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Roland HUREAUX

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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 00:14

 

On connaissait le fond de grossièreté qui réside chez beaucoup de socialistes, l’  air de clerc  jouisseur de ces notables de gauche issus de Mai 68 qui, depuis longtemps, ont abandonné les préoccupations  sociales pour la promotion de la libération sexuelle.  Fonctionnaires défroqués en goguette, ils diffèrent à cet égard d’une extrême-gauche qui, encore en lien avec la souffrance populaire, conserve le sens du tragique.

Cette paillardise avait sa figure emblématique : DSK.  Elle a  trouvé sa  victime expiatoire :   l’Eglise catholique.

En témoignent des comportements  qui pourraient  surprendre dans un parti que l’on croyait  devenu raisonnable : ainsi  la réception insultante de l’archevêque de  Paris par la commission de  l’Assemblée nationale en charge du projet de « mariage pour tous » ( qui a choqué le Grand Rabbin de France lui-même !) ou la plaisanterie douteuse de Michèle Delaunay, secrétaire d’Etat en charge des  personnes âgées ne trouvent rien d’autre à dire après  l’annonce de la démission du Saint Père  que: "Benoît XVI a omis de me consulter avant de prendre sa décision."

 

Un profond sentiment anticatholique

 

N’en doutons pas : ce n’est là que la pointe immergée d’un sentiment antichrétien ou plutôt  anticatholique aujourd’hui   dominant au parti socialiste. Hostilité assortie d’un mépris qui fait qu’on ne cherche même plus à comprendre ce  que pourrait être la logique interne des positions d’une Eglise dont on a choisi de  tout  ignorer.

Caractéristique de cette ignorance est l’appel de Cécile Duflot   aux diocèses pour qu’ils hébergent dans leurs locaux les sans-logis : la pitoyable ministre écologiste (les Verts ne valent pas mieux que les socialistes sur ce registre) semblait tout ignorer de l’action  caritative d’une Eglise plus  impliquée que quiconque sur ce terrain. 

Tout cela pourrait rappeler  les bonnes grosses blagues des banquets d’instituteurs  des années trente. Mais les temps ont changé : on ne daube plus la soutane ou les abus supposés du vin de messe ; on ne chante plus Le curé de Camaret, on ressasse les  poncifs des  médias,  largement sur la même longueur d’onde : Pie XII, le pape nazi (dont presque tout le  monde reconnait pourtant aujourd’hui qu’il a  fait le possible pour limiter le désastre), le préservatif, l’avortement et maintenant le « mariage »   homosexuel.  Autrefois le différend portait surtout  sur les dogmes, aujourd’hui sur  la morale.

On n‘explique pas autrement que par ce bouillon de culture dans lequel baigne désormais le parti socialiste le commentaire scandaleux du président de la République à l’issue de la démission de Benoît XVI : « Nous n’avons pas de candidat ».

Car  les banquets socialistes sont une chose, la parole  du chef de l’Etat en est une autre. Par ce genre de plaisanterie un peu lourde, François Hollande   ne fait pas honneur à  la France, surtout si on la compare  à la dignité, à la hauteur de la réaction des chefs d’Etat du monde entier à l’émouvante  décision de Benoît XVI.

 

Les vrais hommes d’Etat et les apparatchiks

 

En d’autres temps, d’autres chefs de l’Etat français, étaient  issus, plus encore que le président actuel, du vivier laïcard : Vincent Auriol, Georges Pompidou, Jacques Chirac.  Aucun  ne se serait permis ce genre de plaisanterie.  

En s’élevant dans les sphères de la grande politique, en  étant chaque jour confronté  au tragique de l’histoire, les vrais  hommes d’Etat, même s’ils sont en désaccord sur tel ou tel sujet avec le magistère catholique,  n’ont plus envie de plaisanter avec le fait religieux. Croyants ou pas,  ils en mesurent la dignité et la gravité. Georges Pompidou, agnostique au départ,  se rapprocha de la foi, au point de demander  des obsèques grégoriennes, Jacques Chirac  quoique éloigné de la religion en son for intérieur, fut toujours déférent vis-à-vis du monde ecclésiastique.   

Faut-il rappeler le cas de François Mitterrand : élevé, lui,  en milieu clérical,  rallié à la gauche certes,  mais qui fut   toujours respectueux   de l’Eglise catholique   dont il était suffisamment familier pour en connaître les subtilités et en mesurer la grandeur ? C’est ainsi qu’il sut   accueillir en 1983 le pape à Lourdes par un discours de haute tenue sur les relations de l’Eglise et de la France dont il faut bien dire  qu’il surclassait celui, plus convenu, de Jean Paul II.  Il cachait  peu en privé  son mépris pour  l’anticléricalisme  élémentaire  du parti  socialiste.   

Reste  le cas de Nicolas Sarkozy,   très ignorant des finesses de la culture chrétienne,  mais  désireux de lui témoigner sa sympathie, non sans quelques arrière-pensées et    beaucoup  de maladresse.

Dans cette question des rapports avec l’Eglise, François Hollande a montré qu’il était resté un socialiste de base, un apparatchik sans envergure. Rien qui fasse honneur à la France.

 

Roland HUREAUX

 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 20:34

 

L’éloquente  intervention à la tribune de l’Assemblée nationale de Bruno Nestor Azérot,  député de la Martinique,  inscrit à la Gauche démocrate et républicaine, contre le projet de loi instituant le « mariage »  entre personnes du même sexe, a eu le mérite de rappeler que,  dans cette affaire, le véritable esprit social ne se trouve pas forcément  là où on croit.

C’est particulièrement vrai  dans les Antilles, terre au douloureux passé,  où les esclaves, parce qu’ils étaient tenus pour des choses,  furent longtemps interdits de mariage. Le droit de se marier et de fonder une famille, composée d’un homme et d’une femme,  est  inséparable de leur émancipation.

Nul  n’ignore que derrière la revendication d’un « mariage  pour tous », c’est en réalité le « mariage pour personne » qui se profile. Les partisans les plus acharnés du projet de loi  ne cachent guère  que l’institution du mariage homosexuel est  une première étape avant la suppression pure et simple du mariage tout court. Comment s’étonner, dès lors, de la quasi-unanimité de parlementaires ultramarins, droite et gauche confondus, contre le projet ?

Mais le mariage fut aussi une grande conquête sociale dans l’Europe occidentale.

 

Le mariage : un privilège qui se démocratise

 

Dans l’Antiquité, il était le privilège des classes supérieures, organisées par  gens  et, par extension, des citoyens libres. Les esclaves en étaient exclus : dans la promiscuité de l’ergastule, bien peu d’enfants avaient la chance  d’identifier qui était leur père et même leur mère ; les maîtres se réservaient le droit de séparer les  hommes des femmes, les parents des enfants. Il ne devait pas en être très différemment, parmi les serfs, aux heures les plus sombres du Moyen-Age.

C’est à partir du XIIIe siècle que la famille moderne émerge  peu à peu, sous l’influence du christianisme,  avec la diffusion de plus en plus large des noms de famille et  d’un mariage formalisé.  Le peuple trouve ainsi une dignité qui avait été jusque-là l’apanage de  la seule aristocratie. Il peut s’inscrire lui aussi dans une généalogie.

La Réforme catholique et protestante, visant à réformer les mœurs, souvent ressentie comme oppressive, eut néanmoins  pour effet de renforcer la famille à tous les étages de la société.   Non sans entrer en conflit avec la monarchie, l’Eglise  catholique s’autorise à marier  les enfants  majeurs sans le consentement de leurs parents, ce qu’un esprit aussi ouvert que Rabelais n’admet pas (Tiers Livre, chapitre XLVIII). Un rituel plus élaboré  et les premiers registres paroissiaux consolident l’institution. La Révolution française éclate dans un pays dont les mœurs n’avaient peut-être jamais été aussi régulières . Ce n’est  pas un hasard : à familles solides, citoyens libres.  L’état civil républicain, le Code civil systématisent les pratiques antérieures.  Ils ne sont    pas séparables de l’émergence  de la démocratie moderne.

Emmanuel Todd   a montré comment l’esprit républicain s’est diffusé dans les régions de France, surtout  méridionales,  où la structure familiale était assez solide pour  permettre aux clans paysans de se soustraire à l’emprise des notables (ce qui se produit aussi dans  les pays alors de droite comme le Pays basque). Le bassin parisien, où les  structures  familiales  sont plus  éclatées ne permet guère, en dehors de Paris, l’organisation de cette culture  populaire forte.

 

Le simplisme libertaire

 

La véritable histoire du lien familial se  situe ainsi   aux antipodes de la doxa  qui fonde aujourd’hui la revendication libertaire.  Pour celle-ci, la famille ne serait qu’une  institution oppressive venue du fond des âges, basée  sur   la domination exclusive de l’homme, l’interdiction de la recherche individuelle du bonheur, voire de l’amour,  et naturellement  la répression  de l’homosexualité. A partir de cette vision idéologique simpliste,  tout ce qui affaiblit  l’institution du mariage est tenu pour progressiste,  surtout si se trouve en même temps transgressé l’héritage judéo-chrétien. 

Qui ne voit pourtant que la revendication libertaire, telle qu’elle s’est développée à partir des années 1970  coïncide avec la montée de l’  ultra-libéralisme et en est sans doute inséparable ?   La déconstruction de la famille, dont le mariage dit  « gay » est une étape, se trouve évidemment  en phase avec celle de la plupart des réalités qui   permettent à un peuple de se structurer : l’école, la culture générale et la mémoire collective, l’Etat,  la commune, la langue etc. Cette déconstruction, dont l’  application absurde du principe de non-discrimination n’est évidemment  qu’un prétexte, ne peut que déboucher sur une société atomisée, somme d’individus égarés, masse fongible et malléable à la merci des forces aveugles de la mondialisation.

Loin d’être un progrès, le député de la Martinique nous en apporté une belle démonstration, l’instauration d’un mariage homosexuel, brouillant le repère encore  fondamental de la distinction  des  sexes, au nom de la théorie anglo-saxonne du genre,  et permettant de tenir dans certains cas l’enfant pour un objet, constitue    une considérable régression sociale. Que le parti socialiste en fasse son cheval de bataille, témoigne seulement de la déréliction du socialisme contemporain.


Roland HUREAUX


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Si l’on se réfère par exemple ay nombre de naissances hors mariage, très faible avant la Révolution.

Emmanuel Todd,  L’invention de la France, 1979.

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 10:31

 

Qu’à une ou deux exceptions près,  les députés socialistes aient  voté comme un seul homme les articles de la loi instaurant le mariage des homosexuels, alors qu’on connait les réticences personnelles de beaucoup, fait quelque part froid dans le dos.

Que l’on puisse jouer la discipline de parti, au rebours de tout ce qui se fait aujourd’hui en matière sociétale dans les démocraties  avancées, dans une affaire qui devrait relever de la   conscience de chaque député, jette une lumière inquiétante sur la nature d’un projet que nous n’hésitons pas à qualifier de pré-totalitaire.

L’ expression  paraitra sans doute exagérée à beaucoup mais  elle se justifie si on considère la mécanique politique et intellectuelle qui le sous-tend.  

Un projet qui ne vise pas, on l’aura compris, à   résoudre les problèmes réels de  « certaines catégories de personnes ». Ces problèmes, sociaux, fiscaux,   successoraux, à supposer qu’ils n’aient pas été  réglés  par le pacs, déjà  très généreux, pourraient  l’être, de toutes façons, sans bouleverser l’ensemble du droit de la famille. 

Le projet vise,  tout le monde le sait,  à imposer par la loi   une  doctrine officielle  et radicalement  nouvelle  dans un domaine  fondamental de la condition humaine  qui est  celui du  rapport de l’homme et de la femme.

Cette doctrine, c’est la théorie du genre :   elle  pose, non pas l’égalité comme on l’imagine, mais, ce qui n’est  pas la  même chose, l’équivalence stricte,  la fongibilité, l’interchangeabilité de l’homme et de la femme. Le   projet de loi originel  rayait de nos codes, dans cette logique, toute mention d’une  distinction des sexes ; les parlementaires sont provisoirement revenus là-dessus,  mais l’  objectif demeure: « deux pas en avant, un pas en arrière » disait  Lénine.

Qu’un tel projet ne soit pas conforme à la nature, est-il nécessaire de le démontrer ?  Mais les idéologues qui le promeuvent récusent la notion de nature. La nature ainsi remise  en cause n’est d’ailleurs  pas seulement la nature humaine mais  quelque chose de bien plus ancien puisque la reproduction sexuée, merveille de l’univers, date de près d’un milliard d’années.

Il  y a plus : faisant violence à la nature, le projet fait aussi violence à la langue, institution immémoriale.   Avant de changer la nature, la loi se propose  de changer le sens des mots. A commencer, par le mot « mariage ».

De quelque manière qu’on retourne  la question, le mariage a été,  depuis toujours,  défini comme une relation entre  un homme et une femme.   

Littré : Union d'un homme et d'une femme consacrée soit par l'autorité ecclésiastique, soit par l'autorité civile, soit par l'une et l'autre.

Académie française : Union légitime d'un homme et d'une femme, formée par l'échange des consentements que recueille publiquement le représentant de l'autorité civile.

Fait de culture, la langue entretient  cependant une relation particulière  avec la nature : comme elle, elle n’a pas eu besoin de l’Etat pour se constituer. Et pour cela sans doute,  une bonne langue exprime « naturellement »  les choses.  Cela est  particulièrement vrai de la langue française : le vieux Boileau faisait du naturel une règle fondamentale du style. Tout le contraire de la langue de bois idéologique. 

Tel qu’il  a été institué  dans les différentes civilisations,  le mariage n’est sans doute pas un fait de nature mais il n’en répond  pas moins aux    exigences de celle-ci. Il est ainsi en étroite corrélation avec les particularités de  la reproduction humaine qui exigent un homme et une  femme, certes,  mais aussi un temps de maturation du petit  d’homme  et donc une stabilité familiale plus longs  que chez les autres  espèces animales.

Et par là,  le   mariage sert  d’abord à régler la filiation.  Si le  plaisir sexuel  n’avait  rien à voir avec la  reproduction des hommes, l’institution du mariage serait  inutile. Des tas de gens  éprouvent un immense plaisir à manger et boire  ensemble ; pourtant  aucune institution  publique  n’a jamais  encadré les amateurs d’agapes, et heureusement.   

 

Un coup d’Etat linguistique

 

En appelant mariage ce qui n’en est pas un au regard tant du  dictionnaire que d’usages ancestraux, le projet de  loi Taubira  effectue donc  un véritable coup d’état linguistique.  En  posant  l’équivalence de la relation homme/femme et des relations homme/homme et femme /femme et donc l’équivalence homme/femme elle-même,  le projet de loi, dans  la mesure où, en réalité, cette équivalence n’existe pas, vise à  instituer  un mensonge officiel.

Ce mensonge officiel  se prolongera dans des    mensonges particuliers: un couple homosexuel  pourra dire à un enfant adopté  ou porté par autrui que celui qui n’est pas son père est son père, que celui qui n’est pas sa mère est sa mère. Au risque, est-il nécessaire de le rappeler, de le perturber gravement.

La loi veut d’abord  forcer  le  sens des mots.  Mais c’est pour forcer le réel : comme Dieu,  le législateur idéologue veut recréer le monde par les mots : « Au commencement était le Verbe », « Il dit et cela fut ».   Pour faire coller le nouveau sens des mots  avec le réel, la loi  forcera donc  aussi la nature, par les techniques que l’on connait : procréation médicalement  assistée pour homosexuels, recours à la  gestation pour autrui, lesquelles devront être, selon la loi,   tenues pour strictement équivalentes de la procréation naturelle.

 

Les trois effets pervers de l’idéologie

 

Viol de la langue, viol de la nature. De cette situation résultent trois effets  que l’on retrouve dans toute démarche totalitaire :

 

D’abord le caractère révolutionnaire.  S’inscrivant en rupture avec la nature, la loi s’inscrit aussi en rupture  avec le passé ; elle disqualifie donc  ce passé,   tenu selon l’expression de Marx  pour  une  longue préhistoire, le temps où on pensait encore naïvement qu’un homme et une femme n’étaient pas interchangeables dans le processus reproductif ! Un temps  marqué  par l’ignorance, les préjugés, la  discrimination !  C’est donc à une véritable mutation de la civilisation  que l’on nous invite,  d’autant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu Freud  pour savoir à quel point  la sexuation est centrale dans toute  culture.

Cette mutation signifiera , n’en doutons  pas,  une nouvelle disqualification du passé, de la mémoire collective, de l’histoire des hommes  et même, à terme,  de la culture dans son ensemble : qu’au cours de plusieurs siècles de création artistique , hommes et femme ne se soient pas habillés de la même manière sera interprété non comme  une chose naturelle et encore moins  l’effet de la civilisation, mais comme la marque d’un passé révolu : en les emmenant au musée,  il faudra expliquer au enfants que tout cela est terminé.

 

Ensuite le caractère obsidional et terroriste.

Si le changement de civilisation qu’on se propose d’imposer par la loi est si considérable,  il définit un avant et un après.  Ceux qui se réfèrent  à la nature sont de l’avant ; ils sont du passé ; ils sont « réactionnaires ».  Ils ne méritent donc  aucune indulgence.  Au mieux, ils seront tenus pour de braves bêtes à rééduquer, comme certains n’hésitent pas à le suggérer.  Rééducation, camps de rééducation : autre nom des camps de concentration. 

Cet avant et cet après discriminent le réactionnaire du progressiste. N’en doutons pas, le jour où  des   idéologues inventeront qu’il est mieux de marcher sur  les   mains, ceux qui s’y opposeront    seront tenus pour  des réactionnaires !  

Sur fond de philosophie historiciste où  ce qui advient est toujours mieux que ce qui était, la mutation est ainsi  sa propre justification  et à ce titre justifie les procédés d’intimidation terroriste. 

Circonstance aggravante :   au fond d’eux-mêmes, les idéologues  savent  qu’ils ont tort et que, quoi qu’ils prétendent, la nature existe. Ils savent par conséquent que l’idéologie qu’ils prétendent imposer rencontrera des résistances. Avant même que ces résistances se manifestent, ils se savent  en état de siège, en position obsidionale. Ils savent   par conséquent, qu’il sera difficile de faire comprendre au peuple, tenu  pour près de la nature,  pour naturellement « conservateur »,  l’intérêt de la mutation qu’ils  se proposent de lui imposer. S’il y a des opinions  contraires, elles ne sauraient  donc  être débattues de manière normale. Sachant bien que ces opinions contraires ont avec elles la nature, la raison,   l’histoire,    les idéologues répugneront à  les affronter à la loyale. Ils  ne pourront que les vilipender avec violence, insulter  ceux qui les professent, notamment en dénonçant leur caractère supposé réactionnaire.  C’est, de manière plus ou moins ouverte, ce que à quoi nous assistons   aujourd’hui   dans  les médias.

Significatif est  le climat de haine qui s’y instaure   vis à vis des opposants à ce projet, tenus pour « homophobes » que le site du parti socialiste a entrepris de ficher.  Une haine et un manque d’objectivité qui passent  toutes les bornes dans les radios et télévisions de service public, lesquelles   devaient pourtant refléter  sereinement l’ensemble des points de vue.

Témoin d’une dangereuse dérive :    la falsification grossière du nombre des manifestants hostiles au projet  qui ont défilé le  13 janvier. Certes, les décalages entre les communiqués  officiels et ceux  des organisateurs ont toujours existé mais jamais à notre connaissance, l’écart n’a été tel.

Ainsi l’idéologie, comme toute doctrine contraire à la nature et à l’histoire, porte avec elle  l’intolérance, l’impatience,  l’intimidation.

La révolution bolchevik avait prétendu supprimer la propriété, le marché et le sentiment religieux,    réalités naturelles  elles aussi : elle  ne put  le faire que  par la terreur.

Il va de soi que si la loi n’outrepassait pas son domaine  normal qui est d’organiser la vie en société  ou l’économie, si elle  n’ambitionnait  pas une transformation prométhéenne de l’un ou de l’autre  des fondamentaux de la nature humaine, elle n’aurait pas besoin de tels moyens.      

C’est précisément parce que le mariage de deux personnes du même sexe est un projet idéologie que le parti socialiste – et la caste médiatique qui est sur ce sujet en symbiose avec lui, se cabrent.

 

Le troisième  caractère découlant de prémisses que nous avons vues, c’est la police des mots.

Puisque pour forcer la nature, on aura, au moyen de la loi,  trafiqué le sens des mots, il faudra  veiller à ce qu’une fois  la  loi votée, le naturel  ne revienne pas au galop. Que la population comprenne bien que le mariage entre un homme et une femme n’est plus qu’un cas particulier, que la gestation pour soi et la gestation par  autrui sont rigoureusement équivalents, que la notion de papa et de maman sont  des réalités culturelles toutes relatives.

Pour cela deux instruments.

D’ abord la justice. Déjà,  elle poursuit toute mise en cause publique de la stricte équivalence  morale ou  sociale de l’hétérosexualité et de l’ homosexualité , au  nom de  la  loi du 18 mars 2003  votée à la suite d’une fausse  agression  homophobe,  qui s’est avérée une  manipulation. C’est en partant de  de faux attentats (ainsi l’incendie du Reichstag du 27 février 1933 ou l’assassinat supposé de Kirov le 1er décembre 1934)  que les machines totalitaires se mettent en place.   Attendons-nous à ce que, si   la loi est votée, la  répression policière et judiciaire de tous ceux qui mettront en cause le nouveau dogme  se renforce à tous les niveaux. Malheur à qui ne parlera pas la langue de bois ! « Il vient toujours une heure dans l'histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort. » (Albert Camus).

La justice,  et  l’école. Comme la vérité sort de la bouche des enfants, c’est eux que visera en priorité   la propagande officielle.  Lutte contre l’homophobie renforcée et désormais entendue  de manière large : toute entorse à la théorie tombera sous ce chef. Si l’enfant dit  que le roi est nu alors que la loi a dit qu’il était habillé, malheur à l’enfant. Les livres de littérature, d’histoire, de sciences naturelles (pour ces derniers, on a déjà commencé sous Sarkozy !)  devront être réexaminés. Le dictionnaire lui-même sera   révisé  en fonction des nouvelles théories. Puis la grammaire : le masculin   et le féminin ne structurent pas seulement la famille,  mais la langue : aujourd’hui le Dalloz, demain le Bled ! La novlangue, selon l’expression prémonitoire de  George Orwell, n’est pas  loin. 

L’administration jouera aussi son rôle : depuis l’institution du  Pacs les documents administratifs portent la mention Mariés/ Pacsés   pour  bien affirmer la normalité  du Pacs. Les  mêmes  documents ne porteront non plus M. et Mme mais,    pour   inculquer  la nouvelle vérité officielle,  des catégories  neutres, telles parent 1 et parent 2. Les maires à qui François Hollande a laissé croire qu’ils pourraient pratiquer l’objection de conscience déchanteront : l’admettre serait remettre en cause toute l’édifice idéologique.

De fil en aiguille, à partir de cette donnée apparemment circonscrite que  constitue le droit du mariage, c’est  toute la  société qui se trouvera  infectée par l’esprit de mensonge,  l’idéologie  et la langue de bois. C’est toute tout la société  qui s’habituera à obéir, contrainte  et  forcée,  au mensonge idéologique officiel, aujourd’hui  dans ce domaine,  demain dans d’autres,   après-demain dans tous.

C’est pourquoi nous pensons que dès lors que le projet de loi Taubira s’en  prend à la langue, à la nature, et à une histoire multimillénaire, elle porte en germe un nouveau  totalitarisme.  Cette  dérive, c’est ce que   nous voulons à tout prix éviter. Le  combat que nous menons, ce n’est pas d’abord un combat   pour la religion,  ni pour la morale, même pas pour le respect de tous les enfants,  c’est  d’abord un combat pour la liberté.   

 

Roland HUREAUX

 

       

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Par exemple, Marianne.fr du 14 janvier 2013 – article de Maurice Szafran

Cf. Roland Huntford, Le nouveau totalitarisme, 1971, essai sur la société suédoise. 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 10:29

 

 

A l’encontre de la plupart des pronostics qui prévoyaient une guerre  longue,  voire un enlisement, les forces françaises  ont reconquis  facilement  les grandes villes du Nord du Mali.

 

Les raisons d’un succès

 

Les armes françaises doivent leur succès à plusieurs facteurs :

D’abord le caractère purement national de l’intervention qui a facilité la prise de décision, évité les lourdeurs et les lenteurs, les difficultés de compréhension  propres aux  entreprises multilatérales.

Ensuite la communauté de langue : une bonne partie de la population malienne perle français, ce qui facilite les contacts, non seulement avec l’armée malienne mais avec le reste de la population. Dans cette région, le  Mali est sans doute le pays le plus proche de la France du fait d’une émigration   importante :   la plupart des familles maliennes ont des parents en région parisienne.

Enfin, la préparation de notre armée. Quoi qu’  on pense  de l’intervention française en Afghanistan, elle  lui a permis de s’entraîner contre des adversaires particulièrement aguerris. Malgré les déclarations de François Hollande excluant toute action au sol, l’armée française  s’est préparée discrètement  au cours des derniers mois en concentrant des forces dans les pays voisins et en rassemblant des renseignements précis sur les islamistes.

Le soutien  de la population à notre intervention a été un atout supplémentaire.  Même musulmans, les Maliens  ont vécu l’équipée fondamentaliste comme une agression étrangère. Les dirigeants de l’AQMI ou de ses dissidences comme Mujao  sont des   blancs du Maghreb, ennemis héréditaires des noirs du Sahel. L’islam arabe fondamentaliste a peu de choses en commun avec l’islam tolérant et coloré,  mâtiné de traditions africaines qui se pratique au sud du Sahara. Les islamistes s’étaient en outre comportés de manière odieuse vis-à-vis des populations.

Ajoutons, avec prudence, que l’adversaire n’était peut-être pas aussi redoutable qu’on l’a cru. Ni par le nombre : personne  ne parle plus de 30 000 combattants comme on l’a  fait,  ni par la capacité guerrière. Sous le truchement d’un islamisme pur et dur,   les milices du Nord Mali avaient le comportement de la soldatesque ordinaire, qui ne méprise pas les canettes de bière, viole et pille quand elle en a l‘occasion.  Ces groupes  s’enrichissaient  du trafic de drogue (comme d’ailleurs l’armée malienne) et de prises  d’otages.

 

Et après ?

 

Ce succès sera-t-il  confirmé ou  pourrait-il n’être qu’un feu de paille ?

Tout dépend de la capacité de reconstitution de la force adverse, jusqu’ici  dispersée mais  non anéantie. L’armement formidable   reçu  de Libye a été en partie détruit. Ce qui reste est-il encore opérationnel ?  Ce n’est sans doute  pas une mince affaire que de maintenir ou d’utiliser  des matériels sophistiqués dans l’environnement saharien  sans compétences techniques de premier ordre.

Mais  la capacité de nuisance  des islamistes est surtout tributaire de leur stratégie. N’étaient-ils que des  fanfarons  ou ont-ils parmi eux un grand  chef de guérilla ? N’est pas Massoud  qui veut. Le facteur personnel sera,  en la matière,  décisif.  

Si la résistance s’organise, l’armée française n’est pas  à l’abri de mauvaises surprises comme l’enlèvement d’un groupe de soldats   par quelque  audacieux coup de main.  

Mais la stabilité du Mali dépendra surtout de deux autres facteurs :

Dans le Nord, le facteur touareg. Les Touaregs  occupent le plus gros du nord Mali et ils y sont chez eux.   Traditionnellement  amis de la France, ils reviennent déjà de la tentation islamiste, abandonnant Ansar Dine pour le  MNLA, plus laïc,  mais ne veulent toujours pas être gouvernés de Bamako. Un régime de large autonomie, garanti par la France,  devra leur être  rapidement accordé  Sans  leur appui, AQMI ne peut pas grand-chose dans les monts de l’Adrar.

Il serait désastreux de laisser, comme cela est  envisagé,  la reconquête de la région de Kidal  aux armées africaines : à supposer qu’elles en soient capables, seule l’armée française est à même de protéger les Touaregs  qui la peuplent de représailles  dont les conséquences seraient incalculables.

L’autre facteur  est la  stabilisation, voire la reconstitution,  de l’Etat   malien (notamment de l’armée). Il faut cesser là  aussi  de se payer de  mots. L’enthousiasme avec lequel les foules  maliennes ont brandi  des drapeaux français à l’arrivée  de nos troupes (et,  au-delà, celui de  toute l’Afrique subsaharienne) devrait nous libérer de nos   complexes postcoloniaux. La France dispose aujourd’hui d’une grande légitimité internationale dans la région. Elle doit prendre pleinement ses  responsabilités  dans la reconstruction  du Mali, ce qui signifie qu’elle apporte une aide directe  à la reconstitution de son administration, et qu’elle ne se repose pas trop sur des structures multilatérales qui n’ont que trop montré leur inefficacité.  C’est là le  seul moyen, à terme,  de préserver la paix dans le Sahel.  


Roland HUREAUX 

 

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 22:45

 

The common opinion is  that, fifty years after the signing of the Franco-German Treaty of friendship and cooperation by De Gaulle and Adenauer, the Franco-German relationship is no longer  what it was. The repeated European summits where appear continuous differences between the governments of the two countries on how to save the euro fuel the idea that there is something broken in this special relationship. In France, is also spreading the feeling that now Germany imposes his point of view, ant that between the two partners, the part would be less  equal.

Those who defend this position stay  within the framework of a classic vision of politics  where each country   defends  its own  interest as  things were going in the first thirty years that followed the treaty.

Starting from common assumptions: common market, unique agricultural prices etc., both countries (and others) were negotiating each year a   compromise on the basis of   their real interests, without anyone fully imposing his point of view. Related to the agricultural price was the intermittent readjustment of the parity between the franc and the mark. This practice has enabled during tenth of years continuous and more or less balanced growth of the two economies.

The euro: a new deal

The euro has changed the situation.

The introduction of a unique currency between the two countries - and other fifteen, appeared  to represent a major progress of the cooperation. Though, the euro is   today the main bone of contention  between the two countries. It changes in all cases the nature of their relation that no longer has anything to do with   a classic negotiation.

We hear in France that the euro benefits more to   Germany than France despite it comes in the beginning from a French initiative. Managed as strictly as it was the mark, it indeed allows Germany to benefit from its measures of reforms that gives positive balances with regard to all its partners, including  France. Yet the French Government (Holland as well as Sarkozy) is no less attached than the German Government to the survival of the euro. And the German industry is by no way  less sensitive to the deficit of competitiveness vis-a-vis the rest of the world caused by the way the euro is managed. Both countries are affected by the weakening of their industry, though this fundamental issue never comes under discussion in European summits.

The difference between both is on how to save the euro, though,   in the end, it is not known if it benefits to either country. But then again it would be pointless to consider each defends its "steak".

Mr Draghi has understood it and draws little by little the consequences: after 12 years of relax management their public finances and their production costs by most euro area countries, including France, the experience of the common currency may go on  only through a progressive inflation through progression creation of money.

A role-play  more than a negotiation

It follows a diplomatic role play that it would be wrong to confuse with a substantive discussion or negotiation on real  interests.

With the option "lax", the only bearable  by all (which takes the form in France of a plea for pump-priming measures, that whatever we do is the opposite of austerity, the French Government has a positive attitude. The German Government eager to save the euro but held by a domestic opinion that any form of inflation is horror, resists every time... to the point where he is  obliged to yield to allow the euro to be maintained . He obtains by pressure the commitments of virtue on behalf of its Latin partners that we know that they will not be enhanced and that , anyways,  are not liable  to save the euro. These commitments give the impression that Germany imposes his point of view, but this  is largely illusory and even if it  was the case, the German government is less defending the  real  interest of Germany  than giving satisfaction  to his public opinion.

Thus the efforts of one and the other country come together, in a climate of conflict, to maintain a system that is in the interest of none. History of fools !  The one preached the revival, the other the rigour. It is likely that they will get  the opposite:  stagnation and inflation . But each has taken vis-à-vis its voters the role they expect.

For fifty years, the "natural" rate of inflation, a strong data conditioned by history and the sociology of each country differed between the France and the Germany (but less than between others), it was futile to expect that they would converge in ten years of experience of the common currency. Every month that passes,   the economies of the European countries, among them the French and the German, are keeping away from one another until   the option of an adjustment of the parities be reopened, which means the rupture of the euro in its present form.

Far from representing the end of the Franco-German cooperation, rupture of the euro could, on the contrary, restart on sounder bases: instead of  a gesticulation to save a myth, the  collaborative research of the real common interest,   particularly through exchanges evenly balanced between the two partners, the preservation of their agricultural and industrial potential. Common interests between France and Germany being largely more important than their differences the friendship between our two countries would be consolidated.

 Roland HUREAUX 

 

 

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 22:32

Si les questions démographiques vous intéressent, je vous signale que mon livre (préface de Jacques Dupâquier) , vieux de quelques anées mais dont les grandes tendances sont  toujours d'actualité est toujours disponible.

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 22:02

 

On ne peut que se réjouir d’apprendre qu’un prisonnier – ou une prisonnière - quels qu’ils soient, est  libéré.

Particulièrement d’une prisonnière  française  dans une prison étrangère. 

Florence Cassez comme une autre.

Mais on peut  aussi avoir honte de voir la manière dont se comporte le gouvernement français à son égard : la   prisonnière EST accueillie à Roissy  en grande pompe par le ministre des affaires étrangères et reçue à l’Elysée avec du champagne (bon prétexte pour abréger l’audience de La Manif pour tous ! ) comme s’il s’agissait d’une héroïne dont la France eut à se montrer fière.

N’accablons certes pas l’intéressée qui a déjà payé de sept ans de prison, ce qui est beaucoup,  et qui sans doute n’en   demandait pas  tant.

Mais ne la confondons pas, comme on tend à nous y induire   de manière subliminale, avec une militante politique  en résistance contre un régime injustement oppressif.

Même si sa condamnation  initiale  à 60 ans de prison était excessive, voire absurde, elle reste une condamnée de droit commun dans un pays qui n’a fait qu’appliquer son  code pénal, imité de celui des Etats-Unis.

Certes l’amour a ses raisons et même son mystère : subjuguée comme il arrive qu’une femme (et même un homme ) le soit   par un    « bandido » à la virilité latine , sorti des  fils de Sergio Leone,   spécialisé dans les enlèvements  contre rançon, elle a ,  selon des témoignages concordants ,    prêté à l’occasion main  forte à  la garde des  victimes ,  sans prendre cependant  l’initiative de ces enlèvements, ni tuer personne.

Rien de tout cela  ne méritait les honneurs de la République.

A vrai dire  ces honneurs nous laisseraient plutôt indifférents, comme un simple cas  de sensiblerie  démagogique propre  à notre temps,  s’ils n’étaient  ressenti  comme une insulte par le Mexique,  un peuple de 115 millions d’habitants , que ces pratiques criminelles  excèdent et  qui était  à 80 % opposé à cette libération, obtenue seulement pour vice de procédure , non sur le fond.

Le mépris avec lequel a été traité dans toute cette affaire le peuple mexicain, - et cela vaut autant de Sarkozy dont les gesticulations bruyantes avaient    retardé la solution du problème  -  que de Hollande, a quelque chose d’odieux.

Comme si ce pays n’était pas un vieil ami de la France, un de ceux où notre image est restée bonne  (malgré l’équipée de Napoléon III, inspirée de la  de la même veine irresponsable que celle que nous voyons à l’oeuvre  aujourd’hui  ) .

Comme si le Mexique  était  une dictature : certes ce pays  est ravagé par la corruption, la criminalité ( notamment  celle dont Florence Cassez a été complice, les enlèvements de personnalités ) ,  mais les dirigeants y sont élus selon  une procédure démocratique classique, la droite y alterne avec la gauche .  Si corruption il y a, n’est-ce pas l’ancien chef d’Etat français qui est allé résider là-bas chez un milliardaire à la fortune douteuse  - comme si seule la désinvolture était de mise dès qu’il s’agit du  Mexique ?

On agit surtout en perdant de vue qu’il est  une des grandes puissances  émergentes, non loin de l’Inde et du Brésil . Se la mettre à dos pour une  affaire aussi frivole relève d’une  diplomatie à la Marie-Chantal, indigne d’un grand pays comme la France.  Nous ne parlons pas des efforts pour faire libérer une ressortissante française, qui sont  dans  l’ordre  diplomatique normal,  mais des honneurs manifestement  excessifs dont elle a été l’objet à son  retour et qui, le président doit le savoir, révulsent  non seulement les Mexicains mais aussi  beaucoup plus de  Français qu’il ne croit.

 

Roland HUREAUX

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 21:58

 

L’opinion dominante est que, cinquante ans après la signature du traité franco-allemand d’amitié et de coopération par De Gaulle et Adenauer, la relation franco-allemande n’est  plus ce qu’elle était. Les sommets européens à répétition où s’affichent des divergences continues entre les gouvernements des  deux pays  sur les moyens de sauver l’euro alimentent l’idée qu’il y aurait quelque chose de cassé dans cette  relation privilégiée. En France,  se répand  aussi le sentiment  que désormais l’Allemagne impose son point de vue,  qu’entre les deux partenaires, la partie ne serait plus égale.

Ceux qui défendent cette position se situent dans la cadre d’une vision classique  de la politique où chaque pays défendrait son intérêt.

C’est ainsi que les choses se passaient en effet dans les trente premières années qui ont suivi le traité. Partant de postulats communs : marché commun, prix agricoles uniques etc.,  les deux pays (et les autres) négociaient chaque année le compromis le plus favorable possible à leurs  intérêts réels, sans que  l’un impose pleinement son point de vue. Lié  aux prix agricoles était le réajustement occasionnel, généralement concerté,  des parités entre le franc,  le mark et les autres monnaies.  Cette pratique a permis, pendant plusieurs décennies, une croissance continue et équilibrée des deux économies.

 

L’euro : une nouvelle donne

 

L’euro a changé la donne.

L’instauration d’une monnaie commune entre les deux pays  - et quinze autres,  semble représenter un progrès décisif de la coopération. L’euro  est pourtant aujourd’hui la principale pomme de discorde entre les deux pays. Il change en tous les cas la nature de leurs rapports, laquelle n’a plus rien à voir avec celui d’une négociation classique.

On entend dire en France que l’euro profite davantage à l’Allemagne qu’à la France. Géré aussi strictement que l’était le mark, il permet en effet  à l’Allemagne de bénéficier d’une compétitivité accrue qui lui confère des balances positives vis-à-vis de tous ses partenaires, y compris la France. Pourtant le gouvernement français (Hollande aussi bien que Sarkozy) n’est pas moins  attaché que le gouvernement allemand à la survie de l’euro. Et l’industrie allemande n’est pas moins sensible au déficit de compétitivité vis-à-vis du reste du monde entrainé par la manière dont l’euro est   géré. Les deux pays sont touchés, chacun à son niveau,  par la désindustrialisation sans que cela vienne jamais en discussion dans les sommets européens.

La divergence principale porte sur les moyens de sauver l’euro,  dont on ne sait pas en définitive s’il profite à l’un et l’autre pays. Mais là encore il serait vain de considérer que chacun défend son « bifteck ».

Mario Draghi, l’actuel  gouverneur de la BCE, l’a compris et en tire peu à peu les conséquences : après douze  ans de gestion relâchée de leurs finances publiques et de leurs coûts de production  par la plupart des pays de la zone euro, France comprise, l’expérience de la monnaie commune  ne peut être  prolongée que par un recours de plus en plus large  à la création monétaire et donc à l’inflation.

 

Un jeu de rôles plus qu’une négociation

 

Il en résulte un jeu de rôles diplomatique que l’on aurait tort de confondre avec un débat de fond ou une négociation d’  d’intérêts.

Face à  l’ option « laxiste »,  la seule supportable  par tous,  ( qui prend en France la forme d’un plaidoyer pour la  relance , laquelle, quoi qu’on fasse, est l’opposé  de la rigueur ),  le gouvernement français  a une attitude positive. Le gouvernement allemand, tout aussi désireux de sauver l’euro mais  tenu  par une opinion intérieure  à qui toute forme d’inflation fait horreur, résiste chaque fois… jusqu’au point où il est obligé de céder, non as aux pressions de ses partenaires mais aux exigences de sauvetage du système. Il obtient certes par sa résistance  des engagements de vertu de la part des pays  latins  mais on sait qu’ils ne seront guère   tenus et surtout qu’ils ne suffiront de toutes les façons pas à   sauver l’euro.  Ces engagements donnent à croire que l’Allemagne impose son point de vue, mais c’est largement illusoire et, même si  c’était le cas, elle défendrait alors  moins son intérêt qu’elle ne  donnerait  satisfaction à son opinion publique.  

Ainsi les efforts de l’un et de l’autre pays se conjuguent, dans  un climat conflictuel, pour maintenir un système qui n’est dans l’intérêt ni de l’un ni de l’autre. Histoire de fous. L’un prêche la relance, l’autre la rigueur. Il est probable qu’ils n’auront ni l’un ni l’autre. Mais chacun aura tenu vis à vis de ses électeurs  le rôle qu’ils attendaient.

Alors que depuis cinquante ans, le taux « naturel » d’inflation, une donnée forte conditionnée par  l’histoire et la sociologie de chaque pays, divergeaient entre la France et l’Allemagne ( mais moins qu’entre bien d’autres pays), il était vain d’attendre qu’ils convergeraient en dix ans d’expérience de la monnaie commune. Chaque mois qui passe éloigne les économies européennes les unes des autres, la française et l’  allemande compris, jusqu’à ce que l’option d’un ajustement des parités et donc d’une remise en cause de l’euro soit  ouverte.

Loin de représenter la fin de la coopération franco-allemande, la rupture de l’euro pourrait au contraire  la relancer sur des bases assainies : non plus  une gesticulation pour sauver un mythe, mais une recherche  concertée de l’intérêt commun réel , ce qui passe notamment par des     échanges équilibrés entre les deux partenaires, la préservation de leur potentiel agricole  et industriel  (ou ce qu’il en reste ! ),  une coopération monétaire minimale,    dans les limites du réalisme. Les intérêts communs  entre la France et l’Allemagne étant largement plus importants que leurs divergences, l’amitié entre les deux pays en sortirait consolidée. 

 

Roland HUREAUX

  

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 21:56

 

Lors du dernier Congrès des maires de France, le président de la République a concédé, du bout des lèvres il est vrai, que le droit à l’objection de conscience pourrait être reconnu aux maires qui ne voudront pas célébrer de mariage homosexuel, comme c’est le cas de beaucoup.

Il est d’ailleurs bon qu’il s’y prépare : les maires de la Martinique, presque tous socialistes, ont, dès le mois de septembre, déclaré  à l’unanimité, sans que personne les rappelle à l’ordre,  qu’ils ne célébreraient pas ce genre de cérémonie.

Même si le président s’est depuis ravisé, signe de son embarras (ou de son double jeu), le dilemme est là. Si la loi est votée, il faudra, soit permettre  une partie des élus, voire à des fonctionnaires, de s’en exonérer, soit forcer les consciences comme on ne le fait généralement  que dans les pays totalitaires.

Dès lors que certains représentants de l’autorité publique peuvent  dire avec quelque légitimité : la loi est la loi, certes,  mais cette  loi, je ne l‘appliquerai  pas parce qu’elle me parait   immorale ou absurde, c’est tout  l’ordre  juridique d’un pays qui se trouve mis en cause.

Ainsi apparait une condition fondamentale de l’ordre législatif et réglementaire : il ne suffit pas que les lois votées aient le sceau d’une  majorité démocratique pour  s’  imposer, il faut aussi qu’elles ne soient pas évidemment contraires à la raison, au bon sens  et pourquoi ne  pas le dire, à la nature.

La nature, en matière juridique est aujourd’hui un gros mot. Précisément à cause des débats sociétaux, l’idée d’un droit naturel a été rejetée  par les facultés dans les ténèbres de obscurantisme, au nom du positivisme juridique : seule le droit positif  importe, interdisant toute objection de conscience   puisque, dans la  perspective  positiviste,   il n’y a rien au-delà du droit réel  à quoi on puisse se référer.

Paradoxe : l’idée d’un droit naturel est écartée au moment où les  droits  de l’homme,  pour  lesquels on entreprend des guerres   de plus en plus  sanglantes aux quatre coins du monde, n’ont jamais été mis aussi en valeur. La théorie de l’ingérence humanitaire les place même, dans l’ordre juridique,  avant le droit international positif. Ces  droits,  tels que les définit la déclaration du 26 août 1789,  sont pourtant déclarés « naturels et imprescriptibles ».

Pour la mentalité contemporaine, il ne  saurait  y avoir de « devoirs naturels », seulement des droits   Pourtant  le droit de Pierre  est-il autre chose que  le devoir de Paul ?

C’est dire qu’il n’est pas facile d’évacuer de l’ordre juridique  la notion de  nature. Il est inutile de dire combien l’idée d’un « mariage » entre homosexuels  ou encore davantage d’un droit d’adoption à eux conférés, lui parait contraire, au regard de la conscience commune.

Il existe un contrôle de constitutionnalité mais pas encore un contrôle de cet ordre méta-constitutionnel qui est celui du bons sens. Ce qui ne veut pas dire que les décisions qui lui seraient  contraires n’encourent aucune sanction. Dès lors qu’une partie de la législation   parait contraire à cet ordre implicite, objection de conscience ou pas, c’est tout l’ordre  juridique qui se trouve ébranlé. Si certaines  lois inspirent l’irrespect, l’habitude du  mépris se répandra au-delà et  nous nous trouverons bien vite non seulement sans foi mais sans  loi.

Le projet de « mariage pour tous » ne révolutionne pas seulement le Code civil, il prépare une subversion de  l’Etat de droit lui-même.

 Roland HUREAUX

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 21:54

 Publié  par  Atlantico 

Il est si rare que les tenants de la pensée dominante (pour ne  pas dire unique) prennent la peine d’argumenter face à ceux qui la remettent en cause que je ne saurais laisser sans réplique le commentaire que fait le philosophe  Eric Deschavanne de l’un de mes articles sur la mariage homosexuel dans Atlantico (http://www.atlantico.fr/decryptage/reponse-roland-hureaux-sept-chantages-adversaires-mariage-homosexuel-eric-deschavanne-570408.html), même si plusieurs  de ses arguments ne   visent pas spécialement les miens.

Je ne peux que souscrire à son rejet du chantage à l’homophobie : encore heureux qu’on puisse, au pays des Lumières, raisonner sur les lois sans être le « phobe » de quelqu’un !

 A l’appui de ce projet de loi, en revanche, la  liberté, l'égalité, la laïcité et l'amour sont, pour lui,  des arguments recevables. Oui, à condition  de ne pas s’en réserver le monopole (ce qui serait d’autant plus dangereux qu’il s’agit de notions chaudes et généreuses) et de voir que, pris un à un, ils peuvent conduire à la conclusion inverse, ce que je m’étais attaché à montrer.

Le premier argument  porte sur l’idée d’un  ordre naturel et d’un  droit naturel, et donc de quelque chose comme une « nature humaine », ce que ’Edgar Morin appelait le « paradigme perdu ».

Cette idée, incontestée jadis,   non   seulement au XIIIe siècle mais aussi au XIXe et même une partie du XXe,  a fait l’objet récemment d’un puissant travail de sape au sein des facultés de droit   au point  qu’un jeune doctorant  qui s’y référerait verrait sa carrière compromise. La seule  posture politiquement correcte est le positivisme juridique, selon lequel  la loi est la loi et aucune autorité ne saurait en relativiser la portée. Etonnante aberration puisque le positivisme juridique, qui ne le voit ?  Aurait justifié les pires aberrations totalitaires du XXe siècle. Etonnant paradoxe  car, au moment même où  le droit naturel se trouve disqualifié, les droits de l’homme,  tenus pour un absolu au-dessus des contingences culturelles ou historiques (et même aujourd’hui du droit international positif !) se trouvent  sacralisés sans que la contradiction frappe quiconque. Comment défendre les droits de l’homme s’ils ne  sont pas « naturels et imprescriptibles » et  donc  s’ils  ne font pas partie  d’une forme de  droit  naturel ?

Doit naturel, nature humaine ?  Il n’est  pas nécessaire de se référer à la scolastique pour affirmer l’existence de celle-ci : les progrès de la génétique montrent que le génome humain constitue à 99 % et plus un patrimoine commun des hommes et des femmes depuis au moins 50 000 ans : celui de l’homme de Cro-Magnon n’est guère différent du nôtre. Si un tel fond commun existe en matière génétique pourquoi n’existerait-il pas en matière sociale ?  Lévi-Strauss lui-même dit que si les systèmes de parenté varient d’une culture à l’autre, l’interdit de l’inceste demeure  une constante anthropologique. Face aux idéologues qui en nient le principe, on peut dire de la nature humaine ce  que Galilée disait de la terre « E pur si muove ! ». 

Est-ce à dire que cette nature sature le déterminisme à 100 %, qu’elle serait    une contrainte  qui ne laisserait au  législateur, démocratique ou pas qu’importe, aucune flexibilité. Non,  sans doute, cette flexibilité existe, mais dans une  certaine mesure seulement. C’est le propre des régimes idéologiques    de prétendre s’affranchir totalement de la nature : de la propriété et du marché par exemple  en voulant à terme, abolir l’instinct de propriété tenu pour une donnée culturelle – comme les théoriciens du genre tiennent le masculin et le féminin pour  relatifs. On a vu  le résultat ! Les constantes anthropologiques, qui sont elles-mêmes parfois difficiles à définir, ce qui ne veut pas dire quelles n’existent pas, laissent sans doute la place à plusieurs systèmes juridiques  mais pas à  n’importe lesquels.

La nature et la tradition sont des héritages  qui ne conditionnent sans doute pas complètement notre législation mais il faut  y réfléchir à deux fois avant de les mettre au panier.

Nous parlons de constantes anthropologiques ; le lien entre la sexualité et la procréation, lui,  est une donnée  bien antérieure à l’homme : la reproduction sexuée, sans doute la merveille de l’Univers,  existe depuis  un milliard  d’années !

Un père, une mère, un enfant ;  nous voilà introduits dans l’ordre symbolique tel que Freud, puis Lacan et d’autres l’ont  mis au jour.  S’il ouvre  la possibilité d’une myriade d’histoires personnelles, s’il peut connaître des variations collectives d’une culture à l’autre, cet ordre  repose cependant sur  une réalité qui parait suffisamment constante pour qu’on  puisse  prétendre s’en  jouer sans dégâts.

L’auteur prétend que la loi ne changerait quelque chose que pour  une petite minorité. C’est ce qu’au  minimum nous pouvions espérer. Mais le gouvernement  en a décidé autrement : le projet de loi soumis au Parlement change la définition du mariage pour tous les couples, quels qu’ils soient, en gommant dans tous les Codes la différence père mère,  pour la remplacer par l’expression indifférenciée  de « parents ».  Dans ce nouveau cadre juridique, le couple homme-femme devient, de fait, un cas particulier. C’est à cela qu’on voit qu’il ne s’agit nullement de satisfaire une revendication à caractère « social » mais bien de mettre en œuvre une idéologie, qui est l’idéologie du genre : la théorie du genre  pose l’équivalence absolue de tous les couples quelle qu’en  soit la composition et donc, ipso facto   des sexes, si l’on suit le  raisonnement  mathématique suivant :

hxf =  hxh = fxf     donc,   h= f , CQFD.

On aurait pu  concevoir une loi composée d’un article étendant les droits des couples hommes/femmes aux autres couples. Mais c’est ce que les idéologues ont rendu impossible car une telle présentation, qui aurait gardé aux premiers un  caractère normatif, eut été jugée discriminatoire.

Je ne me sens nullement  concerné par la deuxième série d’arguments qui oppose un ordre naturel tenu pour moyenâgeux  et celui  qui résulte de la Révolution française. Il est évident que les droits de l’homme   de 1789 se situent dans la continuité   de la pensée thomiste (l’auteur qui fait le lien, Suarès,  ridiculisé par Pascal, n’a jamais été traduit en français !).   Voltaire et Rousseau, quant à eux,  font constamment référence à une morale naturelle.

Le même schématisme inspire l’ensemble du paragraphe. L’auteur insinue que la « modernité »  aurait instauré le  divorce et le mariage d’amour contre l’Eglise : le divorce, soit,   mais le mariage d’amour est défendu par l’Eglise catholique dès le XVIe siècle contre Luther, contre Calvin, contre Rabelais (Tiers Livre, chapitre XLVIII).  et contre…le Parlement de Paris. Fénelon, après d’autres,  réitère la condamnation ecclésiastique  des  mariages arrangés.

L’idéologie, marxiste, nazie,  ultra libérale ou libertaire (ces deux dernières moins graves que les premières, on en convient,  mais on n’en sera sûr  qu’à la fin !) est une maladie plus récente que la Révolution,  si l’on excepte la parenthèse de la Terreur qui a inspiré Lénine. On la comprendra mieux avec    Arendt ou   Orwell, qu’avec  Bonald ou Maurras.

Or bien des caractères de l’idéologie se retrouvent dans l’idéologie du genre : des simplifications et des assimilations abusives, une   disqualification  du passé de type marcionien, la remise en cause radicale  de la nature, la volonté de changer même le sens des mots, l’opposition radicale au sens commun, une intolérance aux résistances disqualifiées comme « rétrogrades ». L’idée d’un sens de l’histoire est si intrinsèque à la démarche idéologique que ceux qui la combattent sont toujours jugés « réactionnaires » : et pourtant, à court ou moyen terme, ils l’emportent toujours, comme le  montre l’exemple des dissidents soviétiques,  ce qui est bien normal puisque, au milieu de la folie collective,  ils ont raison.

Situer   la grande  césure en 1789 permet de placer le projet dont nous parlons    dans la continuité de  la Révolution française  et des Lumières, une façon de voir curieusement   commune aux bonaldiens (type Civitas) et aux libertaires. Pourtant  l’idée d’un mariage des homosexuels  eut apparu comme une absurdité pour les hommes de 89 ou même de 93, qui prétendaient revenir à un ordre social naturel, biaisé, selon eux,  par les sophistications de l’Ancien régime.  Si tout ce qui a suivi les Lumières devait être rattaché à elles,  il faudrait aussi leur rattacher le marquis de Sade et Joseph Staline. Les Lumières peuvent être prises parfois de folie,  avoir leurs dérives ? Alors qui dit que le mariage unisexe n’en est pas une ? 

Quant à l’idée  que l’hétérosexualité demeurerait la norme si cette loi était votée, on veut bien le croire  à la longue : le soviétisme n’a eu finalement raison ni de  l’instinct de propriété ni du marché (ni du sentiment religieux !), mais sa première intention était bien de les abolir et, pour cela, de   violenter la nature.  On ne se console pas d’une loi contre-nature en se disant que la nature, à la fin des fins, lui  résistera. Car toute loi a   des effets, sinon sur les mœurs, du moins sur la culture. Et si cette loi est contre-nature, elle induira, comme toutes les idéologies  une langue de bois. Si la loi dit que le roi est habillé alors qu’il est nu, il nous faudra le répéter après elle. Si elle nous dit que  les mariages homme-femme et homme-homme sont équivalents, nous serons obligés de répéter cette contre-vérité. Nous avons l’exemple de la Suède où les livrets de famille portent  Parent 1 et Parent 2 et non père et mère, où les enfants de maternelle sont subtilement   culpabilisés de discriminer en parlant de leur papa ou  de leur maman. Le mariage entre personnes du même sexe est une application aberrante du principe de non-discrimination : jusqu’à quel degré de folie conduira ce principe  si on n’y met pas une borne ?

Dès lors qu’on admet que la loi peut aller contre le sens commun, ou la nature, Orwell   n’est pas loin. Même si  la norme sexuelle « commune » n’est pas changée, la langue  s’en trouvera  pervertie. Ce que nous craignons par-dessus tout, nous, les défenseurs éclairés du mariage homme/femme, c’est moins le déclin des mœurs, ou la perversion des lois, c’est en définitive l’aliénation de l’esprit !

Troisième série d’arguments : le risque de dérapage qui conduirait à la reconnaissance à terme   de la polygamie, de la polyandrie, de l’inceste etc. L’auteur du texte illustre lui-même ce risque en évoquant    la possibilité que soit un jour reconnu un « polyamour égalitaire » !  Le chiffre deux n’est  donc pas sacré. Si on va jusqu’à trois, qui va juger que ce polyamaour sera encore « égalitaire » ? Faudra-t-il contrôler les alcôves ?

Le risque n’est pas celui d’une dérive des mœurs : ne soyons pas hypocrites, la polygamie et l’inceste existent déjà  dans notre société et  sans doute bien plus qu’au temps où l’Eglise enseignait qu’il  s’agissait d’un péché mortel !

Le risque est celui d’une dérive de la loi elle-même. 

Replaçons nous il y a quarante ans, en mai 68 : l’idée d’un mariage des homosexuels était alors  si éloignée de notre horizon culturel qu’elle eut parue incongrue. Parce que l’idée de légaliser la polygamie (au nom de la différence culturelle ou du consentement des partenaires) peut  nous paraitre aujourd’hui  incongrue, qui dit qu’elle le sera demain ?  Dès lors que la seule norme reconnue est    l’  évolution des idées,  le souci de  « mettre le droit en conformité avec les mœurs », pourquoi  le  serait-elle dans dix ans, dans vingt ans ? Avec l’inceste,  on touche sans  doute  un interdit   plus profond, mais sans qu’il ait jamais  été la norme de la société globale, il fut habituel de l’enfreindre, au moins entre frères et sœurs,  dans les  dynasties pharaoniques ou incas. Tout est donc envisageable.

Opposer à ces éventualités que « le droit démocratique est lui aussi par essence normatif » ou qu' « il existe une autorégulation de la société civile, laquelle n'a besoin ni de l'Etat ni de l'Eglise pour se garder de sombrer dans le relativisme. », c’est faire bien peu de cas de ces « ruptures épistémologiques » ou simplement culturelles qui peuvent advenir dans toute société. Que leur opposer si on a posé que la norme est tributaire de l’air du temps ?  La démocratie ? Mais pour combien de temps si aucune norme transcendant  les sociétés n’est reconnue ?

Il y a en effet un coté bisounours, comme le dit justement Eric Deschavanne dans l’argument qui consiste à dire : pourquoi n’auraient-ils pas le droit de se marier « puisque ils s’aiment » ? Nous n’entrons pas dans le débat sur la question de savoir si l‘amour homosexuel a la   même structure (notamment par rapport aux paradigmes freudiens) que l’amour hétérosexuel. Nous laissons de côté  la question religieuse. Le mariage religieux a, lui,  à voir avec l’amour. C’est bien ce que l’Eglise prêche depuis quinze siècles à une société civile qui, longtemps, n’a pas voulu l’entendre.

Mais le mariage civil, héritier du mariage romain,  a la froideur du marbre dont on fait les Marianne ou des articles du Code civil  qu’on lit lors de la cérémonie.  Comme toute  institution républicaine, il est un régulateur. De quoi ? D’abord  de la filiation bien évidement. Dès lors qu’on récuse la filiation homosexuelle, le mariage entre personnes du même sexe, amour ou pas,  n’a pas lieu d’être. On pourrait, dira-t-on, interdire aussi le mariage des  vieillards ! Il peut être, lui aussi, source d’abus, en particulier en matière successorale, nous en convenons, mais sur quelles norme objective  le contrôlerait-on ?

Nous ne sommes pas pour  autant dans le camp de ceux qui préfèrent les mariages arrangés. Mais si l’Eglise peut, à la rigueur,  se mêler d’amour, l’Etat, lui n’a pas à le faire. Si le critère de la « mariabilité » était l’amour, pourquoi ne pas passer un examen dont les magistrats seraient juges ? Ce serait absurde, bien  évidemment.

 

Droit de l’enfant et droit à l’enfant ? Il paraît assez monstrueux qu’on puisse contester, comme le fait notre contradicteur, que  « le bonheur de l'enfant primât systématiquement sur la liberté de l'adulte de fonder une famille ». Mais qui s’en étonnerait de la part d’un disciple du grand philosophe  Luc Ferry, partisan de l’adoption mais non du mariage homosexuels !  

Sans doute bien des couples homme/femme ( puisqu’il faut préciser ce qui devrait être du domaine de  la tautologie) présentent-ils un risque pour l’enfant , sans doute aussi  les circonstances de la  vie conduisent-elles  trop souvent à des familles monoparentales , mais c’est une chose que cela résulte du jeu naturel des relations sociales, sans qu’aucune législation  en ait disposé ainsi, c’en est une autre que le préjudice de l’ enfant ( et c’ en est un de ne pas être élevé par un père et une mère  vivant ensemble !) soit organisé par la loi , même dans un nombre de cas limités.

Cela signifie que dans un champ précis, la loi reconnaitrait  que l’homme (et même l’enfant) puisse être un moyen et non une fin, rompant ainsi  avec la morale kantienne qui avait été la principale  inspiratrice des pères de la laïcité.

Il ne saurait  y avoir de « droit à l’enfant », même sous la forme d’un « droit  de fonder une  famille », expression atténuée mais qui revient au même. Il y a seulement un droit du couple  à procréer quand il  le peut, assorti du devoir d’élever l’enfant qui  est issu de cette procréation (sauf placement par un juge).  

Le nombre de cas concernés n’y  fait rien. C’est  tout un ordre  philosophique et culturel qui se trouve rompu si on admet que l’enfant puisse être un  droit.  Sur le plan statistique, la peine de mort ne pesait guère,    rapportée  aux accidents de la route : son existence n’en changeait pas moins la nature de l’ordre social.  

Quant à   la GPA, elle  est,  à ma connaissance,  interdite à tous les couples, pas seulement  homosexuels,  et c’est  très bien ainsi. La PMA est une chose quand les gamètes sont issus d’un couple réel,  ce qui est  bien difficile pour un couple homosexuel ; elle n’est pas acceptable en revanche  s’il est fait appel à un donneur anonyme , une pratique qui devrait être bannie, selon nous,   pour tous les  couples  « sans discrimination ».

L’auteur de l’article s’en prend ensuite aux arguments tirés de la psychanalyse.

Il est étonnant que le savoir psychanalytique,  tenu pour  constitutif de la modernité pendant un siècle, se trouve aujourd’hui disqualifié, du simple fait qu’il  contredit la revendication du mariage homosexuel.  

« Le droit de la filiation, c'est le cœur de l'argument, aurait pour fonction essentielle de permettre une saine structuration psychique de l'enfant. »

Il est exagéré de dire que cette structuration est la fonction essentielle du droit de la filiation. Il en a bien d’autres, comme ce qui concerne  le devoir de soutien et d’éducation, l’héritage, la capacité contributive  etc. Mais il est vrai que cette structuration est un de ses effets. Oui, il y a un lien entre le droit,  qui est formé de mots investis d’une forte autorité sociale  et la psychologie, à commencer  par celle des enfants.

Il est évidemment  permis à tout chef de famille monoparentale de se faire accompagner dans la vie ou assister dans l’éducation    par quelqu’un d’autre ( une grand-mère par exemple !) mais il serait mensonger de partager avec cet autre l’appellation parentale. Oui, le principe de   précaution nous induit à refuser de donner une caution légale à une telle pratique.  

La psychanalyse   n’est pas une science d’Etat. Il n’y a   pas de science d’Etat, il y a la science tout court. Que la psychanalyse  soit conjecturale, comme toute science humaine, on veut bien. Mais si nous lui reconnaissons en l‘espèce une certaine   autorité   , c’est parce qu’elle  rejoint  le sens commun et, pourquoi ne pas le dire ? une tradition millénaire, ce qui ne saurait être  pour nous, en soi, disqualifiant.

Nous en venons à la droite décomplexée : on sort là complètement  de  mon argumentation ;  j’ai horreur de cette expression.  

Tout  en  ayant montré que le projet de mariage unisexe n’est pas vraiment  libéral, puisque il  implique l’Etat dans la sexualité  en tant que telle (et non par rapport à  la procréation), ce qui n’est pas son rôle, je pense en effet que ce projet s’inscrit dans le courant dit   libéral-libertaire (le libéralisme n’en étant  pas à une contradiction près)  et, à ce titre, il pourrait être aussi bien celui d’une certaine droite. Mais, pour la même raison,  il pourrait aussi n’être pas celui de  la gauche. Et même il devrait. Car cette idéologie a un but inavoué : la déconstruction systématique  de tous les repères, étatiques, syndicaux, scolaires, linguistiques, culturels et donc familiaux qui permettent à un peuple d’être  autre chose qu’une    masse fongible d’individus désarmés.  Emmanuel Todd a justement montré comment, dans les différentes régions françaises, la résistance du peuple aux élites tenait à la solidité  de ses structures familiales.  Les idéologues du genre ne cachent pas que le prétendu « mariage pour tous » n’est que le prélude à un « mariage pour personne », c’est-à-dire à la suppression de ces vestiges d’un passé « théologique » que sont   à leur gré l’obligation de fidélité, le devoir d’assistance etc., soit la fin du mariage.

Que le parti socialiste n’ait plus d’autre projet significatif à porter aujourd’hui que le mariage unisexe  est le signe de sa profonde dégénérescence  idéologique, de son ralliement avec armes et bagages  à un  ultra-libéralisme de fait  qui se trouve  aux antipodes  de ce qu’était  le socialisme des origines.  

  Roland HUREAUX

 

 

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