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Roland HUREAUX

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 18:29

L’hystérie qui règne  aux Etats-Unis et en Europe occidentale , spécialement dans les médias, à l’égard de Donald Trump, tenu de manière presque unanime  pour un fou et un dangereux va-t’en guerre  , empêche de voir ce  qu’il peut y avoir de cohérent dans sa diplomatie, au demeurant   conforme à ses engagements de campagne.

Il faut notamment un singulier  aveuglement pour  ne pas lui  faire crédit d’être  en train de ramener la paix dans deux pays en guerre : l’Irak et la Syrie , sans en commencer aucune , alors que son prédécesseur, pourtant  Prix Nobel de la Paix avait  , lui,   mis en guerre pas moins de quatre pays qui ne l’auraient pas été sans cela  :  la Libye, la Syrie, l’Ukraine et  le Yémen .  Trump a promis de mettre fin à l’absurde politique de regime change tendant imposer la démocratie à coups  de B 52 :  il a tenu. De même il a vaincu Daech que son prédécesseur faisait  semblant de combattre  et rompu les liens équivoques que les Etats-Unis ont trop longtemps entretenu avec l’islamisme  radical. Détente aussi du côté de la Corée  du Nord , après 75 ans de blocage. Il a même ouvert des pourparlers avec les talibans à Doha. Jusqu’ici ce fort en gueule s’est avéré  un « artisan de paix » ! 

Le point de départ de sa démarche est la volonté d’améliorer  les relations des Etats-Unis et de la Russie.  Les grands humanistes  européens qui le détestent tant devraient pourtant en  comprendre  l’intérêt . Deux puissances dotées d’immenses   arsenaux nucléaires ; un   champ  de bataille potentiel,  l’Europe occidentale :  comment les Européens un peu  conscients ne seraient-ils pas rassurés par  cette volonté de détente ?  

 

Pourquoi Trump doit montrer les dents   

 

Elle se heurte au militarisme déchaîné du clan Clinton et  de  tout ce qui tourne autour ( une grande partie du Pentagone, de l ’administration américaine et des médias,   les  gouvernements de  France et d’Angleterre ) . L’absurde   théorie du complot  selon laquelle l’ élection  de Trump aurait  été machinée par Poutine    limite la marge de manœuvre de ce dernier  qui,  face à une opinion intérieure  au  nationalisme déchaîné,  lui interdit tout signe de faiblesse.  Il est ainsi  conduit à   une gesticulation permanente, sous forme de déclarations tonitruantes ou de tweets, souvent grossière car  la cible en est l’Américain de base.  Cela explique aussi la  nominations de super-faucons, dont il n’est pas nécessairement prisonnier  quant au fond : James Mattis,  John Bolton. Ou encore  les frappes spectaculaires opérées en Syrie le 6 avril 2017  et le 14 avril 2018,  négociées avec les Russes  pour ne pas faire de victimes et éviter toute  escalade, en réponse à de  supposées attaques chimiques.   Qui vis pacem  para bellum , dit-on . Aux Etats-Unis, celui qui veut la paix doit aujourd’hui  faire semblant  de faire la  guerre.

La faiblesse de sa  position intérieure  oblige   Trump à ne se priver d’aucun appui   : cela peut expliquer son choix de s’aligner  intégralement  sur les positons  du gouvernement israélien jusqu’au  transfert contesté de l’ambassade américaine à Jérusalem  et la rupture de l‘accord nucléaire de Vienne avec l’Iran .  Le rapprochement avec Pyong-Yang  pourrait lui-même s’expliquer par la volonté d’isoler l’Iran   du seul  pays susceptible  de l’aider au  plan nucléaire.   

Ces manœuvres bruyantes conduisent-elles à  une nouvelle  guerre,  contre l’Iran,  cette fois ? ou seulement  à satisfaire Israël et ses soutiens inconditionnels aux Etats-Unis ?  Le gouvernement  israélien  fait-il lui-même autre chose que de la gesticulation ? Et quid du gouvernement iranien que l’agressivité américaine aide si bien à   surmonter ses contradictions internes ?  Trump  connait assez l’art de manier les foules : il sait  qu’une grande puissance comme d’Amérique a besoin de désigner un ennemi : pour  lui, c’est l’Iran.  Ca vaut mieux en tous cas que la Russie. Cela reste cependant   un jeu dangereux non seulement  pour la paix mais  pour l’économie mondiale  qui serait confrontée en  cas de conflit, à une hausse vertigineuse du prix du pétrole.

Les rodomontades hostiles à  l’Union européenne et à l’Allemagne recouvrent une vieille constante  de la politique anglo-saxonne vis-à-vis du continent européen  : y maintenir l’équilibre et donc affaiblir le plus puissant, qui est  aujourd’hui manifestement l’Allemagne. Hélas  l’aveuglement   idéologique empêche les dirigeants français de profiter de la perche qui leur est ainsi tendue.  Quand Trump demande que les pays européens  prennent leur part du  fardeau de l’OTAN, vieille revendication, jusqu’à menacer de la faire sauter , qui le lui reprocherait ?  

Face à  la Chine, le président américain brandit la menace de  la guerre économique  notamment par un retour  au protectionnisme,  mais cela est autre chose que la guerre tout court .  Que le libre-échange ne soit pas la panacée, de grands économistes comme   Keynes l’avaient déjà  vu . Le vrai risque   de   guerre , ce ne sont pas les droits de douane mais les déséquilibres commerciaux entre les pays.  Coupables au premier chef,  la Chine et l’Allemagne qui  recherchent,  depuis des    années , des excédents , aujourd’hui devenus colossaux,   au détriment  de leurs partenaires ,  dangereux tant pour la prospérité qu’ à long terme, pour  la paix. Qui ne voit  ce qu’il y  a de légitime  de la part de Trump à vouloir les ramener à la raison , ce que  personne d’autre n’avait  osé  faire jusqu’ici ?

Depuis le général de Gaulle  , les partenaires des Etats-Unis se plaignent  des déficits  commerciaux de ce pays  : comment reprocher à un président américain  de  prendre enfin ce problème  à  bras le corps , quitte à paraitre  un peu agressif,   pour se donner  les  moyens de rééquilibrer la balance, même s’il n’est pas sûr qu’il y parvienne ?   

 

Roland HUREAUX

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