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Roland HUREAUX

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 14:17

TROIS DEFAITES AMERICAINES

 

Publié dans Front populaire

 

A trois reprises, au cours des dernières années, les Américains ont essuyé des revers qui ont pour effet de diminuer leur influence dans le monde.

 

La Syrie

Le premier, passé inaperçu en Europe où les média savent se faire discrets, mais parfaitement compris dans le reste du monde est la guerre de Syrie.  Elle est apparue en définitive comme une victoire de la Russie et une défaite des Etats-Unis au travers de celle de leurs alliés djihadistes.

On en connait le contexte : en 2011 éclatent les printemps arabes, exprimant une demande de démocratie dans plisseurs pays, dont on ne sait s’il s’agit de revendications authentiques ou si elles ont été suscitées par la CIA. Les deux sans doute : il reste significatif que les pays de la péninsule arabique, pourtant les moins démocratiques de tous mais alliés des Etats-Unis n’aient pas été touchés [1]. La guerre a éclaté en Libye, en Syrie, au Yémen, aujourd’hui encore en guerre civile ; l’Egypte et la Tunisie ont été déstabilisés.

Des mouvements partis de la frontière jordanienne se sont vite transformés en une flambée de révolte touchant tout le territoire syrien (sauf la capitale Damas), d’orientation islamiste.  Ces mouvements éteint soutenus, en armes, en argent, en matériel, par les Etats-Unis et l’Europe occidentale ; y compris le plus visible de tous, Daech, parti d’Irak et étendu rapidement en Syrie. L’intervention directe de la Russie à partir de 2015, avec celle d’l’Iran et du Hezbollah libanais ont permis de stabiliser le régime en place. Le président Trump a progressivement réduit l’engagement américain tout en détruisant l’allié devenu encombrant, Daech. En théorie la guerre continue sous la forme de sanctions inhumaines imposées au peuple syrien qui l’empêchent de reconstruire un pays ravagé et une enclave djihadiste demeure à Idlib. Il reste que l’objectif des Etats-Unis : renverser le président Assad à qui certains augures, dont Juppé alors ministre des Affaires étrangères français, ne donnaient qu’une semaine de survie, a échoué : Assad est toujours en place.

Désormais la Russie est la force dominante au Proche-Orient : le Hezbollah libanais, l’armée syrienne, fortement entrainés par le conflit, sont sous sa coupe.

Faut-il remonter en arrière et évoquer la guerre d’Irak ? Militairement ce fut un succès, très coûteux, (1 million de morts) et il s’en faut de beaucoup que le calme soit revenu dans le pays. Mais Saddam Hussein a été éliminé. Le principe démocratique a néanmoins permis de transférer l’Etat des sunnites aux chiites, plus nombreux et donc à compléter l’« arc chiite » qui fait si peur  à Israël et à l’Arabie saoudite, allant du Liban à l’Iran. A cet égard cette guerre fut aussi contre-productive.

En s’abstenant massivement de condamner l’invasion russe à l’ONU, en refusant appliquer les sanctions occidentales à la Russie, les pays arabes de la péninsule arabique on pris nettement leurs distances par rapport aux Etats-Unis. Ajoutons qu’ils n’exigent plus que leur pétrole soit payé en dollars et que l’Arabie viennent de refuser aux Etats-Unis une augmentation de sa production de pétrole, demandée par ceux-ci pour détendre les cours.  Israël aussi s’est abstenu. Ce changement d’attitude découle de la défaite américaine en Syrie.

 

L’Afghanistan

Le second grand échec, très médiatisé, lui, est le retrait récent des Américains d’Afghanistan après vingt ans d’une guerre bien inutile contre les Talibans qui sont aujourd’hui revenus au pouvoir. Talibans qui avaient été, eux aussi, au départ (1993) une créature des Etats-Unis.

La troisième défaite américaine se déroule en ce moment : c’est la guerre d’Ukraine. A moins d’un embrasement généralisé, il y a peu de doutes que les Russes ne viennent à bout de la résistance résiduelle des Ukrainiens, spécialement des milices armées par les Etats-Unis dont centaines seraient néo-nazies. Quoiqu’on pense de l’invasion russe, violation flagrante du droit international, comme l’avaient été les guerres de Yougoslavie et d’Irak et l’annexion de la Crimée, il y a de fortes chances que ce grand pays qu’est l’Ukraine, qui était devenu depuis 2014 un protectorat américain, deviendra, sous une forme ou sous une autre, un protectorat russe. Il n’est déjà plus question qu’il adhère à l’OTAN comme il en était fortement question avant la guerre.

Si certaines « révolutions oranges » favorables aux intérêts occidentaux       ( Ukraine 2005 , puis 2014, Macédoine , peut-être Arménie ) ont réussi, d’autres ont échoué : Kazakhstan, Géorgie, peut-être tout dernièrement Pakistan. 

Voilà en tous cas trois reculs américains qui présentent plusieurs caractéristiques communes.

La première est que, bien que les Américains aient pris l’initiative des combats dans les deux premiers cas et que leur rôle demeure ambigu aux origines de la guerre d’Ukraine, leurs intérêts vitaux n’étaient nullement engagés.

L’invasion de l’Afghanistan était une sorte de punition des attentats du 11 septembre partant de l’idée que leurs auteurs, Ben Laden en tête, les avaient   organisés depuis les cavernes d’Afghanistan ; idée absurde, mais l’essentiel était   qu’un grand pays comme les Etats-Unis devait donner à l’opinion nationale et mondiale le sentiment qu’il se vengeait d’un coupable présumé. A supposer que la grande puissance ait éprouvé un prurit de vengeance, une ou deux expéditions aériennes ciblées aurait eu le même effet à bien moindre coût, pour les uns comme pour les autres. A l’écart de tous les grands circuits, l’Afghanistan ne représentait nullement un enjeu stratégique.

Quelque raison que l’on ait donné à   la guerre de Syrie : permettre le passage du gazoduc venant du Qatar vers la Méditerranée, rompre l’arc chiite (qu’eux même avait mis en place), la dynastie Assad, père et fils, au pouvoir depuis 1970 n’avait jamais, en dehors du Liban où subsiste un héritage conflictuel localisé, agressé un de ses voisins, en particulier Israël, ni n’avait l’intention de le faire quand les printemps arabes l’ont déstabilisé.

Assad, pas plus que Saddam Hussein, ne menaçaient pas l’ordre régional.

 

L’Ukraine

S’agissant de l’Ukraine, on peut faire partir le conflit de l’entrée de l’armée russe en Ukraine le 24 février 2022 et en faire reposer la totale responsabilité sur la seule Russie. Mais l’Ukraine était en guerre civile depuis le 18 février 2014, jour des évènements de la place Maidan qui permit aux insurgés, encadrés de conseillers américains de renverser le président régulièrement élu en 2010 mais pro-russe, Ianoukovitch, pour le remplacer par un gouvernement désigné par les Américains, ce que Valéry Giscard d’Estaing appelle un « coup d’Etat de la CIA ».  La cause de cet événement est la volonté    des Etats-Unis et de certains de ses alliés de l’OTAN d’y faire adhérer l’Ukraine, ce que la Russie avait averti à maintes reprises qu’elle le tenant pour inacceptable ; qu’un pays voisin de cette importance, avec une longue frontière commune soit membre d’une alliance hostile ne pouvait être ressenti par la Russie que comme une menace. L’autre possibilité, la neutralité de l’Ukraine, libre de toute alliance, avait    prévalu   sans susciter de problèmes de 1991 à 2014, puis de 2017 à 2021 sous la présidence Trump. Quel était l’intérêt des Etats-Unis dans la rupture d’équilibre de 2014 ?  En quoi une Ukraine fortement engagée dans le camp occidental était-elle plus avantageuse pour Washington ?  Gardant leur neutralité, les grandes plaines d l’Ukraine ne représentaient pas un enjeu stratégique. Pas au point en tous cas de courir le risque de la guerre que nous connaissons.

Aucun enjeu stratégique décisif au départ, donc. Mais ajoutons que dans les trois opérations que nous avons évoquées, les Etats-Unis n’ont nullement subi une défaite d’ordre technologique ou militaire qui marquerait un recul de leur puissance.

Dans les trois cas, ils ont affronté avec beaucoup de moyens mais peu de détermination, un adversaire qui, lui, était très déterminé. 

 

C’est aussi le cas de la Syrie, où les Syriens et spécialement la minorité alaouite qui dirige le pays pour qui l ’issue de la guerre était une question de vie ou de mort. S’il y avait encore des stratèges en Occident, ils auraient dû le savoir. En face, un Obama hésitant sur la ligne à suivre, tantôt soutenant Daech, tantôt s’y opposant qui ne s’est en tous les cas jamais déterminés à mettre les moyens pour vaincre le gouvernement Assad.

En Ukraine, Poutine considère à tort ou à raison que c’est l’intérêt vital de la Russie qui est en jeu. L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN serait pour la Russie une menace de mort. Dans les textes stratégiques américains (Berezniki, Friedman), il est   écrit noir sur blanc que le basculement dans le camp occidental des républiques issues de l’ancienne Union soviétique doit être le prélude à un démantèlement de la Russie elle-même.  Des écrits qui ont été lus à Moscou. Maintenant que la guerre est engagée, Moscou ne joue plus seulement sa sécurité mais son prestige.

Enfin relevons que dans deux des trois cas (les trois si on inclut le coup d’Etat de la place Maidan de 2014) où les Etats-Unis ont pris l’initiative de rompre le statu quo, c’est un clan particulier qui est en cause : le clan dit néo-conservateur – qui dans l’éventail politique américain devrait être appelé libéral-progressiste ou libéral impérialiste, proche du parti démocrate. En fait, il n’a rien de conservateur puisque les guerres dont il a pris l’initiative ont fait au moins 1 million de morts et d’immenses destructions, d’abord en Irak, il n’a rien non plus de libéral : il s’appuie sur les Gafams qui se permettent de censurer la planète entière quand sont exprimées des opinions qui ne leur conviennent pas. Ils ont une haine absolue et sans nuances de leurs ennemis, comme on le voit aujourd’hui avec l’attitude hystérique que suscite chez eux la Russie. Ils ont une démarche qui n’a rien à voir avec la démarche libérale de la vieille Amérique :  une attitude idéologique, analogue à celle qui caractérisait autrefois les régimes communistes ; simplification des concepts, manichéisme absolu, universalisme, projet eschatologique. Les néo-conservateurs considèrent que la situation à laquelle sont parvenus les Etats-Unis, fondée sur le libre -échange, ce qu’ils pensent être la démocratie et le libéralisme et qui ne le sont presque plus, les principes libertaires devenus des absolus, par exemple l’antiracisme woke ou l’idéologie du genre, que tout cela, ils ont mission de le répandre dans le monde entier et qu’un pays comme la Russie qui résiste à ces tendances dites « progressistes » est l’ennemi absolu.

Des organisations comme l’OTAN ou l’Union européenne sont le symbole de cette idéologie. L’ambition des néo-conservateurs est d’étendre peu à peu l’emprise des Etats-Unis dans le monde : des pays limitrophes de ce qui est déjà leur zone d’influence (OTAN) sont des cibles à intégrer, quel que soit leur intérêt stratégique.

Toute idéologie universaliste finit par être agressive. En ce sens, elle représente un danger.

Syrie, Afghanistan, Ukraine : trois défaites claires de l’Empire américain en trois ans[2] . Le contrôle qu’exerce Washington sur les médias du monde entier a permis d’en atténuer l’impact politique immédiat. Le sort des armes peut paraître encore incertains en Ukraine mais dès lors que les Américains ont décidé de ne pas intervenir sur le terrain, il semble scellé.

Nous n’évoquions pas la guerre d’Irak : quoiqu’elle soit, sur le terrain, une victoire des Américains, elle a modifié la géopolitique régionale dans un sens défavorable à leurs intérêts.

Jupiter dementat quos vult perdere.   Toutes les puissances connaissent un jour le déclin. Comme le dit Zbigniew Brezinski, jamais une puissance n’a dominé le monde autant que les Etats-Unis à l’orée du XXIe siècle (il écrit en 1977). L’heure du déclin est peut-être arrivée. Dans les facteurs du déclin, nous n’avons pas évoqué à dessein les éléments internes : endettement faramineux, division politique de la société sans précèdent dans une démocratie, telle qu’on a pu l’observer lors de l‘élection de Trump, puis la victoire de Biden.

Sur le plan international, rien ne laisse supposer que les Etats-Unis risquent d’être surclassés sur le plan scientifique ou technique[3]. La Russie et la Chine les rattrapent peu à peu mais ; ils ont acquis quelques avantages en matière de lanceurs hypersoniques ou de brouillage mais ils ont aussi des faiblesses apparues dans la guerre d’Ukraine. Ce qui les menace aujourd’hui – et indirectement nous, c’est le vertige de la puissance, le fait qu’à partir d’un certain degré de supériorité (cela vaut aussi pour les magnats qui y contrôlent économie privée), la démesure et l’orgueil créent un risque de démence. Démence dangereuse, on vient de le voir pour les Etats-Unis eux-mêmes mais dangereuse aussi pour la paix du monde.   

Les échecs que nous venons de signaler pourraient marquer une limite à cette ambition idéologique. Ils pourraient aussi bien  déclencher une volonté de revanche à tout pris, un refus de l’échec, qui constituerait une des principales menaces pour notre monde. L’Amérique est un animal blessé : c’est alors qu’il faut s’en méfier.

 

Roland HUREAUX  

 

[1] Sauf le minuscule Bahreïn

[2] Nous partons dela décision de Donald Trump de retirer ses troupes d’Afghanistan (2019).

[3] Encore qu’au gré de certains acteurs, les évolutions sociétales : refus de la culture de l’effort, de la discipline scolaire, discrimination positive, aient abaissé le niveau des étudiants et des techniciens américains.

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 14:14

APRES LA REELECTION DE MACRON, UNE FRANCE A LA DERIVE

Qui attendait quelque chose de la réélection de Macron ? Il y avait ceux qui voulaient un changement de président, 70 % des électeurs, et ceux qui rejetaient les principaux candidats qui se proposaient de le remplacer : Le Pen, Zemmour et Mélenchon. Mais rejeter n’est pas espérer. Qui d’ailleurs, parmi ceux qui ont permis au président d’être réélu, a  lu le pensum insipide que constitue son programme ?

 

Un programme sans idées

Ce programme ne nous apprend d’ailleurs pas grand-chose de ce qui va se passer dans les prochaines années.

Il ne contient aucun changement de cap : d’abord parce que Macron est un idéologue du pseudo-libéralisme woke, alliance de l’extrême gauche sociétale et d’une politique qualifiée à tort de   libérale parce qu’elle favorise les plus riches.  Son positionnement n’est pas très différent de celui de Biden et de la plupart des dirigeants de l’Europe occidentale.

Disons aussi que Macron n’a jamais fait preuve d’imagination : quand, sur les différents sujets, on croise les directives internationales (pas seulement Bruxelles, mais Davos, l’OCDE, l’OMC, le GIEC etc.) et les propositions en attente dans les tiroirs de la technocratie française, on a beaucoup de chances de trouver le programme de Macron. Avec le côté woke : testing (c’est-à-dire diagnostic) obligatoire des entreprises pour veiller à ce qu’elles ne pratiquent aucune discrimination, de sexe, de genre, de race etc., mise en fiche des auteurs de violences conjugales, mise à l’étude de l’euthanasie, extension des droits des concubins (même non pacsés), nouveau coup porté au mariage. …

Avec l’ultra écologisme des instructions de Davos : neutralité carbone de la France qui doit être le premier pays à y arriver, en 2050, ce qui signifie la continuation de la destruction de l’industrie et de la circulation automobile non électrique, la mise en chantier de 50 parcs d’éoliennes : fâcheuse volonté d’être exemplaire, exaspérante pour nos voisins, destructrice pour nos intérêts.

L’accession à la propriété en sera pas encouragée au bénéfice d’une extension illimitée du parc social : là aussi c’est l’idée de Davos qui veut détruire la petite propriété foncière et ne laisser, hors la très haute classe internationale, que des locataires. La conjugaison de la suppression, déjà faite, de la taxe d’habitation et de celle, promise, de la CVAE (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises), laissera peu de matière imposable hors de la propreté foncière.

Le reste est la rhétorique technocratique habituelle qui ne sera sûrement pas suivie d’effets : réduire la dette à partir de 2026 (ça na coute rien de le dire), moderniser l’Etat (un objectif qui laisse de côté fâcheusement la réduction des effectifs sachant que les mauvaises modernisations sont la cause principale de la hausse des effectifs et de toute une série de dysfonctionnements qui exaspèrent fonctionnaires et citoyens ).

Parmi les rossignols qui trainent dans tous les programmes depuis vingt ans, l’instauration d’un conseiller territorial qui serait à la fois conseiller régional et conseiller départemental. Projet très difficile à mette en œuvre :  c’est la promesse de nouvelles complications, avec la certitude de ne faire aucune économie à l’arrivée. Il part de l’idée fausse qu’il faut porter remède au « mille feuilles » français, idée répétée partout alors que la mille-feuille existe ailleurs et qu’il y aurait d’autres manières, plus simples, de le réduire, par exemple en supprimant les régions, ou de le rendre moins coûteux, comme  en réduisant les indemnités et les effectifs des différentes entités.

Sur certains sujets, tout idéologue qu’il est, Macron semble revenir en arrière : plus question de GPA, pour ne pas effrayer , retour mesuré au nucléaire (6 EPR annoncés), mais il ne fait que suivre les idées de la sphère internationale, notamment Davos moins négatif sur le nucléaire depuis quelques mois, réalisme oblige.

Et on retrouve les aberrations de tous le programmes comme la promesse de pouvoir porter plainte en ligne, qui existe déjà.

Voilà quelques éléments du programme de Macron, que nous aurions pu développer davantage, mais nous n’avons pas voulu ennuyer  le lecteur.

D’autres promesses tendent à   élargir la démocratie : un grand débat national, la proportionnelle (dont on connait les dangers) …

Peu ou pas  d’idées sur des secteurs critiques comme l’éducation nationale (hors le retour aux mathématiques pour tous que le même  Macron avait supprimées), la sécurité (on ne touche pas à la justice qui est le cœur du  problème), l’immigration, le chômage, la dictature sanitaire, prête à revenir si on en croit son  grand prêtre international Bill Gates, la  vieille ritournelle  d’occuper les chômeurs à faire quelque chose, très difficile à mettre  en œuvre, rien sur l’énergie, sauf les éoliennes . Macron est en panne d’idées sur les questions les plus décisives.

En bref, la réélection de Macron ne laisse présager la solution à aucun de grands problèmes qui préoccupent les Français :  sécurité, éducation, immigration, réduction des libertés, complication administrative, stagnation économique – et a fortiori déficits, endettement, baisse du niveau de vie. Macron II, c’est la politique du chien crevé au fil d’eau.

 

De graves défis nous attendent

Alors cinq ans d’un long fleuve tranquille ? Gardons-nous de le croire. Le bref panorama que nous venons d’esquisser laisse de côté les défis le plus importants auxquels la France est déjà confrontée et le sera encore davantage.

Le reste a trait aux suites du covid :  Bill Gates en annonce une autre vague, sous deux ans, plus terrible que les précédentes. Comment le sait-il ?  Vérifiée ou pas, cette vague entrainera de nouvelles mesures de confinement, un renforcement de l’obligation vaccinale et de toutes les mesures attentatoires aux libertés. Gageons que Macron réélu vaudra être là aussi le meilleur élève de la classe de la répression sanitaire.

La question du covid débouche sur celle encore plus grave, du great reset. Klaus Schwab et ses conseillers ont concocté à Davos que les mesures prises contre le covid    devaient être tenues pour le prélude à une grande remise à plat du monde (c’est-à-dire une révolution radicale) comportant la réduction de la population et de la consommation d’énergie spécialement de l’énergie   fossile. Comment ? En interdisant rapidement le diésel qui a le défaut d’être le carburant du pauvre, celui des gilets jaunes, et à terme,  de tout  carburant autre qu’électrique.

Ce plan part de présupposés fous : une surestimation apocalyptique du réchauffement climatique, la méfiance irrationnelle du nucléaire, la haine de l’industrie dite « brune », c’est à dire de l’industrie tout court, la volonté de réduire la population mondiale. L’application de ce plan qui a déjà commencé dans les directives de Bruxelles, serait la ruine de l’Europe, le retour au niveau économique et au niveau de vie qui est celui du Maghreb. Pourquoi de l’Europe ? Parce que les autres continents ne prennent pas ces perspectives au sérieux : Russes, Chinois, Indiens et même une partie des Américains, riant in petto, regardent les pays de l’Union européenne planifier leur propre suicide, sans objecter. Les promesses qu’ils font d’accompagner ce mouvement de décroissance sont de la rhétorique parfaitement hypocrite.  

Se conjugue avec la question du Great rest, celle des sanctions suicidaires infligées à la Russie qui sont bien davantage des sanctions que les Occidentaux s’infligent à eux-mêmes.

De ces sanctions, les Américains n’ont cure. Ils pressent les Etats européens de prendre des sanctions de plus en plus dures et pendant ce temps leur commerce avec la Russie se trouve en croissance. Mais les Européens, dument manipulés par Washington sont pris d’une frénésie irrationnelle qui leur fait oublier toutes les prudences diplomatiques et les amène à faire de la surenchère. Comme le souhaite Davos, ils vont s’obliger à réduire de manière drastique leur consommation d’énergie fossile, ce qui va entrainer une hausse des prix insupportable pour la plupart des budgets populaires. Quelle signification peut avoir le programme de Macron si une moitié des Français n’a pas de quoi se chauffer à l’hiver prochain ?  

Pour y parer en partie, il faudrait réviser complètement les règles absurdes du marché européen de l’énergie pour que les Français puissent profiter de leur électricité nucléaire à bon marché. Mais ce n’est évidemment pas à l’ordre du jour.

La hausse des prix de l’énergie va aggraver l’inflation qui s’est esquissée au cours des deniers mois en raison de la multiplication des déficits et de la création monétaire dans toute l’Europe. L’inflation est euphorisante au début, destructrice à terme. Macron a, dans sa campagne, profité de cette euphorie, sans encore avoir à payer l’addition. L’explosion du déficit pourrait entrainer l’éclatement de l’euro, sans que le volontarisme de Macron en matière européenne puisse l’empêcher. A-t-il prévu cela dans sa prospective ?

Derrière la question des sanctions se trouve celle de guerre d’Ukraine. Macron a inscrit la pérennité des sanctions dans son programme sans savoir ce qu’allait devenir le conflit. Il barre ainsi la voie à toute restauration des relations entre l’Europe et la Russie.

S’il n’y a pas d’apocalypse, le devenir de la guerre ukrainienne est d’ores et déjà prévisible : les Russes vont l’emporter d’ici quelques mois, l’armée ukrainienne aura cesser d’exister. Sans qu’on sache le statut juridique qui sera donné à chacune des parties de l’Ukraine, ce sera un sévère camouflet pour l’OTAN, singulièrement ses composantes européennes, spécialement Macron qui s’est, plus que d’autres engagé dans l’extrémisme antirusse. Le président Biden sera sanctionné en perdant en novembre la majorité dans les deux chambres du Congrès. Qu’en sera-t-il de Macron, qui devrait essuyer à la fois cet échec géostratégique et les remous sociaux qui résulteront de la hausse du prix de l’énergie et de l’effondrement   du niveau de vie ?  

Face aux périls qui s’annoncent, le salut dela France serait se de retirer – ou de prendre ses distances – avec les organisations qui nous ont conduits à ces périls :

  • Prendre se distances avec l’OMS et la galaxie Gates-Fauci en matière de covid pour ne pas entrainer un nouveau choc à l’économie française sous le prétexte d’une douteuse lutte contre le covid ou la « variole du singe » ;
  • Prendre ses distances avec le Forum de Davos et la commission européenne qui appliquent servilement ses directives suicidaires ; revoir entièrement le règlement européen du marché de l’énergie ;
  • Prendre ses distances avec l’OTAN et son engagement pro-ukrainien pour se mettre en position de négocier le jour où les Russes auront gagné et que l’ordre européen sera à reconstruire sur de nouvelles bases.
  • On pourrait ajouter que la crise de la dette et l’inflation galopante qui se profilent à l’horizon ne pourront pas ne pas entrainer l’éclatement de l’euro, pas forcément décidé par la France. C’est là qu’un plan B serait nécessaire mais il s’en faut de beaucoup que l’actuel président pour qui l’euro est l’horizon indépassable de l’histoire se prépare à ces échéances.

Compte tenu du contexte international (guerre, sanctions), financier (inflation croissante), des plans délirants du Giec et de Davos et, les cinq années qui viennent ne pourront être que celles des grands orages.

Par rapport à ces perspectives le programme que s’est donné Macron apparait comme singulièrement rachitique. Ce frêle esquif résistera-t-il aux tempêtes qui s’annoncent ?

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 14:12

 

LES QUATRE FRACTURES PROVOQUEES PAR LE CONFINEMENT

 

L’épidémie du Covid-19 et surtout les mesures qui ont été prises pour la combattre, principalement   le confinement, ont généré ou aggravé quatre fractures de la société française.

La première   s’est creusée entre les persones âgées et les autres. Ce sont déjà, du fait de la nature, les personnes âgées qui sont plus affectées par la maladie. Mais les circulaires du ministère de la santé prévoient qu’au-delà de 70 ans, elles ne seront plus prioritaires dans l’admission aux soins intensifs. La chloroquine interdite, il ne leur reste plus, en cas de contagion, que d’attendre chez elles et, s’il y a aggravation, la perspective d’une sédation profonde (autre nom de l’euthanasie). Le   seul fait de risquer de se voir appliquer ce traitement – ou non-traitement - ne peut   être qu’anxiogène.

L’autre fracture est économique et financière : le clivage entre la France à revenus garantis : fonctionnaires, retraités, salariés de grandes structures comme les banques et le tertiaire où le télétravail était possible, qui a pu continuer et continuera à être payée et la France qui a vu s’effondrer tout à coup ses rentrées d’argent  : commerçants et artisans, PME , entreprises de transport ,  bref l’essentiel du secteur productif.  Il est inexact de dire que l’Etat subventionne le chômage partiel.  Le mot partiel fait illusion :   c’est du chômage tout court qu’il s’agit, partiel pour l’entreprise, et encore pas toujours, et total pour le salarié. Par une approche moins hystérique et un confinement plus souple, l’Allemagne a mieux protégé son secteur productif.  On attentait du gouvernement quelque geste fort de solidarité nationale pour permettre à l’économie de repartir le jour venu à plein régime, par exemple une garantie des revenus des professions affectées  ou un moratoire sur  les dettes fiscales  et sociales et sur les dépôts de bilan  : rien ne vient  ; le risque que la prudence des consommateurs aidant, la crise se prolonge,  est sérieux.

La troisième fracture concerne le confinement : il est très inconfortable pour les uns, ceux qui vivent dans de petits appartements, sociaux ou pas, dans les villes et ceux qui ont pu quitter la région parisienne (20% de sa population, dit-on) pour rejoindre des maisons de campagne plus ou moins spacieuses.

Mais il est une quatrième fracture dont on a peu parlé, et qui est sans doute la plus choquante : entre la caste des super-pistonnés du monde politique, médiatique ou médical qui peuvent se faire prescrire par un médecin compréhensif  le traitement  du Pr Raoult , à base de chloroquine et d’antibiotiques et le commun de mortels qui se heurte à l’interdit imposé par le ministère de la santé.  A ces privilégiés, on peut ajouter l’armée française qui a commandé 70 kg de chloroquine.  Comment une société avancée, qui se targuait de l’excellence de son système de santé, a-t-elle pu accepter que, selon les directives ministérielles, le médicament le moins inefficace soit refusé aux populations à qui on n’a rien d’autre à dire en cas de contamination que :  restez chez vous et prenez   du doliprane !

Qu’un tel discours ait été reçu par le grand nombre, alors que chacun en haut lieu s’efforce d’échapper à  ces  prescriptions (ou  non-prescriptions ) , sans susciter une immense  révolte , témoigne du degré d’ asservissement mental qu’on a réussi à inoculer à   notre société. 

 

Roland HUREAUX  

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 14:10

Jamais peut-être le monde n’a été si plein de contradictions.

La modernité ou ce qui est tenu pour tel est contradictoire.

Lors d’une récente  « journée de la femme », comme il y en a beaucoup, des « trans » (hommes ayant voulu devenir femmes) ont été agressés par des féministes. La transsexualité et la promotion de la femme sont pourtant des tendances que l’on rattache toutes deux à l’« avancée » des mœurs.  

Les « trans » veulent pousser au plus loin la théorie du genre selon laquelle les sexes sont fongibles et doivent être indifférenciés ; ayant choisi de devenir femmes, ils voudraient être admis parmi les femmes militantes pour partager leurs combats mais celles-ci ne veulent pas d’eux. C’est comme ça.

A peine élu le président Biden a autorisé les hommes « trans » à participer aux compétitions sportives de femmes, même la boxe. Les obliger à rester dans leur sexe d’origine serait selon eux ( ou elles ) discriminant mais les femmes de naissance craignent une concurrence qui leur fera sans doute perdre beaucoup de médailles.

Beaucoup de ces contradictions concernent, on le voit, les rapports entre les sexes.

 

GPA et égalité

 

A l’heure de la promotion générale – et bienvenue – de la femme à travers le monde, certains milieux libertaires, partisans de la théorie du genre, poussent pour que soit autorisée la gestation pour autrui, qui seule permettrait à des homosexuels d’avoir des enfants (ou défaire comme si ) et qui conduit, on le sait, à une forme particulièrement odieuse d’esclavage. « La femme loue bien ses bras dans les usines, pourquoi ne louerait-elle pas aussi son utérus ? » n’hésitait pas à dire Pierre Berger, cet homme délicat.  La  GPA (gestation pour autrui)  , si contraire à l’égalité , est pourtant l’aboutissement d’une  démarche de non-discrimination :  il n’y  pas de raison, dit-on,  que le mariage soit le privilège des couples homme-femme, instaurons un mariage homosexuel ; les femmes homosexuelles , voire seules, ont autant de droits que  celles qui vivent  avec un homme à avoir un enfant, d’où le droit à la  PMA (procréation médicalement assistée)  pour  femmes seules ou en couples de femmes  récemment adoptée par le  Parlement français ; dernière étape dont nous nous approchons : il n’y a pas de raison que la paternité et la maternité soient réservées aux femmes en couple, il faut que les hommes en couple y aient accès aussi, donc la GPA doit être autorisée ; ainsi trois étapes de raisonnement supposées libératrices aboutissent  à un  abaissement de la femme que dans les pires périodes d’esclavage, on n’avait pas imaginé .  

Divergences analogues sur la prostitution qui oppose les différentes écoles ultraféministes.  Pour les unes, elle est une forme d’esclavage à bannir, à l’initiative de la puissance publique.  Pour les autres, d’inspiration libertaire, elle fait partie de la liberté sexuelle, voire de la liberté du commerce et de l’industrie: l’Etat n’a pas à la réglementer. L’idée moyenne que « le plus vieux métier du monde » pourrait être simplement toléré échappe  à l’un et l’autre camp : il n’y a pas de moyenne chez ces gens là. 

 

Parité politique et parité conjugale

 

Toujours le mariage homosexuel : il conduit à abolir la parité homme femme dans sa forme la plus élémentaire, le couple. Fort bien, mais pourquoi coïncide-t-il avec l’instauration sans précédent d’une rigoureuse parité dans les élections à tout niveau, dans les conseils, dans le recrutement des entreprises publiques – et aux Etats-Unis de plus en plus privées. Si la parité est une nécessité, pourquoi ne pas la maintenir dans un couple de parents ? « Il faut la parité pour se porter candidat au conseil général et pas pour se marier ! » nous disait Jean Lassalle.

Toujours la parité : il y avait autrefois des écoles normales d’instituteurs et des écoles normales d’institutrices,  une agrégation pour les hommes et une agrégation pour les femmes qui garantissaient pour chaque discipline la parité dans l’enseignement. Au motif de s’adapter à l’évolution des mœurs, ces écoles et leurs concours d’accès ont été rendus mixtes, déséquilibrant la profession au détriment de l’un ou l’autre sexe, généralement féminin. Alors qu’on introduit la parité là où elle n’existait pas, on la supprime là où elle existait !

Il se dit que dans les couples isosexes, si advient, n’importe comment, un enfant, l’un se fait père, l’autre mère. Pointe extrême de l’existentialisme ou chacun choisit d’être ce qu’il est hors de toute contrainte de la nature. Pourtant, l’existentialisme a ses limites :  la théorie du genre n’étend pas la liberté existentielle au désir sexuel. Celui ci est au contraire tenu pour une fatalité inexorable. Le genre masculin est librement choisi par l’individu, l’attirance homosexuelle est une contrainte qui s’impose à lui. Pour parler le langage aristotélicien l’homosexualité ou hétérosexualité sont de l’ordre de l’essence alors qu’être physiquement mâle ou femelle est de l’ordre de l’attribut, donc réformable.

La liberté sexuelle, forme de la modernité s’il en est, est à l’origine d’autres paradoxes.

 

Ouverture de la chasse

 

Qui ne voit qu’elle a transformé certains milieux, dont bien souvent le monde l’entreprise,  en terrain de chasse pour jeunes mâles prédateurs ? Ils n’ont pas besoin d’avoir recours au viol ou au harcèlement pour se mettre dans la peau du chasseur.  Dans la vieille société, cet esprit prédateur existait aussi mais il était borné par le sens de l’honneur des honnêtes femmes, alors majoritaires et les usages mondains : « ce que les hommes tiennent pour un honneur est le déshonneur des femmes » (Marguerite de Navarre). Aujourd’hui cette borne ayant largement cédé, la chasse a libre cours. « Tous les hommes sont des cochons » dit une veille chanson, et aussi la pointe du mouvement féministe, comme Me too, adepte pourtant de la même liberté sexuelle.

Il reste bien quelques hommes scrupuleux qui subordonnent leurs désirs à la liberté des personnes du sexe, voir au respect de leur vertu et dans ce cas, la séduction, si séduction il y a, reste discrète. Mais les ultraféministes ne les fréquentent guère car ils n’appartiennent pas au même monde :  adeptes des vieux codes moraux ou religieux - ou simplement courtois, ils sont exclus de la sphère de la modernité dont elles se réclament.  Dommage pour elles.

Comment ne pas voir  pourtant que la libération sexuelle ne pouvait que transformer la femme en objet ?

 

Concurrence victimaire

 

Il reste que si l’Occident a suivi cette pente, il ne l’a jamais reconnu. La femme objet est au contraire, on le sait, plus ouvertement affichée dans la religion musulmane, laquelle contredit de manière frontale les exigences du féminisme. Mais en Europe, les musulmans sont des immigrés, donc des opprimés. Entre les femmes et les adeptes de l’islam, il y a, comme on dit,  « concurrence victimaire », une concurrence rude.  Dès lors, quelle attitude prendre pour rester politiquement correct :   censurer l’islam au nom des droits des femmes ou mettre ces droits entre parenthèses pour ménager l’islam,  religion des opprimés ? Quant à Cologne, lors des fêtes du nouvel an 2016, des immigrés musulmans harcelèrent de manière organisée des centaines de femmes allemandes, les associations féministes furent très embarrassées pour condamner ces agressions, de crainte d’apporter de l’eau au moulin du racisme et de l’islamophobie. Il est intéressant d’observer que la sympathie pour l’islam prit alors, dans le discours public, le dessus sur la cause de femmes et que les militantes féminines les plus exaltées choisirent de ne pas protester. Ce choix est significatif d’une hiérarchie implicite des préoccupations occidentales que l’on observe aussi d’autres circonstances. L’islamo-gauchisme, oxymore étonnant, juxtapose une préoccupation politique et sociale issue des Lumières, par marxisme interposé, le gauchisme,  et la défense de valeurs qui, aux yeux des mêmes Lumières, apparaissent les plus rétrogrades. Quand on sait la part essentielle prise par l’UNEF lors des manifestions de mai 698, à la tonalité libertaire explicite, comment ne pas être étonné que sa vice-présidente soit aujourd’hui une jeune fille voilée ?  Et que par ailleurs le même mouvement organise des séminaires interdits aux blancs ?

De même les défenseurs de la cause animale, si en pointe aujourd’hui, se trouvent fort embarrassés pour condamner l’abattage hallal.

Pourquoi ce privilège de l’islamophilie sur le féminisme ou la cause animale ?  Ne serait-ce pas que les islamistes sont davantage craints dans la société occidentale que les femmes ou les animaux ?  Hiérarchie des valeurs ou hiérarchie des peurs ?

Autre contradiction : la prévention légitime du sida, souvent prise en mains par les associations homosexuelles, ne se transforme-t-elle pas en propagande subliminale pour les comportements dits à risque ? Quand lors d‘une soirée télévisée consacrée à la lutte contre le sida, il y a quelques années, l’abbé Pierre avait suggéré que cette lutte pourrait commencer par le refus de la promiscuité sexuelle, il se fit copieusement huer. Tout autre que lui se serait fait lyncher.

Comment comprendre que soit institué un mariage homosexuel, tributaire d’une théorie du genre qui nie les identités sexuelles innées, au moment précis où nos sociétés redécouvrent massivement, au travers de l’écologie, la nature végétale et animale dont la reproduction sexuée est la règle, rappelons-le, depuis un milliard d’années. Toutes les « avancées » biologiques ou sexuelles, y compris les plus artificielles, peuvent être soumises à l’Assemblée nationale :  s’il est un groupe dont on est sûr qu’il les votera, c’est bien le groupe écologiste. Il m’a été rapporté qu’une « cheffe » écologiste s’était fait faire un enfant par PMA, alors que, saine de corps, elle aurait pu arriver même résultat en faisant l’amour comme tout le monde.  Une vieille dame qui avait toujours voté écologiste par amour de la nature, cessa quand elle apprit que Noël Mamère, alors maire vert de Bègles, célébrait des mariages homosexuels.

 

Le temps du rock’n roll

 

Revenons au féminisme : comment comprendre que la génération qui a été par excellence celle de la libération de la femme, ait pu avoir pour danse emblématique le rock‘n roll ? Qu’est-ce en effet que cette danse sinon un symbole fort de l’inégalité de l’homme et de la femme ?  Non seulement la femme fait le plus d’effort car elle est amenée à tourner sur elle-même presque en permanence, mais c’est l’homme qui lui dicte ses mouvements par de légères impulsions données au bon moment. La fin du  fin pour le play boy de surprise party était de faire tourner sa partenaire très vite en ne bougeant lui-même presque pas, prenant ainsi la posture de la maitrise facile, d’une domination d’autant plus efficace qu’elle est discrète, de l’aisance souveraine dans la position de la supériorité, telle que la décrit Bourdieu dans l’univers scolaire.  Personne à ma connaissance n’a jamais demandé que les rôles soient inversés.

Pour se situer à un autre niveau, un des plus grands tirages de la génération qui a connu l’émancipation féminine fut Gérard de Villiers et son fameux SAS. Il est sans doute inutile de s’attarder sur le rôle qui échoit la femme dans le climat de sexualité débridée qui est celui de ces romans.  

Nous avons évoqué la parité en politique. Tous ceux qui s’y sont exercé savent à quelles acrobaties conduit la règle de la parité dans l’établissement des listes.  On commence généralement par faire, non sans arbitrages sanglants, une liste d’hommes en leur conférant un numéro sur deux ; puis sont inscrites les femmes, souvent peu demandeuses, plus difficiles à trouver et   trop souvent tenues pour des figurantes.  Comme par hasard, il est rare que cet exercice favorise celles qui ont la plus forte personnalité. Chez les hommes non plus d’ailleurs. Création idéologique s’il en est, la parité forcée n’est pas seulement une atteinte au libre choix démocratique, puisqu’elle le limite, elle illustre aussi ce que Hayek appelle « la loi des effets contraires aux buts poursuivis ». Nous sommes loin d’une vraie promotion de femme qui, elle, n’aurait pas besoin d’une telle contrainte.  

Paradoxe : la même génération qui a vu l’émergence des femmes en politique a conduit une femme d’Etat aussi talentueuse que Marie-France Garraud, qui ne nous en voudra pas, pas, je l’espère, de l’évoquer, assignée chez elle pendant quarante ans.

 

Mai 68 au risque de la pédomanie

 

Dans les années soixante-dix, les tenants de la libération sexuelle ne craignirent pas d’aller jusqu’ bout de leur philosophie : on a assez reproché à Daniel Cohn-Bendit de s’être fait l’avocat de relations intimes entre adultes et enfants ; il ne faisait que suivre la logique qui était celle de son époque.

Les temps ont changé :  de plus en plus ces relations font horreur, surtout si elles sont incestueuses, et c’est légitime. Le paradoxe demeure que l’hallali contre la pédomanie (un terme que nous préférons à celui de pédophile, par respect pour la φιλία grecque, sentiment noble s’il en est) soit le fait non des tenants de la morale traditionnelle, discréditée, mais des libertaires eux-mêmes.  Choc des logiques : les derniers représentants de la pensée mai 68 se heurtent de front aux défenseurs des droits de l’enfant.

Paradoxe proche : notre société qui a mis en valeur comme aucune avant elle (pas même la société grecque du Ve siècle à laquelle on se réfère de manière souvent abusive) l’homosexualité, est en même temps devenue la plus sévère qui soit contre la pédomanie. Or la limite  entre l’une et l’autre tient souvent à peu de choses selon la  date anniversaire, pédomanie le lundi, homosexualité  le jeudi. Il en résulte que le mot pédérastie, qui signifiait au départ l’amour érotique des enfants mais qui en était venu à désigner l’homosexualité en général, se trouve aujourd’hui banni.

 

L’abolition du handicap

 

Avec les questions de vie et de mort, nous entrons dans un autre domaine. Jamais le handicap n’avait fait l’objet d’une attention aussi grande : les handicapés reçoivent une allocation, ils ont des maisons spécialisées   qui coûtent  cher, le droit du travail les favorise, ils ont des emplois, des places de parking réservées, les bâtiments publics leur sont adaptés.  On se demande pourtant qui va bientôt bénéficier de ces avantages. La même société si attentive au handicap, pratique de plus en plus un eugénisme impitoyable, autorisant, voire prescrivant, en cas de handicap repéré, un avortement quasi-systématique.

Alors que l’avortement normal est limité à douze semaines de grossesse, l’avortement dit thérapeutique peut se pratiquer jusqu’à la naissance. Un enfant qui nait dans le délai normal, et que ses parents veulent garder fera l’objet d’un luxe de moyens de réanimation sans précédent, allant parfois jusqu’à l’acharnement thérapeutique, pendant que l’autre, déjà formé lui aussi mais paraissant handicapé, sera mis à mort dans les conditions les plus sordides. On peut s’interroger sur les raisons d’un tel paradoxe.  Croyant peu à l’autre monde, notre société pense qu’une vie en situation de handicap, dès lors qu’elle est la seule qui nous soit donnée, est le plus grand des malheurs ; les gens normaux   se sentent par rapport à lui, vaguement coupables et tentent de se racheter par des politiques généreuses. Mais le malheur parait si grand que la même société se fera compréhensive à l’égard des parents (souvent pressés par leur entourage, y compris hospitalier) qui abrègent une vie dont on juge par devers soi qu’elle « ne vaut pas la peine d’être vécue ». Les  bien portants exorcisent ainsi  leur culpabilité en faisant disparaitre les handicapés de leur vue. Le « meilleur des mondes » est à ce prix.

Nous nous sommes attardés sur les contradictions de nos contemporains touchant à la sexualité et à la vie car c ‘est là un terrain où les contradictions sont les plus patentes, mais nous pouvons élargir la question à d’autres sujets.

 

Droit naturel et mise en scène

 

Par exemple les beaux-arts dans leur rapport au droit.   Point de théorie si décriée dans les milieux dits progressistes que celle du droit naturel, l’idée que la nature humaine implique par elle-même des règles pérennes et universelles qui s’appliquent à toutes les sociétés, par exemple l’interdiction du meurtre au sein du groupe ou celle de l’inceste.  C’est au contraire le positivisme juridique qui prévaut, l’idée que la loi positive est la norme ultime, qu’aucun principe pérenne, moral ou religieux, ne saurait lui être opposé et qu’elle est naturellement variable.

N’oublions pas la dimension scientifique du sujet : ainsi l’idée de nature humaine se trouve disqualifiée au moment où prend son essor la génétique moderne selon laquelle le génome humain est constant depuis au moins 35 000 ans.

Voyons d’abord le paradoxe qu’il y a de voir le positivisme juridique dominer au moment où sont parallèlement exaltés de droits de l’homme, que la déclaration du 26 août 1789 qualifie de « naturels et imprescriptibles ». La nature mise au rancart d’un côté, plus célébrée que jamais de l’autre ? Et  curieusement, la race n’existe pas, mais la nature humaine universelle non plus !

Ce paradoxe s’étend même aux questions esthétiques. Combien d’entre nous sont exaspérés par ces mises en scène de théâtre ou d’opéra qui habillent les personnages d’Andromaque ou de Carmen en costumes d’aujourd’hui, ou les personnages du Ring en clochards. Beaucoup ne vont plus à l’opéra par horreur de ces usages.  Mais elles ont une signification bien précise : le grand art traite de l’homme en général, les figures qui sont mises en scène se veulent éternelles, elles transcendent l’espace et le temps, elles nous touchent si directement qu’il n’est pas nécessaire de les mettre en costume d’époque.  Cela au moment où l’historicisme et le relativisme n’ont jamais été aussi à l’honneur, où jamais les émissions historiques n’ont eu tant de succès. Qui y comprendra quelque chose ?

 

Egalité et transhumanisme

 

Nous parlons de la nature humaine : l’existentialisme qui se fait si restrictif en matière d’orientation sexuelle, reprend toute sa place dans les recherches à la mode tendant à un dépassement de l’humanité par le transhumanisme, par la génération d’hommes nouveaux plus performants que ceux du passé, d’hommes « augmentés ». Il n’est pas certain que ces recherches aboutissent jamais à faire des êtres viables, mais comment ne pas être frappé de voir qu’elles fleurissent, comme le comble de l’audace libérale voire libertaire, en un temps où l’égalité est recherchée partout, voire où le socialisme national, qui fut précurseur en la matière,  est tenu, à juste titre, pour une infamie absolue. Le libéralisme moderne veut en outre qu’aucun homme n’ait un pouvoir excessif sur un autre. Le transhumanisme, forme supposée la plus « avancée » du libéralisme, c’est que certains hommes aient un pouvoir illimité sur d’autres, présents ou à venir.

On terminera pour l’anecdote par la surpression de toute mention locale dans les plaques d’immatriculation des véhicules. Elles facilitaient l’identification de ces derniers, leur suppression va la rendre plus difficile, cela à l’heure où se met en place une surveillance électronique généralisée. Il se peut cependant que l’extension sans limites de la surveillance des individus rende inutile toute attache géographique.

D’autres paradoxes propres à la modernité pourraient être aisément relevés.  Nous disons modernité car il ne nous semble pas que les sociétés du passé étaient si fertiles en étonnantes contradictions. Pourquoi donc ?

 

L’idéologie jusqu’à l’absurde

 

Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans le fait que les attitudes supposées modernes que nous avons évoquées sont toutes rattachées à une idéologie.  Une idéologie, c’est l’envahissement de la pensée politique par une préoccupation unique ou quasi-unique.  Pour les ultra - féministes, la préoccupation de l’égalité des femmes est devenue un absolu au point de tenir toute différence pour une injustice et de prôner l’identité et la fongibilité des sexes. Il en est de même pour les militants homosexuels adeptes de la théorie du genre.  La culpabilisation de l’Occident amène les antiracistes et autres décoloniaux à occulter toute préoccupation de la condition de la femme dans les anciens pays colonisés.  Pour certains, le handicap mérite une attention sans mesure ; pour d’autres, et quelquefois les mêmes, la possibilité d’avorter sur demande ne saurait être limitée etc.

Là où le politique ordinaire arbitre en permanence entre des préoccupations concurrentes et par là même, à un moment ou à un autre, les limite, l’idéologue s’attache à une ou deux logiques et les pousse jusqu’aux extrémités, soit, bien souvent,  jusqu’à l’absurde.

Il y a en tous les cas un lien entre la multiplication des contradictions idéologiques et l’affaiblissement de la fonction politique qui a précisément le rôle d’arbitrer entre ces logiques avant quelles ne viennent à s’affronter ou s’entre-détruire.

Nous sommes dans un monde profondément idéologique. Pour des raisons qu’il conviendrait d’approfondir – mais c’est un autre sujet – il n’est pas aujourd’hui de politique publique qui ne soit marquée par une forme ou une autre d’idéologie.  Poussées jusqu’au bout sans que la sagesse ancestrale, le sens de la mesure ou la prise en considération de logiques concurrentes ne vienne à les tempérer, elles se contredisent et s’entrechoquent, donnant parfois au paysage politique un air d’absurdité.  Comment s’en étonner ?

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 14:05

 

Plus on approfondit la question, plus on réalise la responsabilité d’Emmanuel Macron, dans le déclenchement de la guerre d’Ukraine.

C’est d’autant plus paradoxal que,  grâce à elle , il a pu accroître ses chances d’être réélu, les électeurs préférant souvent qu’on ne change pas de pilote  en temps de guerre.

Le vrai commencement de la guerre d’Ukraine est ce que la presse appelle la révolution de la place Maidan du 18 février 2014, qu’un homme aussi pondéré que Valéry Giscard d’Estaing n’a pas hésité à appeler « un coup d’Etat de la CIA ». Elle a conduit, à la suite de manifestations et d’échanges de tirs, à la destitution du présidant Viktor Ianoukovitch, régulièrement élu en 2010 et à son remplacement par une équipe directement désignée par le département d’Etat américain et entièrement soumise aux Etats-Unis.  Loin de vouloir apaiser les choses, ce gouvernement mit de l’huile sur le feu en interdisant aux russophones de l ‘est du pays de parler russe. Ils se révoltèrent avec le soutien de la Russie, proclamant l’indépendance les deux républiques autonomes de Lougansk et Donetsk.

Furent conclus l’année suivante les accords de Minsk destinés à résoudre la crise.   Ils comportent la constitution d’un groupe dit de Normandie : Russie, Ukraine, France, Allemagne chargé d’appliquer les accords.  La France n’a rien fait pour cela, en particulier après l’élection de Macron. Ces accords sont délibérément restés lettre morte.

En parallèle, en violation de ces accords, les membres de l‘OTAN, dont la France,  ont envoyé massivement des armes et des instructeurs à l’armée ukrainienne. Elu en 2019, Zelenski intègre dans l’armée les milices néo-nazies qui deviennent de facto le fer de lance de l’armée ukrainienne et qui ont évidemment reçu ces armes.

Il est clair que les Occidentaux, Macron en particulier, n’ont rien fait pour pousser le président Zelenski au compromis. Elu sur une promesse de pacification, il a fait exactement le contraire : exciter le conflit sans doute sur la pression des Américains. Bien que signataires aux accords de Minsk , validés par l‘ONU, ceux-ci ne se sont pas engagés Dans la négociation dont ils ne souhaitaient pas l’aboutissement, ils ont cherché le sabotage de ces accords, Macron s’est révélé, comme d’habitude, un bon petit soldat.

Début février 2022, Poutine, avant de se résoudre à l’invasion,  fait une dernière tentative de relancer le processus de Normandie, en sommeil depuis plusieurs années. Macron se rend à Moscou dans les conditions que nous savons, le chancelier allemand nouvellement installé restant en retrait . Il va ensuite à Kiev où il multiplie les signes d’encouragement aux soldats ukrainiens qu’il croise dans les rues. Drôle de médiateur.

Il se dit que Macron fait le siège de l’OTAN pour qu’elle s’engage plus avant dans la résistance à l’invasion russe, en envoyant plus d’armes, plus d’instructeurs – qui sont en fait l’encadrement de l’armée   ukrainienne, parmi lesquels des éléments de notre  Légion étrangère.

La reconquête de l’Ukraine par les Russes devrait en principe mettre fin au conflit. Un statut de neutralité, excluant l’adhésion à l’OTAN, pourrait ensuite être trouvé. Il reste douteux cependant que la pointe extrême   des faucons américains, « néo-cons », autour de Victoria Nuland,  accepte de s’avouer vaincue.  Nous ne  sommes pas à l’abri d’attaques sous faux drapeau, comme les Américains savent si bien en faire, de provocations destinées à amener les forces de l’OTAN dans un affrontement direct avec la Russie, aux risques que l’on sait pour la survie de l’Europe et d l’humanité.

L’appui politique du président français serait alors très précieux pour les faucons américains et nul doute que Macron apporterait cet appui, pouvant aller jusqu’à jouer les boutefeux. Avec Marine Le Pen, la France serait, nous l’espérons, tenue à l’écart d’un conflit gravissime et qui n’engagerait nullement notre intérêt direct.

L’enjeu de l’élection présidentielle apparait dès lors clairement : rien moins que la guerre ou la paix. Le prochain président (e), impliquera-il la France dans un conflit direct entre les Etats-Unis et la Russie ou aurait-il la sagesse de nous en tenir à l’écart ? C’est un enjeu gravissime.

 

 

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 14:04

LA DERNIERE LOI DU QUINQUENNAT MACRON TENDANT A FACILITER L’AVORTEMENT, NE LA PAS PRIVE DU SOUTIEN DES EVEQUES. LA PREMIERE ANNONCEE, SUR L’EUTHANASIE, LES TROUVERA T-ELLE AUSSI COMPLAISANTS ?

 

Que le dernier acte important du président Macron ait été de faire voter une loi qui repousse le délai légal de l’avortement de 12 à 14 semaines est assez suffocant.

Surtout quand on voit que cette loi est votée dans le quasi-silence des partis, de la presse, des Eglises. Ont seuls réagi les gynécologues-obstétriciens, unanimement hostiles à cette décision.

Electoralisme diront les politologues amateurs. Absolument pas. Cette loi ne rapportera pas une voix à Macron lors de la présidentielle : dans l‘opinion ou la population, personne ne la demandait et elle ne correspond aux désirs de personne.

C’est en réalité une loi entièrement idéologique.

 

Instaurer un « droit »

Le but est d’arriver à ce que l’avortement soit reconnu comme un « droit », c’est-à-dire ne soit soumis à aucune limite de temps et à aucune condition.

Le lobbying dans ce sens n’est pas national mais international. L’objectif est promu et affiché non seulement par certaines associations extrémistes comme l'International Planned Parenthood Federation (IPPF), les associations liées à quelques grands milliardaires ( George Soros, Warren Buffet et d’autres. ) mais aussi des institutions publiques : ONU, OMS.

Comme ses promoteurs savent qeuils n’y arriveront pas d’un coup, ils   veulent faire un pas en avant. La France pays qui a encore du prestige doit servir d’exemple    à toute ne série d’autres pays qui emboîteront le pas de ses « avancées ».

Rien ne laisse supposer que Macron ait eu un intérêt personnel fort pour ce sujet. Tout se passe en revanche comme s’il     répondait devant des forces nationales ou internationales qui lui avaient imposé un agenda de déconstruction, de la loi naturelle, de la civilisation, de l’héritage moral occidental et que l’on attendait qu’il fasse jouer à la France un rôle pilote.

En d’autre temps, un gouvernement dans la position de Macron aurait craint les réactions d’une partie l’opinion, ou des autorités catholiques, qui, en principe, ne sont pas plus intéressées que d’autres au respect de la loi naturelle mais qui, en fait, en sont devenues, faute d’autres, les gardiens. On aurait pris des précautions pour ne pas faire voter cette loi juste avant les élections.

 

La passivité des évêques

 

Cette fois rien de tout cela.  Comment ne pas y voir le mépris profond dans lequel les évêques sont tombés.  Disciplinés au-delà de toute mesure face aux règles du confinement – au moment où le monde entier découvre qu’elles étaient inutiles, obsédés par de veilles histories d’abus sexuels, dont les chiffres ont été multipliés au moins par dix, au moment où se posent à la population française des questions graves : chômage, crainte de l’avenir, dépression, utilisation croissante de neuroleptiques, profonde inquiétude de l’avenir, ils se taisent.

Le rapport dit Sauvé de sinistre mémoire aurait eu pour but de diminuer l’autorité de l’Eglise dans le champ sociétal, qui s’en étonnerait ?

Mais pourquoi le pouvoir s’inquiéterait-il des réactions d’un corps qui ne pèse plus guère – et plus de son fait que de celui de l’évolution de la société ?

L’évêque du Havre a cru bon de lancer un appel à ne voter que pour Macron ou Pécresse, cela en plein débat sur le délai de l’avortement.  Au moment où la loi a été votée aucune réaction épiscopale, sinon celle de l’archevêque de Strasbourg disant qu’à titre personnel, il allait voter Macron. Beau tir de barrage.

Disons-le clairement : c’est un choix de mort. D’abord parce qu’intervenant en plein milieu du débat sur le délai légal de l’avortement. Ensuite parce que les partis recommandés, à commencer par LREM de Macron, sont ceux qui ont appuyé les guerres meurtrières qui ont eu lieu au Proche-Orient depuis 20 ans et ont fait un million de morts au total. Si ce prélat veut vérifier, il, n ’a qu’à interroger n’importe quel chrétien d’Orient, il en aura la confirmation. Trop habitués aux lâchetés des chrétiens d’Occident, ils se taisent.

Les mêmes forces imposent à la Syrie et au Liban des sanctions d’une cruauté extraordinaire qui affament les populations, leur interdisent de reconstruire le pays, sans que nul ne s’en émeuve – puisque Bruxelles les a décidées. Ces sanctions sévères, surtout aux plus pauvres, ne sont toujours pas levées sans que les évêques d’Europe s’en émeuvent.

On peut être évêque sans connaître la géopolitique. Dans ce cas, on se tait.

Nous ne sommes plus dans les années trente où les méchants étaient aux extrêmes et les modérés au centre. Aujourd’hui c’est l’inverse : si on remonte aux causes, toutes les atrocités des dernières années viennent de l’extrême centre, de ces hommes politiques apparemment modérés, qui plaisent tant aux édiles ecclésiastiques, et qui, au moins sur la scène internationale, sont criminels.

Roland HUREAUX

 

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 14:02

LIBERAL, LIBERALISME

Dire qu’un homme est libéral a rarement été tenu pour une injure. Cela veut généralement dire qu’il est généreux. Au Moyen âge, les arts libéraux étaient les plus prisés. Les sept arts libéraux étaient  le trivium  , grammaire  , dialectique , la rhétorique et le quadrivium,  arithmétique ,  musique , géométrie , astronomie. Ils prétendaient représenter l’universalité du savoir abstrait par rapport aux arts artisanaux, d’où le mot université.

Comment se fait-il alors que pour beaucoup de ceux qui s’autodésignent comme « souverainistes » tiennent les libéraux pour des ennemis et le libéralisme pour une tare ?  C’est ainsi que ceux qui voulaient disqualifier Éric Zemmour dans son propre camp, le qualifiaient de libéral ou ultra-libéral, sans vraie raison d’ailleurs.

Cette opposition s’inscrit dans un clivage idéologique bien précis apparu depuis environ 1950 : dès que la construction européenne a commencé, les libéraux lui étaient favorable. Il était à la mode de se dire « libéral et européen ». Ceux qui étaient eurocritiques tenaient au contraire au maintien d’un Etat régulateur, colbertiste, disait-on, et des frontières douanières entre ces états. Dans la confusion habituelle des esprits, vouloir préserver un Etat fort qui ne plierait pas devant les directives européennes et voudrait impulser l’économie, laisse soupçonner qu’on est peu favorable aux libertés individuelles, partisan de « la loi et de l’ordre ».

Cette confusion s’est renforcée vers 2000 quand tentèrent de se rejoindre les « républicains des deux rives », de droite et de gauche, chevènementistes ou séguinistes, communiant les uns et les autres dans le culte d’un Etat fort. Ni les uns ni les autres ne remettaient   en cause des prélèvements obligatoires représentant 60 % du PIB. D’une façon générale un Etat hypertrophié, souvent paralysé,  était confondu avec l’efficacité d’un Etat stratège qui n’a pas besoin d’être lourd.

L’image du souverainiste ronchon, attaché à l’Etat et réservé sur l’économie de marché a été évidemment répandue par les prétendus libéraux attachés à donner une image antipathique des adversaires du processus européen.

C’est ignorer ce qu’a montré le philosophe Pierre Manent : l’émergence de la démocratie libérale est inséparable de celle des Etats-nations. Ceux-ci émergent à la fin du Moyen-Age de la broussaille   féodale, d’abord sous la forme de la monarchie absolue, puis de celle de la démocratie élective, spécialement en France et en Angleterre. En Angleterre, les deux phénomènes sont même concomitants.  Il est clair que dans un Etat qui ne serait pas assez homogène sur le plan religieux, racial ou culturel, les clivages électoraux seraient des clivages ethniques, comme il arrive en Afrique . Il faut une certaine homogénéité nationale pour que les clivages nationaux prévalent, pour qu’un alsacien de gauche préfère voter pour un gascon de gauche que pour un alsacien de droite.

Le second argument commence juste à être perceptible et il s’impose déformais très fort : comme l’avait dit Jean-Jacques Rousseau, il faut un Etat de petite ou moyenne dimension pour que les libertés y soient préservées. Plus sa circonférence s‘agrandit, plus les libertés régressent au bénéfice d’un système autoritaire, voire totalitaire. D’où la contradiction de ceux qui se disent « européen et libéral » car on ne peut être l’un et l’autre. Si on penche pour un Etat européen de taille continentale, cet Etat ne pourra être qu’autoritaire. A fortiori un Etat mondial, qui ressemblera plus au 1984 d’Orwell qu’à autre chose. Les évolutions récentes, en matière de restriction des libertés se voient à la censure des Gafam, de l’Union européenne et des Etats, au contrôle de la presse par des magnats partageant la même idéologie :  sous la IIIe République, la presse était diverse et libre, aujourd’hui elle est, sur tous les sujets majeurs, parfaitement monolithique.

Le clivage véritable de notre temps n’est plus celui des nationaux contre les libéraux, il est celui des défenseurs des libertés, tant celles des individus que des nations contre  des mondialistes qui rêvent d’un étouffement de toutes les libertés et qui se prétendent, de manière fallacieuse,  libéraux. 

Le mouvement espagnol Vox qui passe pour hostile à l’Europe supranationale, revendiquait récemment de défendre les libertés nationale, régionale et individuelle. Qu’attendent nos « souverainistes » pour dire des choses aussi intelligentes ?

La défense des libertés individuelles et de celles des nations sont aujourd’hui inséparables.

                                              

Roland HUREAUX

 

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 13:59

L’INVERSION ACCUSATOIRE

 

Imaginons que la Russie entretienne des corps de troupe au Mexique, le long du Rio Grande, frontière avec les Etats-Unis. Qu’elle ait basé là des fusées à courte portée chargées d’armes nucléaires visant les principales villes et les bases américaines. Qu’elle entretienne une armée de 1 200 000 hommes et   800  bases militaires à travers le monde. Qu’elle ait onze  porte-avions et de nombreux navires de guerre sillonnant les mers du globe, qu’elle organise ou appuie des coups d’état dans les pays de la périphérie américaine, que ses experts planifient ouvertement l’isolement et le dépeçage des Etats-Unis  en plusieurs Etats indépendants. Qui oserait dire que les Etats-Unis sont un pays agressif et qui menace la paix du monde et que c’est la Russie qui est un pays pacifique qui   ne fait que se défendre ?   

Or c’est exactement cela qui se passe, mais à l’inverse. Les Etats-Unis ont des troupes dans les pays baltes et en Pologne, des conseillers en Ukraine à laquelle ils vendent un armement lourd, des fusées chargées d‘armes atomiques en Pologne et une partie l’Europe occidentale, des navires de guerre sur toutes les mers du monde, y compris la Mer noire, 800 bases militaires et 200 000 soldats à travers la planète. Ils ont organisé des « révolutions orange »   en Géorgie, en Ukraine, et faussé les élections en Arménie. Depuis Zbigniew Brezinski, ses meilleurs experts planifient ouvertement d’abord de couper le Russie de toutes les anciennes républiques soviétiques, ensuite de la démanteler en plusieurs Etats.

Pourtant, par une étrange aberration mentale, l’opinion quasi-unanime des décideurs occidentaux, notamment des membres de l’OTAN est que c’est Poutine qui est un agresseur, et que l’OTAN est une pure organisation de défense des Etats dits démocratiques.  Comme Hillary Clinton, de nombreux responsables américains sont intimement persuadés que Poutine, c’est Hitler.  Ils le disent et, ce qui est plus grave, ils le croient, montrant par là leur ignorance de ce que fut le socialisme national, dit nazisme. Pour eux l’annexion de la Crimée est le premier pas d’un plan de conquête du monde comme l’était l’annexion des Sudètes. Pour éviter ce soupçon, Poutine aurait dû s’accommoder de ce qu’était le plan occidental : faire à terme de Sébastopol, symbole de la puissance russe depuis le XVIIIe siècle, une base de l’OTAN,

 

La paille et la poutre

 

Cette forme de cécité si on ose dire aveuglante est décrite dans l’Evangile :

 

Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! (Matthieu 7, 3).

Les Américains qui se sont toujours senti investis d’une mission dans le monde, ont du mal à comprendre la logique d’un Etat classique qui cherche à être respecté dans son voisinage, mais pas à conquérir le monde, pour la bonne raison qu’il n’est porteur aujourd’hui d’aucune idéologie universelle. Poutine ne veut pas convertir le monde à la religion orthodoxe. Cette cécité à une politique classique est si ancrée chez les Américains, au moins l’oligarchie, que les présidents qui ont raisonné de manière classique, en termes d’intérêts et non point de mission, Nixon, Trump, ont fait l’objet d’une réaction de rejet.

Cet aveuglement porte un nom : l’inversion accusatoire, laquelle joue aussi dans la sphère privée : j’accuse mon adversaire précisément des défauts qui sont les miens et pas les siens. On voit ça dans de procédures de divorce…

 

Qui sont les tueurs ?

 

Autre exemple, toujours relatif aux relations Est-Ouest : le nouveau président Biden entièrement pénétré de cette idéologie libérale impérialiste qui caractérise à Washington ceux qu’on appelle faussement les néo-conservateurs, a, à peine installé, accusé avec violence Poutine d’être un « tueur », ce que ses prédécesseurs n’avaient jamais fait. La raison ? Les soupçons de tentative d’assassinat par les services secrets russes, avec des poisons supposés d’origine russe (pour bien signer le forfait !) de Viktor Iouchtchenko, président de l’Ukraine de 2005 à 2010, de l’ancien espion et Sergueï Skripal et de sa fille en 2018, d’Alexeï Navalny, opposant à Poutine en 2019. Aucune, curieusement n’a réussi, ce qui témoigne comme l’a d’ailleurs dit Poutine, d’une singulière maladresse des dits services. Sur le même registre, a été déclenchée par les démocrates une vaste campagne contre le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salman accusé d’avoir fait assassiner le journaliste Jamal Khashoggi en 2018, cela bien que l’Arabie soit, elle, un allié des Etats-Unis. Certes ledit prince n’est pas un ange et le forfait, pour le coup, est avéré, mais tous ceux qui se sont intéressés à l’espionnage, singulièrement au XXe siècle, savent que ce genre d’affaires, généralement laissées aux services secrets, n’ont rien que d’habituel et qu’on évite de les évoquer dans les chancelleries.

Que certains veuillent moraliser la politique internationale, pourquoi pas ? Mais quelle extraordinaire hypocrisie de voir que c’est la Maison blanche qui anime cette campagne de presse quand on sait que le président Obama, démocrate comme Biden, prix Nobel de la Paix, dressait dans le Bureau ovale, tous les mardis, la liste des personnes qui, à travers le monde, seraient assassinés sans jugement par la CIA. Ce sont des centaines, voire des milliers de gens que saint Obama a fait ainsi liquider au cours de ses deux mandats. Certes cela se passait (en principe) hors des Etats-Unis et il s’agissait, vous dira-t-on, de terroristes. Mais tout de même : comment Biden qui, come vice-président était étroitement associé à ces opérations, peut-il accuser Poutine d’être un assassin ?

D’un côté, la politique de Biden qui a durci considérablement le ton vis à vis de la Russie, de l’autre celle de Trump, qui avait tenté, malgré les innombrables entraves mises par l’Etat profond, d’apaiser les relations avec la Russie, ce qui ne pouvait que sécuriser l’Europe de l’Ouest, et presque terminé la guerre en Syrie et en Irak (c’est sur le seul front iranien qu’il a été plus dur que les démocrates, sans jamais aller jusqu’à la guerre.) Quant à son prédécesseur Obama, il a déclenché quatre guerres (Libye, Syrie, Ukraine, Yémen) alors qu’en quatre ans, Trump a été le premier président des Etats-Unis depuis trente ans à n’en déclencher aucune.  Malgré ces faits patents, il se trouve des commentateurs pour expliquer qu’Obama n’avait pas vraiment fait exprès de faire des guerres et que si Trump ne l’a pas fait, c’est parce qu’il voulait mais n’en a pas trouvé l’occasion.  Débile ! Les photos publiées pendant son mandat par la totalité de médias occidentaux le montrent l’air furieux, prêt à mettre le feu à la planète alors qu’il fut (avec Carter) le plus pacifique des présidents américains depuis la guerre. 

 

Victoire de la démocratie

 

Après la paix, vient la démocratie, autre valeur cardinale de la gauche historique . Le Monde saluait la victoire de Biden comme le « retour de la démocratie. »  Alors que Trump n’a jamais menacé les libertés fondamentales, ayant du mal , déjà, à préserver les siennes, notamment celle de s’exprimer dans les médias et sur les réseaux sociaux. Biden grand démocrate, alors que ses  puissants partisans ont  organisé une fraude gigantesque, suffisante pour renverser le résultat  ou non ? c’est à voir , que les mêmes organisent une censure de l’internet à l’échelle mondiale, qu’ils appellent  les entreprises à licencier ceux qui ont voté Trump ! 

 

Pour que règnent les bons sentiments : un  camp de redressement

 

L’inversion accusatoire se retrouve sur d’autres champs : l’idéologie messianique sur laquelle s’appuie le parti démocrate, ceux qui ont appuyé   Obama puis Biden, est identique à ce qu’il est convenu d’appeler la « pensée unique » ou le « politiquement correct » : favorable aux droits des homosexuels, à la priorité climatique, au libre-échange, hostiles à l’immigration, et donc à toute frontière, et bien entendu antiraciste.  Tous ces bons sentiments donnent une allure gentille à ceux qui s’y réfèrent. Pourtant    ce sont ceux-là qui provoquent les guerres et font monter la tension internationale. Paradoxe apparent : quand on est sûr de la supériorité morale de ses idées, on est prêt à mettre le feu pour les imposer à la planète.  Sur le terrain , leur  gentillesse se change en  une insoutenable intolérance à tous ceux qui viendraient   les contredire , à ceux qui pensent que la famille , c’est d’abord un homme et une femme, que l’urgence   climatique n’est pas telle qu’elle  justifie  pas  la destruction  de millions emplois, que les frontières  ont toujours existé et qu’elles sont  nécessaires, que le mélange des races ou des religions comporte des risques de guerre civile,  risques  qu’une élémentaire prudence conduit à ne pas pousser trop loin .  Les idéologues ne sont pas seulement animés de bons sentiments, ils pensent que, livré à lui-même, le peuple en a de mauvais, qu’il est naturellement xénophobe, homophobe, pollueur, protectionniste, raciste et que pour protéger la démocratie de ces mauvais sentiments, il faut  transformer la société en un immense camp de redressement. Tous ceux qui pensent qu’il est tout à fait légitime qu’un groupe se défende, comme tous les groupes l’ont fait depuis la préhistoire, sont  tenus pour des  nazis, qu’aimer son pays, c’est du fascisme. J’ai connu quelques vrais racistes, ayant une hostilité a priori pour tel ou tel groupe racial, mais ils sont peu nombreux. Je n’ai cependant jamais vu chez ces gens autant de haine qu’on en voit chez les antiracistes patentés : Black blocks, No Borders ou Antifas et tous ceux, plus nombreux, qui sans s’y engager directement en   partagent l’idéologie. Là aussi s’observe l’inversion accusatoire : ceux qui dénoncent la haine sont les plus haineux. Mais ils sont si sûrs de la justesse de leur position qu’ils n’en s’en rendent pas compte. Un de mes amis me disait : « j’aime bien les noirs ; le problème est que s’ils sont trop nombreux, ils vont attirer avec eux  des antiracistes et de ceux-là, je n’en veux pas. Il n’y a rien de pire que la haine antiraciste. »  Les Américains ont construit une société obsédée par les questions de race ; cette maladie se répand en France.

Les partisans des idéologies prétendues « progressistes » ne se rendent pas compte non plus que ceux qui dans le monde, au travers de médias qu’ils contrôlent presque tous, de la Californie à la Pologne, du Pole Nord au cap Horn, leurs valeurs sont promues par les plus grand milliardaires – pas Trump, qui ne jouait qu’en deuxième division. Ils veulent la destruction des Etats, seule protection qui reste aux petits et sont impitoyables pour ceux qui veulent les maintenir. L’extrême-gauche antiraciste, souvent financée par ces magnats, est le roquet chargé de mordre au talon les défenseurs des nations, accusés de fascisme. Contrairement à tous les schémas, le candidat de gauche, Biden, était soutenu par les plus riches des Américains, le candidat de droite, Trump, supposé réactionnaire, par le peuple et les plus bas revenus. L’extrême gauche le tient pour le symbole du pouvoir de l’argent alors que ce sont les puissances financières qui se sont coalisées pour l’abattre, peut-être parce qu’il ne faisait pas la guerre.

L’inversion accusatoire a sans doute toujours existé : « C’est celui qui le dit qui l’a fait » a dit Poutine, utilisant le langage des cours de récréation, en réponse aux accusations d’assassinat. Il reste que le monde actuel a vu ce phénomène s’accentuer. Cela résulte de la place de plus en plus grande prise par les idéologies dans la politique. L’idéologie simplifie tout : il y a les bons et les méchants ; elle est messianique : les méchants empêchent le progrès ; il ne faut pas discuter avec eux, il faut les détruire. Ce sont, comme disait Staline, des « vipères lubriques ». Le mode de pensée idéologique caractérise aujourd’hui les dominants du monde occidental, ceux qui, au travers de leur toute puissance médiatique, défendent la pensée unique qu’ils qualifient de « progressiste ». Le fanatisme aveugle les idéologues. Ils perdent tout sens critique dans leurs accusations et deviennent radicalement incapables de se regarder eux-mêmes avec un peut de recul. Ils   sont dangereux.

 

Roland HUREAUX

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 13:57

 

 

Nous avons entendu à satiété depuis quelque temps, pendant la campagne présidentielle en particulier, dans les médias transformés en un média unique comme il en va en dictature, que les candidats comme Marine Le Pen et Eric Zemmour seraient des « fascistes », voire pire. Nous pensons au contraire qu’ils seraient les meilleurs garants de la paix. Les « bellicistes » sont aujourd’hui presque toujours des « centristes ».

Les deux candidats incriminés n’ont ni l’un ni l’autre jamais milité dans un parti fasciste marchant au pas dans les rues ou professé des idées fascistes. Pourquoi donc ce procès injuste ?

Outre les accusations mensongères qui fusent habituellement dans les débats politiques – mais pour le coup à sens unique, cette assimilation témoigne de l’immense sclérose intellectuelle qui touche la classe politique et les médias dominants.

Ces gens là en sont restés aux années trente, « la période la plus sombre de notre histoire ». Ils n’ont pas perçu la mutation gigantesque qu’a subi l’espace politique occidental depuis vingt ou trente ans : les camps s’y sont inversés.

Prophète, Churchill avait prédit le temps où « des régimes autoritaires s’installeraient au nom du libéralisme ». Nous y sommes.

Ne considérons que la politique étrangère.

Sous la IIIe République, la menace de guerre venait des extrêmes : extrême-gauche, extrême -droite, qui, tout en se détestant, n’étaient d’ailleurs pas sans parenté : Mussolini venait de l’aile gauche du parti socialiste, le socialisme-national d’Hitler à ses débuts se référait avec violence à la lutte des classes, ses théories raciales folles au scientisme du XIXe siècle, spécialement le darwinisme. Les gens du centre au contraire : libéraux, républicains modérés, démocrates-chrétiens et même, de plus en plus, socialistes, étaient réputés hommes de paix : raisonnables, modérés de bon ton.  Incontestablement la seconde guerre mondiale fut provoquée par des extrémistes.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous vivons depuis quelques années ce que les physiciens appellent une inversion de pôles : les guerres les plus meurtrières depuis la fin de la guerre froide   sont causées par des gens du centre, de l’extrême centre si on peut dire, et que   s’y sont toujours opposés ceux que l’on qualifie d’extrémistes.

Nous nous référons d’abord aux cinq guerres qui ont ensanglanté le Proche-Orient depuis 1990 et fait toutes ensemble plusieurs millions de morts (Afghanistan 2001, Irak, Syrie, Libye, Yémen). Nous laissons à part le cas de l’Ukraine qui vivait paisiblement jusqu’au coup d’Etat de la place Maidan (2014) que Giscard d’Estaing, autre centriste mais lucide, attribua à la CIA. La situation s’y est beaucoup aggravée depuis l’invasion russe.

Les guerres du Proche-Orient sont toutes de l’initiative des néo-conservateurs persuadés de la destinée impériale des Etats-Unis, proches du parti républicain au début, mais depuis les années quatre-vingt, passés au parti démocrate (Hillary Clinton en tête), plus précisément à son aile droite, ce que nous appelons le centre.

Et si on regarde qui, en Europe, a applaudi ou concouru à ces guerres, on trouve les partis modérés : les Républicains, le Modem, le parti socialiste, le fameux UMPS qui occupe le devant de la scène politique depuis trente ans. Blair, Sarkozy, Hollande, Macron furent les principales figures de ce centrisme belliciste.

Au contraire, se sont opposées à ces guerres, principalement la droite forte et la gauche forte : Marine Le Pen et Mélenchon mais aussi l’amiral de Gaulle (pour la première guerre du Golfe) et d’autres gaullistes de la vieille école.

Aux Etats-Unis, un homme aussi vilipendé (peut-être pour cela) que Donald Trump n’a commencé aucune de ces guerres et en a terminé deux : Irak et Syrie, notamment en liquidant Daech qui était une fabrication américaine au départ.

Au contraire, Obama, incarnant le centre-gauche, Prix Nobel de la paix a commencé quatre guerres : Libye, Syrie, Ukraine, Yémen. C’est lui qui a autorisé la construction d’une trentaine de laboratoires d’étude des armes bactériologiques à la frontière russe de l’Ukraine, tournés vers la Russie, une des causes de la guerre actuelle. 

On ne comprend rien à la scène mondiale si on n’a pas intégré cette mutation fondamentale qui donne la clef de   ce qui arrive aujourd’hui.

Dans le contexte hautement électrique où nous plonge la guerre en cours, les Français qui veulent la paix ne doivent pas se tromper : ils ne doivent pas prendre la brebis pour le loup, au nom de schémas dépassés ni le loup pour une brebis.

Roland HUREAUX

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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 13:56

 

Il est difficile de comprendre le rétrécissement de la   liberté de penser et d’expression auquel nous assistons aujourd’hui en Occident, sous la forme de la pensée unique, du « politiquement correct », sans se référer à la notion d’idéologie.

Face aux désastres totalitaires du XXe siècle, le communisme principalement, et aussi le socialisme national (nazisme), nous pensions savoir ce qu’était l’idéologie.

Toute une série de penseurs libéraux : Souvarine, Orwell, Arendt, Popper, Hayek, Aron, Kriegel, Papaioannou, Besançon, Baechler, etc. avaient analysé le fait idéologique dans sa version totalitaire, à l’origine des tyrannies et des crimes que nous savons.

 

L’utopie au pouvoir

 

Retenons en deux définitions : « l’utopie (notion proche de l’idéologie) se caractérise par la volonté d’organiser les activités sociales jusque dans leur détail   à partir d’un principe unique « (Jean Baechler) « les idéologies sont des ismes qui peuvent tout expliquer en le déduisant d’une seule prémisse » (Hannah Arendt). Une ou deux ou trois prémisses : l’universalité de la lutte des classes, la suppression de la propriété privée et de la religion, le primat de la race etc.

Hannah Arendt dit aussi que l’idéologie est la « logique d’une idée ». Le mot important, c’est « une ». Là où un esprit bien conformé analysera une partie   du réel en tentant d’y vérifier une ou deux hypothèses , et, une fois transplanté dans une autre partie du réel, refera l’opération avec des hypothèses différentes, l’idéologue, lui,  part d’une idée, parfois opérationnelle dans un segment limité de la réalité, et encore pas toujours, et, une fois transplantée ailleurs, ne regarde plus la réalité : il continue de  lui appliquer l’idée unique  choisie  une fois pour toutes ou les déductions faites à partir de cette idée  unique.

Le savoir, comme l’action, ont certes besoin de principes simples ; mais il ne faut pas confondre la fausse science qui détermine ces principes a priori et la vraie qui les tire laborieusement du réel par une série d’essais et d’erreurs, considérant que toute généralisation n’est pas a priori opérationnelle, seulement celles que l’expérience vérifie. Et encore, avons-nous le cas de la théorie quantique qui explique tout ce qui se passe au niveau des particules élémentaires, mais sans jamais se réduire à des principes simples aisément formulables.

L’autre caractère d l’idéologie est le messianisme, appelé dans sa forme tempérée, le progressisme, l’idée, religieuse qu’il y a un sens d’histoire, généralement vers le meilleur et que tenter de s’y opposer est criminel.

Nous avons longtemps pensé que les régimes libéraux, les Etats-Unis en tête, qui luttèrent contre les utopies totalitaires, étaient, eux, exempts de cette folie de l’idéologie, qu’ils faisaient droit, au contraire, à la politique empirique, à la nature, à la complexité du monde et donc à la liberté.

L’emprise qui s’est exercée de plus en plus au sein de la sphère dite libérale par la pensée « politiquement correcte » amène à considérer qu’elle aussi pourrait être tombée dans l’ornière idéologique qu’elle se targuait d’éviter. De fait, une série de prémisses simples dictent aujourd’hui l’essentiel de la politique au niveau international, européen et national : la liberté du commerce tenue pour un absolu, la suprématie du marché, l’idéal de la concurrence pure et parfaite, la péremption du fait national conçu comme une menace totalitaire (cette péremption ne valant que pour l’Europe de l’Ouest) etc.

Du fait que cette idéologie ne pratique pas l’emprisonnement arbitraire (sauf à Guantanamo), ne fait pas de camps de concentration, ne pratique pas la terreur de masse, il faut la considérer comme différente des idéologies totalitaires. Si l’on assimile l’idéologie à une forme de folie, il ne s’agit plus de folie furieuse, seulement de folie douce (disons relativement douce puisqu’il lui arrive de plus en plus de trainer en justice des citoyens en raison de leur seule opinion).  L’idéologie douce qui nous submerge peu à peu    exerce son empire de manière plus sournoise mais non moins efficace que l’idéologie totalitaire : ceux qui lui résistent sont menacés de marginalisation, de diabolisation ; tels les partisans de la nation qui subsistent dans l’espace européen ou ceux qui clament leur refus de l’islamisation de l’Europe. A la pression violente, s’est substituée la pression indolore.  C’est donc à une tout autre sorte de régime idéologique que nous avons affaire mais la plupart des traits de l’idéologie n’en sont pas moins présents dans cette nouvelle forme de normalisation de la pensée.

Le point de départ est le même : la simplification, le fait de reconstruire toute une politique sur des principes généraux tenus pour des absolus, tels ceux que nous venons d’évoquer.

Le point d’arrivée est dans les deux cas   l’intolérance et la contrainte qui s’exerce sur la pensée, même si elle n’use pas des mêmes méthodes et n’atteint pas le même degré.

Quel est le rapport entre le principe de l’idéologie, la simplification, et son effet, l’intolérance ?

 

De la simplification à l’intolérance

 

Il est loin d’être évident.  Seule une analyse approfondie du fait idéologique permet de comprendre ce lien.

En simplifiant la réalité politique par le recours à des principes simples, trop simples et donc faux, la démarche idéologique ne trahit pas seulement la complexité du réel, elle va à l’encontre de toute une histoire antérieure qui prenait au contraire en compte cette complexité.

En disant que la clef du progrès économique est la généralisation du libre échange – telle est la doctrine officielle de l’Organisation Mondiale du Commerce –, l’idéologie ne se contente pas   de simplifier une réalité où le libre échange est non pas mauvais en soi (être aussi systématique relèverait aussi de l’idéologie !) – mais tantôt bon, tantôt mauvais. Elle tend à considérer tous ceux qui, dans le passé, ont fait une autre politique que celle du libre échange comme des barbares, des hommes dépassés. Plus l’idée qui inspire les politiques idéologiques est simpliste, plus elle apparaît    en    rupture avec un passé de civilisation où était préservé le sens de la complexité.

L’idéologie est ainsi non seulement un rapport au réel, extraordinairement biaisé puisqu’il tend à en ignorer la complexité, mais encore un rapport au temps, désormais divisé entre l’avant – où l’humanité n’avait pas encore conçu l’idée géniale et simplificatrice qui doit faire son bonheur -, et l’avenir qui s’organisera sur la base de cette idée. Marx lui-même disait que la préhistoire de l’humanité ne cesserait qu’avec le socialisme.

Ce n’est pas seulement tel ou tel trait du passé qui se trouve ainsi disqualifié dans le mode de pensée idéologique, mais le passé en général. A partir du moment où elle prétend organiser l’Europe en gommant le fait national, la démarche européenne, tend à considérer les siècles où les nations existaient comme des siècles barbares, où presque tout était mauvais : des siècles de guerre, d’obscurantisme, de haine, marqués par la traite des noirs, le colonialisme, le racisme, l’intolérance etc. C’est pourquoi la mémoire ou les racines – en particulier les racines chrétiennes – sont toujours disqualifiées pour l’idéologie puisqu’elles renvoient à une époque où la politique n’était pas encore animée par l’idée formidable qui désormais l’inspire : suppression de la propriété privée et de la religion pour le communisme, suppression des nations et universalité du marché pour l’idéologie moderne.

Il est probable que l’idéologue pressent au fond de lui, même s’il ne veut pas se l'avouer ou l’avouer, que son idée est fausse, fausse parce que trop simple et, quelque part, en porte à faux avec le réel. Il a l’intuition qu’à cause de cette fausseté, il rencontrera des oppositions de toutes sortes, en particulier dans cette partie de la population qui est moins sensible à la logique des idées qu’est le peuple.

En même temps, il a le sentiment de tenir une idée si neuve, si radicale qu’elle ne peut être que salvatrice, qu’elle doit permettre à l’humanité de franchir une nouvelle étape.

Porteur d’une idée extraordinaire, salvatrice mais qui rencontre des résistances, qui ne « passe » pas, l’idéologue sera nécessairement à cran. Et c’est ce qui le rend méchant : non seulement il n’a pas raison, mais il le sent confusément.

La simplification opère en tant que vision du réel, offrant une vision du monde à bon marché qui permet de le réduire à quelque principe simple.

La simplification opère aussi en tant que doctrine du salut. Puisqu’elle est entièrement nouvelle, l’idée géniale qui inspire l'idéologie, par exemple la suppression de la propriété, est supposée porteuse d'un immense progrès, d’une forme de rédemption de l’humanité, ce qui place l’enjeu du combat contre les adversaires tellement haut qu’ils ne méritent aucune mansuétude.

La simplification répond ainsi à un besoin ancestral : celui de distinguer facilement le bien et le mal, les bons et les méchants. Les bons seront ceux qui adoptent l’idée, les méchants ceux qui y résistent, autre forme de simplification, et ils sont nombreux puisque cette idée viole la nature, ce que l'idéologue se refuse à reconnaitre mais qu’en son for intérieur, il sait.

Le clivage entre les bons et les mauvais ne résulte pas seulement des résistances à l’idéologie. Le plus souvent, il est déterminé à l’avance par l’idéologie elle-même : dans le marxisme léninisme, les mauvais sont d’emblée les bourgeois et fils de bourgeois, les prêtres, les paysans, même s’ils n’opposent aucune résistance au régime, dans le nazisme, ce sont les Juifs, même s’ils ne font rien de subversif.

Rapport au réel, rapport à l’histoire, rapport au salut, l’idéologie est aussi, la plupart du temps, porteuse d’une histoire mythique, également simplifiée. L’expérience de la Seconde guerre mondiale a laissé croire à une partie des élites européennes, persuadée à juste titre que la cause de la guerre était l’idéologie nazie, que le nazisme n’était qu’une forme exagérée du fascisme, ce qui était déjà en partie faux, que le fascisme était une forme exacerbée du nationalisme, le nationalisme, une hypertrophie de l’esprit national et donc du patriotisme.  C’est sur ce raisonnement, dont à peu près tous les maillons sont contestables, qu’a été pourtant entreprise la construction européenne. Pour les porteurs de l’idéologie européiste, ou du mondialisme qui en est difficilement séparable, ou encore des formes les plus frénétiques de l’antiracisme, une fois qu’ils ont admis que la cause de toutes les guerres c’est la nation, aimer sa patrie, un sentiment qui, dans toutes les civilisations est, ainsi que le rappelle Léo Strauss, le plus moral qui soit, c’est être nationaliste, donc fasciste, donc nazi, donc, en puissance, kapo dans un camp de concentration. D’où la haine qui anime ces gens là   vis-à-vis de toute affirmation identitaire, pour timide quelle soit. Pour eux, elle ne saurait être que la manifestation des forces du mal, forces d’autant plus puissantes que, fondées dans la nature, elles résistent de toute part à l’Idée

Et c’est ainsi que l’idéologie, partie d’une opération intellectuelle de simplification, conduit à l’intolérance, au refus absolu du dialogue et à la haine.

Les porteurs de l’Idée trop simple qui va bouleverser l’humanité ne se trouvent pas seulement en rupture avec le passé ; ils sont aussi en rupture avec la majorité de leurs contemporains qui résistent à la puissance lumineuse de l’Idée.

Le principal motif de cette résistance tient au caractère artificiel de l’Idée : quoi qu'en pensent les idéologues, le sens de la propriété existe, le fait religieux existe, le marché (sans en faire un absolu) existe, le fait national existe ; et ils résistent sourdement à ceux qui voudraient les abolir.

Parmi ceux qui résistent plus particulièrement, les classes populaires en tout temps et en tous lieux : elles résistent parce qu’elles sont plus près des réalités, parce qu’elles sont plus près des sentiments naturels, parce qu’elles éprouvent moins le besoin d’une vision logique des choses ou de la politique. Même si, la propagande aidant, le peuple peut se laisser séduire un moment par l’idéologie, il s’en détache vite. La haine des idéologues pour le peuple, au nom de la lutte contre les « koulaks » ou contre le « populisme » est une constante de l’idéologie.

L’autre motif de résistance peut être à l’inverse une grande culture et donc la conscience d’une dimension historique qui interdit de dévaloriser sommairement le passé. Une   culture approfondie conduit à éprouver la complexité des choses et donc à se méfier d’une simplification exagérée du réel telle que l’opèrent les idéologues.

L’idéologie prospère, dit Jean Baechler, chez les demi-intellectuels, assez évolués pour   subir la séduction de la logique, mais pas assez pour avoir développé le sens de la complexité et le sens   critique.

Les résistances populaires qu’ils rencontrent conduisent les idéologues à se considérer comme une élite, plus éclairée, plus lucide, une avant-garde, voire une secte d’initiés. Lénine a fait la théorie du parti avant-garde. Les SS se voulaient aussi une avant-garde idéologique. La Commission européenne se veut explicitement une avant-garde destinée à détruire peu à peu chez les peuples le sens national et son expression économique, le protectionnisme, et à faire entrer les nations d’Europe dans ses schémas nolens volens.   Les idéologues s’impatientent d’autant plus des résistances qu’ils rencontrent qu’elles ne rentrent pas dans leurs schémas a priori. Au terme de cette démarche, le viol de la volonté populaire tel qu’il a eu lieu à la suite du référendum du 29 mai 2005 au travers de l’adoption d’un traité par les Parlements (l’élite éclairée), reprenant point par point ce qui avait été refusé par le peuple.  

Les idéologues sont d’autant plus intraitables que l’idée qu’ils véhiculent est porteuse d’une perspective de salut : le socialisme, le dépassement des nations, la paix universelle, la prospérité générale.

Ainsi imbus de certitudes salvatrices, ils remplacent le débat par une démonologie. Ceux qui leur résistent sont les prisonniers ou les complices des forces du mal.

La haine antiraciste qui prospère aujourd’hui n’a ainsi rien à voir avec la volonté d’aider les minorités que l’on prétend défendre, noirs, Arabes, Roms, elle est la haine d’idéologues ayant décrété que le sentiment d’identité était dépassé, qu’il faut à tout prix l’extirper comme on extirpait autrefois la sorcellerie et qui sentent confusément combien leur doctrine est artificielle.

De la même manière, on se tromperait lourdement en réduisant la barbarie nazie à l’antisémitisme ancestral, même exacerbé : pour en comprendre la dimension apocalyptique, il faut faire entrer dans l’équation le fantastique multiplicateur de l’idéologie.

 

On n’aurait pas fait le tour de la dimension idéologique de l’intolérance contemproaine si on ne faisait sa part à la haine de soi.  Celui qui s’accommode du monde tel qu’il est et qu’à bien des égards il a toujours été, n’éprouve pas le besoin de trouver une clef qui permettra sa transformation radicale. Cette philosophie simpliste qui doit permettre de transformer le monde existant en un monde meilleur implique un regard largement négatif sur le monde tel qu’il est. Il implique la haine du réel, la haine de la société et même, à bien des égards, la haine de soi puisque c’est non seulement le monde mais l’homme, tous les hommes, y compris lui-même, que l’idéologue veut transformer en éradiquant le sens de la propriété ou le sens national.

Qui dit haine de soi, dit haine des autres.  Comment aimer autrui comme soi-même si on se hait et si on hait le monde ? C’est pourquoi les idéologues ont si souvent le cœur rempli de haine, ils voient partout des « vipères lubriques ». Ils en voient d’autant plus qu’ils en portent en eux-mêmes.   Observons un procès pour « incitation à la haine raciale » et regardons le ton des parties en présence : qui, généralement sue le plus la haine sinon les antiracistes ?  Ce n’est pas sans raison que le regretté Philippe Murray a décrit, dans son style inimitable, les « parties civiles » (les parties civiles de profession, organisées en associations, pas les victimes de crimes ou d’accidents) comme des chacals agressifs désireux de dépecer un cadavre. En face, les prétendus supposés racistes sont souvent des gens gentils, amoureux de la vérité, de bonne compagnie. Etonnant renversement des valeurs !

La haine précède-elle ou suit-elle la posture idéologique ? Les deux sans doute. Il est vrai que pour devenir un idéologue, il ne suffit pas d’être inculte, il faut aussi avoir un tempérament aigri ou frustré. Mais on a vu bien des honnêtes gens entrés en religion idéologique sous l’effet de la générosité et s’y dévoyer. On a vu des amis de l’humanité entrer au parti communiste par amour des « damnés de la terre » et finir par épouser les pires aberrations du stalinisme. Céline commença sa carrière comme médecin des pauvres, philanthrope donc. Par quels cheminements en est-il arrivé aux pires invectives antisémites, voir aux appels au meurtre ? C’est sans doute là le mystère de l’idéologie.

Bien entendu les idéologies sont sous-tendues par des intérêts. Il est probable que l’intérêt et l’idéologie sont aussi inséparables que l’onde et la particule dans la mécanique quantique.  Là où il y a l’un, il y a l’autre.  Le communisme était sous-tendu par les intérêts de la nouvelle classe bureaucratique dont parlait Milo van Drillas. Le mondialisme sert de manière tellement évidente les intérêts les plus étroits de l’oligarchie financière internationale, en élargissant partout l’échelle des revenus et de la richesse, qu’on comprendra qu'elle soit soutenue avec force par les grands médias qui appartiennent presque tous à cette oligarchie. Mais ce serait une grave erreur de réduire les attitudes idéologiques à des logiques d’intérêt. L’idéologie prolonge et sert les intérêts, mais elle a sa rigidité, sa logique propre. Il n’est pas vraiment besoin d’une eschatologie intolérante pour défendre des intérêts. Or, une fois déchaînée, la logique idéologique dépasse largement les intérêts qu’elle prétend servir. Le communisme ne servait que jusqu'à un certain point ceux de la nouvelle bourgeoisie russe ; il était en même temps une terrible contrainte pour elle et un frein au développement de l’économie russe. Cette bourgeoisie a fini par s’en apercevoir mais   avec   plusieurs dizaines d’années de retard qui furent du temps perdu. Le nazisme fut une catastrophe autant pour la grande industrie allemande, qui, paraît-il, l’avait favorisé, que pour le peuple allemand.  Le mondialisme est, au dire de la plupart des experts, la cause de la crise mondiale qui sévit depuis 2008.

Non seulement les idéologies n’ont pas disparu avec la chute des régimes totalitaires, mais elles sont revenues sous d’autres formes. Comme dans un feu d’artifice, après une explosion initiale, on assiste à la retombée d’une gerbe d’étincelles, après l’explosion fantastique du régime totalitaire, l’idéologie revient sous une fore édulcorée et dispersée comme retombent de toutes parts des brandons. Même s’il n’y a plus ni terreur, ni système global, le mode de pensée idéologique pénètre partout. Un de ses effets est de réformer à partir de schémas simples, dans le seul but de mise aux normes, des matières qui n’avaient pas besoin de l’être et où donc, au lieu de résoudre des problèmes, on en crée. Les exemples foisonnent. Il faudrait tout un ouvrage (que nous préparons) pour les passer en revue. Deux ou trois cas :  cet hiver, la neige a posé un problème grave, alors qu’elle n’en avait presque jamais été un   dans notre pays ; que l’application mécanique de la décentralisation ait conduit à démanteler les directions départementales de l’équipement, services d’Etat qui fonctionnaient parfaitement, n’est pas sans responsabilité dans    cette désorganisation. Des voyageurs ont été bloqués pendant plus de 12 heures à Belfort : le démantèlement de la SNCF, prescrit par Bruxelles au nom de la libre concurrence, n’y est pas étranger. De la même manière, on veut fusionner la police et la gendarmerie au nom de la théorie, ô combien simpliste, que la concentration accroît l’efficacité. Un officier de gendarmerie qui avait exprimé son désaccord dans un article s’est vu infliger immédiatement la sanction la plus lourde qui soit : la révocation. Ce n’est certes pas le goulag, mais la violence de cette réaction est dans la ligne de ce que nous disions des idéologues qui, sachant confusément qu’ils ont tort, sont à cran.

Il y aurait beaucoup à dire encore sur les racines idéologiques de l’intolérance contemporaine. Il y aurait encore plus à dire sur les moyens de lui résister. A ce stade, nous nous sommes contentés d’appeler l’attention sur un de ses ressorts les plus fondamentaux. Cette approche ne saurait nous conduire à baisser les bras, au contraire. La seule issue est la résistance. Mais pour résister, la première chose à faire est de bien connaître l’adversaire, de bien comprendre la manière dont il fonctionne. Les victimes des procès de Moscou, en 1937, furent complètement décontenancées par une mécanique dont elles ne comprenaient pas les ressorts. Si Zinoviev avait lu Hannah Arendt, sans doute eut-il été mieux à même, sinon de sauver sa peau, du moins de résister à la machine infernale qui l’avait pris entre ses griffes ; mais le travail de compréhension et d’analyse du phénomène totalitaire commençait alors à peine. Nous sommes aujourd’hui déroutés par la nouvelle intolérance – qui, je le répète, n’est pas une nouvelle forme de totalitarisme, mais un phénomène sui generis, à analyser en tant que tel.  Quand ses ressorts cachés seront entièrement démontés et mis sur la place publique, alors serons nous mieux à même de gagner le combat glorieux que tant d’entre nous ont engagé pour la liberté.     

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

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