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Roland HUREAUX

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:44

De récentes affaires ont tendu les relations entre la papauté et une partie des   catholiques français  : le motu proprio Traditionis custodes  du 16 juillet 2021  et ses suites, dont l’objectif avoué est de faire disparaitre  l’usage du latin dans l’Eglise, l’interdiction de six ordinations dans le diocèse de Toulon, interférence du pouvoir romain sans précédent, même aux pires époques de centralisme, l’ inspection de l’archevêque de Strasbourg ( sans consulter l’Etat alors que l’Alsace est en régime concordataire) . Ajoutons l’indifférence dans laquelle a été reçu en France le mouvement synodal voulu par le pape François : les réunions n’ont attiré que quelques vieilles personnes habituées des sacristies ; pas de jeunes : un échec.

Tout se passe comme si le pape jetait sur les églises d’Europe et singulièrement celle de France un regard décalé d’au moins trente ans.  Pour lui, des structures et des habitudes vieillies ont persisté malgré le concile Vatican II ; il est temps de réaliser le véritable aggiornamento souhaité en son temps par le pape Jean XXIII.  Le tempo auquel se réfère ainsi le pape est sans doute celui de l’Eglise d’Argentine, en retard, comme beaucoup d’Eglises d’Amérique latine,  sur le mouvement général de la catholicité.

Cette vision , si elle est bien celle de Rome, comme cela semble être le cas, est un contre-sens.

 

Le grand chambardement a déjà eu lieu

 

Le bouleversement   des habitudes que le pape François souhaite susciter dans l’Eglise de France a déjà eu lieu entre 1965 et 1975. Il s’est traduit par l’abandon de plus de 2000 prêtres, une chute rapide des ordinations, jusqu’à l’étiage inchangé depuis 1975 au niveau   de 100/150 nouveaux prêtres par an , ce qui n’est pas rien, par des bouleversements liturgiques hasardeux et l’éloignement de l’Eglise d’une partie croissante de la population . C’est à ce moment là que se sont multipliés les faits de pédomanie : il s’agit d’ un moment de l’histoire de l’Eglise et non d’une constante : le mot d’ordre, plus soixante-huitard que  conciliaire , était pour les prêtres et les laïcs de se « réaliser ».  

Ce traumatisme a été aggravé par la dureté avec laquelle les évêques de France ont   appliqué la réforme liturgique, confondant la permission avec l’ obligation de dire la messe en français,  qui s’est traduite par le schisme de Mgr Lefèbvre – qui avait pourtant voté presque toutes les motions du concile.

C’est pourquoi  l’élection de Jean Paul II fut si bien accueillie dans notre pays  : poursuivant et même amplifiant l’engagement du Saint-Siège dans la défense des droits de l’homme, le pape polonais mit fin à un certain nombre d’extravagances théologiques et liturgiques qui avaient marqué l’après-concile, restaurant en particulier la rigueur dogmatique traditionnelle de l’Eglise par un catéchisme devenu une référence . Son successeur Benoît XVI reconnut officiellement une diversité liturgique à même de faire cohabiter de manière bien plus pacifique qu’on ne l’a dit les rites latin et français .

L’expérience « progressiste » des années soixante et soixante-dix s’est également essoufflée parce que les individus et les familles qui ont fait ce choix ont généralement perdu la foi et n’ont suscité pratiquement aucune vocation   sacerdotale. 

On peut dire aujourd’hui qu’environ les deux tiers des séminaristes français sont issus de la mouvance traditionaliste , même quand ils font le choix de séminaires diocésains pour éviter les problèmes de débouché, et le restant  d’une société laïcisée peu concernée par les questions internes à l’Eglise.

C’est dire que les orientations du pape François sont apparues comme singulièrement déphasées par rapport à    l’histoire réelle de l’Eglise de France.

Ces orientations ont redonné un semblant de vie aux   tendances « progressistes » qui subsistaient mais de manière totalement artificielle . Le fait qu’elles contrôlent l’essentiel de la presse catholique ou certaines instances bureaucratiques d’Église ( le secrétariat de la Conférence des évêques de France par exemple) fait croire qu’elles vivent encore. Mais cette vie n’est que d’apparence.  L’Eglise dite conciliaire ne suscite qu’indifférence chez les jeunes.

A l’inverse , les jeunes sont nombreux pour suivre la liturgie latine là où elle a été maintenue ou restaurée . Dans une commission du Vatican, un cardinal éberlué par ce fait a supposé que ces jeunes étaient atteints d’une maladie mentale !

 

Un retour en arrière idéologique

 

Ce qui reste de « progressistes », plus dans le sommet de l’Eglise que sur le terrain,  sentent bien que la situation leur échappe.  Comme tous les idéologues confrontés à une contestation, de la même manière que dans la vie civile, ils se crispent pour préserver leur dogme – celui d’une évolution linéaire de l’Eglise dans le sens du « progrès » , et sont tentés de l’imposer   à toute force par l’autoritarisme.  Au vu de dernières décisions, le Vatican se prête assez clairement à ce jeu. Singulier paradoxe en effet d’une institution qui prône partout la décentralisation et la démocratisation ( dite synodalité) en même temps qu’elle se fait   plus autoritaire et interventionniste que jamais.

Cet autoritarisme est désastreux : il amène une méfiance a priori pour les prêtres ou les communautés religieuses les plus remplis d’ardeur missionnaire, lesquels , sans être des intégristes, tournent rarement le dos à la tradition. Il s’ensuit des persécutions mesquines de style bureaucratique.   Comme animée d’une pulsion suicidaire, l’Eglise de France suspend ou relègue au placard,  pousse parfois aux extrémités,  ses meilleurs éléments, dissout des communautés dynamiques.   

Un jeu complètement artificiel . On cherche en effet en vain les percées intellectuelles qu’aurait permises le prétendu progressisme ; il se résume à quatre ou cinq questions touchantes toutes , de manière obsessionnelle,  à la sexualité,  les mêmes depuis soixante ans :  le mariage des prêtres,  l’ordination des femmes, la réhabilitation de l’homosexualité, les divorcés remariés. Comment s’étonner que la jeune génération à la recherche d’un absolu qui tranche avec la confusion du temps, trouve lassantes ces ritournelles soixante-huitardes dépassées ?

 

Tradition et avenir

 

Je n’y ai longtemps pas cru, pourtant les faits récents montrent que le retour à la foi , s’il a lieu , se fera probablement sous l’inspiration traditionaliste  (  ce qui ne veut pas dire schismatique) . Les tentatives d’étouffer cette tendance ne sont que des combats d’arrière-garde.  

Le modernisme des années soixante et soixante-dix a été aussi stérile en matière liturgique que théologique. L’autorisation du culte en français par le Concile a donné naissance à une masse de cantiques médiocres, généralement triomphalistes. Paradoxe en effet : alors que ce sont généralement les ultra-conciliaires   qui dénoncent le triomphalisme d’autrefois ,  c’est dans le nouveau cadre que se sont multipliées des liturgies voulues « festives », donnant l’impression que la communauté se célèbre elle-même ( un reproche qu’on pouvait déjà faire aux cantates de Bach ! ).  Une autocélébration ennuyeuse : voilà où mène le sacrifice de la sacralité à la dimension « communautaire ».  Rien à voir avec l’immense monument du grégorien , tourné vers la seule transcendance , totalement empreint de l’humilité monastique, un héritage aussi précieux que les cathédrales romanes et gothiques[1].    

La conviction que l’usage du rite ancien,  pas seulement par les lefèvristes, est une relique du passé qui s’effacera au moyen de quelques coups de crosse, fait penser à celles des assemblés de la Révolution française, dont la majorité de membres , imprégnée de la philosophie de lumières,  pensait que la religion catholique était une survivance dont quelques lois viendraient vite à bout.  Parmi ces lois, la Constitution civile du clergé qui leur parut anodine mais qui violait les droits historiques de l’Eglise de France. Ils durent déchanter : la question religieuse entraina la guerre civile , puis , après maintes tribulations, la réhabilitation du catholicisme sous la forme du Concordat de 1801 et, on l’oublie,  le retour d’une partie de la population à une foi plus ardente qu’avant, d’où émana au XIXe siècle une floraison sans précédent de   saints français.

 

Roland HUREAUX

 

13/8/2022

 

 

 

[1] Nous n’établissons pas pour autant de relation entre l’attrition du latin et l’étrange incendie de Notre-Dame.

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:42

Les Français ont longtemps été fascinés par les Scandinaves , spécialement par le « modèle suédois », peu différent de celui des autres pays nordiques.

Il est vrai que ces pays ont bien su mener leur barque sur le plan économique. Peu peuplés, il leur suffisait de quelques spécialités technologiques pointues pour équilibrer leur commerce international et financer un système social développé.

La propagande a fait le reste ; jamais un Suédois ne dit du mal de son pays ; alors qu’à l’inverse les Français ne cessent de dénigrer le leur.

Le modèle suédois était unique dans les années soixante-dix :  transferts sociaux élevés, souci d’ assurer le développement optimum de l’enfant et surtout liberté sexuelle faisaient rêver .

Pourtant, dès 1971, l’essayiste britannique Roland Huntford[1]   mettait n’en garde contre un « nouveau totalitarisme », une société étouffante d’où , sans que la police ait besoin d’intervenir, un pesant conformisme social-démocrate régnait en maitre.  Le souci hygiénique , issu du moralisme protestant, donnait aux services sociaux un droit d’intervention large dans la vie des familles, jusqu’ aux abus que l’ont trouve évoqués dans les romans de Stieg Larsson . Un enfant pleure trop fort, les voisins vous dénoncent et l’enfant est placé.

Aujourd’hui, ce modèle fascine moins parce que la société française l’a largement rattrapé :  l’évolution des mœurs,  le poids de l’Etat, un nouveau moralisme oppressif de type woke  se conjuguent pour nous mettre au même niveau que la Suède.

Dans cette période bénie où s’affirmait une singularité suédoise , ce pays a témoigné   d’autres qualités ; la première est l’ indépendance fondée sur une neutralité qui dure depuis   1815. C’est grâce à elle qu’il   n’a  participé à aucune des guerres mondiales . Durant la guerre froide,  le premier ministre Olaf Palme se mit,  non sans brio,  à l’écart de l’Est comme de l’Ouest – il se peut qu’il en soit mort 

La neutralité de la Finlande fut une acquisition récente. Intégrée à   la Russie jusqu’en 1917, elle sut repousser son puissant voisin en 1940,  non sans recourir à l’aide allemande puis occidentale. Sa bravoure permit à la Finlande de trouver un statut original de neutralité : Staline consentit à ce qu’elle reste un Etat démocratique à condition qu’elle ne rentre pas dans l’OTAN , une solution qui ne fut pas permise à la Pologne ni aux autres pays de l’Europe centrale et orientale sous occupation soviétique , une solution qui fut envisagée plus récemment pour l’Ukraine et qui aurait évité la guerre ,  que , cette fois, le jusqu’au boutisme américain a empêché d’aboutir.

La neutralité était aussi un facteur de prestige. A cause d’elle,  ces pays ont pu donner de hauts fonctionnaires internationaux de grande classe comme les Suédois Dag Hammarskjöld ou Hans Blix.

Mais aujourd’hui tout change : la Suède et la Finlande , pris dans l’hystérie occidentale antirusse répandue par toutes les techniques d’influence développées à Washington , veulent à toutes forces jeter aux orties leur neutralité , comme d’autres leur virginité et adhérer à l’OTAN ; seul le veto d’Erdogan freine pour le moment cette adhésion.

Quel singulier paradoxe !  La Suède n’a pas eu peur quand , à ses portes, Staline massacrait des dizaines de millions de gens, quand , au plus fort de la guerre froide, l’ immense arsenal nucléaire soviétique se déployait dans son périmètre proche , appuyant une doctrine, le communisme,  qui ambitionnait ouvertement de conquérir le monde . Même chose pour la Finlande.

Et maintenant , voici que ces pays sont paniqués par  la  Russie de Poutine, qui n’a rien  de comparable à ce que fut  jamais l‘Union  soviétique , une Russie où seuls quelques empoisonnements  , plus ou  moins ratés,  sont reprochés au régime , un régime qui n’a aucune idéologie à exporter sauf la religion orthodoxe sans prétention à la conquête du monde,  où  Poutine a dit expressément qu’il était prêt  à vivre en paix avec tous ses voisins , ce qui valait autant pour  la Finlande que pour l’Ukraine,  à  condition qu’ils n’adhèrent pas à une alliance ouvertement hostile à la Russie.

Qui peut penser que la sécurité de ces pays serait améliorée par une telle adhésion ?  C’est clairement le contraire. Jusque là neutres, il se placent dans une position d’antagonisme ouvert vis-à-vis d’un proche voisin   ; le cas ukrainien montre clairement que les Etats-Unis ne sont pas prêts à risquer un affrontement direct  pour de petit pays d’Europe septentrionale ou orientale, qu’ils soient hors de l’ OTAN – et même dans l’OTAN. Le général de Gaulle avait en 1966 dit combien l’engagement américain en Europe était problématique dès lors que des représailles étaient possibles sur le territoire des Etats-Unis . Cela valait dans les années soixante où les Etats-Unis étaient les plus avancés . Cela vaut encore plus aujourd’hui où il n’est pas certain que la force militaire de la Russie ne surclasse pas celle de l’OTAN

Non décidément les nordiques ne sont pas si intelligents qu’on croit.

Roland HUREAUX 

14/8/2022

 

 

 

 

 

[1] Roland Huntford, Le Nouveau totalitarisme , 1971.

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:41

Qui attendait quelque chose de la réélection de Macron ? Il y avait ceux qui voulaient un changement de président, 70 % des électeurs, et ceux qui rejetaient les principaux candidats qui se proposaient de le remplacer : Le Pen, Zemmour et Mélenchon. Mais rejeter n’est pas espérer. Qui d’ailleurs, parmi ceux qui ont permis au président d’être réélu, a  lu le pensum insipide que constitue son programme ?

Un programme sans idées

Ce programme ne nous apprend d’ailleurs pas grand-chose de ce qui va se passer dans les prochaines années.

Il ne contient aucun changement de cap : d’abord parce que Macron est un idéologue du pseudo-libéralisme woke, alliance de l’extrême gauche sociétale et d’une politique qualifiée à tort de   libérale parce qu’elle favorise les plus riches.  Son positionnement n’est pas très différent de celui de Biden et de la plupart des dirigeants de l’Europe occidentale.

Disons aussi que Macron n’a jamais fait preuve d’imagination : quand, sur les différents sujets, on croise les directives internationales (pas seulement Bruxelles, mais Davos, l’OCDE, l’OMC, le GIEC etc.) et les propositions en attente dans les tiroirs de la technocratie française, on a beaucoup de chances de trouver le programme de Macron. Avec le côté woke : testing (c’est-à-dire diagnostic) obligatoire des entreprises pour veiller à ce qu’elles ne pratiquent aucune discrimination, de sexe, de genre, de race etc., mise en fiche des auteurs de violences conjugales, mise à l’étude de l’euthanasie, extension des droits des concubins (même non pacsés), nouveau coup porté au mariage. …

Avec l’ultra écologisme des instructions de Davos : neutralité carbone de la France qui doit être le premier pays à y arriver, en 2050, ce qui signifie la continuation de la destruction de l’industrie et de la circulation automobile non électrique, la mise en chantier de 50 parcs d’éoliennes : fâcheuse volonté d’être exemplaire, exaspérante pour nos voisins, destructrice pour nos intérêts.

L’accession à la propriété en sera pas encouragée au bénéfice d’une extension illimitée du parc social : là aussi c’est l’idée de Davos qui veut détruire la petite propriété foncière et ne laisser, hors la très haute classe internationale, que des locataires. La conjugaison de la suppression, déjà faite, de la taxe d’habitation et de celle, promise, de la CVAE (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises), laissera peu de matière imposable hors de la propreté foncière.

Le reste est la rhétorique technocratique habituelle qui ne sera sûrement pas suivie d’effets : réduire la dette à partir de 2026 (ça na coute rien de le dire), moderniser l’Etat (un objectif qui laisse de côté fâcheusement la réduction des effectifs sachant que les mauvaises modernisations sont la cause principale de la hausse des effectifs et de toute une série de dysfonctionnements qui exaspèrent fonctionnaires et citoyens ).

Parmi les rossignols qui trainent dans tous les programmes depuis vingt ans, l’instauration d’un conseiller territorial qui serait à la fois conseiller régional et conseiller départemental. Projet très difficile à mette en œuvre :  c’est la promesse de nouvelles complications, avec la certitude de ne faire aucune économie à l’arrivée. Il part de l’idée fausse qu’il faut porter remède au « mille feuilles » français, idée répétée partout alors que la mille-feuille existe ailleurs et qu’il y aurait d’autres manières, plus simples, de le réduire, par exemple en supprimant les régions, ou de le rendre moins coûteux, comme  en réduisant les indemnités et les effectifs des différentes entités.

Sur certains sujets, tout idéologue qu’il est, Macron semble revenir en arrière : plus question de GPA, pour ne pas effrayer , retour mesuré au nucléaire (6 EPR annoncés), mais il ne fait que suivre les idées de la sphère internationale, notamment Davos moins négatif sur le nucléaire depuis quelques mois, réalisme oblige.

Et on retrouve les aberrations de tous le programmes comme la promesse de pouvoir porter plainte en ligne, qui existe déjà.

Voilà quelques éléments du programme de Macron, que nous aurions pu développer davantage, mais nous n’avons pas voulu ennuyer  le lecteur.

D’autres promesses tendent à   élargir la démocratie : un grand débat national, la proportionnelle (dont on connait les dangers) …

Peu ou pas  d’idées sur des secteurs critiques comme l’éducation nationale (hors le retour aux mathématiques pour tous que le même  Macron avait supprimées), la sécurité (on ne touche pas à la justice qui est le cœur du  problème), l’immigration, le chômage, la dictature sanitaire, prête à revenir si on en croit son  grand prêtre international Bill Gates, la  vieille ritournelle  d’occuper les chômeurs à faire quelque chose, très difficile à mettre  en œuvre, rien sur l’énergie, sauf les éoliennes . Macron est en panne d’idées sur les questions les plus décisives.

En bref, la réélection de Macron ne laisse présager la solution à aucun de grands problèmes qui préoccupent les Français :  sécurité, éducation, immigration, réduction des libertés, complication administrative, stagnation économique – et a fortiori déficits, endettement, baisse du niveau de vie. Macron II, c’est la politique du chien crevé au fil d’eau.

 

De graves défis nous attendent

Alors cinq ans d’un long fleuve tranquille ? Gardons-nous de le croire. Le bref panorama que nous venons d’esquisser laisse de côté les défis le plus importants auxquels la France est déjà confrontée et le sera encore davantage.

Le reste a trait aux suites du covid :  Bill Gates en annonce une autre vague, sous deux ans, plus terrible que les précédentes. Comment le sait-il ?  Vérifiée ou pas, cette vague entrainera de nouvelles mesures de confinement, un renforcement de l’obligation vaccinale et de toutes les mesures attentatoires aux libertés. Gageons que Macron réélu vaudra être là aussi le meilleur élève de la classe de la répression sanitaire.

La question du covid débouche sur celle encore plus grave, du great reset. Klaus Schwab et ses conseillers ont concocté à Davos que les mesures prises contre le covid    devaient être tenues pour le prélude à une grande remise à plat du monde (c’est-à-dire une révolution radicale) comportant la réduction de la population et de la consommation d’énergie spécialement de l’énergie   fossile. Comment ? En interdisant rapidement le diésel qui a le défaut d’être le carburant du pauvre, celui des gilets jaunes, et à terme,  de tout  carburant autre qu’électrique.

Ce plan part de présupposés fous : une surestimation apocalyptique du réchauffement climatique, la méfiance irrationnelle du nucléaire, la haine de l’industrie dite « brune », c’est à dire de l’industrie tout court, la volonté de réduire la population mondiale. L’application de ce plan qui a déjà commencé dans les directives de Bruxelles, serait la ruine de l’Europe, le retour au niveau économique et au niveau de vie qui est celui du Maghreb. Pourquoi de l’Europe ? Parce que les autres continents ne prennent pas ces perspectives au sérieux : Russes, Chinois, Indiens et même une partie des Américains, riant in petto, regardent les pays de l’Union européenne planifier leur propre suicide, sans objecter. Les promesses qu’ils font d’accompagner ce mouvement de décroissance sont de la rhétorique parfaitement hypocrite.  

Se conjugue avec la question du Great rest, celle des sanctions suicidaires infligées à la Russie qui sont bien davantage des sanctions que les Occidentaux s’infligent à eux-mêmes.

De ces sanctions, les Américains n’ont cure. Ils pressent les Etats européens de prendre des sanctions de plus en plus dures et pendant ce temps leur commerce avec la Russie se trouve en croissance. Mais les Européens, dument manipulés par Washington sont pris d’une frénésie irrationnelle qui leur fait oublier toutes les prudences diplomatiques et les amène à faire de la surenchère. Comme le souhaite Davos, ils vont s’obliger à réduire de manière drastique leur consommation d’énergie fossile, ce qui va entrainer une hausse des prix insupportable pour la plupart des budgets populaires. Quelle signification peut avoir le programme de Macron si une moitié des Français n’a pas de quoi se chauffer à l’hiver prochain ?  

Pour y parer en partie, il faudrait réviser complètement les règles absurdes du marché européen de l’énergie pour que les Français puissent profiter de leur électricité nucléaire à bon marché. Mais ce n’est évidemment pas à l’ordre du jour.

La hausse des prix de l’énergie va aggraver l’inflation qui s’est esquissée au cours des deniers mois en raison de la multiplication des déficits et de la création monétaire dans toute l’Europe. L’inflation est euphorisante au début, destructrice à terme. Macron a, dans sa campagne, profité de cette euphorie, sans encore avoir à payer l’addition. L’explosion du déficit pourrait entrainer l’éclatement de l’euro, sans que le volontarisme de Macron en matière européenne puisse l’empêcher. A-t-il prévu cela dans sa prospective ?

Derrière la question des sanctions se trouve celle de guerre d’Ukraine. Macron a inscrit la pérennité des sanctions dans son programme sans savoir ce qu’allait devenir le conflit. Il barre ainsi la voie à toute restauration des relations entre l’Europe et la Russie.

S’il n’y a pas d’apocalypse, le devenir de la guerre ukrainienne est d’ores et déjà prévisible : les Russes vont l’emporter d’ici quelques mois, l’armée ukrainienne aura cesser d’exister. Sans qu’on sache le statut juridique qui sera donné à chacune des parties de l’Ukraine, ce sera un sévère camouflet pour l’OTAN, singulièrement ses composantes européennes, spécialement Macron qui s’est, plus que d’autres engagé dans l’extrémisme antirusse. Le président Biden sera sanctionné en perdant en novembre la majorité dans les deux chambres du Congrès. Qu’en sera-t-il de Macron, qui devrait essuyer à la fois cet échec géostratégique et les remous sociaux qui résulteront de la hausse du prix de l’énergie et de l’effondrement   du niveau de vie ?  

Face aux périls qui s’annoncent, le salut dela France serait se de retirer – ou de prendre ses distances – avec les organisations qui nous ont conduits à ces périls :

  • Prendre se distances avec l’OMS et la galaxie Gates-Fauci en matière de covid pour ne pas entrainer un nouveau choc à l’économie française sous le prétexte d’une douteuse lutte contre le covid ou la « variole du singe » ;
  • Prendre ses distances avec le Forum de Davos et la commission européenne qui appliquent servilement ses directives suicidaires ; revoir entièrement le règlement européen du marché de l’énergie ;
  • Prendre ses distances avec l’OTAN et son engagement pro-ukrainien pour se mettre en position de négocier le jour où les Russes auront gagné et que l’ordre européen sera à reconstruire sur de nouvelles bases.
  • On pourrait ajouter que la crise de la dette et l’inflation galopante qui se profilent à l’horizon ne pourront pas ne pas entrainer l’éclatement de l’euro, pas forcément décidé par la France. C’est là qu’un plan B serait nécessaire mais il s’en faut de beaucoup que l’actuel président pour qui l’euro est l’horizon indépassable de l’histoire se prépare à ces échéances.

Compte tenu du contexte international (guerre, sanctions), financier (inflation croissante), des plans délirants du Giec et de Davos et, les cinq années qui viennent ne pourront être que celles des grands orages.

Par rapport à ces perspectives le programme que s’est donné Macron apparait comme singulièrement rachitique. Ce frêle esquif résistera-t-il aux tempêtes qui s’annoncent ?

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

 

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:39

Poutine est-il vraiment un dictateur ?

En posant cette question, nous ne prétendons pas porter un jugement sur l’ « opération militaire spéciale » qu’il a engagée en Ukraine et qui est manifestement contraire au droit international.

Mais l’hystérie aidant, il est habituel de le considérer comme un dictateur.

Nous pourrions dire d’emblée à partir d’exemples passés, que, dès lors que la machine de propagande américaine se met en marche, tout ennemi des Etats-Unis est un dictateur, alors que leurs amis bénéficient d’une grande indulgence :   même s’il s’agit de régimes manifestement autoritaires comme les royaumes de la péninsule arabique,  on évite de les qualifier de dictatures.

A l’inverse, pendant la guerre du Kosovo, Milosevic, président de la Serbie, tenu par Washington pour un ennemi à abattre était tenu par tous pour un dictateur alors même qu’il venait de perdre les élections municipales, laissant passer les villes principales à l’opposition : vit-on jamais un dictetur perdre des élections locales ? Mort en prison, il a été blanchi après coup par la Cour pénale internationale.

Le cas de la Russie de Poutine sera examiné sous trois angles : les droits de l’homme , la liberté de la presse,  les élections.

 

Les droits de l’homme

 

Les droits de l’homme ont sans doute à faire quelques progrès en Russie,  mais considérons le chemin parcouru depuis le communisme qui vit l’arrestation arbitraire, la déportation ou le massacre de millions d’hommes et de femmes.  Aujourd’hui les détentions auxquelles on peut reconnaitre un caractère politique, se comptent sur les droits d’une main.

On dira qu’il y en a beaucoup d’autres dont on ne parle pas ; peut-être mais il y a à Moscou environ 2000 correspondants de presse occidentaux presque   tous hostiles à Poutine plus autant de journalistes russes en osmose avec eux . S’il y avait tant d’atteintes aux droits de l’homme,  pourquoi ne nous les signalent-ils pas, pourquoi ne partent pas de Moscou de dizaines , voire des centaines de pétitions pour libérer untel ou untel ?  Seule l’équivoque affaire Navalny a fait parler d’elle.

A vrai dire, il y a eu quelques disparitions ou morts mystérieuses au début de la période Poutine.  Elles ont défrayé la chronique sans qu’on en sache le fin mot. Depuis , tous ceux qui accusent Poutine d’atteintes aux droits de l’homme ressortent ces affaires comme s’il n’y en avait pas d’autres. Aucun assassinat effectif n’a été dénoncé depuis 2006.

Suivent pour la période plus récente une série d’empoisonnements… ratés. Les mêmes qui en accusent Poutine avec véhémence sont prêts à soutenir que le KGB est toujours présent ; il aurait seulement changé de nom : il est devenu le FSB, mais l’esprit reste, dit-on,  le même. Etonnant : cette machine qui a organisé le massacre de millions d’hommes et en détenait encore quelques dizaines de milliers à la chute du communisme, ne serait pas capable d’empoisonner un opposant : elle manque toujours son coup !

Le seul attentat réussi a visé très récemment un philosophe soutien de Poutine , Douguine et a tué sa fille : cette histoire tragique   nous a profondément émus. Il se trouve des esprits pervers pour l’imputer à Poutine,  alors que tout laisse penser qu’elle a été organisée par le pouvoir ukrainien !

Il faut aussi , sur ce chapitre, regarder ce qui se passe en face. Il est connu qu’Obama, prix Nobel de Paix avalisait chaque semaine une liste de personnes que la CIA devait abattre sans jugement aux quatre coins du monde. François Hollande a avoué avoir aussi ordonné d’abattre certaines personnes sans jugement.

Une vieille affaire,  celle des frégates de Taïwan,  a causé chez nous la mort d’une quinzaine de personnes impliquées, hors de tout contrôle judicaire : secret défense dit-on.  Qu’aurait-on dit si une affaire analogue s’était produite en Russie ?

Il se peut que des assassinats de ce genre aient lieu aussi en Russie, mais au dire de spécialistes, ils toucheraient seulement des islamistes : peut-être,  mais nous n’en avons aucune preuve.

S’agissant des islamistes, Poutine n’a aucune institution comparable à Guantanamo : une prison installée dans un pays voisin où toutes les  normes de droit sont abolies. Sinon, ça se saurait.

 

La liberté d’expression

 

Deuxième sujet : la liberté de la presse et d’expression  ; il est lié au précédent dans la mesure où l’assassinat de journalistes fait peur aux autres et les conduit   à s’autocensurer.

En Occident, l’autocensure de la presse est-elle moins importante ? Il ne semble certes pas que les journalistes y risquent la peine de mort mais tous peuvent craindre , s’ils sortent de la pensée unique, de perdre leur emploi et d’avoir du mal à en retrouver un, de « finir à la rue » comme on dit.

C’est encore plus vrai de l’Université , spécialement aux Etats-Unis, où un seul mot « politiquement incorrect », par exemple une plaisanterie sur les homosexuels   ou un propos qui semble favorable à Trump, peut entrainer la perte d’emploi et la marginalisation sociale. En France, le statut de la fonction publique protège, jusqu’à un certain point , les professeurs titulaires mais ne leur évitera pas le harcèlement woke .  Rien de tel en Russie où on peut dire que la liberté d’expression universitaire est aujourd’hui plus grande qu’en Occident.

Personne n’ignore que les médias occidentaux sont entièrement alignés sur une seule opinion sur tous les sujets critiques :  monnaie unique (en Europe), Covid, réchauffement climatique, droits des homosexuels, hostilité à la Russie.  Le Prix Nobel de la paix a été attribué en 2021, au patron de presse russe  Dmitri Mouratov .  Il est   un opposant déterminé à Poutine. Il dirige un groupe de presse, Novaïa Gazeta qui tire à 1 million et demi d’exemplaires. Peut-on nous dire quel organe de presse clairement en rupture avec la pensée dominante sur tous les sujets évoqués et à son représentant en France, Emmanuel Macron,  tire à 1 million et demi d’exemplaires ?  Les rares follicules hors système se contenteraient    du centième. Ceux que l’on qualifie   habituellement d’extrême droite ont pratiquement tous disparu. Où est la liberté de la presse ?

Ce ne sont pas seulement les médias qui sont sous contrôle. Ce sont aussi les citoyens, les associations,  les groupes politiques. Il est notoire que depuis quelques années, les géants des grands réseaux internet : Facebook,  Twitter, You Tube   se sont arrogé le droit de supprimer les comptes de tout citoyen, de tout organisme qui tiendrait de propos incorrects sur des sujets critiques : la pandémie et la stratégie vaccinale, les élections américaines. Il n’est pas permis de dire par exemple que la vaccination peut avoir  des effets secondaires graves ou que les démocrates ont triché à la dernière élection présidentielle. Même Donald Trump en campagne électorale s’est vu privé de tout moyen de communiquer ses idées ( sachant que les médias de masse étaient unis contre lui). Il vient de faire l’objet d’une perquisition  à  son domicile de Floride aux fondements juridiques douteux. Tout comme Mélenchon en France il y a quelques années. Que dirait-on si la même chose arrivait à Moscou ?

 

La régularité des élections

 

Venons-en aux élections. Le fait de les gagner ne fait de personne a priori un dictateur.  La popularité de Poutine dans la population russe n’est pas un mystère , elle est confirmée par les sondages internationaux. Elle s’exprime surtout en province, Moscou et Saint-Pétersbourg demeurant des citadelles de l’opposition pro-occidentale.

Poutine est populaire comme le sont les chefs d’Etat qui travaillent pour leur peuple et rien que pour lui ; c’est ce que doit faire un vrai leader , démocratique ou pas. C’est ce que font de moins en moins les chefs d’Etat occidentaux occupés les uns à construire l’Europe supranationale , les autres à diffuser dans le monde , y compris par la force, le modèle démocratique, tel qu’ils l’imaginent, voire à servir les seuls intérêts de milliardaires . Le service d’un peuple est une partition exigeante ; quand leurs dirigeants suivent une autre partition, étrangère aux intérêts nationaux, il ne faut pas s’étonner que leur popularité, à peine élus, tombe, comme chez nous,  à 20 ou 30 %.

Il y a certes dans les victoires électorales de Poutine, l’influence du tempérament russe, porté à soutenir assez largement un chef qui fait ses preuves , sur le plan national et international . Qui croit qu’il en va différemment en France ?  Selon les départements, la gauche ou la droite, bien incrustées remportent les élections depuis des dizaines d’années : la gauche dans le Sud-Ouest , la droite dans les Yvelines . Dans certaines villes,  les citoyens opposés à la majorité municipale, craignent qui d’être éloignés des marchés municipaux, qui de mettre en difficulté un parent travaillant à la mairie : ils se taisent. Sur le plan de l’ « esprit majoritaire », la France a longtemps été une marqueterie de petites Russie. Ce n’est que récemment que les choses ont bougé,  mais pas complètement. Il en va de même aux Etats-Unis. Comme nous, ils sont une fédération de territoires inscrits dans telle ou telle orientation, les élections nationales étant déterminées par les swings states, ceux qui se partagent par   moitié.

J’ai eu l’occasion de rendre visite à Mouratov dont il est question ci-dessus. Il était très remonté contre la fraude qui avait marqué le scrutin de 2008, au bénéfice de Poutine. Je lui demandai si Poutine aurait perdu les élections sans fraude. Il me répondit non, mais il aurait obtenu , dit-il,  55 % au lieu des 65 % affichés . Et qui dont aurait eu 10 % de plus ? demandai-je ; le parti communiste me répondit-il…

Il était clair que ni dans ces élections ni dans celles qui se sont produites depuis, personne n’a soupçonné Poutine d’avoir renversé le résultat des élections par une fraude massive. On ne saurait en dire autant de son homologue Biden.

Le soutien de la majorité de la population russe au chef de l’Etat n’est nullement le signe que le pouvoir s’y exerce de manière dictatoriale .

La Russie est une démocratie « en transition » mais sûrement pas une dictature ; au moment où la démocratie recule partout en Occident , les Occidentaux manquent d’argument sérieux pour qualifier Poutine de dictateur.

 

Roland HUREAUX  

Août 2020

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:20

Jamais peut-être le monde n’a été si plein de contradictions.

La modernité ou ce qui est tenu pour tel est contradictoire.

Lors d’une récente  « journée de la femme », comme il y en a beaucoup, des « trans » (hommes ayant voulu devenir femmes) ont été agressés par des féministes. La transsexualité et la promotion de la femme sont pourtant des tendances que l’on rattache toutes deux à l’« avancée » des mœurs.  

Les « trans » veulent pousser au plus loin la théorie du genre selon laquelle les sexes sont fongibles et doivent être indifférenciés ; ayant choisi de devenir femmes, ils voudraient être admis parmi les femmes militantes pour partager leurs combats mais celles-ci ne veulent pas d’eux. C’est comme ça.

A peine élu le président Biden a autorisé les hommes « trans » à participer aux compétitions sportives de femmes, même la boxe. Les obliger à rester dans leur sexe d’origine serait selon eux ( ou elles ) discriminant mais les femmes de naissance craignent une concurrence inégale qui leur fera sans doute perdre beaucoup de médailles.

Beaucoup de ces contradictions concernent, on le voit, les rapports entre les sexes.

 

GPA et égalité

 

A l’heure de la promotion générale – et bienvenue – de la femme à travers le monde, certains milieux libertaires, partisans de la théorie du genre, poussent pour que soit autorisée la gestation pour autrui, qui seule permettrait à des homosexuels d’avoir des enfants (ou de faire comme si ) et qui conduit, on le sait, à une forme particulièrement odieuse d’esclavage. « La femme loue bien ses bras dans les usines, pourquoi ne louerait-elle pas aussi son utérus ? » n’hésitait pas à dire Pierre Berger, cet homme délicat.  La  GPA ( gestation pour autrui )  , si contraire à l’égalité , est pourtant l’aboutissement d’une  démarche de non-discrimination :  il n’y  pas de raison, dit-on,  que le mariage soit le privilège des couples homme-femme, instaurons un mariage homosexuel ; les femmes homosexuelles , voire seules, ont autant de droits que  celles qui vivent  avec un homme à avoir un enfant, d’où le droit à la  PMA (procréation médicalement assistée)  pour  femmes seules ou en couples de femmes  récemment adoptée par le  Parlement français ; dernière étape dont nous nous approchons : il n’y a pas de raison que la paternité et la maternité soient réservées aux femmes en couple, il faut que les hommes en couple y aient accès aussi, donc la GPA doit être autorisée ; ainsi trois étapes de raisonnement supposées libératrices aboutissent  à un  abaissement de la femme que dans les pires périodes d’esclavage, on n’avait pas imaginé .  

Divergences analogues sur la prostitution qui oppose les différentes écoles ultraféministes.  Pour les unes, elle est une forme d’esclavage à bannir, à l’initiative de la puissance publique.  Pour les autres, d’inspiration libertaire, elle fait partie de la liberté sexuelle, voire de la liberté du commerce et de l’industrie: l’Etat n’a pas à la réglementer. L’idée moyenne que « le plus vieux métier du monde » pourrait être simplement toléré échappe à l’un et l’autre camp : il n’y a pas de moyenne chez ces gens là. 

 

Parité politique et parité conjugale

 

Toujours le mariage homosexuel : il conduit à abolir la parité homme femme dans sa forme la plus élémentaire, le couple. Fort bien, mais pourquoi coïncide-t-il avec l’instauration sans précédent d’une rigoureuse parité dans les élections à tout niveau, dans les conseils, dans le recrutement des entreprises publiques – et aux Etats-Unis de plus en plus,  privées. Si la parité est une nécessité, pourquoi ne pas la maintenir dans un couple de parents ? « Il faut la parité pour se porter candidat au conseil général et pas pour se marier ! » nous disait Jean Lassalle.

Toujours la parité : il y avait autrefois des écoles normales d’instituteurs et des écoles normales d’institutrices,  une agrégation pour les hommes et une agrégation pour les femmes qui garantissaient pour chaque discipline la parité dans l’enseignement. Au motif de s’adapter à l’évolution des mœurs, ces écoles et leurs concours d’accès ont été rendus mixtes, déséquilibrant la profession au détriment de l’un ou l’autre sexe, généralement féminin. Alors qu’on introduit la parité là où elle n’existait pas, on la supprime là où elle existait !

Il se dit que dans les couples isosexes, si advient, n’importe comment, un enfant, l’un se fait père, l’autre mère. Pointe extrême de l’existentialisme ou chacun choisit d’être ce qu’il est hors de toute contrainte de la nature. Pourtant, l’existentialisme a ses limites :  la théorie du genre n’étend pas la liberté existentielle au désir sexuel. Celui ci est au contraire tenu pour une fatalité inexorable. Le genre masculin est librement choisi par l’individu, l’attirance homosexuelle est une contrainte qui s’impose à lui. Pour parler le langage aristotélicien l’homosexualité ou hétérosexualité sont de l’ordre de l’essence alors qu’être physiquement mâle ou femelle est de l’ordre de l’attribut, donc réformable.

La liberté sexuelle, forme de la modernité s’il en est, est à l’origine d’autres paradoxes.

 

Ouverture de la chasse

 

Qui ne voit qu’elle a transformé certains milieux, dont bien souvent le monde l’entreprise,  en terrain de chasse pour jeunes mâles prédateurs ? Ils n’ont pas besoin d’avoir recours au viol ou au harcèlement pour se mettre dans la peau du chasseur.  Dans la vieille société, cet esprit prédateur existait aussi mais il était borné par le sens de l’honneur des honnêtes femmes, alors majoritaires et les usages mondains : « ce que les hommes tiennent pour un honneur est le déshonneur des femmes » (Marguerite de Navarre). Aujourd’hui cette borne ayant largement cédé, la chasse a libre cours. « Tous les hommes sont des cochons » dit une veille chanson, et aussi la pointe du mouvement féministe, comme Me too, adepte pourtant de la même liberté sexuelle.

Il reste bien quelques hommes scrupuleux qui subordonnent leurs désirs à la liberté des personnes du sexe, voire au respect de leur vertu et dans ce cas, la séduction, si séduction il y a, reste discrète. Mais les ultraféministes ne les fréquentent guère car ils n’appartiennent pas au même monde :  adeptes des vieux codes moraux ou religieux - ou simplement courtois, ils sont exclus de la sphère de la modernité dont elles se réclament.  Dommage pour elles.

Comment ne pas voir  pourtant que la libération sexuelle ne pouvait que transformer la femme en objet ?

 

Concurrence victimaire

 

Il reste que si l’Occident a suivi cette pente, il ne l’a jamais reconnu. La femme objet est au contraire, on le sait, plus ouvertement affichée dans la religion musulmane, laquelle contredit de manière frontale les exigences du féminisme. Mais en Europe, les musulmans sont des immigrés, donc des opprimés. Entre les femmes et les adeptes de l’islam, il y a, comme on dit,  « concurrence victimaire », une concurrence rude.  Dès lors, quelle attitude prendre pour rester politiquement correct :   censurer l’islam au nom des droits des femmes ou mettre ces droits entre parenthèses pour ménager l’islam,  religion des opprimés ? Quant à Cologne, lors des fêtes du nouvel an 2016, des immigrés musulmans harcelèrent de manière organisée des centaines de femmes allemandes, les associations féministes furent très embarrassées pour condamner ces agressions, de crainte d’apporter de l’eau au moulin du racisme et de l’islamophobie. Il est intéressant d’observer que la sympathie pour l’islam prit alors, dans le discours public, le dessus sur la cause de femmes et que les militantes féminines les plus exaltées choisirent de ne pas protester. Ce choix est significatif d’une hiérarchie implicite des préoccupations occidentales que l’on observe aussi d’autres circonstances. L’islamo-gauchisme, oxymore étonnant, juxtapose une préoccupation politique et sociale issue des Lumières, par marxisme interposé, le gauchisme,  et la défense de valeurs qui, aux yeux des mêmes Lumières, apparaissent les plus rétrogrades. Quand on sait la part essentielle prise par l’UNEF lors des manifestions de mai 698, à la tonalité libertaire explicite, comment ne pas être étonné que sa vice-présidente soit aujourd’hui une jeune fille voilée ?  Et que par ailleurs le même mouvement organise des séminaires interdits aux Blancs ?

De même les défenseurs de la cause animale, si en pointe aujourd’hui, se trouvent fort embarrassés pour condamner l’abattage hallal.

Pourquoi ce privilège de l’islamophilie sur le féminisme ou la cause animale ?  Ne serait-ce pas que les islamistes sont davantage craints dans la société occidentale que les femmes ou les animaux ?  Hiérarchie des valeurs ou hiérarchie des peurs ?

Autre contradiction : la prévention légitime du sida, souvent prise en mains par les associations homosexuelles, ne se transforme-t-elle pas en propagande subliminale pour les comportements dits à risque ? Quand lors d‘une soirée télévisée consacrée à la lutte contre le sida, il y a quelques années, l’abbé Pierre avait suggéré que cette lutte pourrait commencer par le refus de la promiscuité sexuelle, il se fit copieusement huer. Tout autre que lui se serait fait lyncher.

Comment comprendre que soit institué un mariage homosexuel, tributaire d’une théorie du genre qui nie les identités sexuelles innées, au moment précis où nos sociétés redécouvrent massivement, au travers de l’écologie, la nature végétale et animale dont la reproduction sexuée est la règle, rappelons-le, depuis un milliard d’années. Toutes les « avancées » biologiques ou sexuelles, y compris les plus artificielles, peuvent être soumises à l’Assemblée nationale :  s’il est un groupe dont on est sûr qu’il les votera, c’est bien le groupe écologiste. Il m’a été rapporté qu’une « cheffe » écologiste s’était fait faire un enfant par PMA, alors que, saine de corps, elle aurait pu arriver même résultat en faisant l’amour comme tout le monde.  Une vieille dame qui avait toujours voté écologiste par amour de la nature, cessa quand elle apprit que Noël Mamère, alors maire vert de Bègles, célébrait des mariages homosexuels : "Si c'est ça le respect de la nature !" dit elle. 

 

Le temps du rock’n roll

 

Revenons au féminisme : comment comprendre que la génération qui a été par excellence celle de la libération de la femme, ait pu avoir pour danse emblématique le rock‘n roll ? Qu’est-ce en effet que cette danse sinon un symbole fort de l’inégalité de l’homme et de la femme ?  Non seulement la femme fait le plus d’efforts car elle est amenée à tourner sur elle-même presque en permanence, mais c’est l’homme qui lui dicte ses mouvements par de légères impulsions données au bon moment. La fin du  fin pour le play boy de surprise-party était de faire tourner sa partenaire très vite en ne bougeant lui-même presque pas, prenant ainsi la posture de la maîtrise facile, d’une domination d’autant plus efficace qu’elle est discrète, de l’aisance souveraine dans la position de la supériorité, telle que la décrit Bourdieu dans l’univers scolaire.  Personne à ma connaissance n’a jamais demandé que les rôles soient inversés.

Pour se situer à un autre niveau, un des plus grands tirages de la génération qui a connu l’émancipation féminine fut Gérard de Villiers et son fameux SAS. Il est sans doute inutile de s’attarder sur le rôle qui échoit la femme dans le climat de sexualité débridée qui est celui de ces romans.  

Nous avons évoqué la parité en politique. Tous ceux qui s’y sont exercé savent à quelles acrobaties conduit la règle de la parité dans l’établissement des listes.  On commence généralement par faire, non sans arbitrages sanglants, une liste d’hommes en leur conférant un numéro sur deux ; puis sont inscrites les femmes, souvent peu demandeuses, plus difficiles à trouver et   trop souvent tenues pour des figurantes.  Comme par hasard, il est rare que cet exercice favorise celles qui ont la plus forte personnalité. Chez les hommes non plus d’ailleurs. Création idéologique s’il en est, la parité forcée n’est pas seulement une atteinte au libre choix démocratique, puisqu’elle le limite, elle illustre aussi ce que Hayek appelle « la loi des effets contraires aux buts poursuivis ». Nous sommes loin d’une vraie promotion de femme qui, elle, n’aurait pas besoin d’une telle contrainte.  

Paradoxe : la même génération qui a vu l’émergence des femmes en politique a conduit une femme d’Etat aussi talentueuse que Marie-France Garaud, qui ne nous en voudra pas, pas, je l’espère, de l’évoquer, assignée chez elle pendant quarante ans.

 

Mai 68 au risque de la pédomanie

 

Dans les années soixante-dix, les tenants de la libération sexuelle ne craignirent pas d’aller jusqu’ bout de leur philosophie : on a assez reproché à Daniel Cohn-Bendit de s’être fait l’avocat de relations intimes entre adultes et enfants ; il ne faisait que suivre la logique qui était celle de son époque.

Les temps ont changé :  de plus en plus ces relations font horreur, surtout si elles sont incestueuses, et c’est légitime. Le paradoxe demeure que l’hallali contre la pédomanie (un terme que nous préférons à celui de pédophile, par respect pour la φιλία grecque, sentiment noble s’il en est) soit le fait non des tenants de la morale traditionnelle, discréditée, mais des libertaires eux-mêmes.  Choc des logiques : les derniers représentants de la pensée 68 se heurtent de front aux défenseurs des droits de l’enfant.

Paradoxe proche : notre société qui a mis en valeur comme aucune avant elle (pas même la société grecque du Ve siècle à laquelle on se réfère de manière souvent abusive) l’homosexualité, est en même temps devenue la plus sévère qui soit contre la pédomanie. Or la limite entre l’une et l’autre tient souvent à peu de choses selon la  date anniversaire du jeune, pédomanie le lundi, homosexualité  le jeudi. Il en résulte que le mot pédérastie, qui signifiait au départ l’amour érotique des enfants mais qui en était venu à désigner l’homosexualité en général, se trouve aujourd’hui banni.

 

L’abolition du handicap

 

Avec les questions de vie et de mort, nous entrons dans un autre domaine. Jamais le handicap n’avait fait l’objet d’une attention aussi grande : les handicapés reçoivent une allocation, ils ont des maisons spécialisées   qui coûtent  cher, le droit du travail les favorise, ils ont des emplois, des places de parking réservées, les bâtiments publics leur sont adaptés.  On se demande pourtant qui va bientôt bénéficier de ces avantages. La même société si attentive au handicap, pratique de plus en plus un eugénisme impitoyable, autorisant, voire prescrivant, en cas de handicap repéré, un avortement quasi-systématique.

Alors que l’avortement normal qui était limité à douze  semaines de grossesse a été porté à quatorze,  l’avortement dit thérapeutique peut se pratiquer jusqu’à la naissance. Cette possibilité a été étendue par une  loi  récente, sans qu’il y ait malformation de l’enfant, à la « détresse psycho-sociale » de la mère, motif dont on devine l’élasticité.  Un enfant qui nait dans le délai normal, et que ses parents veulent garder fera l’objet d’un luxe de moyens de réanimation sans précédent, allant parfois jusqu’à l’acharnement thérapeutique, pendant que l’autre, déjà formé lui aussi mais paraissant handicapé ou normal mais rejeté au motif de cette détresse, sera mis à mort dans les conditions les plus sordides. On peut s’interroger sur les raisons d’un tel paradoxe.  Croyant peu à l’autre monde, notre société pense qu’une vie en situation de handicap, dès lors qu’elle est la seule qui nous soit donnée, est le plus grand des malheurs ; les gens normaux   se sentent par rapport à lui, vaguement coupables et tentent de se racheter par des politiques généreuses. Mais le malheur parait si grand que la même société se fera compréhensive à l’égard des parents (souvent pressés par leur entourage, y compris hospitalier) qui abrègent une vie dont on juge par devers soi qu’elle « ne vaut pas la peine d’être vécue ». Les bien portants exorcisent ainsi leur culpabilité en faisant disparaitre les handicapés de leur vue. Le « meilleur des mondes » est à ce prix.

Nous nous sommes attardés sur les contradictions de nos contemporains touchant à la sexualité et à la vie car c ‘est là un terrain où ces contradictions sont les plus patentes, mais nous pouvons élargir la question à d’autres sujets.

 

Droit naturel et mise en scène

 

Par exemple les beaux-arts dans leur rapport au droit.   Point de théorie si décriée dans les milieux dits progressistes que celle du droit naturel, l’idée que la nature humaine implique par elle-même des règles pérennes et universelles qui s’appliquent à toutes les sociétés, par exemple l’interdiction du meurtre au sein du groupe ou celle de l’inceste.  C’est au contraire le positivisme juridique qui prévaut, l’idée que la loi positive est la norme ultime, qu’aucun principe pérenne, moral ou religieux, ne saurait lui être opposé et qu’elle est naturellement variable.

N’oublions pas la dimension scientifique du sujet : ainsi l’idée de nature humaine se trouve disqualifiée au moment où prend son essor la génétique moderne selon laquelle le génome humain est constant depuis au moins 35 000 ans.

Voyons d’abord le paradoxe qu’il y a de voir le positivisme juridique dominer au moment où sont parallèlement exaltés de droits de l’homme, que la déclaration du 26 août 1789 qualifie de « naturels et imprescriptibles ». La nature mise au rancart d’un côté, plus célébrée que jamais de l’autre ? Et  curieusement, la race n’existe pas, mais la nature humaine universelle non plus !

Ce paradoxe s’étend même aux questions esthétiques. Combien d’entre nous sont exaspérés par ces mises en scène de théâtre ou d’opéra qui habillent les personnages d’Andromaque ou de Carmen en costumes d’aujourd’hui, ou les personnages du Ring en clochards. Beaucoup ne vont plus à l’opéra par horreur de ces usages.  Mais ils ont une signification bien précise : le grand art traite de l’homme en général, les figures qui sont mises en scène se veulent éternelles, elles transcendent l’espace et le temps, elles nous touchent si directement qu’il n’est pas nécessaire de les mettre en costume d’époque.  Cela au moment où l’historicisme et le relativisme n’ont jamais été aussi à l’honneur, où jamais les émissions historiques n’ont eu autant de succès. Qui y comprendra quelque chose ?

 

Egalité et transhumanisme

 

Nous parlons de la nature humaine : l’existentialisme qui se fait si restrictif en matière d’orientation sexuelle, reprend toute sa place dans les recherches à la mode tendant à un dépassement de l’humanité par le transhumanisme, par la génération d’hommes nouveaux plus performants que ceux du passé, d’hommes « augmentés ». Il n’est pas certain que ces recherches aboutissent jamais à faire des êtres viables, mais comment ne pas être frappé de voir qu’elles fleurissent, comme le comble de l’audace libérale voire libertaire, en un temps où l’égalité est recherchée partout, voire où le socialisme national, qui fut précurseur en la matière,  est tenu, à juste titre, pour une infamie absolue ?  Le libéralisme moderne veut en outre qu’aucun homme n’ait un pouvoir excessif sur un autre. Le transhumanisme, forme supposée la plus « avancée » du libéralisme, c’est que certains hommes aient un pouvoir illimité sur d’autres, présents ou à venir.

On terminera pour l’anecdote par la surpression de toute mention locale dans les plaques d’immatriculation des véhicules. Elles facilitaient l’identification de ces derniers, leur suppression va la rendre plus difficile, cela à l’heure où se met en place une surveillance électronique généralisée. Il se peut cependant que l’extension sans limites de la surveillance des individus rende inutile toute attache géographique.

D’autres paradoxes propres à la modernité pourraient être aisément relevés.  Nous disons modernité car il ne nous semble pas que les sociétés du passé étaient si fertiles en étonnantes contradictions. Pourquoi donc ?

 

L’idéologie jusqu’à l’absurde

 

Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans le fait que les attitudes supposées modernes que nous avons évoquées sont toutes rattachées à une idéologie.  Une idéologie, c’est l’envahissement de la pensée politique par une préoccupation unique ou quasi-unique.  Pour les ultra-féministes, la préoccupation de l’égalité des femmes est devenue un absolu au point de tenir toute différence pour une injustice et de prôner l’identité et la fongibilité des sexes. Il en est de même pour les militants homosexuels adeptes de la théorie du genre.  La culpabilisation de l’Occident amène les antiracistes et autres « décoloniaux » à occulter toute préoccupation de la condition de la femme dans les anciens pays colonisés.  Pour certains, le handicap mérite une attention sans mesure ; pour d’autres, et quelquefois les mêmes, la possibilité d’avorter sur demande ne saurait être limitée etc.

Là où le politique ordinaire arbitre en permanence entre des préoccupations concurrentes et par là même, à un moment ou à un autre, les limite, l’idéologue s’attache à une ou deux logiques et les pousse jusqu’aux extrémités, soit, bien souvent,  jusqu’à l’absurde.

Il y a en tous les cas un lien entre la multiplication des contradictions idéologiques et l’affaiblissement de la fonction politique qui a précisément le rôle d’arbitrer entre ces logiques avant quelles ne viennent à s’affronter ou s’entre-détruire.

Nous sommes dans un monde profondément idéologique. Pour des raisons qu’il conviendrait d’approfondir – mais c’est un autre sujet – il n’est pas aujourd’hui de politique publique qui ne soit marquée par une forme ou une autre d’idéologie.  Poussées jusqu’au bout sans que la sagesse ancestrale, le sens de la mesure ou la prise en considération de logiques concurrentes ne vienne à les tempérer, elles se contredisent et s’entrechoquent, donnant parfois au paysage politique un air d’absurdité.  Comment s’en étonner ?

 

Roland HUREAUX

 

2020

 

 

 

 

 

 

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:17

Macron serait le propagandiste de Poutine qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Il a dénoncé la « lâcheté »  des pays  africains qui n’ont pas voulu condamner l’entrée de la Russie en Ukraine,  suscitant un tollé . Etonant aveuglement d’un homme qui n’imagine pas qu’il puisse y avoir d’autres points de vue sur le monde que celui de membres d’ OTAN, et qui , tout en dénonçant outre-mesure les méfaits du colonialisme , tance les anciennes colonies avec une arrogance dont le colonisateur n’a jamais fait preuve. L’idéologie rétrécit l’esprit, on en a là  encore la preuve.

Dans tous les pays où il est passé , Macron  a condamné avec véhémence la Russie, dont on sait qu’elle avance ses  pions dans tous les pays que les maladresses et l’esprit d’abandon des Français ont ouverts  à d’autres influences :  Centrafrique, Mali  notamment.

Jusqu’à quel  point la dernière tournée africaine  et ces sorties malencontreuses, répondent-elles   à une commande du département d’ Etat qui pense que la  France reste le  partenaire le plus à  même de faire rentrer  les Africains dans l’espace otanesque ?

Mais la parole de la France , et singulièrement la sienne,  sont si discréditées sur  ce  continent  qu’en attaquent si vivement Poutine, il le reconnait implicitement comme un acteur désormais important de la politique de cette région , ce qu’il n’était pas au départ.

Et comme ces attaques viennent de lui qui a multiplié les maladresses , les signes de mépris, les repentances déplacées, pour ne pas dire les frasques, dans un continent où on aime les forts , elles risquent d’être , pour la France et pour l’OTAN , contre-productives.

Pour qui connait le tempérament africain , il y a rarement eu des hommes qui se soient trouvés  autant aux antipodes psychologiques, de leur sensibilité qu’Emmanuel Macron ; nous qui  aimons  l’Afrique et les Africains ne voyons jamais  sans appréhension le président français entreprendre un voyage sur ce continent : il arrivera chaque fois à y faire détester un peu plus la France !

Sa dernière tournée couvrait le Cameroun, le Bénin la Guinée-Bissau , ancienne clonie portugaise , rappelons-le .

Il était juste qu’un président français – mais pas lui, se rende au Cameroun, belle terre   francophone, dont les liens avec la France , pas seulement au travers de Yannick Noah sont nombreux,  modèle de stabilité grâce au président Biya , injustement délaissé par notre diplomatie.  

Mais pourquoi ? Pour leur faire la leçon sur la Russie ?  Bien inutile, Biya connait la géopolitique au moins aussi  bien que lui. Pour évoquer les  violences qui ont eu lieu au moment de l’indépendance, sur le mode habituel de la repentance ? Est-ce bien utile ?  Macron propose qu’une commission d’historiens se penche dessus. Rien à dire s’il  n’invoquait les précédents calamiteux de l’Algérie et du Rwanda , beaucoup plus tragiques : des commissions entièrement orientées pour conclure à la culpabilité de la France, particulièrement au Rwanda où elle n’a rien à se reprocher, des actes de résipiscence qui cautionnent les attaques les plus extrémistes contre la France , de nouvelles repentances où la France apparait , aux yeux  des pays africains,  dans  une position humiliée , ce qu’il en faut jamais faire, ni là ,ni ailleurs.

Pour restaurer les liens franco-africains plus nécessaires que jamais face à l’offensive chinoise, Macron n’a qu’une chose à faire : ne plus y aller et ne plus s’en  occuper.

 

Roland HUREAUX

Août 2022

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:15

LIBERAL, LIBERALISME

Dire qu’un homme est libéral a rarement été tenu pour une injure. Cela veut généralement dire qu’il est généreux. Au Moyen âge, les arts libéraux étaient les plus prisés. Les sept arts libéraux étaient  le trivium  , grammaire  , dialectique ,  rhétorique et le quadrivium,  arithmétique ,  musique , géométrie , astronomie. Ils prétendaient représenter l’universalité du savoir abstrait par rapport aux arts artisanaux, d’où le mot université.

Comment se fait-il alors que pour beaucoup de ceux qui s’autodésignent comme « souverainistes » tiennent les libéraux pour des ennemis et le libéralisme pour une tare ?  C’est ainsi que ceux qui voulaient disqualifier Éric Zemmour dans son propre camp, le qualifiaient de libéral ou ultra-libéral, sans vraie raison d’ailleurs.

Cette opposition s’inscrit dans un clivage idéologique bien précis apparu depuis environ 1950 : dès que la construction européenne a commencé, les libéraux lui étaient favorable. Il était à la mode de se dire « libéral et européen ». Ceux qui étaient eurocritiques tenaient au contraire au maintien d’un Etat régulateur, colbertiste, disait-on, et des frontières douanières entre ces états. Dans la confusion habituelle des esprits, vouloir préserver un Etat fort qui ne plierait pas devant les directives européennes et voudrait impulser l’économie, laisse encore aujourd’hui   soupçonner qu’on est peu favorable aux libertés individuelles, partisan de « la loi et de l’ordre ».

Cette confusion s’est renforcée vers 2000 quand tentèrent de se rejoindre les « républicains des deux rives », de droite et de gauche, chevènementistes ou séguinistes, communiant les uns et les autres dans le culte d’un Etat fort. Ni les uns ni les autres ne remettaient   en cause des prélèvements obligatoires représentant 60 % du PIB. D’une façon générale un Etat hypertrophié, souvent paralysé,  était confondu avec l’efficacité d’un Etat stratège qui n’a pas besoin d’être lourd.

L’image du souverainiste ronchon, attaché à l’Etat et réservé sur l’économie de marché a été évidemment répandue par les prétendus libéraux attachés à donner une image antipathique des adversaires du processus européen.

C’est ignorer ce qu’a montré le philosophe Pierre Manent : l’émergence de la démocratie libérale est inséparable de celle des Etats-nations. Ceux-ci émergent à la fin du Moyen-Age de la broussaille   féodale, d’abord sous la forme de la monarchie absolue, puis de celle de la démocratie élective, spécialement en France et en Angleterre. En Angleterre, les deux phénomènes sont même concomitants.  Il est clair que dans un Etat qui ne serait pas assez homogène sur le plan religieux, racial ou culturel, les clivages électoraux seraient des clivages ethniques, comme il arrive en Afrique . Il faut une certaine homogénéité nationale pour que les clivages nationaux prévalent, pour qu’un alsacien de gauche préfère voter pour un gascon de gauche que pour un alsacien de droite.

Le second argument commence juste à être perceptible et il s’impose déformais très fort : comme l’avait bien vu Jean-Jacques Rousseau, il faut un Etat de petite ou moyenne dimension pour que les libertés y soient préservées. Plus sa circonférence s‘agrandit, plus les libertés y régressent au bénéfice d’un système autoritaire, voire totalitaire. D’où la contradiction de ceux qui se disent « européen et libéral » car on ne peut être l’un et l’autre. Si on penche pour un Etat européen de taille continentale, cet Etat ne pourra être qu’autoritaire. A fortiori un Etat mondial, qui ressemblera plus au 1984 d’Orwell qu’à autre chose. Les évolutions récentes, en matière de restriction des libertés se voient à la censure des Gafam, de l’Union européenne et des Etats, au contrôle de la presse par des magnats partageant la même idéologie :  sous la IIIe République, la presse était diverse et libre, aujourd’hui elle est, sur tous les sujets majeurs, parfaitement monolithique.

Le clivage véritable de notre temps n’est plus celui des nationaux contre les libéraux, il est celui des défenseurs des libertés, tant celles des individus que celles des nations contre  des mondialistes qui rêvent d’un étouffement de toutes les libertés individuelles et collectives et qui se prétendent, de manière fallacieuse,  libéraux. 

Le mouvement espagnol Vox qui passe pour hostile à l’Europe supranationale, revendiquait récemment de défendre les libertés nationale, régionale et individuelle. Qu’attendent nos « souverainistes » pour dire des choses aussi intelligentes ?

La défense des libertés individuelles et de celles des nations sont aujourd’hui inséparables.

                                              

Roland HUREAUX

 

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:14

 

 

Il est difficile de comprendre le rétrécissement de la   liberté de penser et d’expression auquel nous assistons aujourd’hui en Occident, sous la forme de la « pensée unique », du « politiquement correct », sans se référer à la notion d’idéologie.

Face aux désastres totalitaires du XXe siècle, le communisme principalement, et aussi le socialisme national (nazisme), nous pensions savoir ce qu’était l’idéologie.

Toute une série de penseurs libéraux : Souvarine, Orwell, Arendt, Popper, Hayek, Aron, Kriegel, Papaioannou, Besançon, Baechler, etc. avaient analysé le fait idéologique dans sa version totalitaire, à l’origine des tyrannies et des crimes que nous savons.

 

L’utopie au pouvoir

 

Retenons en deux définitions : « l’utopie (notion proche de l’idéologie) se caractérise par la volonté d’organiser les activités sociales jusque dans leur détail   à partir d’un principe unique » (Jean Baechler) « les idéologies sont des ismes qui peuvent tout expliquer en le déduisant d’une seule prémisse » (Hannah Arendt). Une ou deux ou trois prémisses : l’universalité de la lutte des classes, la suppression de la propriété privée et de la religion, le primat de la race etc.

Hannah Arendt dit aussi que l’idéologie est la « logique d’une idée ». Le mot important, c’est « une ». Là où un esprit bien conformé analysera une partie   du réel en tentant d’y vérifier une ou deux hypothèses , et, une fois transplanté dans une autre partie du réel, refera l’opération avec des hypothèses différentes, l’idéologue, lui,  part d’une idée, parfois opérationnelle dans un segment limité de la réalité, et encore pas toujours, et, une fois qu’il l’a transplantée ailleurs, ne regarde plus la réalité : il continue de  lui appliquer l’idée unique  choisie  une fois pour toutes ou les déductions faites à partir de cette idée  unique.

Le savoir, comme l’action, ont certes besoin de principes simples ; mais il ne faut pas confondre la fausse science qui détermine ces principes a priori et la vraie qui les tire laborieusement du réel par une série d’essais et d’erreurs, considérant que toute généralisation n’est pas a priori opérationnelle, seulement celles que l’expérience vérifie. Et encore, avons-nous le cas de la théorie quantique qui explique tout ce qui se passe au niveau des particules élémentaires, mais sans jamais se réduire à des principes simples aisément formulables.

L’autre caractère d l’idéologie est le messianisme, appelé dans sa forme tempérée le progressisme, l’idée, religieuse, qu’il y a un sens d’histoire, généralement vers le meilleur et que tenter de s’y opposer est criminel.

Nous avons longtemps pensé que les régimes libéraux, les Etats-Unis en tête, qui luttèrent contre les utopies totalitaires, étaient, eux, exempts de cette folie de l’idéologie, qu’ils faisaient droit, au contraire, à la politique empirique, à la nature, à la complexité du monde et donc à la liberté.

L’emprise qui s’est exercée de plus en plus au sein de la sphère dite libérale par la pensée « politiquement correcte » amène à considérer qu’elle aussi pourrait être tombée dans l’ornière idéologique qu’elle se targuait d’éviter. De fait, une série de prémisses simples dictent aujourd’hui l’essentiel de la politique au niveau international, européen et national : la liberté du commerce tenue pour un absolu, la suprématie du marché, l’idéal de la concurrence pure et parfaite, la péremption du fait national conçu comme une menace totalitaire (cette péremption ne valant que pour l’Europe de l’Ouest) etc.

Du fait que cette idéologie ne pratique pas l’emprisonnement arbitraire (sauf à Guantanamo), n’ouvre pas de camps de concentration, ne pratique pas la terreur de masse, il faut la considérer comme différente des idéologies totalitaires. Si l’on assimile l’idéologie à une forme de folie, il ne s’agit plus de folie furieuse, seulement de folie douce (disons relativement douce puisqu’il lui arrive de plus en plus de trainer en justice des citoyens en raison de leur seule opinion).  L’idéologie douce qui nous submerge peu à peu    exerce son empire de manière plus sournoise mais non moins efficace que l’idéologie totalitaire : ceux qui lui résistent sont menacés de marginalisation, de diabolisation ; tels les partisans de la nation qui subsistent dans l’espace européen ou ceux qui clament leur refus de l’islamisation de l’Europe. A la pression violente, s’est substituée la pression indolore.  C’est donc à une tout autre sorte de régime idéologique que nous avons affaire mais la plupart des traits de l’idéologie n’en sont pas moins présents dans cette nouvelle forme de normalisation de la pensée.

Le point de départ est le même : la simplification, le fait de reconstruire toute une politique sur des principes généraux tenus pour des absolus, tels ceux que nous venons d’évoquer.

Le point d’arrivée est dans les deux cas   l’intolérance et la contrainte qui s’exerce sur la pensée, même si elle n’use pas des mêmes méthodes et n’atteint pas le même degré.

Quel est le rapport entre le principe de l’idéologie, la simplification, et son effet, l’intolérance ?

 

De la simplification à l’intolérance

 

Il est loin d’être évident.  Seule une analyse approfondie du fait idéologique permet de comprendre ce lien.

En simplifiant la réalité politique par le recours à des principes simples, trop simples et donc faux, la démarche idéologique ne trahit pas seulement la complexité du réel, elle va à l’encontre de toute une histoire antérieure qui prenait au contraire en compte cette complexité.

En disant que la clef du progrès économique est la généralisation du libre échange – telle est la doctrine officielle de l’Organisation Mondiale du Commerce –, l’idéologie ne se contente pas   de simplifier une réalité où le libre échange est non pas mauvais en soi (être aussi systématique relèverait aussi de l’idéologie !) – mais tantôt bon, tantôt mauvais. Elle tend à considérer tous ceux qui, dans le passé, ont fait une autre politique que celle du libre échange comme des barbares, des hommes dépassés. Plus l’idée qui inspire les politiques idéologiques est simpliste, plus elle apparaît    en    rupture avec un passé de civilisation où était préservé le sens de la complexité.

L’idéologie est ainsi non seulement un rapport au réel, extraordinairement biaisé puisqu’il tend à en ignorer la complexité, mais encore un rapport au temps, désormais divisé entre l’avant – où l’humanité n’avait pas encore conçu l’idée géniale et simplificatrice qui doit faire son bonheur -, et l’avenir qui s’organisera sur la base de cette idée. Marx lui-même disait que la préhistoire de l’humanité ne cesserait qu’avec le socialisme.

Ce n’est pas seulement tel ou tel trait du passé qui se trouve ainsi disqualifié dans le mode de pensée idéologique, mais le passé en général. A partir du moment où elle prétend organiser l’Europe en gommant le fait national, la démarche européenne  tend à considérer les siècles où les nations existaient comme des siècles barbares, où presque tout était mauvais : des siècles de guerre, d’obscurantisme, de haine, marqués par la traite des noirs, le colonialisme, le racisme, l’intolérance etc. C’est pourquoi, pour l’idéologue, la mémoire ou les racines – en particulier les racines chrétiennes – sont toujours disqualifiées puisqu’elles renvoient à une époque où la politique n’était pas encore animée par l’idée formidable qui désormais l’inspire : la suppression de la propriété privée et de la religion pour le communisme, la suppression des nations et l’ universalité du marché pour l’idéologie moderne.

Il est probable que l’idéologue pressent au fond de lui, même s’il ne veut pas se l'avouer ou l’avouer, que son idée est fausse, fausse parce que trop simple et, quelque part, en porte à faux avec le réel. Il a l’intuition qu’à cause de cette fausseté, il rencontrera des oppositions de toutes sortes, en particulier dans cette partie de la population qui est moins sensible à la logique des idées qu’est le peuple.

En même temps, il a le sentiment de tenir une idée si neuve, si radicale qu’elle ne peut être que salvatrice, qu’elle doit permettre à l’humanité de franchir une nouvelle étape.

Porteur d’une idée extraordinaire, salvatrice mais qui rencontre des résistances, qui ne « passe » pas, l’idéologue sera nécessairement à cran. Et c’est ce qui le rend méchant : non seulement il n’a pas raison, mais il le sent confusément.

La simplification opère en tant que vision du réel, offrant une vision du monde à bon marché qui permet de le réduire à quelque principe simple.

La simplification opère aussi en tant que doctrine du salut. Puisqu’elle est entièrement nouvelle, l’idée géniale qui inspire l'idéologie, par exemple la suppression de la propriété, est supposée porteuse d'un immense progrès, d’une forme de rédemption de l’humanité, ce qui place l’enjeu du combat contre les adversaires tellement haut qu’ils ne méritent aucune mansuétude.

La simplification répond ainsi à un besoin ancestral : celui de distinguer facilement le bien et le mal, les bons et les méchants. Les bons seront ceux qui adoptent l’idée, les méchants ceux qui y résistent, autre forme de simplification, et ils sont nombreux puisque cette idée viole la nature, ce que l'idéologue se refuse à reconnaitre mais qu’en son for intérieur, il sait.

Le clivage entre les bons et les mauvais ne résulte pas seulement des résistances à l’idéologie. Le plus souvent, il est déterminé à l’avance par l’idéologie elle-même : dans le marxisme léninisme, les mauvais sont d’emblée les bourgeois et fils de bourgeois, les prêtres, les paysans, même s’ils n’opposent aucune résistance au régime, dans le nazisme, ce sont les Juifs, les Gitans même s’ils ne font rien de subversif.

Rapport au réel, rapport à l’histoire, rapport au salut, l’idéologie est aussi, la plupart du temps, porteuse d’une histoire mythique, également simplifiée. L’expérience de la Seconde guerre mondiale a laissé croire à une partie des élites européennes, persuadée à juste titre que la cause de la guerre était l’idéologie nazie, que le nazisme n’était qu’une forme exagérée du fascisme, ce qui était déjà en partie faux, que le fascisme était une forme exacerbée du nationalisme, le nationalisme, une hypertrophie de l’esprit national et donc du patriotisme.  C’est sur ce raisonnement, dont à peu près tous les maillons sont contestables, qu’a été pourtant entreprise la construction européenne. Pour les porteurs de l’idéologie européiste, ou du mondialisme qui en est difficilement séparable, ou encore des formes les plus frénétiques de l’antiracisme, une fois qu’ils ont admis que la cause de toutes les guerres c’est la nation, aimer sa patrie, un sentiment qui, dans toutes les civilisations est, ainsi que le rappelle Léo Strauss, le plus moral qui soit, c’est être nationaliste, donc fasciste, donc nazi, donc, en puissance, kapo dans un camp de concentration. D’où la haine qui anime ces gens là   vis-à-vis de toute affirmation identitaire, pour timide quelle soit. Pour eux, elle ne saurait être que la manifestation des forces du mal, forces d’autant plus puissantes que, fondées dans la nature, elles résistent de toute part à l’Idée

Et c’est ainsi que l’idéologie, partie d’une opération intellectuelle de simplification, conduit à l’intolérance, au refus absolu du dialogue et à la haine.

Les porteurs de l’Idée trop simple qui va bouleverser l’humanité ne se trouvent pas seulement en rupture avec le passé ; ils sont aussi en rupture avec la majorité de leurs contemporains qui résistent à la puissance lumineuse de l’Idée.

Le principal motif de cette résistance tient au caractère artificiel de l’Idée : quoi qu'en pensent les idéologues, le sens de la propriété existe, le fait religieux existe, le marché (sans en faire un absolu) existe, le fait national existe , la division des sexes existe ; et ils résistent sourdement à ceux qui voudraient les abolir.

Parmi ceux qui résistent plus particulièrement, les classes populaires en tout temps et en tous lieux : elles résistent parce qu’elles sont plus près des réalités, parce qu’elles sont plus près des sentiments naturels, parce qu’elles éprouvent moins le besoin d’une vision logique des choses ou de la politique. Même si, la propagande aidant, le peuple peut se laisser séduire un moment par l’idéologie, il s’en détache vite. La haine des idéologues pour le peuple, au nom de la lutte contre les « koulaks » ou contre le « populisme » est une constante de l’idéologie.

L’autre motif de résistance peut être à l’inverse une grande culture et donc la conscience d’une dimension historique qui interdit de dévaloriser sommairement le passé. Une   culture approfondie conduit à éprouver la complexité des choses et donc à se méfier d’une simplification exagérée du réel telle que l’opèrent les idéologues.

L’idéologie prospère, dit Jean Baechler, chez les demi-intellectuels, assez évolués pour   subir la séduction de la logique, mais pas assez pour avoir développé le sens de la complexité et le sens   critique.

Les résistances populaires qu’ils rencontrent conduisent les idéologues à se considérer comme une élite, plus éclairée, plus lucide, une avant-garde, voire une secte d’initiés. Lénine a fait la théorie du parti avant-garde. Les SS se voulaient aussi une avant-garde idéologique. La Commission européenne se veut explicitement une avant-garde destinée à détruire peu à peu chez les peuples le sens national et son expression économique, le protectionnisme, et à faire entrer les nations d’Europe dans ses schémas nolens volens.   Les idéologues s’impatientent d’autant plus des résistances qu’ils rencontrent qu’elles ne rentrent pas dans leurs schémas a priori. Au terme de cette démarche, le viol de la volonté populaire tel qu’il a eu lieu par exemple à la suite du référendum du 29 mai 2005 au travers de l’adoption d’un traité par les Parlements (l’élite éclairée), reprenant point par point ce qui avait été refusé par le peuple.  

Les idéologues sont d’autant plus intraitables que l’idée qu’ils véhiculent est porteuse d’une perspective de salut : le socialisme, le dépassement des nations, la paix universelle, la prospérité générale.

Ainsi imbus de certitudes salvatrices, ils remplacent le débat par une démonologie. Ceux qui leur résistent sont les prisonniers ou les complices des forces du mal.

La haine antiraciste qui prospère aujourd’hui n’a ainsi rien à voir avec la volonté d’aider les minorités que l’on prétend défendre, Noirs, Arabes, Roms, elle est la haine d’idéologues ayant décrété que le sentiment d’identité était dépassé, qu’il faut à tout prix l’extirper comme on extirpait autrefois la sorcellerie et qui sentent confusément combien leur doctrine est artificielle.

De la même manière, on se tromperait lourdement en réduisant la barbarie nazie à l’antisémitisme ancestral, même exacerbé : pour en comprendre la dimension apocalyptique, il faut faire entrer dans l’équation le fantastique multiplicateur de l’idéologie.

 

La haine de soi

 

On n’aurait pas fait le tour de la dimension idéologique de l’intolérance contemproaine si on ne faisait sa part à la haine de soi.  Celui qui s’accommode du monde tel qu’il est et qu’à bien des égards il a toujours été, n’éprouve pas le besoin de trouver une clef qui permettra sa transformation radicale. Cette philosophie simpliste qui doit permettre de transformer le monde existant en un monde meilleur implique un regard largement négatif sur le monde tel qu’il est. Il implique la haine du réel, la haine de la société et même, à bien des égards, la haine de soi puisque c’est non seulement le monde mais l’homme, tous les hommes, y compris lui-même, que l’idéologue veut transformer en éradiquant le sens de la propriété ou le sens national.

Qui dit haine de soi, dit haine des autres.  Comment aimer autrui comme soi-même si on se hait et si on hait le monde ? C’est pourquoi les idéologues ont si souvent le cœur rempli de haine, ils voient partout des « vipères lubriques ». Ils en voient d’autant plus qu’ils en portent en eux-mêmes.   Observons un procès pour « incitation à la haine raciale » et regardons le ton des parties en présence : qui, généralement sue le plus la haine sinon les antiracistes ?  Ce n’est pas sans raison que le regretté Philippe Murray a décrit, dans son style inimitable, les « parties civiles » (les parties civiles de profession, organisées en associations, pas les victimes de crimes ou d’accidents) comme des chacals agressifs désireux de dépecer un cadavre. En face, les prétendus supposés racistes sont souvent des gens gentils, amoureux de la vérité, de bonne compagnie. Etonnant renversement des valeurs !

La haine précède-t-elle ou suit elle la posture idéologique ? Les deux sans doute. Il est vrai que pour devenir un idéologue, il ne suffit pas d’être inculte, il faut aussi avoir un tempérament aigri ou frustré. Mais on a vu bien des honnêtes gens entrés en religion idéologique sous l’effet de la générosité et s’y dévoyer. On a vu des amis de l’humanité entrer au parti communiste par amour des « damnés de la terre » et finir par approuver  les pires crimes du stalinisme. Céline commença sa carrière comme médecin des pauvres, philanthrope donc. Par quels cheminements en est-il arrivé aux pires invectives antisémites, voir aux appels au meurtre ? C’est sans doute là le mystère de l’idéologie.

 

Idéologie et intérêts

 

Bien entendu les idéologies sont sous-tendues par des intérêts. Il est probable que l’intérêt et l’idéologie sont aussi inséparables que l’onde et la particule dans la mécanique quantique.  Là où il y a l’un, il y a l’autre.  Le communisme était sous-tendu par les intérêts de la nouvelle classe bureaucratique dont parlait Milovan Djilas. Le mondialisme sert de manière tellement évidente les intérêts les plus étroits de l’oligarchie financière internationale, en élargissant partout l’échelle des revenus et de la richesse, qu’on comprendra qu'elle soit soutenue avec force par les grands médias qui appartiennent presque tous à cette oligarchie. Mais ce serait une grave erreur de réduire les attitudes idéologiques à des logiques d’intérêt. L’idéologie prolonge et sert les intérêts, mais elle a sa rigidité, sa logique propre. Il n’est pas vraiment besoin d’une eschatologie intolérante pour défendre des intérêts. Or, une fois déchaînée, la logique idéologique dépasse largement les intérêts qu’elle prétend servir. Le communisme ne servait que jusqu'à un certain point ceux de la nouvelle bourgeoisie russe ; il était en même temps une terrible contrainte pour elle et un frein au développement de l’économie russe. Cette bourgeoisie a fini par s’en apercevoir mais   avec   plusieurs dizaines d’années de retard qui furent du temps perdu. Le nazisme fut une catastrophe autant pour la grande industrie allemande, qui, paraît-il, l’avait favorisé, que pour le peuple allemand.  Le mondialisme est, au dire de la plupart des experts, la cause de la crise mondiale qui sévit depuis 2008.

Non seulement les idéologies n’ont pas disparu avec la chute des régimes totalitaires, mais elles sont revenues sous d’autres formes. Comme dans un feu d’artifice, après une explosion initiale, on assiste à la retombée d’une gerbe d’étincelles, après l’explosion fantastique du régime totalitaire, l’idéologie revient sous une forme édulcorée et dispersée comme retombent de toutes parts des brandons. Même s’il n’y a plus ni terreur, ni système global, le mode de pensée idéologique pénètre partout. Un de ses effets est de réformer à partir de schémas simples, dans le seul but de mise aux normes, des matières qui n’avaient pas besoin de l’être et où donc, au lieu de résoudre des problèmes, elle en crée. Les exemples foisonnent. Il faudrait tout un ouvrage   pour les passer en revue. Deux ou trois cas :  lors d’un hiver récent , la neige a posé un problème grave, alors qu’elle n’en avait presque jamais été un   dans notre pays ; que l’application mécanique de la décentralisation ait conduit à démanteler les directions départementales de l’équipement, services d’Etat qui fonctionnaient parfaitement, n’est pas sans responsabilité dans    cette désorganisation. Des voyageurs ont été bloqués pendant plus de 12 heures à Belfort : le démantèlement de la SNCF, prescrit par Bruxelles au nom de la libre concurrence, n’y est pas étranger. De la même manière, on veut fusionner la police et la gendarmerie au nom de la théorie, ô combien simpliste, que la concentration accroît l’efficacité. Un officier de gendarmerie qui avait exprimé son désaccord dans un article s’est vu infliger immédiatement la sanction la plus lourde qui soit : la révocation. Ce n’est certes pas le goulag, mais la violence de cette réaction est dans la ligne de ce que nous disions des idéologues qui, sachant confusément qu’ils ont tort, sont à cran.

Il y aurait beaucoup à dire encore sur les racines idéologiques de l’intolérance contemporaine. Il y aurait encore plus à dire sur les moyens de lui résister. A ce stade, nous nous sommes contentés d’appeler l’attention sur un de ses ressorts les plus fondamentaux. Cette approche ne saurait nous conduire à baisser les bras, au contraire. La seule issue est la résistance. Mais pour résister, la première chose à faire est de bien connaître l’adversaire, de bien comprendre la manière dont il fonctionne. Les victimes des procès de Moscou, en 1937, furent complètement décontenancées par une mécanique dont elles ne comprenaient pas les ressorts. Si Zinoviev avait lu Hannah Arendt, peut-être eut-il été mieux à même, sinon de sauver sa peau, du moins de résister à la machine infernale qui l’avait pris entre ses griffes ; mais le travail de compréhension et d’analyse du phénomène totalitaire commençait alors à peine. Nous sommes aujourd’hui déroutés par la nouvelle intolérance – qui, répétons-le , n’est pas une nouvelle forme de totalitarisme, mais un phénomène sui generis, à analyser en tant que tel.  Quand ses ressorts cachés seront entièrement démontés et mis sur la place publique, alors serons nous mieux à même de gagner le combat glorieux que tant d’entre nous ont engagé pour la liberté.     

 

Roland HUREAUX

 

 

 

 

 

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:07

Quand j’ai appris que le président Macron allait nommer un ambassadeur dédié aux droits lgbt + , j’ai d’abord cru à une plaisanterie. Mais non , c’est vrai . Le premier ministre l’a annoncé le 4 août. Les idéologues ne s’arrêtent jamais,  car  c’est d’idéologie qu’il s’agit , pas d’un quelconque sentiment humanitaire.

Discriminations envers les homosexuels :   qui peut y croire aujourd’hui ? Certains disent, à tort ou à raison,  que c’est le contraire, que dans de nombreux milieux, comme les médias audiovisuels, c’est d’ une discrimination positive qu’ils bénéficient. Mais chut. Cela vaudrait à ces gens des poursuites. Comme le dit une fois un observateur lucide que je connais  : « quand une minorité peut revendiquer bruyamment ses droits, c’est qu’elle est déjà privilégiée ».

Que signifie d’ailleurs « ambassadeur » au moment où le corps diplomatique est abrogé ? Un indice de rémunération  ?

Il n’est pas sûr que Macron trouve quelqu’un qui accepte cette curieuse ambassade. Nous imaginons que la feuille de paye de cet homme sera immédiatement scrutée et rendue publique. Qui courra le risque ?

On nous apprend que dans la foulée, dix centres anti-discrimination seront créés pour un budget total de 30 millions d’euros.  De belles sinécures en perspective . Pour qui donc ?

L’autre étrangeté de cette institution est qu’ elle ne concernera pas d’abord la France, mais toute l’Europe, voire le reste du monde : « cet ambassadeur coordonnera l’action des   ministères des affaires étrangères et de l’Europe pour la protection contre les discriminations et la promotion des droits LGBT et portera la voix de la France,  notamment pour défendre « la dépénalisation universelle de l’homosexualité et de la transidentité ». 

La France, en avance sur certains « droits »,  est, selon Macron,  investie de la mission de les promouvoir chez ses voisins, en houspillant si nécessaire la commission européenne , voire les autres pays . Singulière dégénérescence de l’idée que la France doit être la lumière du monde en matière de libertés. L’arrogance de cette posture, bien digne de l’intéressé, risque de nous rendre un peu plus insupportables à nos partenaires, spécialement ceux qui sont soupçonnés de ne pas s’abandonner aux mêmes délires que les autres : Pologne,  Hongrie.  Arrogance et ridicule.

On peut imaginer qu’une telle décision ait le but, éminemment politicien, de compenser le maintien au gouvernement de Caroline Carrieux qui vient de faire l’objet d’un odieux lynchage médiatique pour avoir il y a dix ans  participé à la « Manif pour tous ».  Lynchage qui l’a contrainte à une piteuse repentance digne de la révolution culturelle chinoise. Comme si une fois qu’une loi est votée  ( si tant est que la loi Taubira ait été jamais vraiment votée par le Sénat ! ) , il devenait criminel de s’y être opposé ou même de soutenir encore que cette loi, entrée en application,   n’est pas bonne. Comme si un vote abrogeait ipso facto la liberté d’opinion sur tel ou tel sujet. On a là l’exemple de l’inacceptable restriction de libertés qu’entraîne le terrorisme woke sous toutes ses formes.

Pourquoi tant de haine ? 

Mais nous n’avons pas encore dit le plus grave.  A la suite de l’entrée des troupes russes en Ukraine, violation incontestable du droit international pourtant, les pays de l’OTAN, Etats-Unis et France en tête se sont étonnés que l’immense majorité des pays du monde ( en termes de population ) ne les suivent pas pour condamner ou sanctionner la Russie. Macron a même traité de lâches les pays africains !  Les plus lucides auront compris à quel point 80 % de la population de la planète ne nous aime pas. Au temps où on parlait encore de Tiers monde, les griefs à l’égard de l’Occident étaient d’abord économiques : l’exploitation capitaliste sans vergogne par les pays riches des ressources et de la main d’œuvre des pays pauvres. Aujourd’hui, cette problématique n’a plus guère cours. La principale raison pour laquelle nous sommes détestés, c’est une certaine dérive sociétale ,   « droits » des  LGBT en tête. Ces derniers ont obtenu en France que l’état-civil ne mentionne plus père et mère mais parent 1 et parent 2. Poutine s’est publiquement gaussé de cette manière de faire . Gageons que d’autres rient avec lui sur la planète. Refuser ces néfastes innovations qui donnent , faute de fondement scientifique,  un statut officiel à la très contestable théorie du genre, ce n’est pas là de l’homophobie.  La détestation atteint son comble quand les Etats-Unis, l’Union européenne et toute une série d’organisations internationales sous contrôle des Etats-Unis font pression sur les pays petits ou moyens d’Amérique latine, l’Afrique ou d’Asie, pour qu’ils reconnaissant les mêmes « avancées » sociétales. Ces pays ont le sentiment que les riches viennent piétiner leurs fondamentaux naturels et spirituels.  Même le pape François, généralement proche de la sphère mondialiste, qualifie ces politiques de « colonialisme culturel ».  Pauvre Macron qui passe son temps à dénigrer   le passé colonial de la   France et qui fait pire !  

Nous ne sommons pas seulement détestés, nous sommes   méprisés. Les pays que nous mentionnons, Russie et Chine en tête,  voient dans ces « avancées » le signe d’une décadence profonde et, longtemps humiliés par l’arrogance coloniale ou néocoloniale , ils attendent tranquillement que le monde occidental tombe de l’arbre comme un fruit mûr , voire corrompu,   qu’ils n’hésiteront pas alors à piétiner.

Macron, par ses initiatives incongrues et inutiles,  sera donc détesté , non seulement par nos voisins européens, mais par le reste du monde.  Il serait temps qu’il atterrisse.

 

Roland HUREAUX

 

13/8/2022

 

 

   

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 09:06

L’INVERSION DES POLES

ou les dangers de l’extrême-centre

Nous avons entendu à satiété depuis quelque temps, pendant la campagne présidentielle en particulier, dans les médias transformés en un média unique comme il en va en dictature, que les candidats comme Marine Le Pen et Eric Zemmour seraient des « fascistes », voire pire. Nous pensons au contraire qu’ils seraient les meilleurs garants de la paix. Les « bellicistes » sont aujourd’hui presque toujours des « centristes ».

Les deux candidats incriminés n’ont ni l’un ni l’autre jamais milité dans un parti fasciste marchant au pas dans les rues ou professé des idées fascistes. Pourquoi donc ce procès injuste ?

Outre les accusations mensongères qui fusent habituellement dans les débats politiques – mais pour le coup à sens unique, cette assimilation témoigne de l’immense sclérose intellectuelle qui touche la classe politique et les médias dominants.

Ces gens là en sont restés aux années trente, « la période la plus sombre de notre histoire ». Ils n’ont pas perçu la mutation gigantesque qu’a subi l’espace politique occidental depuis vingt ou trente ans : les camps s’y sont inversés.

Prophète, Churchill avait prédit le temps où « des régimes autoritaires s’installeraient au nom du libéralisme ». Nous y sommes.

Ne considérons que la politique étrangère.

Sous la IIIe République (années trente), la menace de guerre venait des extrêmes : extrême-gauche, extrême -droite, qui, tout en se détestant, n’étaient d’ailleurs pas sans parenté : Mussolini venait de l’aile gauche du parti socialiste, le socialisme-national d’Hitler à ses débuts se référait avec violence à la lutte des classes, ses théories raciales folles au scientisme du XIXe siècle, spécialement le darwinisme. Les gens du centre au contraire : libéraux, républicains modérés, démocrates-chrétiens et même, de plus en plus, socialistes, étaient réputés hommes de paix : raisonnables, modérés de bon ton.  Incontestablement la seconde guerre mondiale fut provoquée par des extrémistes.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous vivons depuis quelques années ce que les physiciens appellent une inversion de pôles : les guerres les plus meurtrières depuis la fin de la guerre froide   sont causées par des gens du centre, de l’extrême centre si on peut dire, et que   s’y sont toujours opposés ceux que l’on qualifie d’extrémistes.

Nous nous référons d’abord aux cinq guerres qui ont ensanglanté le Proche-Orient depuis 1990 et fait toutes ensemble plusieurs millions de morts (Afghanistan 2001, Irak, Syrie, Libye, Yémen). Nous laissons à part le cas de l’Ukraine qui vivait paisiblement jusqu’au coup d’Etat de la place Maidan (2014) que Giscard d’Estaing, autre centriste mais lucide, attribua à la CIA. La situation s’y est beaucoup aggravée depuis l’invasion russe.

Les guerres du Proche-Orient sont toutes de l’initiative des néo-conservateurs persuadés de la destinée impériale des Etats-Unis, proches du parti républicain au début, mais depuis les années quatre-vingt, passés au parti démocrate (Hillary Clinton en tête), plus précisément à son aile droite, ce que nous appelons le centre.

Et si on regarde qui, en Europe, a applaudi ou concouru à ces guerres, on trouve les partis modérés : les Républicains, le Modem, le parti socialiste, le fameux UMPS qui occupe le devant de la scène politique depuis trente ans. Blair, Sarkozy, Hollande, Macron furent les principales figures de ce centrisme belliciste.

Au contraire, se sont opposées à ces guerres, principalement la droite forte et la gauche forte : Marine Le Pen et Mélenchon mais aussi l’amiral de Gaulle (pour la première guerre du Golfe) et d’autres gaullistes de la vieille école.

Aux Etats-Unis, un homme aussi vilipendé (peut-être pour cela) que Donald Trump n’a commencé aucune de ces guerres et en a terminé deux : Irak et Syrie, notamment en liquidant Daech qui était une fabrication américaine au départ.

Au contraire, Obama, incarnant le centre-gauche, Prix Nobel de la paix a commencé quatre guerres : Libye, Syrie, Ukraine, Yémen. C’est lui qui a autorisé la construction d’une trentaine de laboratoires d’étude des armes bactériologiques à la frontière russe de l’Ukraine, tournés vers la Russie, une des causes de la guerre actuelle. 

On ne comprend rien à la scène mondiale si on n’a pas intégré cette mutation fondamentale qui donne la clef de   ce qui arrive aujourd’hui.

Dans le contexte hautement électrique où nous plonge la guerre en cours, les Français qui veulent la paix ne doivent pas se tromper : ils ne doivent pas prendre la brebis pour le loup, au nom de schémas dépassés,  ni le loup pour une brebis.

Roland HUREAUX

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