Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Roland HUREAUX

MrHureaux

Recherche

Articles RÉCents

Liens

9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:55

 

https://www.bvoltaire.fr/lhostilite-de-macron-a-leglise-se-confirme-mais-les-cathos-votent-pour-lui/

 

Deux  événements  significatifs viennent de se produire.

Le premier : le gouvernement  s’est pourvu en cassation contre la  décision de la  Cour d’Appel de Paris ordonnant la reprise  de l’alimentation  de Vincent Lambert .

Le second : l’ambassade du Kosovo à Paris ayant été autorisée à fêter le 22 mai le 20e anniversaire de l’émancipation de cette province serbe   à la cathédrale  Saint Louis des Invalides, un appel à la prière musulman  a été lancé en chaire , en un lieu tenu pour sacré par  les catholiques. Une centaine d’officiers ont  fait part de leur indignation .

Sur  le premier sujet, la justice est mise en cause, sur le second,  le gouverneur  militaire de Paris. Mais comment imaginer que de telles décisions  aient pu être prises sans que le président de la République Emmanuel Macron  en ait donné  l’ordre ou au minimum les ait   avalisées ?

Compte tenu du bruit  médiatique considérable qui a entouré l’ affaire,  c’est  vrai de la saisine  de la Cour de cassation contre la continuation de la nutrition de  Vincent Lambert   -  rappelons que le ministre de la Santé est  subordonné au   président.

C’est également vrai  de la fête organisée dans la cathédrale Saint Louis  des Invalides. Nos relations avec le Kosovo sont  une question diplomatique importante qui  ne pouvait être arbitrée  qu’en haut lieu.  D’autant que la faveur faite à cet Etat  ( non reconnu par l’ONU)    est cohérente avec  la manière privilégiée dont il avait été traité lors  des cérémonies du 11 novembre dernier , centième  anniversaire de la victoire de 1918. Tandis que le protocole , qui ne dépend nullement des armées, humiliait le président   de la Serbie  relégué au dernier rang  des cérémonies, alors qu’elle  avait été notre proche  allié au cours de la première  puis  de  la seconde guerre mondiale , dont elle a gravement souffert  , le  président du Kosovo  , Hachim Thaci y  figurait en place d’honneur ? Un choix d’autant plus choquant   que ce dernier a été accusé de trafic d’organes de prisonniers durant la guerre de Yougoslavie  par le procureur auprès du Tribunal spécial pour l’ex-Yougoslavie  , Carla Del Ponte puis   par le Conseil de l’Europe. Il ne s’agit donc pas, comme on l’a entendu dire, d’une « erreur diplomatique » mais d’un acte délibéré .

Rappelons que la guerre de Yougoslavie  aboutit  à une victoire des musulmans du Kosovo, appuyés à la fois  par l’OTAN  et par toute la mouvance islamique mondiale , contre le chrétiens orthodoxes de Serbie . Que dans le camp kosovar,  certains aient voulu fêter cette victoire en investissant un symbole chrétien , n’aurait  rien d’étonnant. Que le feu vert à cette cérémonie blasphématoire ait été donné en haut lieu témoigne d’un singulier parti pris.

Ces faits prennent tout leur relief quand nous apprenons   la même semaine que , selon un sondage, 43 %  des catholiques pratiquants ont  voté aux élections européennes pour  la liste Loiseau - En marche.

Au premier tour  des présidentielles,    ce public avait plutôt  voté pour Fillon, mais il a glissé vers Macron  au cours des derniers mois.

Le paradoxe est d’autant plus grand que ces signes  d’une hostilité profonde à l’héritage chrétien au sommet de l’Etat  ne sont pas isolés  : le maintien obstiné  du projet de loi instituant la PMA pour femmes seules, malgré l’hostilité  de l’Eglise, les efforts  heureusement  non couronnés de succès de  prolonger la guerre  de Syrie, si terrible aux  chrétiens d’Orient,  un discours sur l’incendie  de Notre Dame de Paris ne mentionnant ni la   destination religieuse de l’édifice ni les    catholiques – une députée En Marche, Agnès Thill  vient de dénoncer  la volonté du gouvernement  de tenir  l’Eglise à l’écart de la restauration de la cathédrale.   Quand Marlène Schiappa profère des critiques grossières contre le catholicisme, il faut une singulière naïveté,  répandue dans les milieux « cathos »,  pour penser  que le président n’y est pour rien.

Dans le discours qu’il avait fait aux évêques de France aux Bernardins ( suivi d’une scandaleuse standing ovation) , Macron  n’avait  d’ailleurs pas caché ses  positions: au milieu d’une  rhétorique  pieusarde en accord avec le lieu  mais qui ne  relevait que de la forme, il précisait  clairement qu’en matière sociétale, il avait ses idées et  qu’il ne concédait  à l‘Eglise que le droit d’ « interroger », pas de contredire. On espère qu’au  vu de évolutions récentes, les évêques de France  auront un peu ouvert les yeux.

Mais à quel degré d’aveuglement  a pu sombrer le public catholique, celui des paroisses ordinaires, de droite  comme de gauche d’ailleurs,  pour que l’actuel président en  devienne l’homme politique favori ?  A ce degré  d’égarement , il est permis de   penser qu’on n’est pas seulement confronté à un phénomène politique ou sociologique mais   à  une crise spirituelle  profonde.

 

Roland HUREAUX

 

 

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:54

 

https://www.bvoltaire.fr/wauquiez-ne-sera-pas-remplace/

 

Que le responsable du parti  doive , au premier échec,  démissionner  sans délai  est assez caractéristique de la  culture de l’ancien RPR , devenu UMP puis LR.  C’est arrivé à Juppé , puis à Séguin. On y  a la « culture d’entreprise »  ;   on se veut hommes  de décision , dans le style  brusque imprimé par Jacques Chirac  - dont on a pu voir  combien il était décidé pour réformer la France .

Est-il utile de dire que de telles  méthodes ne facilitent  pas la continuité politique, ni  les desseins de long terme  ?

Laurent Wauquiez a résisté quelques jours . Mais  il  a dû  céder  aux pressions des uns et des autres. Un sondage est tombé à pic pour précipiter sa  démission.

Ses opposants  supposent que c‘est la droitisation qu’il a  imprimée, symbolisée par la  désignation de François-Xavier Bellamy en  tête de  liste  des européennes,  qui serait  responsable de l’ échec aux européennes. Rien ne le prouve.

Un parti ne peut subsister  sans une  identité claire . Le moins qu’on puisse dire est  que les Bertrand  ou  les Pécresse, si d’aventure ils venaient à succéder à Wauquiez,  auront du mal à la  rendre aux Républicains .  Beaucoup se demandent d’ailleurs   ce qui les  distingue de Macron  et du macronisme . A la rigueur Retailleau pourrait montrer  un peu plus  de couleur,  mais pas forcément plus que Wauquiez.

Les  Républicains ont certes commis de graves erreurs . Wauquiez a brièvement enfilé un gilet jaune pour aussi tôt présenter des excuses . Il a eu tort – de s’excuser .  Leurs dirigeants n’ont  ,  si l’on décrypte leurs principales déclarations, rien trouvé d’autre à redire à la politique du  gouvernement  sinon qu’il  n’allait pas assez loin  dans les réformes saignantes  qu’il fallait imposer  au peuple, celles-là même qui ont suscité la colère des Gilets jaunes. C’est  là la sanction de l’adhésion à l’euro qui ne laisse en matière économique et sociale , et donc de pouvoir d’achat ou d’emploi,  qu’une marge de manœuvre proche  de zéro. Mais c’est aussi l’effet d’un singulier dessèchement politique.  En leur temps, Chirac, Sarkozy , pris dans le même dilemme,  avaient tenté de sauver les apparences , au risque de paraître  démagogues. Les Républicains   d’aujourd’hui   ne s’en sont  même pas souciés ; comme le dit justement Henri Guano,  perdant une partie de la bourgeoisie, « macronisée » , ils auraient dû aller au peuple ; ils ne  l‘ont pas fait. Les envolées lyriques de Bellamy ne suffisaient pas à cacher l’absence de réponse à l’immense crise sociale qu’a exprimé  le mouvement des Gilets  Jaunes .

L’autre  erreur  de Wauquiez est d’avoir manqué sa cible .  On voit  bien pourquoi il a tenté de temps en temps  de  durcir son discours sur l’ immigration ou la sécurité. Mais  ça ne suffisait pas . Il est une règle en politique :  il  faut toujours  être en pole position sur le terrain qu’ on choisit  ; or  sur ces sujets, c’est le    RN qui  l’était. Ces effets de manche  présentaient  le double inconvénient d’être peu crédibles et de susciter néanmoins l’ire de  l’aile gauche du parti , en osmose  avec les médias .

Les Britanniques qui pratiquent le bipartisme depuis   trois siècles le savent : le rôle de l’opposition  est de s’opposer . A qui ? Au pouvoir et rien qu’à  lui.  Ignorer le reste, RN compris. Concentrer son tir sur Macron présentait  le double avantage  de jouer  son rôle et de rester  politiquement correct.    Wauquiez serait alors  apparu comme ce qu’il voulait être : le chef   de l’opposition .  Il aurait certes perdu en  route les « constructifs »   ( ne les a-t-il pas d’ailleurs perdus  ?) , mais quel que soit leur poids politique  ( quatre  ténors régionaux , en comptant Juppé) , séparés de la  maison mère, ils se seraient  vite  marginalisés, disons  « lagardisés ».  Le  parti,  lui, aurait gardé son identité et , même rétréci, aurait  pu servir de base  à une reconquête .

L’autre inconvénient de ne pas assez s’opposer est d’apparaître  comme le tiers parti entre le pouvoir et le Rassemblement national, bref le nouveau Modem mais la politique est binaire, pas ternaire.  

L’occasion de prendre la tête de l’opposition a été manquée par les Républicains . Dans le contexte actuel, le successeur de Wauquiez quel qu’il soit , aura du mal à rendre une identité au parti.  Comme disait Edgar Faure, Wauquiez était irremplaçable , c’est pourquoi, dans  le  rôle qu’il a malgré tout  tenté  de tenir,  il ne  sera pas remplacé.

 

 Roland HUREAUX

 

  

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:53

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/72-maires-qui-regretteront-d-avoir-rallie-Macron

Une opération bien menée : 72 maires  issus  «  de la droite et du centre »   ont  décidé  de se rallier à Macron. Parmi eux ceux de  villes importantes : Nancy, Tours,  Orléans, Angers, Roubaix, Tourcoing, Vesoul,  Fontainebleau.  Plus des hommes comme l’ancien ministre François Goulart.  Beaucoup plus de gens du Nord que du Sud.

Ils viennent ainsi apporter un utile  renfort à un parti , En Marche, qui n’a pas vraiment réussi à s’implanter sur le terrain. 

Pris un à un , certains de ces choix sont peu surprenants :  Hénart , le maire de Nancy est  radical, Branchu, celui d’Angers , membre du Bilderberg.

Nous pensons néanmoins que ce faisant, ils manquent de  jugement politique. 

Ils semblent ignorer que la politique est faite  de hauts  et de bas.  Que la droite classique dont ils viennent ait essuyé un sérieux revers aux élections européennes  - sur la base de 50 % d’abstentions qui en diminue la signification -   est une chose.  Que l’étiquette Macron soit  une valeur d’avenir  notamment pour les   prochaines  élections  municipales en est une  autre .

Rappelons que seulement 11 % des inscrits  ont , en votant Renaissance, décerné un satisfecit à Macron. Et encore ce chiffre comprend-t-il un fort  vote  légitimiste de personnes  âgées ou très âgées  qui votent toujours  pour le pouvoir en place ; tout le contraire  de forces vives . Clamer que c’est une victoire pour le pouvoir, c’est de la communication,  pas de l’analyse.

Néanmoins,  illusionné par cette  fausse victoire aux européennes,  enfermé dans un autisme idéologique  désolant, lié par ses  engagements européens,    le président  imagine qu’il peut désormais ne rien  céder .  Il a tort.

Il ne  faut pas enterrer trop vite le mouvement de Gilets jaunes. Quoiqu’ il   paraisse  s‘étioler, il a  exprimé un mécontentement au sein de la société française d’une profondeur inégalée  . Même s’il prend d’autres formes,  rien ne laisse  supposer que ce mécontentement va s’apaiser, au contraire.

La situation  économique ne va pas  s’améliorer.

L’affaire Alstom , relancée par Olivier Marleix , un des rares députés de l’opposition qui fasse son travail, pourrait bien déboucher sur une grave crise . D’autres scandales peuvent éclater.

Nous  faisons là plus qu’un pronostic. Face au désastre de 1940, beaucoup  de Français, accablés,   se sont précipités dans les bras de Pétain.  Quand De Gaulle est entré en résistance , il a   au contraire  prédit que l’Allemagne allait perdre : ce n’était   ni de la divination , ni de l’intuition,  ni un pari, mais une prévision rationnelle. Nous faisons de même.

Il est aujourd’hui probable que les 72 maires transfuges ( qui,  soit dit en passant, donnent une déplorable image de la classe politique )   voudront  faire oublier ce choix  au printemps prochain.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:51

http://www.politique-actu.com/dossier/traite-chapelle-mauvais-coup-porte-relations-franco-allemandes-roland-hureaux/1762336/

 

https://www.atlantico.fr/decryptage/3564688/pourquoi-le-traite-d-aix-la-chapelle-aggravera-le-desequilibre-entre-la-france-et-l-allemagne-roland-hureaux

 

 

2e partie :

Responsabilités allemande et française

 

Responsabilité allemande

 

Sans doute les Allemands ont-ils  leur part de responsabilité dans ces dérives. Alors que  l’idéalisme européen des Français est souvent sincère, allant jusqu’à sacrifier  leurs  intérêts nationaux,  par vanité ou légèreté d’ailleurs plus que par vertu, celui des Allemands ne perd jamais de vue les intérêts allemands. Combien de chefs d’entreprise français appelés à coopérer avec des partenaires outre-Rhin  ont fait l’expérience de ce double jeu sournois ?  A deux reprises la France a volé  au secours des Allemands en difficulté : en 1969, elle  a  concédé les montants compensatoires , sorte de droits  de douane  à l’envers , à une agriculture allemande déstabilisée par  la dévaluation  française de 1969. En 1992, elle a  restreint sa  masse monétaire et donc sa croissance pour que l’Allemagne unie puisse absorber la masse des marks de l’Est , prenant ainsi sa part du fardeau de la réunification. Aucun geste analogue bien évidemment à l’égard de la France aujourd’hui en difficulté depuis son entrée dans l’euro.

 

Responsabilité française : la politique du  mépris  

 

Mais il serait injuste de faire  porter   aux Allemands seuls la responsabilité     du déséquilibre grandissant entre les deux pays.  Souvent les Allemands n’avaient  rien demandé : ce sont les prétendues élites françaises qui sont allées, sur bien des dossiers,   au-devant de leurs  souhaits. C’est  le cas pour le facteur   essentiel de ce déséquilibre ,   l’euro, lequel demeure , ne l’oublions pas,  une initiative française, témoin d’une  inculture économique unique au monde   de ses dirigeants  et de l’idée  sournoise, aux relents  vichystes,  qu’il faut imposer aux Français la  discipline allemande.  Pour le reste, les Français ont  au moins eu  le tort de ne pas s’être opposés    à des décisions clairement défavorables  pour eux : la politique économique  de Schröder, l’ouverture  migratoire de Merkel, la disqualification du nucléaire [1], notre carte forte, orchestrée par l’Allemagne,  la cession d’Alstom à Siemens, le glissement  progressif du pouvoir au détriment des Français  au sein d’Airbus.   Les bons comptes font les bons amis : loin de renforcer l’amitié entre les    deux pays, ces  complaisances l’ont peu à peu minée.

Que les Allemands ne s’y trompent  pas : la germanomanie des élites françaises relève moins  d’un intérêt pour l’Allemagne réelle que la plupart du temps ils ignorent,  que de leur   mépris pour le peuple français. Il est une catégorie de Français pour lesquels tout ce qui se fait ailleurs, singulièrement outre-Rhin est toujours mieux. Nombre de réformes désastreuses  ont été faites chez nous  par imitation servile de l’Allemagne   comme   la réforme régionale ou la réorganisation du temps scolaire .    En revanche personne  ne connait  en France  ce qui aurait pu  être utilement  transposé comme  les  Instituts Fraunhofer.

Un signe qui ne trompe pas : de moins en moins de Français parlent l’allemand et de moins en moins d’Allemands  parlent  le français . Macron lui-même, si fier de son anglais,  n’a jamais fait  l’effort d’apprendre la langue de Goethe.

Le mépris des classes dirigeantes pour les Français, quelque fois leur haine,  a un caractère pathologique. Quand elle va jusqu’à la servilité vis à vis de l’étranger, elle tient  de la bassesse ,  propre à une classe de parvenus qui n’a jamais appris  que le premier devoir d’une authentique élite est de servir son peuple et au minimum de l’estimer. 

Le général de Gaulle avait tout fait pour  que, par l’exaltation de     la France    libre , les Français retrouvent leur confiance en  eux-mêmes et se débarrassent des    complexes nés de la  défaite de 1940. Mais depuis 50 ans , son œuvre a fait l’objet d’un travail incessant de sape , remettant à nu les vieilles blessures . La magnifique victoire remportée en 1918 par notre armée presque seule[2] a été délibérément occultée.   La germanomanie obstinée de  Macron résume   l’attitude  honteuse des classes dirigeantes françaises depuis  des décennies.

 

Quand la France s’éveillera…

 

Il  faudrait une  forte ignorance de notre histoire pour imaginer que les Français continueront longtemps à accepter ce déséquilibre destructeur   qui leur est  imposé  par leurs élites.  Ils sont comme le cheval auquel son propriétaire  imposerait  un lourd handicap dans les courses pour lui cracher ensuite   dessus. Nul doute qu’ils vont  se réveiller  un jour  . Et mieux vaut tôt que tard. Le jour où  ils ouvriront les yeux sur ce qui leur a été infligé, ils auront   de bonnes raisons d’en vouloir à leur  oligarchie  . Mais ils risquent aussi d’en rendre responsable le peuple allemand  qui n’en demandait peut-être pas tant.

Les Gilets jaunes sont une forme de réveil. Sans doute perçoivent-ils mal l’impact  des relations franco-allemande sur leurs misères quotidiennes  . A tout le moins peuvent-ils voir que le président  Macron, en renforçant l’engagement de la France dans l’euro, se prive de toute marge de manœuvre et qu’il n’a donc  l’intention de rien concéder dans le grand débat national qu’il vient de lancer.

Négocié dans le secret , le  traité   d’Aix-la Chapelle a  été  conclu entre    deux chefs d’Etat  et de gouvernement en grave déficit  de légitimité :   Emmanuel Macron empêtré  dans la crise des Gilets jaunes, dont   la cote est au plus bas  , Angela Merkel en fin de course,  gérant les affaires courantes . Il est en   rupture complète avec les aspirations du peuple français. Il va au  rebours du sens de l’histoire   qui voit partout le retour de nations soucieuses de maintenir leur souveraineté et de défendre leurs intérêts   : Etats-Unis,  Royaume-Uni, Italie, Europe de l’Est, Russie, Chine. De quelque manière qu’on le considère, il portera gravement  atteinte   aux relations entre la France et l’Allemagne. Caricature du traité de 1963, il sera, au mieux, mort-né.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

[1]  Dont les absurdes  éoliennes , fabriquées en Allemagne, sont le symbole.

[2] Le  choc décisif a eu lieu de mars à juillet 1918 : les armées anglaise et italienne étaient épuisées, l’armée américaine  n’a été pour l’essentiel, opérationnelle qu’  après, l’armée allemande seule était, comme l’armée française,  au complet.

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:49

http://www.politique-actu.com/dossier/traite-chapelle-mauvais-coup-porte-relations-franco-allemandes-roland-hureaux/1762336/

 

https://www.atlantico.fr/decryptage/3564688/pourquoi-le-traite-d-aix-la-chapelle-aggravera-le-desequilibre-entre-la-france-et-l-allemagne-roland-hureaux

 

1e partie : Un déséquilibre qui s’aggrave

 

Le mieux est l’ennemi du bien .

Le bien : la réconciliation franco-allemande voulue par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer , solennisée par le traité de l’Elysée du 22 janvier 1963.

Le supposé mieux  qui menace  cette réconciliation  : le traité d’Aix-la-Chapelle, singerie du premier qu’ Emmanuel Macron et d’Angela Merkel ont signé    le 22 janvier 2019   et qui vise à terme une « intégration », notamment militaire,  franco-allemande d’abord,  européenne ensuite . Il pourrait avoir au contraire l’effet de  raviver la rivalité franco-allemande, selon ce que Hayek appelle « la loi des effets contraires au but poursuivi ».

Pour le général de Gaulle, le partenariat franco-allemand ne pouvait être qu’ équilibré.  Aujourd’hui il ne l’est plus. Le nouveau traité consacre une situation que de plus en plus de Français jugent trop avantageuse pour  l’Allemagne.

 

Le rôle de l’euro

 

Cette situation  a une cause majeure : l’euro. On peut débattre  pour savoir si , dans son principe,   une monnaie unique  pouvait réussir. Plus de dix  Prix Nobel d’économie ont émis des doutes là-dessus. En tous les cas,  elle a entrainé un déséquilibre  grandissant entre les pays d’Europe et singulièrement  entre la France et l’Allemagne . De 2000 à 2018, la production industrielle allemande a progressé de  42 % , celle de la France a  reculé de 3 %, celle de l’Italie de 15 %, celle de l’Espagne de 16 % ( alors que  leur évolution avait été jusque-là parallèle ) . La balance du commerce de l’Allemagne affiche   aujourd’hui un  surplus  de 248  milliards d’euros, celle de la France   un déficit   de 67 milliards, sans que rien ne  laisse espérer un rééquilibrage. 

La première raison de ce déséquilibre tient aux conditions dans lesquelles les deux  pays sont entrés dans l’euro. Les Allemands ont mis au pot un mark à prix réduit , ce qui a  fait baisser  le coût de   leur produits exprimé en euros et les a rendus hyper-compétitifs, tandis que les Français, la vanité de nos dirigeants aidant, ont mis au pot un  franc  déjà surévalué, ce qui renchérit nos  produits. S’y ajoute la réforme économique du chancelier  Schröder opérée sans concertation  dès  l’entrée dans l’euro  tendant à réduire encore les  coûts allemands par rapport aux    autres pays  de la  zone afin  d’assurer un avantage décisif à l‘Allemagne.    Si la France avait eu depuis l’entrée dans l’euro la même croissance que l’Allemagne, comme elle l’avait eue  de 1950 à 2000, elle aurait 40 % de production industrielle en plus , soit 40 % de pouvoir d’achat, précisément  ce qui manque aux Gilets jaunes pour boucler leurs  fins de mois et au gouvernement pour satisfaire leurs revendications.

La seules solutions  préconisées   par les dirigeants  français : baisser les salaires et diminuer les charges sociales ,  mesures   tardives et timides,  inefficaces mais   suffisantes pour entrainer le mouvement  des Gilets jaunes ; il est  clair qu’il ne faut chercher aucune solution de ce côté-là.  La seule issue  est un changement de parité  monétaire entre les deux  pays . Elle    passe par    l’éclatement de la zone euro, lequel    se produira de toutes façons un jour ou l’autre. En  attendant,   les usines française ferment les unes après  les autres et les éleveurs se suicident . L’agriculture française , longtemps  exportatrice par rapport à l’Allemagne est devenue importatrice.

Cet appauvrissement de la France touche plus particulièrement nos fleurons industriels . Comme s’il y avait un plan concerté d’affaiblir la puissance française   , le contrôle de nos  entreprises stratégiques , produits du génie national : Alstom , Nexter (ex-GIAT)  ,  bientôt peut-être Naval-Group ( ex DCN)  et d’autres   est  transféré outre-Rhin – ou ailleurs. Airbus, issu de l’effort de  générations d’ingénieurs  français,  échappe aujourd’hui à  tout contrôle français. 

Le déséquilibre économique aurait pu être compensé par  une volonté politique active  faisant jouer les avantages dont  la France dispose par ailleurs : son  immense domaine maritime, sa  présence en  Afrique, son  statut de puissance nucléaire . Mais les dirigeants français font au contraire tout pour l’aggraver par leur désintérêt pour ces avantages  qu’ils sont prêts à brader et  leur servilité vis-à-vis du  partenaire d’ outre-Rhin. En France et dans  le monde , prévaut de plus en plus le sentiment   que  la France  est tenue en laisse par une Allemagne dominante, qu’en tout, c’est Berlin qui fixe la ligne prétendue commune.

Une  relation saine entre la France et l’Allemagne impose que la France, qui ne peut pas  rattraper l’industrie allemande, veille avec soin  à la préservation de ses atouts propres. Elle  implique au minimum   la rupture de la monnaie unique si désastreuse pour elle .  Plus on attend, plus le déséquilibre entre  les deux économies s’aggravera,  moins il subsistera d’agriculture  et d’industrie en France,   plus il sera difficile de revenir à  l’équilibre. Et probablement plus la rupture sera saignante.

Les relations « spéciales » franco-allemandes n’ont jamais plu aux pays du  reste de l’Europe . Ce traité ne leur plaira pas davantage.  Ils attendent   confusément que la France joue sur le continent son rôle multiséculaire , celui de contenir  la démesure  germanique telle qu’elle s’exprime par exemple par la politique économique restrictive que Berlin impose au reste du  continent. Une politique que le Prix Nobel Josef Stiglitz n’a pas hésité à qualifier  de « criminelle ».  Notre lâche  suivisme  laisse les pays concernés, souvent vieux amis de la France, loin du compte.

 

La paix repose sur le statu quo  

 

Ce  déséquilibre, qui irrite de plus en plus de Français,  le nouveau  traité franco-allemand, signé en Allemagne , l’aggrave.  Non seulement il consolide l’euro mais  il  engage la France à soutenir la revendication  allemande de disposer d’un  siège permanent au Conseil de sécurité. Cette revendication  a certes peu de chances d’être satisfaite  car   au moins dix pays , à commencer par l’Inde et le Japon,  voudraient aussi un siège.   Mais   cette clause,  qui n’a rien à faire dans un traité,  envoie au monde un nouveau signal d’allégeance de la France à  l’Allemagne. Plus grave : la question du siège permanent au Conseil de sécurité   est, de manière officieuse, liée à la possession de  l’arme nucléaire que certains milieux  allemands revendiquent aussi de façon de moins en moins discrète.    

Soyons clair :   la paix relative qui règne en Europe depuis 75 ans  ne résulte pas,  comme on le dit,   de l’Union européenne , qui en est plutôt une conséquence et qui d’ailleurs  porte une  une part de responsabilité  dans les conflits apparus récemment sur le continent : Balkans, Caucase, Ukraine, comme le reconnaissait pour ce dernier l’ancien chancelier Helmut Schmidt.  La paix règne parce que deux puissances continentales et deux seulement    disposent de l’arme   nucléaire. En remettant en cause  cet équilibre, le  traité menace la paix en Europe.

Dans son premier discours à Versailles, Macron appelait déjà à un renforcement de l’effort d’armement  allemand.  En organisant les transferts industriels évoqués ci-dessus, Macron concourt à un dangereux renversement du rapport des forces. Comment comprendre qu’un pays qui a été  envahi   trois fois en  un siècle par son voisin , veuille à toute  force lui transférer son savoir-faire  militaire  ? Certains diront que ces craintes  sont dépassées :  l’Allemagne s’est aujourd’hui assagie . Voire ! Dans un continent où Léningrad est redevenue Saint Pétersbourg,  qu’est-ce qui est dépassé ?  Dans le contexte d’extrême instabilité qui règne dans ce pays profondément  bouleversé par la décision folle de Merkel de faire entrer plusieurs  millions de réfugiés  -  à la demande du patronat demandeur  de main d’œuvre pour une économie en surchauffe à cause de l’euro    -     tout est possible. Qui sait ce qui peut arriver dans une Allemagne  au tempérament  bipolaire , passée jadis  en trois ans de « la constitution  la plus démocratique du monde »   (la république de Weimar) à ce que  l’on sait  ? L’Allemagne actuelle   a déjà  plus que  sa   part de responsabilité dans le déclenchement  de la  guerre  des Balkans de 1999 qui a conduit  à l’humiliation de la Serbie,  un  ennemi    historique du  Reich, avec la complicité honteuse de la France, déjà prompte à jouer contre son camp[1]. Elle l’a aussi à un moindre degré dans celle  de la guerre d’Ukraine où l’Europe continentale retrouve son extension de 1942.   Quand, pour justifier le  traité d’ Aix-la-Chapelle,   Macron appelle à la constitution d’une défense européenne contre la Russie, pense-t-il à la Division Charlemagne ?  Qui sait   que de  jeunes officiers  de la  Bundeswehr se retrouvent tous les ans pour fêter l’anniversaire d’Hitler ?

 

Promiscuité

 

Ajoutons que les  peuples , comme les   individus,  n’aiment pas la promiscuité.  Les Allemands qui ont toujours refusé la notion de couple franco-allemand , trop familière  à leur gré ( ce dont  les médias français qui répètent à tout va cette expression ne se sont jamais aperçus ! ), le savent bien. Deux  voisins  qui s’entendent bien se détesteront vite si  les cloisons qui les séparent   sont abattues.    La réconciliation franco-allemande semblait  acquise . En    nous obligeant à partager le même  lit , Macron et Merkel la remettent en cause : les mariages forcés se terminent en général mal. 

 

 

Roland HUREAUX

 

[1] L’humiliation odieuse  infligée au président  serbe lors des  cérémonies du 11 novembre exprime le mépris des dirigeants français actuels pour les allégeances traditionnelles de la France.

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:47

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/L-avortement-entre-l-ideologie-et-le-reel

 

La campagne pour retirer le droit à l’objection de conscience des médecins, la proposition d’inscrire le droit à l‘avortement dans la constitution ou encore les débats sur la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême montrent , s’il en était besoin,  que la question   l’avortement provoqué n’est pas close. Une question où l’enjeu idéologique occulte largement la réalité vécue  par les premières concernées.

 

Une jeune femme qui se trouve enceinte confrontée aux pressions de son employeur ou de son chef de service qui lui laissent entendre ou font dire qu'encore un congé de maternité, ce n'est plus supportable pour l'entreprise :  gare au prochain "plan social".

Une autre menacée par son compagnon que la paternité affole    d'être plaquée si elle garde l'enfant.

Une troisième, lycéenne mineure que ses parents veulent à toute force faire avorter :  "Tu es trop jeune pour te charger d’enfant. Ce n'est pas raisonnable". Tout le monde lui dit qu'elle risque de gâcher ses études et donc son avenir.  Les professeurs, au moins ceux qui sont au courant, aussi.   Elle n'avait d'ailleurs pas osé au départ avouer sa grossesse.

Ces pauvres femmes se retrouvent seules ; elles ne savent, face à tous ces gens qui les poussent à avorter, à qui se confier.  Les collègues de bureau sont de l'avis de tout le monde, à l'hôpital on ne "juge" pas et donc on ne fait rien pour la dissuader, au contraire. Heureusement la lycéenne   a quelques copines de classe, secrètement admiratives de   sa promotion de fille en femme, pour comprendre son désir de garder l'enfant. Mais feront-elles le poids ?  

Ces cas ne sont pas isolés. Tous ceux qui connaissent la "vrai vie" savent qu’ils sont très répandus, probablement majoritaires.

Le drame des avortements sous pression laisse parfois des traces, intermittentes, dans la rubrique des faits divers. Il y a quelques années, du côté de Bordeaux, un   adolescente était allé voir un avocat pour attaquer en justice ses parents qui l'avaient forcée à avorter. En Bretagne, le petit ami de la fille assassine ses beaux-parents après l'avortement auquel ils l'avaient contrainte et qui avait entraîné leur rupture[1].

N'y a-t-il pas là une bonne cause à défendre pour les associations féministes ?  Ces femmes subissent dans ce qu’elles ont de plus intime des pressions extérieures qui constituent une forme de violence. Des pressions qui, pour la plupart, viennent d’hommes, d'hommes qui, en la circonstance, refusent d'assumer leur rôle de père et   font la preuve de leur lâcheté, n'illustrant ainsi que trop bien une certaine imagerie féministe.  

Ceux qui exercent ces pressions sont presque tous en position hiérarchique : les parents, l'employeur, le médecin, on n’ose plus dire le chef de famille.

 

La Barbe et ivg.net, même combat ?

 

A quand donc l'union sacrée de La Barbe ou des Tumultueuses avec   IVG.net ?

Ce serait possible si les réalités avaient encore une place en politique. Hélas les idéologies on tout envahi.

Loin de défendre les femmes victimes de ces pressions bien réelles, bien plus réelles aujourd’hui que les inhibitions ou interdits qui viendraient de la vieille morale (un fantôme évanoui depuis longtemps), les mouvements féministes ont obtenu du  gouvernement pour qu'il   confère un caractère délictueux aux publications des sites qui tenteraient de donner aux femmes des raisons pour résister à ces pressions. En les informant par exemple à la fois des risques de l'avortement, bien réels eux aussi, et des solutions alternatives (accouchement sous X par exemple). Le délit   d'entrave à l'IVG   instauré à la sauvette en 1992 a été étendu "en urgence" en décembre 2016 aux sites, principalement catholiques, dédiés aux femmes qui s’interrogent. Parlons d'une urgence !

Les pressions que nous évoquons sont d’une légalité douteuse, mais comme elles ne sont jamais sanctionnées, personne ne se gêne pour les exercer. Inciter la femme qui hésite à résister à ces pressions est au contraire puni très sévèrement par la loi. Pire : avec la nouvelle loi  , une femme pour qui l’avortement aura été une expérience douloureuse (et il y en a tant !)    n’a  même pas   le droit de s'exprimer publiquement, par exemple sur Youtube. Elle doit garder sa souffrance pour elle.

La douleur est censurée comme a été censurée par le CSA, puis par le Conseil d'Etat la joie d'une mère qui avait gardé son enfant trisomique.

Car ce n'est pas le réel qui compte, c'est l’idéologie ; ce ne sont pas les souffrances des femmes soumises à des pressions de leur entourage, c'est la symbolique, une symbolique figée, schématique : plus d’avortements, de gauche ; moins d’avortements, de droite et même très politiquement incorrect:  la Marche pour la vie est plus compromettante qu'une manifestation néo-nazie.

On peut aussi bien dire : pour la méthode globale, de gauche ; pour les méthodes classiques :  de droite. Pour Castro, de gauche, pour Poutine, de droite etc.  Tout aujourd’hui n’est plus que symbole.

 

Un champ symbolique simplifié

 

Cette sémiologie simplifiée à l’extrême a envahi tout le champ politique   au point d'interdire non seulement le débat, mais le réel.

La victime de la dégénérescence idéologique, c’est en effet le réel. Le réel qui se trouve forclos (verwerft), selon l'expression de Jacques Lacan, comme le sont   les souffrances de femmes ayant été contraintes à avorter - une souffrance si   politiquement incorrecte que non seulement elle ne doit pas s'exprimer mais que, pire, elle n’est pas supposée exister.  

Les opposants à l'avortement ne sont pas exempts non plus de ce déni du réel :  quand fut abrogée l'obligation de l'autorisation parentale, ils poussèrent des hauts cris, ignorant apparemment que dans la majorité des cas, ce sont les parents qui poussent leurs filles mineures à avorter et elles qui résistent.  

En ce domaine, comme dans d’autres, c’est le réel qui se trouve perdant à ce jeu absurde.

L 'autre nom de l'idéologie est l’absurdité. Mais par derrière, beaucoup de souffrances comme celles que nous évoquions au début de cet article. 

Les féministes se mettront-elles à défendre les femmes vraiment en détresse ? Les changements de pied sont déjà arrivés en politique : la défense des langues régionales était cataloguée autrefois à l'extrême droite :  Mistral était un ami de Maurras. Quand l'auteur de cet article s'était    pointé il y a quelques années à un gala de poésie occitane, il fut pris à partie   par des écolos barbus selon qui, étant de droite, il n’avait rien à faire là !  

L’homosexualité était au temps de Proust associée à une vieille aristocratie décadente et réactionnaire. Encore en mai 68, qui s'en souvient ?  les homosexuels ou ceux qui en avaient l’air étaient catalogués à droite : ils étaient tenus pour des « esthètes », amateurs d'une culture raffinée donc bourgeoise. Les groupuscules de gauche (PC) ou gauchistes (Ligue communiste, UJCML etc.) cultivaient au contraire un style macho, à l’imitation de l'idée qu’ils se faisaient de la virilité ouvrière genre Stakhanov. Comme on voit, les choses ont bien changé. Tout est donc possible.

 

                                                Roland HUREAUX

 

 

[1] Ces faits, déjà anciens, ont été mentionnés le premier dans Marianne, le second dans Ouest-France.  

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:45

Aussi bien dans les sphères gouvernementales que chez certains Gilets jaunes,   se répand l’idée que la crise  sociale en cours et le grand débat national pourraient  déboucher sur une large réforme des institutions . Parmi les manifestants , s’est répandu  le  mot d’ordre du référendum d’initiative citoyenne  (RIC) , porteur de tous les espoirs.   

Cela nous parait une dangereuse illusion.

Il est évident par exemple que le retour à la proportionnelle ou la simple introduction d’une dose de proportionnelle  dans les élections législatives non seulement ne serait pas une solution à la crise mais  nous éloignerait  au contraire de toute solution.

Pour le général de Gaulle ,  que les institutions  soient bonnes  ou mauvaises, si les hommes étaient mauvais -  incompétents , corrompus ou   mal intentionnés - , la politique menée  serait de toutes les façons mauvaise.   Mais si les hommes appelés à diriger  le pays étaient  bons,  il ne  fallait pas  alors  que les mécanismes institutionnels  les empêchent d’agir avec détermination et efficacité . Dans le cadre où elles  ont    fonctionné  jusqu’ici,  grâce en particulier au droit de dissolution et   au scrutin majoritaire , les présidents qui voulaient faire des  réformes  de rupture,  De Gaulle lui-même,  puis Mitterrand,  ont  pu les faire. Que certains présidents aient été animés de mauvaises idées ou encore qu’ils  n’aient pas voulu user de leurs pouvoirs est une autre affaire : ils n’auraient pas fait mieux sous un autre régime. Sans doute les entraves à l’action du gouvernement  ont-elles été  multipliées depuis plusieurs décennies  au point d’altérer les vertus primitives de la Ve République  :   extension des pouvoirs du conseil constitutionnel,   élargissement de la possibilité de saisine,   quasi-suppression du vote bloqué,  mais l’essentiel demeure : un président assis sur une forte  majorité peut encore  agir.

Tel ne serait  plus le  cas si la proportionnelle était  réintroduite. Elle rend, on le sait, difficile la constitution de majorités. Elle ouvrirait la porte aux combinaisons de partis , aux compromis qui rendraient impossible  de prendre à bras le corps  les  problèmes graves ressentis par  les Français.   Tout inclinerait les partis à se mettre d’accord sur les propositions de la technocratie, française ou européenne,  qui sont précisément celles que, depuis longtemps, les  Français rejettent .

La solution des  problèmes passe au contraire par une action gouvernementale résolue qui implique  le maintien des institutions actuelles. Nul doute en effet que pour résoudre la crise que traverse le pays ,  il faudra  opérer en de  multiples matières, économie,  justice, éducation , gestion migratoire, des réformes profondes, mais pas toujours politiquement correctes et , dans bien des domaines, en rupture avec la culture dominante dans les principales  administrations.   

S’il est vrai que beaucoup de partis, Rassemblement national en tête,  revendiquent  la proportionnelle ,  n’est-ce pas le  signe qu’ils ne se préparent pas sérieusement à exercer le pouvoir  - ou en tous les cas à  changer en profondeur le pays ?    

La réduction  du nombre de parlementaires, comme la proportionnelle , affaiblirait la strate politique face à l’administration.   Elle était  déjà  dans le programme de Macron  qui avait, lui aussi, joué  sur le rejet  des politiques qui s’exprime dans le mouvement des Gilets jaunes.   

 

Et le référendum d’initiative citoyenne ?

 

Quant  au fameux référendum définitive citoyenne ,  ceux qui le demandent avec tant d’insistance n’ont aucune chance de l’obtenir : tout au plus leur concèdera-ton un simulacre  limité par de nombreux verrous   ou excluant  les sujets les plus litigieux :  Europe, immigration, fiscalité .

Pourquoi ? Parce que le problème bien réel de  communication qui se pose aujourd’hui  entre  le gouvernement et la population  ne relève  nullement des  institutions.  Il tient aux présupposés idéologiques du pouvoir en place lequel tient pour des acquis définitifs  toute une série de principes : le maintien de l’euro  et donc la règle d’équilibre  budgétaire qui en découle , la  transition énergétique, la priorité au développement des métropoles  et d’autres qui , combinés, ne lui laissent  que très peu de marge de manœuvre et donc de capacité de dialogue. Un pouvoir aussi corseté  ne se risquera jamais  à  mettre en  danger ces principes par la démocratie directe.

Et si tel n’était pas le cas , si un gouvernement, celui-là ou un autre, se libérait par on ne sait quel miracle – ou quelle révolution ( comme celle dont Gorbatchev prit l’initiative ),  on pourrait certes  instaurer un RIC,  mais serait-il   encore utile ? Un gouvernement  libéré de tous les a priori idéologiques , qui n’aurait d’autre ligne de conduite que la défense de l’intérêt  national,   pourrait bien plus facilement , avec ou sans référendum,   ouvrir un vrai dialogue avec la population et ainsi  satisfaire,  au moins en partie,  les  revendications des  gilets jaunes . Il   retrouverait  ainsi sans difficulté   les voies  de la confiance.

La principale revendication des gilets jaunes est économique : une rattrapage  du pouvoir d’achat , un abaissement des impôts pour ceux qui en payent, une plus grande justice dans la distribution de richesses : il est clair que cela relève de la politique   classique et  non point  de changements  institutionnels, qui, en l’état, ne sauraient être que des leurres.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:44

 

https://www.ndf.fr/politique/31-12-2018/la-desastreuse-politique-etrangere-demmanuel-macron/

 

Beaucoup  craignent que  le mouvement   des Gilets jaunes ne porte atteinte à l’image de la  France dans le monde  dont on suppose que le president Macron l’a  relevée avec brio.

Ce serait oublier que cette  image n’était  déjà pas très  brillante . Avant même cette révolte, la  politique  étrangère de Macron  s’était  avérée déplorable.

Pour commencer, il s’est mis à dos  trois grands partenaires : les Etats-Unis, la Russie , la Grande-Bretagne et un nombre important d’autres  pays en Europe et dans le monde.

Le président Trump ne peut pas ne  pas considérer avec méfiance un président notoirement  proche des réseaux  Obama– Clinton qui lui font une guerre de tous les instants . Macron  en partage les principaux présupposés : mondialisme, bienfaits de l’ immigration, attitude entièrement positive pour l’UE et l’  OTAN, orientations libertaires  ( auxquelles Trump,  qui n’est certes pas  un moraliste patenté,  a cependant mis fin par ses  nominations la Cour suprême). La visite du jeune président à Washington au printemps 2018, ignorée  de la  presse américaine comme un événement insignifiant,  avait été célébrée comme un grand succès par une  presse française complaisante . La désinvolture  de Trump  l‘égard du president français  était pourtant visible. Ayant déclaré  avoir  convaincu Trump de  maintenir ses forces  en Syrie, il s’est attitré un démenti cinglant. 

Malgré quelques ronds de jambes ,  Macron n’est pas très   pris  au sérieux non plus  par  Poutine dont il ne partage  aucune des convictions. Alors que  Fillon avait laissé espérer la levée des sanctions frappant la Russie, Macron n’a même pas esquissé un geste dans ce  sens. En Syrie, la volonté de   Macron de maintenir une présence de  l’OTAN et donc de prolonger l’état de guerre exaspérerait sans doute Poutine si le président français  qui veut  y  prendre la relève des Etats-Unis avait le moyens de le faire de manière significative. Mais l’hostilité est là  : encore plus que leurs  prédécesseurs , Macron et Le Drian s’en tiennent à une rhétorique anti-Assad et donc antirusse. C’est en vain que notre pays  tente d’être admis au processus de paix d’Astana que pilotent les Russes :  malgré d’assez bonnes relations avec Israël, la France de Macron ,  en raison des fautes de ses prédécesseurs et des siennes propres, pèse désormais peu au Proche-Orient.  Qui ne voit au demeurant que les options  du président russe,   fondées sur l’affirmation nationale , les valeurs morales et religieuses sont exactement inverses de  celles de Macron ?

La France, au travers du commissaire Barnier, en  pleine communauté de vue  avec le président français n’a cessé  de  mettre des  bâtons dans les roues  à la négociation du Brexit.  On doute que les Britanniques  nous en soient reconnaissants.

 

Faire l’Europe contre les Européens

 

Macron a  de grandes ambitions pour l’unité de l’Europe , mais il a commencé par se mettre à dos tous  ceux qui  ne les partagent pas, le groupe de Visegrad, l’Autriche, l’Italie , moins par ces divergences elles-mêmes que par son arrogance et ses  propos offensants. Etait-il nécessaire de les invectiver  du haut d’un  moralisme d’autant plus hypocrite que la France  n’a pas plus qu’eux,  voulu accueillir l’Aquarius ?  Les l’initiatives de Macron en Libye, justifiées dans leur principe, ne pouvaient qu’échouer dès lors  qu’il a voulu court-circuiter l’Italie  l’ancienne puissance coloniale. Un Européen cultivé connait la susceptibilité ancestrale de nos voisins transalpins à l’égard de la France ; Macron est un Européen mais pas cultivé. 

Sur le continent   africain, le nouveau president dont des  proches ont affirmé que le mot francophonie lui fait horreur, cache mal son indifférence. Son discours de Ouagadougou était presque aussi maladroit que celui de Sarkozy à Dakar . Les deux avaient  en commun   une ignorance abyssale des réalités de ce continent  , et une fascination qu’ on ne peut que juger malsaine  pour  Paul Kagame , président du Rwanda qui  est non seulement   responsable de plusieurs millions de morts  (dix fois plus environ que le  premier génocide auquel il se targue d’avoir mis fin )  , mais de plus  insulte la France et l’armée française à jet continu depuis 25 ans.  Qu’ont  pensé les Africains  en voyant Macron faire une campagne active pour que la candidate de    ce dictateur sanguinaire antifrançais soit portée à la tête  de la francophonie ? « Poignez vilain , il vous oindra » : suffit-il  de donner des coups  de pied au derrière de  la France pour qu’elle s’aplatisse ?  Autre leçon : les  grands discours  des Occidentaux sur les droits de l’homme en Afrique  sont totalement hypocrites. La  communauté congolaise de Paris , elle,  a été furieuse.   La France a abandonné la Centrafrique . La Russie  s’y installe  à sa place : on s’en étonne à l’Elysée  et on multiplie les contorsions pour revenir , non sans  quelques maladresses de Mme  Parly.

Le cas Kagame n’est pas un cas isolé. Tout se passe comme si Macron  se trouvait   des affinités  avec les ennemis de la  France et au contraire détestait les   amis traditionnels de notre pays :  Russie, Pologne, Chrétiens d’Orient ( qui ne demandent  que le retour de  la paix en Syrie) .

Comme la haine de soi  ( ou du pays que l’ on incarne) est un sentiment  ignoré hors de l’Europe occidentale, Macron qui ne manque aucune occasion de dénigrer les Français dans les pays étrangers y  apparait comme un extraterrestre. Dans la jungle internationale, ceux qui ne  défendent pas bec et ongles leurs intérêts nationaux  sont  méprisés.  Qu’en est-il de l’opinion des  Chinois qu’il est allé voir ? On craint de le savoir. 

 

Idéologie et haine de soi

 

Une des formes de la haine de soi est l’idéologie. Celle de Macron est assez claire : la priorité n’est pas pour lui de défendre  les  intérêts de son pays , comme  il en a reçu le mandat,  mais de promouvoir  la religion européenne , selon une conception supranationale qui , à l’heure du Brexit et du retour des nations,  apparait singulièrement déphasée . C’est de là que découle  sa complaisance pour la proposition  extravagante  que la France cède à l’Europe son droit de véto au Conseil de sécurité.  Il enrage contre les pays et contre les  peuples qui , de plus en plus nombreux,  ne  veulent plus de cette Europe-là . Les idéologues ayant l’injure facile,  ce refus est tenu  par lui pour  une « lèpre ».

Il tente de  mettre l’Allemagne dans son jeu. Elle est le le seul pays avec lequel il n’ait  pas de sérieuses difficultés, ce qui est assez facile dès lors que  , comme avant lui  Hollande, il  s’aligne sur la chancelière sur presque tous les dossiers . Parti supplier les Allemands  de se rallier à son projet d’Europe supranationale , il a reçu une standing ovation au Bundestag.   Mais ignorant tout de l’histoire  et du caractère allemand,  il ne mesure sûrement pas l’art de «  finasser » ( finassieren) de nos amis d’outre-Rhin toujours prompts à appuyer les  idées généreuses   ( la paix au  temps de Stresemann, l’Europe aujourd’hui) mais n’oubliant jamais   de  soustraire discrètement les marrons tirés  du feu.  Les Allemands , à qui toute idée de solidarité   financière fait horreur,   profiteront  sans doute de la bonne volonté du president français pour, sous couvert d’Europe de la défense, reconstituer à notre détriment,   avec  l’accord désolant de Macron,  leur potentiel   dans l’industrie  d’armement : déjà le futur char européen, peut-être bientôt les constructions navales, en attendant les avions de chasse et l’arme nucléaire.

Il reste que la vision que Macron a exposée au Bundestag : un bloc continental ouest européen  dominé par l’Allemagne ( il ne ne l’a pas dit mais cela va de soi) avec une armée européenne, antagoniste de la  Russie ( cela,  il l’a dit ) mais aussi des Etats-Unis et de la  Grande Bretagne, poussant même  jusqu’à  l’Ukraine, ne peut que rappeler de mauvais souvenirs , même si elle a peu de chances de se réaliser !

En politique internationale comme dans les  rapport  entre les personnes, il faut « aimer son prochain comme soi-même » .  Si Macron voulait  que la France soit aimée  et respectée dans le monde, il faudrait  qu’ il commence par l’aimer et la respecter  lui-même. 

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:42

Même s’ils ne s’en rendent pas compte…

LE TRAITE FRANCO-ALLEMAND D’AIX-LA-CHAPELLE EST UN PIED DE NEZ AUX GILETS JAUNES

 

https://www.bvoltaire.fr/le-traite-franco-allemand-daix-la-chapelle-est-un-pied-de-nez-aux-gilets-jaunes/

 

Intervenant  immédiatement  après le lancement  du grand débat national, le traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle signé par Emmanuel Macron et Angela Merkel  le 22 janvier 2019 , montre  , s’il en était besoin,  que ce grand débat n’est qu’une mascarade. Il révèle au grand  jour que le  président   français n’a l’intention de rien céder sur ses positions essentielles.   

La principale  est   la volonté de construire coûte que coûte une Europe supranationale à laquelle ce traité , passé  avec la seule Allemagne, donnerait l’impulsion.

Depuis sa mise en place en 2000 , l’euro  se trouve au cœur de la relation franco-allemande . Or il   est, de l’avis des meilleurs  experts,  dont  presque tous les prix Nobel d’économie [1] , la principale cause de  la  stagnation de l’économie française,  laquelle  a entrainé une stagnation voire le  recul du pouvoir d’achat. Précisément ce qui a causé l’exaspération des Gilets jaunes.

Cette stagnation contraste avec la prospérité allemande .  De 2000 à 2018, la production industrielle allemande a progressé de  42 % , celle de la France a  reculé de 3 %, celle de l’Italie de 15 %, celle de l’Espagne de 16 % ( alors que  leur évolution avait été jusque-là parallèle) . La balance du commerce de l’Allemagne affiche   aujourd’hui un  surplus  de 248  milliards d’euros, celle de la France   un déficit   de 67 milliards.

On peut débattre  pour savoir si , dans son principe,   une monnaie unique  pouvait réussir.   En tous les cas,  elle a entrainé un déséquilibre  grandissant entre  la France et l’Allemagne. Cela dès le départ : les Allemands ont mis au pot un mark à prix réduit , ce qui a  fait baisser le coût de   leur produits, tandis que les Français, la vanité et l’ignorance économique de leurs  dirigeants aidant, ont mis au pot un   franc  surévalué, ce qui renchérit leurs   produits. S’y ajoute la réforme économique du chancelier  Schröder opérée d’entrée et sans concertation, tendant à réduire encore les  coûts allemands afin  d’assurer un avantage décisif à l‘Allemagne.    Si la France avait eu la même croissance que l’Allemagne, comme elle l’avait eue  de 1950 à 2000, elle aurait 40 % de production industrielle en plus , soit 40 % de pouvoir d’achat, précisément  ce qui manque aux Gilets jaunes pour boucler leurs  fins de mois.

La  seule   solution   est un changement de parité  monétaire entre les deux  pays , ce qui suppose l’éclatement de la zone euro, lequel se produira un jour ou l’autre de toutes façons. Faute qu’on s’y résolve ,  les usines françaises ferment les unes après  les autres et les éleveurs se suicident .

Changer la parité monétaire n’a rien de déshonorant . Le cours d’une monnaie est le prix moyen auquel se vendent les   produits d’un pays . Dévaluer, ce n’est  que  faire une grande braderie, pour relancer les ventes et, en amont , la production.

La récession française entraine un  cercle vicieux   : le chômage augmente, du coup les dépenses sociales  aussi, la base fiscale rétrécit, les impôts augmentent.   Cette augmentation des impôts et des charges empêche la relance . Le système Macron se bloque. Ceux  qui attendent le retour de la prospérité d’ une monnaie forte, c’est-à-dire en vendant cher,  ne comprennent rien.

C’est le cas du président Macron. Définitivement accroché à l’euro,  il  n’a aucune « bille » à concéder.  Signer un    traité franco-allemand la semaine où il  lance le débat constitue  un pied de nez aux Gilets jaunes.

 

Roland HUREAUX

 

 

[1] Le seul Prix Nobel français en vie, Jean Tirole se dit favorable à l‘euro ( à la différence de son prédécesseur décédé, Maurice Allais) mais à condition que l’Allemagne  subventionne les pays en retard. Autant rêver.

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:41

 

https://www.atlantico.fr/decryptage/3575153/il-y-a-quatre-vingts-ans-le-iiieme-reich-lancait-l-operation-aktion-t4-destinee-a-eliminer-les-handicapes-physiques-et-mentaux-roland-hureaux

 

http://libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Il-y-a-80-ans-debutait-l-operation-Aktion-T4

 

https://www.ndf.fr/histoire-de-comprendre/26-06-2019/il-y-a-80-ans-debutait-loperation-aktion-t4/

 

C’est à  l’été 1939 , il y a quatre-vingt ans presque jour pour jour , qu’a été mis en place par le IIIe Reich le dispositif Aktion T4  destiné à éliminer les handicapés physiques et mentaux d’Allemagne. 

Si le début officiel de l’opération est le 1er septembre,  au commencement de la guerre, la décision avait  été prise antérieurement  et il est vraisemblable que son exécution a été préparée tout au long  de l’été . L’opération,  pilotée par la Chancellerie,  a reçu le nom de code  T 4 parce que l’  administration dédiée   a été installée dans une villa confisquée à une famille juive au 4 de la Tiergartenstrasse  (rue du Jardin des Plantes) , une des avenues les plus huppées de Berlin.  

C’est là que fut recrutée   une équipe  restreinte  dirigée par Philip Bouhler,    destinée à réaliser  cette élimination,  en liaison  étroite avec le Dr Karl Brandt, médecin personnel du führer[1].

Dès avant son accession au pouvoir  , Hitler avait ce projet   en tête. Il découlait de son     idéologie  préconisant l’élimination des  faibles et des tarés, à la  fois pour améliorer la race et  pour  débarrasser le pays de la charge des  improductifs. Il ne fallait   pas trembler pour  le faire  car, selon lui,  le monde appartenait  aux forts  aptes à surmonter les sentiments de  pitié . Cela n’a cependant pas empêché  Hitler de  déclarer   que l’opération  visait à infliger  « une mort miséricordieuse »   à des gens dont la   vie  ne valait pas la peine d’être vécue. Entre les deux-guerres, l’idée d’une élimination des tarés,  portée par la philosophie de Nietzsche[2], était déjà   dans l’air du temps , non  seulement  en Allemagne mais aussi dans le monde anglo-saxon.

Dès 1933, les nazis avaient pris des  mesures d ’ « hygiène raciale »   : stérilisation obligatoire des porteurs de  maladies héréditaires,   légalisation de  l’avortement dans le cas où un de parents en serait affligé .  Mais pour des raisons politiques,  Hitler  préféra  attendre la guerre pour aller plus loin tout en préparant les esprits par une propagande insistant sur le coût social des handicapés  . A partir de 1938, la même  propagande  prétendit  que  des parents de handicapés de plus  en plus  nombreux écrivaient pour demander leur élimination.

 

Dans le plus grand secret

 

La difficulté à surmonter  était la résistance prévisible des familles et des Eglises . Tout se fit donc  dans le secret. Si l’opération débuta avec la guerre de  Pologne , c’est que le  régime espérait que le bruit médiatique lié à la déclaration de guerre la couvrirait.

On commença  par les enfants : dès le 18 aout , une circulaire imposa  au médecins et sages-femmes de déclarer ceux qui  naissaient handicapés. Les parents étaient  informés de leur  transfert  dans des unités  dispensant des soins spécialisés ; ils   devaient signer une autorisation   . L’opération fut  très vite  étendue aux adultes : furent  particulièrement visés les psychopathes, les alcooliques, les infirmes, les faibles d’esprit,  les incurables.  L’inaptitude au travail était   le  critère déterminant.

L’opération  se fit hors des  hôpitaux psychiatriques,  dans six centres spécialisés , dont  des châteaux isolés,   répartis sur tout  le territoire. Les malades y  étaient amenés dans des autobus gris aux vitres  opaques   de la  société d’Etat Gekrat. Ignorant leur destination, les familles  recevaient  plus tard un faire-part de  décès pour cause d’épidémie et quelquefois une urne funéraire.   

La  majorité du corps médical  était au  courant  comme l’a montré le procès des médecins qui s’est tenu à Nuremberg en 1948. Après avoir essayé les piqures de  morphine ou scopolamine, l’administration du T4  jugea plus expéditif le recours au   monoxyde de carbone  , suivi d’une crémation.

On estime que,  pendant les deux années ( août 1939-août 1941  ) où  elle se déroula,  l’opération fit environ 75 000 victimes. Mais l’élimination des malades mentaux ou enfants  handicapés se poursuivit hors de l’opération T4 ,  dépassant au total   les  100 000 victimes.   

Le secret presque absolu dans lequel elle fut menée   fit que les réactions furent lentes. D’autant qu’en régime totalitaire, les   familles sont isolées les unes des autres et sous surveillance policière. Quand la chose filtra, des pasteurs protestants et de prêtres catholiques  écrivirent à la Chancellerie . La  protestation la plus spectaculaire  fut celle de Mgr Clemens-August  von Galen,  évêque de Munster qui, à l’été 1941,  saisit la justice  et  interpella  avec véhémence le gouvernement  du haut de sa chaire.  Que l’opération ait cessé peu après   est-il l’effet  de cette interpellation ou cette phase de l’opération était-elle  terminée ? Toujours est-il que l’évêque fit mis au secret et plusieurs de ses prêtres déportés .

Une autre raison de mettre  fin à l’ opération, était  qu’à  l’automne 1941, après l’invasion de la Russie, commençait  l’élimination  des juifs, d’abord par balle dans les terres  occupées de l’ Union soviétique puis,  de manière plus « scientifique »,  dans des camps. L’Aktion  T4 aura  servi en quelque sorte de  terrain d’expérimentation  à  cette autre opération,  prévue elle aussi  depuis longtemps. Le personnel qui avait été recruté pour éliminer  les  malades  mentaux  fut  en partie  transféré dans les  camps d’extermination.    

 

Roland HUREAUX

 

 

  

 

[1] Condamné à mort à Nüremberg ; Bouhler s’est suicidé  en prison.

[2] Le philosophe a à plusieurs  reprises  recommandé l’élimination des  tarés.

Partager cet article
Repost0