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Roland HUREAUX

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:27

INTOLERANCE ET IDEOLOGIE

15/05/2021

Il est difficile de comprendre le rétrécissement  de  la   liberté de penser et d’expression auquel nous assistons aujourd’hui, sous la forme de la pensée  unique, du « politiquement correct », sans se référer à la notion d’idéologie.

Face aux désastres totalitaires du XXe siècle, le communisme principalement,  et aussi le nazisme, nous pensions savoir ce qu’était l’idéologie.

Toute une  série de penseurs libéraux : Souvarine, Orwell, Arendt, Popper, Hayek,  Aron, Kriegel, Papaioannou, Besançon, Baechler,  etc. avaient analysé le fait idéologique dans sa version totalitaire,  à  l’origine des tyrannies et des crimes  que nous savons.

Retenons en deux définitions : « l’utopie (notion proche de l’idéologie) se caractérise par la volonté d’organiser les  activités sociales jusque dans leur détail   à partir d’un principe unique « (Jean Baechler) « les idéologies sont des ismes qui peuvent tout expliquer en le déduisant d’une seule prémisse » (Hannah Arendt). Ces prémisses : l’université de la lutte des classes, la suppression de la propriété privée et de la religion, le primat de la race etc.

Hannah Arendt  dit aussi que l’idéologie est la « logique d’une idée ». Le mot important, c’est « une ». Là où un esprit bien conformé analysera une partie   du réel en tentant d’y vérifier un ou deux hypothèses , et, une fois transplanté dans une autre partie du réel, refera l’opération avec des hypothèses différentes, l’idéologue, lui,  part d’une idée, parfois opérationnelle dans un segment limité de la réalité, et encore pas toujours, et, une fois transplanté ailleurs, ne regarde plus la réalité : il continue de  lui appliquer l’idée unique  choisie  une fois pour toutes ou les déductions faites à partir de cette idée  unique.

Le savoir, comme l’action, ont certes besoin de principes simples ; mais il ne faut pas confondre la fausse science qui détermine ces principes a priori et la vraie qui les tire laborieusement du réel par une série d’essais et d’erreurs, considérant que toute généralisation n’est pas a priori opérationnelle, seulement celle que l’expérience vérifie. Et encore, avons-nous le cas de la théorie quantique qui explique tout ce qui se passe au niveau des particules élémentaires, mais sans jamais se réduire à des principes simples aisément formulables.

Nous avons longtemps pensé que les régimes libéraux qui luttèrent contre les utopies totalitaires  étaient, eux, exempts de cette folie de la simplification, qu’ils faisaient  droit, au contraire, à la politique empirique, à la nature,  à la complexité du monde et donc à la liberté.

L’emprise qui  est exercée de plus en plus au sein de la sphère dite libérale par la pensée « politiquement correcte » amène à considérer qu’elle aussi pourrait être tombée dans l’ornière idéologique  qu’elle se targuait  d’éviter. De fait,  une série de prémisses simples dictent aujourd’hui l’essentiel  de la politique au niveau international, européen et national : la liberté du commerce tenue pour un absolu, la suprématie du marché, l’idéal de la concurrence pure et parfaite,  la péremption du fait national conçu comme une menace totalitaire (cette péremption ne valant que pour l’Europe de l’Ouest) etc.

Du fait que cette idéologie ne pratique pas l’emprisonnement arbitraire (sauf à Guantanamo), ne fait pas de camps de concentration, ne pratique pas la terreur de masse, il faut la considérer comme  différente des idéologies totalitaires. Si l’on assimile l’idéologie à une forme de folie, il ne s’agit plus de folie furieuse, seulement de folie douce (disons relativement douce puisque il lui arrive de plus en plus  de trainer en justice des citoyens en raison de leur seule opinion).  L’idéologie douce qui nous submerge peu à peu    exerce son empire  de  manière plus sournoise mais  non moins  efficace que l’idéologie totalitaire : ceux qui lui résistent  sont menacés de marginalisation, de diabolisation ; tels les partisans de la nation qui subsistent dans l’espace européen ou ceux qui clament leur refus de l’islamisation de  l’Europe. A la pression violente, s’est substituée la pression  indolore.  C’est donc  à une toute autre sorte de régime idéologique que nous avons affaire mais la plupart des  traits de l’idéologie  n’en sont pas moins présents dans  cette nouvelle forme de normalisation de la pensée.

Le point de départ est le même : la simplification, le fait de reconstruire toute une politique sur des principes généraux tenus pour des absolus, tels ceux que nous venons d’évoquer.

Le point d’arrivée est dans les deux cas   l’intolérance et la contrainte qui s’exerce sur la pensée, même si elle n’use pas des mêmes méthodes et n’atteint pas le même degré.

Quel est le rapport entre le principe de l’idéologie, la simplification, et son effet,   l’intolérance ?

 

De la simplification à l’intolérance

 

Il est  loin d’être évident.  Seule une analyse approfondie du fait idéologique permet de comprendre ce lien.

En simplifiant la réalité politique par le recours à des principes simples, trop simples et donc faux,  la démarche idéologique ne trahit pas seulement  la complexité du réel, elle va à l’encontre de  toute une histoire antérieure qui prenait au contraire  en  compte  cette complexité.

En disant que la clef du progrès économique est  la généralisation du libre échange – telle est la doctrine officielle de l’Organisation Mondiale du Commerce  –, l’idéologie ne se contente pas   de simplifier une réalité où le libre échange est non pas  mauvais en soi (être aussi systématique relèverait aussi de l’idéologie !) – mais tantôt bon, tantôt mauvais. Elle tend à considérer tous ceux qui, dans le passé, ont fait une autre politique que celle du libre échange comme des barbares, des hommes dépassés. Plus l’idée qui inspire les politiques idéologiques est simpliste,   plus elle apparaît    en    rupture avec un passé de civilisation où était préservé  le sens de la complexité.

L’idéologie est ainsi non seulement un rapport au réel, extraordinairement biaisé puisqu’il tend à en ignorer la complexité, mais encore un rapport  au temps, désormais divisé entre l’avant – où l’humanité n’avait pas encore saisi l’idée géniale  et simplificatrice qui doit faire son bonheur -,  et l’avenir qui s’organisera  sur la  base de cette idée. Marx lui-même disait que la préhistoire de l’humanité ne cesserait qu’avec le socialisme.

Ce n’est pas seulement tel ou tel trait du passé qui se trouve ainsi disqualifié  dans le mode de pensée idéologique, mais le passé en général. A partir du moment où elle prétend organiser l’Europe en gommant le fait national, la démarche européenne, tend à considérer les siècles où les nations existaient comme des siècles barbares, où presque tout était mauvais : des siècles  de guerre, d’obscurantisme, de haine, marqués par la traite des noirs, le colonialisme, le racisme, l’intolérance  etc. C’est pourquoi la mémoire ou les racines – en particulier les racines chrétiennes – sont toujours disqualifiées pour l’idéologie puisque elles renvoient à une époque où la politique n’était pas encore animée par l’idée formidable qui désormais l’inspire : suppression de la propriété privée et de la religion pour le communisme, suppression des nations et universalité du marché pour l’idéologie moderne.

Il est probable que l’idéologue pressent  au fond de lui, même s’il ne veut pas se l'avouer ou l’avouer, que son idée est fausse, fausse parce que trop simple. Il a l’intuition que, à cause de cette fausseté, il  rencontrera  des oppositions de toutes sortes, en particulier dans cette partie de la population qui est moins sensible  à la logique des idées qu’est le peuple.

En même temps, il a le sentiment  de tenir une idée si neuve, si radicale qu’elle ne peut être que salvatrice, qu’elle doit  permettre à l’humanité de franchir une nouvelle tape.

Porteur d’une idée extraordinaire, salvatrice mais qui rencontre des résistances, qui ne « passe »  pas, l’idéologue sera nécessairement à cran. Et c’est ce qui le rend méchant : non seulement il n’a pas raison, mais il  le sent confusément.

La simplification  opère en tant que vision du réel, offrant  une vision du monde à bon marché qui permet de le réduire à quelque principe simple.

La simplification opère aussi en tant que doctrine du salut. Puisque elle est entièrement nouvelle, l’idée géniale qui inspire l'idéologie est nécessairement porteuse d'un immense progrès, d’une forme de rédemption de l’humanité, ce qui place l’enjeu du combat contre les adversaires tellement  haut qu’ils ne méritent aucune mansuétude.

La simplification répond ainsi  à un besoin ancestral : celui de distinguer facilement le bien et le mal, les bons et les méchants. Les bons seront ceux qui adoptent l’idée, les méchants ceux qui y résistent, autre forme de simplification,  et ils sont nombreux puisque cette idée viole la nature, ce que l'idéologue se refuse à reconnaitre mais qu’en son for intérieur, il sait.

Le clivage entre les bons et les mauvais ne résulte pas seulement des résistances à l’idéologie. Le plus souvent, il  est déterminé à l’avance par l’idéologie elle-même : dans le marxisme léninisme, les mauvais  sont d’emblée les bourgeois et fils de bourgeois, les prêtres, les  paysans,   même s’ils n’opposent aucune résistance au régime, dans le nazisme, ce sont les Juifs, même s’ils ne font rien de subversif.

Rapport au réel, rapport à l’histoire, rapport au salut, l’idéologie est aussi, la plupart du temps, porteuse d’une histoire mythique, également simplifiée. L’expérience de la Seconde guerre mondiale a laissé croire à une partie des élites européennes, persuadée à juste titre que la cause de la guerre était l’idéologie nazie, que le nazisme n’était qu’une forme exagérée du fascisme, ce qui était déjà en partie faux, que le fascisme était une forme exacerbée du nationalisme, le nationalisme, une hypertrophie de l’esprit national et donc du patriotisme.  C’est sur  ce raisonnement, dont à peu près tous les maillons sont contestables, qu’a été pourtant entreprise la construction européenne. Pour les porteurs de l’idéologie européiste, ou du mondialisme qui en est difficilement séparable,  ou encore des formes les plus frénétiques de  l’antiracisme, une fois qu’ils ont admis que la cause de toutes les guerres c’est la nation,   aimer sa patrie, un sentiment qui, dans toutes les civilisations est, ainsi que le rappelle Léo Strauss, le plus moral qui soit, c’est être nationaliste, donc fasciste, donc nazi, donc, en puissance,  kapo dans un camp de concentration. D’où la haine qui anime ces gens là   vis-à-vis de toute affirmation identitaire, pour timide quelle soit. Pour eux, elle ne saurait être que  la manifestation des forces du mal, forces d’autant plus puissantes que, fondées dans la nature,  elles  résistent de toute part à son Idée

Et c’est ainsi que l’idéologie, partie d’une opération intellectuelle de simplification, conduit à l’intolérance, au refus absolu du dialogue et à la haine.

Les porteurs de l’Idée trop simple qui va  bouleverser l’humanité ne se trouvent pas seulement en rupture avec le passé ; ils sont aussi  en rupture avec la majorité de leurs contemporains qui résistent à la puissance lumineuse de l’Idée.

Le principal motif de cette résistance tient au caractère artificiel de l’Idée : quoi qu'en pensent les idéologues, le sens de la propriété existe, le fait religieux existe, le marché (sans en faire un absolu) existe, le fait national existe ; et ils résistent  sourdement à ceux qui voudraient les abolir.

Parmi ceux qui résistent plus particulièrement, les classes populaires  en tous temps et en tous lieux : elles résistent parce qu’elles  sont plus près des réalités, parce qu’elles  éprouvent moins le besoin d’une vision logique des choses ou de la politique. Même si, la propagande aidant, le peuple peut se laisser séduire un moment par l’idéologie, il s’en détache vite. La haine des idéologues pour le peuple, au nom de la lutte contre les « koulaks » ou contre le « populisme » est une constante de l’idéologie.

L’autre motif de résistance peut être à l’inverse  une grande culture  et donc la conscience d’une dimension historique qui interdit de dévaloriser sommairement le passé. Une   culture approfondie conduit à éprouver la complexité des choses et donc à se méfier d’une simplification exagérée du réel telle que l’opèrent les idéologues.

L’idéologie prospère, dit Jean Baechler, chez les demi-intellectuels, assez évolués pour   subir la séduction de la logique, mais pas  assez instruits  pour avoir développé le sens de la complexité et le sens   critique.

Les résistances populaires qu’ils rencontrent  conduisent  les idéologues à se considérer comme une élite, plus éclairée, plus lucide, une avant-garde, voire une secte d’initiés. Lénine a fait la théorie du parti avant-garde. Les SS se voulaient aussi une avant garde idéologique. La Commission européenne se veut explicitement une avant-garde destinée à détruire peu à peu chez les peuples le sens national et son expression économique, le protectionnisme, et à faire entrer les nations d’Europe dans ses schémas nolens volens.   Les  idéologues s’impatientent d’autant plus des résistances qu’ils rencontrent qu’elles ne rentrent pas dans leurs schémas a priori. Au terme de cette démarche, le viol de la volonté populaire tel qu’il a eu lieu à la suite du référendum du 29 mai 2005 au travers de l’adoption d’un traité par les Parlements (l’élite éclairée), reprenant point par point  ce qui avait été refusé par le peuple.  

Les idéologues sont d’autant plus intraitables que l’idée qu’ils véhiculent est porteuse d’une perspective de salut : le socialisme, le dépassement des nations, la paix universelle, la prospérité générale.

Ainsi imbus de certitudes salvatrices, ils remplacent le débat par une démonologie. Ceux qui leur  résistent sont les prisonniers ou les complices des forces du mal.

La haine antiraciste qui prospère aujourd’hui n’a ainsi  rien à voir avec le sentiment des minorités que l’on est supposé défendre, noirs, Arabes, Roms, elle est la haine d’idéologues ayant décrété que le sentiment d’identité était dépassé,  qu’il faut à tout prix  l’extirper comme on extirpait autrefois la sorcellerie et qui sentent confusément combien leur doctrine est artificielle.

De la même manière, on se tromperait lourdement en réduisant la barbarie nazie à l’antisémitisme ancestral, même exacerbé : pour en comprendre la dimension apocalyptique, il faut faire entrer dans l’équation le fantastique multiplicateur de l’idéologie.

 

On n’aurait pas fait le tour de la dimension idéologique de l’intolérance contemproaine si on ne faisait sa part à la haine de soi.  Celui qui s’accommode du monde tel qu’il est et qu’  à bien des égards il a toujours été, n’éprouve pas le besoin de trouver une clef qui permettra sa transformation radicale. Cette philosophie simpliste qui doit permettre de transformer le monde existant en un monde meilleur  implique un regard largement négatif sur le monde tel qu’il est. Il implique la haine du réel et même, à bien des égards, la haine de soi puisque c’est non seulement le monde mais l’homme, tous les hommes, y compris lui-même, que l’idéologue veut transformer en éradiquant le sens de la propriété ou le sens national.

Qui dit haine de soi, dit haine des autres.  Comment aimer autrui comme soi-même si on se hait et si on hait le monde ? C’est pourquoi  les idéologues ont si souvent  le cœur rempli de haine, ils voient partout des « vipères lubriques ». Ils en voient d’autant plus  qu'ils  en portent en eux-mêmes.   Observons un procès  pour  « incitation à la haine  raciale » et regardons le ton  des parties en présence: qui, généralement sue le plus la haine sinon les antiracistes ?  Ce n’est pas sans raison que le regretté  Philippe Muray  a décrit, dans son style inimitable,  les « parties civiles » (les parties civiles de profession, organisées en associations, pas les victimes de crimes ou d’accidents)   comme des chacals haineux  désireux de dépecer un cadavre. En face,  les prétendus supposés racistes sont souvent des gens gentils, amoureux de la vérité, de bonne compagnie. Etonnant renversement des valeurs !

La haine précède-elle ou suit-elle la posture idéologique ? Les deux sans doute. Il est vrai que pour devenir un idéologue, il ne suffit pas d’être inculte, il faut aussi avoir un tempérament aigri  ou frustré. Mais on a vu bien des honnêtes gens  entrés en religion idéologique sous l’effet de la générosité et s’y dévoyer. On a vu  des amis de l’humanité entrer  au parti communiste par amour des « damnés de la terre »  et  finir par épouser les pires aberrations du stalinisme. Céline commença sa carrière comme médecin des pauvres, philanthrope donc. Par quels cheminement en est-il arrivé aux pires invectives antisémites, voir aux appels au meurtre ? C’est sans doute là  le mystère de l’idéologie.

Bien entendu les idéologies sont sous-tendues par des intérêts. Il est probable que l’intérêt et l’idéologie sont aussi inséparables que l’onde et la particule dans la mécanique quantique.  Là où il y a  l’un, il y a l’autre.  Le communisme était sous-tendu par les intérêts de la nouvelle classe bureaucratique dont parle Milovan Djilas. Le mondialisme sert  de manière tellement évidente les intérêts les plus étroits  de l’oligarchie financière mondiale, en élargissant partout l’échelle  des revenus et de la richesse,  qu’on comprendra qu'elle soit soutenue avec force par les grands médias qui appartiennent presque tous à cette oligarchie. Mais  ce serait une grave erreur de réduire les attitudes idéologiques à des logiques d’intérêt. L’idéologie prolonge  et sert les intérêts,  mais elle a  sa rigidité, sa logique propre. Il n’est pas vraiment besoin d’une eschatologie intolérante pour défendre des intérêts. Or, une fois déchaînée, la logique idéologique dépasse largement  les intérêts qu’elle prétend servir. Le communisme ne servait que jusqu'à un certain  point ceux de la nouvelle bourgeoisie russe ; il était en même temps une  terrible contrainte pour elle et un frein au  développement de l’économie russe. Cette bourgeoisie a fini par s’en apercevoir mais   avec   plusieurs dizaines d’années de retard qui furent  du temps perdu. Le nazisme fut une catastrophe autant  pour  la grande industrie allemande, qui,  paraît-il,  l’avait favorisé,  que  pour le peuple allemand.  Le mondialisme est, au dire de la plupart des experts, la cause de la crise mondiale qui sévit depuis 2008.

Non seulement les  idéologies n’ont pas disparu avec la chute des régimes totalitaires, mais elles sont revenues sous d’autres formes. Comme dans un feu d’artifice,  après une explosion initiale, on assiste à la retombée d’une gerbe d’étincelles, après l’explosion fantastique du régime totalitaire, l’idéologie revient sous une fore édulcorée et dispersée comme retombent de toutes parts des brandons. Même s’il n’y a plus ni terreur ni système global, le mode de pensée idéologique pénètre partout. Un de ses effets est de réformer à partir de schémas simples, dans le seul but de mise aux normes, des  matières qui n’avaient pas besoin de l’être et où donc, au lieu de résoudre des problèmes, on en crée. Les exemples foisonnent. Il faudrait tout un ouvrage (que nous préparons) pour les passer en revue. Deux ou trois cas :  cet hiver, la neige a posé un problème grave, alors qu’elle n’en avait presque jamais été un   dans notre pays ; que l’application mécanique de la décentralisation ait  conduit à démanteler les directions départementales de l’équipement, services d’Etat qui fonctionnaient parfaitement,  n’est pas sans responsabilité dans    cette désorganisation. Des voyageurs ont été bloqués pendant plus de 12 heures à Belfort : le démantèlement de la SNCF, prescrit par Bruxelles au nom de la libre concurrence, n’y est pas étranger. De la même manière, on veut fusionner la police et  la gendarmerie au nom de la théorie, ô combien simpliste, que la concentration accroît l’efficacité. Un officier de gendarmerie qui avait exprimé son désaccord dans un article  s’est vu infliger immédiatement la sanction la plus lourde qui soit : la révocation. Ce n’est certes pas le goulag,  mais la violence de cette réaction  est dans la ligne de ce que nous disions des idéologues qui, sachant  confusément qu’ils ont tort, sont à cran.

Il y aurait beaucoup à dire encore sur les racines idéologiques de l’intolérance contemporaine. Il y aurait encore plus à dire sur les moyens de lui résister. A ce stade, nous nous sommes contentés d’appeler l’attention sur un de ses  ressorts les plus fondamentaux. Cette approche ne saurait nous conduire à baisser les bras, au contraire. La seule issue est la résistance. Mais pour résister, la première chose à faire est de bien connaître l’  adversaire, de bien comprendre la manière dont il fonctionne. Les victimes des procès de Moscou, en 1937,  furent complètement décontenancées par une mécanique dont elles ne comprenaient pas les ressorts. Si Zinoviev  avait lu Hannah Arendt, sans doute eut-il été mieux à même   , sinon de sauver sa peau,  du moins de résister à la machine infernale qui l’avait pris entre ses griffes ;  mais le travail de compréhension et d’analyse du phénomène totalitaire commençait alors à peine. Nous sommes aujourd’hui déroutés par la nouvelle intolérance – qui, je le répète, n’est pas une nouvelle forme de totalitarisme, mais un phénomène sui generis,  à analyser en tant que tel.  Quand ses ressorts cachés seront  entièrement démontés et mis sur la place publique,  alors serons nous mieux à même de gagner le combat glorieux que tant d’entre nous ont engagé pour la liberté.     

 

Roland HUREAUX

 

 

 

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:24

ET MAINTENANT LES REPUBLICAINS DEVRONT ORGANISER UNE VRAIE PRIMAIRE 

27/04/2021

Ls Républicains viennent de se doter d’un président , homme de rassemblement certes mais qui, à la différence de ses prédécesseur,  n’a pas jusqu’ici affiché  d’ambition présidentielle.   C’est peut-être l’occasion d’organiser une vraie primaire pour désigner le futur candidat qui portera les couleurs de ce parti à la présidentielle.

Une primaire ? Jamais plus répondra-t-on, avec ce côté expéditif qui caractérise trop de jugements collectifs   ! On en a organisé une en 2016 et on a vu le résultat calamiteux. Ce fut encore pire pour le parti socialiste.

Que nenni !  Disons-le clairement : on n’a jamais organisé en France une vraie primaire, nous voulons dire  à l’américaine, c’est à dire une  primaire étalée sur six  à huit  mois et non bloquée sur un ou deux dimanches.

Quelle différence , dira-t-on ? Elle est considérable. Pour sauter d’emblée aux conclusions,  nous dirons le système utilisé en France était une machine à reconduire « toujours les mêmes ». La primaire à  l’américaine a l’effet inverse : elle a presque toujours fait émerger des hommes  nouveaux.

Et Dieu sait si c’est nécessaire !

La crise des Gilets jaunes a montré la grave perte de légitimité , en France comme dans le reste de l’Europe, des partis politiques classiques.    Il est également significatif que le dernier président élu ait émergé hors de ces partis.

En bloquant le vote sur  deux week-ends, un pour  le premier tour, un pour second, comme on l’a fait en 2016, on instaurait de fait une présélection par la notoriété déjà acquise, c’est-à-dire que l’investiture était   réservée à ceux qui avaient déjà été quelque chose : au minimum président de la République ou premier ministre . Certes Fillon a doublé sur le  fil les deux candidats tenus pour favoris, Sarkozy et Juppé, mais il avait été tout de même premier ministre. Les autres, les « petits candidats » , non dépourvus de  talent  pourtant,  ont été écrasés. En définitive ce genre d’exercice  fut un concours de notoriété déjà acquise.   « Il faudrait , disaient beaucoup de Français, du sang neuf  : pourquoi pas Untel ? ». « Oui , mais qui le connait ? ».   Dans une France qui aspirait   profondément  à changer les têtes, la primaire telle qu’elle a été alors  organisée ne pouvait aboutir qu’à  ne pas les changer . 

 

Une   primaire étalée à l’américaine

 

Les Français ne sont que  trop prompts à imiter l’Amérique quand il ne le faut pas. Autant qu’ils le fassent quand   c’est justifié  : en étalant  les  primaires sur au moins six mois,  en procédant  chaque dimanche   à   une élection partielle   dans un groupe de départements,   on permettra   à des outsiders d’émerger. Gagnant la primaire dans un ou deux départements , ils attirent l’attention des médias et , s’ils sont bons, peuvent continuer  sur la lancée. S’ils ne le sont pas , ils jettent l’éponge. Aux  Etats-Unis les présidents élus, qui avaient au préalable arraché l’investiture d’un  des grands partis,   ont été  presque tous, depuis Carter jusqu’à  Trump,  à l’exception  de  Bush père et fils , des hommes nouveaux.  

Une primaire étalée mettrait en outre en valeur la province , surtout   si  la Région parisienne vient à la fin.

Le parti qui tenterait cette expérience occuperait   le devant de la scène  pendant au moins six mois , ce qui ne  saurait lui nuire. 

Il faut naturellement  faire une primaire ouverte où le vote , voire la candidature,  ne serait pas  réservée aux responsables des partis ni même aux seuls encartés .

Y a-t-il à cette heure  d’autre moyen de   faire émerger des hommes à la mesure des immenses problèmes qui se posent à la France et ainsi de réhabiliter la  politique aux yeux des Français  ?   L’enjeu est encore plus grand : c’est  ni plus ni moins que  de sauver la démocratie qu’il s’agit.

 

Roland HUREAUX

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:22

RETRAITES : UNE REFORME  BIEN  MALADROITE

27/04/2021

Si le but de la réforme des retraites est de conforter  la réputation de réformateur du président Macron auprès d’une certaine  bourgeoisie qui réclame sans se lasser « des réformes, des réformes ! » , qu’importe  lesquelles,  ou des institutions européennes voire des  Allemands qui veulent  aussi que la France est l’air de se réformer, il fallait  en effet faire le plus grand tapage autour de cette réforme , quitte à en rabattre tellement , notamment sur les délais d’application  et qu’elle ne soit plus in fine  que l’ombre d’elle-même.

S’il s’agit au contraire de faire  œuvre utile , le grand  branlebas  qui accompagne la réforme ne pouvait  être que dangereux . Il était en effet extrêmement  maladroit de laisser entendre que  l’on ferait un « big bang » des retraites, que tout le système serait « remis à plat » etc.  C’était on ne peut plus anxiogène  pour des Français légitimement attachés à leur retraite et qui ne savent pas, devant le système complexe qui leur est proposé , s’ils seront gagnants ou perdants, la majorité ayant, à tort ou à raison,  le sentiment de devoir être   perdants. Cela en un temps où l’avenir est particulièrement incertain.

La réforme des retraites   pouvait avoir trois objectifs :

  • Instaurer un système de  retraite par points ;
  • Harmoniser les  régimes ;
  • Alléger le poids des retraites dans l’économie française en retardant l’âge moyen du  départ pour tenir compte du vieillissement de la pyramide des âges  et ainsi   permettre de financer les   retraites  à venir   sans alourdissement  des cotisations.

Un seul objectif aurait suffi

De ces trois objectifs , il eut été plus  habile de n’en choisir qu’un,      . de se concentrer sur celui-là,   quitte à repousser   les autres à plus tard.

L’objectif le plus nécessaire et le plus facile à réaliser  aurait été le passage à la retraite par  points. A condition de  garantir en même temps de la manière la plus formelle la neutralité  financière   pour toutes les catégories.

La retraite par points, bien conçue,  offre plusieurs avantages : le principal est de donner le libre choix de la date de départ aux salariés – et aux autres . L’actuel système comportant  une date seuil  constitue  un préjudice trop lourd pour ceux qui partent trop tôt et rend difficile de partir plus tard.   

Il aurait peut-être permis  de réduire ultérieurement  la disparités de régimes sans  bouleverser les  situations acquises.

Le système de points  permettrait aussi de récompenser ceux et surtout celles qui font le plus pour préparer les retraites de demain : les femmes ayant élevé des enfants , si possible nombreux.  Malheureusement,    ce n’est pas dans cette direction que s’est orienté  le  gouvernement. Le rapport Delevoye faisait entièrement l’impasse sur la question démographique, ce qui est une grave  erreur :

  • Quant au fond car les deux questions , retrait et pyramide des âges , sont intimement liées , comme le savent tous les experts sérieux ;
  • Par rapport à   l’opinion car le calcul de   la retraite par trimestres lui a fait perdre de vue ce rapport  et il aurait été bienvenu que le nouveau système ait à cet égard  une valeur pédagogique que l’ancien n’avait pas. Hélas, ce n’est pas le cas.

En proposant de  fiscaliser tout ce qui n’est pas strictement  financier dans le système par points, Macron  affaiblit d’avance les avantagés  qui pourrait été accordés aux mères de famille et  provoque la suspicion sur le maintien des autres avantages.

Tout cela  montre à quel point la réputation de  Jean-Paul Delevoye est surfaite : il ne  suffit à l’évidence pas d’avoir  été   chef d’entreprise, chiraquien de choc  et à cheval sur la droite et  la gauche pour  être un grand réformateur.

En proposant de  fiscaliser tout ce qui n’est pas strictement  financier dans le système par points, Macron  affaiblit d’avance les avantagés  qui pourraient été accordés aux mères de famille et  provoque la suspicion sur le maintien des autres avantages.

Dernière erreur  :  on a laissé se  répandre dans les hautes sphères patronales et même gouvenemtales que le système par points  pourrait  être le moyen de reprendre sournoisement  une partie  de l’argent qui revenait aux  salariés .

La même rumeur  avait circulé sur la TVA sociale. Des patrons y avaient vu le  moyen de « faire suer le burnous »,   de déplacer encore au bénéfice du capital et au détriment du travail le curseur du partage de la plus-value. Résultat : la TVA dite sociale , pourtant nécessaire  et qui demeure le seul moyen , du point de vue français, de sauver l’euro, s’en est trouvée durablement discréditée.  

Il faut espérer que la présente  réforme, si maladroitement conduite,  n’aboutira pas de la même manière  à discréditer  durablement la retraite par points  qui n’est pas en soi un mauvais idée.

 

Roland HUREAUX

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:20

NON A LA REFORME DES RESSORTS DE COURS D’APPEL

27/04/2021

Quand un gouvernement lance une réforme de l’implantation territoriale de tel ou tel ministère, on peut dire à coup sûr qu’il est court d’idées.

C’est ce qu’on peut penser de celui du président Macron à le voir se lancer dans la réforme de l’implantation des cours d’appel.

Rachida Dati avait commencé de la même manière en réformant l’implantation des tribunaux d’instance.  Elle s’est rattrapée heureusement en mettant en place les peines plancher pour les récidivistes, ce qui était bien plus utile.  

La justice et la sécurité sont parmi les sujets où les frustrations des Français sont les plus grandes. En témoigne entre autres la popularité du général de gendarmerie Soublet,  sanctionné par Hollande pour avoir osé mettre le pied dans le plat.

Il est tout aussi clair que Macron n’a rien à dire sur le sujet. La culture politique qui est la sienne, les soutiens associatifs dont il a profité tout au long de sa campagne l’empêchent de faire quoi que ce soit  qui aille au cœur de problèmes de la justice.

 

Pour amuser la galerie ?

 

Alors pour amuser la galerie et ne pas laisser créneau inoccupé, il lance une réforme territoriale.

Qui croit une seconde que les dysfonctionnements de la justice française viennent de l’implantation des cours d’appel ?

La réforme projetée est doublement inadéquate.

D’abord,  comme dans toutes les réformes territoriales,  on fait fi de l’aménagement du territoire.  Que des villes moyennes comme Agen ou Pau, et pas seulement des grandes, soient le siège d’une cour d’appel était une manière de ne pas  réserver les fonctions administratives de premier rang aux seules   métropoles régionales qui n’ont pas besoin de cela pour exister.    Il y avait aussi l’héritage de l’histoire, toujours respectable.  Sur le plan financier,  on ne  fait pas d’économies, au contraire. La réforme Dati qui avait ce but a eu l’effet inverse : les petits tribunaux ont été fermés mais leurs bâtiments se sont avérés invendables : au centre de Figeac, l’ancien tribunal d’instance a l’allure d’un temple de Jupiter (ou de Thémis), construit bien après que les empereurs romains ont interdit les cultes païens. En revanche il a fallu investir dans de nouveaux bâtiments dans les juridictions où s’est opérée la concentration des services. Il en sera de même pour les cours d’appel.

Ne sont pas seulement concernés les juges mais aussi toutes les professions qui tournent autour : avocats, huissiers etc.

Par ailleurs le déplacement dans les   grandes métropoles va exposer un peu plus les magistrats des Cours d’appel aux tentations des connivences propres aux grandes villes : ils retrouveront dans les cocktails de la préfecture toutes les huiles de la région.

Enfin un projet qui se propose de liquider ce qu’il pourrait y avoir ne disons pas d’irrationnel mais de non orthodoxe dans notre carte administrative a un aspect maniaque, pour ne pas dire paranoïde, il procède d’une volonté de mettre tout au carré, tendance  dont on regrette que l’action administrative se résume aujourd’hui à cela.

Réformer, certes, mais pas n’importe quoi n’importe comment.

 

Roland HUREAUX

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:15

CE  POUTINE EST VRAIMENT DANGEREUX !

27/04/2021

Le dernier numéro de La Revue,   titre,  ironiquement sans doute :  "Poutine, l'homme à abattre" .

Il est pourtant bien certain que  Vladimir  Poutine empoisonne  drôlement  le monde !  

Après 80 ans d'une  démocratie populaire exemplaire,  il a établi en Russie un régime dictatorial:  les élections qui lui ont permis de  devenir président ont été truquées dans une province qu'il contrôlait et cela a suffi pour que son adversaire soit battu.  Il dresse tous les matins la liste des ennemis politiques qui seront abattus  sans jugement  par les services secrets un peu partout dans le monde, même s'il s'agit de citoyens russes, grâce à des drones  ou tout simplement par des tueurs. Les prisonniers politiques les  plus signalés sont destinés  à un traitement spécial: ils sont emmenés hors du territoire russe , dans une   prison installée au Turkménistan, sur le bord de la Mer Caspienne où ils peuvent être détenus sans jugement aussi longtemps que Poutine  le voudra. Avec l 'accord de ce petit Etat jadis partie prenante de l'Union  soviétique, le droit pénal d'aucun pays ne s'applique. Les tortures sont autorisées sans que les juges de Russie aient leur mot à dire. Les prisonniers ne savent pas  quand ils seront libérés, ni même s'ils le seront un jour.

Toujours en Russie,  la police peut , au motif de lutter contre le terrorisme tchétchène , fouiller  votre appartement ou vous arrêter sans mandat judiciaire. Toutes les communications téléphoniques, y compris les portables, et naturellement internet sont écoutés 24 h sur 24  grâce à la complicité des  sociétés privées qui les gèrent.

Non seulement  le régime  a transformé en vassaux tous les pays de son étranger proche, mais il tente de faire régner ses  principes prétendus libéraux sur l'ensemble de la planète. Des fondations, officiellement indépendantes , en partie financées par les oligarques ou bien sur  fonds publics  tentent d' étendre l'influence russe jusqu'aux frontières des Etats-unis. Ces fondations sont particulièrement actives au Mexique  où , sous prétexte de programmes civiques, elles excitent sans répit l'opinion contre le grand voisin. Les services de Poutine répandent l'idée  que,  dans ce pays ravagé par les mafias  de la drogue, un politicien véreux mais proche des Russes est un démocrate.  Est-il par contre proche des Etats-unis ?   Alors c'est un dictateur.   Bien que l'ancien  président mexicain  , pro-américain,  ait été élu selon  les observateurs  internationaux présents à la suite d' élections exemptes de tout reproche ,  ces fondations , avec les services secrets  russes,  ont participé à l' organisation d'un coup d'état qui a permis  de le renverser. Tout a commencé par  des  manifestations à Mexico sur la Place des Quatre cultures  où  la police mexicaine a du intervenir après  que des provocateurs infiltrés  aient multiplié les incidents. L'arrivée de ce nouveau pouvoir insurrectionnel pro-russe est tenu par Poutine et ses sbires  pour une grande victoire de la démocratie au Mexique.  Maîtrisant par des relais directs ou indirects une grande partie des médias  de l'hémisphère nord, Poutine est arrivé à accréditer cette fable.   Dans le nouveau pouvoir installé à Mexico, des néo-nazis s'affichent sans vergogne.

Des idéologues russes ont osé écrire qu'une fois le Mexique complètement débarrassé de toute influence yankee, ce sont les Etats-unis  eux-mêmes qu'il faudra démembrer en 50  Etats indépendants dont aucun ne pourra  désormais peser sur la scène internationale

On pourrait continuer l'examen des méfaits de ce dirigeant à travers le monde.

Au motif de propager son idéologie prétendu libérale, il a déclenché plusieurs guerres, particulièrement dans le monde musulman : les unes , terminées,  ont abouti à plonger certains pays dans un chaos effroyable; les autres qui continuent, se traduisent par des dizaines de milliers de victimes civiles  et se heurtent à une résistance populaire dont on  peut penser cependant qu'elle  finira  par avoir le dernier mot.

Très curieusement, les  Russes appuient presque toujours  dans cette région  les musulmans les plus extrémistes, dits islamistes, au risque de ne plus maîtriser les monstres qu'ils ont fait émerger.

Leurs expéditions militaires coutent cher. Les dépenses militaires considérables qu' elles représentent sont assurées par l'émission de roubles que, grâce à sa puissance militaire , la Russie oblige presque tous les pays de la planète à accepter comme monnaie internationale.

Les 16 services de renseignement  à la disposition   du dictateur traquent tout ce qui pourrait se dire dans le monde intéressant les  intérêts , y compris économiques, de la  Russie. Cette censure  s’est étendue  récemment à la presse numérique et aux réseaux sociaux d’où les oligarques qui les possèdent éliminent tout propos qui leur déplait. Dans des pays de vieille culture démocratique  comme   ceux  de l'Europe occidentale, ils entretiennent  à  grands frais des réseaux d'influence qui contrôlent les grands organes de presse . Seules des  feuilles marginales à petit tirage osent dénoncer ces agissements. Tous les hommes politiques de gauche ou de droite  sont   fichés,  leurs faiblesses connues de telle manière que tous soient sensibles à de pressions au cas où des décisions intéressant les intérêts de la Russie viendraient à être mises au vote.

Il n'est d'ailleurs pas nécessaire de jouer sur le chantage. Certains  sont sensibles  à l'argent.  Mais  la plupart s'inclinent devant l'air du temps, le sentiment qu'il n' y a rien à faire contre la  puissance dominante. Le temps de la servitude volontaire semble  venu.

La Russie, ne rencontrant pas dans le monde d'autre rival  que les  Etats-Unis  a  décidé de prévenir toute attaque qui pourrait venir d'eux en obtenant de Etats qui voisinent avec son grand rival ,  comme  le Canada,  qu'ils installent sur leur territoire  des radars particulièrement sophistiqués et des  batteries de missiles susceptibles de réagir immédiatement sur le territoire des Etats-Unis  en  cas d'attaque imprévue. Des troupes russes viennent même d’y faire leur apparition. Les Russes ne toléreraient naturellement pas que les Etats-Unis fassent de même dans leur voisinage immédiat, que d'ailleurs ils ne contrôlent pas. 

Nul doute que la  Russie représente aujourd'hui  le  principal danger   pour la paix    et   pour  la liberté du monde et   qu'il  est urgent de se débarrasser de Poutine.

 

                                                                       Roland HUREAUX

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:14

LES ETATS-UNIS TOURNENT LA PAGE DE LA DEMOCRATIE

27/04/2021

Quels que soient les vrais chiffres de la dernière élection présidentielle américaine, on ne saurait fermer les yeux sur la crise grave que traverse la démocratie dans ce pays.

L’élection présidentielle a-elle fait l’objet de fraudes importantes, sinon massives ? Personne ne le conteste. Selon les sondages, une majorité d’Américains, surtout républicains mais aussi démocrates, le pense.  Ces fraudes ont-elles été également partagées ? Non, personne n’a accusé Trump d’avoir organisé une fraude massive, seulement les démocrates. Ces fraudes ont-elles inversé le résultat ? Faute d’avoir accès à un dossier complet, il est difficile de le dire. Que la justice ait donné la plupart du temps raison aux partisans de Biden sur ce sujet ne signifie rien dans la mesure où elle s’est très souvent déclarée incompétente, voire a motivé ses décisions par la crainte de troubles : la Cour suprême du Wisconsin a déclaré le recours de Donald Trump contre les fraudes électorales irrecevable, non pour des motifs de droit, mais parce que l’admettre « ouvrirait la boite de Pandore ».

Si ces considérations ne suffisent pas à invalider le résultat, elles témoignent d’une crise de la démocratie, particulièrement grave dans un pays où la Loi avait autant d’autorité que la Bible.

 

Boycottage de la présidence Trump

 

Sous sa forme actuelle, cette crise a commencé avec l’élection de Trump en 2016. Non que le résultat ait été contestable, mais du fait que le camp défait, celui des démocrates partisans d’Hillary Clinton a d’emblée refusé de jouer le jeu avec le nouveau président. Beaucoup de services essentiels (administration, police, CIA, département d’Etat) ont tenté de saboter son action et sont parvenus à faire obstacle à certains de ses projets comme l’apaisement avec Moscou. Le Congrès, dominé par les démocrates,  n’a cessé de tenter de le conduire à l’impeachment (destitution), sous le prétexte fallacieux que le Kremlin l’aurait aidé à se faire élire, accusation que le juge a finalement écartée et qui, sous l’effet de l’acharnement, a été aussitôt suivie d’autres tendant au même résultat.  Cela est sans précédent dans l’histoire des Etats-Unis : on célébrait au contraire le civisme de ce pays où les vaincus jouaient le jeu.

 

Une presse sans pluralisme

 

Deuxième entorse, aussi bien dans la campagne de 2016 qu’après l’élection : la quasi-totalité des médias, télévisions, radios, journaux, ont pris position contre le nouveau président et n’ont cessé, mois après mois, de casser son image ne serait-ce qu’en ne publiant de lui que des photos où il avait l’air d’un furieux. Fox News faisait exception mais a rejoint l’opposition durant la campagne électorale de 2000. Dans ce pays où la télévision d’État n’existe pas, Trump ne pouvait s’exprimer sur aucun canal. Ce n’est pas par narcissisme, comme on l’a dit, mais parce qu’il n’avait pas d’autre moyen d’expression qu’il a multiplié les tweets. Là aussi cette situation est sans précédant. Les classiques du libéralisme nous ont appris que la démocratie authentique exige non seulement la liberté de la presse mais aussi son pluralisme. En Russie, le groupe Novaïa Gazeta que le Washington Post  qualifiait en 2017 de « principal journal d'opposition de Russie » tire, tous titres confondus, à un million et demi d’exemplaires. Certes, les tracasseries ne lui sont pas toujours épargnées pas mais qui s’oppose à Biden – comme à Macron en France ? Durant la campagne électorale de 2000, les choses se sont aggravées : les comptes Twitter et Facebook de Trump ont été coupés.

 

Tout s’aggrave avec Biden

 

Les choses ont bien mal commencé sur le plan des libertés après    la prise de fonctions de Biden. Les partisans de Trump se trouvent gravement menacés, ce qui là aussi, est sans précédent.  Le prétexte en a été la malheureuse tentative de prise du Capitole le 6 janvier.  Il y avait dans la foule des trumpistes déçus mais aussi des personnages troubles déjà aperçus dans les manifestations d’extrême gauche. Et qui leur avait ouvert ?  Coïncidence ? Les représailles contre les partisans de Trump sont tombées aussitôt. Plusieurs grandes banques ont fait savoir qu’elles ne recruteraient pas de partisans de Trump identifiés. Le patron de Forbes, magazine économique de référence, annonce qu’il cassera l’image de toute entreprise recrutant des trumpistes.  Facebook et Twitter ont à ce moment là coupé les comptes de 75 000 personnes engagées dans la campagne de Trump et celui de Trump à vie.

En même temps s’applique une censure des contenus : toute évocation des fraudes électorales, bannie de la presse, était censurée sur les réseaux sociaux, au motif du risque terrorisme ou de trouble à l’ordre public. Il en est de même aujourd’hui de toute critique des vaccins contre le Covid.

Les catégories sociales suspectes d’avoir voté Trump, comme les fermiers, sont soumises à un harcèlement qui les plonge dans l’insécurité.

L’étouffement de la liberté d’expression et les obstacles mis à l’emploi des opposants   s’accompagne de vexations idéologiques qui, certes, existaient déjà, mais se sont singulièrement aggravées depuis l’accession de Biden ressentie comme la victoire de toutes les minorités activistes. Le harcèlement judiciaire de ceux qui enfreignent les tabous idéologiques, sans être nouveau, s’emballe : un enseignant qui n’a pas ouvert la bouche lorsqu’il a entendu prononcer le mot « nigger » a perdu son emploi. Un père a été emprisonné pour avoir appelé sa fille de 14 ans, « ma fille », alors qu’elle avait déclaré qu’elle était un garçon.

La crise du Covid aggrave la répression judiciaire : une femme qui amenait sa fille à l’école sans masque a été dénoncée à la police par les enseignants : sa fille lui a été retirée et est placée.  C’est le nouvel « empire du bien ». Dans le droit fil de sa tradition puritaine, le pays devient une gigantesque maison de redressement destinée à éradiquer tout reflexe sexiste, homophobe, raciste, xénophobe, climatosceptique etc.

Il se dit que, dans cette atmosphère étouffante, ceux qui au cours des dernières décennies, Russes ou Chinois par exemple, étaient venus aux Etats-Unis chercher la liberté veulent rentrer chez eux pour l’y retrouver. Dans un pays où l’essentiel de la matière grise scientifique vient de l’étranger, ce peut être un drame. A force de censure, de discrimination positive, le niveau des universités américaines est sur la pente descendante. Il ne faut pas chercher ailleurs les causes des déboires techniques d’une entreprise comme Boeing.

C’est peut-être pour ces raisons que quinze Etats où on aime la liberté, autour du Texas, ont fait sécession pour refuser la discipline sanitaire, nous rendant le visage des Etats-Unis d’antan.

 

L’Europe touchée

 

Il ne faut pas imaginer que nous Européens échapperons à cette chape de plomb qui est en train d’éteindre la démocratie américaine. La dictature sanitaire justifiée par le Covid sert déjà de kriegspiel à la  mise au pas définitive de la démocratie occidentale que certains envisagent. C’est depuis l’élection de Biden que les Gafams ont commencé à censurer certaines personnalités mal vues à la Silicon Valley : Marion Maréchal, Jordan Bardella, et même Mila, adolescente lesbienne mais, horresco referens, critique de l’islam : cette dernière est suspendue, tenons-nous bien, pour harcèlement, alors que c’est elle qui est harcelée sans discontinuer sur les réseaux sociaux. Pierre Lévy, issu, lui, du parti communiste, a vu le site de son excellent journal Ruptures, affublé d’une mise en garde contre ses relations supposées avec la Russie, dépourvues de fondement. Il est probable que ces atteintes insupportables à la liberté d’expression ne soient qu’une salve d’avertissement avant le grand jeu. Il nous faut lutter pour empêcher de telles dérives, d’autant plus inquiétantes que dans les cercles où se décide le sort de l’Occident, ceux qui ont eu, en ne reculant devant aucun moyen, la peau de Trump, on est de plus en plus fasciné par le modèle chinois, combinaison du libéralisme économique et d’un impitoyable contrôle des populations. Ferguson, l’architecte du confinement, proche de Bill Gates, a avoué au  Times qu’il avait voulu tester le modèle chinois. Face à ces dérives, il nous faut lutter et pour bien lutter, comprendre. Il est urgent que nous ouvrions les yeux sur une dégénéresance rapide de la démocratie dont la dernière élection américaine a constitué une étape essentielle.

 

Roland HUREAUX      

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:12

MONSEIGNEUR CHARLES : L’APOSTOLAT PAR L’INTELLIGENCE

24/04/2021

L’article d’Etienne Fouilloux, historien du christianisme, sur Maxime Charles, partant du commentaire  de  deux livres , de Samuel Pruvot[1] et de Michel Emmanuel[2],  consacrés à ce prêtre éminent,  a le mérite de souligner l’importance exceptionnelle qu’il a eue et qu’il a encore par ses fils et « petits-fils » spirituels dans l’histoire de l’Eglise de France . L’historien  évoque avec raison  la nécessité de compléter   les ouvrages précités qui traitent de sa jeunesse (1908-1939 ), puis de la période où il fut aumônier de la  Sorbonne (1944-1959) par un autre qui nous dirait ce que furent la  période où il était  recteur de la  basilique  du Sacré Cœur de Montmartre (1959-1985) et  ses derniers jours (1985-1993)

Si Fouilloux relève avec justesse beaucoup  de détails relatifs à la carrière de Mgr Charles, il ne semble pas avoir compris pleinement ce qu’il était.

L’image qu’il se fait de sa psychologie :  un  autoritarisme désagréable et en cette période où tout autorité était  contestée, répulsif, est  celle que l’on se faisait de lui chez ses ennemis au sein du diocèse de Paris , mais elle est extrêmement  caricaturale.

Si cette image de vieux ronchon despotique  avait été exacte,  comment expliquer qu’il ait pu attirer autour de lui tant d’intellectuels de qualité, dont beaucoup ont fait  de  brillantes carrières ?  

Le père Charles était trop subtil pour être tout d’une pièce : s’il a sans doute été brutal pour ses prêtres ou  des secrétaires, il  avait plus d’une corde à son arc : il savait se faire tout miel pour un intellectuel de haut niveau (normalien ou agrégé) qui venait à lui. Je ne crois pas que ses disciples qui ont fait de grandes carrières universitaires aient jamais eu à  essuyer  ses foudres. Si, dans leurs recherches, il leur arrivait de s’égarer, il savait les reprendre avec délicatesse et  surtout  clarté. Ce n’est pas anecdotique car il est clair que les étudiants brillants ou jeunes universitaires  étaient,  parmi tous ceux qui venaient à lui, son public de prédilection.  Non par vanité mais parce qu’il savait que les élites ont plus d’influence que les autres et qu’ en définitive c’est  toujours le plus intelligent qui gagne. Il les retenait par cet élitisme  même : si vous êtes ici et si vous étudiez la théologie, c’est que  vous êtes les plus intelligents, ce qu’il ne  faut pas dire deux fois à un normalien.  Une méthode que j‘ai vue  à  la même époque,  appliquer  par les recruteurs maoïstes à l’entrée  de l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud. Il tenait même que « la bêtise est une des formes du péché ».   

Le cardinal Daniélou le qualifia  justement  comme « le  théologien le plus homme d'action et  l'homme d'action le plus théologien ». Mais cela n’en faisait pas pour autant un demi théologien : s’il attira à Montmartre  pour y former ses meilleurs  étudiants les Bouyer, Daniélou,  Le Guillou et même Congar,  ce n’était pas  qu’il ait  eu le moindre complexe d’infériorité à leur égard mais parce que précisément il ne voulait pas être un  chef de secte  qui aurait imposé sa pensée et rien qu’elle :  dès lors que ces théologiens avaient à son gré (ce n’était pas à   le cas de tous)  une doctrine solide, il comptait sur eux pour élargir les horizons de ses jeunes .

Son immense culture théologique, philosophique et  historique le mettait à leur  hauteur .  Mais son esprit féru de classicisme  était comme  une machine à décanter, simplifier et rendre digeste aux plus simples les questions  les plus embrouillées,  sans jamais  en trahir  la substance quoiqu’ en  les desséchant parfois. Un souci pédagogique qui ne le quittait jamais. Mais aussi une forme d’esprit analytique issue peut-être de son Sud-Ouest natal  d’où je venais aussi .

Le primat de l’intelligence qu’il professait à tous les niveaux rend compréhensible ce paradoxe qu’ayant eu une formation théologique très approfondie, il ait demandé  pour premier poste   une  paroisse ouvrière et fut affecté à   Malakoff.  Il  était en cela très éloigné  de cette forme de racisme qui a longtemps prévalu dans les  nominations ecclésiastiques, tendant à considérer que dans  un faubourg ouvrier, il ne fallait  pas un intellectuel.

On peut  regretter qu’il n’ait que peu écrit  (en  dehors des centaines d’éditoriaux des bulletins qu’il publiait ).

Cela nous ouvre à  une dimension essentielle  de Maxime Charles : la priorité absolue  dans un  temps de vie  qu’il  savait limité, qu’il donnait  à sa fonction de  pasteur et à l’apostolat ,    inséparables selon lui  chez le prêtre d’une  connaissance approfondie de la théologie – et bien sûr de la prière .  Cette priorité ne  lui a  pas laissé   de temps d’  un travail d’érudition dont il était parfaitement capable. « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile » ( 1 Co, 9-16) dit saint Paul. C’était sans doute son souci de chaque jour.

Cette  attitude  explique aussi la part  très secondaire  de  la politique dans sa vie  - pour répondre à Fouilloux qui semble y accorder  de l’importance. Certes elle l’intéressait,  tout  comme l’histoire,  plus encore que la philosophie ,  mais elle était pour lui très clairement  du domaine du relatif,  l’annonce de Jésus-Christ étant seule pour lui   essentielle.

C’est pourquoi je ne pense pas qu’il ait  été troublé  par la condamnation de l’Action française par le pape en 1926  : il n’avait que 18 ans et, elle correspondait bien  à son sens de la  priorité du  religieux,  à mille lieues  du « politique d’abord » de Maurras .  S’il aimait l’autorité, je ne l’ai jamais  entendu exprimer la moindre nostalgie de la monarchie, ni  la moindre inclination   corporatiste : il me dit une fois avec sa  légère ironie coutumière qu’il ne voyait pas en quoi  le libéralisme économique  ( nous parlions de Turgot) pouvait être  contraire à la doctrine  chrétienne, ce que n’aurait pas  dit un maurrassien, ni d’ailleurs un démocrate-chrétien.

Moins qu’ une adhésion au maréchal,  l’aumônerie des  chantiers  de jeunesse qu’il accepta sans l’avoir sollicitée,  fut pour lui un chantier d’évangélisation.

Ses disciples les  plus éminents , historiens du Centre Richelieu    ou  philosophes de Montmartre, ont, pour la plupart, été des modérés, allant de la droite classique au parti socialiste. 

Charles partisan de l’Algérie française ? Peut-être un moment,  comme la grande majorité des Français,  mais les nostalgiques de l’Algérie française, comme d’ailleurs  les maurrassiens forment un public très particulier, très présent à  la Fraternité saint Pie X   que je n’ai jamais vu dans son entourage. Dès 1959, il fit un voyage en Algérie qui l’inclina à penser que la France devrait se retirer . Il fut   touché de recevoir de l’Elysée une intention de prière pour  la bonne fin des négociations d’Evian la dernière nuit avant leur conclusion. L’air de veille culotte de peau  ( commandant de réserve) était un peu un genre qu’il se donnait : pour cet intellectuel,  et à la différance de tous les fanas milis,  il était clair que l’intelligence était  première.

Il semble qu’il n’ait pas beaucoup aimé le général de Gaulle. Peut-être.  En tous les cas pas  à cause de la résistance que,  à la différence du très social cardinal Liénart, il n ‘avait jamais tenu  pour un péché mortel.   Il aimait à raconter comment , requis en 1944 de célébrer les obsèques d’un illustre collaborateur abattu par la Résistance ( était-ce Philippe Henriot ? )  et attendu au tournant , il ne prêcha que sur les fins dernières. Ses réticences vis-à-vis du général avaient plutôt des raisons psychologiques. Hommes d’action  et intellectuels tous les deux , ils se ressemblaient  quelque part, chacun  dans son domaine,  et  Maxime  Charles  qui n’avait pas l’admiration facile  n’était pas du genre à faire allégeance au Grand Charles, à  un chef dans quelque domaine que ce soit , surtout  dans le champ politique ;   la part de  romantisme  qu’il y avait chez  général  était en outre étranger à cet esprit classique, tout comme l’homme du Nord exalté au  méridional caustique.  Il se vantait d’avoir toujours voté pour  lui  en faisant abstraction de tout  sentiment  personnel   parce que cela lui paraissait le bien de la France.  

Les autorités ecclésiastiques qui lui étaient supérieures bénéficiaient de sa part de toute la déférence  qui leur était due  mais , par devers lui,  nul doute qu’il gardait toute sa liberté de jugement. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’était pas facile à impressionner. Je ne l’ai cependant jamais entendu  critiquer ni   Jean XXIII,  ni Paul VI, même s’il fut , par ses options offensives, plus proche de Jean Paul II.  Les désaccords l’opposèrent davantage à  l’archevêché  au temps de Mgr Marty, non point sur la ligne de ce dernier que sur  son  absence de ligne qui laissait prospérer toutes sortes d’excentricités,  et , sous couvert de libéralisme , comme c’est généralement  le cas, une intolérance sournoise à l’égard des séminaristes trop proches de lui, contraints de  raser les murs  pour  aller le   voir.   

Il ne fut pas évêque. On a dit que le général de Gaulle y avait mis  son veto  à cause des chantiers de jeunesse, ou encore parce que, dans une réunion du centre Richelieu, il se serait  laissé  aller à parler de manière cavalière  du  général sans savoir que   sa petite fille  était dans le public . Mais il  a su depuis de bonne source que le général, par respect pour l’Eglise,  n’était   jamais intervenu dans  les nominations   épiscopales.  Il faut plutôt mettre ce blocage sur le compte de l’ostracisme propre à tous les corps constitués, surtout ceux qui cultivent  la « collégialité »,   impitoyables  comme on sait aux  personnalités qui sortent de la moyenne . Pétain et De Gaulle eux-mêmes n’auraient-ils pas  fini colonels si n’étaient  survenues, pour l’un la  première , pour l’autre la seconde guerre mondiale ?   Il m’est revenu qu’un  évêché lui fut proposé assez tardivement.  Mais trop  petit et trop  éloigné de Paris où il avait engagé déjà tant d’actions   pour qu’   il accepte . 

Homme de droite assurément, Charles l’était sans complications  - bien que son père   ait été de gauche et anticlérical. Dans la lignée  de saint Augustin, il pensait que les  hommes étant  pécheurs, ils  avaient besoin d’être   gouvernés d’une main ferme. La  politique étant de l’ordre du   relatif ne méritait  aucune pensée  sophistiquée. Il était sceptique sur la démocratie  ou le socialisme comme  sur  toute forme de régime.

La priorité conférée  à l’apostolat explique aussi ses  positions religieuses,  et, partant, la difficulté de définir le « carlisme ». De son point de vue, c’était  tout simplement la doctrine de l’Eglise qu’il devait enseigner, ni moins ni plus. Ni moins : le Concile ne  l’amena à lâcher aucun dogme, mais les vrais dogmes seulement, pas ce qui n’en était pas comme la messe de saint Pie V. Il tenait  Vatican II  pour un concile auquel il fallait se conformer  mais pas pour  un nouveau commencement, un Great reset, dirions-nous aujourd’hui, qui  aurait effacé toute  l’histoire antérieure  C’était et c’est toujours la  positon des  papes et la doctrine même de l’Eglise.

Dans le même  esprit d’orthodoxie , il  avait alerté  Rome sur la  dérive du père Teilhard  de Chardin, non à cause de la théorie de l’évolution  à laquelle il adhérait, mais en raison de l’occultation  du péché originel, très important pour cet augustinien.

Mais où le dogme laissait de la marge, il pouvait prendre des positions très différentes  . Sur certains  sujets, il sut  être très   moderne :  il n’attendit pas Nostra Aetate pour donner une large place à l’Ancien Testament dans l’enseignement et la prière ; il ne cachait pas son admiration pour le peuple juif et  même pour l’Etat d’Israël . Il reconnaissait l’intérêt chrétien de la psychanalyse (mais non du marxisme). Il fit preuve de compréhension vis-à-vis du Je vous salue Marie de Godard, bien que ce dernier ait fait partie du commando venu occuper la Basilique en mémoire de la Commune ( le vœu date pourtant de décembre 1870, soit avant la guerre civile.)  Mais on lui doit aussi la reprise de l‘adoration eucharistique  qui, malgré la  déchristianisation, s’est largement répandue   aujourd’hui.   

Ne pas aller au-delà du dogme et laisser toute sa place à la liberté chrétienne :  c’est dans cet esprit qu’il récusait non sans quelque condescendance pour leur étroitesse intellectuelle ceux qui ne juraient que par saint Thomas d’Aquin. Pas plus qu’il ne s’offusquait de  l’usage de la guitare dans une liturgie.

Le mot d’ordre donné à l’Eglise au temps du concile de « s’ouvrir au monde » lui paraissait incongru : lui qui avait fait la guerre,  s’était bagarré avec le parti communiste à Malakoff, avait des relations , en nombre beaucoup plus important qu’on soupçonne, dans tous les milieux sociaux, s’intéressait à tout , ne se sentait évidemment pas concerné .

Un article de la  revue Esprit des années 80 fut  consacré au mouvement  Communio[3]    mais ses critiques valaient pour le père Charles qui lui avait indirectement laissé  sa marque en en formant les principaux  fondateurs français .  Non seulement  ,  était-il dit,   les gens de Communio  suivent aveuglement le dogme mais, circonstance aggravante,  ils le considèrent comme immuable. L’auteur ne  comprenait visiblement  pas la liberté que donne un dogme immuable, à condition qu’il se tienne à l’essentiel : un dogme immuable laisse  libre de penser sur tout le reste, mais  surtout il est le  point fixe à partir duquel la faculté critique peut s’exercer vis-à-vis de n’importe quelle autorité[4].  Infiniment plus aliénant est un évolutionnisme qui impose à chaque instant d’épouser  la « ligne du parti ».

De ce point de vue, on comprend qu’il soit resté très peu de place pour une forme ou un autre  d’originalité théologique qui permettrait de dire que  le carlisme, c’est ceci ou  cela.

Primat de l’intelligence ( seulement surpassée par la spiritualité) , priorité à l’évangélisation  sur tout le reste  comme  l’érudition ou la politique et refus de toute forme de singularité qui altérerait le message de l’Eglise ,  tel nous est apparu celui que ses proches  appellent encore « Monseigneur Charles ».

 

Roland HUREAUX

Agrégé d’histoire

 

[1] Samuel Pruvot, Monseigneur Charles, aumônier de la Sorbonne (1944-1959), préface par Mgr Guy Gaucher. Paris, éd. du Cerf, coll. « Cerf-Histoire », 2002.

[2] Michel Emmanuel, La vie cachée de l'abbé Charles , 2018 Parole et Silence.

 

[3]  Le mouvement Communio in  Esprit (revue), 1984, n°86, p11-25. Denis P. & Huberlant 

[4] Dogme immuable ne signifie pas le refus de toute progression, mais dans le sens de l’approfondissement , selon la doctrine de Newman,  lequel, par le père Bouyer  était un des maîtres du mouvement montmartrois.

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:10

EN CROYANT QUE L’ELECTION DE BIDEN EST SA VICTOIRE, LA GAUCHE FRANCAISE MONTRE SA DERELICTION  INTELLECTUELLE

18/04/2021

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co393887/en-soutenant-aveuglement-joe-biden-la-gauche-francaise-signe-sa-propre-trah

 

Comment peut-on prétendre que   la défaite de Trump à l’élection présidentielle américaine est une grande victoire de la gauche, de la démocratie  et pourquoi pas du peuple ? 

C’est pourtant ce qui fait aujourd’hui consensus dans la gauche française.

Comment ne pas voir qu’une telle affirmation est stupéfiante d’absurdité si l’on se réfère aux fondamentaux la gauche historique : la paix contre la guerre, les petits contre les gros, l’égalité conte l’inégalité, la démocratie contre tout ce qui peut en réduire le champ.

Commençons par quelques rappels de sociologie électorale. Aux Etats-Unis où le phénomène bobo (bourgeoisie bohême,  soi-disant libérale) a plus d’ampleur que chez nous, les présidentielles ont montré un vote de classe particulièrement tranché. Sur l’échelle des revenus, la partie supérieure vote Biden, la partie inférieure vote Trump. Les noirs faisaient exception, : républicains au temps Lincoln, ils étaient devenus démocrates sous Kennedy, et encore plus sous Obama. Ils ont été sensiblement plus nombreux, cette fois, comme les hispaniques, à voter Trump, cela pour des raisons essentiellement économiques : en bloquant les frontières, Trump a multiplié et revalorisé  les emplois peu qualifiés. Personne , dit-on, dans l‘histoire des Etats-Unis n’avait fait autant que lui pour l’emploi des gens de couleur !   Sur le plan géographique, c’est la même chose : les grandes métropoles (New York, Chicago, Los Angeles, San Francisco) ont voté Biden, et l’Amérique  périphérique , souvent pauvre, pour reprendre la formule du géographe du géographe Christophe Guilluy,  les petites villes du Middle West, les  régions industrielles en déclin,  les campagnes, a voté Trump.

Les cinquante plus grosses fortunes des Etats-Unis dont  Bill Gates, George Soros, les patrons des Gafa, Zuckerberg , Dorsey et Bezos en tête ont  presque toutes  soutenu Biden.  

Parlons maintenait guerre et paix. Les imbéciles voient Trump comme un homme de guerre, une réincarnation des dictateurs des années trente. Rappelons qu’il est le premier président américain depuis trente ans à ne pas avoir entrepris de guerre.  Un présumé fasciste qui ne fait pas de guerre !  Son prédécesseur démocrate, très engagé auprès de Biden, Obama, prix Nobel de la Paix,  en a entrepris quatre dont le bilan cumulé est près d’un million de morts – probablement un record dans l’histoire des Etats-Unis . Non seulement Trump, malgré ses rodomontades face à l’Iran n’a entrepris aucune guerre mais il en a ( presque) terminé deux : Irak et Syrie que les démocrates sont prêts à reprendre ; il a pris des initiatives audacieuses à l’égard de la Corée du Nord et des talibans qui ont contribué à un débit de détente avec ces ennemis jurés.  S’il ne s’est pas rapproché plus de la Russie, c’est qu’il en a été empêché par les démocrates qui l’ont poursuivi inlassablement au moyen de procédures judiciaires , finalement avortées mais qui ont paralysé sa volonté de détente. Biden promet de durcir encore la politique américaine vis-à-vis de la Russie : jusqu’où ?

Parlons de démocratie :  Trump l’aurait menacée. Voilà un dictateur qui a 95 % des médias (qui appartiennent aux milliardaires évoqués plus haut) contre lui.  Zuckerberg a bloqué les comptes du président Trump, entièrement privé de moyens d’expression – et à vie ! Le même s’était vanté que ce serait lui, l’homme le plus riche d’Amérique et personne d’autre qui déciderait de qui serait  le prochain président.  Il est difficile de savoir  si leur  effet aura été décisif sur le résultat final mais pratiquement personne ne nie aujourd’hui l’existence de fraudes massives et seul le côté démocrate en est accusé. Quoi qu’il en soit, la démocratie occidentale sort très affaiblie de ce scrutin. Et  pour couronner le tout, voilà  que plusieurs puissances financières, dont une partie de Wall Street, appellent  à licencier ou interdire d’embauche tous ceux  qui auraient   soutenu Trump. Cela n’empêche pas le nouveau président Biden de dire qu’avec lui les Etats-Unis défendront  plus fermement « le monde libre » : on croit rêver.  Ni le journal Le Monde de saluer son élection comme le « retour de la démocratie » !

Il est clair que la gauche française n’a rien compris de ce qui se passe dans le monde depuis trente ans ; elle n’a pas compris que l’abolition des frontières dont elle a fait son cheval de bataille, était le champ ouvert aux très riches au détriment des plus pauvres que seuls les Etats peuvent protéger – et  que quand les écarts deviennent trop importants, la démocratie n’est plus possible . Elle n’a pas compris que c’était elle qui était devenue totalitaire et non les régimes prétendus extrémistes qu’elle dénonce. Pas davantage qu’en ayant abandonné sa dimension sociale, au bénéfice du sociétal, elle n’est plus qu’une   immense imposture destinée à tromper les peuples au bénéfice des puissants, que la haine du populisme sur laquelle elle fonde désormais sa légitimité, est en réalité la haine du peuple.

Si les gens de gauche sincères, attachés à la pax, à la démocratie, à une plus juste répartition de richesses, n’opèrent pas une totale révolution  intellectuelle, s’ils  ne se mettent  pas à regarder  la réalité telle qu’elle est, ils seront  les  complices d’une des plus grandes impostures de tous les temps.

 

Roland HUREAUX

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:09

MALGRE LES EXAGERATIONS COMPLOTISTES, BILL GATES EST VRAIMENT DANGEREUX

18/04/2021

A un moment où se réalise le rêve de Bill Gates : une campagne mondiale de vaccination pouvant déboucher sur une contrainte de masse (passeport sanitaire etc.), il convient de se pencher une nouvelle fois sur le personnage.

Pour ne pas passer pour « complotiste » essayons de poser avec précaution un pied devant l’autre. 

S’agissant de Bill Gates, réputé quatrième fortune mondiale (après avoir été la première), je dirais ceci :

  1. Qu’il ne fait pas de doute qu’il a déclaré à plusieurs reprises – mais pas récemment - qu’il y avait dix fois trop d’hommes sur la terre et qu’il fallait donc réduire la population du globe de 90 %.  Il n’est pas le seul : le chiffre d’un optimum « scientifique » (ce qui n’a aucun sens) de 700 millions habitants circule dans les hautes sphères mondialistes généralement malthusiennes.  Jeffrey Sachs qui, dit-on, conseille le pape le cite aussi.    

 

  1. Qu’il ne fait pas de doute non plus qu’il a, depuis qu’il a pris sa retraite de Microsoft, investi beaucoup dans la santé, en assurant notamment 12 % du budget de l’OMS, où il a donc une grosse influence et où il préconise une vaccination générale de tous les terriens, assorti de l’introduction dans le corps d’une puce électronique permettant de vérifier que tout citoyen du monde est bien en règle.  Inoculation qui doit être expérimentée bientôt au Bengladesh ; vaccination multiple qui couvrirait entre vingt et trente maladies.

L’influence de Bill Gates se traduit entre autres par le rôle clé de certains de ses proches comme le Dr Anthony Fauci, chef de la cellule de crise de l’administration américaine face au Covid  ou le Pr Neil Fergusson, consultant, expert de l’Imperial College de Londres,  auteur du premier plan de confinement basé sur la prévision qu’il y aurait un demi million de morts au Royaume-Uni.

Est-il vrai que des campagnes de vaccination dans certains pays du Tiers monde comme le Pérou ou le Kenya promues par  la Fondation Gates ont permis d’inoculer en catimini aux femmes des stérilisants destinés à faire baisser la natalité ? Cela se dit, mais mérite un examen plus approfondi. Personne ne pense que ce soit impossible.

En tous les cas, la Fondation Bill et Melinda Gates (Melinda est sa femme très impliquée dans ses programmes et qui se dit catholique) est accusée par des médecins indiens d’avoir rendu infirmes des dizaines de milliers d‘enfants en Inde à la suite d’une campagne de vaccination qu’elle avait financée.  L’avocat Robert Kennedy Jr, neveu de l’ancien président    a récolté 410 000 signatures pour que la justice américaine lance une investigation sur ses activités    qui conjuguent le messianisme et les intérêts financiers :

« Les vaccins, pour Bill Gates, sont une philanthropie stratégique qui alimente ses nombreuses entreprises liées aux vaccins (y compris l’ambition de Microsoft de gérer une entreprise mondiale de vaccino-identification) et lui donne un contrôle dictatorial sur la politique de santé mondiale – la pointe de lance du néo-impérialisme d’entreprise » (R. Kennedy Jr).

Ni médecin ni pharmacien, Bill Gates s’est prononcé contre le recours à la chloroquine : qui s’en étonnera ?  Comme tous les traitements du Covid, elle conduirait à diminuer la demande de vaccins.

Quelqu’un comme lui  n’est pas du genre à parler en l’air . Il a montré dans sa vie professionnelle que quand  il  disait quelque chose, il le  faisait . Il est peu probable qu’il laisse le travail  aux   générations  à venir.

Rappelons aussi qu’il voit régulièrement Macron qui vient d’accorder une contribution exceptionnelle d’un demi-milliard à l‘OMS, étonnante générosité à l’égard d’un organisme corrompu quand on sait l’état de délabrement de nos finances publiques. 

Pour écarter encore une fois toute accusation de complotisme, précisons que nous n’accordons aucun crédit à l’idée que Gates aurait pu jouer un rôle dans le déclenchement   de l’épidémie de Covid-19.  Il reste que cet homme  est dangereux.

 

Roland HUREAUX

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 14:07

LE RASSEMBLEMENT NATIONAL PERD SA CREDIBIITE EN DEMANDANT LA PROPORTIONNELLE

18/04/2021

Une fois de plus,  Marine Le Pen a , il y a quelques jours,  demandé l’instauration de la proportionnelle aux élections législatives , intégrale  qui plus est.

Cela est parfaitement contradictoire avec les attentes que près d’un quart des Français mettent à tort ou à raison dans ce parti.

Si  des millions de Français votent pour Marine le Pen , ce n’est pas pour qu’elle dirige la République à la petite semaine à la  manière  de René  Coty.

Ils attendent , d’elle ou d’un autre équipe de rupture quelle qu’elle soit, un changement complet d’orientation sur toute une série de problèmes majeurs qui ne  cessent de s’aggraver  : non seulement l’immigration  et la sécurité dont le RN a fait son fond  de commerce, mais le fonctionnement  de  l’Etat, la justice, l’éducation nationale, l’administration  locale  et bien sûr la politique économique.

Ces bouleversements espérés par beaucoup  sont  un chantier immense . Est-il nécessaire de dire qu’une coalition    de type centriste, comme elles  qui émanent d’un système proportionnel façon  IVe République, ne trouverait  jamais  une majorité  pour effectuer ces changements ?

Changements que nous appellerions réformes si le mot n’avait été galvaudé par de centaines de pseudo-réformes technocratiques par lesquelles le système s’est prolongé au cours des ans , aggravant chaque jour les problèmes au lieu de les résoudre.

Le général de Gaulle, une référence que les responsables du RN ne devraient pas négliger , disait que quand les hommes  ne sont pas à la hauteur ,   les politiques menées seront mauvaises quelles que soient les institutions mais que ces institutions doivent préserver les   moyens de mener une bonne politique pour les hommes compétents et décidés à prendre en main les problèmes  du pays,  le jour où il s’en présentera – et où le suffrage universel les portera au pouvoir.

 

L’esprit de la Ve République : donner les mains libres aux bons

 

C’est précisément ce que  permettait la constitution de la  Ve République,  assortie de scrutin majoritaire qui   n‘est  pas dans la constitution mais s’en trouve aujourd’hui inséparable. Seul un scrutin  de ce type peut donner à un nouveau  président une assemblée  lui permettant de  mettre en œuvre la politique pour laquelle il été élu : pour  le pire comme aujourd’hui,  pour le meilleur,  faut-il espérer,  demain.  Et l’expérience montre que cette  majorité sera d’autant plus large que l’élu (e) était  au départ  éloigné du système en place : cf. 1981, 2017.

Le système de vote pour lequel  se bat Marine  le Pen n’est pas de gauche, il n’est pas de droite, il trouve ses  meilleurs défenseurs dans le marécage centriste  , celui qui, sous un régime de  proportionnelle,  ferait tous les arbitrages, quel que soit le locataire de l’Elysée.  Autrement dit, avec la proportionnelle, le système , dont nous voyons ces jours-ci à quel degré d’exaspération il pousse   un peu partout les Français, aurait  encore de beaux jours devant lui .  

Réclamer à cors et à cris  le proportionnelle intégrale a une signification très claire : « notre  préoccupation majeure n’est pas  de répondre aux immenses attentes des Français mais d’  avoir un peu plus de places  dans les assemblées et de prébendes dans l’appareil d’Etat » .   Ce n’est  évidemment pas ce que les millions de Français  qui ont voté pour     Marine le Pen attendent d’elle . Si Macron qui, lui, compte  tenu de la  nature  de sa politique  s’accommoderait  tout  à  fait  d’une proportionnelle intégrale,   réussissait à l’instaurer,  aucun espoir ne subsisterait de  résoudre un jour de manière démocratique les  problèmes de la  France. Qui dit centre dit mainstream , national ou international, celui-là même dont nous crevons. La gouvernance mondiale qui a mis la main sur  notre pays  ne lâcherait plus  sa proie. 

 

Roland HUREAUX

 

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