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Roland HUREAUX

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29 janvier 2021 5 29 /01 /janvier /2021 18:46

 

Au moment où il est question que le Parlement français approuve   une extension de l’avortement à finalité médicale ( dit IMG) aux cas de « détresse psycho-sociale », les vieilles rengaines reviennent, déplorant  une nouvelle « avancée » l’individualisme  au dépens des impératifs moraux et religieux traditionnels.  C’est , malgré les apparences, le même  raisonnement que tiennent, à l’envers, les féministes  les plus exaltées : elles veulent plus de libertés. Dans le combat idéologique, les  bien-pensants n’emploient pas impunément les mots de l’adversaire.    

Il est vrai que le précédent de l’ « état de détresse » de la loi Veil , aujourd’hui abrogé,  avait montré combien la limite entre d’authentiques difficultés personnelles  et un  simple choix d’opportunité  était  ténue. Ceux qui pensent que l’ amendement qui a été  voté à la sauvette et sans débat à l’Assemblée nationale fin juillet revient à une extension à toute la durée de la grossesse  de la possibilité de l’avortement provoqué, ont bien des raisons de s’en inquiéter.

Mais faudrait-il y voir , si la loi est définitivement votée, un nouveau triomphe de la volonté individuelle, des femmes en particulier ?

 

L’infanticide n’a pas toujours existé dans l’histoire

 

Disons d’abord que les sociétés anciennes où l’infanticide était commun  n’étaient pas si nombreuses.  Les Germains, les Gaulois, la plupart des Africains, toutes  sociétés proches de la nature, s’y refusaient. En Grèce l’infanticide , parfois autorisé , était généralement  puni du bannissement . Sparte et Rome que l’on cite pour leurs pratiques eugénistes,    entièrement orientées vers la guerre, ce qui leur valut, comme on sait, quelques succès,  passaient  déjà pour des cas particuliers, nullement normatifs,  comme les pharaons qui se mariaient entre frères et sœurs n’ôtaient rien à l’universalité de l’interdit de l’inceste , démontrée par Lévi-Strauss.  Le peuple juif  a lui aussi connu au cours de son histoire des succès militaires, que le livre des Macchabées compare à ceux de Sparte, sans jamais enfreindre l’interdit mosaïque de l’infanticide, repris tout naturellement par le christianisme . Vingt siècles après, les Juifs existent toujours, pas les Spartiates !  La large extension de l’infanticide dans le passé est une idée fausse mais il est dans la nature de l’idéologie de refaire  l’histoire à sa façon.   

Le fondement ultime de la morale , depuis des temps immémoriaux, avant toute formulation religieuse ou philosophique, c’est la volonté du groupe, tribal ou familial, plus tard national , de survivre , notamment par la concorde intérieure, mais aussi par la fécondité et le respect de l’enfant. Volonté sans laquelle nous ne serions sans doute pas là pour en disserter.

Imaginer qu’on soit passé d’une pression collective pour le bien de la cité à l’expression de désirs individuels est un leurre. C’est ignorer les multiples pressions  qui s’exercent dans la société actuelle sur une femme enceinte : des parents sur les filles mineures et même majeures, des employeurs ou chefs de service  , des collègues de bureau, des maris et compagnons, l’avortement  exprimant  bien souvent  la lâcheté de hommes , effrayés d’avoir à    assumer la paternité,  plutôt  que la liberté des femmes. 

Une de mes proches, enceinte, employée dans un hôpital  de province et descendant un escalier entendit derrière elle deux cadres disant à voix haute : les femmes enceintes, il  faudrait les pousser dans les escaliers pour faciliter le service. Et combien d’exemples analogues ! De tels propos  visant quelqu’un pour sa race, sa religion ou son orientation sexuelle seraient passibles de poursuites pénales. S’agissant d’une  femme enceinte , non .   Le Sénat serait bien inspiré, s’il sert  encore à quelque chose , d’ajouter un article à ce sujet à la loi de bioéthique en cours de  navette.

Travail, famille,  patrie . Travail : la pression contre l’enfant  et sa mère s’exerce dans  l’entreprise, aux exigences devenues   totalitaires (certaines associées de grands cabinets s’engagent à ne pas avoir d’enfant !) . Famille :     certaines grands-mères estiment  avoir   droit de vie et de mort sur  les enfants de leurs enfants . Dans  cette nouvelle patrie qu’est la planète où tout enfant qui vient au monde est tenu pour un pollueur en puissance. Loin d’être une affaire individuelle, la décision d’avorter résulte le plus souvent  du  collectif, du corporatif,  de l’agrégatif.  Il est  rare qu’une femme dont tout l’entourage accueille positivement l’enfant  y ait recours. Selon la loi  bien connue  formulée par  Hayek, qui  s’applique à toute idéologie, celle des « effets contraires aux buts affichés », l’amendement dont nous  parlons va avoir des conséquences  dramatiques pour  les femmes : les pressions pour qu’elles avortent , souvent vraie source de la « détresse psycho-sociale  pourront s’exercer tout au long de la grossesse.       

On allègue  qu’il y avait aussi autrefois de pulsions de mort  venant du corps social, ne serait-ce qu’en vue de la guerre.  Mais elles étaient  d’une  nature toute  différente : il s’agissait de défendre le groupe, famille, tribu , nation,  agressé , dont le défaite aurait signifié    l’anéantissement, au mieux l’esclavage.  Ce permis de tuer  était en pleine congruence avec le pulsion de vie qui poussait le  même  groupe  à protéger ses  enfants nés ou à naitre.

Comment s’empêcher de penser qu’aujourd’hui,  c’est au contraire un sombre instinct de mort qui est à l’oeuvre dans les société occidentales ; Comment l’amendement dont  nous parlons  peut-il être voté   alors que dans les quatre dernières années la  fécondité des Françaises ( malgré l’immigration ), jusque-là moins mauvaise que les autres pays d’Europe, a   chuté de près de 10 % ( de 2,01  à 1, 84 enfant par femme en métropole) ?  Monsieur Macron, à peine nommé ministre des finances,  n’avait -il pas  ôté les prestations familiales aux  classes moyennes ? Être ou ne pas être !  Telle est bien  la question  la plus urgente  qui se pose aujourd’hui à la France.

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

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