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Roland HUREAUX

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9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 17:56

 

Il y a cent ans, , le 7 août 1918, Foch était fait maréchal de France . Pratiquement le jour où le sort des armes se retournait définitivement au détriment de l’Allemagne.

Le silence officiel ne saurait nous faire oublier qu’eurent lieu cette année-là les combats les plus décisifs de première guerre mondiale.

Ludendorff, commandant en chef de l’armée allemande voulut au printemps gagner la guerre ,  pour profiter de la fenêtre d’opportunité ouverte entre la défection russe ( traité de Brest-Litovsk le 3 mars 1918) qui lui permettait de ramener toutes ses forces en France et l’entrée en guerre effective des Etats-Unis.    

Celle-ci ne devait être en effet que très progressive :   sans expérience , formées et armées par les Français, les troupes américaines n’étaient encore que peu utilisables.  Sous réserve de quelques actes de bravoure ( Saint Mihiel) ) , elles ne jouèrent qu’un rôle d’appoint dans les batailles décisives.  S’il est vrai que la perspective de leur montée en puissance soutint fort  le moral des Français,   c’est à tort qu’une certaine historiographie a fait croire à nos compatriotes que les combats de 1918 avaient été une victoire américaine.

Les Britanniques étaient épuisés.

L’armée française au contraire,  très bien armée,  riche de quatre ans d’expérience et ayant surmonté la crise morale de 1917,   était au mieux de sa forme.

 

Français et Allemands face à  face

 

Les combats titanesques du printemps et de l’été 1918 opposèrent donc pour l’essentiel Français et Allemands avec la totalité de leurs forces.

L’offensive allemande faillit réussir. Elle fut   couronnée de succès au début en Picardie ( mars), sur l’Aisne (mai) et en Champagne ( début juillet) . Paris   vit    s’approcher l’ennemi à   70 km et se trouva sous le feu des canons allemands ( la « grosse Bertha »)   à partir de du 23 mars. Le gouvernement et la Chambre des députés se préparaient à partir à Bordeaux .

C’est dans ce contexte dramatique que Clémenceau, président du conseil depuis le 17 novembre 1917,  plaça le 26 mars 1918 Ferdinand Foch à la tête des armées françaises et britanniques : « Je me suis dit : essayons Foch ! Au moins, nous mourrons le fusil à la main ! J'ai laissé cet homme sensé, plein de raison qu'était Pétain ; j'ai adopté ce fou qu'était Foch. C'est le fou qui nous a tirés de là ! ».  Le ministre anticlérical choisissait le très catholique Foch , contre Pétain le sceptique.    Foch était ensuite fait généralissime des armées alliées le 26 avril.    

Pétain , qui restait en titre commandant en chef des armées françaises   ,  avait   néanmoins contribué à l’organisation d’une défense solide , sur plusieurs   lignes qui , pour l’essentiel, tint le choc.

Mais l’offensive fut menée par Foch et ses proche comme   Mangin et Degoutte.  L’ attaque allemande arrêtée, l’armée française prit l’ offensive  à partir de juillet 1918 . Le 28 septembre, Foch déclenchait une offensive générale.

De nombreux faits d’armes   illustrèrent cette contre-offensive, appelée aussi seconde bataille de la Marne : ainsi le 18 juillet , à Villers Cotterêts,  le général Mangin,  déboulait   par surprise au point du jour avec 320 chars et un puissant appui aérien    mettant en déroute les armées allemandes qui avaient fait une percée vers Epernay.  Un scénario très proche, comme on le voit,  de ce qui advint dans les Ardennes le 10 mai 1940,  mais cette fois ce sont les Allemands qui appliquèrent cette méthode et les Français qui, entretemps,  l’ avaient oubliée !   

Le succès français résulta donc d’une forte combinaison de la défensive et l’offensive.

S’y ajouta l’esprit inventif : les Allemands qui avaient pourtant introduit, pour le meilleur et pour le pire,   l’arme chimique sur le champ de bataille   ne crurent   pas aux chars ; les Français misèrent à fond sur les fameux Renault F17 et sur l’aviation.

Mais   en dernier ressort la victoire n’aurait pas été possible sans l’inébranlable   détermination   de Clémenceau que Ludendorff considéra d’ailleurs comme le principal obstacle auquel il se heurta.

Le rôle majeur des Français dans    cette victoire,   les puissances d’alors en eurent conscience  ; on ne comprendrait pas sans cela l’hostilité des Etats-Unis et du Royaume-Uni à la France à partir de 1919 et leur volonté de rétablir la balance européenne au bénéfice d’Allemagne au risque de jeter les bases de son réarmement. 

Mais les Français surent aussi , comme il arrive souvent, contribuer à leur propre affaiblissement . Après le mort de Foch en 1927,   l’équilibre de la pensée stratégique fut rompu au bénéfice de la défensive  :  la construction de la ligne Maginot fut décidée.  

On connait la suite   : en mai et juin 1940, les Allemands seuls se souvinrent des   méthodes   du général Mangin , dont ils prirent le soin de détruire   les statues en 1940.

Une célébration de ces événements, parmi les plus glorieux de notre histoire,  aurait permis de dégonfler , au moins auprès des plus jeunes, certains mythes en rappelant que les Américains ne jouèrent qu’un rôle second et que les Français l’emportèrent en partie par leur avance mécanique !  

On dira qu’il ne faut pas vexer nos amis allemands : mais ce sont eux qui étaient chez nous et non l’inverse ; l’armée française accomplit ces exploits admirables pour défendre son sol et non pour envahir celui des autres. 

Que la France officielle refuse de célébrer de tels événement , qui s’en étonnera ? Mais il n’est pas interdit aux Français de s’en souvenir. 

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

 

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