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Roland HUREAUX

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29 janvier 2021 5 29 /01 /janvier /2021 18:39

Publié dans FigaroVox , août 2020

Sans qu’ aucun des deux camps en ait conscience, la bataille sur le projet de loi bioéthique se joue à front renversé. Ceux qui soutiennent le projet se considèrent généralement comme les héritiers des Lumières sans réaliser à quel point un tel projet trahit celles-ci ; ceux qui le combattent appartiennent surtout à la mouvance catholique, alors même que le combat en cause   ne porte que sur le droit naturel et des principes universels qui n’ont rien de spécifiquement confessionnels.

Les lumières avaient trois maîtres mots : la raison, la nature, la liberté.

Raison et nature : que penser des nouveautés introduites par la commission spéciale de l’Assemblée nationale dans la loi ?  La plus singulière est la légalisation de la méthode qui consiste à féconder l’ovocyte d’une femme avant de le réimplanter dans l’utérus de sa compagne, de telle manière que leur maternité soit partagée. Est aussi envisagée la création d’embryons transgéniques, soit à terme la fabrication d’enfants génétiquement modifiés, la fabrication d’embryons chimères homme-animal par insertion de cellules-souches humaines dans des embryons d’animaux.  Dans le même esprit, l’Assemblée nationale devrait autoriser l’autoconservation des ovocytes (sans raison médicale) afin permettant aux femmes en âge de procréer à remettre à plus tard leur projet de maternité, ainsi que la technique du « bébé médicament ».   Bref :  carte blanche à Frankenstein.

Que tous ces projets soient contraires à la nature est assez évident. Seuls le députés écologistes qui les votent aveuglément ne s’en sont pas aperçu.

 

Les philosophes des Lumières croyaient au droit naturel

 

Ceux qui poussent à ces changements tiennent la nature humaine pour une notion scolastique dépassée. Pourtant la nature était souvent invoquée par les philosophes des Lumières.  Voltaire, Rousseau, Kant croyaient au droit naturel. Seul homme des Lumières à le récuser : le marquis de Sade…  Les philosophes des Lumières ont combattu l’Eglise au nom de la nature :  le célibat de prêtres et des religieuses était, disaient-ils, contre-nature ; de même les châtiments infligés aux enfants dans les collèges auxquels ils préféraient une éducation sans contrainte à la manière d’Emile.

Aujourd’hui, l’idée de droit naturel est pourtant tenue pour un gros mot dans les facultés de droit. Singulier paradoxe au moment où les droits de l’homme (naturels et imprescriptibles !) sont invoqués partout et où l’on découvre la permanence du génome de l’Homo sapiens depuis 100 000 ans. Constance du génome, permanence anthropologique.

Contrairement à ce que certains disent, la liberté prônée sous la Révolution n’est pas illimitée : elle « consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (article 4 de la Déclaration du 26 août 1789). Le droit conféré à des femmes sans hommes, de procréer avec un sperme anonyme, reviendrait à autoriser la fabrication délibérée d’orphelins de père et donc à leur porter un préjudice irréversible, terrain propice aux pires difficultés psychologiques, comme les expériences effectuées à l’étranger  l’ont montré. La gestation pour autrui, suite logique de la PMA, est tenue à raison pour une forme d’esclavage.

Le principe de non-discrimination devrait interdire    d’étiqueter le sperme avec des mentions raciales, ce que le projet de  loi ne prévoit pas, et pour cause.

La raison n’est pas seulement la raison raisonnante, elle est plus profondément le bon sens, auquel se référait Descartes, précurseur des Lumières   qui, pensait qu’il était « la chose du monde la mieux partagée ». Où est le bon sens quand on permet à la Sécurité sociale en détresse financière de rembourser à hauteur de 20 000 € la PMA d’une femme en bonne santé apte à concevoir naturellement ?  

Et que dire du projet lui-même , d’une complexité si effroyable qu’il est à lui seul une injure au droit ?

 

Si Jules Ferry revenait

 

Raison, nature, morale naturelle (et donc laïque) et droits de l’homme :   souvenons-nous de Jules Ferry écrivant à ses instituteurs : « avant de proposer à vos élèves un précepte, demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu'il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire ; sinon, parlez hardiment, car ce que vous allez communiquer à l'enfant, ce n'est pas votre propre sagesse, c'est la sagesse du genre humain, c'est une de ces idées d'ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l'humanité. »  Nous en sommes aujourd’hui bien loin.

Par quelle étrange aberration, les héritiers des Lumières en sont-ils venus à laisser la défense de la raison, des droits et de la nature aux tenants des religions, en particulier aux catholiques. Pas toujours éclairés, ceux-ci comprennent-ils    que ce qu’ils défendent, ce n’est pas une morale particulière mais la morale naturelle – autrement dit laïque ?   Le philosophe Rémi Brague rappelle qu’il n’y a pas de morale chrétienne :  les chrétiens héritent de la Loi de Moïse qui n’est elle-même que la mise en forme de la morale naturelle.  C’est le Comité national d’action laïque qui, au nom des Lumières, devrait manifester contre les projets bioéthiques.   Les catholiques qui ont capté ce combat sont comme le pape Léon le Grand qui, sortant de son rôle, défendait Rome face à   Attila parce que ceux qui auraient dû le faire, le pouvoir laïc, étaient défaillants.  Quel bel hommage rendu aux religions, que de leur  laisser le  monopole de la défense du   droit, de la raison et de la nature dont on supposait jadis qu’elles leur étaient contraires ?

Ce n’est pas la première fois que les Lumières s’égarent : quand Staline, qui se tenait aussi, comme tous les marxistes, pour leur héritier, imposait la génétique de Lyssenko au rebours de la vraie science, c’est   la supposée plasticité sans limite de la nature humaine qu’il affirmait, comme les transhumanistes d‘aujourd’hui. Au même moment d’autres voulaient, au nom de la Science, faire le Surhomme, avec les conséquences tragiques que l’on sait. 

Ce n’est pas la civilisation judéo-chrétienne qui sombrerait si les projets aberrants que l’on a vus étaient votés, c’est l’héritage des Lumières qui se trouverait gravement discrédité.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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29 janvier 2021 5 29 /01 /janvier /2021 18:35

Publié dans le collectif  Gilet jaunes, jacquerie ou révolution, aux éditions Le Temps des cerises

 

Le mouvement des Gilets jaunes  répond par sa singularité à une situation elle-même sans précédent. Il  apparait  comme une révolte à la fois héroïque et  pathétique contre  un système national et international  en voie de durcissement.

Un tournant fondamental s’est produit en Occident  il y a environ trente ans : les classes dirigeantes au niveau  international se sont mises à  appuyer leur  pouvoir sur une idéologie se réclamant de  la gauche !  

Idéologie a plusieurs sens : au sens  employé par Karl Marx  dans L’Idéologie allemande, toute  classe sociale , tout régime a son     idéologie , à la fois instrument de pouvoir et moyen de s’illusionner sur    les rapports d’exploitation qui les sous-tendent, de  se donner une bonne conscience qui est aussi une fausse conscience. 

La critique , sinon du marxisme, du moins du communisme réel [1]  par toute une génération d’intellectuels, souvent eux-mêmes transfuges du marxisme , comme Boris Souvarine, George Orwell, Hannah Arendt, Alain Besançon, Jean Baechler   et les dissidents soviétiques a  mis  en avant une concept  plus restreint et plus spécifique  de l’  idéologie : pas n’importe quel  ensemble  d’idées politiques  mais un système fermé  , généralement à prétention  scientifique , présentant au moins trois caractères :

  • Une simplification outrageuse de la réalité  historique et sociale à partir de quelques idées,   toutes les politiques  menées en tout domaine étant déduites de ces idées .  « Les idéologies sont des ismes qui peuvent tout expliquer en les déduisant d’une seule prémisse » ( Hannah Arendt, Le système totalitaire ) . Ces prémisses ont presque toujours  une part de vérité mais,  généralisées, elles ignorent  la complexité du  réel et  ne peuvent lui être imposées qu’en le violentant.  Il  est ainsi vrai que la  lutte de classes est une donnée centrale de l’ histoire ; dire que toute l’histoire se résume à  elle, c’est de l’idéologie. Il est vrai que  le marché est une réalité anthropologique essentielle ; passer de ce constat au  tout-marché , c’est de l’idéologie.
  • Une dimension messianique : l’idéologue croit au progrès de l’humanité et veut y contribuer ; il pense même en connaître le seul chemin, celui de son système   ; ceux qui y résistent ne se voient dès lors pas opposer des arguments, mais  le reproche infamant de s’opposer au vent de l’histoire[2] ;
  • Compte tenu de  cet enjeu existentiel , l’idéologie débouche  sur une démonologie, une vision manichéenne du monde  qui se résume à une lutte du bien contre le mal , du « progressisme »  contre le « populisme » dit Macron ou contre la « réaction ».

 

Comment l’idéologie est passée de la périphérie au centre

 

En ce sens  étroit, la bourgeoisie du XIXe siècle n’était pas idéologue. Elle était composée de gens pragmatiques , formés par le  latin et la culture classique, école de la complexité , propriétaires  terriens et donc près des choses ,adeptes d’un libéralisme économique mesuré qui n’excluait ni le protectionnisme , ni l’intervention l’Etat. Elle était souvent alliée  à la vieille aristocratie soit par   des  mariages , soit dans  des gouvernements  de coalition. L’esprit de système lui était étranger. 

Si idéologie il y avait alors , elle se situait à la périphérie   de la société dominante: la classe ouvrière, devenue nombreuse, s’organisait , empruntant  sa vision du monde d’abord au socialisme utopique , puis  au marxisme. Aux marges de  la société russe , apparut la figure  de l’intellectuel révolutionnaire.

Bien  que les concepts marxistes se soient  avérés au siècle suivant  peu opérants pour organiser l’économie et la   société, ils furent  d’une grande utilité pour donner au premier mouvement socialiste une vison de monde lui  permettant  de résister à la toute-puissance de la bourgeoisie. Comme on disait   , le marxisme  représentait une   « arme »  pour la classe  ouvrière ; la cohérence, la discipline intellectuelle qui s‘en suivait, la part  de réalisme que comportait cette vision du monde , permettaient aux organisations ouvrières  de s’arc-bouter pour résister à la formidable pression sociale et intellectuelle qu’exercent toujours les  dominants  sur les  masses ( bien que les  le médias de masse n’aient pas encore existé ).  

Le fait nouveau de  la fin du XXe siècle est que cette carapace idéologique a migré de  la périphérie de la société vers son centre.  La superclasse dirigeante du monde occidental, le oligarques qui possèdent les grands médias et dictent leurs politiques aux  gouvernements fondent désormais leur pouvoir sur une idéologie rigide[3] .

Cette idéologie , nous la connaissons : l’ultralibéralisme économique , le mondialisme  ( dont l’européisme n’est qu’une déclinaison régionale ) , l’attrition progressive des Etats,  des régulations sociales , l’ouverture des frontières aux marchandises, aux  capitaux, à la main d’œuvre.  Cet ultralibéralisme économique , au départ conservateur (doctrine Reagan),  s’est allié au contraire sous les    Clinton avec les idées sociétales les plus avancées : relâchement du lien familial, promotion des sexualités  alternatives, destruction des repères judéo-chrétiens. Le macronisme s’inscrit dans cette ligne.

L’idéologie  euromondialiste présente  tous les  caractères de l’ idéologie au sens étroit   :    une rationalité  simplifiée  à base de libre échange généralisé  ,   un messianisme qui vise  « la fin de l’histoire » ( Francis Fukuyama )  et, on le voit de plus en plus, un manichéisme exterminateur  qui rejette  tout ce qui lui  parait « politiquement incorrect ».

 

Fin de la démocratie

 

Le propre d’une démarche idéologique  est que pour ses  promoteurs, elle prévaut   ( en raison de son enjeu messianique ) sur  toute autre considération : les règles constitutionnelles, les  libertés fondamentales , la tolérance  ou  ce qu’Orwell appelait  la common decency  et surtout la démocratie.

On se souvient de la déclaration  de Juncker selon laquelle « il ne saurait y avoir de choix démocratique contraire aux traités européens ».  On se saurait donc être étonné que  l’idéologisation du capitalisme ,  se traduise par un rétrécissement toujours plus grand  des libertés.  Un phénomène patent dans la France de  Macron : après la loi contre  les fake-news,  la loi Avia en discussion au Parlement se propose de censurer les propos « haineux » sur la toile - mais qui déterminera qu’ils  sont haineux ? Avec son « plan d’action contre la désinformation » ( 14 juin 2019) la commission de Bruxelles met en place toute  une panoplie  de restrictions à la liberté d’expression. Les mesures envisagées impliquent  une collaboration avec les Gafas ,  principaux acteurs du capitalisme mondialisé  dont on peut se douter quel genre de démocrates ils sont.

Parallèlement , du fait de l’emprise croissante des oligarques, l’uniformité des médias   atteint un niveau sans précédent en Occident.  Chateaubriand avait en son temps montré comment  le pluralisme  de la presse était la condition d’élections libres. 

Les  tribunaux se mettent de la partie : au motif de combattre le racisme , l’homophobie, la xénophobie, ils restreignent sans cesse  la liberté d’expression.    

Même si les sociétés libérales  n’ont pas encore ouvert de camps, les pressions professionnelles , personnelles, se font de plus en plus dures à l’égard de toute  dissidence : il est par exemple impossible de garder son  emploi parmi les  cadres supérieurs des entreprises du CAC 40 en critiquant  de l’euro ( comme le font pourtant 11 Prix Nobel d’économie ! ) . Paradoxalement l’Etat  parait , au moins aux échelons moyens,   un havre de liberté,  aussi longtemps  que le statut de la fonction publique ne sera pas, libéralisme oblige, abrogé. Les concours sont de  plus en plus remplacés par des entretiens qui jugent tout autant la conformité que les aptitudes.

Le recul de la démocratie est intrinsèque  à l’idéologie .  Il  l’est aussi  aux inégalités excessives. Solon n’avait pu instaurer  la  démocratie à Athènes  qu’en limitant les écarts de richesse entre les  citoyens[4].  Elle n’est plus possible s’ils sont trop grands.  Les manœuvres de l’oligarchie mondiale pour imposer Macron à  la France ( incluant l’affaire Fillon , violation flagrante de  la  séparation des pouvoirs) est une atteinte grave à la démocratie. Sans précédent est  la férocité de la répression de Gilets jaunes (même Mai 68  fit bien moins de victimes). Ce durcissement est intrinsèque à tout  régime idéologique.

Les classes dirigeantes ont  toujours eu dans la société une influence prépondérante par les moyens de l’autorité publique et de l’argent mais aussi par le prestige de la supériorité sociale .   Il fallait autrefois une audace singulière au mouvement ouvrier pour y résister.  Le fait nouveau est que désormais la puissance   que donne cette supériorité sociale est   démultipliée par celle que confère le carcan idéologique.   Jamais  la bourgeoisie  n’eut au XIXe siècle autant de pouvoir qu’en a celle d’aujourd’hui.   

A la conjugaison  de la supériorité sociale et  de l’armature idéologique , s’ajoute  l’internationalisation   des rapports de classe. Nous sommes passés du capitalisme « dans un seul pays » au capitalisme mondialisé dont les  segments nationaux   sont solidaires: des institutions comme le club du Bilderberg ou la Trilatérale,  le Forum de Davos ou le  Council for foreign relations , et de multiples  autres moins connues prétendent contrôler la planète.  D’où leur impatience devant des entités comme la Russie  ou la Chine qui résistent à  ces prétentions. Impatience aussi devant toute revendication populaire n’entrant pas dans ses schémas préétablis. Le « populisme » et devenu une appellation   infamante .  Le populus latin est-il   pourtant autre chose que le démos grec ?

On se demande pourquoi le  capitalisme mondial a éprouvé le besoin de    se protéger ainsi, bien mieux que dans le passé.  Au XIXe siècle les travailleurs pouvaient occuper une usine ou  un  château ; aujourd’hui la vraie richesse est hors de portée : ce sont des lignes de crédit  entièrement numérisées dans des paradis fiscaux .  Pourtant cela ne semble pas suffire   aux nouveaux oligarques. Il leur faut un contrôle de l’opinion interdisant  toute remise en cause d’un ordre mondial à leur service. Autisme propre aux  très  riches avec le  complexe obsidional  qui s’en suit , surcroit  de cupidité ou emballement autonome de la machine  idéologique ?

Quand nous parlons des riches nous ne devons plus imaginer une bourgeoisie à l’image de celle du XIXe siècle et  qui a prévalu  jusqu’aux années soixante : le chef d’entreprise, le banquier  mais aussi le notaire, le pharmacien , le rentier.  La puissance sociale se concentre désormais  dans les 0,1 % qui dirigent le monde et que seules certaines familles du CAC 40  représentent en France. Le patron de PMI  frappé par la mondialisation n’en fait   plus partie. Le système,  qui  écrase impitoyablement  le pouvoir d’achat  populaire : stagnation des salaires  sous prétexte  de  concurrence mondiale, hausse incessante des prix des services publics ( eau, électricité, carburant) , écrase aussi bien les  classes moyennes , par la lourdeur de impôts et  la libéralisation des professions protégées. Ce laminage des classes moyennes de tous les pays  distingue fondamentalement le capitalisme mondialisé de celui de l’époque classique. Classes  moyennes qu’il faut entendre au  sens large : tous ceux qui gagnent  leur vie en travaillant et dont les plus vulnérables ont occupé les ronds-points .

Le système fait en revanche un sort à part aux  bénéficiaires des dispositifs sociaux   . Plus pour préserver la paix sociale  que par générosité ,  il  distribue  largement  , au moins en Europe,  des revenus de substitution à ceux qui sont rejetés hors du système   du fait de leurs handicaps ou de la  récession  organisée ( notamment par l’euro)  pour contenir les salaires.  Malgré les rodomontades  antisociales  des libéraux,  ces protections demeurent  . Pour les  vrais  maîtres du monde , leur  coût   est supportable  car il repose entièrement sur les classes moyennes  ; leur importe peu  la frustration des travailleurs pauvres , même  immigrés, qui voient les bénéficiaires de ces dispositifs complexes et mal gérés gagner parfois autant  qu’eux. Le nouveau capitalisme  méprise  la valeur -travail.

L’immigration, dans ce tableau,  est plus qu’une soupape de sécurité .  La bourgeoisie internationale a conclu un pacte implicite avec les peuples du tiers monde ( ou les passeurs)  pour qu’ils investissent largement les pays développés. Le rapprochement familial  fut  instauré dans  les années soixante- dix  à un moment où le patronat cherchait à prendre sa revanche sur l’humiliation de mai 68  . De cette revanche, l’approfondissement  de la construction européenne fut un moyen,  le recours  massif  à la main d’œuvre  étrangère un autre. En plus grand , le  même processus s’est  déroulé au Etats-Unis , plongeant dans  la pauvreté l’ancienne classe  ouvrière, soit près d’un  tiers de la  population.   

Ne mettons pas en doute la bonne volonté d’un Donald Trump qui , par un retour au protectionnisme et une contrôle musclé de l’immigration , veut  redonner du travail et un revenu décent au travailleur  américain qui  a voté pour lui.  Y arrivera-t-il ? C’est une autre  question .Mais il est significatif  que , comme presque tous  ses prédécesseurs  , il a  dû  payer son tribut aux oligarques  en allégeant encore davantage leurs impôts.   Qu’ils soient de droite ou de gauche, les chefs d’Etat ne peuvent plus être élus et  rester au pouvoir  sans multiplier les faveurs aux plus riches. Hollande , qui prétendait de pas les aimer, a , sous  l’impulsion de son ministre des finances Macron ,  été un des plus généreux à leur  égard . Ce dernier, pur produit du système que nous venons de décrire, porté au pouvoir par de grandes manœuvres de l’oligarchie mondiale désireuse de « normaliser » la France,   a continué sur cette voie,  de manière encore plus ample, notamment par la suppression   de  la part financière de l’ISF – mais pas la part foncière  qui ne touche  que les classes moyennes.

Si l’ordre ultralibéral, un moment proche du conservatisme sociétal,  a trouvé plus avantageux, notamment sous l’impulsion d’anciens trotskystes fallacieusement  appelés « néoconservateurs »,   de  s’allier avec  les tenants d’une société libertaire , c’est que les uns et les autres partagent   le projet d’abolir toutes les régulations permettant au peuples de se situer , d’avoir des repères : repères nationaux, Etats, culture classique, famille, distinction des genres, opposition gauche/droite, repos dominical, en France structures territoriales, notamment la commune, gravement subvertie , services publics,  syndicats et ordres professionnels. Le but est  non seulement de constituer un gouvernement   mondial mais aussi de supprimer toutes les médiations susceptibles de le  contester  en réduisant les peuples à  un tourbillon de « particules élémentaires » , malléables , fongibles,  sans racines,  sans principes et sans culture , exploitables  à merci.

 

Le grand capital est  à gauche !

 

Cette nouvelle configuration historique a permis ce que personne n’aurait imaginé dans les générations  précédentes :  la classe dominante  mondialisée a adopté l’idéologie de gauche  . Le grand capital est passé à gauche !   Certes, il ne s’agit pas  pour lui  de partager  une  richesse de plus en plus écrasante  mais  égaliser par  le bas tous les  autres, soit    99,9 % de la population, ne le gêne pas.   Il a  surtout  fait sien  le vieux rêve internationaliste: « si tous les gars du monde se donnaient la main », ce qui signifie aujourd’hui  l’ouverture des  frontières aux capitaux, aux marchandises et à une main d’œuvre à bon marché, des agressions  impérialistes en théorie au nom des droits  de l’homme , en fait pour contrôler  les champs  de  pétrole (Irak, Libye, Syrie ) , la diabolisation de  tous  ceux qui ne se résignent  pas à l’attrition des  Etats ou à la dissolution des structures intermédiaires. 

Ceux qui chantent cette chanson n’imaginent  généralement  pas que   les riches,  mobiles, maîtrisent beaucoup   mieux que les pauvres  les règle du jeu de la mondialisation laquelle,  de manière intrinsèque , accroit l’écart  des richesses. Tout ce qui rapproche les peuples ( en fait les Etats) éloigne les classes sociales.   Le mondialisme est un système de vases communicants où les plus riches  des différents pays s’alignent sur le plus riches du monde , où les plus pauvres  doivent s’aligner sur les  plus pauvres   d’Afrique ou d’Asie.

L’ennemi désigné du capitalisme , ce sont les Etats-nations, il est donc à droite , facilement amalgamé  à une extrême droite qui  semble se complaire  dans le rôle du  repoussoir que le système médiatique lui a assigné .

Les clefs de l’influence , le triangle d’or,   sont aujourd’hui une grande fortune,  la possession d’un  grand média,   une image de gauche . S’il manque l’un de ces trois piliers , comme par exemple à la famille Dassault qui n’a pas une image  de gauche, le trépied est bancal . Xavier Niel ancien proxénète, 8e fortune de France,  a les trois  piliers ; il téléphone, dit-il,  tous le soirs à  Macron pour  le conseiller. La gauche donne au grand capital le lustre  moral qui lui manquait.

Ainsi est rompue l’alliance constitutive de la  gauche depuis 1789 , entre le peuple et l’espérance messianique. Dit autrement, le capitalisme a réussi à confisquer aux peuples jusqu’à leur arme idéologique bicentenaire et leur privilège moral  bimillénaire [5]. L’idéologie  étant intrinsèquement mensongère, il suffisait d’y penser.

 

Une révolte à mains nues

 

Confrontés à cet immense carcan , il fallait bien du courage aux peuples pour oser se rebeller . Beaucoup  pensaient que les Français étaient  définitivement amortis et n’attendaient plus  que de se laisser broyer par la machine euro-mondialiste . Même les références de gauche qui  alimentaient le discours de la révolte leur avaient été volées.  D’avance une telle révolte était  stigmatisée sous le  vocable de « populisme ».

Pourtant à l’automne 2018, les Gilets jaunes ont osé . Révolte pathétique face  un pouvoir qui ne cache pas  sa volonté d’imposer l’ordre  ultralibéral au  prix même de l’intérêt national. Révolte  d’une population en voie de paupérisation .

Révolte aussi  d’un peuple  sans structures . Les syndicats affaiblis, et de fait intégrés au système,  n’ont pas voulu  l’  assumer  (comme en son temps la révolte étudiante de mai 68)  et encore moins l’encadrer.  Il est significatif que le mouvement  des Gilets jaunes ait suivi  de quelques semaines l’échec de la  grève contre la réforme  de la  SNCF – baroud d’honneur probablement concerté contre le démantèlement d’un service public emblématique.   

La révolte des  Gilets jaunes est pathétique  surtout parce qu’elle est privée  de  ce qui fit la force du mouvement ouvrier  aux XIXe  et  XXe siècle : une idéologie de combat portant une conception du monde, juste ou non qu’importe,   mais opérationnelle dans la lutte.   L’échec de l’expérience soviétique, la mutation de l’expérience chinoise vers un capitalisme caricaturalement inhumain , ont contribué au  discrédit des idéologies de contestation radicale que portait  la gauche. Au demeurant  l’extrême gauche européene peut  passer    pour un soutien indirect au système : le refus de dénoncer l’immigration de masse  ne peut que réjouir  le tenants du nouvel ordre mondial , de même le rejet  du patriotisme que la pensée dominante   assimile au nationalisme , au fascisme et à bien pire encore. Comment reconstituer, pourtant,  les régulations sociales à même de  protéger le faibles – et les classes moyennes,  sans   une certaine    réhabilitation des nations   ?  Il est significatif que ce soit   dans le vivier de l’ultragauche que le pouvoir est allé puiser pour assurer le pourrissement  du mouvement des Gilets jaunes et son discrédit vis-à-vis de la masse conservatrice.

Ajoutons l’influence d’un  matraquage médiatique  qui répercute avec une  efficacité  inégalée, même  dans les régimes totalitaires, l’ idéologie dominante .  La revendication des Gilets jaunes se limitait pour  l’essentiel au pouvoir d’achat mais il n’était pas bien vu autour des ronds-points de remettre en cause l’euro, pourtant  principale cause  de la réduction du niveau de vie  en France et dans une partie de l’Europe .  Pas davantage,  le réchauffement climatique accepté sans  critique par la plupart de Gilets jaunes : ils voulaient seulement que le prix n’en soit pas payé que  par le peuple . Mais n’est-ce pas là précisément le but  de ce que Rémy Prudhomme[6]  appelle l’idéologie du réchauffement ( au sens d’Hannah Arendt)  que de faire payer le peuple ?

La rigidité du carcan idéologique qui enserre désormais le pouvoir macronien ne lui permettait que des concessions cosmétiques . Faute de  comprendre cette logique , certains Gilets jaunes ont pensé, de manière illusoire,  pouvoir contourner ce carcan par le référendum d’initiative citoyenne, ce qu’un pouvoir idéologique ne concèdera jamais.  

Le monde est-il  définitivement  verrouillé, de plus en plus inégalitaire  et de plus en plus autoritaire,  comme  un nouveau « 1984 » ?  Le mouvement des  Gilets jaunes   ne serait-il qu’un ultime sursaut  précédant un cadenassage généralisé ? Un tel pessimisme serait faire fi de l’histoire   qui est toujours  venue, à un moment donné,  bousculer ce qu’on croyait être  des situations définitives. L’Ancien régime,   avec ses qualité et  ses  défauts, semblait  une Bastille  imprenable ;  elle fut prise. Dans les années trente, les meilleurs esprits ne croyaient  plus à l’avenir de la démocratie libérale ;  elle a gagné en 1945. Personne   n’aurait imaginé  ( sauf le général de Gaulle ) que l’Union soviétique s’effondrerait: aujourd’hui, qui l’eut cru ?  Leningrad s’appelle à nouveau Saint-Pétersbourg .

Le mondialisme permet une concentration sans cesse croissante des fortunes. Mais  la cupidité a ses limites : dans un capitalisme qui reste  techniquement  fondé sur la   consommation de masse , le pouvoir d’achat populaire  ne peut être impunément laminé,   au risque du krach  .  C’est peu ou prou ce qui  arriva   en 1929.  Cinquante ans de capitalisme keynésien – dont la crainte du communisme ne fut pas la moindre motivation – nous  a préservés  de ce scénario. Il est à nouveau à l’ordre du jour.

Le  mouvement des Gilets jaunes a  montré que les peuples  que l’ultra-libéralisme idéologique s’attache    à anesthésier , bougent encore. A mains nues il a   suscité dans le système une immense  peur [7] .   Continuant à petit régime, il exprime un sentiment  populaire qui connaitra, n’en doutons pas,  d’autres avatars. Il demeure porteur d’espoir.

 

Roland HUREAUX

 

 

  

 

[1] Karl Marx, demeuré toute sa vie un esprit libre , aurait , croit-on, récusé toutes les idéologies qui se sont réclamées de lui .

[2] Cela vaut pour l’organisation  générale de  la  société ; cela vaut aussi pour de nombreuses politiques sectorielles , par exemple  les théories pédagogiques ou les méthodes de gestion publique .

 

[3] Certes , il était arrivé dans le passé que les bourgeoisies conservatrices fassent alliance avec les idéologues quand elles  se trouvaient gravement  menacées : avec l’ idéologie fasciste en Italie à la sortie de la première  guerre , avec   l’hitlérisme en Allemagne après  la grande crise.   Mais ces  épisodes furent transitoires et localisés. 

 

[4] Solon ( VIe siècle avant J.C.) imposa une remise des dettes et le partage des terres.

[5]Ce  privilège est  issu du judéo-christianisme ; rien de plus étranger à toute problématique sociale que l’Antiquité gréco-latine.

[6] Rémy Prud’homme, L’idéologie du réchauffement, Science molle et doctrine dure,  L’Artilleur, 2015

[7] Fin 2018, au plus fort de la crise, des patrons du CAC 40 ont supplié Macron de tout lâcher. Un hélicoptère était prêt sur le toit de l’Elysée pour l’ évacuer.

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 21:12

ET SI ON AJOUTAIT UN PALMIER A LA CRECHE !

 

Paru dans Causeur

 

La  fin de l’année est marquée par une polémique  récurrente sur l’opportunité de placer des crèches de Noël non seulement dans les lieux publics mais même dans les lieux privés visibles de la rue  comme une vitrine ou une fenêtre. Sans qu’aucune réglementation ait été établie, il est fréquent que ceux qui auraient voulu en faire une, en particulier les commerçants,  reculent devant les critiques.

L’objection qui est faite à ces malheureuses crèches est qu’il faut ménager la susceptibilité   des  musulmans et, pour cela, respecter la laïcité .   Objection qui ne tient pas : la naissance de Jésus figure dans le Coran. Jésus (Issa) est un prophète important dans l’Islam et sa mère Myriam (variante de Marie) une figure particulièrement vénérée.  Tout comme l’ange Gabriel ( Jibril) qui dicte le Coran à Mahomet. N’oublions  pas  non plus que Jésus, Marie et Joseph sont des juifs  poursuivis par un tyran.

Le Coran  ne parle ni de grotte ni d’étable mais dit que Jésus naquit au pied d’un palmier.  Ce n’est nullement  incompatible avec le récit évangélique : qui dit étable dit  point d’eau. Bethléem est  la lisière  du désert. S’il y a un point d’eau, il devait y avoir un palmier. Ajoutons que si l’Evangile de Luc situe la naissance de Jésus dans  une étable, il n’est pas question de grotte jusqu’au  milieu du IIe siècle. Grotte, maternité sacrée :  on imagine la symbolique que les psychanalystes verront dans ces développements, mais ils sont  tardifs.

Une proposition œcuménique serait qu’aux crèches publiques on ajoute un palmier. On ajoute bien un bœuf et un âne qui ne figurent pas non plus  dans les Evangiles,  seulement dans  la Bible  juive, dans  le prophète Isaïe.

Il est donc possible de faire, sans trahir  le texte biblique, une  crèche œcuménique en ajoutant un palmier. 

Cela vaudrait assurément mieux que d'ajouter un sapin. Le sapin est un symbole de pérennité, issu des mythologies nordiques, dont on sait l’usage qui a été fait  : arbre aux feuilles pérennes, il figure la continuité  de la vie au moment du solstice d’hiver. Mais comme les nouveaux laïcistes ne le savent pas ( que savent-ils d’ailleurs puisque leur philosophie  est  d’éradiquer le passé ? ) , ils s’en prennent  aussi à lui.

Les crèches ne gênent nullement  les musulmans de France  même les plus exaltés. Les ménager n’est pour les partisans d’une laïcité radicale qu’un prétexte pour effacer  du domaine public un symbole ancestral, d’affaiblir   encore  un héritage  chrétien bimillénaire. De manière étonnante , les  crèches qui étaient acceptées par les républicains laïques au  temps du petit père Combes ne le sont plus par les néo-laïcistes du XXIe siècle .

 

Le néo-laïcisme soixante-huitard  contre la laïcité  républicaine

 

Loin d’apaiser les relations avec l’islam  , le nouvel antichristianisme les envenime.  Loin de représenter la vieille tradition laïque française, il en est la négation.  Rappelons-nous  l’ordre donné   par Jules Ferry dans sa fameuse   Lettre aux instituteurs[1] de respecter scrupuleusement  la   conscience des élèves et de leurs  parents. Le   nouveau laïcisme,  fondé sur les idées de Mai 68,  se situe aux antipodes de la laïcité  républicaine.  Il conçoit la laïcité comme  la   transgression systématique de la morale commune et des sensibilités religieuses.  Ses promoteurs identifient,  à tort,  ces dérives avec l’héritage national. Malheureusement, beaucoup de  musulmans les croient et  , du coup, e, viennent à détester la France.  La laïcité a été inventée en Europe au sortir des guerres de religions pour empêcher que les croyances ne divisent la  nation. Le nouveau  laïcisme , lui, loin d’apaiser les tensions intercommunautaires, les envenime. 

Est- il nécessaire de dire que  les musulmans   préfèreront   toujours un chrétien respectueux  d’un symbole religieux qu’ils partagent en partie, à ce néo-laïcisme radical   qui n’admet la présence du religieux à l’école ou sur la place publique que sur le mode transgressif.

Il ne s’agit pas que d’un débat d’idées. Les pouvoirs publics, au motif  d’intégrer  l’islam,   font des lois pour renforcer la laïcité ; ces lois aboutissent généralement   à refouler un peu plus l’héritage  chrétien ;  ainsi l’interdiction  des signes religieux ostensibles , peu respectée par les  musulmans,  conduit à une inhibition croissante des chrétiens à porter des signes religieux même discrets.  La future loi  contre le  séparatisme ( terme trompeur puisque ce n’est pas du tout de séparatisme qu’il  s’agit) a pour seul effet connu  à ce jour,  d’interdire l’enseignement à domicile pratiqué par les familles les plus attachées à l’héritage chrétien.  Ainsi, comme pour les crèches,  la  question de l’islam est utilisée pour refouler encore davantage l’héritage chrétien.  

Les promoteurs de cette idéologie  ne se soucient  pas qu’en atteignant l’ objectif de détruire les racines chrétiennes , non seulement ils rendent la France plus répulsive aux tenants d’autres religions , mais aussi qu’en passant l’héritage national au karcher,  ils préparent    le terrain pour des herbes  plus vivaces.    

Loin d’être une agression chrétienne, la crèche est  un symbole de concorde  entre les religions. Les fanatiques qui, au nom d’une laïcité dévoyée,  en rupture avec la tradition laïque elle -même,  veulent les évacuer de l’espace  public   sont au contraire des diviseurs.

 

Roland HUREAUX*

 

* auteur de Gnose et gnostiques des origines à nos jours , Desclée de Brouwer, 2015

 

 

 

 

[1] Lettre aux instituteurs du 27 novembre 1883 :  https://enseignement-moral-civique-pedagogie.web.ac-grenoble.fr/content/jules-ferry-1832-1893-lettre-aux-instituteurs

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 20:27

A propos des élections américaines

   

LES RICHES GAGNENT TOUJOURS

 

Le vieux  Marx,  qui aura bientôt 200 ans , nous avait prévenus : les sociétés sont gouvernées par une classe dirigeante et en attendant une hypothétique révolution prolétarienne, la vie politique n’est qu’un théâtre d’ombres où  cette  classe dirigeante impose ses volontés aux politiques.

La classe dirigeante, ce n’est pas le pharmacien du coin, ce sont les quelques dizaines d’immenses fortunes, aujourd’hui propriétaires de tous les grands médias de l’Occident, et qui décident seuls de  ce qui est politiquement correct ou ne l’est pas. On le savait dès le XIXe siècle : quand les intérêts de la bourgeoisie sont en jeu, la démocratie n’est pas pour elle une valeur absolue : elle s’était ainsi  ralliée à  Napoléon III parce qu’il était garant de l’ordre . Elle avait  applaudi  la  répression féroce de la Commune. La République n’a pu s’installer que parce qu’ elle « serait  conservatrice ou ne serait  pas » (Gambetta).

Les  événements  présents des Etats-Unis s’inscrivent dans cette logique. Donald Trump, malgré l’ image d’homme de droite que lui a faite une presse aux ordres,  avait la quasi-totalité des   plus grands milliardaires américains contre lui. Et cela lui a été fatal.

Si l’on regarde son électorat : en gros, dans ce pays où les choses sont simplifiées, parmi les Blancs, la moitié la plus riche a voté Biden, la moitié  la plus pauvre a voté Trump.

Si l’on regarde la géographie électorale, les grandes métropoles,  à commencer par celles de la côte Est et la Californie ont voté Biden, les zones d’habitat dispersé : Amérique des villages , peu nombreux, et des  petites et moyennes villes, spécialement dans les Etats de l’intérieur, où les revenus sont moins élevés, ont  voté Trump.  Les Noirs à cause du souvenir de Kennedy, hostile à la ségrégation,  et d’Obama  ont continué à voter  démocrate mais nettement moins que la dernière fois,  confirmant que le clivage de classe est plus pertinent que celui de la  race. Les Latinos aussi.

Pourquoi ce clivage électoral brutal ? La politique économique, déterminante en dernière instance, l’explique.

Nous l’avons oublié en Europe où le libre-échange   passe pour progressiste.   Le protectionnisme profite au peuple et le libre-échange, généralement le dessert. Il en va de même du contrôle l’immigration.

Le protectionnisme promu par Donald Trump a  protégé  les entreprises américaines et donc l’emploi  contre la concurrence étrangère, principalement  chinoise. Il a permis d’ouvrir ou de réactiver de nombreuses usines ou activités qui avaient dû fermer en raison des délocalisations.

En fermant les frontières aux immigrés latino-américains, Trump a mis fin à la pression à la baisse qu’exerçaient les nouveaux venus,  à commencer sur les salaires des  ouvriers non qualifiés noirs  ou latinos ; cette relation  de cause à effet est moins  visible en Europe en raison des minima sociaux de toutes sortes ;  elle apparait à cru en revanche aux Etats-Unis : toute  entrée de nouveaux immigrants fait baisser les salaires et  monter le chômage de ceux qui sont déjà là, surtout les moins qualifiés , souvent de couleur.  C’est ce qui explique la pénétration que certains trouvent surprenante de Trump dans l’électorat noir ou latino. Il n’a pas pris de posture antiraciste comme ses adversaires démocrates mais, en créant des millions d’emplois non-qualifiés, il a facilité l’accès à l’emploi des jeunes noirs. Et c’est cela qu’ils attendent :  Jobs not words.

Cette conjoncture économique, résultat direct de la politique de Trump,  lui aurait permis une réélection facile si l’arrivée, très opportune pour ses adversaires, du Covid-19, l’année de l’élection, n’avait mis fin à  ce retour d’une  prospérité partagée.

Mais n’importe comment, il est très difficile  de se maintenir au pouvoir contre la classe dirigeante des super-riches.

Pourtant la  politique « populiste » , c’est-à-dire favorable au peuple, ne semble  pas avoir affecté les bénéfices colossaux des oligarques  américains, en premier lieu les patrons des Gaffas, ses plus coriaces adversaires. Pas plus que le contrôle de l’immigration n’a empêché le président du Mexique d’être un des derniers à  soutenir  Trump. Alors pourquoi tant de haine ? Pourquoi tant de fanatisme chez les anti-Trump ?  Au point de les amener à  violer toutes les  règles de la démocratie : nous ne parlons pas tant de la fraude électorale dont la réalité est acquise  mais  dont  l’ampleur reste débattue que de la position unanimement hostile de  l’ensemble des médias au cours du mandat  et surtout de la campagne électorale : Trump fut en permanence privé d’accès aux médias, ce qui l’obligea à user de tweets pour communiquer, vecteur dont il est même aujourd’hui privé , et à vie !   Nous parlons des  oukases inouïs du patron de Facebook, première fortune mondiale,  annonçant à l’avance que c’est lui  et lui seul  qui désignerait  le vainqueur de la présentielle et qui se permet  d’interdire à vie le citoyen Trump et 70 000 de ses supporters  de tout  accès aux réseaux sociaux.  Toutes les spéculations de Marx sur le pouvoir de l’argent sont dépassées : désormais les très riches dirigent directement.

Trump lui-même milliardaire mais très en dessous de ses ennemis des Gafas (dans la ploutocratie américaine,  il n’aurait pas même pu se présenter en  2016 s’il n’avait pas été  doté de quelques moyens personnels) , n’a jamais manifesté son désir de subvertir le  capitalisme. Il n’est ni Lénine ou Trotsky. Mais ça ne suffisait pas : les milliardaires qui ont dirigé l’offensive contre lui ne supportaient pas qu’il ne  soit pas entièrement aux ordres, qu’il ait mené une politique qui ne va pas dans le sens de leur idéologie : libre circulation de marchandises et des hommes, perspective d’un gouvernement mondial  se substituant à terme  à celui des Etats-Unis. Le grand capital ne pardonne pas à ceux qui ne lui sont pas entièrement inféodés. Et généralement il gagne.

 

Roland HUREAUX   

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 20:25

JOE BIDEN, OU LE FASCISME   LIBERAL

 

Quand les observateurs auront quelque recul, ils ne manqueront pas de s’étonner que ce qui suscite l’enthousiasme de la gauche américaine et européenne, ce soit l’élection  d’un personnage comme Biden.

Les sots qui peuplent une certaine droite disent : ne nous inquiétons pas, en réalité, il est plus à droite que Trump. Comme s’il suffisait d’être inhumain ou corrompu pour être de droite !  

Le palmarès du personnage est impressionnant : en Europe, on le qualifierait de fasciste (ce qui, pour les gens civilisés, n’est pas du tout la même chose que la droite).

Elu depuis presque un demi-siècle, il est facile de tracer son parcours :  il s’était  opposé en début de carrière à la déségrégation, en continuité avec la composante sudiste du vieux parti démocrate, avant que celui-ci ne vire au gauchisme sociétal. Il a fait l’éloge de son collègue sénateur de Caroline du Sud, Stroma Thérond, proche du Ku Klux Klan, qui s’était présenté à la présidence en 1949. Il a soutenu un projet de loi qui conduisait à l’incarcération à vie de petits dealers, sans doute en liaison avec le complexe industriel carcéral avide de main d’œuvre pénitentiaire à bon marché. Il soutenu la croissance sans frein de Wall Street, le Big Pharma (on le voit toujours avec son masque, comme les Dalton à la banque), les projets des Gafas et du Big Tech de créer un état de surveillance sanitaire et civique généralisé.  Fascisme   de droite, celui de la surenchère sécuritaire et fascisme de gauche, celui du contrôle généralisé des personnes par les réseaux numériques, se rejoignent en lui.

 

Le Delaware, un Etat spécial

 

Ajoutons que Biden a soutenu toutes les interventions militaires américaines à l’étranger depuis un demi-siècle, y compris les plus hasardeuses comme l’Irak ou la Syrie. Comme Hillary Clinton, il a apporté un soutien décisif au Sénat à George W. Bush, pourtant républicain,  pour envahir l’Irak, une équipée que Trump au contraire ne manque pas une occasion de dénoncer.

Question argent, il a été sénateur du Delaware pendant quarante-cinq ans. C’est un tout petit Etat contrôlable avec un bon réseau mais très spécial : situé à quelques dizaines de kilomètres de Wall Street, il en est la soupape de sécurité, ayant le statut de paradis fiscal au sein même des Etats-Unis. Le lieu idéal pour blanchir les transactions douteuses, sous le contrôle des réseaux mafieux.

On ne sait pas encore tous des turpitudes financières de son fils Hunter Biden, révélées grâce au malencontreux oubli par ce dernier de son ordinateur chez un réparateur, mais on commence à savoir que le père y était associé. Encore avide d’argent à 78 ans, ses activités financières, à base de trafic d’influence, s’étendaient sur la planète : Ukraine, Russie, Chine. 

Qu’il aille à la messe le dimanche fait tressaillir de joie certains prélats des deux côtés d’Atlantique ; pensez : un second président catholique après Kennedy : catholique mais favorable à l’avortement sans contrôle (comme c’est le cas aux Etats-Unis), aux droits les plus étendus des LGBT, tous dossiers où il   suit les tendances les plus libertaires. Signal fort : il vient de nommer un ministre de la santé transgenre.

Il est facile de voir par quel mécanisme il est arrivé là où il est : quand le parti démocrate, appuyé par la haute finance qui voulait rendre l’image des Etats-Unis dans le monde plus sympathique au travers d’un président de couleur, a investi Obama, il fallait un vice-président venu de l’extrême-droite pour rassurer l’électorat réactionnaire.  Vice-président pendant huit ans, il est connu et supposé compétent. Il est donc ce que le parti démocrate a trouvé de mieux à opposer à Trump, un choix qui   témoigne   du rétrécissent du vivier de compétences politiques dans la jeune génération. Il a été aussi jugé assez affaibli mentalement pour  être dirigé par les fores sombres qui gravitent dans les hautes sphères démocrates, à commencer par les    Gafas et le complexe militaro-industriel qui lui apporte un tiers de son cabinet. D’aucuns espèrent sans doute qu’il se retirera vite au bénéfice de sa suppléante Kamala Harris, ni mâle, si blanche et dont l’accession à la Maison baluche serait donc on ne peut plus  politiquement correct.

Mais par-delà ces raisons politiciennes, l’accession d’une personnalité  d’un tel   profil   au sommet est l’expression emblématique de ce qu’est devenu le libéralisme centriste, libertaire, écologiste, universaliste si prégnant aujourd’hui dans  l’opinion des deux côtés d’Atlantique.  Il n’a rien à voir avec le libéralisme bourgeois classique, dépourvu d’esprit de système et tolérant :  son durcissement idéologique en a fait au fil des ans le vrai danger fasciste. Du fascisme, on peut avec Biden cocher presque toute les cases :  impérialiste et militariste - voir les neufs guerres entreprises au Proche-Orient, en Europe et en Afrique depuis trente ans ; Trump, lui, n’en a déclenché aucune .   Antilibéral : voir la discipline croissante du langage, les projets de contrôle des communications mondiale par les Gafas, et, comme en Europe, la vigilance judicaire toujours plus serrée à l’égard de tout écart dans les médias et bientôt dans la rue. Antidémocratique, puisque le pluralisme de la presse indispensable à la démocratie n’existe presque plus : Trump avait 90 % des médias contre lui. Les dissidents ne vont plus au goulag, au moins pas encore[1] ,  mais une implacable chasse au politiquement incorrect les marginalise dans leur profession ou l’opinion. Ajoutons que cette chasse se fait sur le fond d’une intolérance telle qu’elle fait de   ces idéologues le vrai « parti de la haine. » Que le directeur du magazine Forbes  ait annoncé qu’il détruirait l’image de  toute entreprise qui embaucherait un pro-Trump montre dans quels temps sombres nous entrons. 

Espérons seulement que la mise en avant d’un tel personnage, oxymore à lui tout seul, dont le déclin mental est inquiétant, sera le chant du cygne d’une idéologie mortifère qui est devenue, à la place du communisme, la menace principale contre la liberté.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

[1] Attendons pour en être sûr de voir ce qu’on fera des rebelles à la vaccination universelle.

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 20:24

LA STRATEGIE D’ENVELOPPEMENT DES DEMOCRATES AMERICAINS VA-T-ELLE REUSSIR ?

 

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article12394

 

 

Il était contraire à tous les usages diplomatiques que presque tous  les pays d’Europe occidentale (Vatican compris !) et beaucoup d’autres dans le monde félicitent Biden dès le 7 novembre alors que le résultat officiel  de l’élection américaine n’avait  été proclamé nulle part – et pour cause, les résultats de plusieurs grands états faisant l ‘objet de procédures contentieuses lourdes dont nul ne sait sur quoi elles vont déboucher.

Parallèlement, presque tous les organes  de la médiasphère occidentale – désormais  presque aussi monolithique que celle des pays totalitaires jadis, font comme si Biden était déjà élu et tiennent pour de mauvais coucheurs et des retardataires les gouvernements qui  attendent la proclamation officielle  du vainqueur  pour se prononcer :  Russie, Brésil, Mexique, Israël, Pologne, Hongrie entre autres.

Pour ces deux derniers, des avertissements inquiétants ont fusé de la part de Bruxelles et de la presse dominante  en Europe occidentale  il va falloir que désormais, ils se mettent au pas  et cessent enfin de  faire obstacle au processus d’unification européenne. Avec Biden, ils n’ont plus le vent en poupe ! Vouloir conserver sa souveraineté  est de en plus   assimilé à un comportement fasciste.  L’avertissement ne vaut pas seulement pour Orban et Morawiecki   mais pour tout ce qui s’aviserait , y compris en France,  de résister  à la pensée dominante.

 

Une manœuvre internationale

 

On aurait tort cependant de considérer que cette vague de félicitations anticipées de  Biden résulte d’une juste appréciation du rapport des forces, qu’elle révèle que la balance penche de  plus en plus pour le candidat démocrate et que  Trump appartient désormais au passé ; si nous le croyons, c’est qu’il y a une  stratégie pour nous le faire croire.

La stratégie des  démocrates pour forcer l’ élection de Biden  - mais dans la campagne anti-Trump , ce sont  plutôt les maitres de l’ordre mondial que  le vieil appareil du parti démocrate qui sont à la manœuvre - ,   est double : d’abord une falsification des  résultats par toutes sortes de manœuvres  physiques et électroniques intervenues dans les  dernières heures du scrutin.

Ensuite un enveloppement par l’extérieur : il ne  suffisait pas que le résultat  favorable à Biden soit admis  par les médias  américains, il fallait aussi  que  le monde reconnaisse Biden vainqueur.  D’où la vague de félicitations anticipées à laquelle nous venons d’assister.  Contrairement à ce qu’on pourrait  penser, les grands de ce monde sont peut-être plus grégaires et faciles   à manipuler que les citoyens ordinaires [1].   Il est probable que des pressions ont été exercées sur chacun des gouvernements concernés. Pour l’Europe occidentale, ce n’était pas difficile :  ils sont tous acquis à la gouvernance mondiale qui, même sous Trump, voire malgré lui, inspire  les pays de l’OTAN .    

Il ne faut donc pas se fier  à cette vague de reconnaissance ; tout autant que la fraude électorale, elle fait partie du plan  et a été entièrement  organisée.

Qu’en sortira-t-il ? Depuis que Mike Pompeo a fait une tournée en Europe occidentale, en particulier en France, les félicitants de la première heure, Macron en tête,  se calment un peu. Que leur a-t-on dit ? Rien n’a filtré. Même si une  partie de la CIA lui était hostile, nul doute que Trump sait tout sur tout  le monde. Qui peut croire sérieusement que Pompeo a fait  une tournée d’adieux ?

Mais les Etats-Unis ont montré assez dans le passé qu’ils se fichent comme d’une guigne de l’opinion des non-Américains : en définitive, c’est à l’intérieur du pays que les  choses se décideront. Ce ne sont pas des arguments politiques ni même strictement juridiques   qui vont convaincre la Cour suprême quand le aura à rendre les derniers arbitrages. C’est l’état d’esprit de l’opinion américaine. Ou bien  Biden a vraiment  gagné l’élection et les manipulations, dont personne ne conteste la réalité, seulement l’ampleur,  n’auront   joué qu’à la marge : dans ce cas Biden sera  proclamé  élu , mal élu mais élu quand même.  Ou bien   Trump a vraiment gagné l’élection et, comme il le semble, une masse de plus en plus grande des Américains se rendra  compte de l’ampleur de la  fraude et alors l’indignation du peuple  américain, y compris de  beaucoup de démocrates,  un peuple  qui reste attaché en profondeur au respect de la loi , sera telle que Trump ne pourra pas ne pas être déclaré  vainqueur. C’est ce qui semble se dessiner aujourd’hui au fur et à mesure que les turpitudes du camp démocrate  viennent au jour.  Les félicitations des uns et des autres, y compris du pape, n’y changeront rien. 

 

Roland HUREAUX

 

    

 

[1] Le dernier sommet du G20 vient de l’illustrer.

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 20:22

LA DIABOLISATION EST LA MARQUE D’UNE DEMARCHE IDEOLOGIQUE

 

Publié dans Monde et Vie – septembre 2020

 

S’il fallait définir le mal du  siècle, je dirais que c’est l’idéologie .

Mal du siècle parce qu’elle n’existait pas  dans les siècles passés. Elle  se déchaine une  première fois avec la  terreur révolutionnaire mais   se calme ensuite  jusqu’aux grands mouvements idéologiques du XXe siècle, tous criminels : communisme,  socialisme national.  

Aujourd’hui, depuis trente ans environ, surtout dans le monde  occidental  l’idéologie a pénétré partout : nous vivons dans un monde idéologisé  jusqu’à la moelle. Il ne s’agit pas forcement d’idéologies violentes comme  celles que je viens de citer, mais  elles aboutissent à un grand désordre dans la  société, à un recul de la liberté, de la démocratie, de la compréhension réciproque , de la légalité et pourraient s’avérer avoir des effets  indirects graves  :  appauvrissement, guerre civile, voire internationale , perte de l’héritage culturel et  de ce qu’Orwell appelle la common decency  ( Orwell).

Avant de définir l’idéologie, disons qu’elle se reconnaît d’abord à la diabolisation absolue et sans rémission de l ’adversaire ; les procureurs  de Staline traitaient leurs victimes de vipères  lubriques ; pour éduqué qu’il soit , c’est le registre où finit  tout  idéologue.  Les socialistes nationaux, dits nazis, avaient eux aussi leur démonologie à base de haine du juif.

Aujourd’hui, sous une apparence plus libérale, qui correspond de moins en moins à la   réalité, la diabolisation  vise tout ce qui est « politiquement incorrect » , une notion issue du marxisme  qui nous est revenue par les  universités américaines. Nous savons ce que recouvre cette épithète infamante : le racisme, l’islamophobie, la xénophobie ( à quoi les idéologues ramènent  tout souci, quel qu’il soit,   de l’intérêt de son propre peuple), l’homophobie, le machisme, le « climato-scepticisme » etc. 

 

Le vrai parti de la haine

 

L’idéologue définit  toute une série de tares  irrémissibles  et il  sue la haine , il suffit d’aller dans les prétoires pour le voir , pour tous ceux qu’il estime  en être porteur, c’est-à-dire tous ceux qui ne partagent pas ses préjugés idéologiques ;  et il les accuse, procédé classique  , eux,  de haine.  Qui a jamais rencontré un raciste, un vrai (il y en a quand même quelques-uns),  aussi haineux qu’ un prétendu antiraciste ?  

La haine idéologique est   plus que la haine tout court. Il parait que dans les guerres s’autrefois, les ennemis s’injuriaient copieusement avant de combattre. Il était rare, en effet, malgré l’Evangile ,qu’on ait jamais beaucoup  aimé ses ennemis. Mais enfin, si beaucoup de guerres se terminaient  en massacres, la « paix des braves » restait possible.

Avec les idéologues, elle ne l’est pas. Car la haine idéologique est  fondée sur un système qui se veut rationnel, même s’il ne l’est pas.  « Réactionnaire », par exemple est une injure idéologique  « Espèce de con », ne l’est pas.   L’épithète   « réactionnaire »   se réfère à une    théorie de l’histoire   comme progrès irréversible, où celui qui lui  résiste est voué au banc d’infamie. Inutile d’argumenter avec lui :  il  est malfaisant.  Pour Pierre Courtade, « intellectuel »   stalinien, Tito était « fasciste au sens scientifique  du terme. »

Cette haine de l’adversaire qui vise à son élimination pure et simple, transcende tout : le droit , y compris  constitutionnel , les droits  fondamentaux, la liberté de  presse et d’opinion , la culture, le respect de  l’autre, la simple justice  , l’honnêteté, pas seulement intellectuelle.   Elle cherche sans cesse à alourdir le code pénal de nouveaux  délits idéologiques restreignant le champ des libertés, appelle à la délation, instaure une police de la pensée . Elle va même jusqu’au déni de la science : la théorie de la relativité  fut bannie  en URSS comme « idéaliste », en Allemagne comme  juive.  La théorie du genre, devenue quasi-obligatoire en Occident,   est encore plus absurde que la théorie évolutionniste   de Lyssensko  promue par Staline. Avec l’idéologue, tout débat est  interdit.

Nous assistons aujourd’hui à la dégénérescence de la démocratie, d’abord  aux Etats-Unis,   où la confrontation Trump-Biden  pourrait se terminer en guerre civile si la victoire de l’un des deux  camps n’est pas assez nette, mais aussi en Europe.   Le Brexit avait déjà effacé de la langue anglaise l’expression  fair play . Si la France  n’en est pas encore là,  c’est parce que la domination du camp de la pensée unique , y reste  écrasante  [1]     

Certes, ce qu’on appelait les « démocraties occidentales » n’ont  pas de goulags . Mais les interdits professionnels pour raisons idéologiques ne cessent de prendre de l’ampleur , dans la presse ou l’Université[2]  . Le pluralisme de la presse ne cesse de se rétrécir : le temps vient où nous n’aurons  le choix qu’entre la Pravda et les Izvestia !  

 

Qu’est-ce que l’idéologie ?

 

Mais qu’est-ce que l’idéologie ? Nous ne l’entendons  pas au sens classique d’un  ensemble d’idées certes cohérent  mais respectueux du pluralisme.  Le point  de départ de la démarche idéologique, au sens où l’entend Hannah Arendt, ce sont :

  • Une simplification abusive et donc une falsification du regard porté sur la réalité à partir  de slogans sommaires : l’histoire se ramène à la  lutte des classes,  ou des races ;   la propriété , c’est le vol ;     les Etats sont dépassés, et donc il faut une totale liberté de circulation des  marchandises, des capitaux et des hommes dans le monde ;
  • Un projet messianique , ou à tout le moins « progressiste » , se proposant d’améliorer le monde de manière plus ou moins radicale , globale ou sectorielle,  pour aller vers  une société sans classes, un Etat mondial , le métissage généralisé   ou une émancipation  totale des mœurs  .   Celui qui s’oppose à ce mouvement est un ennemi du bien .

A   côté de grands projets de refonte totale de la société, le monde occidental   est également vérolé de par des idéologies sectorielles  : méthodes modernes d’éducation, « administration  managériale », disqualification du système pénal etc. Dans une société de plus en plus idéologisée, rien n’échappe désormais  à cette folie. Le grand ennemi des idéologies, c’est le bon sens ; il se fait de plus en plus rare.  

Les idéologues en chef, partis communistes ou socialiste-national  autrefois, oligarchie mondiale aujourd’hui ,  s’autoproclament les grands prêtres du progrès de l’humanité . Les membres de cette oligarchie , généralement très riches sont d’autant plus dangereux qu’au lieu de jouir tranquillement de leur  fortune,  beaucoup , tels  Georges Soros ou Bill Gates veulent absolument faire le bien , le bien idéologique, c’est-à-dire le mal.

Face à ces élites aux idées simples, il y a le peuple, les peuples. Les idéologues s’en méfient car il  reste généralement au peuple un peu de bon sens  et qu’il est le premier à souffrir des  folies idéologiques. On dénonce alors le « populisme ». Toute la tradition issue de la Révolution française assimilait le peuple ( vu de manière abstraite, il est vrai ) et le progrès  ; ils ont divorcé. Depuis trente   ans,  le peuple , selon les idéologues,  est l’ennemi du progrès.

Cela aussi explique leur crispation et leur intolérance  : ils se sentent cernés , d’autant qu’au fond d’eux-mêmes , ils ressentent ce qu’ont d’artificiels  leurs  concepts.

 

Si l‘espoir demeure, c’est des peuples seuls qu’il peut venir : malgré tous les efforts faits pour  diaboliser le peuple, le mettre entre parenthèses, il arrive, suffrage universel aidant, qu’il se réveille :  élection de Trump en 2016, Brexit en 2017, élections italiennes.  Demain la France ?

Le chemin de la vérité en politique est aujourd’hui simple : il n’y a plus ni gauche, ni droite, ni sociaux ni antisociaux, il faut combattre les idéologies qui minent nos sociétés. Face aux idéologies, pas de quartier. Mais pas non plus de contre-idéologie miracle, seulement le bon sens et la nature. Et comme l’idéologie est intrinsèquement mensongère, il y a la vérité. Elle est souvent moins flamboyante que les simplifications idéologiques pour des communicants en quête de slogans faciles. Mais soyons optimistes : les peuples la comprennent quand on sait la leur dire. Voilà notre espoir.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Et n’imaginons pas que de contrôler 90 % du paysage politique ou médiatique satisfera l’idéologue ; il veut 100 %. Les attaques récentes contre Valeurs actuelles ou  SOS Chrétiens  d’Orient sont significatives de la volonté de réduire les  ilots de dissidence ; si on laisse  vivre les adversaires  , c’est qu’ils sont assez  caricaturaux pour servir de  repoussoir .  

 

[2] Le statut de la fonction publique, qui, depuis l’arrêt Barrel du Conseil  d’Etat, ouvrant l’ENA aux communistes, semblait une protection ; il  l’est de moins   en moins, par l’extension de l’oral  ( qui tend à devenir un  contrôle de conformité)  ou le recrutement massif de contractuels.   

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 20:21

Dès qu’ils auront un certain recul, les historiens se demanderont comment un pays comme les Etats-Unis, longtemps tenu pour « la plus grande démocratie du monde », le champion du « monde libre » dans la deuxième guerre mondiale et la guerre froide, a pu tomber aussi bas que dans la dernière élection présidentielle.

Malgré la guerre de propagande, à sens unique puisque les démocrates ont le soutien de 90 ou 95 % des médias, peu d’observateurs doutent désormais qu’il y a eu une fraude gigantesque destinée à placer Biden en tête dans les toute dernières heures du dépouillement. Une fraude avouée avant le scrutin par Biden lui-même dont on a vite fait de mettre les propos sur le compte de la cacochymie. Peu accusent Trump et son camp d’avoir fait de même.   

Nous ne savons pas encore si les preuves apportées par les avocats de Trump sur cette fraude seront suffisantes pour empêcher Biden d’être proclamé président. En tous les  le candidat démocrate est élu, son élection restera durablement entachée du soupçon de l’illégalité et au moins la moitié des Américains tiendront le nouveau président pour illégitime, ceux ce qui ont voté Trump mais aussi ceux qui ont voté Biden et que la fraude scandalise (on suppose que c’est le cas d’honnêtes gens comme  Jimmy Carter ou Bernie Sanders).   Dans le contexte actuel, la reconnaissance de l’élection de Biden serait suicidaire pour le Etats-Unis.

Alors que s’est-il passé ?  Comment le parti démocrate, dont jusqu’à présent personne ne doutait qu’il méritait cette appellation en est-il arrivé là ?

Certes la fraude électorale a toujours existé aux Etats-Unis : l’élection de John Kennedy reste entachée d’un doute, celle de George Bush Jr aussi. Mais rien de comparable à ce qui nous est rapporté aujourd’hui de celle, encore à confirmer, de Biden.

 

Comment le virus de l’idéologie détruit la démocratie

 

Pour comprendre ce qui a pu arriver, il faut appréhender la révolution intellectuelle qui s’est produite au cours des dernières années, dans le parti démocrate et tout ce qui tourne autour dans les milieux administratifs, bancaires et surtout médiatiques. 

Malgré sa composante originaire sudiste, le parti démocrate américain, comme tous ceux qui lui sont apparentés de ce côté-ci de l’Atlantique, partis socialistes, « En marche » français et même, pour une part, les anciens partis conservateurs comme la CDU allemande, était un parti libéral de centre gauche classiques.  Classique c’est-à-dire n’ayant pas d’autre objectif que de bien gouverner, dans la nuance d’idées qui était la sienne mais de la manière la plus pragmatique.

Le virus de l’idéologie qui a pris le monde occidental a changé tout cela. A son fondement, une vision simplifiée de la réalité et la définition d’un sens d’histoire à caractère messianique. Les communistes d’autrefois se pensaient déjà comme les agents de la Révolution mondiale, prédéterminée par l’évolution historique   et destinée à révolutionner la condition humaine. Cela à partir d’une prémisse simple : tout le mal vient des classes sociales et de la propriété privée ; il faut les supprimer.  L’impérialisme néo-libéral se rattache lui aussi à de idées simples : ses adeptes se tiennent pour  les grands prêtres d’une transformation inéluctable de la société orientée par un nouveau sens de l’histoire. Ce nouveau sens de l’histoire conduit à l’abolition non plus de la propriété mais des états nationaux au bénéfice d’un Etat mondial, à l’abolition des frontières commerciales, financières, migratoires et sexuelles en vue d’un monde où les différentes cultures et les « genres » seront interchangeables et fongibles.   Le moteur de la transformation est cependant moins aujourd’hui une espérance qu’une panique : celle des pandémies qui justifie la chape de plomb du confinement, celle du réchauffement climatique qui fonde  aux yeux des mondialistes, l’émergence d’une gouvernance internationale ne laissant aux pouvoirs nationaux que le rôle d’exécutants, dans un environnement de    décroissance.

Certains pourraient tenir l’apparition de cette idéologie pour dépourvue de conséquences : après tout, toutes les sociétés ont leurs fous, alors pourquoi pas la société politique ?  Mais en réalité, l’idéologie porte avec elle des effets désastreux. La simplification des concepts abolit le doute et donc tout débat démocratique. Elle entraine une intolérance totale à tous les opposants, immédiatement rangés, sens de l’histoire oblige, dans la catégorie   des réactionnaires ou des obstacles  au bien de l’humanité, des fous ou des pervers.  C’est la racine de la tyrannie du politiquement correct qui étend son voile noir sur tout l’Occident. La véhémence de la posture idéologique est contagieuse : les minoritaires qui voudraient encore comprendre la complexité des choses se laissent impressionner et n’osent plus contredire les idéologues, jusqu’au point où la quasi-totalité des médias soutient    l’idéologie dominante.

Une autre conséquence est que la promotion et la mise en pratique de cette idéologie justifie tout. Dire qu’elle a un caractère religieux serait à la fois dépréciatif pour les religions et insuffisant. Toutes les idéologies rejettent le passé, diabolisé, et donc l’héritage judéo-chrétien. L’intolérance des idéologues est encore plus absolue que celle des religions d’antan. Ses tenants croient se fonder sur la raison, mais sont en réalité possédés par un délire rationnel car ces concepts simplifiés sur lesquels ils se fondent, ils les  poussent jusqu’à leur pires extrémités. Dans sa version communiste, l’idéologie a provoqué la mort de dizaines de millions de personnes. Dans sa version actuelle, elle fonde ses tenants à passer outre à toutes les considérations que d’habitude les hommes placent au plus haut : la morale qui interdit la fraude, le droit spécialement le respect de la constitution, la déontologie, l’exigence du pluralisme la presse, le respect des adversaires. Cette posture explique le fait que,    en rupture avec  toutes  les  traditions démocratiques des Etats-Unis,    les partisans d’Hillary Clinton, au lieu de jouer le jeu comme l’avaient fait tous ceux qui dans le passé   avaient  été  battus, ont tout fait pendant quatre ans pour saboter le travail du président régulièrement  élus mais tenu pour illégitime, comme un non-communiste pouvait être tenu pour illégitime ans l’ancienne Union  soviétique ; la même posture explique  les illusions que s’est faite  le camp démocrate  , illusions que se sont   exprimées  par des sondages  presque unanimement favorables à Biden : ce n’ était pas là seulement  là  l’effet de la   volonté de    tromper mais aussi  de la capacité à s’illusionner de gens qui n’imaginent pas une seconde  qu’on puisse avoir des opinions  différentes des leurs. D’où leur surprise le jour du scrutin, leur panique et leur volonté d’en modifier le résultat par tous  le moyen, y compris par une adjonction de milliers de faux bulletins Biden.

 

Vers la guerre ?

 

Enfin l’idéologie est très dangereuse : elle conduit à la guerre. Pour pactiser avec l’adversaire politique, intérieur ou extérieur,  il faut un certain relativisme ; or les idéologues   pensent tant qu’ils ont raison qu’il leur faut répandre, par tous les moyens aussi, leur idéologie à travers le monde. C’est sur cette base qu’ont été conduites les politiques de regime change et les printemps arabes, avec les millions de morts qui s’en sont suivis. Parce qu’il n’est pas idéologue et qu’il accepte des régimes différents, Trump n’a déclaré la guerre à personne.  Rappelons-nous sa réplique  à Hillary Clinton lors de la campagne de 2016 :   « Vous êtes candidate à la présidence du monde, je ne  suis candidat  qu’à la présidence des Etats-Unis ». L’idéologie ne sait pas se cantonner à « un seul pays ». Elle est universelle et  donc impérialiste. Comme elle rencontre nécessairement une résistance, elle est porteuse d’un lourd risque de guerre. Risque particulièrement actuel aujourd’hui  où les idéologues mondialistes,  dans leur manichéisme simplificateur, assimilent, au-delà de tout bon sens, Poutine à Hitler. 

Une dernière caractéristique de cette posture est  qu’ elle ne supporte pas l’échec : un  seul revers et tout l’édifice   s’effondre, comme  on l’a vu en URSS en 1990.  La première élection de  Trump était passée pour un accident de l’histoire. Sa réélection serait le signe de l’obsolescence de toute l’idéologie   mondialiste  libérale- libertaire. C’est pourquoi, pour  les partisans de celle-ci qui domine encore l’opinion mondiale, sa réélection ne pouvait pas arriver. Et si elle est arrive quand-même, la presse mondiale et presque tous les gouvernements  occidentaux s’enfoncent  dans le déni, jusqu’à reconnaitre l’ élection de Biden et à le féliciter,  contre tous les usages diplomatiques, avant qu’il ne soit proclamé.  C’est à un wishful thinking international    que nous avons affaire : Biden est élu parce que je veux qu’il le soit.  Tout cela laisse présager une crise de grande ampleur, mais une crise souhaitable quand même pour ceux qui ne veulent pas que le monde occidental tombe dans une nouvelle glaciation idéologique, qui    souhaitent le maintien de la démocratie, du pluralisme et de la liberté.      

 

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 20:19

BIDEN SERA PLUS DANGEREUX POUR L’EUROPE QUE POUR LES ETATS-UNIS

 

La victoire de Biden à la présidentielle américaine étant  confirmée, il est possible que la politique intérieure des Etats-Unis change, dans un   sens plus favorable aux très riches qui l’ont presque tous soutenu et d’une moindre protection des travailleurs pauvres (noirs compris) contre l’entrée, fatale pour eux, de  main d‘œuvre à bon maché et de produits chinois. Cependant la marge de manœuvre du nouveau président serait limitée car deux institutions essentielles, le Sénat et la Cour suprême, resteraient probablement  entre les mains  des  Républicains[1]. En outre, même si la justice arbitre in fine pour lui, Biden serait affaibli par un fort soupçon de fraude qui lui ôterait une grande partie de sa légitimité.

 

Biden promet un regain de militarisme

 

En revanche le président des Etats-Unis a les mains bien plus libres en matière de politique étrangère. Or ce que promet Biden, en premier lieu un regain du militarisme idéologique, est extrêmement inquiétant, en tous les cas pour l’Europe occidentale, peut-être pour la paix du monde.

Nous avions été beaucoup à pousser un soupir de soulagement quand Hillary Clinton avait été battue en 2016.  Pas seulement pour sa corruption abyssale – qui n’a peut-être d’égale que celle de Biden, mais parce que son  élection promettait une agressivité accrue à l’égard de Moscou, une relance de la  guerre de  Syrie pour vaincre  Bachar el-Assad , peut-être au prix de quelques centaines de milliers  de morts de plus,  un soutien renforcé à Erdogan , comme à tous les mouvements  islamistes, Al Qaida en tête, et peut-être une attaque sur l’Algérie et le Maroc pour les démocratiser ( après l’Egypte, la Libye et la Tunisie :   il n’y avait aucune raison pour Mme Clinton ,  grande prêtresse de  la gauche libérale-impérialiste, que la brise   des printemps arabes ne souffle pas jusqu’à l’Atlantique.)

Nous pensions naïvement que les démocrates avaient tiré la leçon de leur échec et étaient prêts à revenir à une politique internationale plus modérée , ne cherchant pas    par exemple à remettre en chantier les  régime change, fondés sur cette invraisemblable prétention à imposer partout dans le monde par la force  le modèle de démocratie occidentale (dont on voit dans quel état lamentable il se trouve  aujourd’hui).

 

 

Rien appris, rien oublié

 

Or c’est le contraire : les discours  de Biden avant l’élection font craindre que les démocrates  n’aient rien compris et   que Biden s’apprête   à revenir dans les ornières de la politique  de Bush, puis d’ Obama-Clinton,  en pire ( pour ceux qui l’ignoreraient, le clivage démocrate-républicain n’est plus pertinent  : la politique d’Obama continuait celle de Bush : déstabilisation  de la Libye, de la  Syrie et de l’ Ukraine après celles de l’Irak et de l’Afghanistan, seul Trump a changé de  ligne .)  

En quoi la politique de Trump a-t-elle rompu avec celle des prétendus néo-conservateurs (« néo-cons » et vrais faucons) ?  Il a d’abord pris ses distances avec l’universalisme qui fondait ceux-ci à intervenir sur toute la planète : « Je ne cherche pas à devenir le président du monde, seulement le président des Etats-Unis ». Biden promet au contraire le retour à l’universalisme idéologique.

Ensuite un changement stratégique essentiel. Alors que le triangle inavoué Clinton-Obama, était : les Etats-Unis s’allient   aux islamistes contre la Russie, les intérêts des Européens étant passés par pertes et profit, celui de Trump au contraire repose  sur un  rapprochement  avec la Russie contre  l’islamisme, une posture éminemment plus favorable aux Européens tant sur le plan de la sécurité du continent   que  de la lutte contre le terrorisme ( premier acte de Bush, la destruction de Daech en liaison avec les Russes alors qu’Obama le soutenait par en-dessous).  Au centre du projet diplomatique de Biden, une prise de distance et une posture plus offensive face à la Russie.  Ce n’est pas assez que la Russie soit entourée sur plusieurs de ses frontières (Pays baltes, Pologne, Ukraine) de batteries de missiles et de chars d’assaut (comme si les forces russes étaient massées au Mexique sur la rive sud du Rio Grande !). Non, pour Biden, c’est une posture de faiblesse, le signe de complicité inavouée avec Poutine. Qu’un tiers de son équipe annoncée vienne du lobby militaro-industriel et qu’il ait annoncé une nouvelle augmentation des dépenses militaires fait froid dans le dos. Biden a aussi annoncé le retour des forces américaines au Proche-Orient : pour relancer la guerre de Syrie, qui avait failli provoquer une guerre mondiale en août 2013  ?   Trump, bloqué par les procédures judiciaires démocrates n’a pu aller aussi loin qu’il le souhaitait pour se rapprocher de Poutine mais tous les Européens lucides se sont sentis plus en sécurité de savoir qu’ils n’étaient pas fondamentalement hostiles.  De même quand il a coupé tout soutien aux  djihadistes de Syrie et d’ailleurs.  Comme dans le pays manichéen que sont les Etats-Unis, il fallait un bastard, Trump a préféré s’acharner sur l’Iran que sur la Russie, mais sans lui faire la guerre :  qui ne voit que c’est bien moins dangereux pour nous ?  

 

Un pas de plus vers l’asservissement de l’Europe

 

Les partisans de l’Europe idéologique jubilent car  Biden promet de renforcer l’OTAN et de soutenir le processus d’unification européen.  Comment ne pas voir que ce serait la voie d’une  servitude aggravée  ?  L’ éditorialiste  d’un journal libéral n’a pas attendu la confirmation de la victoire de Biden pour avertir la Hongrie et la Pologne que désormais il faudra qu’ils cessent de faire les malins et qu’ils devront s’aligner sur Bruxelles car ils n’ont  plus (depuis l’élection présumée  de Biden) le vent en poupe. Sombre perspective aussi pour les citoyens du reste de l’Europe qui s’aviseraient encore  de contester le politiquement correct libre-échangiste, migratoire,  climatique, sanitaire et libertaire. Les défenses immunitaires de l’Europe occidentale contre l’islamisme, déjà faibles,  seraient, à un moment critique, encore affaiblies. La chape de plomb que nous impose l’idéologie prétendue libérale, soutenue des deux côtés de l’Atlantique par une presse aux ordres de la haute finance, ne ferait que s’alourdir. Cette chape de plomb est l’effet d’un mode de pensée idéologique, messianique et manichéen, qui ne peut que conduire, comme toutes les idéologies, à la guerre. Il serait temps que les 60 % d’une opinion européenne largement manipulée ouvre enfin les yeux sur le danger mortel que représenterait pour le   continent l’élection de Biden si elle est  confirmée.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

[1] En outre la majorité démocrate a la Chambre des représentants est plus étroite.

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 20:18

L’ELECTION DE BIDEN SERAIT UNE MENACE POUR L’EUROPE

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/L-election-de-Biden-serait-une-menace-pour-l-Europe

 

Le parti-pris  quasi-unanime des  médias français en faveur de Biden dans l’élection présentielle américaine  fait frémir.

Frémir pour la démocratie et la liberté de l’ information. La semaine dernière, presque tous les jours un film contre Trump  sur le chaines et télévision  française  : où  va-t-on ?

Frémir aussi sur le manque de lucidité abyssal  des  leaders de opinion européens dans  cette élection.

Qui ne voit que les risques de l’élection  de Biden  sont considérables   pour la sécurité du continent européen.

La personnalité falote du candidat démocrate cache les forces  sous-terraines, ce qu’on appelle d’un terme imprécis l’Etat profond,  qui avaient soutenu la politique d’Obama. Cette politique , qu’on qualifie de manière trompeuse de  « néo-conservatrice » et  qui continuait d’ailleurs  celle de Bush  fis n’était pas liée à un parti ;   elle  était fondée sur le projet d’un nouveau Proche-Orient démocratique   à  promouvoir par  la force  . C’était un libéral-impérialisme.  Plusieurs  guerres furent entreprises dans ce but: Libye, Syrie, Yémen , après l’Irak et l’Afghanistan commencées par Bush. Plusieurs  autres pays ont  été déstabilisés  : Egypte, Tunisie, ce qui a  partout profité aux islamistes , protégés par Barack  Obama et Hilary Clinton.  

Les guerres du Proche-Orient provoquées par les Etats-Unis  , spécialement celles de Libye  et de Syrie sont la  cause directe de l’arrivée d’énormes   flux de réfugiés en Europe à partir de de 2015. Elles  se sont traduites par  un soutien inavoué mais systématique  aux islamistes du Proche-Orient , Al Qaida , Daech,  ce  qui leur a donné l’audace de parrainer , voire d’organiser des attentats terroristes en   Europe .   

La politique démocrate était en même temps fondée sur  une forte  animosité   envers la Russie  avec l’arrière-pensée chez  certains  théoriciens démocrates  comme   Zbigniew Brezinski, aujourd’hui décédé d’isoler complètement ce pays  des anciens territoires soviétiques et, dans un deuxième temps,    de le démanteler .   Cette politique a entrainé le coup d’Etat   de la place Maidan  à Kiev en 1994, conduit par Victoria Nuland,  secrétaire d’Etat adjoint, cause directe de  la guerre d’Ukraine.  Avec Biden, il faut craindre un regain de tension avec  la Russie, voire de nouvelles « révolutions oranges ».  

C’est une politique inverse, beaucoup  plus sécurisante pour l’Europe qu’a menée Donald Trump. La politique démocrate était celle d’une l’alliance non dite avec l’Islam – et spécialement  l’islamisme -  , contre la Russie – et de fait contre l’Europe  qui, dans cette perspective, ne pouvait être qu’un  champ de bataille ouvert à d’immenses  dommages collatéraux. Trump y a substitué sinon une alliance , du moins une détente  avec la Russie contre  l’islamisme , en particulier contre Daech . Pour les démocrates qui se cachent derrière Biden l’ennemi numéro un est la Russie. Pour Trump, l’ennemi numéro un est l’islamisme.  

En cas d’élection de Biden, l’Europe doit craindre ainsi doublement pour sa sécurité :  la reprise de la politique    Obama -Biden  au Proche-Orient et donc l’appui aux islamistes de tout   poil, y compris   Erdogan ou Daech ; un regain de tension avec la Russie  avec le risque  d’une bataille dont  le champ  serait l’Europe occidentale – c’est ainsi  que le voient   certains  stratèges  du parti.

On dit que Trump est hostile à l’Europe parce qu’il est réservé sur l’Union européenne et opposé au tandem Macron-Merkel , lié à ses adversaires démocrates. Mais sa politique  est fondamentalement favorable à la paix et à la sécurité de l’Europe tant vis-à-vis du terrorisme que de la Russie.

C’est dire que le résultat de l’élection du 3 novembre  est capital pour nous.  

 

Roland HUREAUX

 

 

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