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Roland HUREAUX

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9 septembre 2017 6 09 /09 /septembre /2017 22:05

SI l’UNION EUROPEENE VEUT ENDIGUER LE FLUX DES MIGRANTS, ELLE LE PEUT 

 

Comment faire grief à Emmanuel Macron de vouloir réconcilier les factions qui se déchirent en Libye ?   S’il y réussit, ce serait un excellente  chose.

Beaucoup voient dans le retour à la paix le préalable au contrôle des flux de migrants qui traversent chaque jour la Méditerranée en direction de l’Europe.

Il est vrai que le reversement du colonel Kadhafi en 2011 a fait sauter le verrou qui bloquait le passage des populations de l’Afrique subsaharienne. Le    flux    n’a certes commencé en grand qu’en 2014, le temps que les réseaux s’organisent. Mais depuis, il ne tarit pas :  360 000 migrants ont pris le chemin de l’Europe en 2016 dont 4000 se sont noyés. Pour les six premiers mois de 2017, le chiffre est de 80 000 dont 2000 noyés. 

On aurait tort cependant de penser que la clef du problème se trouve exclusivement à Tripoli. Le rétablissement de la paix civile et d’un Etat digne de ce nom en Libye pourrait en effet faciliter le contrôle des flux de réfugiés, pour peu que ce gouvernement le veuille.

Mais le contrôle des réfugiés serait déjà possible à condition que les Européens prennent le contrôle des ports de départ pour y faire la chasse aux passeurs et autres trafiquants de chair humaine, pour y détruire les bateaux et pour filtrer en amont les vrais réfugiés, comme le propose Macron.   Les vrais réfugiés sont en tout état de cause peu nombreux au départ de la Libye, moins qu’ils ne l’étaient au départ de la Turquie, une filière que les espoirs de paix en Irak et en Syrie ont commencé à tarir. 

Le fondement d’une intervention européenne (policière plutôt que militaire) dans les ports libyens   pourrait être tout simplement un accord bilatéral entre    le gouvernement de Tripoli et tel ou tel Etat européen (de préférence des Etats méditerranéens comme la France ou l’Italie). On objecte au Quai d’Orsay que ce gouvernement ne contrôle rien. Etonnante ignorance du droit international : on ne lui demande pas de contrôler son territoire mais de donner à d’autres le droit de le faire. Pour cela il suffit que ce gouvernement soit légitime, ce qui est le cas.  Loin d’être un obstacle, sa faiblesse actuelle pourrait être un atout. Ne subsistant que sous perfusion de l’OTAN, il n’est pas en mesure de refuser un tel accord.

 

L’Union européenne ne veut pas arrêter le flux de migrants

 

Cela ne s’est pas fait à ce jour car l’Union européenne exigerait au préalable une résolution du Conseil de sécurité, autrement dit elle conditionne une opération qu’elle pourrait faire elle-même à l‘accord de Russie et de la Chine – peu chauds , au vu des précédents, pour donner à nouveau un feu vert aux Occidentaux dans cette zone.   Disons-le tout net : cette exigence parfaitement inutile signifie une chose : que l’Union européenne ne veut pas que le flux soit arrêté.

Pourquoi ? Différents documents émanant soit de l’ONU, soit de l’Union européenne ressassent depuis bientôt trente ans que l’Europe, compte tenu de son déficit démographique -  qui est aujourd’hui d’un tiers à chaque génération, y compris en France pour la partie autochtone -  a besoin, pour fournir de la main d’œuvre à son industrie et pour équilibrer ses régimes de retraite d’un afflux de 40 ou 50 millions d’immigrés.   

On voit bien ce que ce raisonnement technocratique, seulement basé sur les chiffres, a de borné : il suppose que les hommes sont fongibles, hors de toute    considération culturelle, ethnique ou religieuse.  Les prospectivistes des institutions citées n’ont aucun souci   de la cohésion des nations européennes. Ils préconisent même ouvertement ce qu’ils appellent le replacement. A Davos, l’effet économique positif de l’arrivée des migrants a été applaudi. Par sa politique d’accueil des années 2015 et 2016, Angela Merkel n’a pas raisonné autrement.

Dans les mêmes cercles, certains vont plus loin : ils comptent que le brassage des populations affaiblira les Etats et facilitera tant   la mondialisation que l’intégration supranationale. Alors que chacun sait que c’est le contraire qui nous attend : cet afflux   exacerbera les conflits religieux ou ethniques et   mettra en cause un peu partout la paix civile.

Personne, dans ces sphères, n’envisage que l’effort de  l’Europe pourrait porter sur le redressement démographique. Certes   c’est difficile, mais pas plus que d’enrayer le réchauffement climatique !  Il n’en est pas question car cela semblerait remettre en cause la doxa féministe, comme si la maternité était un malheur.

La résistance compréhensible des peuples à cette perspective est tenue à Bruxelles et dans les capitales sous son influuence pour un populisme rétrograde dont les leçons de morale et les poursuites judicaires devraient venir à bout. On n’imagine pas que ce puisse être   l’effet du réalisme historique ou d’un légitime souci de préservation.   

Il va de soi que si ces idées figurent dans de multiples rapports, on se garde bien de dire clairement : « Non, l’Union européenne n’a pas l’intention de    contrôler les passages en Méditerranée car elle a besoin des migrants ». On se contente de laisser croire que ces flux ne sont pas maitrisables, qu’ils échappent à toute volonté politique, que le souci humanitaire doit d’effacer devant toute autre considération.  On  renforce  Frontex qui va au secours des migrants largués par les passeurs pour les amener en Italie. Au moment où les migrants ont afflué de Turquie (2015-2016), il était facile, dès lors que l’Allemagne avait décidé de les accueillir, de leur envoyer des billets d’avion qui leur auraient épargné le racket des passeurs et les noyades en mer Egée. L’hypocrise de l’Union européenne qui ne veut pas empêcher les migrants de venir mais fait semblant de n’y pouvoir rien, est   la cause des milliers de noyades en Méditerranée.

Disons-le clairement : la paix en Libye est souhaitable, mais quelle que soit l’évolution de la situation sur le terrain, si l’Union européenne veut vraiment contrôler ses frontières maritimes, elle en a déjà les moyens.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

le général italien Vicenzo Santo, interrogé par un journaliste sur la

submersion migratoire actuelle, affirmait : « il suffit d'utiliser l'armée pour la mission qui est à

l'origine de sa création, celle de défendre nos frontières. Il est tout à fait possible de mettre le holà

à cette immigration désordonnée et massive. En quelques jours, l'armée italienne pourrait y mettre

fin ».

Il a parfaitement raison, mais ces propos sont tenus par un officier général, donc un militaire qui

 

 

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9 septembre 2017 6 09 /09 /septembre /2017 21:56

 

Le train de sanctions à l’encontre de la Russie voté par le Congrès des Etats-Unis fin juillet n’est pas la bonne nouvelle de l’été qui s’achève. Il comporte entre autres l’interdiction de toute transaction avec une société russe à plus d’un tiers   et de nouvelles limitations aux investissements américains en Russie.  

Rien dans les agissements récents de la Russie ne le justifiait.  Bien au contraire, elle venait de voter les mesures prises par le Conseil de sécurité à l’encontre de la Corée du Nord. N’en sous-estimons pas la portée :  c’est un pas de plus vers   la   guerre, au moins économique, sans marche arrière. La machine du Congrès sait prendre des sanctions, elle ne sait pas les lever. L’amendement   Jackson de 1974, qui frappait l’ensemble du   bloc communiste   sanctionnait le refus de l’URSS d’autoriser   l’émigration des juifs d’Union Soviétique vers Israël.   Il a pourtant été maintenu après l’effondrement de l’Union soviétique et de 1990, et longtemps après la levée de toutes les restrictions à l’émigration des juifs.   L’amendement n’a été abrogé qu’en 2012 et encore pour faire place à de nouvelles sanctions à l’encontre de la Fédération de Russie sur l’autres motifs.  

Le présent Trump, qui souhaitait améliorer les relations entre les États-Unis et la Russie, n’a pu s’y opposer. S’il l’avait fait, le Congrès avait une   majorité suffisante pour passer outre et Trump aurait donné encore davantage prise aux accusations - dignes d’un mauvais roman d’espionnage -,   selon lesquelles il aurait été élu grâce à Poutine, ce qui aurait accéléré la procédure de destitution que ses ennemis ont lancée.

Il reste que désormais il aura les  mains liées dans sa politique envers la Russie. Sa volonté de détente  sera   inopérante. Cela était   d’ailleurs l’effet recherché : autant que Poutine, Trump est la cible de cette procédure.

Ne nous fions pas à l’unanimité de la décision[1] : il est vraisemblable   que beaucoup de sénateurs ou représentants hostiles à cette escalade n’aient pas osé voter contre   en raison de la pression inimaginable exercée par   les lobbies, les médias et cette partie de l’opinion qui seule compte, celle de l’establishment L’hystérie antirusse qui règne à Washington est sans précédent, y compris aux heures les plus sombres de la guerre froide. Alors même que Poutine, à la différence du régime communiste, n’a aucune prétention à l’empire mondial.

  

 

Une atteinte sans précédent aux intérêts de l’Europe  

 

Cette situation a des conséquences considérables pour l’Europe. La pression qui va s’exercer sur les Européens pour qu’ils durcissent à leur tour les sanctions vont être considérables.  Et s’ils y résistent, ils risquent d’être à leur tour victimes de sanctions.

Les pressions   vont en particulier s’accentuer sur le projet de doublement du gazoduc Nord Stream qui passe par la Mer du Nord auquel l’Allemagne est particulièrement attachée [2].    Le Sénat des Etats-Unis  a adopté en juin  un projet de loi menaçant d'amendes, de restrictions bancaires et d'exclusion aux appels d'offres américains, toutes les sociétés européennes qui participeraient à la construction de gazoducs  partant de Russie.  

Ces pressions n’ont pas seulement un but politique : elles visent à substituer le gaz américain, pourtant plus cher, au gaz russe, dans les approvisionnements européens.

L’hégémonie américaine avait certes eu toujours un coût pour l’économie européenne :  statut dérogatoire du dollar, démantèlement progressif de la politique agricole commune, amendes exorbitantes infligées à certaines banques, prises de contrôle d’industries stratégiques, mais ce coût se trouvait dilué dans la prospérité  du continent .   

Avec l’interdiction de l’importation de gaz russe qui se profile, Washington menace le cœur de intérêts de l’industrie européenne, particulièrement de l’industrie allemande.

L’Allemagne  qui avait toujours été  le meilleur relais des  volontés  américaines sur le continent  ( y compris dans la récente  crise migratoire) va-t-elle céder à cette pression ?  Comment  la France , chez qui les pro-allemands sont également  pro-américains va-t-elle  se déterminer ? Le Royaume-Uni, impliqué à travers les intérêts du groupe anglo-néerlandais Shell, mais partenaire proche des Etats-Unis   et plus sensible que le reste de l’Europe au vent antirusse fera-t-il à cette occasion un choix qui l’éloignerait du continent bien davantage que le Brexit lui-même ?

Si l’Europe se soumettait passivement à la pression américaine et entrait de ce fait, elle aussi, en état de guerre économique avec la Russie, elle apporterait   au monde le témoignage son inexistence. Les prochains mois vont être décisifs pour son avenir non seulement institutionnel mais économique géopolitique.

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

[1] Il y a eu deux votes négatifs au Sénat et trois au Congrès.

[2]  Sont partenaires de ce projet le Français Engie, l'Anglo-Néerlandais Shell, les Allemands Juniper et Winter hall et l'Autrichien OMW.

 

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 13:04

https://www.causeur.fr/gouvernement-bayrou-sarnez-goulard-remaniement-145102

 

Il n’est pas dans les habitudes de l’auteur de ces lignes de prendre la défense des  centristes, surtout depuis qu’ils se sont  ralliés  avec armes et bagages à Macron.  Mais enfin, le retrait du gouvernement de trois figures du Modem : Francois Bayrou, Marielle  de Sarnez et Sylvie Goulard a un motif bien léger. Ils sont accusés tous trois, comme Marine Le Pen d’ailleurs dont l’immunité parlementaire a été levée pour la même raison par le Parlement européen, d’avoir utilisé des collaborateurs parlementaires pour faire fonctionner leur parti politique. Mais quelle différence y a-t-il entre le cabinet d’un élu et le personnel d’un parti ? La vérité est qu’ils ont à peu près la même mission : aider les élus de leur parti à produire des idées, à proposer des textes ou à se positionner sur eux, éventuellement à faire des programmes, et de manière inséparable, faciliter leur réélection, conséquence naturelle d’un travail bien fait.  Bien malin qui pourra tracer une ligne stricte entre les activités des uns et des autres   en pratique  parfaitement fongibles. Même un chauffeur   peut conduire aussi bien un élu qu’un président de parti :  il permet à l’homme politique, généralement surchargé de travail, de gagner du temps, et on suppose que ce dernier   fera de ce temps bon usage.

 

Juste retour de bâton 

 

Ces   accusations n’en sont pas moins  un juste retour de bâton pour une équipe qui n’est aujourd’hui au pouvoir que parce qu’elle a bénéficié du tout aussi injuste procès qui   a été fait à François Fillon pour avoir employé son épouse comme attachée parlementaire, ce qui était pourtant parfaitement légal (plus d’une centaine de parlementaires le font ! ). L’emploi de proches dans ce genre de fonctions, que l’on veut proscrire, est tout aussi légitime, comme le rappelait Jacques Bichot [1], que l’emploi de sa femme ou de ses enfants par un agriculteur ou un artisan. C’est à tort qu’on assimile cette pratique au népotisme qui consiste, lui, à conférer de hautes responsabilités à des parents sans que rien, dans leurs aptitudes ou leur parcours, le justifie ; mais attaché parlementaire n’est pas une haute fonction et, quant à savoir si Mme Fillon a travaillé assez ou pas assez  à ce titre, qui le dira ?

Certes, il y a peut-être d’autres raisons à ce retrait : s’agissant de Sylvie Goulard, on croit savoir que ses déclarations intempestives où elle    se montrait prête à sacrifier sur l’autel de l’Europe nos industries stratégiques, voire une partie de nos moyens de défense, ont exaspéré les états-majors au point de rendre son maintien problématique. Le ministère des armées n’est assurément pas fait pour une idéologue d’Europe supranationale, surtout si elle   semble oublier que même dans une fédération, telle l’Europe à laquelle elle aspire, chaque entité fédérée a le droit et le devoir de défendre âprement son intérêt, comme le  font par exemple les grandes villes françaises au sein de la République une et indivisible  . Quant à Bayrou, il évite par avance le déshonneur qu’il aurait essuyé à avaliser ce que Macron a promis de faire :   conférer aux couples de lesbiennes le droit de recourir à la procréation artificielle , voire, à terme, reconnaître la gestations pour autrui. Cette démission collective ne fait ainsi que souligner ce qu’avait de contre-nature l’alliance de Bayrou avec Macron, des derniers représentants de la démocratie chrétienne avec les plus extrêmes des libertaires, déconstructeurs résolus de l’héritage occidental.  Car s’ils ne sont plus vraiment démocrates (n’est-ce pas un des leurs Jean-Claude Juncker qui déclarait qu’ « Il ne saurait y avoir de choix démocratique contre les traités européens»[2] , on suppose que les centristes sont encore un petit peu chrétiens.

 

Nous épargnera-t-on une  loi de moralisation de la vie politique ?

 

Un des grands bienfaits de cette démission aurait pu être de nous épargner une loi sur la moralisation de la vie politique qui ne pourra qu’être parfaitement contre-productive. Non seulement parce que, à l’heure de ce que le regretté Guy Debord appelait le « société du spectacle », dont le phénomène Macron constitue sans doute l’expression  la plus achevée, la plupart des lois, devenues  le plus souvent des moyens  de communication, ont l’effet d’aggraver les maux auxquels elles prétendent porter remède (l’éducation nationale en offre un bel exemple)[3]. Et pour ce qui est d’une loi de pure communication, en voilà bien une !    Mais aussi parce que, sur ce genre de sujet, on veut  donner satisfaction à une opinion qui n’a qu’une compréhension très imparfaite des questions morales et politiques, biaisée par une justice et des médias eux-mêmes loin d’en avoir une perception exacte . Non que la morale et la politique n’aient rien à voir ensemble, mais parce que juger de leurs relations exige un sens casuistique que ni eux ni le grand public n’ont forcément. Selon la cible qu’ils veulent atteindre, les médias feront facilement passer pour très grave ce qui ne l’est pas et pour bénin ce qui est très grave. Allez faire des lois avec ça !

Il existe d’autres erreurs de jugement répandues dans le public. Par exemple le cumul des mandats passe pour immoral : on oublie que la loi limite les cumuls de rémunération, et que donc on ne saurait faire grief à  quelqu’un de vaillant de faire au même prix le travail de deux ou trois personnes. On oublie aussi  que le leadership, principe au centre de la vie politique, ne se divise pas :  le disperser conduit à diluer les responsabilités .    Le cumul des mandats évite bien des réunions de coordination et fait donc gagner du temps. Le cumul ne préjuge pas non plus du tout de la qualité du travail. La complexité croissante des procédures l’a certes rendu difficile mais pas au bénéfice de l’efficacité : ces procédures que les élus ont eu tort d’instaurer au fil des ans  leur font perdre un temps précieux et les privent de cette capacité si nécessaire de décoller du guidon pour réfléchir à ce qu’ils font.

 

Une élection particulièrement immorale

 

Il serait au demeurant paradoxal qu’une loi de moralisation la vie publique émane d’un gouvernement issu d’une élection parmi les plus immorales qui aient été : tant l’instrumentalisation éhontée de la justice que la  prise de parti  à sens unique  d’une presse, largement aux ordres des puissances financières, ont, seules, permis l’élection du nouveau président. Personne, ni juge, ni journaliste, ne s’est intéressé de près aux obscurités des déclarations de patrimoine de Macron ; le nouveau premier ministre lui-même a pu se dispenser impunément de l’obligation de transparence comme député. Et ceux-là voudraient faire une loi de moralisation !    

Tout est contre-productif dans le projet de loi annoncé :  on veut interdire à un élu d’embaucher sa femme ou ses enfants, mais quid des maîtresses ou des compagnes ? Pourquoi défavoriser les gens mariés ? La multiplication des contraintes (fiscalisation des  indemnités, limitation des activités annexes, interdiction de plus de trois mandats successifs, manière de reconnaître que ces sont des prébendes ou des privilèges dont il ne faudrait pas profiter trop longtemps , alors qu’en leur essence, il s’agit de fonctions utiles ) et des contrôles de toutes sortes sur les élus éloignera un peu plus les gens de qualité des responsabilités politiques   et, au contraire, y attirera davantage  les médiocres – et les aigrefins –[4]. Selon un mot de Jean-Pierre Gérard[5], ce genre de lois a le même effet que les antibiotiques sur les bactéries :  seules les plus résistantes, généralement   les plus nocives, y survivent et prolifèrent.

Ces règles ne changeront pas la nature humaine et ce n’est pas en raison de tel ou tel abus ponctuel qu’il faut chaque fois chambouler la loi,   généralement pour le pire. Renforcées, les règles n’en seront pas moins, n’en doutons pas, à leur tour, tournées.  Français, encore un effort pour être vraiment libéraux, et cesser de vouloir tout réglementer au moindre écart !  Ne nous avait-on pas dit que   Macron était un libéral !

Quant à l’obligation de produire un casier judiciaire vierge pour se présenter aux élections, c’est, comme la parité, une nouvelle atteinte à la démocratie : que ne se contente-t-on de le rendre public, laissant aux électeurs le soin d’en tirer ou non les conséquences ?

Si une seule loi de moralisation était nécessaire, ce serait pour  compléter le dispositif qui, depuis 1789 interdit à la justice d’interférer avec le processus politique et administratif.  Les lois des 16 et 24 août 1789, du 16 fructidor an III, du 31 mars 1914 (article 110 du Code électoral), du 2 mars 1982 (sur les Chambres régionales des comptes), dont l’esprit est pourtant clair, n’ont pas suffi à empêcher la malheureuse affaire Fillon. Si l’on veut encore préserver une ceraine idée de la République, il est urgent de compléter ce dispositif.    

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Causeur, 13 février 2007 : Vive le travail en famille !

[2] Déclaration faite à la suite de la victoire de Syriza aux élections de Grèce, 16 janvier 2015

[3] Cf. Roland Hureaux, La grande démolition, la France cassée par les réformes , Buchet-Chastel 2012.

[4] Ce que l’on croit savoir de la nouvelle vague d’élus – et du filtrage qui a été opéré dans les vieux partis, pourrait en apporter une confirmation.

[5] Président du G21

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 21:19

 

Ceux qui veulent se donner un air d’expert  dans les affaires du Proche-Orient ne manquent pas d’invoquer, pour expliquer les conflits actuels, l’opposition millénaire des sunnites et des chiites.

Ce disant, ils font reposer la responsabilité des conflits qui ensanglantent cette région sur les indigènes, tenus pour des « sauvages », exonérant celle des puissances occidentales, dont les ingérences ont pourtant joué un rôle déterminant à l’origine de la plupart des conflits.

Ils donnent aussi une importance qui nous semble exagérée à l’opposition des sunnites et des chiites.

Sans doute cette opposition entre  les deux versions historiques de l’islam joue-t-elle un rôle important dans des pays comme le Liban, l’Irak ou le Yémen. 

 

La même religion

 

Il reste qu’il s’agit d’un clivage qu’il ne faut pas forcer : sunnites et chiites sont d’accord sur l’essentiel : le Coran, la révélation, les prescriptions morales. Les uns et les autres vont en pèlerinage à la Mecque. Ils ne divergent pas sur des questions théologiques ou éthiques, seulement sur des questions généalogiques et politiques, s’agissant de déterminer quels furent les successeurs les plus légitimes du prophète à la tête du nouvel empire musulman qui se constitua  au VIIe siècle.  Les sunnites tiennent pour son beau-père Abou Bekr et la suite des premiers khalifes ; les chiites pour son gendre Ali et ses successeurs.  Des différences dans l’organisation sociale existent aussi : les mollahs ont plus d’importance dans l’islam chiite mais cela peut s’expliquer par le fait que l’arabe, langue du Coran, langue étrangère pour les Iraniens, nécessite des docteurs à même de le comprendre, alors que dans le monde arabe, il est plus facile au peuple d’avoir un accès direct au texte sacré, écrit dans une langue proche de la sienne. 

 

La guerre Iran-Irak et ses suites

 

Revenons cependant aux conflits récents : le plus terrible a sans doute été la  guerre Iran-Irak de 1980-1988, où l’Irak a vaincu grâce à l’appui des puissances occidentales. Elle opposait le régime irakien de Saddam Hussein, sunnite, à celui des ayatollahs iraniens, chiites.  Or la population de l’Irak est composée de 60 % de chiites qui n’ont pas renâclé à l’effort de guerre. De même les sunnites d’Iran, moins nombreux, ont suivi leur gouvernement. La contrainte de fer à laquelle les uns et les autres étaient soumis n’explique pas tout :   les premiers se sont comportés en arabes, les seconds en perses, laissant de côté les considérations religieuses.

La déliquescence de l’Irak après la guerre de 2003 a fait ressurgir le clivage entre les sunnites du nord (séparés des Kurdes, également sunnites mais absolument pas solidaires des Arabes sunnites) et les chiites du centre et du sud. En imposant la règle de la majorité, les Américains ont amené au pouvoir un gouvernement   chiite : ils sont ainsi les premiers responsables de la constitution d’un « arc chiite » :  Iran, Irak, Syrie, Liban (dominé militairement par le Hezbollah chiite), ressenti comme une menace par l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël, voire la Turquie.  Si Daech qui est apparu en 2014 au nord de la Mésopotamie est exclusivement sunnite, la coalition qui vient de le déloger de Mossoul comportait, outre les Occidentaux, l’armée irakienne, aujourd’hui dominée par les chiites, des Kurdes et des Arabes sunnites.

 

Yémen, Liban, Syrie

 

Au Yémen, le mouvement  houthi qui s’appuie sur l’Iran représente une branche particulière du chiisme, mais dans sa lutte contre un gouvernent sunnite soutenu par l’Arabie saoudite, il s’est allié aux milices de l‘ancien président sunnite Ali Abdallah Saleh qui veut revenir au pouvoir.   

Au Liban, le chaos de la guerre civile a permis l’émergence d’une milice dominante, le Hezbollah, chiite, mais elle est alliée à d’autres forces comme les chrétiens fidèles au général Aoun, actuel président de la République.

C’est en Syrie que le clivage sunnite /chiite induit en erreur beaucoup d’observateurs. 75 % de la population est sunnite. Or il s’en faut de beaucoup que les milices sunnites qui luttent contre le gouvernement Assad aient leur soutien. Il ne suffit pas en effet d’être sunnite pour accepter le régime étouffant et rétrograde que veut imposer l’Etat islamique, surtout dans un pays où les femmes ont toujours  été plus libres que dans le reste du monde arabe.   Une partie des sunnites soutient un gouvernement où ils sont largement représentés.   De vrais chiites, il n’y en a que très peu en Syrie.   Assad se rattache aux    alaouites qui   sont une espèce de secte gnostique à l’intérieur de l’islâm, plus proche à certains égards du christianisme que de   l’islam chiite. Sa femme est sunnite, il va régulièrement à la grande mosquée de Damas, sunnite.  L’alliance d’Assad avec le régime iranien est tout entière politique et non confessionnelle.

Et si l’on élargit le spectre, on voit sans peine que l’Algérie, entièrement   sunnite, soutient le gouvernement syrien. L’Iran chiite soutient le Hamas sunnite. L’Egypte sunnite (pour la partie musulmane) soutient ouvertement les forces gouvernementales sunnites au Yémen, mais aussi,  discrètement, la Syrie   etc.

 

L’Arabie saoudite face à l’Iran : d’abord une rivalité de puissances

 

Reste la grande question de l’affrontement Arabie saoudite-Iran, où certains voient celui d’une puissance sunnite et d’une puissance chiite ; Israël qui considère l’Iran comme une menace (pas parce qu’il est chiite, car l’Iran   était son allié au temps du shah et dans la guerre de 1980) à sa sécurité en raison de ses projets nucléaires et surtout à son hégémonie régionale, a conclu une alliance étroite avec l’Arabie saoudite, appuyée sur les Etats-Unis. Les émirats du Golfe, dont la cohésion est menacée par de fortes minorités, voire des majorités chiites exclues du pouvoir, sont pris entre deux feux, le Qatar venant d’essuyer des remontrances sévères de Ryad au sujet des liens qu’il avait gardés avec l’Iran. Mais supposons que l’Iran ait été sunnite : qui peut douter que deux puissances militaires comme l’Iran et l‘Arabie, situées de part et d’autre du Golfe persique dont on connait l’importance stratégique et la richesse en hydrocarbures ne soient pas de toutes façons en positon de rivalité ? Un peu comme le sont le Maroc et l’Algérie, tous deux sunnites. Il est peut-être plus décisif de savoir que les Iraniens sont des indo-européens et les Arabes des sémites. L’Arabie est elle-même menacée par une minorité chiite importante dans la région pétrolifère. La principauté d’Oman, qui n’est ni sunnite, ni chiite mais ibadite, se tient prudemment à l’écart de ces conflits.

La rivalité entre sunnites et chiites ne saurait être considéré comme une clef d’explication majeure des problèmes du Proche-Orient. C’est à dessein que les réseaux néo-conservateurs américains ont excité cette rivalité, depuis plus de   30 ans, en vue d’affaiblir certains Etats comme l’Irak ou la Syrie. Le grand dessein qu’ils avaient élaboré pour le Proche-Orient prévoyait le démantèlement des Etats arabes (hors les monarchies) au bénéfice d’entités ethniques et religieuses.

La rivalité entre les deux grandes branches de l’islam n’est qu’un des facteurs   qui expliquent la permanence des confits, le principal demeurant la rivalité de puissances, Etats-Unis et maintenant Russie.

 

Roland HUREAUX

 

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 21:18

 

https://www.causeur.fr/emmanuel-macron-liberalisme-discrimination-positive-145763

 

Macron qui s’est complu dans ses premières déclarations publiques, comme son discours au Congrès de Versailles,  à dénoncer les « démocraties illibérales »,  est-il lui-même un libéral ?

 

Il avait  suffi qu’il  débute sa campagne présidentielle avec une réputation de libéral pour prendre plusieurs longueurs d’avance sur ses concurrents : il a ainsi d’emblée conquis 10 % de voix de droite sans beaucoup perdre sur sa gauche grâce à ses connivences   libertaires.

D’être issu de l‘aile droite du parti socialiste n’aurait pas suffi. La loi Macron de 2015 avait pour but d’ancrer cette réputation libérale, notamment auprès du patronat. Les réticences qu’elle a rencontrées au parti socialiste – au point de nécessiter le passage en force par le 49-3, n’ont fait que conforter l’image   du jeune ministre.

Des yeux avertis auraient cependant aperçu dans son programme les risques que Macron faisait courir au vrai libéralisme : il y était prévu par exemple de livrer au public le nom des entreprises qui ne feraient   pas assez d’efforts en faveur de la parité ; "Nous ferons de la lutte contre la discrimination une priorité nationale" ; ira-t-on comme le propose un rapport parlementaire jusqu’à rendre obligatoires des cycles de formation à la non-discrimination ? En tous cas, des emplois « francs » (à définir) seront créés dans les « quartiers » (entendons les banlieues peuplées d’immigrés).

Quels critères dans un tel environnement pour choisir les bénéficiaires des "accélérateurs d’associations » (c'est-à-dire en bon français des aides supplémentaires à la vie associative) :   leur "correction politique" évidemment. Seul espoir : que les difficultés budgétaires rendent vaine cette promesse.

En outre Macron promettait aux salariés quittant    volontairement   leur entreprise de bénéficier    de l’assurance chômage, ce qui risque de ruiner sérieusement l’autorité des patrons.

Les premières mesures prises vont dans le sens de la discrimination positive : les classes de 10 élèves seront réservées aux zones d’enseignement prioritaires, comme si la méthode globale n’avait pas fait des dégâts à l’apprentissage de   de la lecture hors de ces zones.

 

Une disposition inquiétante du projet de loi travail

 

Plus inquiétante est une disposition envisagée dans le projet de loi travail relative aux indemnités de licenciement. Le projet prévoit, et c’est raisonnable, que les indemnités que pourront fixer les tribunaux en cas de licenciement abusif seront plafonnées. Mais il prévoit aussi, ce qui est beaucoup plus contestable, que ce plafond    ne s’appliquera pas en cas de discrimination.

Quelle discrimination ? On le devine : les femmes, les homosexuels, les non-Blancs, les musulmans etc. La conséquence immédiate sera que, en cas de licencient collectif, les premiers touchés seront ceux qu’Anne Lauvergeon appelait les « mâles blancs ». Au motif de lutter contre la discrimination, on instaure   la discrimination.  

L’effet de cette loi sera d’aggraver la division du peuple en communautés et catégories. Loin d’alléger l’atmosphère au nom d’une saine égalité républicaine, elle approfondira les clivages communautaires - et naturellement les rancœurs qui vont avec, dont on devine les conséquences électorales.

Ainsi, cette loi prétendue libérale, sur ce sujet au moins, est tous sauf libérale.

Déjà la   loi El Khomri, faux nez d’une loi Macron bis, ouvrait la porte entre les lignes (sauf empêchement technique) à la pratique religieuse en entreprise, avec là aussi des risques de tension. 

Appliquée telle quelle, une telle loi ne fera que développer les frustrations d’une partie de la population. Macron a été   porteur, non seulement d’un parfum de libéralisme mais de « politiquement correct » renforcé : ouverture à l’immigration, intégrisme écologique, antiracisme, discrimination positive à   tous les étages etc. Il a ainsi obtenu la sympathie de la presse et le vote des musulmans. 

Macron s’est ainsi montré le bon élève de la fondation Terra Nova qui prévoyait la formation d’un nouveau bloc de gauche s’appuyant sur les minorités, raciales, religieuses et sexuelles, comme le parti démocrate américain. 

Il se peut d’ailleurs que ces excès de l’anti-discrimination, qui déjà prospéraient sous Sarkozy[1], datent : l’exaspération des Français aurait dû conduire à les tempérer. Sur ce chapitre, le nouveau président est resté un bon élève de Sciences Po années 2000 façon Richard Descoings. Au moment où de nombreux intellectuels remettent en cause ces pratiques qui, dans les prétoires, tendent de plus en plus à limiter la liberté d’expression, Macron en rajoute une couche.

Les décisions du nouveau président ne sont pas le seul sujet d’inquiétude :   l’atmosphère que son élection a créée l’est tout autant.  Paris Première et Europe 1  n’ont pas attendu pour licencier la  non-conformiste Natacha Polony, Jean-Claude Brighelli a été exclu du Point, Olivier Delahousse de BFM TV : sus à la dissidence ! Eric Zemmour, lui,  a été condamné d’une manière particulièrement lourde par la 17e chambre   correctionnelle pour des propos sur l’immigration qui devraient être ouverts au libre débat. Plusieurs autres affaires mettant en cause  des  personnalités moins connues laissent craindre un  durcissement de la justice  favorisé par la   servilité d’une partie de la magistrature à l’ égard de l’ esprit du temps.

L’autoritarisme de Macron s’ est exprimé au travers de son  goût du décorum, de l’écrasement du  premier ministre par le Congrès de Versailles , du projet de loi anti-terroriste où beaucoup voient la pérennisation de l’état d ’urgence,  du  recours systématique  aux ordonnances. Mais ce n’est là que la surface des choses . Par derrière, on voit poindre une dictature du politiquement correct qui pourrait rendre la France un peu plus étouffante.

Rappelons enfin que le libéralisme saurait se réduire à  la réforme du Code du travail : il implique aussi une baisse de prélèvements obligatoires. Or de cela, il n’est nullement question :  le quinquennat commence au contraire par l’annonce de  hausses d’  impôts et des   dépenses nouvelles.

Les Français, ne tarderont pas à s’en apercevoir : Macron est tout le contraire  d’un libéral.

Roland HUREAUX

 

 

 

[1] Nicolas Sarkozy avait donné une grande publicité à la nomination d’un préfet d’origine maghrébine, oubliant qu’il y en avait eu une bonne dizaine pendant et après la guerre d’ Algérie.

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 21:16

 

Le grave différend qui a opposé le président Macron au général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, pourrait sans doute être ramené à une question de chiffres, ce qui serait après tout normal s’agissant d’un président issu de la I’ Inspection des Finances. Mais une telle approche serait bien réductrice.

Question de chiffres : Macron avait promis dans son programme électoral de remonter le budget de   la défense à 2 % de PIB. Une promesse qu’avaient d’ailleurs faite aussi Marine le Pen et François Fillon.  Comment Macron, adepte inconditionnel de l’OTAN, aurait-il pu proposer autre chose que le minimum que cette organisation a fixé   et qui a été rappelé récemment par le président Trump.    Mais 2%, c’est beaucoup., environ 44 milliards ; à un budget actuel de 32 milliards, il faudrait donc en ajouter 12.

Autre chiffre : le déficit autorisé par l’Union européenne : 3 % du même PIB, soit 66 milliards qui sont déjà une tolérance, assortie de la promesse française de le ramener à zéro, jamais respectée par le gouvernement Hollande (dont Macron était le ministre des finances). Ce n‘est pas en effet en accumulant des déficits (et donc avec un supplément d’endettement de 3 % l’an) que l’on réduira une dette qui atteint aujourd’hui les 100 % du PIB. Il reste que Macron, qui a voulu entrer en fanfare sur la scène européenne, et pour qui les consignes de Bruxelles, comme celles de Berlin sont sacrées, veut à tout prix, pour assurer sa crédibilité, redescendre à ce niveau. Il lui manque pour cela 8 milliards. L’habitude     de Bercy dans ce cas-là est de ponctionner les ministères régaliens, à commencer par la défense à qui, au lieu d’accorder 12 milliards, on demande 850 millions.

Cette logique n’explique pas seule que le mécontentement des armées justement exprimé par leur chef-d ’état-major en commission de la défense soit devenue une affaire d’Etat.

On est même surpris du degré de mépris dont Macron fait l’objet sur la toile dans des textes anonymes issus de la communauté militaire. Sarkozy et Hollande que les militaires n’aimaient pas beaucoup n’ont jamais essuyé pareille hostilité, surtout moins de trois mois après leur prise de fonction.

On peut faire la part des maladresses du nouveau président, de son absence de sensibilité militaire :  même s’il fanfaronne ici ou là au milieu des troupes, il est le premier président à n’avoir pas fait de service militaire.

Il faut cependant aller plus profond. La personnalité de Macron rebute bien des gens, surtout dans les armées. Sans doute sa vie privée n’appartient-elle qu’à lui. Mais pour exercer l’autorité, il faut donner le sentiment d’une personnalité accomplie. Or Jacques Lacan nous l’a enseigné, c’est la résolution du complexe d’Œdipe qui ouvre douloureusement le sujet au monde réel.  Nous ne dirons pas que Macron ne l’a pas accomplie. Mais en politique, seules les apparences   comptent : son curieux mariage avec une femme qui pourrait être sa mère ne plaide pas en sa faveur.   Un certain air de légèreté non plus.

Depuis la République romaine et sans doute avant, le chef militaire, confronté chaque jour à la mort, réalité ultime, est un homme grave. C’est cette gravitas, signe d’une maturité accomplie, que les militaires attendent du chef de l’Etat qui est aussi le chef des armées. Le moins qu’on puisse dire est que le nouveau président a, en la matière, des progrès à faire. Beaucoup, dans le grand public, ont été par exemple choqués par sa visite à Oradour-sur-Glane où il multipliait de tous côtés les poignées de main à la Chirac semblant confondre ce lieu de mémoire tragique avec un comice agricole.

Mais il y a plus : sur presque tous les sujets, Emmanuel Macron a fait campagne sur les marqueurs idéologiques qui    depuis quinze ans définissent ce qui est politiquement correct :  Europe, libre-échange, dépassement de la nation (la France étant accusée par lui de crime), dépassement des considérations   culturelles et ethniques par l’ouverture à l’immigration, antiracisme, non-discrimination, théorie du genre, vaccins à tout va etc. Sur aucun sujet Macron n’a pris la moindre distance par rapport à la doxa dominante ;   il s’est bien gardé de désavouer non plus celles qui ravagent des secteurs comme l’éducation nationale (méthode globale)[1] ou la justice (culture de l’excuse). Non parce que cela plaisait à ses électeurs, bien au contraire. Mais parce que cela plaisait à ces prescripteurs essentiels que sont les gens de médias, largement intoxiqués à l’idéologie.

Presque tous les ministères ont aujourd’hui leur idéologie, qui généralement suscite l’ire de populations pas toujours conscientes de ce qui leur arrive : l’intérieur veut à toutes forces supprimer 30 000 petites communes, l’équipement veut interdire toute construction hors des périmètres déjà construits, quelles que soient les traditions locales, la santé veut fonctionnariser la médecine libérale etc. Le ministère de la défense n’est pas entièrement exempt de telles idéologies (qui ne sont généralement pas beaucoup plus que des idées simplistes), mais seulement en manière d’organisation, où les civils ont leur mot à dire : ainsi les bases de défense, répondant à la culture du regroupement [2], ont mis plus de désordre qu’elles n’ont fait d’économies. Mais dans l’ensemble le ministère de la défense demeure relativement préservé de l’idéologie. La raison : les engagements opérationnels multiples dans lesquels nos armées sont impliquées permettent un retour d’expérience constant, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des administrations civiles. « Quand le canon tonne, les cons se taisent » dit un vieux dicton militaire. Et aussi les idéologues, l’idéologie ayant pour caractère de faire perdre le sens du réel, éminemment nécessaire au combat.  

Il semble que l’idéologie et le déficit œdipien aillent ensemble.  C’est l’immaturité qui explique le succès des idéologies, particulièrement dans une classe intellectuelle ou médiatique plus à l’abri que le peuple du contact direct avec le réel, parfois si dur. Sur ce chapitre, Emmanuel Macron est bien un enfant du siècle.

                                                                 Roland HUREAUX

 

 

 

 

[1] On peut cependant mettre au crédit du nouveau ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanque de sembler s’affranchir de la doxa égalitariste   de la rue de Grenelle en ouvrant la porte aux redoublements, aux classes bilingues et au latin, ou encore en revenant sur le réforme des rythmes scolaires. Pour le moment, il est bien l seul.  

[2] Traditionnellement les régiments, devant être toujours prêts à partir en campagne, avaient chacun sa propre intendance. On a cru pertinent de regrouper dans des centres appelés « bases de défense » la logistique de plusieurs    régiments, privant les chefs de corps de leur autonomie et entrainant une prolifération des procédures bureautiques, sans même diminuer les coûts comme c’était l’objectif ;

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 21:12

MACRON, COMME BONAPARTE, S’EST   APPUYE  SUR L’OLIGARCHIE POUR  REUSSIR

 

La fulgurante ascension d’Emmanuel Macron, énarque  de 38 ans passé en quelques semaines du rang de ministre socialiste à celui de chef de l’Etat a défié tout ce qu’on croyait être les usages établis. Court-circuités les passages tenus jusque-là pour obligés du cursus honorum : élu local, député ou sénateur, président de commission. A peine a-t-il été, par le choix de Hollande, quelques mois ministre, un ministre assez classique au demeurant. 

S’il est une leçon à tirer d’un tel parcours, c’est que pour arriver aux plus hauts sommets de l’Etat, il vaut mieux s’appuyer sur la classe dirigeante que sur le peuple, comme ont tenté de le faire, chacun à sa manière, Le Pen et Mélenchon. En France, n’est pas Trump qui veut.

Macron ne s’est pas risqué dans cette entreprise sans s’être assuré du soutien de presque tout ce qui dirige la France, voire le monde. Son premier dîner de levée de fonds à Londres, fin 2016, était présidé par un associé de Goldman Sachs. Parmi ses soutiens, les principales fortunes françaises et les étoiles des médias, le club de Bilderberg (sauf peut-être son président Henri de Castries réputé filloniste) et le Siècle   en son entier.   Bref, la classe dirigeante, la vraie : les grandes fortunes, de préférence immatérielles (mode, numérique, banque), s’affichant de gauche  de gauche, ou en tous les cas donnant à la gauche des gages et contrôlant un ou plusieurs médias ; pas ces ploucs de patrons de PME encartés à LR !   C’est en s’appuyant sur l’oligarchie internationale   et nationale (dans quel ordre faut-il les mettre ?) qu’il a réussi son coup. Comme dit Gilles-William Goldnadel : « Chapeau l’artiste ! »,

Les marxistes n’en seront bien évidemment pas étonnés. Sinon qu’ils auront à se pencher sur un cas sans doute extrême de ce qu’ils appelaient l’aliénation : l’emballement d’une partie de la gauche pour le candidat de l’oligarchie, au motif qu’il se présente comme « nouveau », voire « ni gauche ni droite ».

 

Comme Bonaparte

 

N’est-ce pas en cela que Macron    rejoint Bonaparte ? Au 18 brumaire, le jeune général corse était le champion  de tout ce qui avait profité de la Révolution    et voulait consolider ses acquis, contre les forces populaires qui auraient pu les remettre en cause.   Et la politique qu’il mena (stabilisation de la monnaie, création de la Banque de France, Code civil, Code pénal) fut d’abord au service de la bourgeoisie émergente et de l’aristocratie ralliée.

D’autres l‘ont imité : Louis-Philippe, Napoléon III, Thiers, Pétain, Chirac accédèrent aussi au pouvoir suprême en s’appuyant sur les classes dirigeantes. Mais ils ne se réclamaient pas, comme Macron, de la gauche !  A la rigueur peut-on inscrire dans la même série le De Gaulle de 1958 - pas celui de 1940 -, même si les hommes d’argent ne l’acceptèrent jamais vraiment.

François Mitterrand, lui, joua un jeu plus subtil : formellement élu de l’Union de la gauche et donc des classes populaires, appuyé sur le parti communiste, il n’en avait pas moins dans sa manche la plupart des grandes fortunes françaises, les Bettencourt, les Seydoux, les Riboud,  Marcel Dassault lui-même   ou des hommes d’influence : Ambroise Roux, Robert Hersant qui tous figuraient parmi ses proches.  A l’échelon international, il était discrètement soutenu par Reagan.

Malgré quelques appuis ponctuels et un programme très avantageux pour eux, François Fillon, n’a pas vraiment réussi à séduire   les hommes de l’oligarchie.

La puissance politique des grandes fortunes s’est accrue du fait de la mondialisation qui leur  assure un contrôle presque total de la trame serrée des réseaux de pouvoir à l‘échelle internationale.    Qu’un Donald Trump soit passé au travers de mailles du filet en s’appuyant, au moins en partie, sur le peuple américain contre l’oligarchie, explique ses difficultés actuelles : des pans entiers de l’establishment   ne lui pardonnent pas ce qu’ils tiennent pour une usurpation.

 

Le bon sens en moins

 

Il ne faudrait cependant pas pousser trop loin la comparaison avec Bonaparte. La fougue, la jeunesse, une certaine audace, oui. Mais le génie de Bonaparte – hors de ses aventures militaires dont la responsabilité est débattue -,   fut d’avoir été un homme d’un bon sens supérieur. Les institutions fortes qu’il mit en place rapidement, en sus de la Banque de France et du nouvel ordre juridique déjà cités : les préfets, les lycées, l’Université, étaient marqués du coin de la raison et du sens des réalités. Comme tous les vrais chefs, Bonaparte sut faire prévaloir le bon sens sur les idéologies, qu’elles aient été   jacobine ou réactionnaire.

Emmanuel Macron, au contraire, a, au long de sa campagne, enfourché tous les poncifs de l’idéologie technocratique et mondialiste, la même qui provoque depuis des années l’exaspération des Français : Europe supranationale, libéralisation à tout va, ouverture à l’immigration, lutte obsessionnelle contre les discriminations, remise en cause du cadre communal etc. Il ne réussira que s’il se décide à aller à l’encontre de tout ce que l’a porté pendant la campagne.

Cette différence est à l’image de la manière dont les classes dominantes ont évolué : au XIXe siècle elles étaient certes libérales mais sans dogmatisme, attachées à l’héritage de la Révolution mais sans rupture avec   la tradition et sans utopie, à la fois patriotes et   pragmatiques.  La bourgeoisie d’alors était nationale ; celle d’aujourd’hui est transnationale, tournant souvent le dos à la France   au bénéfice du grand large :  le  libre-échange mondial, l’Europe. La bourgeoisie d’aujourd’hui    est devenue idéologue, le carcan de l’idéologie lui permettant de mieux affirmer sa domination   sur les populations, notamment pas des médias devenus monocolores, mais ses représentants attitrés, Macron pourrait en être assez vite un exemple, n’échappent pas au discrédit qui frappent   toutes les idéologies et au rejet populaire qui s’ensuit, d’autant que c’est dans l’espace national que se fonde encore la légitimité.

Il vaut mieux s’appuyer   sur l’oligarchie pour accéder au pouvoir, mais il faut savoir le jour venu se débarrasser des idéologies et donner des gages au peuple, dans le cadre national, sinon l’illusion se dissipe vite.

 

Roland HUREAUX

 

  

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 21:09

 

LES   ENGAGEMENTS DE CAMPAGNE CONTRADICTOIRES DE TRUMP RENDENT PEU LISIBLE SA POLITIQUE AU PROCHE-ORIENT

 

L’apparence chaotique de la diplomatie de Donald Trump peut s’expliquer par l’opposition résolue de la quasi-totalité de l’oligarchie états-unienne à son projet diplomatique tel qu’il l’avait exposé  dans sa campagne électorale : fin des guerres du Proche-Orient inspirées par le régime change, sans autre but apparent que de défendre les droits de l’homme ou d’établir la démocratie dans le monde arabe , priorité à la lutte contre le terrorisme islamique, recherche d’un accommodement avec la Russie de Poutine.

 

L’isolement intérieur de Trump

 

Ces ambitions se heurtent à l’hystérie antirusse d’une partie du pays, spécialement des cercles washingtoniens.  Elles se heurtent aussi au rejet systématique de la personnalité du nouveau président  par la plupart des grandes forces qui  comptent dans le pays  : la quasi-totalité des médias , notamment ceux de la côte Est  , New York Times,  Washington Post, CBS     ( seule exception  notable:  Fox News) , de la plupart des services de  renseignement  (une vingtaine au total),  du département d’Etat , d’une partie de l’armée et de la justice , des membres du Congrès, même républicains, d’un large segment  de l’oligarchie économique ( spécialement le monde de la communication : Hollywood, Gafsa). Face à une si formidable opposition, Trump est obligé de donner des gages en enfourchant les bottes de son prédécesseur, ainsi qu’il l’a fait en bombardant le 7 avril dernier l’aéroport syrien d'Al-Chaayrate après la supposée attaque chimique de de Khan Cheikhoun. Des gages qui contredisent ses promesses électorales. De même, il caresse le Pentagone et l’appareil militaro-industriel par la perspective   d’une augmentation des crédits.

Accusé par ses ennemis d’avoir été élu grâce à l’intervention des réseaux russes, il n’a pu   rencontrer Poutine en tête à tête qu’en marge du G20, le 7 juillet, sept mois après son élection.

Une autre explication à ce manque de lisibilité est le tempérament de Trump lui-même, qui, dans le plus pur style Far West, pense qu’il sera d’autant mieux respecté dans le monde qu’il sera, comme Nixon et Reagan avaient essayé de l’être, imprévisible.

 

La promesse de désengagement se heurte à la volonté de soutenir Israël 

 

Mais nous pensons qu’il y a une troisième raison à son attitude, encore plus décisive : le fait qu’il n’a pas été élu sur une ligne mais sur deux qui   s’avèrent en partie contradictoires.

Le premier est celle que nous indiquions, la priorité à la défense des intérêts des Etats-Unis sur les aventures idéologiques, le pragmatisme face à la Russie, que l’on peut compléter par son hostilité au libre-échange, à l’immigration, son scepticisme vis-à-vis de l’Union européenne et même, par moments, de l’OTAN.   

Mais il y a une seconde thématique qu’il n’a cessé de brandir : le soutien inconditionnel à Israël, allant jusque reprocher à Obama d’avoir été trop timide dans ce soutien. Une des conséquences de cette thématique est la menace de remettre  en cause de l’accord de Washington, conclu au nez et à la barbe de   l’allié israélien avec l’Iran par Obama le 14 juillet 2015.

De fait, chacune des deux   thématiques de Trump se voulait en opposition frontale aux positions prises par Obama. Obama avait été interventionniste – jusqu’ à déclencher, tout Prix Nobel qu’il soit, quatre guerres au Proche-Orient et en Ukraine, Trump ne le serait pas, n’hésitant pas non plus à critiquer le prédécesseur républicain d’Obama, George W. Bush pour la seconde guerre d’Irak. Obama, dont les mauvaises relations avec Netanyahou étaient notoires avait pris quelques distances (toutes relatives) avec Israël ; lui, Trump, s’en rapprocherait.

Rapprochement assez logique si on considère   que dans l’environnement extrêmement hostile dans lequel il se débat, Trump n’a pas besoin d’ajouter encore l’hostilité de l’AIPAC, le puissant groupe de pression pro-israélien de Washington.  Rapprochement symbolisé par le rôle important joué dans son entourage par son gendre Jared Kushner, mari d’Ivanka, à la fois juif pratiquant et sioniste.

La question est de savoir si ces deux lignes sont compatibles.

Le soutien inconditionnel à Israël, conduit Trump à épouser son hostilité radicale à l’Iran, voire la volonté de Netanyahou de régler son compte à ce pays, peut-être au prix d’une guerre, au minimum par un isolement renforcé.

Trump ira-t-il jusqu’ à dénoncer l’accord de Washington ? Il n’en semble pas loin.

En tous les cas, à partir du    postulat d’un soutien inconditionnel à Israël, on revient facilement à la logique des interventions militaires au Moyen-Orient telles que ses prédécesseurs les avaient menées.  

Ces interventions ont eu pour cible principale les régimes arabes de type nassérien ou baasiste, qui s’étaient assigné depuis 1945 l’objectif d’échapper aux logiques tribales ou étroitement religieuses, et de construire des Etats, de modèle français au civil, de modèle soviétique pour ce qui est de l’armée, du parti unique et   des services secrets.   Des Etats, Irak, Syrie, Libye et même Egypte, sur lesquels il y aurait beaucoup à dire quant aux droits de l’homme mais qui garantissaient une certaine tolérance religieuse, en particulier des chrétiens, et valaient mieux en tous les cas que le chaos qui règne aujourd’hui.   Ces Etats rencontraient l’hostilité non seulement des néo-conservateurs américains avides de démocratiser le Proche-Orient mais aussi des dirigeants   israéliens, qui pensaient, à tort ou à raison, que leur existence menaçait la sécurité de l’Etat hébreu.

D’autre part, les Etats-Unis, comme Israël et l’Arabie saoudite, sont préoccupés par l’« arc chiite », qui va du Liban, aujourd’hui dominé militairement par le Hezbollah[1]  à l’Iran en passant par la Syrie de Bachar el Assad (les alaouites dont ce dernier fait partie ne sont pas exactement des chiites et le gouvernement syrien a aussi des appuis parmi les sunnites), mais il est allié de l’Iran auquel il doit sa survie. Paradoxe : au sein de cet arc, se situe le gouvernement irakien qui a été mis en place par Washington et qui est son allié dans la lutte contre Daech, en particulier à Mossoul. Si les Etats-Unis veulent soutenir Israël, s’ils ne veulent pas que les chiites   contrôlent   tout l’Irak et que le gouvernement de Syrie et la Russie ne soient pas les seuls à combattre Daech, ils doivent continuer d’intervenir dans ces pays.

 

Le rôle de l’Arabie saoudite

 

Le meilleur allié d’Israël dans la région est l’Arabie saoudite. Le récent voyage de Trump à Ryad lui a permis de réitérer   le soutien des Etats-Unis mais avec une contrepartie : la cessation de tout soutien de la monarchie wahabite au terroriste islamiste, et une victime :  le Qatar : l’émirat aussi   était un allié d’Israël   mais il s’était rapproché du Hamas et de l’Iran, ayant intérêt à cogérer avec celui-ci l’immense nappe de gaz que les deux pays se partagent.

De même, les Etats-Unis ne peuvent que continuer à appuyer l’Arabie dans la guerre qu’elle fait    à l’Iran au Yémen par milices interposées.

On le voit : dès lors qu’il a fait de l’appui total à Israël un principe de base, il reste peu de marge de manoeuvre à Trump pour mener au Proche-Orient une diplomatie très différente de celle de son prédécesseur.

Les conséquences de cet engrenage se font nécessairement   sentir sur les relations avec la Russie. Poutine soutiendra jusqu’au bout le gouvernement de Bachar el Assad et prend mal que les Etats-Unis, en violation du droit international et en soutenant au besoin Daech, comme récemment à Deir-es-Zor[2], empêchent Assad de reconquérir tout le territoire syrien et peut-être même planifient encore son renversement.

D’autre part, il est douteux que la Russie, ni même la Chine acceptent que les forces israéliennes ou saoudiennes pénètrent en Iran. La Russie a fourni à celui-ci les redoutables fusées antimissiles S 300 et les S 400 russes, les meilleures fusées antiaériennes qui soient, ont toute la région à leur portée. 

Il est clair que si Trump veut rompre avec la politique belliciste d’Obama, il devra faire, sinon des choix tranchés qui ne sont pas dans les habitudes des diplomates, du moins passer des compromis avec tous les acteurs de la région. 

 

Roland HUREAUX

 

 

[1] Stratégie du chaos ou pas, le désordre qui a régné pendant 15 ans au Liban a permis l’émergence de cette milice plus aguerrie que les autres et qui constitue une menace pour Israël.

[2] Le 17 octobre 2016, à Deir-es-Zor, dans l’Est de la Syrie, l’aviation américaine est intervenue pour soutenir Daech qui était sur le point d’être chassé de la ville par les troupes gouvernementales.

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11 juillet 2017 2 11 /07 /juillet /2017 17:27

L’ « AGGIORNAMENTO » DE MACRON SUR LA SYRIE N’EST PAS SI RASSURANT QU ’ON DIT

 

https://www.causeur.fr/syrie-macron-trump-attaque-chimique-145407

 

On ne saurait entendre sans inquiétude le nouveau président français   se comparer à Jupiter quand on sait que   Jupiter était maitre de la foudre et qu’il l’est, lui, du feu nucléaire.

Beaucoup d’observateurs se sont cependant trouvés rassurés par ses déclarations du 21 juin au Figaro et à sept autres journaux européens où il dit sur le Proche-Orient : « Je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime ! ». Il déclare en outre donner la priorité   à « la lutte absolue contre tous les groupes terroristes ,  car ce sont eux, nos ennemis » et parce que « c’est dans cette région qu’ont été fomentés les attentats terroristes et que se nourrit l’un des foyers du terrorisme islamiste. »

En admettant que la paix en Syrie ne signifie pas nécessairement le départ de Bachar el-Assad, le nouveau président ouvrait la porte au processus de paix. Sachant que les Russes se lâcheront jamais le chef d’état syrien, au moins sous le pression des Occidentaux, la porte était fermée à toute négociation sérieuse aussi longtemps que ceux-ci faisaient de son départ le préalable à la paix. Cette  position de fermeture avait été celle de Hollande et Fabius et aussi  du  candidat Macron lors d’une visite qu’il avait faite au Liban  pendant sa campagne.

On ne saurait cependant se tenir pour pleinement rassuré par les prises de position les plus récentes du nouveau président.

 

Pas totalement rassurant

 

D’abord parce que le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian ne semble pas être allé aussi loin dans ce que la presse a appelé l’ « aggiornamento » français.  Or il n’est pas un personnage négligeable : ancien ministre de la   défense où il s’est fait connaitre – en bien – par les cercles transatlantiques qui gouvernent l’Occident, il a été jugé après l’élection de Macron plus propre que d’autres à occuper le poste difficile de ministre des affaires étrangères car plus compatible avec les engagements atlantiques pris par la France depuis Sarkozy.  Compte tenu des exigences de compétence et d’alignement, Macron avait-il vraiment la possibilité de nommer   quelqu’un d’autre ?

Peu après sa prise de position sur la Syrie, Macron a fait l’objet d’un rappel à l’ordre  sous la forme d’une tribune publiée dans Libération du 3 juillet par 100 intellectuels (ou soi-disant tels) de gauche, relais zélés du militarisme nord-américain, pions infatigables et mobilisables à merci de la croisade anti-Assad.  On peut supposer que derrière cette prise de position voyante mais marginale, d’autres rappels   à l’ordre ont eu lieu de la part de tous ceux qui, en France et à l’étranger, ont soutenu Macron pendant sa campagne et dont aucun ne partage son nouveau point de vue sur la Syrie.

Est-ce pour cela que l'Elysée s’est cru obligé de publier le 5 juillet un communiqué pour  assurer l'opposition syrienne du soutien de la France [1] ?   L’opposition syrienne ?  Sur le terrain, des forces « démocratiques » ayant nom Al Qaida (aujourd’hui Fatah al-Cham) et   une série d’autres mouvements islamistes, ce qui relativise singulièrement « la priorité à la lutte contre tous les groupes terroristes ».

Entre temps, Macron a invité Trump à assister au défilé du 14 juillet, invitation à laquelle il n’y a rien à redire, s’agissant de célébrer le 100e anniversaire de l’entrée des Etats-Unis dans la guerre contre l’Allemagne aux côtés de la France. Certains se sont alors réjouis de voir    la France marcher la main dans la main avec l ’Amérique. Mais il s’agit de savoir quelle Amérique.

 

Une intervention militaire américano-française en Syrie ?

Peu rassurante en effet   est   la déclaration conjointe du 27 juin de Trump et Macron qui se sont dits prêts à riposter de manière coordonnée à toute nouvelle attaque chimique du régime syrien, après que les Américains aient accusé Damas de mener des préparatifs en ce sens.

En s’associant à    cette déclaration, Macron    suppose   acquis le fait   que les précédentes attaches chimiques étaient le fait d’Assad, ce qui est très contestable, à moins de  croire qu’il est complètement fou , ce qu’il n’est pas , autant que l’idée qu’il pourrait préparer de nouvelles attaques.

Cette allégation est en effet absurde car on ne voit pas quel intérêt auraient le président syrien, ni son armée, à faire usage de telles armes, de peu d’effet sur le terrain, mais qui peuvent provoquer une intervention américaine. Dans un cas au moins, l’attaque de la Ghouta en août 2013, des experts au-dessus de tout soupçon[2] ont démontré que ce n’était pas l’armée gouvernementale mais Al Nora (autre nom d’Al Qaida) qui était à l’origine de cette attaque : une attaque classique sous faux pavillon en vue de déclencher des représailles 

Tout laisse penser qu’il en a été de même dans l’attaque du 4 avril près de Khan Cheikhoun qui aurait fait 88 victimes (dont 30 enfants que les propagandistes ne manquent jamais de placer au mauvais endroit !) et qui a amené Trump à   bombarder en représailles la base d'Al-Chaayrate   près de Homs, première intervention armée ouverte de Washington contre le régime de Damas. On peut en dire autant d’au moins une des deux attaques chimiques qui ont eu lieu près d’Alep.

Il est intéressant de   rappeler le scénario de 2013 :

Le 5 juin 2013, Obama avertit solennellement le gouvernement syrien que toute attaque chimique entrainera des représailles américaines.

Le 21 août , une attaque chimique a lieu  dans le faubourg de la Ghouta près de Damas.  Il fait, selon les sources, 280 à 1720 victimes, surtout civiles.

L’ensemble des médias et des gouvernements occidentaux  tend immédiatement  un doigt accusateur  vers  Assad présenté sans examen comme  l’auteur de cette attaque . Hollande  et Fabius pressent Obama  d’intervenir militairement (ce qui est  peut-être à mettre en rapport avec l’accusation de l’ ambassadeur de Syrie aux Nations-Unies  selon lequel  la coopération militaire  française aurait apporté un  appui  technique à   cette opération).

Finalement   Obama   décide de ne pas intervenir et , pour sortir de la crise, saisit au bond    la proposition   russe de placer  sous  contrôle international puis de détruire les armes chimiques des forces gouvernementales. Le   Parlement britannique, méfiant sur la version officielle, refusa, quant à lui,  d’autoriser une intervention britannique. 

Le même scénario pourrait  se reproduire cet été. L’avertissement  américano-français à Assad, qu’aucune crainte raisonnable ne justifie , ouvre la porte à toutes les initiatives sous faux pavillon : soit  celles  de tel ou tel   service  secret américain , notamment ceux que Trump a tant de mal à contrôler ,   soit ceux de pays comme la Turquie , soit les groupes djihadistes qui continuent  de grouiller en Syrie.   

Ou bien Trump et Macron  croient vraiment   qu’Assad prépare une attaque chimique et ils sont  gravement désinformés,  ou bien ils mijotent  un sale coup ( dirty trick) qui pourrait mettre en péril la paix mondiale.

Qu’un haut  responsable du Pentagone ait affirmé contre toute vraisemblance qu’Assad préparait  une telle attaque  laisse en effet  penser qu’une  opération psychologique de grande ampleur est en gestation, et par là même une intervention sur le terrain. On n’est pas rassuré de voir Macron s’impliquer dans  une telle  affaire. 

Obama,  qui savait, comme Hollande ,    qu’Assad n’était pour rien dans l’attaque de la Ghouta, avait  renoncé à mettre  sa menace à exécution   . Mais Trump qui le lui a vivement reproché (et voulu démontrer en ripostant le 7 avril sur la base d’Al-Chaayrate à une attaque analogue qu’il était d’une autre trempe),    pourra difficilement  reculer devant des représailles  si  une nouvelle attaque chimique est attribuée à Assad.  

Si l’intervention américaine est  de quelque ampleur , les Russes ne pourront pas rester inactifs et un engrenage fatal serait ainsi enclenché. On ne peut que  regretter  que  Macron ait d’avance apporté sa caution à  une possible attaque de la Syrie par les forces de l’OTAN.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

[1] Macron venait de rencontrer Riyad Hijab, coordinateur du fantomatique Haut comité syrien pour les négociations (HCN). 

[2] On se réfère entre autres au  rapport rédigé par Richard Lloyd, ancien inspecteur de l'ONU spécialiste des missiles, et Theodore Postol, professeur au MIT, qui  affirment  que les attaques chimiques ont tout simplement été lancées depuis une zone tenue par les rebelles syriens. Pour étayer leurs propos, les deux experts américains ont étudié des "centaines" de photos et des vidéos d'ogive, de restes de roquettes, d'impacts sur le sol, et de barils contenant le gaz sarin, publiées sur Internet. Un  rapport de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW) basé à La Haye, jamais rendu public, va dans le même sens. 

 

 

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6 juillet 2017 4 06 /07 /juillet /2017 21:23

 

Le concert d’éloges qu’a suscité le décès de Simone Veil recouvre bien des ambiguïtés.

D’abord le fait que, surtout de la part de la presse, c’est moins la personne que l’on célèbre que l’avènement du supposé droit à l’avortement. On fait ainsi de l’ancien ministre de la santé une icône de libéralisation des mœurs. Rien dans ses déclarations ne le laisse supposer. La loi Veil visait à encadrer et même réduire le nombre des avortements clandestins. La propagande féministe avait alors répandu le chiffre absurde d’un million par an – alors que la vérité était plus proche de 50 000, ce qui n’était déjà pas rien[1]. Simone Veil avait-elle été dupe de cette propagande ?  Probablement pas, mais tout laisse penser qu’elle voulait faire une loi d’encadrement et de contrôle plus que d’émancipation.

On ne l’a pas assez relevé : Simone Veil venait clairement de la droite. Elle était issue, comme Marie-France Garaud, de l’écurie de Jean Foyer, grand détecteur de talents et qui deviendrait un des adversaires les plus résolus de la loi de 1974. Il réussit néanmoins à y faire inscrire à l’article 1 que « La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. », le reste de la loi ne venant qu’à titre d’exception : « il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu'en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi.» 

Simone Veil ne s’était pas engagée dans cette aventure sans crainte et tremblement. Elle devait dire plus tard que la loi n’aurait pas vu le jour si l’épiscopat avait manifesté haut et fort   son opposition.

 

La grande défausse

 

Une loi qui n’aurait normalement pas dû s’appeler   loi Veil. On n’a jamais relevé ce qu’il y avait d’abject dans le fait que trois personnalités de culture et, selon leurs déclarations, de foi catholique, trois hommes, Valery Giscard d’Estaing, président de la République, Jacques Chirac, premier ministre et  Jean Lecanuet, garde des sceaux, soient allés chercher une jeune magistrate d’origine juive, rescapée des camps de la mort, pour lui faire porter le chapeau d’une loi dépénalisant  (au moins en partie) l’avortement.    Sur un sujet qui touchait les droits fondamentaux et donc en premier lieu le ministère de la justice, cette loi n’aurait-elle pas dû s’appeler loi Lecanuet ? Lecanuet  icône de la démocratie chrétienne finissante, enterré dans un monastère !  Instrumentalisation et de la judéité et de la shoah à des fins politiciennes : personne n’a souligné à quel point il y avait là une forme d’antisémitisme sournois, en tous les cas de lâcheté.   D’ailleurs le piège diabolique concocté par Giscard et Chirac a fonctionné :  la bêtise crasse qui   caractérise une certaine droite l’a conduite à tomber les yeux fermés dans le panneau pour se livrer à des amalgames douteux qui ont terriblement affaibli la cause des défenseurs de la vie. 

L’intéressée était-elle obligée de tenir  ce rôle ? C’est une question ouverte.

 

Le droit de l’avortement actuel n’a plus rien à voir avec la loi Veil

 

Enfin, et c’est le plus important, il serait temps de rappeler que la loi Veil de 1974 n’a à peu près rien à voir avec la législation   de l’avortement de 2017.

Au fil des ans ont été supprimés :  le principe du respect de la vie comme norme, la nécessité de l’état de détresse, l’entretien préalable avec une assistante sociale, le délai de réflexion . Le délai légal a été relevé à 12 semaines (ce qui est tout de même différent  de  pays, comme les Etats-Unis, où il n’y a pas  de délai !  ).  Ont été instaurés en parallèle  le remboursent à 100 %   de l’acte (et plus récemment de tous les examens préalables) [2] et le délit d’entrave à l’avortement.  On n’est pas encore allé jusqu’à en faire un droit fondamental sans considération de délai, mais sous la pression de l’ONU et de l’UE, une motion dans ce sens a été votée récemment à l’Assemblée nationale.    L’objection de conscience du personnel médical est menacée et affaiblie, les pharmaciens en étant désormais exclus.  A l’instigation de Marisol Touraine, les hôpitaux sont obligés d’atteindre des quotas d’avortements et donc à y pousser les femmes hésitantes pour montrer qu’ils ne se dérobent pas à ce supposé  «service public». Le progrès du dépistage prénatal (et les actes de dépistage multipliés par la loi ) ont fait de l’avortement , en France plus qu’ailleurs, un instrument quasi-généralisé d’eugénisme, ce dont on ne mesure sans doute pas encore toutes les conséquences[3]. La science a entretemps découvert le RU 486 qui semble rendre l’acte plus anodin et qui peut être délivré par  les infirmières de lycée.

Nous ne comptons pas au nombre des dérives la suppression de l’autorisation parentale, prévue à l’origine pour les mineures, tant le rôle des parents est, en cette matière, le plus souvent négatif.

On est ainsi passé de la loi de 1974 pour laquelle l’avortement provoqué était une exception à une règle générale de protection de l’enfant à naître, assortie d’un   dispositif à finalité   dissuasive, à un régime juridique, en théorie de semi-liberté, mais en fait d’encouragement. La sociologie contemporaine, de plus en plus hostile l’enfant, fait que les institutions les plus diverses : entreprise, hôpital, lycée, services sociaux  et souvent famille se liguent pour pousser à l’avortement des femmes qui, au fond d’elles-mêmes,  voudraient garder leur enfant. Tenter de dissuader une femme d’avorter est puni par la loi, l’y pousser, en soi,  ne l’est pas[4]. On estime à 60 % le nombre d’avortements sous pression de l’environnement et peu contestent qu’une femme entourée de gens,  employeur compris, qui accueillent  favorablement l’enfant,  n’y recourt guère. Qui parle de liberté [5]?

La loi de 1974 prévoyait que des études en vue de connaitre mieux les motivations de l’acte abortif, dans un but de prévention : cette disposition est passée à la trappe lors de   la reconduction de la loi en 1978. Le sujet est  devenu  au contraire tabou. De même l’entretien préalable n’a la plupart du temps été qu’une formalité bien éloignée de l’esprit de la loi.

Ces évolutions ont été la plupart du temps votées à l’initiative du parti socialiste, la droite ne les remettant jamais en question « pour ne pas rouvrir le débat ». Elles semblent conforter l’argument des pro-vie  selon lesquels la loi Veil, sous une apparence restrictive, a ouvert la boîte de Pandore.      De même,  il n’est   pas fortuit que   le passage sans retour de la fécondité française au-dessous du seuil de renouvellement des générations date de 1975.

Il reste que Simone Veil a, au moins en privé, déploré la dénaturation de la loi qui porte son nom. Il aurait peut-être mieux valu qu’elle le dise    publiquement, comme  elle a participé brièvement en 2013 [6] à la manifestation contre la loi Taubira.

Mais on trouve dans ses déclarations de 1974 des prises de position non équivoques : « Il n’y a aucun droit à l’avortement »… « Personne n’a jamais contesté, et le ministre de la santé moins que quiconque, que l’avortement soit un échec »… « C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame », ou encore « si [le projet de loi] admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler, et autant que possible en dissuader la femme ».

« Dissuader la femme ! » Avec de tels propos, Simone Veil serait aujourd’hui allée en prison.  

 

Roland HUREAUX

 

 

[1] On compte aujourd’hui environ 220 000 avortements légaux par an. Ce chiffre, un des  plus élevés d’Europe,  ne baisse pas  malgré des dizaines d’années de propagande pour la contraception. Il concerne   principalement les populations autochtones.

[2] Alors que les soins dentaires ou les lunettes ne sont remboursés qu’à hauteur de  20 %.

[3] Combien de grands artistes ou génies scientifiques n’auraient pas survécu au dépistage prénatal  , sûrement pas  Toulouse-Lautrec ?

[4] Il y a des condamnations  de ces pressions mais, à notre connaissance, seulement  en cas de violences physiques , au titre des « violences faites aux femmes ».

[5] Ces pressions sont d’autant plus déplorables que la plupart des femmes en  gardent des traces psychologiques profondes. 

[6] Sa santé  déjà compromise ne lui permettait pas de faire plus de quelques centaines de mètres, ce qui  est déjà beaucoup.. 

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