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Roland HUREAUX

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23 avril 2018 1 23 /04 /avril /2018 08:00

POLANSKI N’IRA PAS SUR LA CROISETTE

 

Il y aura un grand absent au festival de Cannes : Roman Polanski dont le dernier film, aurait assurément mérité un hommage spécial. Mais il se trouve en Suisse, assigné à résidence et sous la menace d’une extradition vers les Etats-Unis.

Un récent article de Philippe Bilger, paru dans ces colonnes, a   ouvert les yeux à tous ceux qui, comme nous, ne maîtrisent pas   les arcanes   de la procédure pénale américaine. De toutes les façons, il y a assez de films, de romans ou de faits divers pour nous faire comprendre que ce pays n’est plus depuis longtemps – s’il le fut jamais - le modèle d’état de droit qu’on se plait à nous présenter.    Et sans doute Roman Polanski a-t-il de bonnes raisons de ne pas vouloir être livré pieds et poings liés à une justice connue pour être particulièrement imprévisible.

On peut penser beaucoup de choses de la nature et de la gravité de l’acte commis par le cinéaste en 1977. Il reste que 33 ans se sont écoulés depuis lors et que la victime, qui n’est plus toute jeune, a depuis longtemps demandé qu’on laisse son auteur en paix.  

Pourquoi cette affaire est-elle relancée maintenant –  et non pas il y a cinq ans ou dans cinq ans ? Il y a souvent des coïncidences étranges. Mais il en est une, en l’espèce, qui   saute aux yeux : la demande d’extradition et le tournage du dernier film de Polanski :   The Ghost writer.

Car ce film n’est pas n’importe lequel. Outre l’immense talent qu’il démontre, il s’agit d’une des attaques les plus féroces qui soient contre les manipulations de la politique européenne auxquelles se livrent depuis longtemps certaines officines américaines. Des manipulations qui ne sont pas un secret : des auteurs comme Bigne Brezinski les avouent ouvertement.

On connaît l’argument du film : un ancien premier ministre britannique (toute ressemblance avec Tony Blair est naturellement   fortuite !) trouve un « nègre » (en anglais ghost-writer) pour écrire ses mémoires. Celui-ci découvre, au fil de son enquête, que son commanditaire a été programmé dès sa prime jeunesse pour être un exécutant fidèle de la politiqua américaine : sa carrière s’en est trouvé facilitée et, parvenu au pouvoir, il a pleinement rempli le « contrat ».

Cela se passe au Royaume-Uni mais aurait pu, aussi bien, se passer en France.

Ces manipulations ne sont pas nouvelles ; tous les « empires » s’y sont livrés. Elles reposent entre autres sur des contacts avec d’ambitieux jeunes gens, des Young leaders, soigneusement sélectionnés et conditionnés en début de carrière. Vues du côté américain, ces manipulations pouvaient paraître légitimes aussi longtemps que durait la guerre froide et la menace d’un asservissement de l’Europe de l’Ouest au totalitarisme. Depuis 1990, elles se trouvent, paradoxalement, plus efficaces que jamais en même temps que dépouillées de toute légitimité. Plus efficaces que jamais parce que l’effondrement du communisme les libère de tout contre-pouvoir, et que s’agissant d’actions à long terme programmées longtemps à l’avance, elles n’atteignent leur pleine efficacité que vingt ou trente ans après, dépourvues de toute légitimité car aucune menace ne les justifie plus désormais.

Polanski a certes été arrêté le 29 septembre 2009 alors que le film   n’est sorti en salle que le 3 mars 2010 ; mais au moment de l’arrestation, le tournage était terminé et ceux qui devaient savoir savaient évidemment quel était le contenu du film.

Quelque argument qu’on nous oppose, la coïncidence des dates nous laisse plus que des doutes. On comprend en tous cas que l’auteur d’un tel film, un des plus terribles qui aient jamais été produits sur les méthodes de l’action extérieure des Etats-Unis, n’ait pas très envie d’être jugé dans ce pays.

 

Roland HUREAUX

Mai 2017

 

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