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Roland HUREAUX

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 18:13

Il n’est pas possible de comprendre l’esprit de la Constitution du 4 octobre  1958 sans se référer à une confidence que le général de Gaulle fit une fois à un de ses proches « Si les hommes   sont mauvais , quelles que soient les institutions , les choses iront mal , mais il importe, pour le cas où viendraient au pouvoir des bons que la Constitution n’ empêche pas ceux-là d’agir »  .

Des hommes de qualité mais des institutions qui les empêchent de bien faire : le général pensait peut-être  à la  IVe République dont le personnel  était d’un niveau très supérieur à  celui d’aujourd’hui mis que le système paralysait.

Des hommes qui ne sont pas à la hauteur et une constitution qui semble inadaptée alors que ce sont eux qui le sont : cela ne nous rappelle-t-il pas précisément notre époque ?   N’est-il pas dramatique  que  les présidents élus plongent de manière systématique au-dessous de 30 % de popularité  au bout  de quelques mois ?  

C’est pourquoi, il est inutile de spéculer sur le changement  constitutionnel qui ferait  aller les choses mieux . Ceux qui en parlent sont d’ailleurs bien incapables de rattacher un quelconque problème de fond à telle ou telle disposition constitutionnelle  qui empêcherait de le résoudre  et ceux qui s’agitent en parlant d’une VIe République ne savent même  pas ce qu’ils  mettent derrière ce slogan,  sinon sans doute  un retour à la  IVe .

 

Révisions à tout va

 

Ce constat n’a pas empêché plusieurs  présidents  de réviser  à tout va la constitution, au risque de la  dénaturer , sans naturellement   améliorer quoi que ce soit , au contraire.  24  révisions au total : cet acharnement à changer les  règles du jeu  quand on vient  au pouvoir est à la mesure de la vulgarité des temps. La plupart des révisions, motivées  par les idées dominantes à un moment donné   ou des considérations de pure opportunité, subissent ce que Hayek appelle la loi des « effets contraires au but recherché » :  le quinquennat devait  renforcer le Parlement , il l’a affaibli , la session continue, de même. Une des rares bonnes idées de ces révisons à répétition : la nécessité d’une autorisation parlementaire des   opérations extérieures ( article 35) , n’est pas appliquée ;  quand a-t-on débattu au Parlement  de l’opportunité de fournir un appui militaire  Al Qaida, comme cela a été fait à partir de 2011 en Syrie ?  

Mais à un moment où notre  pays connait des  tensions graves  qui ne pourront sans doute  être réglées que par  un bouleversement   législatif de grande ampleur,    on peut se demander si une quelconque  médecine de choc est encore possible. En d’autres termes, un président qui voudrait réformer la France en profondeur  en aurait-il encore les moyens constitutionnels comme l’avait voulu le général de Gaulle ? Il est à  craindre que non : la plupart des révisions ou innovations jurisprudentielles ont tendu   à  limiter les pouvoirs de l’exécutif , comme s’il devait faire l’ objet d’une méfiance a priori . Citons l’extension  considérable  des pouvoirs du Conseil constitutionnel depuis l’entrée des grand principes dans le bloc de constitutionnalité par la décision du 16 juillet  1971 – due pourtant à   un gaulliste de la première heure, Gaston Palewski, jusqu’à  la  question préalable de constitutionnalité ( article 61-1)  instaurée par Sarkozy  , en passant par l’élargissement du droit de saisine par Giscard d’Estaing , la quasi obsolescence du référendum sur la base de l’article 11  , et surtout la limitation  du vote bloqué ( article 49-3).     Ajoutons à ces contraintes  les ingérences  croissantes  des juridictions internationales et européennes.

La Constitution  de la Ve République conserve certes  quelques vertus : il est arrivé au cours de années récentes à plusieurs pays d’Europe et non des moindres d’être sans   gouvernement : Allemagne, Italie, Espagne, Belgique ; pour le meilleur et pour le pire, pas à la France. 

Mais telle qu’elle est devenue,  la Constitution ne donne plus    les coudées franches  à un gouvernement qui voudrait enfin prendre à bras le corps les problèmes du pays. Le sentiment  d’impuissance qu’ont donné les derniers présidents, y compris ceux qui avaient  au départ l’air très décidés, s’explique en partie par cela.     

Pour qu’un jour la France puisse  être relevée , il ne faut surtout pas de nouvelle réforme constitutionnelle.  Ce qui est nécessaire est  de   revenir aux sources de la Ve République : la constitution de  1958,    corrigée en 1962  par l’élection du president au suffrage universel. Rien d’autre.  Pour y parvenir, une seule chose  à faire :  abroger d’un coup  tout ce qui s’y est rajouté  depuis. L’efficacité gouvernementale   y gagnerait beaucoup, le retour au septennat rendrait sa vraie place au Parlement. Que perdrait-on ? Entre les rajouts purement déclamatoires ou proclamatoires de toutes sortes qui n’ont pas leur place dans une loi fondamentale  : décentralisation, parité , francophonie,  langues régionales , environnement  et la dilution des pouvoirs que nous avons évoquée , il  y a au total peu à conserver de ces révisons qui, d’ un texte concis, clair et élégant ont fait un collage  laborieux, compliqué et opaque . Il se  peut qu’il n’y ait  pas d’autre moyen de redresser la France.

                                                            Roland HUREAUX

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 18:10

Un article non publié du début 2018 qui s'est avéré prémonitoire:

Après les mesures prises par Macron en  ce début d’année,

LA CHAPE DE PLOMB   S’APPESANTIT  SUR LA FRANCE  

Après un discours de vœux présidentiel assez plat, la rentrée a été inaugurée par trois coups de massue qui laissent pressentir  ce qu’est  la véritable nature du macronisme. 

D’abord une hausse sans précédent des tarifs publics : Fioul domestique + 36 %, Electricité =17 %, Forfait hospitalier : + 15 %, Cartes grises + 15%, Tabac + 10, %, Timbres + 10 % etc.

Toutes ces mesures vont frapper les classes populaires, d’autant qu’elles s’accompagnent d’une hausse de la CSG (+ 21,7 %) ciblée sur les personnes âgées. Or les  revenus, salaires et retraites,  stagnent, on le sait,  depuis de nombreuses années.

Peut-être certaines de ces hausses étaient-elles nécessaires, mais comment justifier celle  des frais bancaires de 23 % qui va peser principalement sur ceux qui ont  du mal à joindre les deux bouts. Il est clair que les banques qui comptent sur ces frais  pour rattraper certaines folies spéculatives ont été mieux entendues par l’ ancien banquier qui trône  à l’Elysée que ce que Christophe Guilluy appelle la « France   périphérique ». Pour tenir les déficits,  on cogne, à la grecque.

Il est probable qu’ avec ces coups  de matraque, la suppression promise de la taxe d’habitation, sera vite absorbée et au-delà. 

Va  dans le même sens, la décision d ’abaisser la vitesse limite sur route à 80 km/h et de renforcer toute une série de sanctions, comme  celles qui frappent l’usage du portable en voiture. Les amendes de stationnement  seront augmentées de 130 %, pas moins. Ces mesures sont d’ une utilité douteuse : elles vont sauver des vies , dit-on. Peut-être,  mais pourquoi pas instaurer la  vitesse-limite à 0 km/h pour avoir 0 accident  ? Le nombre d’accidents mortels a considérablement baissé depuis plusieurs années.  En tous domaines, la sécurité absolue, c’est la fin des libertés. Elle ne règne que dans les cimetières.

Mais est-ce vraiment pour améliorer  la sécurité  routière que  ces mesures  sont   prises ?   N’y  a-t-il pas là aussi la volonté de cogner, dans un domaine où la légitimité de règles de plus en plus sévères   et de sanctions de plus en plus lourdes est difficile à contester.  La sécurité routière est plus facile  à assurer que la sécurité tout court pour laquelle le gouvernement n’a aucun plan précis.  Il est plus facile de traiter en délinquant un  honnête homme qui roule à 85 km/h sur une route départementale que d’ attraper les vrais délinquants. Sarkozy en début de  mandat avait déjà usé de cette ficelle  en frappant fort  sur… les prostitué(e)s du Bois de Boulogne. Le discipline  routière  est une bonne école pour la discipline ou court : elle habitue le public à obéir à la manière forte .  Elle est comme la marche  au pas dans la cour de la caserne : exercice apparemment sans conséquence mais qui  habitue les conscrits à obéir sans murmurer.

La  troisième  mesure n’est qu’annoncée mais elle est encore plus  inquiétante : la volonté de contrôler les   fausses nouvelles  circulant sur internet  , particulièrement dans les réseaux sociaux . Ce projet ne concerne pas que les  périodes électorales : les pouvoirs du CSA d’ interdire l’octroi d’un canal  numérique seraient accrus  .  Mais en période électorale, la porte serait grande  ouverte , pour  demander au juge de dire le vrai  et le faux. L’immixtion de l’autorité judicaire dans le processus électoral est contraire à  toutes les traditions républicaines de notre pays. Macron a  été élu  grâce  à elle ( affaire Fillon) ;  il est visible que, se sentant quelque part vulnérable, il compte sur elle pour se faire réélire. Il  est vrai que la loi de 1881 sur la presse sanctionnait déjà  la diffusion de fausses nouvelles. Mais ni la police,  ni la justice n’avaient jamais fait de  zèle sur ce  sujet et cela concernait   la scène publique,  pas les correspondances numériques dont beaucoup ont une caractère privé. Dans un pays où près de 95 % des médias  soutiennent  le gouvernement  , comment ne pas voir  dans cette intention,  le projet d’une réduction totalitaire du dernier  espace de liberté qui demeure : la toile ?  Macron et Erdogan, même combat ?

 

Un gouvernement illibéral

 

Ainsi se précise peu  à peu l’imposition sur la France d’une chape de plomb  qui n’a rien à  voir avec l’allure décontractée  et branchée , soi-disant « libérale »,   que se donne le président. 

Chape de plomb  que l’on observe déjà dans d’autres domaines : l’étouffement progressif des  collectivités locales par la diminution des dotations, la quasi disparition de l’ opposition au sein d’ une Assemblée aux ordres où la majorité  n’a , faute de compétence et d’ancrage local, pas les moyens de contrôler le pouvoir.   

Si  les Ordonnances travail accroissent quelque peu la liberté  des  patrons ( on s’en aperçoit avec la vague de licenciements qui en a été l’effet immédiat) , elles rendent une partie de la population plus vulnérable et donc plus malléable. Ces textes prétendus  libéraux  contiennent  au demeurant quelques  dispositions également dangereuses pour les libertés : si, comme il est normal, les indemnités de licenciement décidées par les tribunaux sont désormais plafonnées, elle se le sont pas s’il est possible d’alléguer une  discrimination quelconque (femmes, non-blancs, musulmans, homosexuels etc.). Le règne du politiquement correct  judicaire n’est pas près de se terminer  : on  s’en rend d’ailleurs compte   au vu  des décisions les plus récentes.

La politique de Macron a bien peu à voir avec le vrai libéralisme. Les décisions fiscales : l’ exonération de l’ISF des seules  très grandes fortunes, financières, la suppression de la taxe  d’habitation,  vont prendre en sandwich les classes moyennes , déjà écrasées mais seules à  même de compenser les pertes de recettes. Il est déjà  question d‘un super impôt foncier  dont seraient exonérés les investisseurs étrangers ou d’augmenter la taxe foncière, déjà très lourde dans beaucoup de communes . N’est ce pas la liberté qu’on veut écraser en prolétarisant   les couches  intermédiaires  instruites et enracinées, à même donc  d’avoir quelque sens critique ? L’Empire romain finissant n’ avait pas procédé autrement : une population accablée d’impôts glissant peu à peu dans le servage , à l’exception des très fortunés, la ruine  des classes moyennes,  un encadrement quasi-totalitaire des  populations.  

Ne nous sera même pas épargnée la suite du grand remue-ménage des structures    locales, parfaitement inutile et probablement coûteux : il est bien connu que  les animaux de laboratoire dont on bouleverse sans cesse les repères  territoriaux deviennent amorphes ! 

Fort peu libérale est aussi l’absence dans le gouvernement actuel   de la moindre velléité de réduire  les  dépenses  publiques, qui atteignent déjà le record mondial, sauf les dépenses régaliennes (armée, justice), les seules auxquelles il ne faudrait  pas toucher. Comme Hollande, Macron a l’intention de respecter les critères  de la zone euro : moins de 3 % de déficit, sans toucher aux dépenses sociales.  Il ne lui reste qu’à augmenter les impôts : scénario connu.

Ne nous y trompons pas : la plupart de ces mesures ont été imposés de l’extérieur, en particulier de  Bruxelles. En moins grave pour le   moment, le  traitement qui est appliqué à  la France ressemble à celui, totalement inhumain, que l’Union européenne inflige à la Grèce.  

Derrière une diplomatie virevoltante (et non exempte de  bourdes ), il y a la volonté de renforcer  une Europe supranationale qui ne pourra être qu’ allemande : la chape de plomb d’une discipline monétaire et financière, l’intolérance à la dissidence, l’ouverture  à  une immigration sur laquelle on compte à  la fois pour payer les retraites  et affaiblir  les traditions nationales. On peut y ajouter la tendance déjà  vieille de plusieurs décennies d’appliquer tous les règlements  à la lettre sans cette flexibilité qui faisait le charme des pays latins.   Même si  le gouvernement  de  Berlin est pour le moment  en crise, l’esprit  est là.

Dans la plupart des  domaines, les logiques  technocratiques, les mêmes qui depuis longtemps suscitent l’exaspération  des Français : réduction du nombre des  communes, urbanisme de plus en plus contraignant, multiplication des vaccins   obligatoires, installation d’éoliennes, réformes de l’Etat démoralisantes,   ne sont pas remises  en cause  mais seront renforcées. Pour les bureaux qui les promeuvent, l’exaspération que la plupart de ces logiques suscitent chez les Français ne sont pas interprétées  l’expression légitime d’une autre rationalité qu’il convient de prendre en compte  mais comme une résistance irrationnelle qu’enfin la conjoncture  politique permet de briser.    L’Education   nationale sera-t-elle l’exception ?  On demande à voir.

Si le mesures  qu’a prises ou  ou s’apprête à  prendre le présent gouvernent, ne suscitent pas de réaction significative, il est à craindre que notre pays ne s’enfonce peu à peu dans un nouvel un âge de fer où l’esprit de liberté qui l’a longtemps caractérisé ne serait  plus qu’un souvenir.

 

Roland HUREAUX

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 18:07

Augustin Cochin, La machine révolutionnaire, Œuvres , préface de Patrice Guenifey , textes réunis, présentés et annotés  par Denis Sureau,  Tallandier.

Paru dans la revue Commentaire n°164, hiver 2018-2019

 

Ce n’est évidemment pas l’histoire officielle  laquelle,   de Michelet  à  Soboul en  passant par Aulard et Mathiez , a célébré  la gloire de la Révolution française, qui pouvait  nous aiguiller vers les études d’Augustin Cochin sur le même sujet.  Pas davantage les historiens contre-révolutionnaires   qui , tel Gaxotte, en sont restés à une approche  littéraire  de l’histoire.

C’est François Furet qui l‘a tiré de l’oubli  où il était tombé. C’est  Taillandier qui s’est récemment risqué à publier ses œuvres  principales .

Une des grande originalités d’Augustin Cochin, mort prématurément  en 1916, c’est que tout  en ayant un point de vue clairement contre-révolutionnaire, il étudie la Révolution avec une culture « moderne » :  il est  chartiste certes  mais aussi philosophe et sociologue .  Il n ’hésite pas à faire    appel à Durkheim ou Lévy-Bruhl pour comprendre ce qui  s’est  passé. Bref un homme de droite  intelligent, apte à croiser les cultures,  ce qui n’est  pas si fréquent. Comme son père, il s’est tenu à l’écart de l’Action française, peut-être parce qu’il était  plus subtil  que Maurras. 

Fils d’un député de centre-droit de la IIIe République ,  vivant dans une honnête aisance , il était,   avec beaucoup de  conviction mais dans la discrétion,  catholique.  Il en est mort : de multiples blessures l’auraient fondé à rester chez lui comme le lui conseillait sa famille. Il demanda au chauffeur de  son père de le conduire une dernière fois au front  car il considérait qu’ il  était du devoir de la bourgeoisie  de partager jusqu’au bout   les épreuves du peuple. Il n’en revint pas. Il fut incontestablement    un chercheur , parcourant la Bourgogne avec son automobile – à une époque où il n’y avait évidemment pas de routes goudronnées -  allant de village en village à la recherche des  sources. Il était en même  temps un philosophe de l’histoire.  

Parmi ses idées les plus originales, le rôle de sociétés de pensée ( maçonniques ou pas) dans  l’avènement et le développent de la Révolution  française. Analyse  sociologique d’abord :  il montre comment ces sociétés  qui se multiplièrent à partir de 1770, préparèrent – pour ne pas dire manipulèrent -  les élections aux Etats-généraux, puis se trouvèrent être  par  épurations successives le moteur principal de l’accélération du processus révolutionnaire jusqu’à  thermidor. Pour Cochin, comme pour Burke, 1794 est déjà en puissance  dans 1789 et même 1788.

Analyse philosophique surtout .  Cochin récuse toute théorie du complot ; il démonte le fonctionnement  de   ces sociétés ,  fondées au départ sur une libre  discussion sans prétention à l’application pratique,  ce qui les  conduisit à l’abstraction théorique,  et qui se trouvèrent  amenées peu à peu à mettre  ces idées en œuvre  sans renoncer  pour autant à leur abstraction.  La résistance du réel , nécessairement complexe, aidant , les hommes de ces sociétés  , la principale étant le Club des Jacobins,  en  tous les cas ceux qui n’avaient  pas été jetés du train  en route,    furent   conduits à imposer leurs schémas abstraits  par la terreur.

Augustin Cochin n’ emploie pas le mot idéologie, mais c’est  très précisément le processus idéologique qu’il décrit avec une rare sagacité  quarante ans avant Hannah Arendt . En étudiant cet évènement  emblématique que fut la Révolution française, Cochin nous initie à un de phénomènes les plus pervers qui aient marqué la modernité, phénomène dont  nous ne sommes peut-être pas autant sortis que nous pensons.

 

Roland HUREAUX

 

 

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 18:06

« La paix, c’est la guerre » dit un personnage d’Orwell, illustration du mensonge totalitaire.

Il faut se référer à ce genre d’oxymore pour comprendre le malaise qu’ont  laissé à beaucoup les cérémonies pompeuses organisées par le president Macron le 11 novembre devant 72 chefs d’Etat et de gouvernement qui n’ont  sûrement pas été  dupes de cette mise en scène. 

Fête de  la victoire sur l’Allemagne, la cérémonie est devenue une célébration de la paix, le président français mettant  la chancelière  allemande  Angela Merkel à l’honneur.   La cérémonie , jadis militaire , a été démilitarisée. Un forum de la paix a été monté. Comme on s’y attendait, le président a administré à ses collègues venus du monde entier un préchi-prêcha  pour la paix

Tout cela se situe, c’est  là   que l’affaire est diabolique, à l’opposé de ce que fait en réalité Macron.

D’abord les invités . Paul Kagame , président du Rwanda , nouvel  ami du  président   a fait assassiner , selon le Haut-Commissariat aux réfugiés , plus de quatre millions de personnes   au Congo et continue , comme nos amis congolais le   savent,  à jeter le trouble  dans ce pays. Erreur ou perversité ?   Hashi Taçi , president du  Kosovo,  est mis à l’honneur au prix d’une humiliation  du président de la Serbie,  pays martyr et allié de la France dans les  deux  guerres mondiales ; le kosovar est  , lui,   accusé d’avoir organisé  lors de la guerre de 1999 un   trafics d’organes   de prisonniers .

 

Macron tente de prolonger la guerre de Syrie

 

Ensuite les actes. En Syrie, une guerre atroce se termine à l’immense soulagement des populations ,  Trump envisage , en accord avec Poutine, d’en  retirer ses troupes : Macron augmente les effectifs français pour les   remplacer !  Cela en violation du  droit international puisque les Français, pas plus que les Américains,  ne sont là  chez eux, mais aussi au risque de relancer le conflit . A Bruxelles, Macron freine  le retour de la Syrie à la normale : levée des sanctions et  retour des  réfugiés,  tout  le monde se demande  pourquoi  sinon qu’il  est proche du camp belliciste Obama-Clinton ,  amer d’avoir perdu la guerre et qui ne renonce pas à   l’espoir de remettre ça.

Au  Yémen, Macron a dépêché des forces  spéciales dans le camp  de l’Arabie saoudite dont nous sommes un des principaux fournisseurs d’armes et dont il apparait de plus en plus qu’elle commet dans ce malheureux pays   des crimes de guerre.  

La paix du monde   dépend   d’abord des relations  entre Trump et Poutine, chacun à la tête d’immenses arsenaux nucléaires.  Ils auraient  voulu  se voir en tête à tête  à Paris.  Le protocole de l ’Elysée et le Quai d’Orsay  ont tout fait pour les en empêcher. Une telle rencontre  aurait porté ombrage à  Jupiter.

Les Français ayant abandonné la Centrafrique, les Russes y ont pris leur place et s’attachent à  pacifier le  pays. Dépité,  Macron tente à présent de leur mettre des  bâtons dans les roues.   

Le président français  est en  froid avec les présidents américain et russe, rien que ça !  Il   s’est  en plus  mis à  dos des amis  traditionnels de la France  :  la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie, l’Autriche et un partenaire  de toujours,  l’Italie. Il n’a rien fait pour faciliter le Brexit, au contraire . Il se met en revanche dans les bras de  d’Allemagne , jusqu’ à  rêver d’une armée continentale  qui ferait  face à  l’armée russe  qu’il déclare  maladroitement notre ennemie  . Cela nous rappelle des souvenirs : cette armée européenne dont il rêve, serait-ce la   Légion Charlemagne ?  

Tout cela  pour réaliser son utopie : une Europe supranationale dont les conditions  ne sont pas près d’être réunies : une Europe pour laquelle il est prêt à brader  à  nos voisins allemands l’essentiel de nos   industries   de défense , et même  à partager la force de dissuasion , avec  le  siège au conseil de sécurité en prime.

Incapable de jamais remettre en question , ne serait-ce que d’un iota, ce que ce premier de la classe a appris à  Sciences po, il pense  comme tout le monde que c’est la construction européenne qui a apporté  la paix en Europe. Il n’a évidemment pas compris , lui qui n’a qu’une culture historique superficielle, qu’elle  résulte d’abord du fait qu’il y a deux puissance nucléaires  sur le continent et rien que deux   : la France et la  Russie ; remettre en cause ce statu quo serait criminel, ce serait courir le risque de   détruire un jour la paix en Europe.

Dans le genre gauche morale, le président   Obama , Prix Nobel de la  paix avait montré  le chemin en déclenchant   pas moins de quatre guerres qui, sans lui ou sans sa secrétaire d’Etat  Clinton,  n’auraient pas eu lieu  . Macron est à l’avenant.

Cet homme est dangereux : il  parle de paix mais il est un danger pour paix.

 

Roland HUREAUX

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 18:02

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Comment-Macron-excite-le-ressentiment-des-Francais-vis-a-vis-des-Allemands

 

Macron voudrait raviver le ressentiment des Français vis à vis des Allemands qu’il ne  s’y prendrait pas autrement.

Au  centième anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918,  frustrer les Français du souvenir de ce qui fut une de leurs  plus  grandes victoires, cela,  dit-on,  pour  ne pas  vexer Angela Merkel, ne peut que susciter une vive déception, spécialement dans les armées écartés de manière vexatoire de la célébration. C’est en même temps une injure faite à nos ancêtres  qui se sont si bien battus dans les tranchées.

Rappelons que l’année 1918 fut celle d’une authentique victoire française. Contrairement à ce que l’on nous dit trop souvent ,  l’apport américain, important  pour le moral,  vint trop tard pour influencer militairement l’issue des combats. Les Anglais qui avaient fait d’immenses sacrifices   dans les années  antérieures  étaient épuisés.  Il y avait  d’un côté toute  l’armée française et de l ’autre  toute l’armée allemande, les divisions du front russe ayant  été rapatriées sur le front ouest.  Rien d’autre ou presque. Une épreuve historique unique, comme dans un champ clos.   Et nous avons gagné. Grâce aux chars, grâce au courage de nos soldats, grâce à l’admirable coordination de nos  grands chefs : Foch  , Pétain,  Mangin , Fayolle, Castelnau et tant d’autres.    

Ce rappel était d’autant plus nécessaire que jamais comme aujourd’hui , les Français n’ont eu autant de complexes vis  vis des Allemands . Le souvenir de la défaite de 1940 est dans cesse ressassée  alors que celui  de la  victoire de juillet  1918  ( le mois décisif) est occulté.

Ces complexes sont entretenus par une oligarchie qui cultive plus que jamais le mépris de  son peuple , lui trouvant un alibi  dans la supposée   bonne gouvernance   des Allemands  -  surestimée généralement.  

Ils  trouvent  une de ses  causes  dans l’euro  , lui-même produit   de ce complexe, lequel, tel qu’ il a été géré par les uns et par les autres,   pèse comme un lourd handicap sur  notre économie , nous empêchant de faire jeu égal avec notre voisin.

 

 

La paix , c’est l’équilibre

 

Nous sommes là  très loin de l’amitié franco-allemande telle qu’elle avait été  instaurée par le général de Gaulle  et Adenauer et   qui ne pouvait se concevoir que sur  une  base  égalitaire.  Le suivisme et l’assujettissement  de la France  que pratique  Macron  est aux antipodes . Rien ne sert de dénoncer Pétain  , au point de refuser d’évoquer  son rôle dans la première guerre mondiale,  si c’est  pour se mettre à la remorque de Berlin  avec une servilité comparable à  celle du régime de Vichy .     Au moins nul ne doute que  le vieux maréchal, dont beaucoup pensent  qu’il s’égara sur une voie sans issue,  aimait la France. On en est moins certain avec l’actuel chef de l’Etat.  

En tout temps et en tous lieux, la paix c’est l’équilibre .  Il ne saurait y avoir de vrai partenariat franco-allemand sur  une autre base .  Notre supériorité miliaire a longtemps équilibré  la supériorité économique allemande.   Cet équilibre est depuis longtemps rompu.  Macron avait , en ce 11 novembre 1918, l’occasion  , au moins de manière symbolique,   de le  rétablir. Le rappel de ce qui s’est vraiment  passé en 1918 aurait   pu contribuer   à exorciser nos complexes. Le président n’ a trouvé au contraire là  qu’une nouvelle occasion de les humilier.  

Quoique les Allemands  n’y soient probablement pour rien, c’est à eux que les Français  en voudront . Le projet caressé à l’Elysée   de partager avec l’Allemagne la force de dissuasion française, laquelle, bien plus que le traité de Rome est le vrai garant de la paix en Europe, ne peut que les exaspérer un peu plus.  Loin de rapprocher Français  et Allemands, le président n’aura fait qu’aigrir leurs rapports   !

 

Roland HUREAUX

 

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18 novembre 2018 7 18 /11 /novembre /2018 13:03

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Comment-Macron-excite-le-ressentiment-des-Francais-vis-a-vis-des-Allemands

 

Macron voudrait raviver le ressentiment des Français vis à vis des Allemands qu’il ne  s’y prendrait pas autrement.

Au  centième anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918,  frustrer les Français du souvenir de ce qui fut une de leurs  plus  grandes victoires, cela,  dit-on,  pour  ne pas  vexer Angela Merkel, ne peut que susciter une vive déception, spécialement dans les armées écartés de manière vexatoire de la célébration. C’est en même temps une injure faite à nos ancêtres  qui se sont si bien battus dans les tranchées.

Rappelons que l’année 1918 fut celle d’une authentique victoire française. Contrairement à ce que l’on nous dit trop souvent ,  l’apport américain, important  pour le moral,  vint trop tard pour influencer militairement l’issue des combats. Les Anglais qui avaient fait d’immenses sacrifices   dans les années  antérieures  étaient épuisés.  Il y avait  d’un côté toute  l’armée française et de l ’autre  toute l’armée allemande, les divisions du front russe ayant  été rapatriées sur le front ouest.  Rien d’autre ou presque. Une épreuve historique unique, comme dans un champ clos.   Et nous avons gagné. Grâce aux chars, grâce au courage de nos soldats, grâce à l’admirable coordination de nos  grands chefs : Foch  , Pétain,  Mangin , Fayolle, Castelnau et tant d’autres.    

Ce rappel était d’autant plus nécessaire que jamais comme aujourd’hui , les Français n’ont eu autant de complexes vis  vis des Allemands . Le souvenir de la défaite de 1940 est dans cesse ressassée  alors que celui  de la  victoire de juillet  1918  ( le mois décisif) est occulté.

Ces complexes sont entretenus par une oligarchie qui cultive plus que jamais le mépris de  son peuple , lui trouvant un alibi  dans la supposée   bonne gouvernance   des Allemands  -  surestimée généralement.  

Ils  trouvent  une de ses  causes  dans l’euro  , lui-même produit   de ce complexe, lequel, tel qu’ il a été géré par les uns et par les autres,   pèse comme un lourd handicap sur  notre économie , nous empêchant de faire jeu égal avec notre voisin.

 

 

La paix , c’est l’équilibre

 

Nous sommes là  très loin de l’amitié franco-allemande telle qu’elle avait été  instaurée par le général de Gaulle  et Adenauer et   qui ne pouvait se concevoir que sur  une  base  égalitaire.  Le suivisme et l’assujettissement  de la France  que pratique  Macron  est aux antipodes . Rien ne sert de dénoncer Pétain  , au point de refuser d’évoquer  son rôle dans la première guerre mondiale,  si c’est  pour se mettre à la remorque de Berlin  avec une servilité comparable à  celle du régime de Vichy .     Au moins nul ne doute que  le vieux maréchal, dont beaucoup pensent  qu’il s’égara sur une voie sans issue,  aimait la France. On en est moins certain avec l’actuel chef de l’Etat.  

En tout temps et en tous lieux, la paix c’est l’équilibre .  Il ne saurait y avoir de vrai partenariat franco-allemand sur  une autre base .  Notre supériorité miliaire a longtemps équilibré  la supériorité économique allemande.   Cet équilibre est depuis longtemps rompu.  Macron avait , en ce 11 novembre 1918, l’occasion  , au moins de manière symbolique,   de le  rétablir. Le rappel de ce qui s’est vraiment  passé en 1918 aurait   pu contribuer   à exorciser nos complexes. Le président n’ a trouvé au contraire là  qu’une nouvelle occasion de les humilier.  

Quoique les Allemands  n’y soient probablement pour rien, c’est à eux que les Français  en voudront . Le projet caressé à l’Elysée   de partager avec l’Allemagne la force de dissuasion française, laquelle, bien plus que le traité de Rome est le vrai garant de la paix en Europe, ne peut que les exaspérer un peu plus.  Loin de rapprocher Français  et Allemands, le président n’aura fait qu’aigrir leurs rapports   !

 

Roland HUREAUX

 

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15 octobre 2018 1 15 /10 /octobre /2018 19:51

 

 

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Attaques-chimiques-en-Syrie-des-ficelles-de-plus-en-plus-grosses

http://www.magistro.fr/index.php/template/lorem-ipsum/de-par-le-monde/item/3461-attaques-chimiques-en-syrie

« Vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres » ( Matthieu 24, 6) . La  guerre de Syrie semblait tirer  à sa fin. Or  des   rumeurs de guerre inquiétantes en viennent encore.

Il y aurait bientôt une  nouvelle  attaque  chimique  de Bachar-el-Assad . La riposte est prête : le forfait n’est  pas encore commis mais la punition se prépare déjà :   le destroyer US The Sullivan armé de   56 missiles de croisière, est arrivé  dans le Golfe persique, et le bombardier de l’US Air Force B-1 B avec 24 missiles de croisière Air-sol a été acheminé vers la base aérienne de al-Udeid  au Qatar.

Et pour être sûr  qu’il  aura   quelque chose à punir,    huit chars contenant de la chlorite auraient été acheminés vers le village de Halluz, dans la province d’Idlib, le principal réduit djihadiste encore  hors du contrôle du gouvernement syrien , où un groupe des militants spécialement entraînés par la compagnie militaire privée américaine Olive  a  été déployé afin de simuler le sauvetage de victimes d’une attaque chimique   

Cette opération, disent les Russes, a été planifiée par les services de renseignement britanniques pour justifier une frappe aérienne imminente visant l’infrastructure syrienne civile et militaire.

Certes la source principale est russe . Mais d’autres informations semblent la confirmer :  Macron , qui est une maillon important de la machine de propagande occidentale  a, dans son  dernier discours devant les ambassadeurs réunis à Paris repris ses attaques contre   Assad : son maintien au pouvoir serait, selon lui,  une « erreur funeste » . Mais de  quoi se mêle-t-il donc ? Même au temps de la  colonisation ,  que le même   Macron dit  avoir été un crime ,  la république ne décidait pas de qui devait être le roi du Maroc. Elle a essayé une fois, mal lui en a pris.

Macron avait semblé un moment devenir plus réaliste. Ce durcissement est significatif de quelque chose, probablement  d’une  nouvelle attaque contre à Syrie. La voix de son maître.

 

Mise en garde de Poutine

 

Quel  intérêt auraient au demeurant les Russes de  faire circuler ce genre de rumeur  si elle  n’était pas fondée  ?  Poutine  a mis   en garde les Etats-Unis contre la tentation de frapper une nouvelle fois la Syrie,  mais s’il n’en était pas tenu compte  « jusqu’où abusera-t-on de sa patience ?  » .

Près d’Idlib  où l’attaque chimique est planifiée , pas par les Syriens mais par l’OTAN ,  une attaque analogue avait été imputée  à l’armée syrienne  à Khan Chekroun  le 4 avril 2017.  En représailles, les Etats-Unis  avaient  largué 49 missiles Tomahawk ( dont chacun représente presque une bombe atomique) sur un aéroport syrien vide.  Quelques  mois plus tard , le général James Mathis, secrétaire d’Etat à la Défense de Trump devait avouer dans Newsweek[1], que le Pentagone n’avait  aucune preuve de l’implication d’Assad dans une  attaque chimique.

Nouvelle  utilisation présumée de  gaz le 7 avril 2018  dans le faubourg  de la  Douma près de Damas que  pourtant Assad finissait de reprendre aux    djihadistes. Même  tollé . Cette fois  110 missiles  ont été lancés par les Américains , les Anglais et les Français. Une mission de l’OIAC l’Organisation internationale nationale contre les armes chimiques est arrivée ensuite pour  dire qui était responsable. Elle n’a pas vraiment conclu.

Errare humanum est :  pour tous ceux qui l’ont suscitée,   la guerre de Syrie fut une erreur. Perseverare diabolicum ;  c’est bien à une entreprise diabolique que nous avons  affaire aujourd’hui  . Il y  a des deux côtés de l’Atlantique  des hommes  – et Macron n’est  pas le moindre -  , qui ne  se resignent pas à avoir perdu la guerre de Syrie, à ce que le président Assad reste en place alors qu’ils n’ont cessé de répéter qu’il allait tomber. Qui aurait cru que pour tenter encore leur chance de renverser la situation , ils auraient recours  une ficelle aussi usée ?

Quel serait  donc  l’intérêt d’Assad qui a pratiquement gagné  la guerre  d’utiliser ce genre d’armes que dès 1918 on trouvait  peu efficace. Il faut dire que l’absurdité même  de l’accusation  alimente la propagande de l’OTAN : comment Assad peut-il être assez  monstrueux pour  se servir  de gaz ( contre des enfants – nous verrons que le principales victimes seront des enfants, le b a ba de la propagande de guerre ! ) alors que ça ne lui sert plus  à  rien ? Non seulement  le crime est douteux, mais  il n’y a pas de mobile.  

Comment pourrions-nous être assez stupides pour  croire encore à ces   balivernes ?

 

Roland HUREAUX  

 

 

 

[1] Newsweek,  8 février 2018, article de Ian Wielkie

 

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9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 18:10

 

http://www.bvoltaire.fr/americains-europeens-ne-doivent-se-tromper-de-champ-de-bataille/

 

L’Europe s’indigne des mesures protectionnistes que vient de prendre le président Trump,  ou des menaces qu’il profère à son encontre suite à son retrait de l’accord avec l’Iran,  et elle a raison.

Il se pourrait cependant qu’elle ne choisisse pas le bon terrain d’affrontement.

Il est clair que les mesures protectionnistes de Washington,  en particulier celles qui concernent l’acier et l’aluminium,  provoquent un concert de protestations bien plus important que  le diktat qui impose aux entreprises européennes, sous peine de graves représailles , de cesser tout commerce avec l’Iran.

Il nous semble pourtant que ce dernier est plus  scandaleux et que c’est lui    qui devrait  indigner le plus l’opinion européenne.

Il n’y a rien d’illégitime à ce  que les Etats-Unis veuillent pratiquer un certain protectionnisme : certes les accords du GATT, devenu OMC, ont tendu  à le faire reculer depuis 1945 mais il demeure  un des instruments légitimes de souveraineté dont dispose un Etat  pour protéger son économie. Les motivations de Trump sont en l’occurrence  respectables : redonner du travail aux  ouvriers américains, redresser la balance du commerce, maintenir des  secteurs stratégiques (que nous, nous délaissons). L’impact du libre-échange est discutable : de moins en moins d’experts y voient la panacée de la croissance.

Beaucoup moins légitimes sont les  suites du retrait de l’accord nucléaire iranien par les Etats-Unis : décision  imposée unilatéralement à  leurs  partenaires, elle heurte gravement le droit international. L’extraterritorialité de la justice américaine représente  un danger grave pour la souveraineté des autres Etats et leurs intérêts économiques, comme on l’a  vu avec l’affaire  Alstom : cette entreprise stratégique n’a pu passer sous contrôle américain que grâce  à la lourde amende  infligée par un tribunal américain dans une  affaire   qui ne s’était pas passée sur le sol des Etats-Unis.

Une  riposte claire et forte à l’encontre de ces pratiques  nous parait plus urgente  que les criailleries relatives à   l’acier et à  l’aluminium.

 

Une inversion des valeurs

 

Hélas le pays  européens, prisonniers de  l’idéologie mondialiste  en  sont arrivés à  une véritable inversion les valeurs. Les mesures protectionnistes de Trump choquent l’idéal  de libre-échange universel qui se trouve au cœur  de la pensée dominante occidentale depuis des lustres. Elle constitue à leurs yeux une faute grave, une remise en cause d’ordre  mondial. Au contraire, les mesures prises  l’encontre de l’Iran que les Etats-Unis obligent les Européens à suivre  malgré eux,  ne touchent que leur souveraineté ; elles  s’inscrivent au demeurent dans un conflit proche-oriental que  beaucoup, même de ce côté-ci de l’Atlantique,  voient   comme une lutte du bien contre le mal, d’un certain universalisme à l’encontre du particularisme  iranien.  Anesthésiés par le dépassement du cadre national,  européen ou globaliste, ils prennent pour  grave ce qui ne l’est pas et pour  normal ce qui devrait les indigner le plus.

Les intérêts lésés par les sanctions contre l’Iran sont des plus sérieux  : les menaces américaines conduisent à la suspension des projets de   Peugeot et de  Renault, à l’ annulation des commandes d’Airbus, au  retrait de Total et d’Engie, soit  un préjudice considérable pour l’économie française. L’économie allemande est également touchée à travers  Siemens et ses banques. Mais peut-être moins que l’économie française. Au contraire le protectionnisme américain touche plus l’économie allemande.  Cette dissymétrie ne suffit cependant pas à expliquer la réaction européenne.  Il reste qu’il est  dans l’intérêt de la France   de renverser les perspectives pour  mette la question iranienne au centre du débat, quitte à se monter plus flexible sur les mesures protectionnistes prises par Trump.  

 

Roland HUREAUX

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9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 18:09

LES SANCTIONS AMERICAINES CONTRE L’IRAN SONT UNE EPREUVE DE VERITE POUR L’EUROPE

 

https://www.iveris.eu/list/notes_danalyse/348-sanctions_americaines_contre_liran_une_epreuve_de_verite_pour_leurope

 

L’annonce du retrait des Etats-Unis   de l’accord sur le nucléaire (Joint Comprehensive Plan of Action ou JCPoA), signé par Obama le 14 juillet 2015, levant les sanctions à l’égard de l ’Iran en échange du gel de son programme d’armement nucléaire ne saurait nous surprendre dans son principe : il est la réalisation d’une promesse de campagne. On est cependant étonné par sa brutalité et la première victime pourrait en être non l’Iran mais l’Europe.

L’Iran, ou nous nous trouvions le jour de l’annonce par le président américain, prend cette décision avec philosophie. La vérité est qu’elle ne change pas grand-chose à la situation de ce pays.

Il subit les sanctions américaines depuis bientôt quarante ans.  Celles de l’Europe datent de 2006, mais ni les unes ni les autres n’avaient   vraiment été levées depuis 2015 en raison de la frilosité des entreprises et des banques devant l’intimidation du gouvernement américain.   Depuis plusieurs années déjà l’économie   iranienne s’est réorientée   vers l’Asie :  la Chine est le principal client du pétrole iranien et on peut presque tout lui acheter. Cela n’est pas forcément conforme à ce qu’auraient souhaité une partie des Iraniens, au fond très tournés vers l’Occident, mais sur le plan économique, rien ne change pour eux.

Au vu des statistiques, la véritable sanction de ces dernières années a été l’effondrement du prix du pétrole. Les 2/3 des exportations du pays sont composés d’hydrocarbures ou de produits dérivés. Avec le relèvement actuel des cours, la croissance iranienne a repris.

Rappelons-le :  les Iraniens contrôlent   les premières réserves de gaz du monde[1] , réserves qui n’ont été découvertes qu’à une date récente. Ils ont aussi les troisièmes réserves pétrolières de la planète et l’Iran est, malgré les sanctions, le 6e producteur.  

 

Un défi pour l’Europe

 

De fait la première victime des sanctions américaines pourrait bien être l’Europe de l ’Ouest.  Peut-être en était-elle même sa première cible.

40 % des voitures d’Iran sont encore des Peugeot, mais pour combien de temps ?  Peugeot y avait, après l’accord sur le nucléaire, projeté   la construction d’une nouvelle usine ; pourra-t-elle se faire ?  Renault avait un projet identique. Total et Engie (GDF) ne pouvaient se désintéresser d’un pays qui possède d’immenses réserves d’hydrocarbures. Engie a déjà déclaré forfait. Airbus avait signé un marché pour 100 avions : que va-t-il devenir ?

Du côté allemand, Siemens, Daimler et les banques étaient engagés : depuis 2015, les exportations allemandes vers l’Iran commençaient à reprendre.  

Autant que le fond, compte la forme de la décision américaine. Grossièrement unilatérale, elle est assortie de pressions brutales auprès des Européens, comme jamais dans le passé, les Américains n’en avaient exercé vis-à-vis de leurs alliés. Les menaces proférées par le nouvel ambassadeur américain à Berlin ont été très mal prises par les milieux d’affaires allemands. Eric Schweitzer, président de la fédération des chambres de commerce et d’industrie allemande, a déclaré que ces menaces « ont provoqué un profond ressentiment au sein de l’économie allemande ». Le voyage d’Angela Merkel à Sotchi où Poutine l’a très bien accueillie, en a été le premier effet.

Si les Européens sont amenés à renoncer à leurs projets d’investissements, les Iraniens n’y perdront pas grand-chose :   les Chinois pourront prendre la place.    Trump aura   ainsi contribué à renforcer la  Chine et à affaiblir l’Europe de l’Ouest. Il n’est pas sûr que ce soit l’intérêt à moyen terme des Etats-Unis.

Pour l’Europe la décision de Trump constitue une crise, au sens grec du terme : le moment de décider - et de décider sur une manière grave : s’inféoder complètement à Washington ou prendre son indépendance.

Les 27 réunis à Sofia ont été unanimes pour ne pas suivre les Etats-Unis. Mais combien de temps cette belle résolution tiendra-t-elle ?

Sans doute les Européens ne vont-ils pas se retirer de l’accord mais il y a un fort risque que les entreprises européennes, paralysées par la crainte des sanctions américaines, désertent l’Iran, ce qui équivaudrait à une capitulation devant Trump.  

 Les Européens ne devront donc pas se contenter de rester dans l’accord, il faut qu’ils prennent des mesures pour protéger leurs entreprises contre les sanctions américaines au cas où elles se maintiendraient en Iran. Seule solution : être à même d’imposer des contre-sanctions aux entreprises d’outre-Atlantique. 

Par derrière cette question, celle de la compétence extraterritoriale que se sont attribuée les tribunaux américains.  Une prétention exorbitante contre laquelle les Européens n’ont jusqu’ici que peu réagi. Et n’imagions pas que la justice américaine si indépendante que les préoccupations politiques soient absentes de ses jugements !  

L’avenir de l’Europe, comme lieu de pouvoir géopolitique et non pas d’abord comme machine bureaucratique se joue au moins autant sur ce champ que dans les élections italiennes. A quoi servirait le maintien de l’Union européenne et de l’euro s’ils devaient s’accompagner d’un assujettissement devant la puissance dominante. A l’inverse, quel que soit le devenir de l’euro, le rapport des grands pays européens à l’imperium américain demeure un enjeu capital.

Si la pression américaine s’accentuait, les Européens conserveraient une arme ultime : dès lors que la simple utilisation du dollar rend leurs entreprises passibles des foudres de la justice américaine, les encourager à diversifier les devises qu’elles utilisent. Mais qui se risquera à aller jusque-là ? 

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

[1] Ou les deuxièmes après la Russie, on ne sait.

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9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 18:06

 

Etonnante coïncidence : le jour où était présenté dans la plupart des librairies de France une nouvelle traduction de « 1984 », le chef d’œuvre de George Orwell,  l’Assemblée nationale votait à l’unanimité la révision de l ’article 1er de la Constitution:

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. »

Désormais le mot race a été supprimé et le mot sexe a été rajouté .

Il y a beaucoup à dire sur cette révision .

D’abord la vulgarité de la démarche .  « Il ne faut toucher aux lois que la main tremblante » (Montesquieu) ; c’est particulièrement vrai des lois constitutionnelles.   Si chaque président nouvellement élu veut la réviser à sa guise,  c’est qu’il n’y a plus de constitution.  La constitution n’est plus un texte sacré :  elle perd son caractère de loi fondamentale au-dessus des autres lois.  Gardien des institutions, le président ne doit y toucher qu’avec crainte et tremblement.  Chirac a procédé à 14 révisions (De Gaulle 2, Pompidou : 0, Giscard d’Estaing : 2, Mitterrand 3) . Sarkozy a , le premier ,  procédé à une révision de grande ampleur touchant un tiers des articles . Macron s’y met à son tour. Si sa rivale l’avait emporté , nous n’y aurions pas non plus échappé : elle avait, elle aussi,  un ample programme de révision constitutionnelle. Ne rien tenir pour sacré, se croire fondé à toucher à tout, c’est cela la vulgarité.

On peut également relever que  les grandes erreurs législatives, les lois  que toute une génération regrette,  ont été généralement votées à l’unanimité : la loi Pleven de 1972 contre l’incitation aux discriminations ,  la loi Giscard de 1973 barrant l’accès de l’Etat aux avances de la Banque de France , la loi Gayssot de 1990, la Loi organique sur les lois  des finances, dite Lolf de  2001 qui a largement contribué à désorganiser  l’Etat et dont Macron se propose de pousser la logique encore plus loin.   Donc méfiance.

Surtout , l’idée de supprimer le mot race pour supprimer le racisme , parfaitement absurde, confirme   l’orwellisation de la société.

L’idée de réformer le vocabulaire pour réformer la société est typiquement totalitaire. Ne nous y trompons pas en effet  :  aujourd’hui, c’est la seule constitution qui est visée ; demain employer le mot race sera passible de poursuites.

Et pourtant elles existent, comme aurait dit Galilée. Il se dit à ce sujet n’importe quoi : « il n’y pas de races, il y a une seule espèce humaine ». Certes nous ne composons qu’une seule espèce , au sens zoologique du terme,  c’est à dire un seul groupe entièrement interfécond. Mais cela ne veut pas dire qu’en dessous   de l’espèce , n’existent pas des subdivisons selon la couleur de la peau ou d’autres critères,  communément appelées, dans l’espèce humaine comme dans beaucoup d’espèces animales, des races. Certes,  il faut en relativiser le contenu : les différentes races étant interfécondes et de ce fait, il y a eu et il y a de nombreux métissages qui font intrinsèquement partie de la réalité humaine. Il se peut même que les différences culturelles soient plus pertinentes que les différences de couleur de peau. N’empêche : les races existent et il est antiscientifique de le nier.

Quand on sait combien les fondateurs de la République étaient attachés à la science, cette attitude antiscientifique , qui conduit à nier des réalités objectives,  peut être tenue pour une atteinte au principe républicain .

A côté de la science,  il y a le droit . La suppression du mot race à l’article 1 signifie-il que les distinctions de race seront désormais autorisées ou alors que leur réglementation ne sera plus du domaine que de la loi ordinaire ?  A la lettre, oui. Un adversaire de l’avortement demandait récemment que le mot avortement disparaisse de la législation   ; c’est ce qu’on a fait au Canada où désormais, contrairement aux attentes de ce monsieur, l’avortement n’est plus soumis à aucune limite.

Changer les mots pour changer les choses , c’était déjà le principe de la loi Taubira instaurant le « mariage » pour tous, de bout en bout inspirée par la théorie du genre selon laquelle les distinctions de genre ne sont pas pertinentes, le sentiment qu’un individu peut avoir de son « genre » étant entièrement de nature culturelle :  mâles et femelles sont   fongibles en tout . Comme les idéologues n’en sont pas à une contradiction près, dans la révision de la constitution,    le mot sexe a au contraire été rajouté.

On pourrait évoquer bien d’autres faits qui tendent à réduire la langue pour maîtriser les esprits. Ainsi toutes les formes de langues de bois :  non voyant pour aveugle, troisième âge pour vieux,  « partir »   pour mourir , frappes pour bombardements, ( comme si les B 52 se contentaient de distribuer des claques !) etc.  En toute choses le virtuel se substitue au réel.

Aujourd’hui,  les races n’existent plus , demain sera-ce-le tour de la liberté ?    

 

Roland HUREAUX

 

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