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Roland HUREAUX

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:36

 

LES TERRORISTES ONT MIEUX COMPRIS QUE BEAUCOUP L’IDENTITE DE LA FRANCE MAIS ILS N'ONT PAS TOUT COMPRIS

 

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/08/08/31003-20160808ARTFIG00163-ce-que-les-djihadistes-ont-compris-de-la-france-et-ce-qu-ils-ont-oublie.php

 

A une France qui s'interroge chaque jour sur son identité, les terroristes qui ont frappé à Nice et à Saint-Etienne-du-Rouvray ont, d'une certaine manière, répondu "Nous, nous savons ce que vous êtes et c'est précisément cela qui ne nous plait pas et là que nous voulons vous frapper".

L'attentat de Nice a eu lieu le 14 juillet, fête nationale, qui commémore certes la Fête de la Fédération de 1790 que le roi présidait, mais qui se trouve désormais liée à l'imaginaire républicain. C'est la France issue de la Révolution française qui était visée.

L'assassinat d'un prêtre en plein milieu d'une messe à Saint Etienne du Rouvray, c'est l'Eglise catholique, pilier millénaire de la civilisation française qui est la cible. Que cet attentat ait eu lieu le jour de l'ouverture des JMJ est-il un hasard ? Ce n'est pas sûr.

 

Fils de l'Eglise et de la République

 

Pour les terroristes, ces deux traditions n'en font que une. Elles sont toutes deux   constitutives de la même France. Les commanditaires des attentats de juillet auraient-ils lu Marc Bloch :  "Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération." ?  On se le demande.

L'histoire de France ne fait certes pas vibrer les terroristes, mais ils l’ont mieux comprise que les enfants qui sont ou seront victimes d'une Education nationale façon Vallaud-Belkacem laquelle   organise, sur fond de culpabilité, l’amnésie et l'inculture des générations futures.

Ils l'ont mieux comprise que nos laïcistes, tout puissants dans l'actuel gouvernement, pour qui seule compte la France républicaine, et qui pensent qu’un durcissement de la laïcité viendra à bout des terroristes, qu'il faut bannir les sapins de Noëls et les crèches des places publiques pour les apaiser. La très officielle Association des maires de France déconseille aux élus chrétiens de manifester leur foi en public, mais en revanche Anne Hidalgo fête ostensiblement la fin du ramadan à la mairie de Paris.  Pour eux, l’Etat laïque doit tout faire pour échapper au soupçon de parti-pris pro-chrétien en faisant pencher au besoin la balance du côté de l’islam.   Que le christianisme qui ne fait peur à personne soit la première victime d'une telle pratique et qu'une France déchristianisée soit une proie plus facile pour l’islamisme qu'une France qui aurait gardé la mémoire de ses   racines chrétiennes, cela ils ne veulent pas le savoir. Il est vrai que, dans une certaine gauche, la   haine du christianisme est sans doute pire que celle qui anime les terroristes.

 

La crise de la laïcité

 

Que ce laïcisme, de l'école de Vincent Peillon, libertaire et anomique n'ait rien à voir avec celui de Jules Ferry, fondé, lui, sur une forte notion de la loi naturelle (appelée "morale républicaine"), issue de Rousseau et de Kant, leur échappe, ce qui témoigne de la crise profonde que traverse aujourd'hui l'idée de   laïcité et par de là son incapacité radicale à contrer l'islamisme.

Tous ceux qui ont fréquenté des musulmans de France - et d'ailleurs -, qui ont fait par exemple une campagne électorale dans les cités où ils sont majoritaires savent qu'ils   préfèreront toujours un chrétien croyant à un athée. Plus la France se déchristianise, moins elle est capable d'intégrer.

Les terroristes ont aussi mieux compris ce qu'était la France que les héritiers de l'école traditionnaliste, nombreux dans une certaine droite, qui depuis 230 ans ressassent de génération en génération leur ressentiment à l'égard d'une Révolution française supposée être à l'origine de tous nos maux.   Ils ne voient pas que la vague libertaire, venue des Etats-Unis il y a une génération, a peu à voir avec la Révolution de 1789 et qu’elle marque une rupture de civilisation encore plus fondamentale, prémisse d'un transhumanisme suicidaire. Ils ne remarquent pas par exemple que ce qui reste de monarchies en Europe, notamment dans les pays nordiques ou le Commonwealth, ont été les plus ardentes à   adopter les   excentricités libertaires, contraires à une morale naturelle qu’aucun des philosophes des Lumières (sauf Sade) n’avait remise en cause.

A vrai dire les querelles franco-françaises de l’Eglise et de la République, du curé et de l'instituteur, à la rigueur comprises en Italie (Don Camillo et Peptone !) ou en Espagne, sont incompréhensibles pour le reste du monde.  En particulier pour les chrétiens d'Orient    pour qui la France de saint Louis et celle des Droits de l'homme, inséparables, sont deux moments d'un même élan historique.  Il en est de même en   Irlande, en Pologne, en Afrique ou en Asie.

Cela, des hommes aussi emblématiques du génie français que Chateaubriand, Péguy ou De Gaulle l 'avaient compris. De même les hommes de la IIIe République qui, tout en combattant l'Eglise à l'intérieur avaient à cœur de remplir la mission multiséculaire de la France de protection des    chrétiens d’Orient, mission que Sarkozy et Hollande ont oubliée.

En frappant la France à la fois à Nice et à Saint Etienne du Rouvray, les terroristes   ont fait la preuve qu’eux aussi ont   compris cela.

De même l'acharnement particulier qu'ils mettent à frapper la France ne s'expliquerait pas s’ils n’avaient, à leur manière, intégré que parmi les nations chrétiennes, en dépit de ses multiples reniements, elle demeure "la fille aînée de l'Eglise".

 

La France est aussi le pays de la Résistance

 

Il est en revanche une chose que les terroristes n'ont pas comprise, c’est que la France ne se laissera pas faire. On voit bien    dans quelle logique    ils situent leur action maléfique :   la terreur effraye, la terreur démoralise, intimide, tétanise, spécialement les faibles. Or, à leurs yeux, les Français, comme tous les Européens, sont devenus veules, décadents, ils ne sont plus capables de se défendre. Complètement dévirilisés, ils marient même les homosexuels.  Frappons-les et frappons fort, il se rendront. Dans "la guerre civile qui vient », les soldats d'Allah qui seuls ont conservé la flamme des premiers commencements seront, croient-ils, les plus forts.    Si la France bascule, c'est toute l’Europe qui basculera.  Poitiers, Lépante et Vienne seront vengés.

Or ceux qui pensent cela, se trompent profondément. Malgré l’état désastreux où se trouve aujourd'hui la société française, vingt siècles d'histoire nationale montrent que les Français ont toujours eu en réserve des ressources insoupçonnées, qu'ils ont toujours su se ressaisir quand il le fallait, spécialement quand ils étaient le plus insolemment agressés. Non, messieurs les djihadistes, la France millénaire ce n'est pas, comme le répand une certaine doxa de gauche, celle de Pétain, elle est, dès avant Jeanne d’Arc, celle de la Résistance.

A l'opposé de leurs espoirs, ou de ceux que leurs inspirent certains imams aux prêches du vendredi, il existe une identité française, diverse dans ses composantes mais unique et infiniment plus solide que ce qu'ils imaginent.   Daesh aura à cet égard été plus efficace que tous les débats sur    l'identité nationale   pour nous révéler ce qu'est cette identité.  L'immense émotion   qui a suivi la mise à mort de ce   pauvre prêtre de 85 ans en est le signe.  

Là est notre espoir.

 

                                                                                   Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:35

 

LES REPUBLICAINS N'ONT PAS DE PLAN B

 

http://www.atlantico.fr/decryptage/qui-se-cache-derriere-difficulte-republicains-elaborer-eventuel-plan-b-roland-hureaux-2982354.html

 

Il est dans la culture de l'ex-RPR, devenu UMP, puis "Les Républicains" de prendre des décisions brusques et apparemment fortes après un échec. Alain Juppé en sait quelque chose : à la suite de la défaite à l'élection   législative qui a suivi la dissolution de 1997, il fut sommé dans la journée qui suivit de démissionner de la présidence du RPR pour être remplacé séance tenante par Séguin - qui devait ultérieurement démissionner à son tour tant il était peu fait pour ce poste.

C'est sans doute là la marque de la culture chiraquienne.  Chirac   ne marchandait pas les gestes brusques et excessifs qui convenaient à son air (apparemment) décidé : appel de Cochin, festival atomique de 1995, retrait du CPE, déjà voté et promulgué.

Nous sommes là loin d'une authentique vision politique, laquelle prend en compte pleinement le facteur temps et donc ne s'arrête pas au premier revers. Churchill disait « Le succès, c'est d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme."  Les   mêmes qui poussent Fillon à retirer sa candidature et vont peut-être l’y forcer, auraient dit à De Gaulle après Mers-el-Kébir ou Dakar : "maintenant ça suffit, on rentre à la maison".

En refusant de démissionner, Fillon ne fait pas seulement preuve d'obstination, il démontre ses capacités d'homme d’Etat qui ne change pas de cap au premier revers. Il répond ainsi à ceux qui doutaient de sa force de caractère.

Certes l'affaire à laquelle il est confronté n’est pas insignifiante, non pas tant sur le plan moral ou judicaire, mais sur le plan politique.

Il reste que la seule solution pour les chefs de l'UMP   est de continuer à le soutenir car ils n'en ont aucune autre qui tienne.

D'abord, si Fillon s’arrêtait, le préjudice ne serait pas seulement pour lui mais pour toute la droite et le centre. Renoncer dans les circonstances actuelles à sa candidature serait implicitement reconnaître une gravité qu'ils n'ont pas aux faits qui lui sont reprochés :  tous les experts consultés s'accordent à   penser que cette procédure finira dans six mois ou un an par un non-lieu, mais entre temps que de dégâts ! Cette reconnaissance de culpabilité ne vaudrait pas seulement pour Fillon mais pour toute la droite classique et hypothéquait donc lourdement la candidature de son successeur.

Les défections au sein de LR ne plaisent pas à tout le monde, non seulement parmi les partisans de Fillon mais, très au-delà dans l'éventail politique : elles sentent la lâcheté et la traitrise. L’éventuel futur candidat ne devra donc pas avoir été compromis avec cette méprisable débandade.

 

Qui choisir ?

 

Et puis qui choisir ? Les caciques de LR, avant de demander son retrait à Fillon devraient proposer à l'unanimité un autre candidat : déposer ce que dans la constitution allemande, on appelle une "motion de défense constructive » : une motion de censure   portant le nom du nouveau chancelier. Or il n'en est pas question pour le moment : il s'en faut de beaucoup que les députés ayant quitté le navire soient d'accord sur le nom du nouveau pilote.
Si Fillon renonçait aujourd'hui, il faudrait s’attendre à une grave confusion chez les Républicains, cela à quelques jours de la date limite de dépôt des candidatures, chacune de celles-ci devant être portées par 500 signatures d'élus.

On parle de Juppé qui, parait-il, se prépare. Remplacer Fillon par Juppé n'est  pas  un choix neutre : dans l'atmosphère extrêmement tendue qui règne dans le  monde  occidental entre  les néoconservateurs (et libéraux-libertaires)  de type Clinton désireux d'en découdre avec Poutine et qui n'ont toujours pas avalé leur défaite à la présidentielle américaine   et les pragmatiques qui, comme Trump,  veulent substituer le dialogue  à la confrontation avec la Russie, entre  la logique du messianisme belliqueux et  celle des intérêts , l'atmosphère est proche de la guerre civile : à Washington, le clan Clinton qui comprend la plupart des médias refuse de reconnaitre sa défaite .  En France, Macron est clairement dans le premier camp, Marine Le Pen dans le second. Le malheur est que la ligne de front traverse aujourd'hui le parti Les Républicains. Juppé est clairement, comme Macron, sur la ligne Clinton, Fillon, malgré sa modération, est soupçonné d'être sur la ligne Trump, et en tous les cas de ne pas être hostile à Poutine : "il abuse de la vodka » a dit méchamment Juppé.

Au demeurant les raisons qui ont fait perdre à Juppé la primaire demeurent valables :  non pas son âge, comme on l'a dit, mais l’âge de son logiciel, celui du chiraquisme, le "travaillisme à la française », prêt sur presque tous les sujets à avaliser l'héritage de la gauche à un moment où c’est précisément cet héritage qui semble fatal à la France. Personne n'a oublié non plus ses grossières erreurs de jugement dans la guerre de Syrie. Il aurait gagné facilement l'élection en novembre ou décembre, sauvant la mise des députés LR. Aujourd'hui, c'est moins sûr.

Que dire du jeune Baroin ? Dans un climat de crise   grave, les peuples préfèrent généralement l'expérience et la   solidité. Le noyau dur de l'électorat de droite, d'inspiration catholique modérée, ceux qui ont fait gagner Fillon à la primaire, se ralliera-t-il à quelqu'un qui a déconseillé de faire des crèches de Noël. Bertrand n'est guère mieux loti. Wauquiez, jeune aussi, plus marqué à droite n’est pas aimé par ses collègues mais on   le voit mal se rallier aux précités.

Pour se maintenir, Fillon    n'a pas forcément besoin de l'aval de ses collègues. La page de la primaire tournée, il suffit qu'il se réfère à l'esprit de la Cinquième République pour qui les candidats à la magistrature suprême ne sauraient être des gens de parti   mais de hommes seuls face au peuple.

Fillon aurait tort de lâcher et ses collègues qui veulent son retrait, tort d'insister.

Malgré tout ce qui a pu être dit, Fillon, qui dispose d'un matelas de 18 % d’électeurs sûrs, peut encore être au second tour et gagner. Pour les autres, contrairement aux apparences, c'est douteux.

 

                                                                       Roland HUREAUX

 

 

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:34

LE DRAME SYRIEN : UNE LUEUR D'ESPOIR ?

 

http://www.france-audace.fr/le-drame-syrien-une-lueur-despoir/

 

Paru dans la Revue politique et parlementaire

 

Quand je me suis rendu en Syrie en août, je ne soupçonnais pas que l’histoire de ce malheureux pays se trouvait à un tournant.

Le spectacle des embouteillages de Damas, des restaurants de bord de mer pleins à Lattaquié, la visite du krak des Chevaliers aujourd'hui sécurisé, ne laissent pas imaginer l’ampleur de la tragédie que la Syrie traverse.  Elle se résume à quelques chiffres forcément approximatifs :    il est en effet difficile de faire des comptes exacts tant les propagandes croisées obscurcissent le débat.

 

Une tragédie

 

Depuis 2011, début de la guerre civile - une guerre aujourd’hui largement internationalisée -, la population du pays aurait fondu de 23 à seulement 16 millions d'habitants, essentiellement par l'exode de réfugiés : 2 ou 3 millions en Turquie, 1 million en Jordanie, 1 à 2 millions au Liban et maintenant 1,5 million en Europe. Mais au sein même du pays, 11 millions de personnes ont été déplacées, principalement en direction des zones tenues par le gouvernement, surtout Damas dont la population a doublé passant de 3 à 6 millions.

Le confit a fait environ 250 000 morts. Ce ne sont pas tous des victimes du régime d'Assad comme on le dit. 100 000 environ sont des soldats de l'armée syrienne défendant le gouvernement. C'est un taux très élevé qui montre une guerre d'autant plus meurtrière qu'elle est menée contre des djihadistes suicidaires. Beaucoup de réfugiés affluant en Europe depuis le mois de juillet sont des jeunes que leur famille fait partir avant qu'ils ne soient mobilisés, pas nécessairement par refus du régime, seulement en raison du caractère très meurtrier des combats qui ne leur laisse que peu de chances d’en revenir vivants. Il y a au moins autant de morts du côté des djihadistes. Le reste, dans un calcul très approximatif, serait des civils. Quand un pays envahit ou en bombarde un autre et qu'il y a des victimes civiles, on parle de "dommages collatéraux » : 150 000 en Libye en 2011. Quand il s'agit d'une guerre civile, on dira que le gouvernent bombarde "son propre peuple". Mais, de fait, les responsabilités des débordements en direction des civils sont partagées entre tous les belligérants.

 

Les causes de la guerre civile

 

Les origines du conflit ont fait l'objet d'une doxa manichéenne largement propagée en Occident et qui a longtemps fait l'unanimité dans les médias.  La guerre a commencé au moment des printemps arabes : alors que les forces démocratiques ont rapidement renversé les régimes en place en Egypte, au Yémen, en Lybie (grâce à une intervention occidentale), en Tunisie, ils se sont heurtés en Syrie à une résistance inattendue du gouvernement de Bachar el Assad, jugée d’autant plus scandaleuse que ce régime était tenu pour encore pire que les autres. C'est la répression féroce des premières manifestations démocratiques, pacifiques, qui aurait, dit-on, créé l’enchainement fatal. Il ne fait pas bon avoir les puissants de ce monde contre soi. Dans ce schéma, c'est la seule cruauté du gouvernement Assad qui aurait suscité la résistance au régime et donc la guerre civile. La diabolisation du régime Assad par les médias occidentaux a très vite atteint un point de non retour où tout compromis avec lui devenait inenvisageable.

Il est difficile de porter un jugement équitable sur le régime en place dans ce pays. Sans doute n’est-il pas tendre avec ses opposants, comme beaucoup de régimes qui pourtant bénéficient des faveurs de l'Occident et, par-là, de la bienveillance de la presse internationale. Il est difficile de se faire une opinion sur ce qui s'est passé lors des premières manifestations. On remarque cependant que plusieurs chefs accusation à l’encontre du régime demeurent   douteux : peu d'observateurs tiennent pour certain par exemple que l’assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri (2005) lui soit imputable, encore moins le massacre de plus d’une centaine de civils dont beaucoup d'enfants à Homs (2011) ou encore l'utilisation d'armes chimiques   dans les environs de Damas (2013), qui semble aujourd’hui une provocation des rebelles. Pourtant ces événements n'ont pas peu contribué à sa diabolisation.  Quant aux révélations sur des tortures à grande échelle d'un supposé transfuge de la police syrienne dénommé César qui a justifié l’inculpation récente d'Assad pour crime contre l'humanité devant les tribunaux français, là aussi il est difficile de se prononcer tant la guerre psychologique a atteint dans cette affaire un degré élevé d'intensité.

Il reste étonnant que la source quasi exclusive de l'information des médias occidentaux (AFP comprise) soit depuis quatre ans un Observatoire syrien des droits de l’homme basé à Londres, animé par un membre des Frères musulmans, la principale force d’opposition militaire ou politique.

De fait la dureté, incontestable, de la dictature d'Assad dont les deux piliers sont l'Armée et la police politique, s'inscrit dans la sociologie d'un pays marqué par une grande diversité religieuse (sunnites majoritaires, alaouites, druses, chrétiens) et ethnique (arabes, kurdes). La Syrie, terre de contacts depuis l'Antiquité, au carrefour des routes les plus fréquentées du Proche-Orient, constituée en Etat à la suite du mandat    français, ne pouvait garder sa cohésion que sous une poigne de fer.  C'est ce qui explique les traits du régime d'Assad, père et fils : un modèle administratif français, une police politique de type soviétique, une authentique laïcité :  les droits des chrétiens   sont mieux respectés en Syrie que dans tout autre Etat de la région, y compris la Turquie kémaliste, l’Irak de Saddam Hussein, l'Egypte ou les territoires palestiniens. De fait, c’est l'état le plus laïque de la région. Pour atteindre ce résultat, Hafez el Assad, le père, avait compris qu'il lui fallait être impitoyable face à toute dérive fondamentaliste susceptible de mettre en cause la paix religieuse ; c'est pourquoi que la révolte islamiste de la ville de Hama avait été sauvagement réprimée en 1982. Mais les forces centrifuges n'étaient pas éteintes et ont profité du printemps arabe pour relever la tête.

A vrai dire, Bachar el Assad serait venu rapidement à bout, au prix d’une répression ferme mais limitée, des révoltes de 2011, si de nombreuses puissances aux motivations diverses n'étaient intervenues pour soutenir militairement les opposants au régime et entretenir la guerre.

 

L'intervention des puissances

 

Les Etats-Unis d'abord pour qui faire tomber un des derniers dictateurs classiques du Proche-Orient, venu du Baas comme Saddam Hussein, était dans l’agenda défini par les néoconservateurs. Mais il y avait d'autres raisons à leur hostilité : faire sauter un pion pro-russe garantissant des facilités d'accostage à la flotte russe à la base de Tartous. Les Etats-Unis tenaient aussi au départ, à détruire un pays allié à l'Iran des ayatollahs.

Pour la France et l'Angleterre - voire l'Allemagne qui a aussi aidé les opposants syriens, la principale motivation était de suivre les Etats-Unis, avec une frénésie particulière de la part de la France (Juppé d'abord Fabius ensuite) du fait sans doute que la France, patrie des droits de l’homme, se devait de parler sur ce sujet un ton au dessus des autres. Mais Paris voulait surtout complaire à l’Arabie saoudite et au Qatar, bons clients et partenaires financiers importants.

Israël voulait affaiblir un régime allié à la force libanaise chiite du Hezbollah, la plus menaçante qu’il ait sur ses frontières et à l'Iran, tenu pour son principal ennemi.

Faire pièce à l’Iran, rival géopolitique était aussi une motivation forte de l'Arabie saoudite même si le royaume avait trente ans auparavant         apporté une aide considérable à Assad père   pour qu'il mette la main, au nom de l’islam, sur le Liban tenu pour chrétien.

Motivation supplémentaire pour le Qatar - mais aussi pour les Etats-Unis, soucieux d'affaiblir la Russie :  disposant d'une des plus grandes réserves de gaz naturel du monde, découverte vers 2000, il compte l'évacuer par un gazoduc transitant vers l 'Europe par la Syrie et la Turquie. Veto de la Syrie, inspiré par les Russes qui ne veulent pas favoriser un concurrent sur le marché de l’Europe occidentale.

Enfin il faut considérer le jeu trouble du président de la Turquie, Erdogan, frère musulman, qui double sa haine du régime laïque et hérétique d'Assad d'une ambition féroce de voir les Turcs reprendre pied dans le monde arabe, comme jadis sous les Sultans, au travers d'un    régime syrien inféodé qui remplacerait celui d'Assad.

Face à cette coalition, Damas n’était aidé que par l'Iran dont les pasdarans sont présents sur le terrain, le Hezbollah et la Russie, au départ prudent dans son soutien militaire. On peut aussi mentionner la sympathie discrète mais peu opérationnelle de l’Algérie, pourtant sunnite, et   depuis le renversement des Frères musulmans, de l 'Egypte du maréchal Sissi, l’armée égyptienne entretenant depuis Nasser des liens forts avec l'armée syrienne. On peut y ajouter une partie des dirigeants actuels de l'Irak, chiites eux aussi, même s'ils ont été   mis en place et sont soutenus (en théorie) par les Etats-Unis.

Les Kurdes de Syrie, comme d’Irak, à la fois par hostilité à la Turquie et hostilité à Daesh en sont venus à être les alliés objectifs du gouvernement de Damas qui continue à verser les soldes à leurs milices.     

L'aide internationale considérable reçue par la rébellion lui a permis de prendre le contrôle d’une partie importante du territorien syrien, environ les 2/3 mais seulement d’1/3 de la population, l’essentiel de celle-ci étant concentré dans la région de Damas.

Le gouvernement tient la capitale (malgré des bombardements sporadiques), la zone alaouite le long de la côte méditerranéenne et a reconquis l'axe qui relie ces deux pôles. L'appui efficace du Hezbollah a permis de sécuriser la frontière libanaise. Toutes les autres frontières séparent   la Syrie de puissances hostiles. L’Est, en partie désertique il est vrai, est tenu aujourd'hui par les djihadistes de Daesh, le Nord étant, autour d'Alep deuxième ville du pays, et des zones kurdes, âprement disputé. Des rebelles sont présents aussi au Sud de Damas appuyés sur la Jordanie et Israël par le   plateau du Golan.

 

 

 

L'aide des Occidentaux aux djihadistes

 

 Depuis trois ans la situation était ainsi bloquée. Leur hostilité totale au gouvernement Assad a conduit les Occidentaux   à favoriser le développement des seules forces rebelles conséquentes :  les islamistes. La France avait ainsi quelque dizaines d'officiers aux    côtés des rebelles qui avaient pris  la ville de Homs en  2011. Quand  le  gouvernement la  reprit, ces soldats français, engagés sur le terrain  mais  pas du côté  qu'on  imagine, furent faits prisonniers et ultérieurement relâchés.

Cet engagement français du côté islamiste ne résulte pas seulement de préoccupations idéologiques ( du point de vue des droits de l'homme, Al Qaida semblait à certains préférable à Assad... ) , ou financières, il résulte aussi d'une erreur grossière d'analyse: la Syrie a été considérée avec les lunettes des autres printemps arabes sans qu'on ait tenu compte de deux spécificités : le fait que la minorité  alaouite qui tient  l'armée, se trouvait le dos au mur,  les islamistes lui ayant promis l'extermination , la présence de la Russie  qui n'a pas l'habitude, à   la différence de l'Occident, de lâcher ceux qu'elle soutient.   

L'aide considérable apportée , avec l'argent des monarchies pétrolières,     par les Etats-Unis, l'Angleterre, la France et la Turque aux djihadistes de tout poil, en Syrie et en Irak,  a permis à une faction de prendre le dessus à partir de 2013.  S'autoproclamant Etat islamique au Levant ( Daesh) et même khalifat,  elle contrôle aujourd'hui un territoire important au nord de  l'Irak et à l'est de la Syrie où  elle   se livre aux exactions  que l'on sait.

Mais à ses côtés se trouvent  d'autres forces islamiques, comme Al Nosra, branche Syrienne d'Al Qaida,  qui menace directement  Damas.  

Tout comme Daesh,  ces groupes rebelles se réclament du fondamentalisme  des Frères musulmans. Voulant garder un caractère discret à leur soutien à ces groupes  djihadistes, les gouvernements occidentaux ont entretenu leurs opinions publiques  dans l' illusion qu'ils aidaient une prétendue "Armée syrienne libre",  démocratique et  non islamiste. Il n ‘est pas certain que cette Armée existe et en tous les cas, si elle existe, qu'elle ne soit pas islamiste.

 

L'exode des réfugiés

   

A cette situation bloquée et totalement catastrophique pour la majorité des Syriens (en particulier les 2 millions de chrétiens, cible prioritaire des islamistes), l'été 2015 est venu apporter des éléments nouveaux, pas tous de bon augure.

D'abord le phénomène des migrants. Est-ce en raison d’un certain découragement du camp gouvernemental et de la population syrienne civile qu'a eu lieu un exode massif se Syriens (avec d’autres : Irakiens, Afghans etc.) vers l’Europe à partir de juillet ? Un million et demi de Syriens auraient fui, dont l'Allemagne aurait accueilli une bonne partie. 

Précision importante : ce ne sont pas les réfugiés de Turquie (qui sont    parqués dans de vrais camps de concentration), ni ceux de Jordanie, ni même ceux du Liban qui partent, ce sont de nouveaux réfugiés, pour la plupart venus de Damas et de sa région. Ayant appris, au vu des déclarations de Mme Merkel, que l'Europe se ferait accueillante, ils gagnent la côté libanaise (Tripoli) en autobus, puis la Turque occidentale   en avion, puis tentent leur chance sur des embarcations de fortune affrétées par des réseaux mafieux en direction de la Grèce pour ensuite gagner les Balkans et tenter d'arriver en Allemagne.  Un nombre plus limité a gagné le Canada.

Ce flux, où l’élément syrien est dominant, continue aujourd’hui à raison de près de 3 000 passagers par jour. Rien ne dit qu'il va se tarir.  De la part de l'Allemagne qui vient ainsi pomper les ressources humaines des pays en guerre, il est d’autant plus scabreux que si Mme Merkel a vraiment besoin de ces gens, il lui suffirait de   leur envoyer un visa et un biller d'avion à 200 € plutôt que de les laisser payer 8000 € et risquer leur vie en mer.

L’exode est provoqué non seulement par la guerre, mais aussi par la situation économique désastreuse de la Syrie, une situation due en partie à l'embargo total (qui touche même les médicaments) décrété par l’Union européenne. L'embargo interdit les liaisons aériennes qui permettraient aux déçus de rentrer chez eux.

Dans cette situation désespérante, l'été 2015 a apporté cependant   quelques raisons d'espérer.

 

La nouvelle donne diplomatique : l'accord de Washington

 

L’évènement décisif a été l'Accord de Washington conclu le 14 juillet 2015 entre les Etats-Unis et l'Iran mettant fin à un long contentieux portant principalement sur les ambitions nucléaires de l'Iran, désormais gelées. Cet accord résulte essentiellement de la volonté du président Obama, qui a su l'imposer à une partie de son administration, au Congrès et aux idéologues néoconservateurs hostiles.

L'accord de Washington a cependant eu des conséquences sur d'autres terrains et d’abord en Syrie où Washington et Téhéran ont sans doute convenu de laisser encore quelque temps en place le président Bachar-el-Assad. 

Que, en aidant les djihadistes contre le président Assad, les Occidentaux aient   nourri un serpent dans leur sein qui n'aspirait qu'à les dévorer, est apparu dans toute sa netteté avec les attentats de Paris du 13 novembre, ouvertement revendiqués par Daesh.  Ces attentats ont contribué à débloquer à son tour la position française jusque-là figée dans la configuration antérieure : hostilité radicale au régime Assad et soutien sinon à Daesh, du moins à Al Nosra.  La France a été ainsi conduite à s'engager dans la guerre de Syrie du bon côté cette fois, celui    qui combat les djihadistes, opérant une volteface non seulement vis à vis de la Syrie mais aussi vis à vis de la Russie. La France a dû ainsi   se rapprocher de Moscou pour coordonner ses opérations en Syrie.

Mais les Américains n'avaient pas attendu l’attentat de Paris pour évoluer sur la question du Proche-Orient : dès le mois d'août, Obama avait appelé à la constitution d'une   coalition élargie contre Daesh. La Russie avait saisi immédiatement cette perche, déclarant se joindre à la coalition pour en prendre, de fait, la tête au cours du second semestre.  La Russie s’engageait largement dans le conflit dès septembre, par une campagne de bombardements     massifs des positions islamistes et un soutien accru à l'armée syrienne.  Un soutien particulièrement bien venu au moment où le régime d'Assad, assiégé dans Damas et sur la côte, et voyant ses jeunes recrues fuir en Europe, se trouvait en difficulté.

 

La Résolution du Conseil de sécurité du 18 décembre 2015

 

Au départ, les Occidentaux, singulièrement les Etats-Unis et la France, ont vu avec des réticences cet engagement russe. Avec les réserves d'usage, on peut penser que ces réticences sont levées au vu de la Résolution du Conseil de sécurité votée à l'unanimité le 18 décembre dernier qui lance un processus de paix pour la Syrie ne mentionnant pas le départ d'Assad et incluant le Front Al Nosra (dont Fabius disait qu'"il fait du bon boulot ») parmi les terroristes à combattre au même titre que Daesh. 

Il s'en faut cependant de beaucoup que la résolution du 18 décembre résolve   tous le problème.  La négociation entre la partie en présence en Syrie promet d'être difficile.

Si l'on exclut Daesh et Al Nosra voués en principe à la destruction, que reste-t-il ? Des groupes rebelles mal définis, tel Ahrar Al Sham. Et surtout les opposants civils qui se sont réunis à Riyad le 10 décembre et dont la force principale est les Frères musulmans.

 Certains, tel Renaud Girard[1], envisagent que la solution passerait par la libanisation de la Syrie, un découpage sur une base ethnico-religieuse. Ce serait accorder une importance excessive aux clivages religieux, moins pertinents qu'on le croit.  Assad ne représente pas les Chiites et Daesh les Sunnites. D'abord parce qu’Assad est alaouite, ce qui n'est pas la même chose, sa femme est sunnite et la majorité des sunnites syriens ne veut pas   tomber sous la coupe de Daesh, surtout les femmes, influentes dans la société syrienne. Le recrutement de Daesh est en outre de plus en plus international.  

Par ailleurs la Russie mène désormais le jeu. Et il n'est pas dans sa manière de se contenter d'une demi-victoire.  Son but est de rétablir pleinement l'Etat syrien quitte à   le réformer ultérieurement.  

 

Le rôle toujours aussi trouble de la Turquie

 

Si la France et sans doute les Etats-Unis semblent désormais décidés à faire la paix en Syrie, il s'en faut de beaucoup que la Turquie, où Erdogan vient d'être confirmé par les élections du 1er novembre, soit, elle, décidée à favoriser ce processus. 

Nourrissant depuis plusieurs années le conflit en laissant passer les djihadistes vers la Syrie et l’Irak, envoyant en contrepartie des centaines de milliers de réfugiés vers l'Europe qui transitent par   son territoire, bombardant lui aussi son propre peuple au Kurdistan, Erdogan ne bénéficie pas moins des faveurs insignes de   la communauté internationale laquelle s’est rendue à son invitation au sommet du G20 à Antalya le 16 novembre 2015.  Une réunion de l’élite mondiale chez un soutien de Daesh, le lendemain même de l'attentat de Paris revendiqué par le même Daesh ! Beau témoignage de l'inconséquence de cette communauté internationale, singulièrement des Européens, en première ligne face à ces agissements hostiles. Angela Merkel, comme sidérée, était même allée le soutenir à une semaine des élections. Les sanctions lourdes prises par la Russie à la suite de la destruction d'un avion russe par les Turcs montrent cependant que tout le monde n'est pas dupe du jeu d’Erdogan. Mais de quelque manière qu'on le prenne, le problème syrien ne sera pas réglé tant que la Turquie ne sera pas définitivement neutralisée.

 

                                               Roland HUREAUX

 

 

 

[1] Le Figaro , 21  décembre 3015

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:33

LE CRASH DU VOL BARCELONE DÜSSELDORF, DEUX MOIS APRES : UN SUICIDE  SYMBOLIQUE

 

http://www.bvoltaire.fr/rolandhureaux/crash-vol-barcelone-dusseldorf-deux-mois-apres-suicide-symbolique,180599

 

L'opinion allemande a été  très choquée par l'horrible crash  du vol  Germanwings Barcelone - Düsseldorf  survenu il y a deux mois ( le 24 mars) dans les Alpes  . Qui s'en étonnerait ? 

Il est apparu très vite que  l'accident résultait  du comportement à la fois suicidaire et meurtrier du jeune copilote Andreas  Lübitz  qui a volontairement entraîné avec lui 149 personnes dans la mort.

Le PDG de  la Lufthansa, Carsten Spohr,  a eu beau  souligner le caractère totalement exceptionnel de cette affaire dans une aéronautique allemande qui se considère comme une mécanique bien huilée, les causes de l'accident ne laissent pas de susciter un étrange malaise.   

Si l'opinion allemande a été si choquée, c'est peut-être que ce drame  fait  revenir à la surface un côté sombre et généralement refoulé  de l' esprit allemand dans un pays  où la sécurité, la prévisibilité,  la rationalité sont devenus   les maîtres mots.   

Il ne serait que trop facile d'évoquer des événements passés où l'on avait  vu, de manière analogue,  un pilote ( c'est une traduction de führer ! )  entrainer par une  folie suicidaire l'Allemagne toute entière dans un désastre.   

Mais il est d'autres manières de se suicider, plus discrètes : la dénatalité qui emporte  aujourd'hui  l'Allemagne en est une. Avec un taux de fécondité de 1,4,  ce pays ne renouvelle qu'aux 2/3 chaque génération.  Sa population , aujourd'hui de 80 millions  d'habitants,  est appelée ainsi  à se réduire de 50 % en 60 ans, puis de 50 % encore les 60 années qui suivent. Au rythme actuel, en un siècle et demi  l'Allemagne disparaitra.  Et encore la chute serait-elle  plus rapide encore si ces chiffres n'incluaient  les immigrés  principalement  turcs   qui en moyenne ont plus d'enfants que les Allemands.

Par derrière les chiffres de la  natalité, c'est toute la politique allemande, fondée sur une  conception étriquée de l'euro où la stabilité prime toute autre considération,  propre à satisfaire un peuple de retraités tournant le dos à l'avenir, qui entraîne   l'Europe  entière , pas seulement  la Grèce, dans une  spirale déflationniste  fatale.

 

                                                           Roland HUREAUX

 

 

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:32

LE MEDEF EN CAMPAGNE POUIR LE TTIP

 

http://www.bvoltaire.fr/rolandhureaux/le-medef-en-campagne-pour-le-ttip,251192

 

Le moins qu'on puisse dire est que Pierre Gattaz n'a pas peur de la difficulté quand il se propose d'informer le 19 avril prochain ses mandants de la teneur du TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) dit aussi TAFTA, négocié dans le plus grand secret entre la commission de Bruxelles et le gouvernement américain au cours des derniers mois et prêt à être ratifié.

Mais cette information est singulièrement biaisée puisque   ne sont invités à la tribune que cinq  partisans du dit traité : Matthias Fekl, le jeune secrétaire d'Etat  chargé du Commerce extérieur,  Cecilia Malmström , commissaire européenne au Commerce,  Bernard Spitz, président du pôle International et Europe du MEDEF, Jean Lemierre, président de BNP Paribas et  du Comité négociations commerciales multilatérales du MEDEF,  enfin l'inusable Pascal Lamy, ancien directeur général de l'OMC dont personne  ne suppose qu'il puisse être   un adversaire farouche du dit TTIP.

On sait tout se qu'a de contestable ce projet qui, en principe vise à accroître   le libre-échange transatlantique mais qui pourrait marquer la fin des dernières spécificités de la culture européenne, notamment en matière alimentaire et cinématographique.

Un des dispositifs le plus controversés est celui qui prévoit, en cas de litige entre un Etat et un groupe financier ou industriel, d’avoir recours à un tribunal arbitral composé de personnes privées. Ainsi la législation votée démocratiquement par un Etat souverain pourrait être cassée par des arbitres internationaux sans légitimité démocratique d'aucune sorte. Par exemple, si un Etat veut interdire ou limiter les OGM, Monsanto pourrait obtenir l'abrogation de cette législation par un arbitre ou alors imposer au dit Etat   de considérables indemnités. Même chose pour toute mesure de protection de l'exception culturelle française, par exemple   les avances sur recettes propres au cinéma français.  

Nul doute en tous cas que les Etats-Unis, dont on commence à connaître les manières de faire, veilleront à ce que la liste des arbitres agréés ne comporte pas d'ennemi déclaré de leur hégémonie politique et économique.

Il est en outre hasardeux de penser qu’ils ne se sentiront jamais liés par un tel traité si d’aventure il venait à porter un préjudice sérieux à leurs intérêts. Aucun des patrons français exportant aux Etats-Unis n'a été invité à la tribune et c’est dommage. Ces gens-là connaissant l’habitude de notre allié, soi-disant grand libéral.

Il est regrettable que le MEDEF, affichant son parti pris pro-TTIP, apparaisse comme l’avocat unilatéral de l’idéologie mondialiste.

 

                                                                       Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:31

A propos des négociations Union européenne-Turquie sur les réfugiés

 

 LAISSONS REPOSER EN PAIX LE PETIT AYLAN

 

http://roland.hureaux.over-blog.com/2016/03/laissons-reposer-en-paix-le-petit-aylan.html

 

Alors que les négociations entre l'Union européenne et la Turquie sur les réfugiés (ou assimilés) transitant par ce pays pour gagner l'Union européenne venaient de commencer, l’évènement était illustré sur France Info par une interview   du père du petit Aylan qui, on s'en souvient, avait été photographié mort sur une plage il y a quelques mois, ce qui avait fortement ému la conscience occidentale.  Le père a, à cette occasion, lancé un appel "pathétique" à l'Europe pour qu’elle ne se ferme pas aux réfugiés. On ne pouvait mieux entrer dans le jeu d'Erdogan qui veut à toute force les y faire passer.

Rappelons que chaque passage entre la Turquie et une île grecque rapporte entre 5000 et 10 000 dollars à la Mafia turque, sans compter les risques, alors qu’un billet d'avion Istamboul-Berlin coûte 170 €. Mais pour prendre l'avion, il faut un visa. Qu'attend donc la généreuse Angela Merkel pour envoyer des visas au lieu de laisser racketter ces malheureux par des réseaux qui ne pourraient sans doute pas opérer sans l'accord de son ami Erdogan ?

On se souvient de toute l'ambigüité de la photographie évoquée : d'abord il était clair que celui qui avait trouvé le petit Aylan sur la plage avait commencé par le photographier avant de voir s'il ne respirait pas encore, à moins qu'après l'avoir retiré, on l'ait trainé à nouveau au bord de l'eau pour faire la photo (des manipulations de ce genre ont déjà valu à certains le Prix Pulitzer).

On a dit, sans que cela soit démenti, que le père était lui-même un passeur. On a dit aussi qu'il allait en Europe non pour s'y réfugier mais pour se faire soigner les dents. Il est étrange en tous les cas que son fils se soit noyé et pas lui.

On sait que le corps a été ramené au village natal   pour y être inhumé et on apprend que le père est aujourd'hui interviewé à Erbil, en Irak, non loin de la zone des combats. Si le père peut aujourd'hui résider là, quel   besoin avait-il donc d'emmener sa famille sur la Mer Egée ? Cela n’a jamais été expliqué.

Il reste que le petit Aylan est mort et que cette mort, quelles qu’en soient les circonstances, demeure tragique. La photo, arrivant à point, a fait pleurer toute l'Europe, culpabilisant ceux qui pouvaient penser qu'il n'était pas raisonnable d'accueillir tout d'un coup tant de monde sur le continent.

 

Qui se souvient des enfants irakiens ?

 

Mais quand les sanctions occidentales sur l'Irak, entre 1990 et 2003, ont fait mourir un demi-million d’enfants irakiens, privés de médicaments et parfois de nourriture, personne n'a pleuré.

Il est vrai que les puissances dominantes pensaient alors qu'il fallait imposer ces sanctions. Alors que les mêmes puissances pensent aujourd'hui que l'Europe doit accueillir des millions de migrants. Voilà pourquoi un seul décès d’enfant a causé a plus d'émotion qu'un demi-million. 

Personne n'évoque non plus les sanctions très lourdes qui ont été imposées à la Syrie en 2011 privant ce pays de médicaments. Ces sanctions font aussi mourir des enfants et aggravent la désorganisation de l’économie syrienne, ce qui est une des causes du   départ des jeunes Syriens vers l'Europe.

Washington, Bruxelles et Berlin voulaient il n'y a pas si longtemps que le vieux continent accueille plus de réfugiés. Envisagent-ils, selon la même logique humanitaire, que ces sanctions soient levées ?   

Quel est le lien entre le gouvernement turc qui encourage le passage des réfugiés tout en aidant Daesh à continuer la guerre, les organisations mafieuses de passeurs qui tirent des milliards de dollars de ce trafic, les forces internationales qui poussent l'Europe à ouvrir grandes ses portes et les circuits médiatiques qui nous amènent quand il le faut des photos ou des interviews propres à susciter l'émotion ?  Voilà une vraie question.

 

                                               Roland HUREAUX

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:30

 

LA DROITE NE DOIT PAS REFAIRE L'ERREUR DE 2003

Xavier Bertrand et Christian Estrosi ont paru heureux de leur élection à la tête de deux grandes régions françaises. C'est bien normal, d'autant que leurs chances apparaissaient fort compromises quelques semaines plus tôt.

Ils ont remercié les électeurs de gauche qui, en suivant les consigne du parti socialiste demandant à "faire barrage au Front national », leur ont permis ce succès.

Ils ont eu tort.

Ils n'avaient à remercier personne sinon leurs électeurs en général. Si des électeurs de gauche ont voté pour eux, c'était leur affaire. Ils avaient leurs raisons : choisir ce qu'ils tenaient pour un moindre mal. Ces raisons les regardaient. L'ingratitude est parfois une vertu politique.

Bertrand et Estrosi font la même erreur qu'avait commise Jacques Chirac.

Que Chirac ait bénéficié en 1995 et en 2002 d'un coup de pouce de certains réseaux de gauche est indubitable. Cela lui a permis de battre au second tour puis d'éliminer dès le premier tour un Jospin qu’une partie de la gauche n'aimait pas : passant pour honnête, il ne   paraissait pas un candidat "normal".

Mais c'est au second tour de 2002   que Chirac a bénéficié d'un apport massif de voix de gauche soucieux de battre le père Le Pen dont la présence au second tour, le fameux 21 avril, avait créé un immense choc. Chirac avait été ainsi élu avec le chiffre record de 80 % des voix, sans précédent sous la Ve République.

Il déclara alors que, se sentant une dette envers ces électeurs, il devait tenir compte aussi de leurs aspirations et mener une poltique modérée, tirant vers le centre gauche.

Ce fut une grave erreur. Chirac était pompidolien. Après le raz de marée de l'UDR en juin 1968, Pompidou avait dit en conseil des ministres : "N'abusons pas de notre victoire". De Gaulle lui avait répliqué sèchement "Une victoire, ça s'exploite".

 

Une occasion manquée

 

Avec plus de 4 suffrages exprimés sur 5, Chirac avait en 2002 ce qu'il n'avait pas eu en 1995 : une légitimité assez forte pour lancer une politique de réforme hardies. Or cette occasion, il ne l'a pas saisie.

Au lieu de cela, il confia à Jean-Pierre Raffarin la charge de constituer un gouvenrment dont le principal projet, la décentralisation, ne heurtait personne mais se trouvait en décalage complet par rapport aux vrais problèmes des Français.

Les réformes qu'il aurait dû faire sont bien connues puisqu’elles sont encore à l’ordre du jour :  restauration des   fondamentaux de   l’école, refonte de la justice des mineurs, contrôle de l'immigration, révision d'un système social aussi dispendieux qu'injuste.  Au moment où, en Allemagne, Gerhard Schröder se lançait dans une politique de dévaluation interne, par une réduction drastique des dépenses publiques et donc des coûts, il aurait été nécessaire de faire la même chose chez nous pour que la zone euro ne se trouvât pas durablement et irréversiblement déséquilibrée. Hors une modeste réforme des retraites, rien de tout cela ne fut fait. La réforme de l'éducation nationale opérée dans la discrétion par Gilles de Robien en fin de mandat devait être abrogée par Sarkozy. Croyant ménager le peuple de gauche en s'abstenant, Chirac ne ménageait que les options idéologiques de ses états-majors

Or c'est bien de cela que pâtit la France depuis plus de quarante ans, de l'absence de réformes dont la plupart peuvent être qualifiées sans honte de droite.

Il fut un temps, disons de 1930 à 1980, où une grande partie des réformes nécessaires pouvaient être qualifiées de gauche : elles visaient la réduction de inégalités, l'amélioration de la protection des travailleurs, l’égalité de chances à école. Un Guy Mollet y excella. La droite aurait alors eu tort de   remettre en cause ces réformes et elle ne s'y risqua pas. Ce temps est révolu non seulement parce que beaucoup a été était qui n'est plus à faire, mais aussi parce que la gauche, désormais plus préoccupée du sociétal que de social et acquise au capitalisme mondialisé, ne s'y intéresse plus. Ce qui intéresse le vrai peuple, loin de le rechercher, elle le rejette avec mépris comme "populiste". Cette gauche est idéologique ; ce ne sont pas des progrès   concrets de la condition populaire qu'elle poursuit mais l'application de schémas idéologiques a priori, tous plus destructeurs les uns que les autres. Beaucoup d'hommes de gauche reconnaissent que c'est la gauche (ou plutôt les idées de gauche quelquefois appliquées par des hommes de droite comme René Haby, ministre de Giscard) qui a détruit l 'école républicaine.   L'hypertrophie des budgets publics et les transferts sociaux abusifs, combinés avec l'asservissement à la politique monétaire de Berlin sont une des causes du chômage, une justice idéologique où le déterminisme entraine la négation de la responsabilité encourage la délinquance etc.

Pour faire les réformes nécessaires, qui sont souvent - pas toujours - un retour au régime ancien, dans ces domaines sensibles où le politiquement correct s'exprime de manière terroriste, il ne faut pas avoir de complexes vis à vis de la pensée dominante, mais il faut aussi une forte assise politique, celle que Chirac avait après le 21 avril et dont il ne s'est pas servi.

Comme il est tout à fait possible que le prochain président soit élu selon le même schéma qu’Estrosi et Bertrand, fera-t-il la même erreur ? Ce serait encore cinq, voire dix ans de perdus ;    la France y survivra-t-elle ? 

 

                                               Roland HUREAUX

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:29

LA GRANDE DERELICTION DU MONDE RURAL

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/26/31001-20160226ARTFIG00293-petite-histoire-de-la-politique-agricole-commune.php

Jamais le monde rural français dans son ensemble, pas seulement les agriculteurs, n’aura eu   autant qu'aujourd'hui le   sentiment de la   déréliction. C'est la conséquence de quarante ans d'abandon où il faut bien dire que la gauche aura eu plus que sa part.

Depuis que celle-ci s'est "boboïsée", les hautes sphères du parti socialiste sont persuadées, de manière aussi sotte qu'injuste, que le monde rural est, dans son ensemble, incurablement pétainiste et de droite - ils ne sont jamais allés en Ariège ! -    et que le moteur du développement de la France ne saurait être que les grandes métropoles, cela au rebours de la politique d'aménagement du territoire qui avait si bien réussi, dans les années 60 et 70, à maintenir un tissu économique étalé.  Significatif   de cet état d’esprit :  le déménagement récent de la DATAR à Saint-Denis.

En 1984, Mitterrand céda aux pressions américaines d'inclure l'agriculture dans les négociations du GATT, dont elle avait été préservée jusque-là, ce qui avait permis l'instauration par le traité de Rome (1957), au grand dépit de Washington et de Jean Monnet, de la politique agricole commune première manière poussée par le général de Gaulle car très favorable à la France.

 

Le tournant de 1992

 

A partir de 1984, la main est dans l 'engrenage. Fait sans précédent dans les négociations internationales, l’Europe (et spécialement la technocratie française) réforma la PAC en 1992 pour anticiper les demandes de la partie adverse :  remplacement les soutiens des prix agricoles par des subventions, système jugé plus moderne parce qu'il était américain. Ce fut pour la vieille France paysanne le "coup du lapin » :   la déconnection prix-revenu les frappa dans leur honneur, ce système beaucoup plus cher pour les finances publiques, les faisant apparaître désormais, aux yeux du    reste de la société, comme des assistés, avant qu'ils ne soient aussi tenus pour des pollueurs. La baisse de prix corrélative profita plus à l'industrie agro-alimentaire qu'aux consommateurs. 

Le même année 1992 était votée la loi Joxe dont le but avoué était la disparition à terme des 36 000 communes rurales jugées archaïques parce quelle ne coûtaient pas assez cher.

Face à la complaisance des négociateurs européens, la partie américaine   tordit le bras de la commission de Bruxelles pour lui faire accepter les accords de Blair House (1993), consolidés par l'Accord de Casablanca (1995) prévoyant le démantèlement des politiques européennes de soutien (pas plus lourdes pourtant que les américaines, moins que les suisses ou les japonaises). L'habileté de nos adversaires fut d'introduire une "clause de paix " qui ne rendait les décisions exécutoires qu'au terme d'un délai d'environ dix ans. Etaient particulièrement touchées les céréales et l'élevage (notamment laitier). 

 

Le renversement de la balance France-Allemagne

 

Le délai passé, il fallut bien appliquer l’accord. L’affaiblissement de la PAC deuxième manière qui en résulta au milieu des années deux mille coïncida avec la mise en place de l'euro où l'Allemagne se tailla d'emblée un fort avantage compétitif particulièrement sensible dans l'agriculture. La mise en valeur des anciens kolkhozes de la RDA, le recours à une main d’œuvre bon marché venue de l'Est (pas de SMIC agricole !), la sous-traitance polonaise et le coût plus faible des facteurs permirent très vite à l'agriculture allemande, qui avait toujours été déficitaire par rapport à la française, de devenir excédentaire, particulièrement pour le porc, la viande bovine et le lait. Quand les taux de change avaient désavantagé   l'Allemagne, la France était venue à son secours par les "montants compensatoires" (1969-1986) ; aucun geste en sens inverse cette fois de la part de l’Allemagne ; il est vrai que les gouvernements français ne lui ont rien demandé !  Les contre-sanctions russes sont venues s'ajouter à cela. Les prix tirés comme jamais    vers le bas provoquent   le désespoir de nombreux éleveurs (un suicide tous les deux jours !), par ailleurs harcelés par des contrôle sanitaires et environementaux de plus en plus tatillons et, pour les plus endettés, un Crédit agricole impitoyable.

Le monde rural dans son ensemble était au même moment frappé par la crise des industries  rurales touchées  plus que les autres par les  délocalisations, le déprise des servies publics victimes d'une gestion de plus en plus libérale et le bouleversement incessant  des structures administratives, tendant à faire disparaitre à peu  près tous les repères qui avaient si longtemps structuré nos campagnes :  la commune (héritière de l'ancienne paroisse) ,  le canton,  le département et même  les régions   bien inutilement fusionnées : plus de capitale régionale  désormais entre la Loire, la Garonne et le Rhône , soit un  tiers de la France.  Si la population rurale se développe   dans la périphérie des grandes villes, elle continue à vieillir et à se raréfier, souvent misérable, dans de larges espaces (Massif central, Plateaux de l’Est). Tandis que les gendarmeries ferment, la délinquance se répand dans les campagnes. Bien plus que l’immigration, c’est le sentiment d’abandon et la perte des repères, du fait de réformes aussi coûteuses qu’absurdes, qui a favorisé la montée du vote du Front national, jadis plus faible dans les petites communes, aujourd'hui plus fort.

Seul un renversement complet des politiques menées depuis une génération, permettra d'éviter un complet dépérissement de la plus grande partie de notre territoire et la perte sans retour d’un des grands atouts de la France. 

 

                                                           Roland HUREAUX

 

 

       

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:28

LA DEGRADATION DES MŒURS N'EST PAS LA OU ON CROIT

http://www.bvoltaire.fr/rolandhureaux/degradation-moeurs-nest-on-croit,313937

La très mauvaise opinion qu'ont les Français de leur personnel politique ne tient pas seulement aux dérives de celui-ci, moins nouvelles qu’on ne croit. Elle tient aussi aux pratiques de certains juges et plus encore à l'instrumentalisation sans précédent de la justice par le pouvoir politique en place.

Nul ne doute en effet que l'auto-saisine du parquet   financier le jour même de la parution dans Le Canard enchaîné de prétendues révélations sur l'emploi de son épouse par François Fillon ne parte de très haut.

Sans doute François Hollande n'est-il pas candidat à sa propre succession, mais il tient toujours l'appareil d’Etat. Et derrière lui, existe bien quelque chose comme un clan qui se partage aujourd'hui les quelques centaines de postes dont dispose le pouvoir et qui ne veut pas les abandonner. Ce clan sait bien que si Macron ou Hamon, peu importe lequel des deux, sont élus, il gardera la plupart de ces postes, alors que si c'est Fillon, il les perdra, immédiatement ou à terme.

Le vrai changement, ce n'est   pas ce que l'on reproche à François Fillon, quoi qu'il en soit une goutte d'eau dans l’océan des turpitudes de la République, pas seulement celles de la Cinquième, c’est l'instrumentalisation, devenue aujourd'hui systématique, de la justice à des fins politiques. C'est aussi l’acharnement sans précédent d'un système qu'on pourrait appeler "médiatique -mimétique », devenu depuis quelques années monolithiques.

L'élection présidentielle de 1965

Souvenons-nous par contraste de l'élection de 1965. Le principal compétiteur de Charles de Gaulle était François Mitterrand lequel se trouvait encore empêtré dans l'affaire de l'Observatoire, inculpé (c’est ainsi qu'on disait alors) pour outrage à magistrat car il était soupçonné d'avoir organisé, pour faire parler de lui, le 15 octobre 1959, un attentat contre lui-même.  Non seulement De Gaulle se garda bien de remuer l’affaire au cours de la campagne électorale, mais François Mitterrand put ensuite bénéficier de la mesure d’amnistie qui suivit l’élection. 

On ajoutera que des gaullistes ayant, pendant la même   campagne, proposé de faire circuler la photo devenue célèbre où on voit   le maréchal Pétain remettre la francisque à Mitterrand, le général refusa net.

Autre temps, autre mœurs.  Il serait évidemment indécent de comparer de quelque manière De Gaulle à Hollande, mais si dégradation des mœurs il y a, elle n'est peut-être pas seulement où on pense.

 

                                                                       Roland HUREAUX

 

 

 

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 22:27

ANNA LINDH, JOE COX: A STRANGE COINCIDENCE

 

Anna Lindh was Swedish, left, and favourable to Sweden joining the euro. Minister for Foreign Affairs, she became the Muse for the supporters of the euro. The mother of two young children, she is murdered at age 46 in Stockholm.

Joe Cox was English, left, and favourable to maintaining the United Kingdom in the European Union. Labour MP, she became the Muse for the opponents of the Brexit. The mother of two young children, she is murdered at age 42   in Leeds.

The first murder took place September 11, 2003, three days before the poll.

The second murder took place June 16, 2016, six days before the poll.

Two pathetic victims.

In both cases, the murderers are unbalanced. They had done stays in a psychiatric hospital. The first was of Serbian origin, the second is English. Murderers in the style  of Lee Harvey Oswald said François Asselineau,  a French politician, President of a small euro-sceptical  party, the UPR, who  as soon as  June 8 envisaged that proponents of staying in EU  have recourse to an attack similar to that struck Anna Lindt[1] .

The noise ran as the murderer of Joe Cox, apolitical for some, neo-nazi for other, would have yelled at the time of the murder "Britain first". But the quoted witness denied having heard nothing of that kind. The technicians of communication know that: after a drama, the first word is memorized.

Anti-Brexit press immediately installed the murderer in the role of fanatical supporter of the Brexit. Badly inspired supporter since polls were beginning to turn in favour of the Brexit.

Being against the Europe of Brussels, is this not be nationalistic and therefore Nazi, and therefore potential criminal?

The murder of Stockholm, coming too late probably, had not changed the outcome of the election: The Swedes had refused the euro and feel very well of it today. The murder of Leeds   has already reversed the polls in favour of the supporters of   Britain remaining in the European Union.

 

Between completism and naivety

 

Between   completism and   naivety, the ridge line is narrow. The coincidence between the two dramas remains troubling.

What is certain, is that the Brexit would destabilize strongly the European Union and that it is one of the centrepieces of the politico-military and economic architecture binding presently the Western world. Obama, more imperial than ever, came to tell the British what they should vote.  

Defenders of the Western order are not kidding. Neither the ideologues. The logic of ideologies - and European building claiming to do away with nations, like others wanted to do away with social classes is one -, have always put    their logic before any other consideration. They would not be for sure afraid of crime.    

If British voters, after saying no to the Brexit, discover one day that they have been manipulated, there is no doubt that Europe will have a taste of blood.

 

                                                                                   Roland HUREAUX

 

 

 

 

 


[1] http://reseauinternational.net/assassinat-de-la-championne-anglaise-du-camp-pro-europe-jo-cox-scenario-pronostique-par-francois-asselineau-des-le-8-juin-lors-dune-interview-verite/

 

 

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