Le président Macron a dû passer sa réforme des retraites. au forceps, d’utiliser l’article 49-3 de la Constitution.
C’est inouï : François Mitterrand disait que s’ il y a plus d’ un million de manifestants dans la rue , il ne faut pas insister , ce qu’il avait fait sur l’école privée.
Outre les énormes manifestations , il y a les sondages : 80 % des sondés sont hostiles à cette réforme ; 90 % des actifs. Du jamais vu. Certes une partie des opposants n’est pas tant hostile à la réforme elle-même qu’à un président dont l’immense majorité des Français ne veut plus.
Pourtant l’enjeu est limité : cette réforme représente pour les entreprises un gain de 5 milliards d’euros ( 15 si tous les nouveaux « actifs » ont un travail , ce qui ne risque pas d’arriver.) Si la France s’émancipait du marché européen de l’électricité, ce qu’ont fait l’Espagne et le Portugal, les mêmes entreprises auraient de 50 à 100 milliards à gagner. Les vrais débats sont interdits.
Macron aurait pourtant eu des échappatoires : ainsi il aurait pu reconnaitre dans une allocution, qu’il y avait un vrai problème et lancer des « états généraux de la retraite » s’étalant sur plusieurs mois et ne négligeant aucun aspect de la question, notamment la politique familiale . Mais Macron est-il encore capable de parler les yeux dans les yeux aux Français ? Des yeux de glace comme il en avait lors de l’allocution du 22 mars.
Villepin n’y avait pas non plus pensé. Dommage : Chirac dut retirer la loi sur le SMIC-jeunes , déjà votée et promulguée : une première dans l‘histoire législative de la France. Il n’est pas exclu que le gouvernement actuel soit obligé,, si, comme c’est probable, la contestation se maintient, d’en arriver là.
Quoi qu’il en soit, la cote du président Macron est tombée bien bas. On peut se demander qui osera encore se réclamer de lui aux prochaines élections. En marche n’ira plus très loin.
L’opposition du RN fut relativement discrète, normalisation oblige. Zemmour a approuvé à moitié la réforme, une faute politique .
Bien qu’étant le parti d’opposition le plus ancien, les dirigeants des Républicains sont allés au secours d’un gouvernement rejeté par une grande majorité des Français et dont on connait la malfaisance. ( diplomatie piteuse, désarmement de la France, vente des actifs français, réformes sociétales destructrices, indifférence à la démographie, portes ouvertes à l’immigration, passivité face à l’insécurité croissante.) Chateaubriand disait que l’opposition doit être entière, ce que Mitterrand , qui n’approuva jamais ce que pouvait faire le général de Gaulle, avait compris. LR est tombé à près de 5 %. Ce n’est pas en soutenant un gouvernement discrédité qu’il se relèvera. Les électeurs ne manqueront pas de se demander à quoi il sert. Le choix de l’opposition, fait par un petit groupe, conduit par Aurélien Pradié est plus cohérent. Quel impact aura-t-il sur le devenir du parti ? L’avenir le dira
Reste le NUPES qui, grâce à son chahut et à ses excès, souvent déplorables, est apparu fâcheusement comme le principal parti d’opposition. Verra-t-on, aux second tour des prochaines présidentielles, un candidat de ce parti (ou plutôt de cette galaxie) au second tour ? Il ne faut rien exclure.
En tous les cas, cette bataille, dont l’enjeu reste limité, laissera beaucoup de cadavres. Ce qui est dommage à un moment où, face à une crise diplomatique et économique sons précédent, les Français ne savent pas où ils en sont et, face au régime destructeur de Macron, cherchent une opposition qui sache s’opposer.
Roland HUREAUX