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Roland HUREAUX

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 16:40

Tous les ans ça recommence.

Il y a belle lurette que la messe de minuit  n’est plus à minuit. Pour plus de commodité, sans doute.

Mais cette commodité, il nous faut la payer cher.

Jour de grande fête, les « équipes liturgiques » se déchaînent. Pour marquer l’événement, il faut, selon elles,  que rien ne  soit comme à l’ordinaire.

Las !  Toutes les paroisses n’ont pas la logistique de Notre-Dame de Paris ou du Sacré-Cœur de Montmartre  pour faire plus et mieux les grands jours. Dans les paroisses moyennes ( y en a-t-il encore des petites ? ), la messe est aujourd’hui précédée d’une « veillée de prière » d’au moins une demi-heure. Comme la messe est plus longue qu’à l’habitude, la cérémonie dure donc entre  une heure et demie et  deux heures.  Cela dans une église mal chauffée   où le public, plus large,  est aussi moins recueilli que celui des dimanches ordinaires.  Sans compter les temps morts  qu’occasionne  un protocole mal rodé.   

Cette veillée,  les bonnes âmes qui la préparent la veulent originale : des projections mal faites, des enregistrements réverbérés,  la lecture de poèmes foireux. Faute  de prêter au recueillement, tout  cela exerce au moins  la vertu  de patience, une forme de pénitence.   Ceux qui ont essayé d’  emmener les enfants  se disent  qu’on ne les  y reprendra pas ! 

La messe tient à peu près la route, grâce notamment aux admirables textes de l’Ecriture programmés pour cette fête.  Là , on n’a pas cherché la nouveauté, encore heureux. Mais c’est en vain que l’on attend de retrouver   les mélopées classiques de la nuit de Noël : « Il est né le divin enfant », « Minuit chrétiens ».  Tout cela est banni  par les spécialistes  autoproclamés de  la  liturgie qui veulent l’originalité à tout prix.

A vrai dire, je suis, comme fidèle, même dans  ces circonstances,  doué d’une certaine patience .   Et puis, pour un croyant, c’est malgré tout  du mystère de l’eucharistie qu’il s’agit.  

Mais je sais que ce soir là je souffrirai beaucoup   en pensant à  tous   ceux qui, dans l’assistance,  ne vont à la messe que deux ou trois fois par an , aux  grandes fêtes,  et qui sont à Noël  la majorité du public.   Ceux là ne veulent pas de l’extraordinaire, ils veulent de l’ordinaire.  Ce ne sont pas de grands mystiques :  une longue cérémonie, ils s’en lassent très vite.  Ils  repartiront déçus.   

Les messes des grandes fêtes auraient pu être  l’occasion  de les raccrocher . Je crains qu’elles  ne soient le moyen de les décrocher.  Une belle occasion est manquée .    Quelque part , je  souffre pour eux, j’ai honte pour eux .

Au temps où la messe était vraiment à minuit, on savait qu’il ne  fallait pas la faire durer trop longtemps, d’autant que les gens des campagnes avaient quelquefois une heure de route à faire à pied dans un hiver glacial  pour rentrer chez eux ( je pense à la touchante  évocation de la messe de minuit  dans le roman d’Eugène le Roy, Jacquou le croquant)   

Mais l’Eglise était alors vraiment  « pastorale », ce qui veut dire réaliste et armée de bon sens . « Le Bon pasteur connait ses brebis » .  Il sait donc  ce qui se passe dans son église les jours de grande fête  ; ils sait que ceux qui viennent ces jours là ne sont   pas forcément aptes  à s’adonner à  la prière silencieuse  pendant les temps morts ,   que,  ne venant pas souvent, ils ne craignent pas la monotonie ;  bien au  contraire, ils veulent retrouver des airs connus. Le bon pasteur sait  qu’un  enfant  ne  supporte pas une cérémonie trop longue.  Or Noël n’est-il pas la fête des enfants ? A quoi sert donc  d’avancer l’heure de la messe dite de minuit  si c’est pour  en éloigner les plus petits.

Alor s que faire ?  Je ne sais trop comment  cela est organisé. Mais il faudrait que les autorités compétentes ( l’évêque, le doyen, le curé ? je ne sais) donnent  des ordres stricts aux  équipes liturgiques : les jours de grande fête, surtout  pas de tralala, ne pas oublier que ce n’est pas le public habituel  qui vient  et  que pour cette raison, il importe de faire une cérémonie dense, chaleureuse mais classique. Absolument classique !

Et cette veillée ? L’importance de l’évènement paraît   la  justifier  mais pas trop longue quand même, et,  si veillée il y a,    le plus grand soin est nécessaire  pour ne pas faire fuir un public très ordinaire mais qui vient tout de même  chercher du sacré :  de vieux Noëls à l’orgue plutôt qu’un poème , fut-il de Claudel !  

Sinon, les bons catholiques,  s’il en  existe  encore,  viendront à la messe le lendemain   matin, mais  ce que les sociologues appellent les « pratiquants occasionnels » , eux , se  lasseront vite de venir, si ce n’est déjà fait.

Roland HUREAUX

 

 

 

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commentaires

V
<br /> Je viens de lire les huit textes que vous venez de m'envoyer. Avec le plus grand intérêt et plaisir. En totale affinité sur toutes vos analyses de fond. Bien entendu, mon commentaire n'a pas pour<br /> objet d'être publié.<br /> Bien cordialement.<br /> Véronique Hervouët<br /> <br /> <br />
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