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Roland HUREAUX

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:40

https://www.bvoltaire.fr/macron-et-le-venezuela/

 

Il semble que le président Macron  ait un tropisme particulier  qui le rattache au Venezuela.

Il s’est dépêché,  comme dix-neuf  pays de l’Union européenne,  de reconnaitre le pouvoir insurrectionnel du  président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido . Il tente même d’en rajouter par des tweets controversés. Quoi que l’on pense de l’exercice de pouvoir par le président  Maduro, cette prise de position bruyante de Macron constitue une ingérence dans les affaires d’un pays souverain, interdite par l’article  2-7  de la Charte des Nations-Unies.

Dans ce genre de circonstance périlleuse, ce pays étant au bord de la guerre  civile, une certaine  retenue nous eut paru  préférable.

En  d’autres temps, la France aurait pris une position plus nuancée  lui permettant, le cas échéant,  de proposer sa médiation.  Nous en sommes loin : la président de la République  s’aligne, une fois de plus, sans nuances sur celle  des Etats-Unis , à  la manoeuvre pour reprendre  le contrôle d’un pays stratégique qui dispose des premières réserves   pétrolières du monde. Servilité  ou  réflexe pavlovien d’assujettissement ? Comme on le dit plus en plus,  dans la sphère internationale, la voix de la France est   devenue la  voix de son maitre. Mais qui écoute encore  le président Macron ?

Encore le Venezuela : quand Macron était ministre  des finances , il exerça une forte  pression  en faveur de la vente  de la division Energie d’Alstom par Généal Electric ;  ainsi que  cela fut rappelé dans les auditions devant la commission d’enquête de  l’Assemblée nationale, alors que beaucoup étaient réticents   devant  cette cession qui devait mettre fin à l’indépendance énergétique de la France   et particulièrement à la pleine maîtrise de notre filière nucléaire civile et  militaire, le jeune ministre  emportait la conviction,    reléguant aux orties toute idée de politique industrielle,  par cet argument qui se voulait frappent  : « la France n’est pas le Venezuela ».

Défendre  ses intérêts , avoir une pensée stratégique sur  le devenir de son  économie, spécialement  de ses industries liées à la défense,  serait pour Macron  le propre du Venezuela ( celui de Chavez et de Maduro ) , comme si les Etats-Unis et toutes les  grandes  puissances d’Europe et d’Asie n’avaient pas le souci  de préserver leur  industrie , spécialement leurs industries stratégiques.  Le malheur est que cet argument débile a  emporté la conviction. 

A supposer que Francesco Maduro défende l’intérêt national du Venezuelas ( ce dont on peut douter )  ,  ce serait là, dans la vison de Macron le crime suprême. Cette algarade  lamentable nous fait toucher du doigt ce qu’on reproche au Venezuela de Maduro :  non point de mal se gouverner, mais de vouloir rester indépendant, de vouloir  défendre ses intérêts , voire  d’exister. Avec Macron , c’est un reproche qu’on ne risque pas de faire à la France.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:37

L’Europe n’est pas le seul continent qui ne renouvelle plus sa population : l’Asie et l’Amérique n’en sont pas loin. Seule l’Afrique maintient un taux de fécondité très supérieur à ce qui est nécessaire à la perpétuation  des générations : 4,5 ( 4,9 au sud du Sahara)  , en baisse certes depuis trente ans où il était à 7 mais suffisant pour alimenter une forte croissance démographique pour encore trente ou quarante ans.

L’Europe est cependant le continent qui a montré la voie de la baisse , sans retour à ce jour, de la  fécondité , passant dès les années soixante-dix au-dessous du seuil de 2,1 enfant par femme, tenu pour le minimum assurant le renouvellement à l’identique des générations. 

L’Europe  est aussi le continent où se  trouvent   les pays les plus touchés par la  dénatalité: Espagne 1,3 , Roumanie : 1,2 (2017) – avec le  Japon  et une partie du  Sud-Est asiatique.  

Il n’en avait pas toujours  été ainsi : du XVIIe au milieu du XXe siècle la population de l’Europe avait cru plus que celle du reste du monde, moins par  la natalité, déjà en diminution lente ( dès le XVIIIe siècle en France ) , que par la baisse progressive de la mortalité due à une moins mauvaise alimentation, mortalité qui reste alors très élevée  dans  le reste du monde.

Depuis le milieu du XXe siècle au contraire , le reste du monde ,  appelé le Tiers monde au temps de la  guerre froide,  connait une soudaine explosion démographique qui connait son maximum vers 1970 et ralentit ensuite peu à peu jusqu’à  la situation actuelle. Elle s’explique essentiellement par la soudaine baisse de la mortalité due aux progrès  de la médecine et à leur diffusion très rapide dans les colonies à partir de 1945.

L’ Europe , dont une partie des  pays a  connu un  baby-boom dans  l’après-guerre , qui a surtout touché   les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale ainsi que  les Etats-Unis et le Canada, voit sa fécondité globale baisser partout à partir de 1964 et passer au-dessous du seuil de reproduction  dans les  années 1970 . Le passage au-dessous du seuil a eu lieu en 1968 pour la Suède, 1969 pour l’Allemagne de l’Ouest, 1973 pour Royaume-Uni, 1974 pour la France et l’Italie.

Ces années coïncident avec le début des méthodes chimiques de contrôle des naissances, mais il faut  savoir que les taux de fécondité étaient déjà  tombés très bas dans les années trente sans elles. Intervient aussi un peu plus tard en Europe  la légalisation de l’avortement.

L’effet de ces évolutions : après avoir vu sa  population prendre une place de plus en plus grande dans le monde  du XVIe au XXe siècle,   l’Europe voit au contraire son poids relatif  diminuer  depuis lors inexorablement comme le montre le tableau suivant :

Population de l’Europe (Russie incluse) :   % du total  mondial :

 

1000 : 14 %

1400 : 17 %

1650 : 22 %

1900 : 27 %

1950 : 22 %

1960 : 20 %

2005 : 11,3 %

2015 : 10  %

2050 :   7 %   (prévision)

 

10 % en  2015 représentent 738 442 000 habitants pour une population mondiale de 7 349 472 000.

La divergence de  ces  évolutions est  particulièrement marquée entre deux continents qui se trouvent sur la même longitude, l’Europe et l’Afrique. La population de l’Afrique était nettement  inférieure à celle de l’Europe vers 1950 (rapport 0,4/1 , soit 223 millions d’Africains pour 549 millions d’Européens) . Elles s’égalisent  vers 1980. Aujourd’hui, le rapport est de 1,6 /1 ; il devrait passer vers  3,4 à 4 /1 en 2050. Soit pour une population européenne en légère baisse autour de  730 000 000 , Russie comprise, une population africaine de 2,5 à 3 milliards. Encore faut-il préciser qu’une partie des Européens de  2050 seront , dans des proportions à déterminer, des  immigrés ou descendants d’immigrés d’autres continents. La population de l’Asie et de l’Asie sera, comme celle de l’Europe,  stable ou en légère baisse.

La densité de l’Europe ( UE seule, donc sans la Russie : 114 habitants au km 2) demeure aujourd’hui  nettement supérieure à celle de l’Afrique : 40 h au km2 , 60 h sans le Sahara, laquelle est encore inférieure à la moyenne mondiale.

Au sein de l’Europe, il convient de distinguer différentes zones :

  1. L’Europe du Nord et du Nord-Ouest (France, Grande-Bretagne, Bénélux, pays scandinaves),  quoiqu’ en avance dans la promotion de la femme, maintient un niveau de fécondité insuffisant  pour se renouveler mais supérieur au reste du continent (de 1,7 à 1,9). L’hypothèse la plus répandue est que la modernité  même de ces pays  y rend mieux compatible la maternité et le travail féminin ; s’y ajoute  le maintien de  politiques familiales   significatives , quoique érodées ;   mais on peut se demander si  , au moins depuis l’an 2000, le facteur décisif  n’est  pas la part  des immigrés dans la population,  plus importante là que dans le reste de l’Europe ;

 

  1. L’Europe du Sud et de l’Est  a vu un effondrement dramatique du taux de fécondité dont elle ne s’est pas encore relevée . La principale raison en est la quasi-disparition  des systèmes de prestations  familiales au cours des quarante dernières années, à la fois dans les pays méditerranéens sous la pression des critères de convergence de Bruxelles et dans les pays de l’Est    à la suite de la chute du communisme et des pressions du FMI . En outre la population  immigrée y est nettement plus faible. Un certain relèvement de la fécondité s’y observe cependant depuis quinze ans , surtout dans l’ex-URSS où elle était tombée particulièrement bas.

 

  1. L’Allemagne constitue un cas singulier : le taux de fécondité y reste faible, malgré une population immigrée  importante  et  une politique familiale devenue très généreuse depuis l’arrivée au pouvoir d’Angela Merkel. Une explication est que l’Allemagne , moderne par l’économie, reste archaïque par les  mentalités : qu’une femme salariée y ait des enfants  y est moins bien toléré qu’ en France, en Angleterre  ou en Suède . D’autre part , les Turcs , principal groupe immigré,  sont moins féconds que les Maghrébins  dominants en France. Il ne faut pas non plus négliger l’impact du nihilisme induit par la culpabilité relative au nazisme  que différents forces idéologiques s’évertuent à étendre à tout le continent. La reprise   récente de la fécondité allemande est  encore insuffisante  (de 1,35  à 1,5 enfants par femme entre 2000 et  2016 ).

Du fait du relèvement récent de la fécondité dans tous les pays où elle était tombée très bas ( jusqu’à 1,1  en Bulgarie ou en Lettonie ) la fécondité moyenne des femmes européennes , tombée à 1,4 ( soit une perte d’effectifs d’1/3 à chaque génération )  en 2000 s’est relevée à 1,6 malgré une baisse assez générale en France et dans l’Europe du Nord-Ouest ( France métropolitaine  de 2 à 1,84 de 2014 à 2018 ) . Le redressement le plus spectaculaire  est celui de la Russie , dû à la politique familiale vigoureuse impulsée par Poutine et au climat positif qui règne dans ce pays : de 1,2 en 2000 à 1,8 aujourd’hui).  

Malgré ce correctif de tendance récent et limité, la fécondité  de  tous les pays d’Europe ( y compris l’Irlande ou l’Albanie  longtemps plus fécondes  mais qui se sont « normalisées ») demeure  sensiblement au-dessous du seuil de reproduction des générations.  Hors immigration,  l’Europe devrait voir   sa population  baisser sensiblement  au cours du XXIe siècle

Rappelons que les variations du taux de fécondité n’ont une  influence forte sur la population globale qu’une génération après. Le relèvement souhaitable de la fécondité n’aurait donc  pas d’effet immédiat. Le seul correctif possible est l’immigration, préconisée par la technocratie internationale sans considération de la cohésion des pays concernés .

Du XVIe au XXe siècle, l’Europe dont la population,  croissant plus vite , a, non seulement  vu sa part relative augmenter dans le monde mais encore  exporté des hommes dans le reste de la planète, spécialement  sur le continent américain  , alors qu‘aucun mouvement  inverse significatif ne s’observait. Depuis le milieu du XXe siècle, l‘Europe est devenue au contraire un pays d’immigration. Environ 35  millions de ses habitants  sont des immigrés ou enfants d’immigrés venus  d’autres continents. Ces immigrés  se trouvent surtout en Europe du Nord-Ouest et en Allemagne. L’Italie et l’Espagne commencent seulement  à  les voient affluer. Si le flux migratoire continue , ce n’est pas seulement  du fait de la croissance de la population africaine mais aussi  de l’attitude positive des instances internationales et européennes.

Aussi déterminant  que le flux de migrants est le différentiel de natalité entre eux et les Européens de souche, une donnée très difficile à appréhender de manière précise.  Le maintien d’un  équilibre satisfaisant de la population européenne exige non seulement  l’arrêt des  flux migratoires mais aussi  une  reprise  sensible  de la fécondité  dans les populations natives.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TAUX DE FECONDITE EN EUROPE

 

 

1980

 

2000

2010

2017

 

 

 

 

 

 

Europe sans la Russie

   

1,4

1,6

1,6

           

France

1,9

 

1,7

2

1,9

Royaume-Uni

1,9

 

1,7

1,9

1,8

Allemagne

1,4

 

1,3

1,3

1,5

Belgique

1,6

 

1,5

1,7

1,7

Pays-Bas

1,6

 

1,5

1,7

1,7

Suède

1,5

 

1,5

1,5

1,9

Norvège

1,8

 

1,8

2

1,7

Danemark

1,6

 

1,7

1,8

1,8

Finlande

1,6

 

1,7

1,9

1,6

Irlande

3,4

 

1,9

2,1

1,9

Suisse

1,5

 

1,5

1,5

1,5

Autriche

1,6

 

1,3

1,4

1,5

 

     

 

 

Espagne

2,5

 

1,2

1,4

1,3

Portugal

2

 

1,5

1,3

1,4

Italie

1,7

 

1,2

1,4

1,3

Grèce

2,3

 

1,3

1,5

1,4

           

Pologne

2,3

 

1,5

1,4

1,4

Tchéquie

2,3

 

1,2

1,5

1,6

Slovaquie

2,3

 

1,4

1,4

1,4

Hongrie

2

 

1,3

1,3

1,5

Roumanie

2,5

 

1,3

1,3

1,2

Bulgarie

2,1

 

1,1

1,6

1,5

Estonie

   

1,2

1,6

1,6

Lituanie

   

1,4

1,5

1,7

Lettonie

   

1,1

1,3

1,7

Slovénie

   

1,2

1,5

1,6

Croatie

   

1,7

1,5

1,4

Bosnie-Herzégovine

   

1,6

1,2

1,2

Serbie

2,2

 

1,7

1,4

1,5

Macédoine

   

1,8

1,5

1,5

Monténégro

   

                       x

1,8

1,6

           

Albanie

4,2

 

2

1,6

1,6

Kosovo

   

                       x

2,5

1,8

           

Ukraine

   

1,3

1,5

1,5

Biélorussie

   

1,3

1,4

1,7

Moldavie

   

1,7

1,3

1,3

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:36

 

MALGRE LES  APPARENCES,   LE TRAITE D’AIX-LA-CHAPELLE EST UN MAUVAIS COUP PORTE AUX RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES

 

https://www.atlantico.fr/decryptage/3564688/pourquoi-le-traite-d-aix-la-chapelle-aggravera-le-desequilibre-entre-la-france-et-l-allemagne-roland-hureaux

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Malgre-les-apparences-le-traite-d-Aix-La-Chapelle-est-un-mauvais-coup-porte-aux-relations-franco-allemandes

 

 

Le mieux est l’ennemi du bien .

Le bien : la réconciliation franco-allemande voulue par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer , solennisée par le traité de l’Elysée du 22 janvier 1963.

Le supposé mieux  qui menace  cette réconciliation  : le traité d’Aix-la-Chapelle, singerie du premier qu’ Emmanuel Macron et d’Angela Merkel ont signé    le 22 janvier 2019   et qui vise à terme une « intégration », notamment militaire,  franco-allemande d’abord,  européenne ensuite . Il pourrait avoir au contraire l’effet de  raviver la rivalité franco-allemande, selon ce que Hayek appelle « la loi des effets contraires au but poursuivi ».

Pour le général de Gaulle, le partenariat franco-allemand ne pouvait être qu’ équilibré.  Aujourd’hui il ne l’est plus. Le nouveau traité consacre une situation que de plus en plus de Français jugent trop avantageux pour  l’Allemagne.

 

Le rôle de l’euro

 

Cette situation  a une cause majeure : l’euro. On peut débattre  pour savoir si , dans son principe,   une monnaie unique  pouvait réussir. Plus de dix  Prix Nobel d’économie ont émis des doutes là-dessus. En tous les cas,  elle a entrainé un déséquilibre  grandissant entre les pays d’Europe et singulièrement  entre la France et l’Allemagne . De 2000 à 2018, la production industrielle allemande a progressé de  42 % , celle de la France a  reculé de 3 %, celle de l’Italie de 15 %, celle de l’Espagne de 16 % ( alors que  leur évolution avait été jusque-là parallèle ) . La balance du commerce de l’Allemagne affiche   aujourd’hui un  surplus  de 248  milliards d’euros, celle de la France   un déficit   de 67 milliards, sans que rien ne  laisse espérer un rééquilibrage.  

La première raison de ce déséquilibre tient aux conditions dans lesquelles les deux  pays sont entrés dans l’euro. Les Allemands ont mis au pot un mark à prix réduit , ce qui a  fait baisser  le coût de   leur produits exprimé en euros et les a rendus hyper-compétitifs, tandis que les Français, la vanité de nos dirigeants aidant, ont mis au pot un  franc  déjà surévalué, ce qui renchérit nos  produits. S’y ajoute la réforme économique du chancelier  Schröder opérée sans concertation  dès  l’entrée dans l’euro  tendant à réduire encore les  coûts allemands par rapport aux    autres pays  de la  zone afin  d’assurer un avantage décisif à l‘Allemagne.    Si la France avait eu depuis l’entrée dans l’euro la même croissance que l’Allemagne, comme elle l’avait eue  de 1950 à 2000, elle aurait 40 % de production industrielle en plus , soit 40 % de pouvoir d’achat, précisément  ce qui manque aux Gilets jaunes pour boucler leurs  fins de mois et au gouvernement pour satisfaire leurs revendications.

La seules solutions  préconisées   par les dirigeants  français : baisser les salaires et diminuer les charges sociales ,  mesures   tardives et timides,  inefficaces mais   suffisantes pour entrainer le mouvement  des Gilets jaunes ; il est  clair qu’il ne faut chercher aucune solution de ce côté-là.  La seule issue  est un changement de parité  monétaire entre les deux  pays . Elle    passe par    l’éclatement de la zone euro, lequel    se produira de toutes façons un jour ou l’autre. En  attendant,   les usines française ferment les unes après  les autres et les éleveurs se suicident . L’agriculture française , longtemps  exportatrice par rapport à l’Allemagne est devenue importatrice.

Cet appauvrissement de la France touche plus particulièrement nos fleurons industriels . Comme s’il y avait un plan concerté d’affaiblir la puissance française   , le contrôle de nos  entreprises stratégiques , produits du génie national : Alstom , Nexter (ex-GIAT)  ,  bientôt peut-être Naval-Group ( ex DCN)  et d’autres   est  transféré outre-Rhin – ou ailleurs. Airbus, issu de l’effort de  générations d’ingénieurs  français,  échappe aujourd’hui à  tout contrôle français. 

Le déséquilibre économique aurait pu être compensé par  une volonté politique active  faisant jouer les avantages dont  la France dispose par ailleurs : son  immense domaine maritime, sa  présence en  Afrique, son  statut de puissance nucléaire . Mais les dirigeants français font au contraire tout pour l’aggraver par leur désintérêt pour ces avantages  qu’ils sont prêts à brader et  leur servilité vis-à-vis du   partenaire d’ outre-Rhin. En France et dans  le monde , prévaut de plus en plus le sentiment   que  la France  est tenue en laisse par une Allemagne dominante, qu’en tout, c’est Berlin qui fixe la ligne prétendue commune.

Une  relation saine entre la France et l’Allemagne impose que la France, qui ne peut pas  rattraper l’industrie allemande, veille avec soin  à la préservation de ses atouts propres. Elle  implique au minimum   la rupture de la monnaie unique si désastreuse pour elle .  Plus on attend, plus le déséquilibre entre  les deux économies s’aggravera,  moins il subsistera d’agriculture  et d’industrie en France,   plus il sera difficile de revenir à  l’équilibre. Et probablement plus la rupture sera saignante.

Les relations « spéciales » franco-allemandes n’ont jamais plu aux pays du  reste de l’Europe . Ce traité ne leur plaira pas davantage.  Ils  attendent   confusément que la France joue sur le continent son rôle multiséculaire , celui de contenir  la démesure  germanique telle  qu’elle s’exprime par exemple par la politique économique restrictive que Berlin impose au reste du  continent. Une politique que le Prix Nobel Josef Stiglitz n’a pas hésité à qualifier  de « criminelle ».  Notre lâche  suivisme  laisse les pays concernés, souvent vieux amis de la France, loin du compte.

 

La paix repose sur le statu quo  

 

Ce  déséquilibre, qui irrite de plus en plus de Français,  le nouveau  traité franco-allemand, signé en Allemagne , l’aggrave.  Non seulement il consolide l’euro mais  il  engage la France à soutenir la revendication  allemande de disposer d’un  siège permanent au Conseil de sécurité. Cette revendication  a certes peu de chances d’être satisfaite  car   au moins dix pays , à commencer par l’Inde et le Japon,  voudraient aussi un siège.   Mais   cette clause,  qui n’a rien à faire dans un traité,  envoie au monde un nouveau signe d’allégeance de la France à  l’Allemagne. Plus grave : la question du siège permanent au conseil de Sécurité   est, de manière officieuse, liée à la possession de  l’arme nucléaire que certains milieux  allemands revendiquent aussi de façon de moins en moins discrète.     

Soyons clair :   la paix relative qui règne en Europe depuis 75 ans  ne résulte pas,  comme on le dit,   de l’Union européenne , qui en est plutôt une conséquence et qui d’ailleurs  porte une  une part de responsabilité  dans les conflits apparus récemment sur le continent : Balkans, Caucase, Ukraine, comme le reconnaissait pour ce dernier l’ancien chancelier Helmut Schmidt.  La paix règne parce que deux puissances continentales et deux seulement    disposent de l’arme   nucléaire. En remettant en cause  cet équilibre, le  traité menace la paix.

Dans son premier discours à Versailles, Macron appelait déjà à un renforcement de l’effort d’armement  allemand.  En organisant les transferts industriels évoqués ci-dessus, Macron concourt à un dangereux renversement du rapport des forces. Comment comprendre qu’un pays qui a été  envahi   trois fois en  un siècle par son voisin , veuille à toutes  forces lui transférer son savoir-faire  militaire  ? Certains diront que ces craintes  sont dépassées :  l’Allemagne s’est aujourd’hui assagie . Voire ! Dans un continent où Léningrad est redevenue Saint Pétersbourg,  qu’est-ce qui est dépassé ?  Dans le contexte d’extrême instabilité qui règne dans ce pays profondément  bouleversé par la décision folle de Merkel de faire entrer plusieurs  millions de réfugiés  -  à la demande du patronat demandeur  de main d’œuvre pour une économie en surchauffe grâce à l’euro    -     tout est possible. Qui sait ce qui peut arriver dans une Allemagne  au tempérament  bipolaire , passée jadis  en trois ans de « la constitution  la plus démocratique du monde »   (   la république de Weimar) à ce que  l’on sait  ? L’Allemagne actuelle   a déjà  plus que  sa   part de responsabilité dans le déclenchement  de la  guerre  des Balkans de 1999 qui a conduit  à l’humiliation de la Serbie,  un  ennemi    historique du  Reich, avec la complicité honteuse de la France, déjà prompte à jouer contre son camp[1]. Elle l’a aussi à un moindre degré dans celle  de la guerre d’Ukraine où l’Europe continentale retrouve son extension de 1942.   Quand, pour justifier le  traité d’ Aix-la-Chapelle,   Macron appelle à la constitution d’une défense européenne contre la Russie, pense-t-il à la Division Charlemagne ?  Qui sait   que de  jeunes officiers  de la  Bundeswehr se retrouvent tous les ans pour fêter l’anniversaire d’Hitler ?

 

Promiscuité

 

Ajoutons que les  peuples , comme les   individus,  n’aiment pas la promiscuité.  Les Allemands qui ont toujours refusé la notion de couple franco-allemand , trop familière  à leur gré ( ce dont  les médias français qui répètent à tout va cette expression ne se sont jamais aperçus ! ), le savent bien. Deux  voisins  qui s’entendent bien se détesteront vite si  les cloisons qui les séparent   sont abattues.    La réconciliation franco-allemande semblait  acquise . En    nous obligeant à partager le même  lit , Macron et Merkel la remettent en cause : les mariages forcés se terminent en général mal. 

 

Responsabilité allemande

 

Sans doute les Allemands ont-ils  leur part de responsabilité dans ces dérives. Alors que  l’idéalisme européen des Français est souvent sincère, allant jusqu’à sacrifier  leurs  intérêts nationaux,  par vanité ou légèreté d’ailleurs plus que par vertu, celui des Allemands ne perd jamais de vue les intérêts allemands. Combien de chefs d’entreprise français appelés à coopérer avec des partenaires outre-Rhin  ont fait l’expérience de ce double jeu sournois ?  A deux reprises la France a volé  au secours des Allemands en difficulté : en 1969, elle  a  concédé les montants compensatoires , sorte de droits  de douane  à l’envers , à une agriculture allemande déstabilisée par  la dévaluation de 1969.  En 1972, elle a  restreint sa  masse monétaire et donc sa  croissance pour que l’Allemagne unie puisse absorber la masse des  marks de l’Est , prenant ainsi sa part du fardeau de la réunification. Aucun geste analogue bien évidemment à l’égard de la France  aujourd’hui en difficulté depuis son entrée dans l’euro.

 

Responsabilité française : la politique du  mépris  

 

Mais il serait injuste de faire  porter   aux Allemands seuls la responsabilité     du déséquilibre grandissant entre les deux pays.  Souvent les Allemands n’avaient  rien demandé : ce sont les prétendues élites françaises qui sont allées, sur bien des dossiers,    au-devant de leurs  souhaits. C’est  le cas pour le facteur   essentiel de ce déséquilibre ,   l’euro, lequel demeure , ne l’oublions pas,  une initiative française, témoin d’une  inculture économique unique au monde   de ses dirigeants  et de l’idée  sournoise, aux relents   vichystes,  qu’il faut imposer aux Français la  discipline allemande.  Pour le reste, les Français ont  au moins eu  le tort de ne pas s’être opposés    à des décisions clairement défavorables  pour eux : la politique économique  de Schröder, l’ouverture  migratoire de Merkel, la disqualification du nucléaire [2], notre carte forte, orchestrée par l’Allemagne,  la cession d’Alstom à Siemens, le glissement  progressif du pouvoir au détriment des Français  au sein d’Airbus.   Les bons comptes font les bons amis : loin de renforcer l’amitié entre les    deux pays, ces  complaisances l’ont peu à peu minée.

Que les Allemands ne s’y trompent  pas : la germanomanie des élites françaises relève moins  d’un intérêt pour l’Allemagne réelle que la plupart du temps ils ignorent,  que de leur   mépris pour le peuple français. Il est une catégorie de Français pour lesquels tout ce qui se fait ailleurs, singulièrement outre-Rhin est mieux. Nombre de réformes désastreuses  ont été faites chez nous  par imitation servile de l’Allemagne   comme   la réforme régionale ou la réorganisation du temps scolaire .    En revanche personne  ne connait  en France  ce qui aurait pu  être utilement  transposé comme  les  Instituts Fraunhofer.

Un signe qui ne trompe pas : de moins en moins de Français parlent l’allemand et de moins en moins d’Allemand parlent  le français . Macron lui-même, si fier de son anglais,  n’a jamais fait  l’effort d’apprendre la langue de Goethe.

Le mépris des classes dirigeantes pour les Français, quelque fois leur haine,  a un caractère pathologique. Quand elle va jusqu’à la servilité vis à vis de l’étranger, elle tient  de la bassesse ,  propre à une classe de parvenus qui n’a jamais appris  que le premier devoir d’une authentique élite est de servir son peuple et au minimum de l’estimer. 

Le général de Gaulle avait tout fait pour  que, par l’exaltation de     la France    libre , les Français retrouvent leur confiance en  eux-mêmes  et se débarrassent des    complexes nés de la  défaite de 1940. Mais depuis 50 ans , son œuvre a fait l’objet d’un travail incessant de sape , remettant à nu les vieilles blessures . La magnifique victoire remportée en 1918 par notre armée presque seule[3] a été délibérément occultée.   La germanomanie obstinée de  Macron résume  de l’attitude  honteuse des classes dirigeantes françaises depuis  des décennies.

 

Quand la France s’éveillera…

 

Il  faudrait une  forte ignorance de notre histoire pour imaginer que les Français continueront longtemps à accepter ce déséquilibre destructeur   qui leur est  imposé  par leurs élites.  Ils sont comme le cheval auquel son propriétaire  imposerait  un lourd handicap dans les courses pour lui cracher ensuite   dessus. Nul doute qu’ils vont  se réveiller  un jour  . Et mieux vaut tôt que tard. Le jour où  ils ouvriront les yeux sur ce qui leur a été infligé, ils auront   de bonnes raisons d’en vouloir à leur  oligarchie  . Mais ils risquent aussi d’en rendre responsable le peuple allemand  qui n’en demandait peut-être pas tant.

Les Gilets jaunes sont une forme de réveil. Sans doute perçoivent-ils mal l’impact  des relations franco-allemande sur leurs misères quotidiennes  . A tout le moins peuvent-ils voir que le président  Macron, en renforçant l’engagement de la France dans l’euro, se prive de toute marge de manœuvre et qu’il n’a donc  l’intention de rien concéder dans le grand débat national qu’il vient de lancer.

Négocié dans le secret , le  traité   d’Aix-la Chapelle a  été  conclu  entre    deux chefs d’Etat  et de gouvernement en grave déficit  de légitimité :   Emmanuel Macron empêtré  dans la crise des Gilets jaunes, dont   la cote est au plus bas  , Angela Merkel en fin de course,  gérant les affaires courantes . Il est en   rupture complète avec les aspirations du peuple français. Il va au  rebours du sens de l’histoire   qui voit partout le retour de nations soucieuses de maintenir leur souveraineté et de défendre leurs intérêts   : Etats-Unis,  Royaume-Uni, Italie, Europe de l’Est, Russie, Chine. De quelque manière qu’on le considère, il portera gravement  atteinte   aux relations entre la France et l’Allemagne. Caricature du traité de 1963,  il sera, au mieux, mort-né.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

[1] L’humiliation odieuse  infligée au président  serbe lors des  cérémonies du 11 novembre exprime le mépris des dirigeants français actuels pour les allégeances traditionnelles de la France.

[2]  Dont les absurdes  éoliennes , fabriquées en Allemagne, sont le symbole.

[3] Le  choc décisif a eu lieu de mars à juillet 1918 : les armées anglaise et italienne étaient épuisées, l’armée américaine  n’a été pour l’essentiel, opérationnelle qu’  après, l’armée allemande seule était, comme l’armée française,  au complet.

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:32

Vient de paraître  le dernier  livre de :

 

Roland HUREAUX

 

LA FRANCE ET L'OTAN EN SYRIE

Le grand fourvoiement

 

Editions Bernard Giovannangeli

 

Chez votre libraire ou

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:27

https://lincorrect.org/la-france-et-lotan-en-syrie-entretien-avec-roland-hureaux/

 

  1. Vous faites remonter les origines la guerre en Syrie à l'assassinat de Rafik Hariri, que vous attribuez au Saoudiens, n'avez-vous pas peur d'être accusé de complotisme?

 

Ce n’est pas moi qui impute aux Saoudiens  l’assassinat de  Rafic Hariri, dont , je le rappelle,   tout  le monde a  sur le moment accusé  les Syriens , c’est   Hugh Grassley, doyen et président de la commission juridique du Sénat des Etats-Unis, une grande figure de la  politique américaine ( en octobre 2016) .  

Mais les origines de la guerre sont antérieures : dès le début des années  2000, la Syrie est  dans le collimateur des néo-conservateurs américains ( que je préfère appeler libéraux-impérialistes car je n’ai pas bien vu ce qu’ils conservaient ) . Le gouvernement  Assad a eu  un  sursis parce que  la cible prioritaire a d’abord été  Saddam Hussein. Mais dès l’élimination  de celui-ci,   le dispositif de mise au pas de la Syrie  s’est mis en place.

Vous parlez de complotisme ?  De quoi s’agit -il ?   Voir de complots partout ? Non, bien sûr, mais dire qu’il n’y en a jamais est tout  aussi erroné. En fait les  choses sont compliquées : parfois on croit qu’ y a un complot et il n’y en a pas , parfois on croit  qu’il n’y en a pas et il y en a   et   ils  ne se passent généralement pas comme on le  croit. Je note que ceux qui accusent tout le monde de complotisme ( le mainstream  américain  et européen) sont les mêmes  qui vous expliquent que   l’élection  de Trump résulte d’un  complot ourdi par Poutine !

Il y a des  guerres  qui arrivent par hasard, en raison de tensions mal maitrisées ; ce n’est  pas le cas des guerres du Proche-Orient de ces  dernières années ; elles ont été planifiées , généralement à Washington. Ça arrive aussi.

 

 

 

  1. Vous dénoncez également les ventes d'armes françaises à l'Arabie Saoudite et au Qatar. N'est-ce pas contradictoire avec les intérêts de notre industrie de défense?

 

Que la France cherche à vendre des armes  n’est pas  nouveau : une puissance moyenne comme la nôtre  a  besoin d’allonger  ses séries pour amortir les coûts fixes. Mais il est souvent arrivé, heureusement,  que l’on vende à des  pays qui ne  faisaient pas la guerre .  Rien n’obligeait  donc notre pays à inféoder sa diplomatie à celle de l’ Arabie saoudite ou  du Qatar qui est précisément celle que  nous combattons partout ailleurs , au Mali , au Niger , sur le territoire national : le soutien à l’islamisme le plus radical . Vendre est  une  chose,  s’inféoder en est une autre. D’autant qu’on ne connait  pas toujours le bilan final : nous avons vendu plus de dix milliards d’armes  à l’Arabie saoudite mais la guerre d’Afghanistan nous  a  coûté autant.

 

  1. Vous citez Roland Dumas qui qualifie le rôle de la France de Hollande et Fabius en Syrie de boute-en-train, de quoi s'agit-il?

 

C’est un  terme hippique que j’ai découvert à cette occasion : il n’est pas très gentil pour notre pays  : il parait qu’avant de  faire saillir une jument par un   étalon de première classe , on la chauffe avec un cheval de seconde classe.  Ce cheval de seconde classe qui  excite  le conflit mais qui  n’y  joue pas le premier rôle, c’est , selon lui , la France . Roland Dumas  qui n’a pas sa langue dans la poche, dénonce  le fait que la diplomatie de  notre pays ,  quoiqu’elle ne s’appuie  que sur des forces  limitées  et ne soit pas  décisionnaire (  Sarkozy a  essayé de faire croire   le contraire en Libye) est  apparue  comme la plus bruyante, la plus extrémiste  contre Kadhafi, puis contre Bachar el-Assad.   La France a rompu le plus radicalement les   relations diplomatiques avec la Syrie , sans se soucier d’y  maintenir le moindre contact : les services secrets syriens nous avaient pourtant  aidés dans la lutte contre le terrorisme , le lycée Charles de Gaulle a été fermé ; les parents d’élèves francophiles l’ont maintenu en activité malgré  notre gouvernement !   Fabius a dit à la tribune de l’ONU que Bachar  el Assad ne méritait pas de vivre, ce qui ne s’était jamais dit  dans les relations internationales .  Le même Fabius , qui    a salué les djihadistes d’Al Nosra  ( autre nom d’Al Qaida)  comme «  de petits gars qui font   du bon boulot »  était allé  , comme Hollande,  tirer par la manche Obama pour qu’il déclenche des représailles massives à la suite de l’attaque chimique supposée du 21 aout 2013, ce   qui aurait pu nous entraîner dans une guerre mondiale . Heureusement  Obama  n’ pas suivi .  Depuis l’élection de Trump , Macron qui se situe dans la continuité de ses deux prédécesseurs a tout fait pour que le nouveau président américain maintienne des troupes en  Syrie, c’est à dire pour que la  guerre s’y poursuive . Alors que les canons se sont presque tus, le gouvernement  français lance  une procédure contre Assad  devant le  Tribunal pénal international. Pourquoi pas contre nos alliés djihadistes qui ont massacré au moins autant  de civils ?  Le résultat  de ce jusqu’au boutisme infantile  , c’est que la France  se ridiculise. Elle n’est pas  associée au seul  processus de paix   sérieux, celui que mènent  les Russes à Astana. Les Syriens se sont jurés que la France n’aurait aucune part à l’immense marché de reconstruction  de  ce pays  à moitié détruit. 

 

  1. Comment jugez-vous le rôle de la presse catholique dans la défense des chrétiens syriens?  

 

Si on s’en tient à la presse « officielle » , La Croix   en particulier  qui est un peu  le journal officiel  de l’Eglise de France, je l’ai trouvé bien décevant.  Alors qu’il y avait près de deux  millions de chrétiens en  Syrie  ( moins aujourd’hui ) , on faisait appel à des correspondants  sunnites  anti-Assad et donc pro-djihadistes.  Les communiqués de l ’AFP  , hostiles au gouvernement , y  étaient repris souvent tels quels alors qu’ils étaient eux-mêmes  le copié-collé de ceux de l’ « Observatoire   syrien de droits de l’homme », une officine de  propagande  anti-Assad basée en Angleterre montée par les  Frères musulmans avec l’appui des services   secrets anglosaxons . On avait l’impression , surtout en Syrie, que   les chrétiens étaient bons pour nourrir les intentions de prière  mais que,  de fait , une partie de la presse catholique avait pris parti contre eux . Assad  était  considéré par les chrétiens comme un garant de leur sécurité contre des  groupes djihadistes que nous soutenions et qui  ne cachaient pas leur volonté de les anéantir. Dès lors que notre diplomatie  était hostile à Assad, elle ne  pouvait que se trouver dans le camp opposé  aux chrétiens . Je n’y vois pour ma  part aucune malignité  mais le   conformisme bêta  de journalistes en perte de repères , tous prêts  à  suivre  comme des moutons le courant dominant en Occident . Avec  en plus la naïveté propre aux  chrétiens toujours prêts à se laisser duper dès qu’on fait appel aux bons sentiments , aux  droits de l’homme , comme savent  le faire les propagandistes chevronnés  qui manipulent l’opinion occidentale.  Mais il ne faut pas généraliser : d’autres organes de presse catholiques ont eu un regard plus distancié  et plus proche de ce que ressentaient les chrétiens  de Syrie.

 

  1. Les tensions turco-russes  gèlent la situation au nord de la Syrie, comment cela peut-il se dénouer selon vous?

 

Je ne crois pas que ce soit  d’abord  les tensions turco-russes qui empêchent le retour complet à la paix , c’est  l’hostilité d’Erdogan aux Kurdes : il ne veut pas que le règlement de paix conduise à une autonomie de la zone kurde de Syrie , qui contaminerait la zone kurde de Turquie. Mais ce  sont plutôt   les Américains que les Russes qui souhaitent cette autonomie . Pour cette raison , les Turcs   gardent  un pied dans  le  Nord de la Syrie ;  pour la raison inverse, les Américains aussi  .  Il reste  en outre une enclave djihadiste à Idleb , près de la  frontière turque mais il  semble qu’elle ait échappé au contrôle turc.  Les plus désireux d’empêcher la paix d’advenir  entièrement, ce qui supposerait la reprise du contrôle de tout  le  territoire syrien par le gouvernement de Bachar el Assad, en conformité avec le droit international,  ce  sont les Américains , au moins certains Américains , ceux de l’ « Etat  profond »,   soit qu’ils  rêvent de revanche , soit qu’ils veuillent    garder la main sur le pétrole qui se trouve à   l’est du pays . Trump voulait éliminer Daech , ce qu’il a presque   fait , et ensuite retirer ses troupes.  Ce n’est pas  Macron, c’est le  Pentagone qui a obtenu  que les forces américaines  s’attardent encore un peu.  Assad est-il lui-même pressé ?  Il est  aujourd’hui très populaire dans son peuple. Si la paix revenait , le serait-il autant ? Souvenons-nous de ce qui est    arrivé à Churchill en 1945.

Comment la situation peut-elle se dénouer ? Je crois  que ça dépend surtout  des Russes qui sont désormais les vrais arbitres .  

 

  1. Pensez-vous que Donald Trump puisse changer la donne au Moyen-Orient?

 

 

Il l’a déjà beaucoup  changée. En ne faisant qu’appliquer son programme ,  à commencer par la fin  des interventions dites de regime change  ayant pour  but de démocratiser  les pays arabes , promues par les néo-conservateurs.  Peu de temps après son arrivée, il a interrompu le programme d’aide aux djihadistes appelé  Timber Sycamore. Il a  ensuite entrepris  sérieusement de détruire Dach :  avant lui, la coalition  faisait du surplace pour ne pas dire  qu’elle faisant semblant :  Trump a ordonné la reprise de Mossoul en Irak  et de Raqqa  en Syrie  et elles  ont  eu lieu. Il s’efforce aujourd’hui  de   liquider les dernières poches de Daech.   

Mais Trump a dû  prendre en compte  ses adversaires qui dominent les médias et l’administration  . Quand ont été annoncées  des attaques chimiques à   Khan Cheikhoun ( 2017 )  et à    Douma (2018), il ne pouvait pas rester les bras croisés face à une opinion américaine indignée et  déchaînée   ; il serait  passé pour un « dégonflé » ou un  agent de Poutine, comme on l’en accuse  . Il ne pouvait  pas dire non plus que qu’il s’agissait d’attaques sous faux drapeaux montées par des djihadistes appuyés par certains services occidentaux : même si c’était le plus probable, personne    ne  l’aurait cru.  Il a donc procédé à deux reprises à des bombardements de  représailles spectaculaires,  en prévenant  les Russes  de telle manière qu’il  n’y ait pas de victimes et    peu de dommages réels.

Mais l’autre point de    son programme   est un soutien accru à Israël. Compte tenu de  l’opposition qu’il rencontre dans  la classe dirigeante américaine, il ne peut pas se passer de l’appui des partisans de l’Etat hébreu .  D’où ces gestes spectaculaires que sont l’installation de l’ambassade américaine à Jérusalem,  la reconnaissance de l’annexion du Golan  et surtout  la rupture de l’accord nucléaire de Vienne avec l’Iran , signé par Obama,   auquel Israël  était très hostile. Il hausse le ton vis-à-vis de Téhéran  . Jusqu’où  ira- t-il ? Mon sentiment est que   plus il parle fort,  plus il agit de manière prudente  : une guerre contre l’Iran  perturberait  gravement le commerce du pétrole et se  traduirait  par une hausse importante des  coûts qui déstabiliserait l’économie mondiale .  

Reste que les deux points de son programme ne sont pas entièrement compatibles : ainsi Israël ne souhaite sûrement pas  que  les Américains quittent la Syrie. Nous verrons comment il gèrera ces contradictions.

 

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:19

 

https://groupegaullistesceaux.wordpress.com/2019/02/21/pas-de-quoi-fouetter-un-colonel/

 

https://www.bvoltaire.fr/pas-de-quoi-fouetter-un-colonel/

 

Pas de quoi fouetter un chat .

Pas de quoi non plus  sanctionner un  officier supérieur.

Il est incroyable que l’article du colonel Légrier  dans la très austère Revue  de la  défense nationale ait pu provoquer une tel remue-ménage au cabinet du ministre de la défense et à l’état-major des armées au point que le porte-parole de ce dernier   parle de sanctions.

Il s’agit d’un article court  , technique , faisant le bilan  de la récente bataille de Hajine  en Syrie.

Ce que dit cet article : il a fallu plusieurs   mois et des destructions considérables pour  venir à bout des 2000 derniers djihadistes  de Daech retranchés dans l’extrême est de la Syrie . Pourquoi  ? Parce que  la coalition ( essentiellement les Etats- Unis et un peu la France ) n’ ayant    pas voulu envoyer des soldats au front,  a fait faire le travail à une  milice locale peu motivée, le Front démocratique syrien, , composée essentiellement de Kurdes   éloignés de leurs bases  , et a   dû   pour vaincre  bombarder massivement  tout ce qui se trouvait  au sol, au risque de s’aliéner les habitants . Conclusion : pour éviter une telle dépense d’énergie  et tant de dégâts,   mieux aurait valu envoyer des troupes au sol  . «La bataille d'Hajine a été gagnée […] , dit le colonel, à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions».

Cet article ne dit rien qui soit faux , ni ignoré  des spécialistes . Tirer la leçon d’une bataille après que les armes se sont  tues  est un exercice normal de debriefing,  comme on dit  à l’OTAN. La guerre de Syrie étant pratiquement terminée, l’enjeu stratégique  n’était pas tel qu’on ne puisse  rendre ces données publiques. Que le colonel donne en conclusion un coup de patte à la stratégie  des Américains  , habituelle depuis la deuxième guerre mondiale , d’épargner leurs hommes en opérant des  bombardements aériens massifs , est , si on ose dire,  de bonne guerre.

Quand il a déclaré assez piteusement «avoir manqué de discernement» et retiré le texte du site de la revue ,  le rédacteur en chef  , le général  Pellistrandi   aurait pu se souvenir de la maxime de  Talleyrand : « Méfiez-vous du premier mouvement, c’est le bon »

Cet article n’est pas bien méchant : il ne met nullement en cause la légitimité de l’intervention de l’OTAN   dans cette bataille où elle intervient  pourtant  en pleine violation de la légalité  internationale, puisque l’autorité légale aux yeux du droit international , celle du gouvernement syrien, ne l’avait  pas appelée  . C’était à l’armée  syrienne de faire ce travail de nettoyage,  dès lors que personne n’envisage plus que Bachar el-Assad puisse être renversé.

L’auteur   aurait pu rappeler aussi que l’armée américaine qui a combattu Daech  à Hajine  et l‘avait fait à  Raqqa, autre bataille très meurtrière , était il y  quelque mois intervenue  à Deir-es-Zor pour porter  secours au même Daech aux prises avec l’armée  syrienne. Mais se cantonnant à la technique, il ne l’a pas fait.

La thèse du colonel  Légrier sur la  nécessité d’un engagement   au sol était celle des durs du Pentagone , relayée dans une lettre de cent diplomates américains   au président Obama. Elle aurait sûrement prévalu si Hillary Clinton avait  été élue présidente , au risque de déclencher une guerre mondiale.  

Trump au contraire  a annoncé, conformément à son programme,  le retrait des troupes américaines de Syrie mais  il ne voulait pas le  faire sans liquider Daech qui était désormais pour lui la cible prioritaire , alors que pour les démocrates, c’était   l’armée syrienne.  D’où cette ultime bataille.

Pourquoi donc ce pataquès ?  Une froncement de sourcil des Américains ? Même pas : le gouvernement  français   a désormais la trouille au ventre de ce qu’on peut  penser à Washington. Cet   incident est également  significatif de  l’affolement qui règne  désormais  dans les  sphères  dirigeantes françaises. 

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:16

 

https://www.atlantico.fr/decryptage/3570227/face-aux-gilets-jaunes-l-entre-soi-macronien-roland-hureaux

https://qoshe.com/atlantico/roland-hureaux/face-aux-gilets-jaunes-l-entre-soi-macronien/33291822

 Le pamphlet de Juan Branco  , appelé Crépuscule – d’un règne, d’un régime, d’une société - , se lit d’un trait. Edité hors des grandes  maisons, qui en étonnera ?  on  dit qu’il  donnerait le coup de grâce à Macron : peut-être.  

Riche  d’informations  sur les réseaux de l’oligarchie, de laquelle l’auteur  prétend être un transfuge, il met d’abord le doigt sur le rôle central de Xavier Niel, une des premières fortunes de France ,    démarrée dans les peep-show et le minitel rose qui lui avait valu des  poursuites au chef de proxénétisme. Il est le gendre du très distingué  Bernard Arnault,  quatrième fortune mondiale et  serait le  principal mentor de Macron. 

L’auteur s’attarde sur le cas emblématique  du jeune Gabriel Attal , élu député des Hauts-de Seine et fait récemment ministre à 29 ans , le plus jeune du gouvernement. Il décrit par le menu, non sans quelques réminiscences bourdieusiennes,  les réseaux qui se tissent au sein  des écoles privées de  prestige (parmi lesquelles il compte Fermat à Toulouse, notoirement lycée public…), qui exigeraient  des frais de scolarité  exorbitants ( en fait dix fois moins que leur homologues anglaises  ou américaines ). Mais qui croira  qu’ Attal n’a pas pu s’appuyer sur  d’autres  réseaux que les anciens de l’Ecole alsacienne ?  A  demi-mot, ces derniers   sont d’ailleurs évoqués.  

A l’avenant sont les  Griveau, Séjourné, Emilien, et autres Ludovic Chaker , arrivistes sans frein et sans principes , qui gravitent autour de la machine  de pouvoir macronienne ; et  parmi eux,  bien  sûr,   Benalla.

Il est montré avec pertinence  comment,   poulain de l’oligarchie, Macron a été son instrument pour en servir les intérêts : alléger massivement les impôts de  la caste supérieure ,  surtout  par le CICE  conçu par Hollande , le « président qui n’aimait pas les riches » à  l’instigation de son  conseiller économique Macron . Le CICE, délestant l’Etat de plusieurs dizaines de milliards,   qui n’ ont  apporté aucun emploi contrairement à ce qui avait été promis, plus encore que  l’exonération de l’ISF sur les patrimoines   financiers, reflète  cette politique de classe  . C’est ce que Branco appelle un  « transfert de ressources massif de la majorité  de la population vers un pourcentage infinitésimal de celle-ci ». Dans un contexte où n’est  fait aucun effort pour réduire les dépenses  publiques , il a bien fallu  compenser ces allègements en alourdissant l’impôt sur  tous les autres  contribuables, moyens et petits ; d’où les Gilets jaunes .

Derrière les réseaux qui ont fait Macron, l’ immense veulerie  des médias , possédés à 90 % par les vingt premières fortunes françaises.  Niel qui a placé des mises un peu partout est même actionnaire de Médiapart.

Rappel utile aussi du rôle décisif de Richard Descoings , ancien directeur de l’Institut d’études politiques  de Paris , aujourd’hui décédé  , dans la diffusion dans toute une génération de dirigeants dont Macron est le pur produit, d’une idéologie transnationale  où le mot France n’a plus de sens. 

 

Une approche très hexagonale

 

Ce pamphlet enlevé présente cependant  une lacune  importante . Tout se passe comme si l’affaire Macron n’était que franco-française, comme si elle n’était que   l’œuvre  d’une  bourgeoisie nationale. Des dizaines de think  tanks ou de  services d’espionnage américains scrutent en permanence la politique française :  ils seraient  restés inactifs dans la dernière  présidentielle ; la capitalisme français serait si  peu mondialisé  qu’il échapperait à toute interférence  extérieure. Comment expliquer que le premier dîner de fund raising  de Macron ait eu lieu à Londres sous la présidence  d’un   associé de Goldman Sachs ? Sans donner dans la théorie du complot, Jean-Pierre Jouyet dont le rôle clef dans la campagne est  bien souligné a-t-il été nommé ambassadeur à  Londres seulement « pour le remercier et l’écarter »  ? Ne serait-il   pas une  courroie de transmission avec la City  qui demeure le centre nerveux de la finance mondiale ?

Quant à la politique de Macron, s’agit-il seulement pour  lui d’assurer une redistribution à l’envers   de la  richesse française ? Pourquoi dès lors  brader la patrimoine industriel français « à la découpe » comme il l’a fait en commençant  par Alstom,  une affaire dont le rôle clef dans l’ascension de l’actuel  président   aurait pu être mieux  souligné.

 

Si encore ils étaient compétents !

 

Terminons    par une remarque plus générale : les  réseaux de pouvoir ont toujours existé, la collusion de la République et de la finance  tout autant, les inégalités  , la corruption et le copinage aussi, mais  les oligarchies du passé  savaient quelque part qu’elles étaient en  charge d’un peuple, que les rapports  des classes sociales n’ était pas entièrement antagonistes . Beaucoup  de leurs membres étaient  de sincères patriotes  , soucieux de l’intérêt général , notions qui  sont devenues aujourd’hui des gros mots dans le milieu décrit par Branco.

On peut même  aller  plus loin . A la rigueur  pourrait-on  pardonner  à  une oligarchie son  goût du lucre   si  au moins elle gérait les affaires  de manière  compétente. Mais c’est le contraire qui  arrive : la stagnation  de l’économie française , malgré ou à  cause des cadeaux répétés aux riches, le recul  du pouvoir d’achat d’une grande  partie des  Français , et tant d’autres dysfonctionnements  de l’administration et de  la société  françaises,  tout cela est le résultat  d’erreurs graves de gestion, dont tout le monde pâtit,    y compris les oligarques eux-mêmes.

Nous aurons toujours , sous une forme ou sous une autre, une classe  dirigeante, mais encore faudrait-il  , pour que les Français ne sentent pas trahis , qu’elle soit bonne à  quelque chose.  

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

   

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:14

https://www.bvoltaire.fr/macron-et-les-europeennes-une-victoire-a-la-orwell/

 

Il n’a pas fallu attendre longtemps après la proclamation du résultat des    européennes  pour que le chœur des  médias pro-gouvernementaux  ( presque tous) présente le résultat  comme une victoire  du président.

Ceux qui ne partagent pas ses orientations,  soit une large majorité des Français,   ne doivent pas être dupes : ce n’est nullement  là  une analyse objective de la situation  mais l’effet d’une opération de communication de type nouveau ,  fondée sur l’idée que , quel que soit le résultat effectif de la bataille, il suffit de claironner assez fort que  c’est une victoire  pour que ce soit une   victoire .

La médiatisation du monde , aux deux sens du terme : l’importance des médias  , de plus en  plus  uniformes,  et le fait que le contact avec les images  remplace le contact direct avec les  choses  rend ce genre d’opération possible .

George Orwell a  décrit un monde totalitaire  où  la propagande en arrive à imposer que    « la paix, c’est la guerre »,  « la liberté,  c’est l’esclavage ». Aujourd’hui,   «  la défaite , c’est la victoire  ».

Qu’en est-il au juste  ? Le seul sujet de  satisfaction  dont peut se targuer le pouvoir est d’avoir limité l’avance du Rassemblement  national à 0,9 %,  ce qui est moins que le triomphe  annoncé.

Hors  cela , on ne voit pas  de quoi pourrait se réjouir Macron : par rapport au premier tour des présidentielles, il a perdu 3, 5 millions de voix,  et encore une partie des voix de Fillon , 2 à 3  millions,  se sont-elles  entre temps  ralliées à lui , ce qui suppose que la désaffection de son électorat d’origine est encore plus étendue.  

Le RN a aussi perdu des  voix , mais moins : 2,3 millions et il en gagné 550 000   par rapport aux élections européennes précédentes.

 

1 Français sur 10

 

Le score de Macron en pourcentage , 22,4 % , soit 11, 2 %  des  inscrits est très faible pour un pouvoir en place . Il signifie qu’un  Français sur 10 seulement a voulu  voulu donner un satisfecit au président .   Cela correspond à peu près au fait que  80 % des automobilistes  donnaient  au début  du mouvement  des signes d’approbation aux Gilet jaunes ( au moins en province) .  Il n’y a pas là  de quoi chanter victoire. D’autant que  ce résultat comprend une grande partie de votes  légitimistes , ceux  de  gens qui votent  presque systématiquement  pour  le pouvoir en place, en particulier dans l’électorat âgé ou très âgé.  Compte tenu du comportement de  ces  électeurs, 20 % est le plancher quasi-incompressible en-deçà duquel  peut difficilement  descendre un président en exercice .  A comparer aux  60-70 % d’opinions  favorables des  nationaux : Poutine, Orban,  Salvini .

Néanmoins Macron  pense  avoir une base suffisante pour « continuer les réformes » . Et une partie de la bourgeoisie , notamment ceux qui sont  passés des Républicains à En marche,  réclame  « des réformes, des réformes » sans se demander si celles que projette Macron sont bonnes  ou pas. 

Gageons que même si Macron avait essuyé une défaite retentissante, il aurait quand même dit «  Je continue ». Il dit ça depuis six mois que la crise de Gilets jaunes a commencé.  C’est le propre des idéologues : rien ne les arrête, rien n’est susceptible de remettre en cause leur certitude que leurs idées sont bonnes et surtout pas un mouvement populaire  ou un désaveu électoral.

Mais si le peuple n’a exprimé rien  de  précis dans  cette élection sinon un bien faible enthousiasme pour le pouvoir  en place, il serait illusoire de croire   qu’il va laisser passivement  un pouvoir à la légitimité si faible, continuer comme si de rien n’était. Gageons que ceux qui se rallient à lui aujourd’hui  , notamment parmi les    Républicains,   n’en seront pas très fiers aux échéances du printemps  prochain.

 

Roland HUREAUX

 

 

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:12

 

https://www.causeur.fr/eelv-yannick-jadot-europennes-162331

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/L-illusoire-succes-des-ecologistes-aux-elections-europeennes

 

Une des surprises du récent scrutin européen aura été le succès inattendu de la liste  écologiste menée par Yannick Jadot. Avec 13, 5 %, elle arrive en troisième place devançant clairement les Républicains tombés  à 8,5 %.

Ce succès a eu des conséquence  sur le rapport gauche-droite , étonnamment déporté vers la gauche alors que chacun s’accorde sur l’idée qu’il y  a  aujourd’hui plutôt une droitisation de l’ opinion.  Le total des formations de gauche ( en y incluant En marche) atteint 54,91  %  des voix pour seulement 41,84 % pour la droite ( et  3,85 %  d’ inclassables,  tels les animaliers ).

Si on recense  les partisans de l’Europe de Bruxelles (LR inclus) , on arrive à 58,81 % des voix  contre 35,73 % seulement contre   – à comparer aux 55 % de Français qui avaient refusé  le traité constitutionnel en 2005, la  dernière fois  où  on les a consultés à ce sujet. 

Dans les deux cas, c’est le poids du vote écologiste qui fait la différence .

Il est d’autant plus nécessaire de  relativiser la portée de ce vote qui fausse l’image de la répartition  des forces politiques. 

A toutes le européennes, les écologistes font un bon résultat :   9,72 % en 1999;   7,41 % en 2004  ;   16,28 %  (  c’est Cohn-Bendit qui tire la liste) en 2009 ; 8,95 %  en  2014  - avec plus de 50 % d’abstentions ne l’oublions pas . En revanche leurs résultats aux présidentielles  sont généralement décevants:  5,25 en 2001 ( candidat :  Mamère)   ,  1,57 % en 2007 , 2,31 en 2012 ;  pas de candidat en 2017 ( ce qui a permis à Macron d’être au second tour ).  Clairement, les Verts représentent un vote défouloir dans une élection, l’élection européenne, que les Français ne prennent  qu’à moitié au sérieux,  mais dès qu’il s ‘agit de désigner celui qui les dirigera, ils se trouvent relégués au second plan. Il en est de même aux municipales   où les Verts représentent une force d’appoint pour la gauche  mais dirigent rarement les  mairies.

 

Pas d’autre choix

 

Ce n’est pas seulement pour se défouler que les Français ont voté   pour les Verts , c’est aussi parce  que certains n’ont pas eu d’autre choix.  Ne voulant pas donner un satisfecit au pouvoir en place,  ni voter au extrêmes , déçus par les partis de de droite, il  ne  leur en restait  que cette option. Une option qui  semble engager bien peu  :   un vote gentil en faveur  de gens qui se préoccupent de l’avenir de la planète et    de la  défense les petits oiseaux . C’est  généralement  le vote  d’une  gauche en désarroi . Et parfois même  d’une  droite tout aussi  perturbée : au dernier scrutin beaucoup de  gens qui votaient  habituellement LR ont, malgré la bonne mine de  Bellamy , voté vert.  Etait aussi en course une liste écologiste apolitique , celle du méritant  Dominique Bourg,  mais elle n’a attiré que 1,82 % des voix, le vote vert par excellence  restant  celui d’Europe Ecologie . Au fond , Jadot , c’est  le vote de ceux qui , quoique médiocrement intéressés par le scrutin, n’ont pas voulu s’abstenir.

Pour autant, cet était pas un vote indifférent.  C’est délibérément  que ceux qui ont voté Jadot , dont beaucoup  avaient voté  Macron à la présidentielle   se sont détournés de  lui. 

Contrairement à ce qu’on a pu dire  , ce n’était pas un  vote anti-gilet jaune   et en faveur de la  taxe carbone. Sur les ronds-points le problématique environnementale était présente : personne n’y remettait en cause le réchauffement de la planète , regrettant seulement que le pouvoir  fasse payer les contre-mesures aux classes populaires  et pas aux  grandes fortunes. 

C’est en ce sens que le vote vert a été porté par une grande illusion. Loin d’être un  vote gentil , c’est l’appui porté à une idéologie  qui recouvre bien plus que le souci de la nature  :  si Macron  est européiste et mondialiste, Jadot est encore plus européiste et encore plus mondialiste, au point que certains soupçonnent  que le thème du réchauffement climatique a été lancé pour favoriser l’établissement d’une gouvernance mondiale.   Or, c’est , confusément, le mondialisme que les Gilets jaunes ont rejeté en réclament plus de proximité ( le référendum d’initiative  populaire), et une augmentation du pouvoir d’achat ( le contraire de la politique d’austérité dictée à Bruxelles ) . Avec les Verts,  ceux  qui  ont voté    contre Macron auront  encore plus de Macron.  

Les Verts ( au moins ceux d’EELV) sont des idéologues sur  d’autres plans   : ultra-libertaires  certains envisagent la suppression de la famille, le retour à l’état sauvage en matière sexuelle. Les catholiques pratiquants, toujours tentés par ce qui  a l’air apolitique,  le savent-ils ? La plupart des écologistes , inspirés par les idées de Bill Gates, sont hostiles à toute idée de politique familiale afin de favoriser la  décroissance  démographique, l’attrition d’une humanité prédatrice et pollueuse. Hostiles à  tout souci de  perpétuation ou de puissance,  ils ne  sont pas effrayés par l’idée d’un grand remplacement  ou d’une immigration de masse.  Qu’en suivant cette voie, on assite au cours des prochaines décennies à la disparition des seuls peuples ( les Occidentaux) qui se préoccupent de l’avenir de la planète   , les autres s’en moquant, n’est  pas pour les inquiéter .  Etonnamment pour  des  partisans de la nature, la  plupart sont favorables à la fécondation artificielle et au mariage de même sexe. Même si tous ne sont pas sur cette ligne, le noyau dur  de l’idéologie écologiste est  bien un antihumanisme . Le caractère idéologique de l’écologie politique  se voit à son intolérance : alors  qu’une question comme celle du réchauffement  climatique devrait rester  ouverte  à un débat scientifique serein, elle  ne donne lieu plus lieu chez eux  et ailleurs qu’à des  anathèmes haineux.    

Aujourd’hui hui les Verts sont  euphoriques. Ivre de son succès, Jadot  a dit  se désintéresser d’avenir de la gauche , suscitant la réaction de Noël  Mamère, l’homme la vieille  garde gaucho-écolo, premier maire de France  à avoir  célébré un mariage homosexuel, alors illégal. Le plus probable est qu’aux prochaines municipales, face à un parti socialiste en perdition, les écologistes tenteront de se présenter sous  leur propre enseigne .   C’est alors   que les déconvenues pourraient venir.

 

Roland HUREAUX

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 20:08

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/L-antichristianisme-fondamental-du-projet-europeen

https://www.bvoltaire.fr/lantichristianisme-fondamental-du-projet-europeen/

 

L’entreprise européenne a longtemps porté avec elle ,  surtout dans le monde catholique,  un fumet  de bien-pensance . De  manière corollaire,   planait sur  ceux qui s’y opposaient  le soupçon d’ être de mauvais chrétiens. 

Bien-pensance : les Eglises  ont pris parti pour le oui chaque fois qu’il y a eu des référendums  sur  le projet européen ( 1992, 2005) , croyant faire entendre  là  la voix de la  raison.  Cela est vrai de la Conférence des Eglises européennes mais aussi de la  Conférence des évêques de France.  La presse catholique du courant principal  est à l’avenant.   C’est dans cette ligne que le  14 mai dernier,  le CECEF  (Conseil des Églises chrétiennes en France)  a publié un communiqué appelant à soutenir l’entreprise européenne aux prochaines  élections.

On invoque  les pères fondateurs, démocrates-chrétiens (et catholiques) tous les trois ; Adenauer, de Gasperi et Schumann . Le drapeau européen frappé des  douze étoiles d’or rappelle celles qui nimbent  la Vierge de l’Apocalypse .  De ce fait,  un homme  comme Charles de Gaulle, quoique catholique pratiquant,  se trouvait être  un  chrétien suspect du fait son opposition à  Bruxelles. Pour les mêmes raisons,   beaucoup de   laïcistes   se sont méfiés de la construction européenne.

 

Inversion des signes

 

Il est clair que ceux qu’inspirent encore ces vieilles lunes n’ont pas pris la mesure  de la véritable inversion des  signes qui s‘est produite  au cours des quarante dernières années :  tout se passe en effet comme si Bruxelles était devenue au contraire  le centre nerveux de l’antichristianisme en Europe.

On s’est longtemps contenté  de dire que l’Europe des Six  issue du traité de Rome ( lieu significatif) était dominée par les forces catholiques et que l’élargissement  y avait seulement  accru le poids du monde protestant et donc  anglo-saxon. Mais aujourd’hui la mutation est allée  plus loin.  En témoignent  le  refus d’inscrire les racines chrétiennes de Europe dans les textes constitutifs,  la propagande active en faveur  des évolutions libertaires les plus débridées , tant de la commission que du Parlement européen,  où la majorité social-démocrate et populaire est toujours prête à toutes les surenchères, le harcèlement des pays qui  leur  résistent.

Le  moment clef  de cette inversion fut sans doute  le rejet brutal de la candidature de Rocco Buttiglione  au poste de commissaire européen en 2004  [1]. Buttiglione n’était pourtant pas un fieffé réactionnaire : proche de Jean-Paul II, il l’est aujourd’hui du pape   François.

Ancien membre de la Cour des comptes européenne, Romain Rochas   a, au vu de son expérience des hautes sphères de l’Union , rompu avec l’européisme. Il vient de publier un  Livre noir de l’Europe[2] où il  révèle entre autres la profondeur  de l’antichristianisme des institutions européennes.

Si cela était nécessaire, on en verra la confirmation dans le récente réunion électorale qui s’est tenue à Varsovie en présence de Donald Tusk , président du Conseil européen en faveur de l’opposition européiste  au gouvernement polonais.   Y   ont été tenus ,  sans que Tusk les désavoue, des discours  d’ une  grossièreté  et d’une violence inimaginables à l’encontre de l’Eglise  catholique , laissant loin derrière tout ce qui pouvait se dire en France au temps du petit père Combes.

 

Le fait idéologique

 

Il faudrait de longs développements  pour  approfondir les raisons de cette mutation  qu’ a connue l’idée européenne au point d’être désormais associée à  l’antichristianisme   le plus  virulent .  Mais il est assez clair qu’elle est inséparable de la dérive idéologique de la construction européenne. Loin d’être un projet de coopération naturel  entre pays libres désireux de travailler ensemble, le projet européen est conçu aujourd’hui par ses  partisans  comme un projet messianique  d’abolition des frontières et d’arasement du fait national.  Il n’est pas seulement une réalité  politique mais une révolution destinée  à remettre en cause cette réalité anthropologue fondamentale qu’est le fait national.

L’expérience de siècle dernier  a montré que le fait idéologique, que ce soit le communisme ou  le socialisme national ( dit nazisme ),  est toujours allé  avec  une hostilité radicale au fait religieux, ce qui est normal dès lors qu’il se pose comme une Eglise  de  substitution.  Comment s’étonner qu’il en aille de même avec  la troisième  des grandes utopies, l’utopie mondialiste, dont le projet  européen n’est, de l’aveu de Jean Monnet lui-même , qu’une étape ?   Emmanuel Todd a montré comment l’engagement européen des élites françaises est parallèle à  leur déchristianisation,  la foi en  la monnaie unique ayant peu à peu remplacé chez elles  la foi au Dieu unique.

Il  est temps que ce qui reste de  croyants en France et en Europe ouvrent les yeux devant ce qui n’est pas  seulement un affadissement des convictions chrétiennes des Pères fondateurs mais à une véritable inversion  du rapport du projet européen   à la civilisation chrétienne  pour laquelle  il est devenu une véritable machine de destruction. 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

[1] Ce rejet  a d’ailleurs  suscité  un courant    de  méfiance vis-à-vis des institutions de Bruxelles au sein de la  Curie romaine, jusque-là favorable au projet européen.

[2] Romain Rochas, Le Livre noir de l’Europe, Ed. Sydney Laurent

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