une contradiction près affiche dans son programme sa volonté de rendre nos compatriotes "fiers d'être français », de "retrouver notre esprit de conquête" !) ? Il est un mot anglais que visiblement il ignore : leadership.

Le chef doit respecter ce que Mallarmé appelle les « mots de la tribu », à commencer par sa langue et les symboles fondamentaux dans lesquels elle se reconnait. 

Nier l'existence d'une culture   française, quelle que soit la variété des apports étrangers qui l 'ont fécondée, est, non seulement une incorrection à l'égard de nos compatriotes, mais une ânerie qui relève, pour le coup, d’une profonde inculture, et un crime à l’égard des milliers de jeunes issus de l'immigration   à qui on demande de s’intégrer.

Disons-le tout de suite : il serait hasardeux que, ayant tenu de pareils propos, Macron soit finalement choisi par le peuple français, ou alors on n’y comprend plus rien.

 

Pourquoi fait-il injure au peuple français ?

 

Mais la question qui se pose : pourquoi donc a-t-il tenu pareils propos ?

On dira que, vivant dans l'univers de la mondialisation, il ne fait déjà plus grand cas de la France. Cela, il peut le penser, mais en campagne électorale, il doit au minimum sauver les apparences.   

Alors quoi ? Insolence ou naïveté ?

Nous penchons pour la naïveté, mais elle n'excuse rien au contraire.

Macron est un pur produit de sa génération. Une génération très postérieure à mai 68, largement déchristianisée (même si une partie a été baptisée, la culture chrétienne ne lui a guère été transmise) ; une génération où les notions de patrie, de souveraineté, voire d'intérêt national, le respect de la francophonie, sont renvoyés aux vieilles lunes. Ne leur a-t-on pas répété, par une falsification éhontée de l'histoire, que cela était du "pétainisme" ?   Ils tiennent certes De Gaulle pour un grand homme mais sans bien savoir pourquoi. Les totems de cette génération se retrouvent à forte dose dans le programme de Macron : environnement, droits de l’homme, antiracisme, non-discrimination, voire discrimination positive. Que l'anglais soit sa   langue naturelle ne saurait nous étonner.

La quintessence de cette mentalité post-nationale s'est exprimée au travers de l’évolution    de l'Institut d'études politiques de Paris (dit Sciences Po) au cours des vingt dernières années. Macron est à cet égard un pur produit de la génération Descoings -   Richard Descoings qui a dirigé célèbre institut de 1996 à 2008, où Macron a été étudiant   de 1998 à 2001.  Science Po   prépare à l’ENA et donc conditionne l'élite administrative française, dont l'Inspection des Finances d’où vient Macron, est le saint des saints.  L’abaissement de la France est tellement évident dans cette filière que, malgré son énormité, taxer notre aventure coloniale de crime contre l'humanité n'y choque pas. Il est probable que ce genre de formule, excessive mais dans l'air du temps, peut y être proférée sans rencontrer de contradiction, ni obérer, au contraire, les chances de réussir les concours. Les initiés savent qu'on s'en tire à Sciences po et à l’ENA et dans d'autres concours, non point en cultivant l’originalité d’esprit mais en portant au contraire avec énergie et brio, et pourquoi pas en forçant le trait, l’idéologie dominante.

Dans une telle perspective, pour la génération Macron, l'Europe (celle de Bruxelles, pas la culture européenne, largement ignorée), le libre-échange à tout va, l’alignement occidental antirusse, la défense des droits de l'homme tout azimut, la porte ouverte à l'immigration, tout cela fait partie de l'évidence. Une évidence qui ne se discute plus. Une évidence, mais cela les intéressés l'ignorent, totalement en porte à faux par rapport aux sentiments populaires, et qui explique à elle seule que le Front national attire aujourd'hui à lui près du tiers de l'électorat.

Cette idéologie n'est certes pas nouvelle, mais avec Hollande, elle avançait encore masquée sous les oripeaux da la vieille gauche sociale, comme du libéralisme avec Sarkozy. Avec Macron, elle prend une forme exacerbée et s’affiche de manière totalement impudique. 

La veille génération socialiste , celle de Mitterrand, bien sûr, mais même celle qui a suivi, celle de Hollande, avait encore un reste de conscience des fondamentaux qui  faisaient jadis   la France: le souvenir  des guerres de 14-18  et 39-45,  la rivalité du curé et de  l'instituteur pour transmettre  la même morale , l'encadrement populaire par l'Eglise ou par  le parti communiste , le sens du péché - et des plaisirs cachés , les 36 000 communes , bref tous  les  marqueurs qui,  de quelque   manière qu'on on se positionne par rapport eux,  ont structuré  la France.   Tout cela   a disparu dans la dernière génération de la mondialisation, sauf dans quelques vieilles familles où on cultive encore les traditions mais   dont Macron n'est visiblement pas issu.

Macron a-t-il compris que l'ensemble de ses positions le mettent en opposition frontale avec l 'opinion majoritaire des Français (selon tous les sondages), quasiment point par point, même avec ceux qui n'envisagent pas de voter pour Marine Le Pen ? Sans doute puisqu'il les habille d'une rhétorique fumeuse de type "ni gauche ni droite «.

A-t-il compris aussi que cette thématique qu'il croit jeune et moderne, l'était déjà il y a quinze ans et que, depuis le Brexit et l'élection de Donald Trump avec tout ce qu’ils représentent (critique du mondialisme, réhabilitation des frontières, remise en cause des alliances), elle pourrait vite appartenir au passé, faisant de   Macron la figure la plus ringarde qui soit ?

 

                                                           Roland HUREAUX

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:52

L’ILLIBERAL MACRON

 

https://www.causeur.fr/emmanuel-macron-liberalisme-discrimination-positive-145763

 

22/4/2018

Macron qui s’est complu dans ses premières déclarations publiques, comme son discours au Congrès de Versailles,  à dénoncer les « démocraties illibérales »,  est-il lui-même un libéral ?

 

Il avait  suffi qu’il  débute sa campagne présidentielle avec une réputation de libéral pour prendre plusieurs longueurs d’avance sur ses concurrents : il a ainsi d’emblée conquis 10 % de voix de droite sans beaucoup perdre sur sa gauche grâce à ses connivences   libertaires.

D’être issu de l‘aile droite du parti socialiste n’aurait pas suffi. La loi Macron de 2015 avait pour but d’ancrer cette réputation libérale, notamment auprès du patronat. Les réticences qu’elle a rencontrées au parti socialiste – au point de nécessiter le passage en force par le 49-3, n’ont fait que conforter l’image   du jeune ministre.

Des yeux avertis auraient cependant aperçu dans son programme les risques que Macron faisait courir au vrai libéralisme : il y était prévu par exemple de livrer au public le nom des entreprises qui ne feraient   pas assez d’efforts en faveur de la parité ; "Nous ferons de la lutte contre la discrimination une priorité nationale" ; ira-t-on comme le propose un rapport parlementaire jusqu’à rendre obligatoires des cycles de formation à la non-discrimination ? En tous cas, des emplois « francs » (à définir) seront créés dans les « quartiers » (entendons les banlieues peuplées d’immigrés).

Quels critères dans un tel environnement pour choisir les bénéficiaires des "accélérateurs d’associations » (c'est-à-dire en bon français des aides supplémentaires à la vie associative) :   leur "correction politique" évidemment. Seul espoir : que les difficultés budgétaires rendent vaine cette promesse.

En outre Macron promettait aux salariés quittant    volontairement   leur entreprise de bénéficier    de l’assurance chômage, ce qui risque de ruiner sérieusement l’autorité des patrons.

Les premières mesures prises vont dans le sens de la discrimination positive : les classes de 10 élèves seront réservées aux zones d’enseignement prioritaires, comme si la méthode globale n’avait pas fait des dégâts à l’apprentissage de   de la lecture hors de ces zones.

 

Une disposition inquiétante du projet de loi travail

 

Plus inquiétante est une disposition envisagée dans le projet de loi travail relative aux indemnités de licenciement. Le projet prévoit, et c’est raisonnable, que les indemnités que pourront fixer les tribunaux en cas de licenciement abusif seront plafonnées. Mais il prévoit aussi, ce qui est beaucoup plus contestable, que ce plafond    ne s’appliquera pas en cas de discrimination.

Quelle discrimination ? On le devine : les femmes, les homosexuels, les non-Blancs, les musulmans etc. La conséquence immédiate sera que, en cas de licencient collectif, les premiers touchés seront ceux qu’Anne Lauvergeon appelait les « mâles blancs ». Au motif de lutter contre la discrimination, on instaure   la discrimination.  

L’effet de cette loi sera d’aggraver la division du peuple en communautés et catégories. Loin d’alléger l’atmosphère au nom d’une saine égalité républicaine, elle approfondira les clivages communautaires - et naturellement les rancœurs qui vont avec, dont on devine les conséquences électorales.

Ainsi, cette loi prétendue libérale, sur ce sujet au moins, est tous sauf libérale.

Déjà la   loi El Khomri, faux nez d’une loi Macron bis, ouvrait la porte entre les lignes (sauf empêchement technique) à la pratique religieuse en entreprise, avec là aussi des risques de tension. 

Appliquée telle quelle, une telle loi ne fera que développer les frustrations d’une partie de la population. Macron a été   porteur, non seulement d’un parfum de libéralisme mais de « politiquement correct » renforcé : ouverture à l’immigration, intégrisme écologique, antiracisme, discrimination positive à   tous les étages etc. Il a ainsi obtenu la sympathie de la presse et le vote des musulmans. 

Macron s’est ainsi montré le bon élève de la fondation Terra Nova qui prévoyait la formation d’un nouveau bloc de gauche s’appuyant sur les minorités, raciales, religieuses et sexuelles, comme le parti démocrate américain. 

Il se peut d’ailleurs que ces excès de l’anti-discrimination, qui déjà prospéraient sous Sarkozy[1], datent : l’exaspération des Français aurait dû conduire à les tempérer. Sur ce chapitre, le nouveau président est resté un bon élève de Sciences Po années 2000 façon Richard Descoings. Au moment où de nombreux intellectuels remettent en cause ces pratiques qui, dans les prétoires, tendent de plus en plus à limiter la liberté d’expression, Macron en rajoute une couche.

Les décisions du nouveau président ne sont pas le seul sujet d’inquiétude :   l’atmosphère que son élection a créée l’est tout autant.  Paris Première et Europe 1  n’ont pas attendu pour licencier la  non-conformiste Natacha Polony, Jean-Claude Brighelli a été exclu du Point, Olivier Delahousse de BFM TV : sus à la dissidence ! Eric Zemmour, lui,  a été condamné d’une manière particulièrement lourde par la 17e chambre   correctionnelle pour des propos sur l’immigration qui devraient être ouverts au libre débat. Plusieurs autres affaires mettant en cause  des  personnalités moins connues laissent craindre un  durcissement de la justice  favorisé par la   servilité d’une partie de la magistrature à l’ égard de l’ esprit du temps.

L’autoritarisme de Macron s’ est exprimé au travers de son  goût du décorum, de l’écrasement du  premier ministre par le Congrès de Versailles , du projet de loi anti-terroriste où beaucoup voient la pérennisation de l’état d ’urgence,  du  recours systématique  aux ordonnances. Mais ce n’est là que la surface des choses . Par derrière, on voit poindre une dictature du politiquement correct qui pourrait rendre la France un peu plus étouffante.

Rappelons enfin que le libéralisme saurait se réduire à  la réforme du Code du travail : il implique aussi une baisse de prélèvements obligatoires. Or de cela, il n’est nullement question :  le quinquennat commence au contraire par l’annonce de  hausses d’  impôts et des   dépenses nouvelles.

Les Français, ne tarderont pas à s’en apercevoir : Macron est tout le contraire  d’un libéral.

Roland HUREAUX

 

 

 

[1] Nicolas Sarkozy avait donné une grande publicité à la nomination d’un préfet d’origine maghrébine, oubliant qu’il y en avait eu une bonne dizaine pendant et après la guerre d’ Algérie.

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:49

 

L’AFFAIRE VILLIERS N’EST  PAS QU’UNE QUESTION DE CHIFFRES

 

https://www.causeur.fr/macron-defense-armee-cent-jours-146148

11/04/2018

Pour beaucoup, le   différend qui a opposé le président Macron au général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, pourrait être ramené à une question de chiffres, ce qui serait après tout normal s’agissant d’un président issu de la I’ Inspection des finances. Mais une telle approche serait bien réductrice.

Question de chiffres : Macron avait promis dans son programme électoral de remonter le budget de   la défense à 2 % de PIB. Une promesse qu’avaient d’ailleurs faite aussi Marine le Pen et François Fillon.  Comment Macron, adepte inconditionnel de l’OTAN, aurait-il pu proposer autre chose que le minimum que cette organisation a fixé   et qui a été rappelé récemment par le président Trump.    Mais 2%, c’est beaucoup., environ 44 milliards ; à un budget actuel de 32 milliards, il faudrait donc en ajouter 12.

Autre chiffre : le déficit autorisé par l’Union européenne : 3 % du même PIB, soit 66 milliards qui sont déjà une tolérance, assortie de la promesse française de le ramener à zéro, jamais respectée par le gouvernement Hollande (dont Macron était le ministre des finances). Ce n‘est pas en effet en accumulant des déficits (et donc avec un supplément d’endettement de 3 % l’an) que l’on réduira une dette qui atteint aujourd’hui les 100 % du PIB. Il reste que Macron, qui a voulu entrer en fanfare sur la scène européenne, et pour qui les consignes de Bruxelles, comme les souhaits de Berlin,  sont la Loi et les prophètes, veut à tout prix, pour assurer sa crédibilité, redescendre à ce niveau. Il lui manque pour cela 8 milliards. L’habitude     de Bercy dans ce cas-là est de ponctionner les ministères régaliens, à commencer par la défense à qui, au lieu d’accorder 12 milliards, on demande 850 millions tout en gelant 2,7 milliards .  

Cette logique n’explique pas seule que le mécontentement des armées justement exprimé par leur chef-d ’état-major en commission de la défense soit devenue une affaire d’Etat.

 

Au-delà des chiffres, le choc des cultures

 

On est surpris du degré de mépris dont Macron fait l’objet sur la toile dans de nombreux  textes,  anonymes ou pas, issus de la communauté militaire. Sarkozy et Hollande que les militaires n’aimaient pas beaucoup n’ont jamais essuyé pareille hostilité, surtout moins de trois mois après leur prise de fonction.

On peut faire la part des maladresses du nouveau président, de son absence de sensibilité militaire :  même s’il fanfaronne ici ou là au milieu des troupes, il est le premier président à n’avoir pas fait de service militaire. La génération x  y !  

Il faut cependant aller plus profond. La personnalité de Macron rebute bien des gens, surtout dans les armées. Il porte avec lui un air de légèreté qui n’est pas vraiment le genre de la maison

Depuis la République romaine et sans doute avant, le chef militaire, confronté chaque jour à la mort, réalité ultime, est un homme grave. C’est cette gravitas, signe d’une maturité accomplie, que les militaires attendent du chef de l’Etat qui est aussi le chef des armées. Le moins qu’on puisse dire est que le nouveau président a, en la matière, des progrès à faire. Beaucoup, dans le grand public, ont été par exemple choqués par sa visite à Oradour-sur-Glane où il multipliait de tous côtés les poignées de main à la Chirac semblant confondre ce lieu de mémoire tragique avec un comice agricole.

Sans doute sa vie privée n’appartient-elle qu’à lui. Mais pour exercer l’autorité, il faut donner le sentiment d’une personnalité accomplie. Or Jacques Lacan nous l’a enseigné, c’est la résolution du complexe d’Œdipe qui ouvre douloureusement le sujet au monde réel.  Nous ne dirons pas que Macron ne l’a pas résolu. Mais en politique, seules les apparences   comptent : son curieux mariage avec une femme qui pourrait être sa mère ne plaide pas en sa faveur. 

 

Militaires contre idéologues

  

Il y a plus : sur presque tous les sujets, Emmanuel Macron a fait campagne sur les marqueurs idéologiques qui    depuis quinze ans définissent ce qui est politiquement correct :  Europe, libre-échange, dépassement de la nation (la France étant accusée par lui de crime), mépris des   considérations   culturelles et ethniques par l’ouverture à l’immigration, antiracisme, non-discrimination, hyper-écologie, théorie du genre, vaccins à tout va etc. Sur aucun sujet Macron n’a pris la moindre distance par rapport à la doxa dominante ;   il s’est bien gardé de désavouer non plus celles qui ravagent des secteurs comme l’éducation nationale (méthode globale)[1] ou la justice (culture de l’excuse). Non parce que cela plaisait à ses électeurs, bien au contraire. Mais parce que cela plaisait à ces prescripteurs essentiels que sont les gens de médias, largement intoxiqués à l’idéologie.

Presque tous les ministères ont aujourd’hui leur idéologie, qui généralement suscite l’ire de populations pas toujours conscientes de ce qui leur arrive : l’intérieur veut à toutes forces supprimer 30 000 petites communes, l’équipement veut interdire toute construction hors des périmètres déjà construits, quelles que soient les traditions locales, la santé veut fonctionnariser la médecine libérale etc. Le ministère de la défense n’est pas entièrement exempt de telles idéologies (qui ne sont généralement pas beaucoup plus que des idées simplistes jamais remises en cause ), mais seulement en manière d’organisation, où les civils ont leur mot à dire : ainsi les bases de défense, répondant à la culture du regroupement [2], ont mis plus de désordre qu’elles n’ont fait d’économies. Mais dans l’ensemble le ministère de la défense demeure relativement préservé de l’idéologie. La raison : les engagements opérationnels multiples dans lesquels nos armées sont impliquées permettent un retour d’expérience constant, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des administrations civiles. « Quand le canon tonne, les cons se taisent » dit un vieux dicton militaire. Et aussi les idéologues, l’idéologie ayant pour caractère de faire perdre le sens du réel, éminemment nécessaire au combat.  

Il semble que l’idéologie et le déficit œdipien aillent ensemble.  C’est l’immaturité qui explique le succès des idéologies, particulièrement dans une classe intellectuelle ou médiatique plus à l’abri que le peuple du contact direct avec le réel, parfois si dur. Sur ce chapitre, Emmanuel Macron est bien un enfant du siècle.

                                                                 Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

[1] On peut cependant mettre au crédit du nouveau ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer de sembler s’affranchir de la doxa égalitariste   de la rue de Grenelle en ouvrant la porte aux redoublements, aux classes bilingues et au latin, ou encore en revenant sur le réforme des rythmes scolaires. Pour le moment, il est bien le  seul.  

[2] Traditionnellement les régiments, devant être toujours prêts à partir en campagne, avaient chacun sa propre intendance. On a cru pertinent , au motif de rationaliser, de regrouper dans des centres appelés « bases de défense » la logistique de plusieurs    régiments, privant les chefs de corps de leur autonomie et entrainant une prolifération des procédures bureautiques, sans même diminuer les coûts comme c’était l’objectif.  

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:48

MACRON N’EST PAS DU CENTRE, IL EST D’EXTREME GAUCHE

 

http://www.bvoltaire.fr/macron-nest-centre-dextreme-gauche/

22/04/2018

Les gens sont crédules. Spécialement ceux de droite. Il suffit que Emmanuel Macron ait dit qu'il n'était "ni de gauche ni de droite" pour qu'ils le croient !

Il est, soit dit en passant, assez significatif du changement d'époque   de voir qu'il y a quelques années, c'était les gens de droite qui, honteux, se disaient apolitiques pour se faire accepter, et qu'aujourd'hui, ce sont au contraire les gens de gauche qui jouent ce jeu comme si s'afficher de gauche était devenu infamant.

Car, n'en doutons pas, Macron est de gauche. Il l’est même sur la plupart des sujets plus que Hollande.

Hollande n'a combattu que mollement l'immigration illégale, mais il n'a pas félicité Angela Merkel pour l'admission d'un million de réfugiés, vrais et supposés ; Macron lui, l'a félicitée, ce qui laisse supposer qu'il est prêt à l'imiter. 

Hollande a fait le mariage homosexuel, Macron envisage la GPA.

Hollande a bien instauré le 19 mars, anniversaire des accords d'Evian, en fête nationale mais il n'est jamais allé jusqu'à qualifier la colonisation de "crime contre l'humanité".

Hollande a fait la réforme du collège, fatale à la transmission de l’héritage, mais il n'a pas dit qu'"il n'y pas de culture française".  

Hollande ne faisait pas comme Macron des discours à l'étranger en anglais ; il est vrai qu’il le parle très mal !  

Sous Hollande, comme sous Sarkozy d’ailleurs, la lutte contre les discriminations homme/femme, français/immigrés, homo/hétéro, la défense intégriste de l’environnement (éoliennes) ont pris une place que beaucoup trouvent excessive et même oppressive quand elle conduit à poursuivre en justice ceux qui s'écartent de la pensée unique. Sur presque tous ces sujets, Macron en rajoute une couche. Il veut même, dans la lignée de son maître à Sciences Po, Richard Descoings, introduire la discrimination positive sous la forme d’ »emplois francs" réservés aux jeunes des banlieues ( au moins de certaines). On peut s'attendre en ces matières à un climat encore plus oppressif. Si Macron  l'emporte, la pensée unique qui domine les médias va aggraver  son emprise : les   dissidents  comme Eric Zemmour  seront encore plus sévèrement  pourchassés.

Hollande "n'aimait pas les riches" et Macron se propose de supprimer l'ISF et de réduire l'impôt sur les bénéfices. Mais il fallait là aussi  toute la bêtise de la droite  pour   croire  Hollande  sur parole et , tombant dans le panneau, lui répondre en faisant l'éloge des riches. Hollande , un des meilleurs amis de François Pinault !  Macron veut supprimer  l'ISF mais sur les patrimoines financiers seulement. Les patrimoines fonciers se verront en compensation beaucoup plus lourdement imposés . L'impôt foncier à la charge des seuls propriétaires aura aussi à financer l'abrogation de la taxe d'habitation que tout le  monde paye.

Oui, Macron poursuivra en pire la politique de Hollande.  Non, il n'est pas du centre, il est d'extrême gauche, la seule vraie aujourd'hui , l'extrême  gauche sociétale. Ceux qui ne le comprennent pas ignorent la nouvelle alliance propre à notre temps  : celle de la finance internationale  ultralibérale avec l'extrême gauche sociétale  ( LGBT,  No borders etc. ) tandis que , sur le plan économique, la finance s'allie aux assistés de toutes sorte , migrants compris,  que la même finance  multiplie en licenciant et en encourageant  l'immigration. Tout  cela au détriment des classe moyennes qu'il s'agit d'écraser encore  car elles   ont le défaut pour les mondialistes  d'être   porteuses d'un héritage de  valeurs  qu'ils veulent détruire.

 

                                                                       Roland HURE

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:46

LA VEUVE DE SOLJENITSYNE HUMILIEE PAR MACRON

 

http://www.bvoltaire.fr/veuve-de-soljenitsyne-humiliee-emmanuel-macron/

22/04/2018

Le boycott du pavillon russe du Salon du Livre de Paris par Macron est un signe à la fois de servilité et de petitesse.

Servilité, d’autres diront alignement,  sur la vague d’hystérie  antirusse  dont le prétexte a été l’assassinat d’un ancien espion de Moscou à Londres et de sa fille, attribué sans preuves sérieuses à son ancien service et donc à Poutine.  La raison en est sans doute l’amertume de Washington et de Londres devant le fiasco de leurs  entreprises en Syrie.

Il est  clair que Macron a voulu , dans cette affaire , se montrer l’élève modèle de l’OTAN, comme il  veut être l’élève modèle de l’Europe de Bruxelles  et  qu’il avait été , un peu plus tôt,  l’élève modèle de Sciences Po et de l’ENA.

La légèreté du point de départ  (quelque  tristesse que puisse inspirer la mort de ces deux personnes) lui donnait pourtant l’occasion de se démarquer comme la France l’a fait dans des affaires autrement importantes : il ne l’a pas saisie, au contraire. Cela ne nous laisse rien augurer de bon :    si la tension venait à s’aggraver encore en Europe,  il nous mettrait sans hésiter dans la nasse. D’autant que certains se demandent si derrière cet alignement  ne se cache pas le réflexe  mimétique d’un tempérament  immature.

 

Petitesse

 

Mais il a fait  aussi preuve de petitesse. Qu’est  cette émotion passagère à côté de l’ancienneté des liens entre la France et la Russie ?  Il avait pourtant tenu, à son entrée en fonctions,   à fêter le 300e anniversaire  de la visite du tsar Pierre le Grand à Versailles en y invitant  le président russe, donnant l’illusion d’une  indépendance  d’esprit que rien n’est venu ensuite confirmer.  Qu’est cette crise  à côté des combats communs qui ont été menés en 1914-1917, en 1941-1945 et des millions de morts russes qui ont permis  d’abattre les ennemis  de la France ? Puisqu’il s’agissait d’un événement culturel, qu’est-elle à côté des innombrables convergences historiques de nos deux cultures ? Macron prétend connaitre de la philosophie,  mais connait-il l’histoire ?

C’est pour des raisons tout aussi conjoncturelles et mesquines que Hollande avait refusé de participer à l’inauguration du monument   aux morts qui commémore sur les quais de la Seine le sacrifice des 200 000  soldats russes qui nous a  permis en 1914 de gagner la bataille de la Marne  ou l’inauguration du Centre culturel orthodoxe du Quai Branly.

Tolstoï nous montre que lors de l’invasion de la Russie par Napoléon, l’élite russe continuait d’admirer la  culture française : elle n’était pas si ridicule que le  sont celles  qui aujourd’hui  nous gouvernent.

Au pavillon russe se trouvait la veuve d’Alexandre Soljenitsyne, lequel est, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, un  des géants  du XXe siècle. La boycotter elle aussi était de la dernière petitesse.  Elle a marqué sa déception et son étonnement : «  Nous pensions qu’il était un  plus indépendant que ses prédécesseurs ». Elle a été déçue. Mais  pas nous car ce qu’elle a découvert, nous le savions déjà.

 

Roland HUREAUX

 

 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:45

MEMENTO

 

Benham KERYO,  impétrant de la commanderie de Quercy-Rouergue

 

Publié dans le site de l’Ordre du Saint-Sépulcre

 

La commanderie Quercy-Rouergue a été endeuillée en 2017 par le décès de notre ami Benham  Keryo qui se préparait à être adoubé  en 2018.

Tous ceux qui l’ont connu ont  été frappés par sa personnalité originale.

Chrétien d‘Irak, de rite araméen catholique,  originaire de Mossoul (l’ancienne Ninive), il était venu à Paris à l’âge de 24 ans pour y  achever ses études.

Il y obtint notamment un doctorat en sciences de l'histoire des religions à la Sorbonne. 

Il avait participé dans l’armée irakienne à la guerre du Kippour (1974) et était plus tard entré aux Nations-Unies où il avait été en poste au Kenya pendant plusieurs années, un pays où il avait gardé des amis  et dans lequel il est décédé.

Pas assez politiquement correct pour aller jusqu’au bout de sa carrière de  fonctionnaire international, il s’était fixé  il y a une vingtaine d’années  à  Valprionde (Lot), près de Montcuq, avec son épouse Tania, d’origine américaine et leurs  enfants.

Il connaissait de nombreuses langues, pas  seulement les langues modernes : français, anglais, arabe,  mais aussi des langues anciennes comme  le babylonien et l'araméen, sa langue maternelle et la langue du Christ. Il pratiquait  les calligraphies du Proche-Orient : il avait fait un art de  l’écriture cunéiforme sur argile.  

Il avait enseigné aussi bien l’histoire des civilisations de l’Orient ancien à l’Université de Bordeaux que  la géopolitique à l’Institut d’d’études politiques de Toulouse. 

Avec la passion dont il faisait toujours preuve, il s'était lancé dans un projet d'envergure : traduire le Houdra, un bréviaire chaldéen millénaire de 2200 pages retraçant la vie de Jésus et rédigé en araméen entre le IIe et le VIe siècle après Jésus-Christ par les pères de l'Église chaldéenne, branche catholique de l'Église d'Orient. Ce projet avait reçu l‘appui du CNRS mais il restera malheureusement inachevé.   

Il était en même temps chanteur et musicien.  Il jouait du piano, de la flûte et de la cithare. Il chantait  une fois par mois les vêpres en araméen à la cathédrale de Cahors.

Il avait été amené à chanter en araméen   lors de la  veillée d’armes de la cérémonie d’adoubement  de l’Ordre du Saint-Sépulcre à Toulouse en 2016. Tous ceux qui l‘ont entendu à cette occasion garderont un souvenir ému et ébloui de son intervention

Chaleureux, courtois, respectueux des autres, il était également un homme d’une grande piété, fin connaisseur des textes sacrés. 

C’est avec assiduité  qu’il suivait les réunions de l’Ordre  de la commanderie du Quercy-Rouergue, voyant dans l’Ordre  le  signe de l’intérêt des Français  pour la chrétienté d’Orient, si chère à son cœur.

Il était profondément blessé par la situation dramatique de son pays  natal, l'Irak, et les violences subies par son peuple, surtout depuis 2003. A quelques jours près il aurait  pu se réjouir  de la reprise de Mossoul occupée par Daesh depuis trois ans.

C’est au cours d’une  marche à pied dans le désert du Nord Kenya, au début du mois de  novembre 2007 qu’il a  été pris d’un malaise, trop loin  de tout  pour espérer un secours médical immédiat.

C’est avec consternation que nous avons appris son décès qui représente une  grande perte.  

Ses cendres ont été rapatriées de Nairobi à Mossoul.

Une messe à son intention a été célébrée à l’Eglise chaldéenne de Paris en présence de  ses filles et de deux représentants de la Commanderie.

 

 Benham_Keryo_Veillee-Armes_OESSJ_2015.jpg (111 Ko)

Partager cet article
Repost0