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Roland HUREAUX

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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 08:13

 

Pour désespérant que soit le nouvel épisode de la guerre qui oppose, dans une partie qui demeure très inégale, l'Etat d'Israël et les Palestiniens de Gaza, on ne saurait oublier que, s'il y a jamais eu progrès depuis soixante ans dans le conflit  du Proche-Orient,  c'est parce que des hommes entreprenants surent rebondir sur les  crises  pour  avancer des  solutions partielles.  

Il est aujourd'hui très peu de gens qui ne reconnaissent que la paix sur l'ancien territoire du mandat  britannique de Palestine passe par la création d'un Etat palestinien , pendant , même en plus petit,  de l'actuel Etat israélien, cet  Etat devant trouver  son assise territoriale en  Cisjordanie   et dans  la bande de Gaza.

 

L'Etat palestinien unique : une solution dépassée

 

Pourtant , il faut bien le dire,  cette solution apparait   aujourd'hui de plus  en plus dépassée . Non seulement parce que les forces politique dominantes en Israël, Benjamin Netanyahou en tête  n'en veulent manifestement pas - pas plus que la partie des  Palestiniens qui revendique un seul Etat multiconfessionnel - , mais aussi parce que, sur le terrain, elle semble  de plus en plus irréelle.

Laissons de côté le  problème considérable posé par l'accroissement du nombre de colonies en Cisjordanie. Heureusement  la décision audacieuse d'Ariel Sharon d' évacuer en 2005  celles de Gaza y simplifie la question.

Mais il n'existe aucun cas à l'époque moderne d'un Etat coupé en deux qui  se soit avéré durable. L'exemple du Pakistan est le  plus manifeste : destiné lors de sa création en 1947 à regrouper tous les Indiens musulmans ,  ses parties est et ouest (devenue Bengladesh ) durent se séparer  dès  1971. En remontant dans le temps, on se souvient de l'Allemagne où l'instauration en 1919 d' une   Prusse orientale sans continuité territoriale  fut, au travers de la question de Dantzig,  la pomme de discorde qui déclencha la 2e guerre mondiale.  Après la guerre   Berlin  posa un problème analogue.  La  solution d'un Etat unique  tient d'autant moins que les Israéliens n'ont sans doute pas l'intention de couper  leur propre territoire par une autoroute reliant les deux parties de la  Palestine.

Il faut donc deux Etats palestiniens: une sorte de cité-état à  la  manière de Singapour  à Gaza et un Etat cisjordanien dont l'imbrication avec Israël et la présence à Jérusalem sont à négocier.

L'autre  raison de  créer deux Etats palestiniens est qu'on n'imagine pas le Fatah et le Hamas  travaillant  ensemble : que chacun s'organise de son côté comme c'est déjà le cas en pratique  ,  est logique. Leur rapprochement récent , pourtant tactique, aurait, selon certaines sources,  déterminé  Israël  à bombarder Gaza. Raison de plus pour que ce dernier  envisage l'idée de deux Etats palestiniens. 

Israël aurait tout à gagner à une telle solution : la perspective d'un face à face avec un Etat palestinien unique sur le même territoire est difficile à  admettre pour une partie de ses ressortissants. Avec deux Etats, cette perspective s'en trouverait  en partie  diluée.

On objectera qu'aucun de ces Etats ne serait "viable" . Mais des 193 membres des Nations unies, combien sont "viables" ?

Une telle solution impose non seulement de régler la question des colonies juives de Cisjordanie mais aussi  celle du décloisonnement et du développement de Gaza, inséparable d'un rétablissement de la sécurité d'Israël côté Sud. Deux questions  immenses mais qui seront sans doute mieux  résolues , si elles doivent  l'être,  séparément qu' ensemble.

 

Vers une confédération ?

 

Une telle solution permettrait même d'envisager à terme une sorte  de confédération à quatre comprenant  Israël et la Jordanie laquelle  revendique toujours sa qualité d'Etat palestinien.  Israël aurait naturellement une influence privilégiée dans une telle confédération mais les partisans d'un Etat unique pourront  aussi bien  la considérer comme un pas dans leur sens.

L'idée de donner à Gaza le statut  d'Etat effrayera, dans le contexte actuel,  bien des Israéliens: mais préfèrent-ils que les activistes du Hamas passent leur temps à ruminer des  projets   d'action armée  ou qu'ils se répandent à travers  le monde dans les ambassades du nouvel Etat, que la communauté internationale sera , n'en doutons pas,  prête  à financer  ?

Le perfectionnement  prévisible du mur électronique autour de Gaza devrait un jour permettre de relâcher le blocus , ouvrant ainsi la porte au nécessaire   développement de l'économie de ce territoire, à la fois  impératif humanitaire et moyen de ralentir sa progression démographique. Un tel développement, irrigué par l'argent du golfe  ou de l'Union européenne,  serait à même de rendre un jour  les  habitants de ce territoire à leur vocation commerciale  séculaire.

Nous mesurons tous les problèmes de principe que pose un tel scénario aux Palestiniens. Mais au moins faudrait-il qu'il commence par paraître acceptable à Israël. Comme il est probable qu'on ne résoudra pas les questions de principe ( droit au retour , caractère confessionnel de l'Etat d'Israël, statut de Jérusalem) , peut-être vaudrait-il mieux parler dans une première phase de ne  fonder sur ces bases qu'un arrangement provisoire. 

Utopie ? Sans doute,  mais moins que l'idée d'un Etat  palestinien unique. Si une ouverture  doit émerger  de la crise actuelle, c'est dans cette direction  qu'il   faut  à présent la  chercher.

 

 

                                                           Roland HUREAUX

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