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Roland HUREAUX

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:40

 

LA BAISSE DE LA FECONDITE FRANCAISE : D'IMMENSES CONSEQUENCES

3/5/2016

Les données du début 2016 confirment hélas  la baisse des naissances observée en France en 2015. L'année dernière, le taux de fécondité de la France est passé au-dessous de la barre de 2  enfants  par femme, pour se trouver à 1,96. Rappelons  qu'il faut un fécondité de 2,1  pour renouveler les générations. Cela signifie  18 600 naissances en moins  sur 800 000.

Francois Hollande et son équipe devraient s'en réjouir : n'est-ce  pas là l'aboutissement des mesures hostiles aux familles avec enfants qu'ils ont prises avec une rare obstination depuis 2012 ?  Enfin une politique qui atteint son but ! 

Baisse de 500 € du plafond du quotient familial, réduction de moitié des allocations familiales au-dessus de 6000 € de revenu familial par mois ; des  3/4 au dessus de 8000 €, suppression de la prestation d'accueil de jeunes enfants (Paje) à 240 000 ménages,  réduction du complément de libre choix d'activité (CLCA),   baisse du plafond des primes de naissance, réduction de six mois l'allocation parentale d'éducation sous prétexte de parité homme-femmes. On n'en finit pas d'énumérer ces mesures antifamiliales mesquines (qui se souvient du temps où Guy Mollet instaurait une allocation de la mère au foyer ?) .  Il n'y a pas que des questions d'argent :  comment imaginer que l'institution d'un mariage homosexuel et la suppression du délai de réflexion ( maintenu pour un  crédit voiture) avant avortement donneront aux Français le  sentiment que le renouvellement de la population est une priorité du gouvernement ?

Le paradoxe est que toutes ces mesures frappent d'abord, mais pas seulement, les ménages  d'un certain niveau de revenu alors qu' une des spécificités françaises était précisément l'existence de familles nombreuses issues de la classes moyenne . Tant par leur impact statistique , croissant à chaque génération,  que par leur valeur d'exemplarité , elles contribuaient à placer  la natalité française au dessus du reste de l'Europe, près du seuil de renouvellement.

L'autre explication de  cette exception française , difficile à quantifier faute de statistiques ethniques,  est la fécondité supérieure des immigrés. Il semble que , du fait même de la panne de l'intégration signalée par Michèle Tribalat, l'écart avec le reste de la population et donc la contribution de l'immigration à la fécondité française, se soit agrandie  depuis quinze ans.  Les familles populaires indigènes ayant en moyenne peu d'enfants, les mesures qui tendent à concentrer les  aides sur "ceux qui en ont le plus besoin" profiteront surtout aux familles issues de  l'immigration, accroissant à terme les tensions qui traversent la population française.

Cette politique malfaisante  avait en partie pour but de récupérer  de l'argent, non point pour faire des économies, mais pour faire face à d'autres dépenses  budgétaires.  3 ou 4 milliards ont été ainsi prélevés sur les enfants et donc sur l'avenir.   Défense et démographie sont les deux  mamelles de la puissance. Avec l'irresponsabilité qu'on  leur connait depuis longtemps, les socialistes ont opéré presque  toutes  leurs coupes budgétaires là dessus.

Les coupes sombres de la politique familiale ciblées sur les  couches moyennes ( ceux qui ont des revenus très élevés , généralement âgés, n'ont en général plus d'enfants), constitue  aussi une basse vengeance politique contre une catégorie, les familles nombreuses des  classes  moyennes qui ont fourni le plus gros de effectifs de la Manif pour tous. Il est clair que M.Hollande n'en attend pas un soutien politique: dès lors, au diable l'avenir de la France ou son équilibre sociologique, il faut les saquer.    

Nous connaissons des familles encore jeunes ,ayant courageusement fait le choix  d'avoir plusieurs enfants, qui, toutes mesures confondues, perdent 20 000 euros par an. Leur  découragement pourrait en partie expliquer l'érosion de la natalité. A quelle autre catégorie sociale a-t-on  infligé  une pareille perte?

En s'acharnant conte l'exception française que constitue une   natalité supérieure au reste du monde occidental (mais au-dessous du seuil de renouvellement ) , ce n 'est pas seulement à l'avenir de la France que le gouvenrment porte atteinte, c'est aussi  à celui de l'Europe. La fécondité moyenne du continent est de 1,46 ( 1,44 en Allemagne), toutes origines comprises ce qui veut dire que  si l'on ne prend pas en compte   les enfant de l'immigration, la population européenne s'éteint lentement.

En maintenant un taux de natalité  proche du seuil de renouvellement, la France, représentait  une sorte de phare,  un témoin   presque unique au monde qu'un pays développé n'était pas voué à la mort lente.  L'Irlande (1,99)  et les Etats-Unis (1,87)  qui étaient au-dessus de 2  il y  a cinq ans sont comme nous passés au-dessous. Seul, parmi les pays occidentaux, Israël ( y compris sa composante juive) maintient le cap d'une fécondité relativement élevée (2,7) . C'est bien peu.

L'Europe elle-même , c'est peut être la seule chose qui lui reste    de son rôle historique,   a donné la direction au monde. Aujourd'hui sur tous les continents, le fécondité est en chute libre ( Chine: 1, 6 ; Japon: 1,4;  Inde 2, 5 ; Russie: 1,6, Iran : 1,8; Brésil : 1,7  ). Seule l'Afrique noire (5, en légère baisse) résiste à cet évolution, au risque de graves déséquilibres.

Ces données réjouiront  ceux qui craignent la surpopulation de la planète. Mais elles  font craindre un vieillissement et une perte de mémoire peut-être sans retour de l'Europe et du monde.

 

                              Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:38

COMMENT LA FRANCE A PU ELIRE MACRON ? QUE PEUT-ELLE EN ATTENDRE ?

 

Communication au Colloque organisé par Zeit Fragen à Zürich  le 21 juillet 2017

 

Chers Amis,

 

Je remercie l’équipe de Zeit Fragen (Horizons et débats) de son   accueil et de sa confiance.

Je la remercie aussi de son intérêt pour la   France.

Vous vous interrogez sur la situation politique française après l’élection de l’actuel président de la République, Emmanuel Macron, mais sachez que beaucoup de Français s’interrogent aussi : ils se demandent ce qui leur est arrivé.

Certains comparent   l’élection de Macron et celle d’une   majorité de députés de son parti En marche qui a suivi   à une nouvelle Révolution française. Je ne crois pas que ce soit bien sérieux.    

 

Je soulignerai trois paradoxes :

 

Le premier : la population française était traversée par une immense volonté de changement. L’hostilité était générale à l’égard de Hollande, mais aussi des deux principaux partis, les Républicains (droite classique) et le parti socialiste.

Selon les sondages thématiques qui ont été faits, les Français sont hostiles à tout ce qui résulte de la pensée dominante :

  • L’Europe de Bruxelles

(déjà rejetée en 2005 à 55% des voix, ce dont les politiques n’ont nullement tenu compte)

  • L’immigration de masse
  • L’insécurité
  • La récession et le chômage.

Et pourtant, ils ont élu Macron, l’adjoint économique de Hollande, d’abord comme conseiller à l’Elysée puis comme ministre des finances, qui est précisément la caricature de tout ce que les Français rejetaient : ancien élève de l’ENA, Inspecteur de finances (comme Couve de Murville,  Giscard d’Estaing, Rocard, Juppé et une partie de l’establishment financier). La majorité des nouveaux élus sont des socialistes qui se sont reconvertis pour assurer leur survie.

Ajoutons que Macron a brûlé toutes les étapes du cursus honorum, n’ayant jamais été député ou élu local avant d’accéder au poste suprême.

 

Second paradoxe :

 

Le nouveau gouvernement se pose comme celui du changement, du renouvellement, de la nouvelle génération. Or on cherche en vain la moindre idée originale   dans son programme et dans ses discours.

Tout ce qu’il propose vient du fond de tiroir idéologique et technocratique des 30 dernières années :

  • Parité à tous les niveaux, discrimination positive ;
  • Distribution assez désordonnée d’argent vers les plus bas revenus ;
  • Eloge de la décentralisation contre le jacobinisme, un des sentiers battus de la politique française qui a fait prospérer le clientélisme et les dépenses publiques ;  
  • Poursuite du regroupement des communes, suppression de la moitié des départements ;
  • Réduction du nombre des députés, du nombre de membres des cabinets ministériels (ce qui, entre nous, n’a pas grande importance).

Il n’a fait dans sa campagne presque aucune proposition qui réponde aux préoccupations fondamentales des Français :  crise du système éducatif, immigration (et islamisation), justice arbitraire et gauchisante, système social coûteux, désordonné et pompe aspirante de l’immigration.

La politique fiscale qu’il annonce est directement tournée contre les classes moyennes qui supportent déjà l’essentiel du poids des 58 % de prélèvements obligatoires : suppression l’impôt sur les fortunes, mais seulement financières, de la taxe d’habitation, seul impôt universel que nous avions mais augmentation de la taxe foncière que ne payent que les propriétaires.

Là aussi, c’est le prolongement des tendances de ces dernières années déjà cause de tant de frustrations.

Il promet 2 % de dépenses militaires : c’est la norme de l’OTAN ; Il promet de ne pas dépasser les 3 % de déficit : c’est la norme de la Commission européenne : quelle originalité ! Les deux promesses sont d’ailleurs difficilement compatibles. Leur conflit explique la crise qui vient d’avoir lieu avec le monde militaire : comme un fonctionnaire classique du ministère des finances, Macron trouve sa variable d’ajustement dans les dépenses de défense, déjà très écornées.

Tout cela ne fait pas en tous les cas un programme net et cohérent. Il est vrai que le principal projet de Macron est d’appliquer les décisions de Bruxelles à la France, rien d’autre, ce qui n’est pas intellectuellement très difficile.       

La nouvelle majorité, faite de gens pour la plupart sans expérience de la politique, est sans doute prête à voter ce qu’on lui dira de voter sans savoir exactement quoi.

 

Troisième paradoxe : Macron dispose d’une large majorité : élu lui-même avec les 2/3 des suffrages exprimés contre Marine Le Pen, il a fait élire 400 députés sur 570. Néanmoins, il pâtit toujours d’un déficit    de légitimité.  Si on ajoute les abstentions   et les votes blancs  à la présidentielle, il n’a bénéficié que de 21 % des voix au premier tour et 40 %   au second.

Et encore, même ces chiffres ne reflètent pas une adhésion réelle. Au premier tour, il a reçu les suffrages de beaucoup de socialistes qui voulaient garder leurs prébendes et n’espéraient plus que le candidat socialiste soit au second tour (c’est ce qu’on appelle en France le « vote utile ») et au second tour les voix encore plus nombreuses de gens qui, sans aucun intérêt pour Macron, ne voulaient pas de Marine Le Pen.

La large majorité législative de Macron est un effet de notre système électoral uninominal à deux tours.

La révocation du chef d’Etat-major de armées, le général Pierre de Villiers (frère de Philippe) en juillet a provoqué un scandale qui révèle sa faible légitimité.

 

Après ces paradoxes, des questions :

 

Première question : qui a gagné, la gauche ou la droite ?

 

En langage parisien : le 9-2 (quartier très bourgeois) ou le 9-3 (quartier très populaire, principalement immigré aujourd’hui) ? Paradoxe : ces deux départements qui votaient à l‘inverse jusqu’ici, se sont rejoints pur élire des députés En marche.

La droite libérale et le patronat espèrent un démantèlement du Code du travail ; Macron devrait être pour eux un nouveau Thatcher. Les ordonnances travail, demandées par Bruxelles, vont dans ce sens quoiqu’elles ne représentent pas la révolution qu’une presse complaisante annonce.

La gauche sociétale espère une lutte renforcée contre les discriminations de « genre », l’homophobie et le racisme, l’encouragement à la discrimination positive, une plus grande tolérance du communautarisme.   Macron a promis d’instituer la PMA (procréation médicalement assistée) pour femmes ou lesbiennes demandée par le lobby LGBT.

Avec Macron, le nouveau « bloc historique », comme disait Gramsci, libéral-libertaire, rassemblant l’extrême-gauche sociétale et la haute finance , incarné par le think tank Terra   nova, proche du parti démocrate américain, trouve son accomplissement.

Mais Macron est-il si libéral qu’on le dit ?  Déjà on voit se renforcer    la chape de plomb qui pèse  sur la liberté d’expression au  nom de l’antiracisme, de la mémoire etc.. Il a proposé de rendre public le nom des entreprises qui ne respecteraient pas la parité. Il n’envisage rien pour réduire les dépenses publiques, au contraire – ça lui importe peu puisque c’est la seule classe moyenne, qu’il méprise, qui paye les impôts.

 

Deuxième question : cette élection résulte-t-elle plus d’une   aventure individuelle ou d’une machination collective ?

 

Cela semble une aventure individuelle : il a bénéficié de l‘appui précieux du grand patron de presse franco-israélien   Patrick Drahi qu’il est allé chercher en donnant le feu vert de Bercy (le ministère de finances) à son acquisition de la   licence SFR, vraie poule aux œufs d’or. Certains voient en lui, par la jeunesse et l’audace de son entreprise couronnée de succès, un nouveau   Bonaparte.

Mais il a bénéficié aussi d’un réseau impressionnant de soutiens nationaux ou internationaux dont on murmure que ce sont eux qui seraient allés le chercher et non l’inverse :

Tous les tenants de l’euro mondialisme, Attali, Minc, Bernard-Henri Lévy, Bébéar, le CAC 40, le MEDEF .  

Presque tous les patrons de presse : Pierre Bergé (proche du mouvement LGBT), Xavier Neel, Arnaud, Drahi déjà évoqué. Le Figaro de Serge Dassault a certes soutenu Fillon mais en ménageant Macron.   Il avait avec lui toutes les chaines de radio et de télévision publiques, toute la presse de province.  Tout ce beau monde et les journalistes qu’il emploie   sont  sur la ligne que j’appelle « les lilimps » (libéraux, libertaires, impérialistes, c’est à dire néoconservateurs).   

Même des journaux indépendants, comme Le Canard enchaîné et La Croix l’ont, de fait, soutenu. S’agissant de La Croix, le grand journal catholique, on pourrait penser qu’il a reçu des consignes de l’épiscopat, mais il se pourrait qu’au contraire que ce soit lui qui communique aux évêques, qui tous lisent ce journal, les impulsons de la sphère mondialiste et du milieu « médiatique -mimétique » gauchisant. 

Exception : l’hebdomadaire Valeurs actuelles qui a soutenu très fort Fillon et plutôt Le Pen au second tour.

Macron a aussi bénéficié de l’impact de quelques idées fortes qui ont frappé : « ni gauche ni droite », « libéral » (ce qui, on l’a vu, était mensonger). Mais auraient-elles autant frappé s’il n’avait eu un tel appui médiatique ? Et fut-il son propre directeur de la communication ou y a-t-il eu derrière lui des stratèges de gros calibre ? Je ne sais.

C’est en tous les cas grâce à la connivence de la presse que les questions gênantes (relatives notamment aux incohérences de ses déclarations de patrimoine) n’ont pas été évoquées, alors que la même presse s’est acharnée au-delà de toute mesure sur les affaires, pas si graves au fond, de Fillon. 

Son programme était flou et démagogique , beaucoup  plus que celui de Fillon qui paraissait austère. On a reproché sa démagogie, bien réelle, à Marine Le Pen, mais pas à Macron qui en a usé autant.

Incontestablement Macron a été le candidat de l’oligarchie médiatico-financière, nationale et internationale et, plus largement, de tous ceux qui ont tiré parti de la mondialisation. Les cartes    ou les enquêtes sur la sociologie des résultats le prouvent abondamment : il a bénéficié de votes de la région parisienne et des métropoles de province, le reste de la France lui ayant été bien moins favorable.   C’est à peu près l’inverse de l’électorat de Trump    aux Etats-Unis.

Tous les moyens ont été employés sans vergogne pour casser Fillon, le seul rival potentiel sérieux. On n’a pas hésité à porter atteinte aux principes les plus sacrés   hérités de la Révolution   française, principalement à l’interdiction faite dès   1789 à la justice d’interférer avec un processus politique ou administratif quelconque, interdiction plusieurs fois réitérée depuis lors. C’est pourquoi certains ont parlé d’un véritable « coup d’état », se référant notamment à l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 aout 1789 :   Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.

 

Si on considère que la presse est la quatrième pouvoir, Macron en avait trois sur quatre avec lui : le pouvoir exécutif (les montages contre Fillon n’auraient pas été possibles sans l’appui de l’Elysée), le judiciaire, et le médiatique. D’où les doutes que l’on peut émettre sur le caractère démocratique de cette élection.

 

Fillon n’avait pourtant pas sur l’Europe des positions très différentes de celles de Macron. Mais , pour l’élite transatlantique, il avait une tare majeure :  ses liens avec Poutine et  sa russophilie. On peut cependant se demander si la dite élite ne tenait pas encore davantage   faire passer à tout prix son « bébé » Macron qu’à   battre Fillon.  Macron représentait pour elle le terme ultime d’une entreprise de longue haleine visant à faire rentrer la France dans le rang.

 

Troisième question :  quelle est la part du national et la part de l’international dans la machination Macron ?   

 

Macron a bénéficié de soutiens internationaux prestigieux : Obama, Juncker, Merkel (sceptique au départ, mais vite ralliée) et par ailleurs Goldman Sachs : le premier dîner de levée de fonds   a eu lieu en décembre 2016 à Londres sous la présidence d’un associé de haut niveau de Goldman Sachs. Quel rôle a été tenu par les Rothschild (auprès de qui Macron avait travaillé et qu’il avait, dit-on, favorisé comme ministre des finances) ou Soros ? Il est difficile de le dire.

Presque tout le Club du Bilderberg était avec lui (bien que son président français, Henri de Castries, ait été un soutien de Fillon).

Ces membres de la classe mondiale la plus huppée venaient   d’essuyer deux revers cinglants avec le Brexit et l’élection de Trump. Il leur fallait à tout prix une revanche : ce fut l’élection de Macron.

Parce qu’il a un esprit totalement formaté ou bien parce qu’il est en service commandé, on ne sait, Macron n’a sur aucun sujet, le moindre recul par rapport à la doxa internationale. L’ancien directeur de l’Institut d’études politiques de Paris (mort d’une overdose dans un hôtel de New York) Richard Descoings, interprète accompli de cette doxa, a eu une forte influence sur lui. Macron en a été sans doute le meilleur étudiant.

C’est ainsi que, durant sa campagne, il est allé à Alger accuser la France   de crimes contre l’humanité durant   la colonisation (pour mémoire, un des dirigeants historiques du FLN algérien, longtemps réfugié en Suisse, Aït Ahmed, a déclaré peu avant sa mort : « Du temps de la France, l'Algérie, c'était le paradis. Chasser les pieds noirs a été plus qu'un crime :  une faute. »)

Plus que tous ses prédécesseurs, il a insisté, lors de la    dernière cérémonie commémorant la rafle des juifs au Vel d’hiv (1942)  sur la responsabilité de la France (et non du régime de Vichy) dans la shoah. C’est un sujet sensible en France où depuis la Libération , le régime de Vichy est tenu pour illégitime, les seuls représentants qualifiés de la  France ayant été  à l’époque les gens de Londres . De Gaulle et Mitterrand ont tenu ferme sur cette ligne. C’est Chirac qui, le premier, a mis les actes de Vichy au compte de « l’Etat français ». Hollande et surtout Macron en ont rajouté une couche.  

Macron  est même allé jusqu’à dire pendant sa campagne qu’ « il n’y a pas de culture française ».   

Epouser le french bashing anglo-saxon semble être devenu obligatoire pour qu’un chef d’Etat français soit jugé acceptable à l’international !

Il a fait son discours de Berlin devant la Fondation Konrad Adenauer en anglais, mais ce germanophile ne sait pas l’allemand.

 

Quatrième question : quelle est la marge de manœuvre de Macron ?

 

Pour les amateurs de bandes dessinées belges (Spirou et Fantasio du génial Franquin), cette élection a fait l’effet de la « zorglonde », cette onde mystérieuse que le savant fou Zorglub a inventé pour commander le comportement des foules.    

Que Macron soit ou non le principal auteur de la machination, on ne peut que constater que ses proches ne sont pas n’importe qui. Edouard Philippe le premier ministre, au départ  inconnu du grand public, est un des rares    hommes  politiques français  à avoir été  invité récemment au Club du Bilderberg. Jean-Yves Le Drian, nouveau ministre des affaires étrangères était bien  connu à  l’OTAN, Bruno Le Maire,  nouveau  ministre des finances  est germanophone ( ce qui est devenu très rare dans la politique française)  et proche de l’Allemagne.   Macron avait-il   la possibilité de choisir d’autres profils ?

Sur le plan économique, dès lors qu’il est attaché au maintien de l ’euro, sa marge de manœuvre n’est pas plus grande que celle de Hollande. Les prix français continueront à   être insuffisamment compétitifs, surtout par rapport aux prix allemands. Le déficit de la balance des paiements qui dure depuis 2002 va donc s’aggraver. Faute d’une croissance forte, il sera difficile d’équilibrer le budget. Macron, qui ne semble pas du tout prêt à réduire les dépense sociales (sauf les allocations familiales des classes moyennes, c’est à dire des seuls Français de souche !)  va s’efforcer de tenir la barre des 3 % du PIB de déficit en se contentant de promettre à Bruxelles de faire mieux l’année prochaine, comme nous le promettons depuis dix ans, c’est dire que la dette publique qui est de 100 % du PIB va augmenter chaque année de 3 %. Il ne contiendra d’ailleurs le déficit qu’en écrasant un peu plus les classes moyennes d’impôts. Morne perspective que la relance internationale actuelle masque un peu.

Si on considère les premiers pas de Macron en politique étrangère, il semble qu’il ait tenté de s’émanciper, dès son élection, en invitant à Paris Poutine, puis Trump qui ne sont pas précisément les favoris de la sphère euatlantique. Mais la suite n’a pas confirmé ces promesses, en particulier au Proche-Orient où la France continue à s’isoler par son extrémisme anti-Assad. Aurait-il fait l’objet d’un rappel à l’ordre ? Autant ses paroles que ses actes sont ambigus : l’inféodation de la France à l’Allemagne est confirmée ( honteuse cession d’Alstom à Siemens) ; il s’obstine à vouloir renforcer les pouvoirs de l’Europe supranationale, alors même que ni ses partenaires européens, plus conscients que lui des réticences de l’opinion publique, ni évidemment les Français, ne sont enthousiastes.  Il se met à dos les pays du groupe de Višegrad (en particulier la Pologne), que Soros exècre tant, mais qui ont toujours été (le sait-il seulement ?) des amis de la France.     

 

Conclusion :

 

Macron ne pourra que se révéler une grande illusion pour tous les Français qui espéraient sincèrement un changement. Je ne vois pas d’autre comparaison que l’illusion donnée par Pétain en juin 1940 à beaucoup de Français qui pensaient qu’il avait un plan secret contre les Allemands et qui, dès lors, ne pouvaient être que déçus.  

 

Ce dont je suis sûr :

Cette élection ne permettra pas de résoudre les problèmes des Français puisque, sans le savoir, ils se sont en fait révoltés contre les politiques dont Macron est l’incarnation accomplie.

Les Français qui ont fait confiance à Macron, et qui, nous l’avons dit, ne sont pas si nombreux qu’il y parait,  ne pourront que connaitre la désillusion.

Je ne peux pas vous dire pour autant ce qui va se passer ; en dehors de Mélenchon, talentueux mais peu crédible, proche de l’extrême-gauche, il n’y de véritable opposition.

Marine Le Pen a montré ses limites dans le débat du second tour de la présidentielle. Il était tout de même  fâcheux qu’elle ait représenté  le seul choix possible pour les 60 % de Français qui ne se reconnaissent pas dans la pensée dominante.    Certains se demandent même si la famille Le Pen n’a pas été depuis longtemps favorisée par le système   pour servir de repoussoir et donc faciliter sa perpétuation.   Les Républicains (UMP) sont en crise :    la moitié se demande   ce qui les sépare encore de Macron.  

Entre le FN et l’UMP, existe cependant un espace qui comprend en particulier ce qui reste de vrais   gaullistes et où beaucoup   de Français se reconnaissent mais il n’est occupé que par une pléiade de petits partis. C’est pourtant   de là et de nulle part ailleurs que pourra repartir la reconquête.

Merci de votre attention. Je suis désolé de n’avoir pas répondu à toutes vos questions, mais je suis prêt à répondre à toutes celles que vous me poserez.

 

 

Roland HUREAUX

 

 

 

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:33

Entretien publié dans Monde et Vie

 

Si vous pouviez murmurer à l’oreille du nouveau président de la République, quel est le premier acte que vous lui conseilleriez de poser ?

Je lui dirais de ne pas faire de lois nouvelles et de commencer par abroger la plupart des lois et décrets de ces dernières années lesquels, pour une grande part, ont aggravé les problèmes au lieu de les résoudre. Cela est particulièrement vrai en matière d’éducation, de justice, d’administration territoriale, de droit de la famille. Jusqu’où faudrait-il remonter ? En tous les cas, il faut abroger presque tout ce qui a été fait au cours du quinquennat Hollande.

Cette proposition est en forme de provocation, mais elle est moins farfelue qu’il ne parait. Le théoricien marxiste Guy Debord, qui a inspiré un philosophe catholique comme Philippe Muray, disait que « la société du spectacle (celle où nous nous trouvons) ne peut plus se réformer que pour faire aller les choses de mal en pis ».

Qui pleurera la réforme du collège, la loi Egalité et Citoyenneté, la modulation des allocations familiales et naturellement les lois Taubira et bien d’autres choses encore, comme la réforme territoriale ou l’extension du délit d’entrave à l’avortement ?

Mais beaucoup d’erreurs ont été commises aussi dans les quinquennats antérieurs. Je pense par exemple que si on n’avait fait aucune « réforme de l’Etat » depuis 25 ans les dépenses publiques seraient de 10 % moins lourdes. Paradoxe d’autant plus étonnant que presque toutes ces réformes visaient à les réduire !

Europe, euro, immigration, éducation, culture, questions de société… Le gouvernement de la France a abandonné des pans entiers de souveraineté en même temps qu’il s’immisce à l’extrême dans la société civile. Par où faut-il commencer le redressement du pays ?

Il est clair que les chantiers sont immenses. Certains sont moins urgents : je pense que « plaie d’argent n’est pas mortelle » et que, quelle que soit la nécessité de relancer l’activité économique, de réduire les dépenses publiques, de réformer la fiscalité, d’aménager le territoire au bénéfice des zones déshéritées, on n’en est pas sur ces chapitres à quelques mois près.

Mais il ne faut pas attendre pour infléchir une politique étrangère totalement inféodée à l’OTAN et qui s’est avérée criminelle. Il faut ainsi cesser immédiatement d’aider les groupes djihadistes au Proche-Orient (l’opinion croit que nous les combattons, mais c’est le contraire !). Il ne faut pas attendre non plus pour définir une stratégie industrielle.

La question de l’euro, surévalué pour la France, est capitale : à moins qu’un vent de spéculation internationale ne le fasse éclater, le nouveau gouvernement peut, me semble-t-il, laisser passer quelques mois pour prendre des décisions.

Il en est de même pour une éventuelle réforme de l’Union européenne.

L’urgence est plus grande en matière d’éducation pour des raisons de calendrier : la rentrée scolaire est imminente. Un gouvernement de droite, quel qu’il soit ne saurait la faire dans le cadre tracé par Najat Vallaud Belkacem : compte tenu du délai requis pour faire de nouveaux manuels, le gouvernement devra faire sans délai les quelques réformes urgentes : abrogation de la réforme du collège, retour aux méthodes naturelles d’apprentissage de la lecture, restauration de l’histoire de France, priorité à la langue française etc. Je suggère qu’on reprenne tout simplement les circulaires Robien de 2007, absurdement abrogées par Sarkozy et qui étaient, au moins pour deux d’entre elles, excellentes.

Le problème principal de la France, comme de l’Europe, dont personne n’a parlé dans la campagne, est que sa population ne se renouvelle pas, surtout la population d’origine. La gauche a pris des mesures désastreuses : suppression des allocations familiales de la partie supposée aisée de la population, abaissement du quotient familial. Il faut revenir à ce qui existait avant, et même aller plus loin : la société est de plus en plus hostile à la mère et à l’enfant. Il y a les pressions qui s’exercent impunément un peu partout, y compris dans les familles et les entreprises, pour que les femmes avortent (alors que, comme vous le savez, ceux qui veulent les en dissuader sont passibles de poursuites). C’est toute la mentalité de nos contemporains vis à vis de l’enfant qu’il faut changer. Des gestes forts, pas forcément législatifs, doivent être posés très vite.

 

Un président peut-il afficher ses convictions chrétiennes et cela peut-il, doit-il peser sur ses choix ? Par exemple, face au « mariage » gay, au « droit » à l’avortement, à l’islam, à la mise en œuvre de la laïcité ?

Un président, comme autrefois les rois, a une mission capitale qui passe avant tout : maintenir la paix civile. Cela peut supposer une certaine discrétion dans les affaires religieuses si elles risquent de diviser la communauté. Philippe le Bel qui était un roi chrétien, petit-fils de saint Louis, n’a jamais perdu de vue que sa mission première était le soin du royaume. Le cardinal de Richelieu de même. De Gaulle allait à la messe le dimanche mais il ne communiait pas dans une cérémonie ayant un caractère officiel (sauf à l’étranger pour faire un geste envers le pays hôte). Vous me direz : alors Dieu ne serait pas le premier servi ? Mais rien ne serait plus désagréable à Dieu qu’une guerre civile qui, je crois que saint Thomas le dit, multiplie les péchés de toutes sortes (meurtres, viols, rapines, vengeances) ? Le président doit se montrer le président de tous.

La paix civile peut aussi passer par des mesures de fermeté qui ne sont pas de l’ordre de la morale ordinaire.

Quant aux questions que vous évoquez : mariage homosexuel (pas gai du tout), avortement, ce sont des questions de loi naturelle, autrement dit de morale laïque. C’est le Comité national d’action laïque qui aurait dû prendre la tête de la Manif pour tous pour défendre la morale naturelle. Si des catholiques s’en sont mêlés, c’est à titre subsidiaire, les autres ne le faisant pas : un peu comme le pape Saint Léon le Grand défendait Rome menacée par le Huns : ce n’était pas sa mission première mais la défaillance des autorités civiles l’y avait contraint.

Comme le dit Rémi Brague, il n’y a pas de morale chrétienne, ni de morale catholique. Le Christ se réfère à la loi naturelle (réitérée dans la loi de Moïse). Et cette morale n’est, pour l’essentiel, depuis la préhistoire, que le manuel de survie des groupes humains. Il n’est donc pas nécessaire d’être un chef d’Etat chrétien pour invoquer la loi naturelle qui est au fondement de toutes les sociétés.

Quant à l’islam, sa place dans la société doit aussi être subordonnée au souci de la paix civile. La laïcité a deux significations : la première, l‘exclusion de principe de toute acte religieux de l’espace public, position de quelqu’un comme Mélenchon. Elle n’est pas acceptable. La seconde, la subordination de l’expression religieuse aux exigences de l’ordre public est indispensable : elle ne suppose aucune règle générale, il y faut le sens de l’opportunité et le doigté.

Mais le problème de fond posé par l’islam en Europe est d’abord démographique et il n’a pas de solution facile. Il se poserait même si on arrêtait entièrement l’immigration. Il est à craindre que, si la France est un jour, ce que la prolongation des courbes laisse supposer, composée de deux blocs religieux de poids comparable, nous n’échappions pas à de graves troubles. Tous les précédents historiques, sans exception, le montrent.

         

Qu’est-il encore possible d’espérer de cette élection ?

Il n’y a pas à attendre de miracles d’une élection. Le sauveur suprême n’en sortira pas nécessairement. Un peuple a les chefs qu’il mérite ; je ne sais pas si nous en méritons de très bons.

Mais avec le quinquennat Hollande, nous avons eu l’impression de toucher le fond : outre les lois sociétales que vous savez, la déliquescence de l’éducation nationale et de la justice, une politique étrangère honteuse, qui a sacrifié le sort des chrétiens d’Orient et nos propres intérêts à l’idéologie, qui a contribué à semer la guerre en Europe. S’y ajoute le viol des principes les plus fondamentaux de la République et même de l’Etat de droit, dont l’instrumentalisation sans précédent de la justice au travers de l’affaire Fillon est un exemple. Peut-on avoir pire ? J’espère que non.

 

Enfin, sur le plan métapolitique, de quoi la France a-t-elle le plus besoin aujourd’hui ?

Depuis les Lumières, il était habituel d’opposer la raison et la foi ; on opposait aussi la morale naturelle, celle dont je vous parlais, aux exigences ecclésiastiques jugées exagérées ou contre nature.

Le pape Jean Paul II a renversé la perspective dans son encyclique Fides et ratio. Quand les hommes perdent la foi, ils perdent aussi la raison. De même que, si le fond chrétien est trop affaibli, la morale naturelle qui était, pour l’essentiel, commune à l’Eglise et aux vieux laïques comme Jules Ferry, part à vau l’eau.

La déraison en politique, cela s’appelle l’idéologie qui est le contraire du bon sens, du « sens commun » si vous voulez.

L’idéologie a aujourd’hui envahi tout. Ce n’est pas une grande idéologie du type du marxisme léninisme, ce sont des dizaines d’idéologies sectorielles comme le collège unique ou les idées de Bourdieu à l’éducation nationale, les idées libertaires et antifamiliales, le marché pur et parfait promu à Bruxelles, le droit-de-l’hommisme exacerbé à l’international qui a conduit à des catastrophes. L’idéologie, comme la gnose autrefois, fait perdre le sens du réel. C’est pour cela que je disais que la plupart des réformes de ces dernières années étaient mauvaises.

Mais derrière, il y a la société civile : si elle ne se renouvelle plus sur le plan démographique, c’est qu’elle ne croit plus à son avenir. Peut-elle retrouver la foi en elle-même sans la foi tout court ? Voilà une vraie question.

Propos recueillis par Jeanne Smits

 

 

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:31

ALERTE ROUGE POUR LES CLASSES MOYENNES : MACRON VEUT LEUR MORT

           19/4/2017

http://www.bvoltaire.fr/alerte-rouge-classes-moyennes-macron-veut-mort/

 

Sous ses allures de jeune premier, Emmanuel Macron n’a pas « un problème avec les classes moyennes », il veut tout simplement leur mort.

Nommé ministre des finances le 26 août 2014, il avait commencé fort : moins de quatre mois après, le temps de préparer la loi de financement de la sécurité sociale, il leur sucrait les prestations familiales. C’est-à-dire qu’il les modulait en fonction du revenu et les supprimait   au-dessus d’un certain seuil. Au point que certains ont pu dire qu’elles étaient désormais réservées aux populations immigrées (les populations indigènes à faible revenu n’ayant, hélas, plus guère d’enfants).  Le plafond du quotient familial avait déjà été baissé par Ayrault.  Pour la première fois depuis la Libération qui avait mis en place notre système d’allocation familiales, longtemps tenu pour un modèle, les Français n’y avaient plus tous droit.  L’Etat a ainsi économisé un milliard. Ce projet avait déjà été agité par Juppé puis Jospin mais jusque-là, il s’était heurté à la résistance du mouvement familial. Fatigue face à des assauts répétés ? Cette fois il est passé sans difficulté. Il est vrai qu’il s’agissait d’une proposition parlementaire mais on sait que, en ces matières, le Parlement ne peut rien faire sans l’accord de Bercy. Derrière le quarteron de députées féministes qui avaient pris cette initiative, il y avait bien sûr Macron.

Son programme comporte deux allègement fiscaux majeurs : la suppression de l’ISF (pour les patrimoines financiers seulement) et celui de la taxe d’habitation, que presque  tout le monde paye, mais qui, pour une moitié de la population qui ne paye pas l’impôt sur le revenu, est le seul impôt.

Par quoi remplacer ces allègements ?  Cela n’est pas dit dans le programme qui a un caractère démagogique, mais on le sait par ailleurs : par un alourdissement de la taxe foncière, soit directe (il faudrait alors la doubler), soit sous la forme d’un loyer fictif venant s’ajouter au revenu imposable.  Inutile de dire que cet aloutdissment serait prohibitif pour certains foyers, dont beaucoup de retraités ayant laborieusement   acquis leur petit pavillon tout au long de leur vie et qui sont déjà si lourdement imposés dans certaines communes qu’ils doivent consacrer à l’impôt foncier 3 ou 4 mois de leur retraite.

Cela ne gêne pas les promoteurs d’un tel projet, notamment Jean Pisani-Ferry, issu de France Stratégies, boîte à idées du candidat : c‘est délibérément, qu’on veut par-là   obliger les Français à se détourner de l’immobilier pour les orienter vers les placements financiers. Les retraités évoqués devront donc vendre leur pavillon, redevenir locataires et acheter des actions. Il leur faudra « bouger ». En marche !

Il s’agit en théorie de réorienter l’épargne vers la production mais est-ce bien utile dans   un pays comme la France qui regorge d’épargne ? 

L’autre grande forme de patrimoine populaire est l’assurance vie. Là aussi le candidat Macron se propose d’en abroger les avantages fiscaux pour l’imposer au taux unique de 30 %.

Exonérations aux deux extrémités de l’échelle sociale, alourdissement au milieu, ce sont bien les classes moyennes qui sont visées par le candidat Macron. La définition des classes moyennes a évolué avec le temps. Nous proposons d’y inclure tous les Français ayant un patrimoine, faut-il modeste, composé principalement d’immobilier (en général la maison d’habitation). Cela représente environ 58 % de la population dont une partie de la classe ouvrière, la majorité des natifs et, de fait, très peu d’immigrés. Tous ceux qui travaillent ou ont travaillé, excluant ceux qui sont assez riches pour ne pas avoir à le faire ou ceux qui vivent d’assistance. Comme dans la réduction des allocations familiales, on voit bien de quel côté penche Macron. 

Déjà la loi Macron, transposant des directives européennes dont la philosophie est analogue, commençait à laminer les professions à statut (notaires, huissiers en attendant les pharmaciens), qui, dans bien des banlieues, assurent encore un encadrement social minimum.

 

Contre ceux qui « sont nés quelque part »

 

Il a là plus qu’un choix politique   ou social, il y a un choix de civilisation. Macron s’en prend à tous ceux, comme disait Brassens « qui sont nés quelque part « (le chanteur en faisait partie !). A ceux qui ont une attache territoriale, un héritage reçu et à transmettre. Par derrière, le projet d’une société telle qu’en rêvent les élites mondialisées : des individus mobiles, sans culture, sans patrie, sans repères, sans attaches, « en marche » certes mais, comme les enfants qu’entrainait le joueur de flûte de Harlem, en marche vers l’abîme.

Il vaut mieux que tous les gens de droite (ou même de gauche) appartenant à la classe moyenne et qui envisagent de voter Macron aient   cela dans l’esprit.

 

Roland HUREAUX

  

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 14:29

Un suicide pas tout à fait réussi

 

 Eric ZEMMOUR, Le suicide français, Albin Michel, octobre 2014, 534 pages.

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Un-suicide-pas-tout-a-fait-reussi

 

Au lecteur pressé qui n'aurait le temps de lire qu'une page de l'essai d'Eric Zemmour sur le "suicide français", nous recommandons celle qui traite de Louis Schweitzer (p.279), ancien PDG de Renault où est expliquée toute la cohérence entre la délocalisation de milliers d'emplois industriels, la multiplication par treize de son salaire et la présidence de la HALDE, sous-tendue par une conscience de gauche bien entendu.

Schweitzer apparait ainsi comme un personnage emblématique d'une génération où l’auteur tente de discerner les moments clef de ce qu'il tient pour le déclin de la France.

Une lecture en forme de chemin de croix :  pour qui a suivi la politique française des dernières décennies et sait déjà l’essentiel, Zemmour, pour peu qu'il en partage un peu le regard, remue le couteau dans la plaie !  Mais il  ne fait pas que cela :   ses   éclairages culturels  viennent utilement compléter les développements politiques :  le cinéma , avec le sinistre  Dupont la Joie d'Yves Boisset (1975) qui renvoie pour la première fois depuis 1789  à l'homme du  peuple français une image négative, des chansons prémonitoires comme celle d'Aznavour sur les homosexuels (Comme ils disent, 1972), le rôle du rap ou de Coluche ;   les éclairages sportifs , quant à eux,   révèlent une  vraie  compétence : ainsi est  décrite  la dénationalisation des équipes de football à la suite d' une décision dogmatique de la Cour de Luxembourg imposant aux vedettes du ballon rond  le principe de la  libre circulation des "travailleurs"  qui a transformé les grands joueurs en mercenaires. 

Sans doute aurait-il fallu distinguer, dans les étapes de cette "descente aux enfers" ce qui était inévitable, comme le déclin de la sidérurgie, les privatisations (pas toutes) ou une certaine mondialisation, de ce qui aurait pu être évité avec des politiques différentes, comme l'abandon du contrôle d'Airbus ou le droit du sol.  Mais l’auteur a une thèse : la mondialisation ne pouvait être que particulièrement   cruelle à la France dans la mesure où ses caractères historiques : Etat unitaire, héritage colbertiste, modèle social, lui étaient directement contraires. Il rappelle opportunément que l'initiative de l'Etat dans les années cinquante, soixante et soixante-dix est à l'origine de la plupart des    champions de l'industrie française :  aéronautique, espace, TGV, nucléaire etc. Il aurait pu ajouter «et européenne".

L'ouvrage, qui se veut une somme,  s'attache à ne rien omettre   de tout ce qui a contribué à raboter l'"exception française" et la France elle-même  :  mai soixante-huit  suivi du  ralliement des trotskistes au marché et aux logiques ultralibérales , l'essor du féminisme idéologique  ( qui a sans doute  le même rapport avec le bonheur des femmes que le stalinisme en avait avec celui des ouvriers   russes) , le regroupement familial,  le collège unique sacralisé par Haby,  ministre de Giscard, les lois mémorielles,   la revendication homosexuelle ,l'art contemporain,  la création de SOS Racisme à l'initiative de l'Elysée  qui , après le naufrage  de la gauche sociale,  a  assis   la nouvelle  gauche morale, la réintégration  de l'OTAN, l'adoption des  normes américaines, la transformation de l'IEP de Paris  sous l'impulsion de Richard Descoings  etc.

A la création de Canal Plus devenu selon l’auteur le chien de garde de la haine de soi, il aurait fallu ajouter la privatisation ostensible par Chirac de TFI, chaîne de référence, alors que la deux et la trois    restaient dans le domaine public ; les enseignants datent de l'éclatement du PAF vers 1987, la baisse de l’attention des élèves à l'école, la difficulté de plus en plus grande pour les adultes de les   contrôler. Zemmour n'évoque guère la décision prise par une gauche viscéralement hostile au monde rural, d'abandonner les politiques d’aménagement du territoire à partir de 1990, au risque    d'aggraver la concentration parisienne et le problème du logement.  La réforme de la PAC de 1992 donna le coup du lapin   à la vieille paysannerie française. L'auteur parle de   "Paris et la désespérance française ».

Zemmour rappelle le rôle de la gauche chrétienne ou postchrétienne dans l’attrition de l'Etat supposé "jacobin » :  Rawi Abdelal, professeur à Harvard a montré dans une étude jamais traduite le rôle décisif tenu au cours des années 1980 par les Français de cette école, les "Delors boys », dans l'accélération de la mondialisation financière où Warren Buffet voit la grande revanche des riches contre les pauvres.  Mais la gauche tout court   a su elle aussi détricoter   l'héritage de la Révolution française   avec la décentralisation, l'encouragement au communautarisme, la dégradation de l’école publique, le tout-marché (et son primat sur la démocratie au nom de l'Europe).

Certaines  innovations  dont les effets devaient s'avérer décisifs  sont passées  inaperçues  ,   personne   sur le moment n'en mesurant  la portée    : l'introduction des préambules  dans le bloc de constitutionnalité  sous Gaston Palewski (1971), porte ouverte au gouvernement des juges ; la loi Pleven ( 1972)  qui interdit toute discrimination sur la nationalité , votée à l'unanimité comme la loi Gayssot, comme la LOLF, comme  toutes les mauvaises lois ,  la loi Giscard qui interdit à l'Etat  de se financer par  la Banque de France (1973)  , loi sans laquelle la dette publique  ne  serait pas ce qu' elle est aujourd'hui.

La montée du gouvernement des juges a eu des effets fâcheux au cours de la période comme l’arrêt Motcho du Conseil d'Etat (1980) qui élargit le regroupement familial aux polygames ou l'avis de 1989 favorable au port du voile à l'école.  La loi est heureusement venue corriger en ces matières la jurisprudence.

On pardonnera quelques erreurs ici ou là : le Royaume-Uni n'a pas de régions ; Machiavel n'a sûrement pas déniaisé une France sortant vierge du Moyen-âge : un Louis XI que Chateaubriand appelle le "roi-jacobin » était déjà passé par là. Auraient pu être évités les poncifs inexacts sur le général de Gaulle : son   supposé maurrassisme, son   pacte avec les communistes ; on ne l'a jamais appelé le Père, sauf après sa mort.   Il n'est pas sûr que les centristes pro-européens qui appelaient de leurs vœux l’entrée de l'Angleterre dans le Marché commun aient été déçus par celle-ci :  la contradiction entre leur volonté d'élargissement et leur ambition supranationale   avait déjà   été relevée par le général de Gaulle. Zemmour cultive selon son habitude l’art des formules dont certaines sont un peu rapides : "c'était l'Etat qui faisait le droit ; à présent, c’est le droit qui fait l'Etat".

Pudique sur le sujet, comme il se doit, l’auteur ne mentionne pas ce qui sous-tend sans doute les évolutions qu’il déplore : la déchristianisation, qui n'avait jamais été aussi ample que dans la génération en cause. Peut-on suggérer que, à côté d'un dérèglement des mœurs après tout pas si grave, elle aurait pu entrainer   aussi, au moins dans les élites, un dérèglement des esprits ?  Quand la foi se retire, comme le montre Emmanuel Todd, l'idéologie occupe l'espace et avec elle la déraison.  On ne congédie pas impunément le Saint-Esprit. 

Il a été reproché à Zemmour d'avoir voulu réhabiliter Pétain. Ce n'était pas son intention. Il défend non pas Vichy mais la France, livrée depuis quarante ans   à une humiliante culpabilisation qui vise à saper la fierté nationale sans laquelle il n'est pas de nation vivante - et capable d'intégrer ses immigrés. C’est, non pas de la guerre comme on croit, mais de 1968 que date cette entreprise morbide ; et c'est   Jacques Chirac, non François Mitterrand, qui a identifié la France non plus à l'épopée gaulliste, mais à Vichy.  La première attaque est venue d'un historien américain, Robert Paxton, d’un pays qui, après les ruades gaulliennes, avait intérêt à abaisser la France. Mais la dénonciation obsessionnelle du pétainisme avait une portée plus large, de nature véritablement nihiliste, puisqu' à ce régime   était amalgamé de manière insidieuse    la morale traditionnelle (travail, famille, patrie) que la génération de 68 voulait détruire. Alors même que ces valeurs de toujours   avaient été tout autant exaltées par la Résistance.

Si nous devons nous cantonner à l'essentiel, nous ne ferions qu'une objection :  à l'égard de la vision qu'a l'auteur de l'Allemagne. En bon méditerranéen, il est, lui aussi, quelque part fasciné par elle. Il la tient pour une puissance sans cesse grandissante à laquelle la France aurait été contrainte au fil des ans, non seulement de céder le leadership en Europe mais de se soumettre. "La supériorité allemande est telle que la France ne pourra plus échapper sa vassalisation ». Est-ce si simple ? Il n'est de servitude que volontaire. La réunification n'a ajouté que 5 % de PIB à notre voisine, soit un an de croissance des Trente glorieuses, avec des montagnes de   problèmes (que nous l'avons aidée à régler au delà de toute mesure, au point de nous affaiblir plus qu'elle). Mais pour le reste, l’affaiblissement de la France, n’est   ce pas nous qui l'avons voulu   hors de toute exigence de notre voisin ? Déjà le préambule ajouté par le Bundestag en 1963 pour torpiller le traité de l'Elysée était l'œuvre d'un Français, Jean Monnet. Le franc fort puis la création de l'euro en 1993 résultent d’un mauvais calcul de Mitterrand qui ignorait tout de l’économie : il pensait que la réunification renforcerait l'Allemagne et que l'euro serait une compensation pour nous. Ce fut l’inverse : la réunification affaiblit durablement l’Allemagne et l’euro, tel qu'il a été conçu, c'est à dire un mark repeint, est à l'origine de l’affaiblissement de la France. Etonnante négociation de Maastricht où la France fait pression pour imposer à une Allemagne réticente une règle du jeu qui pourtant    favorise celle-ci ! Si Airbus est issu d’initiatives françaises, c'est volontairement que le gouvernement Jospin-Strauss-Kahn en transféra sans vraie contrepartie la moitié à l'Allemagne. A Pékin, on considère aujourd'hui que l'Airbus est un produit     allemand ! Il faut ajouter à ce tableau des capitulations sans défaite la guerre de Yougoslavie, règlement de comptes historique avec la Serbie, ennemie de toujours   de l'Allemagne et amie traditionnelle de la France, où rien n’obligeait Chirac à s’engager. Si l'Allemagne paraît aujourd’hui forte et la France faible, ce sont les élites françaises, toujours prêtes à trahir et, ajouterons-nous, d'une incompétence rare, qui ont fait ce choix.    Zemmour oublie cependant la fragilité de la prospérité allemande, fondée sur un appauvrissement sans précédent d'une partie de la population, la dégradation des équipements publics et une dénatalité qui épargne les dépenses scolaires. En définitive, une date nous parait plus importante que toute autre dans l'histoire de la relation franco-allemande :  à partir de l’an 2000, et pour la première fois depuis 1870, il y a plus de naissances en France qu'en Allemagne   -  et il ne s'agit pas seulement d’enfants d'immigrés !  Passée entre 1960 et 2015 de 46 à 67 millions d'habitants, la France est aujourd’hui le seul grand pays d’Europe à renouveler à peu près   ses générations. Est-ce pour cela que, seule, elle a opposé quelque résistance à   la vague du mariage homosexuel ?  Il y a en tous les cas des suicides plus réussis.

 

                                                                       Roland HUREAUX

 

 

 

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 13:27

Avant de rependre le transfert des articles, je suis heureux de vous annoncer que je viens de publier un  nouveau livre  qui nous sort des sujets politiques habituels mais, en ces temps troublés, représente  un   retour aux fondamentaux de notre civilisation :

 

        JESUS DE NAZARETH, ROI DES JUIFS

        Desclée de Brouwer, 570 pages

 

Bon connaisseur de l’Antiquité romaine, l’auteur s’efforce d’insérer au plus près  la vie de Jésus dans la continuité du contexte politique, économique et social de son temps. Considérant que la principale source reste les quatre Evangiles, il pose par hypothèse que ses auteurs, juifs imbus du 9e commandement « Tu ne porteras pas de faux témoignage », ont voulu faire un récit véridique. Ce qui pose, entre autres, la question des miracles.

Les faits sont pour lui plus importants que l’interprétation symbolique.

Jésus de Nazareth, roi des juifs est la pancarte (titulus) que Pilate affiche en haut de la croix. En abrégé INRI.

Le livre insiste donc sur la dimension royale, prenant au sérieux le titre de « fils de David » et donc héritier légitime du trône d’Israël que la foule attribue à Jésus sans que personne ne le lui refuse. Hérode moins que personne qui fait tout pour éliminer un rival. Pilate y insiste aussi « Crucifierai-je votre roi ? ». Le titre de messie, en revanche, est vivement contesté.

Dans la Judée du Ier siècle, avoir une origine illustre et un métier modeste (charpentier) n’était pas incompatible, les Juifs, à la différence d’autres peuples, n’interdisant pas aux plus illustres d’exercer un métier manuel.

L’auteur insiste sur la dimension juive de la figure de Jésus, démontant de fausses oppositions, comme celle de la Loi et des Béatitudes. Parmi les groupes auxquels se heurte Jésus, les Pharisiens sont à la fois les plus hostiles et les moins éloignés : l’expérience politique de l’auteur lui a appris comment les petites différences font les grandes haines.  

Fidèle à la loi juive, Jésus la comprend différemment des Pharisiens : une meilleure hiérarchie des commandements, un retour à ce qui en fait la raison d’être : le sabbat est fait pour l’homme et non l’inverse.  Il en durcit certains : indissolubilité du mariage, interdiction de haïr, de jurer.  L’idée que Jésus serait venu adoucir la Loi et y ajouter le commandement de l‘amour et la miséricorde (déjà très présente dans a Loi juive) est fausse.  

Comme chez les Maccabées, puis les Pharisiens, les Zélotes ou les Esséniens, l’attachement à la loi est pour Jésus une manière de résister à la toute puissance de la civilisation hellénistique dominante. Mais, pas plus que les Pharisiens, il n’envisage une révolution violente.

Hureaux tente de comprendre ce qui a déterminé la mise à mort de Jésus, exécutée par l’autorité romaine à la demande du grand prêtre Caïphe : plus que son enseignement, la crainte que l’agitation qu’il suscitait ne rompe le pacte « colonial » entre la puissance romaine et les élites juives.

S’y ajoutent le fait anthropologique (non spécifique aux Juifs), décrit par René Girard du caractère sacrificiel de toute royauté ou encore l’hostilité naturelle des bureaucrates (scribes) et des leaders charismatiques.

Sur toute une série de questions, l’auteur tente d’apporter des éclairages nouveaux :

- Le jeune homme riche ne serait-il pas Saul, le futur Saint Paul ?

- Les paraboles sont-elles un enseignement à la portée du peuple ou au contraire une manière cryptique de parler, réservée aux initiés ?

- Quelle opinion avait Jésus de la richesse, de pouvoir, du ciel, de l’enfer ? A-t-il voulu fonder une religion ?

- Jésus était un surdoué : quelles langues savait-il, outre l’hébreu et l’araméen :   le grec, le latin et les autres langues de la région ?

- Pourquoi les Esséniens sont-ils absents des Evangiles ?

- Les frères de Jésus étaient-ils de vrais frères ou des cousins ?

- Quelle était l’état de l’opinion à Jérusalem avant l’arrestation ?

- Jésus Christ a une relation très particulière avec les femmes, en particulier Marie Madeleine, ce qui suppose que, contrairement aux légendes pieuses, il ait pris à un moment donné ses distances avec sa mère Marie.

- L’auteur évoque dans un chapitre final les récits de la Résurrection.

La couverture est illustrée par un tableau peu connu d’Honoré Daumier, Ecce homo, le célèbre caricaturiste du XIXe siècle.

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4 novembre 2021 4 04 /11 /novembre /2021 13:20

Chers Amis,

Des  circonstances indépendantes de ma volonté m'ont empêché  pendant quelques mois de transcrire mes articles sur mon blog.

Je vous remercie d'autant plus d'y être restés fidèles.

Je reprends la publication.

En raison du retard  accumulé, vous allez recevoir un nombre important d'articles dont certains ont été déjà publiés dans la presse,  mais pas tous.

Ils seront  publiés par ordre chronologique, les plus anciens  d'abord.

Quoique pour certains, les circonstances ont un pu évolué, je pense que la plupart gardent leur intérêt.

Bien cordialement à vous.

Roland Hureaux

 

 

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18 mai 2021 2 18 /05 /mai /2021 17:51

La France n’a rien à se reprocher au Rwanda, au contraire.

Les accusations qu’on porte contre elle sont de deux sortes.   La première a   fait long feu : comme l’a rappelé Edouard Balladur, alors premier ministre, les forces de l’opération Turquoise, dépêchées au Rwanda à la demande du Conseil de sécurité pour une mission pacifique d’interposition de deux mois (juin- août 1994), n’ont, ni de près ni de loin participé au génocide des  Tutsi.  Bien au contraire, elles ont sauvé des dizaines  de milliers de vies.   L’actuel président du Rwanda, Paul Kagame, tutsi, a lancé cette accusation en 2004 quand la justice française l’a mis en cause à la demande des familles des deux pilotes français tués dans l’attentat du 6 avril 1994 à Kigali ( capitale du Rwanda) . Cet attentat a coûté la vie   aux présidents du Rwanda et du Burundi, tous deux hutu.  C’était la première fois qu’il y avait deux présidents issus de la majorité hutu dans ces pays  dirigés par la minorité tutsi  depuis le Moyen Age - ce qui montre l’absurdité de l’idée répandue par Kagame selon laquelle les Tutsis seraient les Juifs de l’Afrique des Grands Lacs !  Autre rumeur absurde, imposée sur le moment à l’opinion mondiale : que cet attentat, visant deux présidents hutus, aurait été le fait des Hutu !  Le 24 décembre 2019 au soir, la justice française a pourtant prononcé un non-lieu qui ne l’honore pas car le monde entier sait aujourd’hui, par des  transfuges, que le président tutsi   a seul ordonné  cet attentat. Kagame n’a jamais autorisé la moindre enquête de la justice internationale au Rwanda. Le non-lieu explique que les accusations contre l’armée française aient été mises en veilleuse, l’autre raison étant la proximité des élections françaises[1].  

 

Une coopération normale

 

La deuxième accusation est que la France serait responsable du génocide par la politique qu’elle avait menée dans les années antérieures. C’est là-dessus que met l’accent le rapport Declert demandé par le président, selon la même méthode qu’il a   appliquée à l’Algérie : sous prétexte d’apaisement, confier une mission d’étude à une personnalité entièrement acquise aux thèses des accusateurs . Dans les deux cas, l’étude conclut à la culpabilité de la France et, au lieu de panser les plaies, les envenime.

La France s’était engagée, dès la présidence Giscard d’Estaing, dans une coopération militaire classique avec le Rwanda  comme avec beaucoup d’autres pays francophones d’Afrique.

Le Rwanda était sans doute une dictature à parti unique et un pays corrompu mais ni plus ni moins que d’autres, plutôt plus libre que ce qu’il est devenu sous Kagame. La majorité hutu (85 % de la population) avait pris le pouvoir à l’indépendance grâce au jeu démocratique.  Le colonisateur allemand, puis belge, ayant réservé l’instruction à l’aristocratie tutsi (10 % de la population), le régime avait instauré une discrimination positive en faveur des Hutu   pour éviter que les Tutsi  n’occupent toutes les places .  Des pays démocratiques l’ont fait sans qu’on les taxe de racisme. Dans les années quatre-vingt, le pays passait pour « la Suisse de l’Afrique », ce qui était sans doute exagéré.  

La guerre a commencé quand en 1990, avec des Tutsi émigrés dans l’Ouganda voisin en 1962, Kagame a décidé de conquérir le pays pour rendre le pouvoir à la minorité tutsi. Il avait l’appui discret des services secrets  anglo-saxons et surtout de compagnies privées qui espéraient mettre la main sur les très riches gisements   de métaux rares du Kivu (Congo)  , la province voisine, ce elles ont fait    quand Kagame après avoir pris le pouvoir au Rwanda  en 1994  a envahi le Congo-Kinshasa en 1997. La France a naturellement continué à assister un gouvernement issu de la majorité. Et ce ne sont pas nos militaires qui ont appris aux populations à se servir du coupe-coupe, principal outil du génocide de 1994 !  

A la demande de la France, ont été conclus en août 1993, les accords d’Arusha qui prévoyaient un cessez-le feu avec interposition de l’ONU et l’arrêt de toute aide militaire des deux côtés. Pour être bref, cet accord a été respecté par les Français et pas par les Anglo-Saxons permettant à Kagame d’avancer vers la capitale où 1 million de Hutu en fuite devant l’envahisseur s’étaient réfugiés. En 1993, l’armée tutsi du Burundi voisin avait tué plus de 100 000 Hutu. La terreur et la colère des Hutus après l’attentat qui a coûté la vie à deux présidents hutus se déchaine immédiatement. Combien de victimes ? Il y avait 700 000 Tutsi  dans le pays et il en reste encore 300 000 après la guerre. Ils s’ajoutent aux centaines de milliers de Hutu massacrés par Kagame pendant la conquête.  La France qui n’avait plus de soldats sur place n’a pu rien faire dans l’immédiat. Elle fut en définitive la seule puissance à tenter de s’interposer mais bien tard. La force  de l’ONU, scandaleusement, n’a pas bougé. 

L’affaire ne s’arrête pas là.  Trois ans plus tard, Kagame envahit avec son armée tutsi, escortée de conseillers anglo-saxons, l’immense Congo voisin, ce qui provoque la chute du régime de Mobutu . Il poursuit alors dans tout cet immense pays les réfugiés hutus. Au total, selon l’ONU, plus de 4 millions de victimes :  hutus mais aussi congolais.

Comme cet épisode est soigneusement occulté par ceux qui font l’opinion mondiale, Kagame passe pour le sauveur qui a arrêté le génocide de 1994. Seul le Dr Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, congolais, a eu le courage d’élever la voix.

Boutros Boutros-Ghali, alors secrétaire général des Nations-Unies, n’a pas hésité à dira que les massacres du Rwanda étaient à 100 % de la responsabilité des Etats-Unis. Qui les met en accusation ? Il est vrai que la France est le seul membre du Conseil de sécurité duquel on exige des repentances.

Non seulement la France n’a rien fait de répréhensible mais elle peut s’honorer d’être le seul pays à avoir tenté de faire obstacle à une des opérations les plus criminelles qui aient été.

Kagame a l’éthique d’un seigneur de guerre. Plus la France s’abaissera, plus il la méprisera.

 

Roland HUREAUX

 

[1] Malgré la fausseté totale des accusations portées contre eux, aucun président n’a pris la défense de nos soldats. 

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11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 19:45

Différentes circonstances m'ont empêché de mettre sur le blog mes articles d'actualité ou de réflexions pendant plus d'une année.

Sachez que j'en suis profondément désolé.

J'ai décidé de reprendre mon blog , selon ma méthode personnelle : je ne cherche pas à écrire systématiquement sur tout ce qui advient ni à  produire systématiquement un message par jour ou par semaine.

J'écris quand j'en ressens la nécessité et , après avoir envoyé l'article  à tel ou tel organe de presse ( qui le publie souvent mais pas toujours) , je le place dans le blog à la suite des autres.

J'ai effectué un rattrapage , vous envoyant ce que j'avais omis de publier dans l'année, pas toujours dans l'ordre.  Vous aurez désormais les articles au fur et à mesure de  leur rédaction.

Puisque vous  trouvez de l'intérêt à ce blog, vous pouvez en parler autour de vous ou basculer les liens de tel ou tel article à vos correspondants habituels qui pourront, s'ils le désirent, s'abonner ( gratuitement).

Bien cordialement à vous.

Roland Hureaux

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11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 19:42

 

Combattre les violences faites aux femmes est une juste cause .

Le harcèlement professionnel ou artistique est odieux .

Mais bien plus encore le féminicide :   121 femmes victimes en 2019. Augmentation ? Les chiffres semblent  stables. Ce type de meurtre n’en est pas moins particulièrement abject.  

Les femmes battues sont beaucoup plus nombreuses.

La prévention de ces turpitudes  n’est  pas facile  : encourager les femmes à dénoncer un compagnon ou un mari violent ?  Mais celles qui n’ont pas peur de le faire ne sont pas celles qui courent le plus de risques. Celles qui sont victimes sont généralement celles qui n’osent pas le faire.   

Il est cependant regrettable que les campagnes contre ces  crimes ou abus soient doublées  d’une petite musique qui laisse entendre  que ces actes  de barbarie  seraient  la persistance  d’un  passé archaïque qu’il faut une fois pour toutes liquider,  les restes d’une oppression millénaire des femmes  à  laquelle la modernité doit mettre fin.

Rien n’est moins sûr.

La vieille société européenne et chrétienne   connaissait certes les violences  contre les  femmes mais ne les encourageait  nullement .

Rien à voir avec l’Islam où  une  sourate du Coran,  d’ailleurs ambigüe, laisse  entendre  que ce genre de violences pourrait être  légitime.

Un homme qui frappait  sa femme  dans un village d’autrefois  s’exposait à la réprobation  publique , d’autant que cette pratique allait   généralement avec l’alcoolisme, socialement condamné . Là où l’autorité du curé était encore préservée, le mari  risquait d’essuyer une rude semonce de celui-ci.

Là où la foi ancienne était  encore solide, tous savaient que c’était là un péché mortel : pas parce qu’il s’agissait d’une violence contre une femme  mais parce que c’était  une  violence tout  court. Il fallait donc s’en confesser  au risque d’aller  en enfer

La déchristianisation a effacé ces repères. L’urbanisation a dissout les  communautés où  chacun était responsable devant tous ; aujourd’hui les individus appartiennent à  des réseaux qui se côtoient sans se connaitre. La responsabilité, si responsabilité il y a,  ne s’exerce que dans un  groupe de référence, forcément cloisonné, parfois, pour des individus très désocialisés,   devant personne.

La modernité n’ pas seulement affaibli le anciennes barrières morales qui régissaient les comportements. Elle a encouragé dans   l’après-guerre les idéologies qui discréditent les  disciplines ancestrales. L’école philosophique de Francfort ( Adorno, Reich, Marcuse ) a diffusé, d’abord en Allemagne puis dans tout l’Occident ,  l’idée qu’une    éducation trop stricte était le terreau du nazisme. Mais qu’est-ce qu’une éducation stricte   sinon celle qui s’attache à inculquer le respect d’autrui – pas  de telle ou telle catégorie,  mais d’autrui en général ?  

L’idéologie  soixante-huitarde qui en procède, condamnant   la   morale,    a perdu de vue  cette idée fondamentale  que la morale est  commutative : le mal que je fais , un autre, généralement en pâtit. Les droits de  l’un sont limités par les droits tout  aussi légitimes de l’autre – ou des autres . Commet respecter le droits de l’autre  , sans une éducation appropriée , qui ne  se réduit pas, quoi qu’on en ait dit, à la répression     sexuelle ?  

Plus pernicieuse cette  idée qu’il « est interdit d’interdire », que chacun a de temps en temps le droit de  « s’éclater » de se « lâcher » . Une idée issue d’une psychanalyse sommaire – pas celle de Freud ni de Lacan, au contraire – et du surréalisme adepte de  l’authenticité ,  de la légitimité du désir immédiat . « S’éclater » , pour   des  gens convenables, ce peut être  aller danser jusqu’à pas d’heure ou raconter de bonnes blagues; pour des gens plus primaires  ce sera  relâcher les  contraintes qui interdisent par exemple    de cogner sur son entourage. L’idée que le désir est autojustifictif  ne concerne pas que la pulsion sexuelle ;  après tout  le désir de  frapper autrui  n’est-il  pas aussi une  forme de désir sexuel ? Justifié par l’accord du partenaire, forcément ambigu , le sado-masochisme n’est-il pas accepté dans  certains  milieux ?  

Il se peut que les violences  faites  aux femme procèdent de la persistance de comportements archaïques . Mais il y a de forte chances que la modernité : déchristianisation, nouvelles normes libertaires ,   discrédit de l’éducation  morale classique,  leur aient ouvert un champ  plus large qu’autrefois.  

 

RH    

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