Après les mesures prises par Macron en ce début d’année,
LA CHAPE DE PLOMB S’APPESANTIT SUR LA FRANCE
http://www.comite-valmy.org/spip.php?article9445
Après un discours de vœux présidentiel assez plat, la rentrée a été inaugurée par trois coups de massue qui laissent pressentir ce qu’est la véritable nature du macronisme.
D’abord une hausse sans précédent des tarifs publics : Fioul domestique + 36 %, Electricité =17 %, Forfait hospitalier : + 15 %, Cartes grises + 15%, Tabac + 10, %, Timbres + 10 % etc.
Toutes ces mesures vont frapper les classes populaires, d’autant qu’elles s’accompagnent d’une hausse de la CSG (+ 21,7 %) ciblée sur les personnes âgées. Or les revenus, salaires et retraites, stagnent, on le sait, depuis de nombreuses années.
Peut-être certaines de ces hausses étaient-elles nécessaires, mais comment justifier celle des frais bancaires de 23 % qui va peser principalement sur ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Il est clair que les banques qui comptent sur ces frais pour rattraper certaines folies spéculatives ont été mieux entendues par l’ ancien banquier qui trône à l’Elysée que ce que Christophe Guilluy appelle la « France périphérique ». Pour tenir les déficits, on cogne, à la grecque.
Il est probable qu’ avec ces coups de matraque, la suppression promise de la taxe d’habitation, sera vite absorbée et au-delà.
Va dans le même sens, la décision d ’abaisser la vitesse limite sur route à 80 km/h et de renforcer toute une série de sanctions, comme celles qui frappent l’usage du portable en voiture. Les amendes de stationnement seront augmentées de 130 %, pas moins. Ces mesures sont d’ une utilité douteuse : elles vont sauver des vies , dit-on. Peut-être, mais pourquoi pas instaurer la vitesse-limite à 0 km/h pour avoir 0 accident ? Le nombre d’accidents mortels a considérablement baissé depuis plusieurs années. En tous domaines, la sécurité absolue, c’est la fin des libertés. Elle ne règne que dans les cimetières.
Mais est-ce vraiment pour améliorer la sécurité routière que ces mesures sont prises ? N’y a-t-il pas là aussi la volonté de cogner, dans un domaine où la légitimité de règles de plus en plus sévères et de sanctions de plus en plus lourdes est difficile à contester. La sécurité routière est plus facile à assurer que la sécurité tout court pour laquelle le gouvernement n’a aucun plan précis. Il est plus facile de traiter en délinquant un honnête homme qui roule à 85 km/h sur une route départementale que d’ attraper les vrais délinquants. Sarkozy en début de mandat avait déjà usé de cette ficelle en frappant fort sur… les prostitué(e)s du Bois de Boulogne. Le discipline routière est une bonne école pour la discipline ou court : elle habitue le public à obéir à la manière forte . Elle est comme la marche au pas dans la cour de la caserne : exercice apparemment sans conséquence mais qui habitue les conscrits à obéir sans murmurer.
La troisième mesure n’est qu’annoncée mais elle est encore plus inquiétante : la volonté de contrôler les fausses nouvelles circulant sur internet , particulièrement dans les réseaux sociaux . Ce projet ne concerne pas que les périodes électorales : les pouvoirs du CSA d’ interdire l’octroi d’un canal numérique seraient accrus . Mais en période électorale, la porte serait grande ouverte , pour demander au juge de dire le vrai et le faux. L’immixtion de l’autorité judicaire dans le processus électoral est contraire à toutes les traditions républicaines de notre pays. Macron a été élu grâce à elle ( affaire Fillon) ; il est visible que, se sentant quelque part vulnérable, il compte sur elle pour se faire réélire. Il est vrai que la loi de 1881 sur la presse sanctionnait déjà la diffusion de fausses nouvelles. Mais ni la police, ni la justice n’avaient jamais fait de zèle sur ce sujet et cela concernait la scène publique, pas les correspondances numériques dont beaucoup ont une caractère privé. Dans un pays où près de 95 % des médias soutiennent le gouvernement , comment ne pas voir dans cette intention, le projet d’une réduction totalitaire du dernier espace de liberté qui demeure : la toile ? Macron et Erdogan, même combat ?
Un gouvernement illibéral
Ainsi se précise peu à peu l’imposition sur la France d’une chape de plomb qui n’a rien à voir avec l’allure décontractée et branchée , soi-disant « libérale », que se donne le président.
Chape de plomb que l’on observe déjà dans d’autres domaines : l’étouffement progressif des collectivités locales par la diminution des dotations, la quasi disparition de l’ opposition au sein d’ une Assemblée aux ordres où la majorité n’a , faute de compétence et d’ancrage local, pas les moyens de contrôler le pouvoir.
Si les Ordonnances travail accroissent quelque peu la liberté des patrons ( on s’en aperçoit avec la vague de licenciements qui en a été l’effet immédiat) , elles rendent une partie de la population plus vulnérable et donc plus malléable. Ces textes prétendus libéraux contiennent au demeurant quelques dispositions également dangereuses pour les libertés : si, comme il est normal, les indemnités de licenciement décidées par les tribunaux sont désormais plafonnées, elle se le sont pas s’il est possible d’alléguer une discrimination quelconque (femmes, non-blancs, musulmans, homosexuels etc.). Le règne du politiquement correct judicaire n’est pas près de se terminer : on s’en rend d’ailleurs compte au vu des décisions les plus récentes.
La politique de Macron a bien peu à voir avec le vrai libéralisme. Les décisions fiscales : l’ exonération de l’ISF des seules très grandes fortunes, financières, la suppression de la taxe d’habitation, vont prendre en sandwich les classes moyennes , déjà écrasées mais seules à même de compenser les pertes de recettes. Il est déjà question d‘un super impôt foncier dont seraient exonérés les investisseurs étrangers ou d’augmenter la taxe foncière, déjà très lourde dans beaucoup de communes . N’est ce pas la liberté qu’on veut écraser en prolétarisant les couches intermédiaires instruites et enracinées, à même donc d’avoir quelque sens critique ? L’Empire romain finissant n’ avait pas procédé autrement : une population accablée d’impôts glissant peu à peu dans le servage , à l’exception des très fortunés, la ruine des classes moyennes, un encadrement quasi-totalitaire des populations.
Ne nous sera même pas épargnée la suite du grand remue-ménage des structures locales, parfaitement inutile et probablement coûteux : il est bien connu que les animaux de laboratoire dont on bouleverse sans cesse les repères territoriaux deviennent amorphes !
Fort peu libérale est aussi l’absence dans le gouvernement actuel de la moindre velléité de réduire les dépenses publiques, qui atteignent déjà le record mondial, sauf les dépenses régaliennes (armée, justice), les seules auxquelles il ne faudrait pas toucher. Comme Hollande, Macron a l’intention de respecter les critères de la zone euro : moins de 3 % de déficit, sans toucher aux dépenses sociales. Il ne lui reste qu’à augmenter les impôts : scénario connu.
Ne nous y trompons pas : la plupart de ces mesures ont été imposés de l’extérieur, en particulier de Bruxelles. En moins grave pour le moment, le traitement qui est appliqué à la France ressemble à celui, totalement inhumain, que l’Union européenne inflige à la Grèce.
Derrière une diplomatie virevoltante (et non exempte de bourdes ), il y a la volonté de renforcer une Europe supranationale qui ne pourra être qu’ allemande : la chape de plomb d’une discipline monétaire et financière, l’intolérance à la dissidence, l’ouverture à une immigration sur laquelle on compte à la fois pour payer les retraites et affaiblir les traditions nationales. On peut y ajouter la tendance déjà vieille de plusieurs décennies d’appliquer tous les règlements à la lettre sans cette flexibilité qui faisait le charme des pays latins. Même si le gouvernement de Berlin est pour le moment en crise, l’esprit est là.
Dans la plupart des domaines, les logiques technocratiques, les mêmes qui depuis longtemps suscitent l’exaspération des Français : réduction du nombre des communes, urbanisme de plus en plus contraignant, multiplication des vaccins obligatoires, installation d’éoliennes, réformes de l’Etat démoralisantes, ne sont pas remises en cause mais seront renforcées. Pour les bureaux qui les promeuvent, l’exaspération que la plupart de ces logiques suscitent chez les Français ne sont pas interprétées l’expression légitime d’une autre rationalité qu’il convient de prendre en compte mais comme une résistance irrationnelle qu’enfin la conjoncture politique permet de briser. L’Education nationale sera-t-elle l’exception ? On demande à voir.
Si le mesures qu’a prises ou ou s’apprête à prendre le présent gouvernent, ne suscitent pas de réaction significative, il est à craindre que notre pays ne s’enfonce peu à peu dans un nouvel un âge de fer où l’esprit de liberté qui l’a longtemps caractérisé ne serait plus qu’un souvenir.
Roland HUREAUX